L’Eurométropole de Strasbourg a encore un problème avec son incinérateur de déchets. L’usine exploitée par Sénerval ne sera plus aux normes d’émissions polluantes en janvier. Une demande de dérogation a été refusée par la préfecture.
En janvier 2021, le ministère de la Transition écologique a publié un arrêté abaissant les seuils d’émissions polluantes autorisées pour les incinérateurs de déchets à partir du 1er janvier 2024. Pas de chance pour celui de Strasbourg, il n’est plus aux normes comme l’explique la communication du groupe Séché environnement, dont la filiale Sénerval exploite l’usine par délégation de service public :
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En plus d’une délibération cruciale pour l’avenir du tram nord, le conseil de l’Eurométropole examinera ce 20 décembre des dispositions favorables à la rénovation énergétique des bâtiments et à la construction des logements sociaux.
Trois débats plus tard, la délibération concernant le développement du tram nord arrive enfin à l’hémicycle du conseil de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), pour le conseil de ce mercredi 20 décembre. Au cours des deux dernières semaines, la proposition était examinée dans les trois villes concernées, qui avaient rendu deux avis favorables (Strasbourg, Schiltigheim) et un avis défavorable (Bischheim). L’examen de cette délibération, en début de conseil, pourra clore la séquence.
Après les transports, les conseillers eurométropolitains passeront à l’habitat : trois délibérations seront soumises aux votes, visant à « accélérer » la rénovation énergétique des bâtiments privés, et favoriser la construction de logements sociaux.
Débat crucial sur le tram nord
Match retour annoncé, pour les opposants au tram nord. Après un débat houleux au conseil municipal de Strasbourg, mais aussi à Schiltigheim et Bischheim, les élus de ces communes n’avaient pu exprimer qu’un avis. La délibération examinée ce mercredi acte réellement la poursuite du projet de construction du tram nord, reliant le nord de Strasbourg à ces deux autres communes, en approuvant le lancement des études de l’avant-projet et des concertations publiques nécessaires.
La délibération énonce également un « arrêt du bilan de la concertation » sur le projet et présente une première enveloppe pour son coût global. Mais voilà : l’opposition reproche à l’exécutif d’avoir masqué le coût réel (268 millions d’euros) en évoquant seulement 140 millions d’euros de dépenses durant la concertation, faussant cette dernière.
Le vice-président chargé des mobilités, Alain Jund (EE-LV), assure à l’inverse avoir été « transparent », arguant que le chiffre de 140 millions d’euros a toujours été présenté comme le montant des travaux d’infrastructures uniquement. Le coût de 268 millions d’euros toutes les dépenses, incluant les 44 millions d’euros pour le matériel roulant, les 22 millions pour les déviations réseaux ou encore les 7 millions pour la maîtrise d’ouvrage.
Alain Jund assure que ces coûts supplémentaires ne pouvaient être annoncés plus tôt : « C’est difficile d’estimer cela trop en avance, notamment pour les dédommagements (8 millions prévus pour les préjudices économiques, NDLR), cela nécessitait des études. Et certaines négociations sont encore en cours. »
Méfiant, le groupe d’opposition « Maires et élus indépendants » avaient réclamé la semaine dernière – avec le groupe Les Républicains – la création d’une « mission d’information et d’évaluation sur le tram nord ». Plusieurs membres du groupe, comme le maire de Bischheim Jean-Louis Hoerlé, questionnent ouvertement la soutenabilité du projet. La présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs, a accepté d’étudier cette proposition en l’ajoutant à l’ordre du jour.
« Accélérer » la rénovation énergétique
Un bloc de plusieurs délibérations sera ensuite défendu par la vice-présidente en charge de l’habitat, Suzanne Brolly. Une partie concerne la rénovation énergétique des bâtiments dans le secteur privé, pour laquelle l’EMS veut accroître ses efforts.
L’exécutif souhaite parvenir à rénover 6 000 logements par an (il y a 210 000 logement privés en tout sur l’EMS, ndlr). Pour inciter les propriétaires à le faire, elle propose un « nouveau dispositif d’aide à la réalisation de travaux d’économie d’énergie ». Ce dispositif sera « universel » précise l’EMS, c’est à dire que tous les foyers pourront en bénéficier, et son montant sera progressif en fonction du niveau de ressources et du gain énergétique réalisé. « Tout dépendra des dossiers, pour les propriétaires très modestes, le coût des travaux pourra être pris en charge jusqu’à 90% en cumulant avec les aides de l’Agence nationale de l’habitat et de la région Grand Est », précise Suzanne Brolly. « Mais pour les foyers avec un haut niveau de revenu, ce sera très symbolique. » Le guichet France Rénov’ indique aux propriétaires l’ensemble des aides disponibles.
La mise en place de l’aide est souhaitée « au printemps 2024 », ajoute l’élue, sans plus de précisions sur la date.
Incitation à construire
Parmi les autres points concernant l’habitat, une délibération vise spécifiquement à soutenir la construction de logements sociaux. Constatant la hausse des demandes de logements sociaux – 20 000 en 2015 pour 29 000 en 2023 – l’Eurométropole voudrait encourager les promoteurs à lancer de nouveaux projets.
Cela se traduit par une mesure aride et technique, mais intéressante : la revalorisation de la charte VEFA – pour « Vente en l’état futur d’achèvement ». Il s’agit d’un mode d’acquisition de logement par des bailleurs sociaux, auprès de promoteurs immobiliers. La précédente charte VEFA (2022-2024) fixe un prix plafond pour la cession de ces appartements, au-delà duquel les bailleurs ne peuvent pas acheter. En l’occurrence, 2 250 euros le mètre carré.
Avec la hausse des coûts de construction, ce prix de vente maximum était devenu trop bas pour permettre aux promoteurs de trouver un « équilibre économique », estime l’EMS dans sa délibération. Elle relève donc ce plafond à 2 400 euros le mètre carré. In fine, cela conduira les bailleurs sociaux à acheter plus cher auprès des promoteurs, et se répercutera sur leurs finances. Pour palier à ces pertes, l’Eurométropole prévoit dans sa délibération une enveloppe budgétaire supplémentaire de 13 millions d’euros. Pour rappel, les bailleurs sociaux de l’Eurométropole augmentent les loyers de 3,5% à partir du 1er janvier 2024, pour dégager 5,35 millions d’euros de ressources.
Après les expressions des oppositions contre l’extension du tram vers le nord de l’agglomération lors du conseil municipal du mardi 12 décembre, le collectif Montramjtiens, composé d’habitants de Schiltigheim et de Bischheim, rappelle leur adhésion à ce projet, attendu depuis longtemps dans cette partie de l’agglomération alors que les élus de l’Eurométropole doivent se prononcer mercredi 20 décembre.
Que les politiques retrouvent leur bon sens en prenant des mesures immédiates, concrètes et dignes de ce nom pour lutter contre le dérèglement climatique ! Le vote du conseil municipal de Strasbourg du mardi 12 décembre s’est prononcé à une courte majorité (48 voix pour et 14 contre à Strasbourg, NDLR) en faveur du projet tram nord. La presse locale s’est fait largement écho des oppositions en tout genre.
À l’écoute des débats, nous, citoyens, des villes du nord de l’agglomération, vous demandons instamment d’arrêter vos querelles politiciennes et de retrouver le bon sens qu’exige la situation. À l’heure où le dérèglement climatique sévit, il est temps de « faire unité » au-delà des opinions politiques, de prendre des mesures fortes pour enfin garantir l’avenir des populations et de nos enfants.
« Oui, nous avons besoin du tram au nord »
Nous vous appelons à la responsabilité individuelle et collective en prenant des mesures immédiates, concrètes et dignes de ce nom pour lutter contre le dérèglement climatique ! Vos comportements renforcent le sentiment d’un mépris de l’intérêt collectif, négligé au détriment des considérations politiciennes !
Oui, nous avons besoin du tram au nord, moyen de déplacement de masse, structurant, efficace et non polluant.
Oui, nous devons limiter fortement nos déplacements en voiture. Quand est-ce que tous les maires de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) l’intégreront concrètement et visiblement dans leurs actions ? Le tram permettra de diminuer la pollution dans l’agglomération et donc le nombre de décès liés à celle-ci (près de 500 morts par an dans l’EMS sont liés à la qualité de l’air selon les mots de Françoise Schaetzel, vice-présidente de l’Eurométropole en charge de la qualité de l’air).
Oui, la réalisation du tram permettra une meilleure équité territoriale entre les différentes parties de la ville.
Oui, nous pensons que l’apaisement des espaces urbains, comme la piétonnisation partielle de la route de Bischwiller, permettra un embellissement de la ville et renforcera son dynamisme économique. La réalisation du parc de la place de Haguenau constituera un poumon vert et créera un lien indispensable entre nos deux villes.
Routes congestionnées, pollution, bus bondés…
La vie sans tram à l’ouest de Schiltigheim, c’est :
Pour la route du Général-de-Gaulle, un bus C9 congestionné aux heures de pointe dans les deux sens avec peu de développement possible de ce moyen de transport. Le tram apportera rapidité, régularité des trajets et à terme une possibilité d’extension jusqu’à Vendenheim.
Une absence de pistes cyclables sécurisées sur la route du Général-de-Gaulle avec un fort risque d’accident. Le projet du tram nord prévoit la mise en place de pistes cyclables sécurisées tout au long de son tracé.
Une qualité de l’air dégradée en raison d’une route du Général-de-Gaulle bondée (14 000 véhicules par jour en 2019) générant des bouchons, avec un carrefour, celui des Trois-Épis, mal conçu qui occasionne de nombreux accidents. La réorganisation des transports publics, grâce au tram et au réseau de bus, incitera les habitants à moins utiliser leurs véhicules, ce qui aura aussi impact important sur la pollution de la ville.
En raison des constructions nouvelles dans le secteur (quartier Istra, rénovation de la cité Erstein…), de nouveaux véhicules seraient à craindre alors que le tracé du tram à proximité immédiate apportera une solution de transports à ces nouveaux habitants.
Une desserte peu efficace des équipements sportifs et culturels à vocation eurométropolitaine (centre nautique de Schiltigheim, le stade Romens, le tennis club, la salle de la Briqueterie…).
Tout ceci engendre un sentiment de relégation et d’exclusion des habitants du nord de l’agglomération, qui n’ont pas accès au réseau de tram eurométropolitain construit progressivement depuis 1994. Tout l’angle nord-ouest de l’Eurométropole n’a pas accès au tram depuis 30 ans. Rappelons ici son intérêt pour les habitants des cités des Écrivains et des Maréchaux qui n’ont pas forcément les moyens de posséder une voiture.
Nous nous souvenons des critiques acerbes qu’avait éprouvé Madame Catherine Trautmann en 1990 lorsqu’elle avait lancé la première ligne de tram à Strasbourg. Auriez-vous oublié Mme Trautmann l’intérêt de celui-ci parce que vous êtes aujourd’hui dans l’opposition ? Alors que les élus de la métropole s’apprêtent à prendre une décision engageant l’avenir de tout un secteur de l’agglomération, pouvons-nous compter sur eux pour mettre de côté leurs ambitions personnelles et défendre l’intérêt des citoyens ?
Jacques Bresson Porte parole du collectif Montramjtiens
La communauté scolaire du collège Lezay-Marnesia se mobilise pour trouver une solution d’hébergement pour deux collégiens sans-abri. Neuf personnes ont passé la nuit dehors en guise de protestation. La préfecture reste inflexible.
Deux frères, l’un de 12 ans, l’autre de 14. Deux collégiens sans-abri à Strasbourg. Les deux ados n’ont pas voulu donner leurs prénoms : « Au collège, on n’a rien dit à personne. On a trop peur qu’ils se moquent », explique le cadet. Son grand frère continue : « Quand on dort dehors, ça m’arrive de m’endormir en classe. »
« L’État abandonne les enfants qu’il scolarise »
À la nuit tombée, devant l’entrée du collège Lezay-Marnesia, les deux enfants sont aux côtés de leur mère, Khatuna. À sa gauche, l’aîné dépose une couverture sur le dos de sa mère. À sa droite, l’élève de cinquième traduit les réponses de sa maman. Elle tient à exprimer sa reconnaissance envers les enseignants et les assistants d’éducation mobilisés pour leur trouver un hébergement. lls sont une trentaine à braver le froid en ce début de soirée du lundi 18 décembre.
Certains ont apporté des sandwichs, des gâteaux ou des repas chauds. Neuf personnes, dont huit professeurs, passeront la nuit ici. Pierrick Meunier, professeur d’EPS, en fait partie. Également trésorier de l’association Un toit pour nos élèves, il explique :
« On alerte le rectorat, la mairie et la préfecture… Mais personne ne nous rappelle. L’État abandonne les enfants qu’il scolarise. Et il faut malheureusement toujours en faire plus pour obtenir une réponse. »
Une communauté mobilisée
Ce n’est pas la première fois que la communauté éducative du collège Lezay Marnesia se mobilise après avoir découvert la situation d’élèves à la rue. Professeur de mathématiques et président de l’association Un toit pour nos élèves, Loïc Klenklé se souvient « d’une première mobilisation pour des élèves sans-abri en 2017 ». Puis il évoque « les premières cagnottes pour proposer une nuit d’hôtel » et « une première nuit passée sous tentes en 2019 ». Son collègue précise, pour s’en émouvoir : « Et encore, c’était en mai. Aujourd’hui je ne comprends pas pourquoi la trêve hivernale n’a pas été respectée. La famille concernée vivait dans le squat Sarlat. Ils ont été expulsés fin novembre. »
Cette année, pour Khatuna et ses deux enfants, deux professeurs ont proposé quelques nuits chez eux. La famille d’origine géorgienne a déjà passé près d’une semaine dans une tente. Qu’espèrent-ils de la mobilisation de ce soir ? « On espère juste une petite place pour mieux dormir, au moins une petite chambre », répond le garçon de 10 ans.
Après avoir apporté deux sandwichs aux collégiens, Lola regarde les deux enfants manger. L’ancienne élève du collège Lezay Marnesia et actuelle assistante d’éducation de 21 ans les décrit avec affection :
« On les voit tous les jours à la cantine. Ce sont des gamins d’une grande force. Ils sont toujours souriants et ne laissent rien paraître. C’est une aberration d’en arriver à cette situation. Ça fait plaisir de voir une trentaine de personnes mobilisées mais on a aucune certitude d’aboutir à une solution. Et pourtant on se dit, ces écoliers ne peuvent pas continuer à passer la nuit dehors. Ce n’est pas possible. »
La préfecture inflexible
Au moment où Lola parlait, la préfecture envoyait un communiqué en réponse à la mobilisation des professeurs au collège Lezay Marnésia, comme une annonce qu’aucune solution d’hébergement ne sera proposée à Khatuna et ses deux enfants :
« La famille concernée est déboutée de l’asile depuis juin 2022. Elle a alors [dû] quitter l’hébergement dont elle bénéficiait dans le cadre de la demande d’asile. Elle s’est ensuite installée dans le squat dit « de la rue de Sarlat » qui a été évacué à la demande d’Habitation Moderne. Dans le cadre de ces évacuations, la famille, à savoir la mère et les enfants, ont accepté un hébergement au centre de préparation au retour d’Illzach dans le Haut-Rhin. Ils ont quitté volontairement cet hébergement quelques jours après s’y être installés. Le père des enfants a, quant à lui, été reconduit en Géorgie à l’issue de l’exécution de sa peine privative de liberté. Il demeure loisible à la famille de bénéficier de l’aide au retour volontaire aux fins de reconstitution de la cellule familiale en Géorgie. »
Des activistes écologistes des Soulèvements de la Terre se sont introduits sur le site de la cimenterie Holcim d’Altkirch samedi 16 décembre. Ils dénonçaient notamment la fourniture de béton pour les aménagements du Grand-Paris et pour Stocamine.
Vêtus de combinaisons blanches, une quarantaine de militants écologistes se sont introduits dans la cimenterie Holcim d’Altkirch, au sud de Mulhouse, samedi 16 décembre.
Selon un communiqué non signé envoyé à Rue89 Strasbourg comprenant des photos de l’action, cette dernière « s’inscrit en soutien de la campagne des journées contre le béton du 9 au 12 décembre », initiées par le mouvement des Soulèvements de la Terre :
« Le groupe Lafarge / Holcim, en plus d’être impliqué dans le bouleversement écologique en cours, dans la pollution de l’eau et dans l’artificialisation des sols, a été condamné pour son financement de l’État islamique en Syrie. De plus, la production de béton est à l’origine de 8% des émissions de CO2 de la France. Nous avons choisi la cimenterie d’Altkirch qui fournit du béton pour le Grand-Paris et pour le confinement de Stocamine à Wittelsheim. »
Extrait du communiqué envoyé à Rue89 Strasbourg
Des véhicules dégradés
Interrogé sur les débouchés de son béton, le groupe Holcim a laconiquement répondu : « Nous condamnons l’intrusion et les dégradations sur le site de la cimenterie d’Altkirch ainsi que les actes de violences rapportés et les risques importants engendrés en matière de sécurité. » La préfecture du Haut-Rhin et la Compagnie de gendarmerie d’Altkirch n’ont pas répondu au questions de Rue89 Strasbourg sur cet incident.
Documents envoyés à Rue89 Strasbourg.
D’après les DNA, d’importants moyens policiers ont été mis en œuvre pour intervenir sur le site : gendarmes du peloton de surveillance et d’intervention, brigade motorisée d’Altkirch, hélicoptère, police municipale. Les activistes sont parvenus à se disperser sans être attrapés par les forces de l’ordre. Sur les photos parvenues à Rue89 Strasbourg, on peut lire des tags réalisés pendant l’action : « Nous ne sommes pas les dindons de Lafarge » ou « Assassins » en dessous du logo d’Holcim.
La nouvelle version d’Amor Blitz, qui a évolué du rock vers la pop, se présente vendredi 22 décembre à la Maison Bleue. Une date à se noter, pour profiter d’un groupe encore brut, et des invités de la soirée, qui méritent tous le détour.
Amor Blitz ne réinvente pas la pop française mais il se fond dedans, tel un réglisse dans la bouche. Le projet porté en solo depuis trois ans par le Strasbourgeois Emmanuel Szczygiel accouche d’un second album, Hypermondes, présenté vendredi 22 décembre à la Maison Bleue, en compagnie d’autres artistes locaux.
Beaucoup plus pop que le précédent album (qui était très rock, limite progressif), Hypermondes témoigne du chemin du groupe, qui s’est recentré sur l’univers de Emmanuel Szczygiel. Assagi, plus mélancolique, l’artiste strasbourgeois s’est en outre affirmé à la guitare, au chant et aux compositions. Les balades aux cordes pointées sur des chants lancinants, il connaît et le démontre par son aisance à arranger ses mélodies avec des apports synthétiques.
Le tout forme une proposition très complète, encore un brin abrasive mais presque mûre, et qui ressemble aux productions oniriques ultra-léchées d’Of Montréal par exemple. Sur certains morceaux, Acétone par exemple, on regrette que les bonnes idées n’aient pas été peaufinées par une production sur-exigeante, un élément pourtant indispensable pour que ces projets multi-instrumentalisés percent le mur du bon son régional.
Bien qu’Emmanuel Szczygiel préside désormais seul aux destinées d’Amor Blitz, il est accompagné sur scène de quatre musiciens, Jérôme Spieldenner à la batterie, Anthony Blondel à la basse et Pierre Haessler aux claviers, aux percussions et aux choeurs, tandis qu’Hugo Turon est toujours présent à la guitare, aux synthés et aux choeurs. Une assemblée de talents qui assure une chaude ambiance, pleine de love et de détachement face à la brutalité du monde, vendredi à la Maison Bleue avec en outre les prestations de Clément Visage (chanson française stylée), Melissa Weikart (pop/folk anglophone), Mouse DTC (europop à la french touch) et le DJ set de Hunay Saday.
L’entrée des véhicules aux urgences du Nouvel Hôpital Civil.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Face au débordement de l’accueil des hôpitaux alsaciens, l’Agence régionale de santé a activé le plan blanc jeudi 14 décembre. Tout le personnel devient mobilisable pour faire face aux épidémies de bronchiolites, de Covid conjuguées aux maladies de l’hiver…
Dimanche 17 décembre, l’Agence régionale de la santé (ARS) du Grand Est a décidé de reconduire le « plan blanc », mis en place jeudi 14 décembre dans tous les hôpitaux privés et publics du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, a-t-on appris dans un communiqué. Le plan blanc est un dispositif de crise permettant aux établissements de santé de faire face à un afflux massif de patients. Il permet la mobilisation des professionnels de santé, qui peuvent être maintenus sur place ou même rappelés pendant leurs congés ou leurs jours de repos.
Le plan blanc est en vigueur dans toute l’Alsace pour tenter de résorber les flux de patients en attente dans les services d’urgence et d’accueil de jour. Les capacités de prise en charge normales, déjà tendues, sont insuffisantes, surtout aux urgences pédiatriques, en raison d’une épidémie de bronchiolite chez les nourrissons. En outre, la multiplication de patients hospitalisés pour la grippe, une nouvelle variante du Covid-19 ou d’autres virus respiratoires, participent à l’embolie du système de santé.
En novembre 2022, le plan blanc avait déjà été activé aux hôpitaux de Mulhouse, pour faire face à une épidémie de bronchiolite et pour pallier un manque de personnel déjà critique en temps normal. En décembre 2021, le plan blanc avait également été déclenché dans plusieurs régions de France. Et l’année précédente, pendant l’épidémie de Covid-19, deux plans blancs ont été déclenchés à la fin de l’hiver février-début mars et à l’automne.
Les conseillers de la Collectivité européenne d’Alsace ont validé lundi 18 décembre l’accord trouvé entre le Département, Alsace Nature et l’État sur le contournement de Châtenois. Des mesures compensatoires supplémentaires en faveur des écosystèmes naturels seront mises en place.
Le chantier du contournement routier de Châtenois avait été brusquement stoppé le 12 mai, suite à un recours d’Alsace Nature déposé fin 2019. Le tribunal administratif de Strasbourg a considéré que l’intérêt public majeur de cette infrastructure n’était pas suffisamment justifié face à l’ampleur de ses impacts sur la biodiversité locale.
Vu l’avancement des travaux et les sommes d’argent public engagées (60 millions d’euros), la Cour d’appel de Nancy a finalement proposé une médiation entre Alsace Nature et les porteurs du projet, la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) et l’État. Un accord a été trouvé entre les parties, les élus départementaux ont validé lundi 18 décembre en séance plénière un « protocole transactionnel » que Rue89 Strasbourg a pu consulter.
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Merter Keskin est décédé au cours d’une garde à vue au commissariat de Sélestat en janvier 2021. Le parquet de Colmar a classé sans suite l’enquête sur les causes de sa mort.
Dans la nuit du 12 au 13 janvier 2021, Merter Keskin est mort dans une cellule du commissariat de police de Sélestat. Dans le cadre d’une enquête du parquet de Colmar sur les causes de la mort, une première expertise a conclu à une « intoxication potentiellement létale à la cocaïne ». Le juge d’instruction a alors demandé une seconde expertise à un collège de médecins. Les Dernières Nouvelles d’Alsace révèlent que l’ex-procureure de la République de Colmar, Catherine Sorita-Minard, a classé l’enquête sans suite en juin 2023. Selon le quotidien régional, « aucune infraction – de type violence de la part des policiers – n’a été révélée dans la survenance du décès de cet homme » par les investigations menées par le juge d’instruction Jean-François Assal.
Plus de trois minutes de plaquage ventral
Condamné pour violences conjugales, Merter Keskin a été interpellé dans la nuit du 12 au 13 janvier 2021 après avoir enfreint l’interdiction d’approcher son ex-compagne. Elodie H. l’a d’abord laissé passer du temps avec ses enfants, avant de devoir appeler la police vers quatre heures du matin. Le père a alors tenté de fuir en sautant par la fenêtre.
Dans une enquête publiée en juin 2022, Libération a révélé des images de la garde à vue de Merter Keskin. L’enquête indiquait notamment qu’une fois dans la cellule, « l’interpellé ne s’agite pas, il est même immobile, les mains toujours menottées dans le dos, sur la couchette en béton où les deux fonctionnaires l’ont allongé à plat ventre – ce qui constitue un plaquage ventral. »
Merter Keskin a subi un plaquage ventral de près de trois minutes trente. Cette technique d’immobilisation au sol est contestée pour sa dangerosité, elle est suspectée de faire partie des causes dans les décès d’Adama Traoré en 2016 ou de Cédric Chouviat en 2020.
Vidéo obtenue par Libération.
Contacté, l’avocat de la famille Me Nabil Boudi indique qu’une plainte avec constitution de partie civile pour homicide volontaire doit être déposée au courant du mois de janvier.
Rue89 Strasbourg a obtenu les statistiques 2022 de l’activité pénale des quatre tribunaux d’Alsace. L’analyse de ces chiffres montre que le parquet de Strasbourg mène une politique pénale davantage axée sur les poursuites, et moins portée sur les peines alternatives que Saverne, Mulhouse et Colmar.
Ce sont des documents qui sont produits à chaque trimestre, par tous les parquets de France. Des chiffres détaillés sur toutes les mesures pénales prises : poursuites devant le tribunal correctionnel, ordonnances pénales, comparutions immédiates, mesures alternatives, etc.
Rue89 Strasbourg a pu obtenir ces documents pour les parquets des tribunaux de Saverne, Mulhouse, Colmar et Strasbourg, portant notamment sur les trois premiers trimestres 2022. Ces quatre tribunaux judiciaires dépendent de la Cour d’appel de Colmar. À l’intérieur du tribunal judiciaire de Strasbourg.
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Vue d’exposition, « Mack at ZKM »Photo : Felix Grünschloß
Au ZKM de Karlsruhe en Allemagne, une exposition valorise l’œuvre de Heinz Mack, artiste majeur de l’art transmédiatique contemporain. Ses expériences entrouvrent les portes de l’art numérique avec des installations minimalistes qui considèrent la lumière comme une matière manipulable et révèlent des expériences visuelles et cinétiques d’un autre espace-temps.
Les expositions d’installations numériques mettent en place des moyens technologiques toujours plus poussés pour créer des expériences immersives qui transportent dans de nouveaux espaces.
À l’Atelier des Lumières de Paris, par exemple, on y propose des expositions de grands artistes projetés à 360 degrés sur les murs, le sol et les spectateurs de sorte à créer un spectacle audiovisuel saisissant. En parallèle, l’été 2023, au centre George-Pompidou de Paris, Christian Marclay a eu droit à une exposition en solo qui mettait en avant un étonnant bricolage de sons, images, supports ou instruments pour créer de nouvelles formes plastiques comiques et poétiques qui parlent de notre rapport aux médias audiovisuels.
Mais d’où proviennent ces tendances distinctes qui se jouent des nouveaux médias par la pratique artistique contemporaine ? Au ZKM, centre d’art contemporain et numérique de Karlsruhe, une exposition présente l’artiste Heinz Mack, pionnier de l’art contemporain allemand qui pourrait bien aider à trouver une réponse.
Vue d’exposition « Mack at ZKM », 2023, au ZKM Photo : Felix Grünschloß
La lumière chez Heinz Mack
Heinz Mack est co-fondateur du collectif Zero, un groupe d’artistes avant-gardistes fondé en 1957 à Düsseldorf qui avait pour but de renouveler la création artistique de l’Allemagne d’après-guerre. Proche des mouvements minimalistes, Heinz Mack s’intéresse alors à la lumière et à sa malléabilité à travers une création d’installations monolithiques ou encore d’illusions optiques.
Effets cinétiques, réflexions ou encore modification de l’espace, les formes géométriques de matières qui jouent avec la lumière perturbent la lecture de l’espace et des mouvements, et provoquent une interaction singulière entre l’œuvre et le spectateur qui, une fois entré dans l’exposition, prend place dans le monde lumineux et minimaliste de l’artiste.
Photo : Felix Grünschloß
L’entrée débouche sur l’atrium, un grand espace ouvert dans lequel sont exposés plusieurs travaux importants de l’artiste sous forme de grandes compositions. Sur un sol blanc détaché du parquet, Light Choreography présente certains des travaux les plus notables de l’artiste, formant une spirale de dix stèles dressées qui, avec ou sans fonctionnalité mécanique, réfléchissent chacune de manière différente la lumière et l’espace.
À côté, l’installation The Mechanical Ballet (1966/2015), un ensemble de sept monolithes en acier inoxydable dressés qui tournent sur eux-même. En plus d’être un hommage au film expérimental Ballet mécanique et à ses créateurs, Fernand Léger et Dudley Murphy, cette installation composée de stèles accentue les effets de lumière et de mouvement en multipliant l’environnement et les figures avec leurs nombreuses façades.
Photo : Théo Petit-D’Heilly
Chacune des salles de l’exposition qui entourent l’atrium attirent vers un passage particulier de la vie d’artiste et d’expérimentations de Heinz Mack, de sorte à proposer une expérience biographique globale de son œuvre. Dans la section « Cycle of Light », se retrouve quelques-unes des expériences optiques et cinétiques de Heinz Mack, produites dans les années 60 qui donnent une texture à la lumière avec un support motorisé.
Une autre partie de l’exposition, avec des œuvres des années 2000, montre un travail de la lumière en couleur qui coupe avec l’esthétique principalement monochrome du reste de l’exposition. Incrustées sur les murs sombres, les œuvres ici sont des allumages séquencés de différentes sources de lumière, tantôt tournoyantes ou clignotantes. La lumière déformée par les surfaces, les vitres et le mouvement provoquent des expériences visuelles futuristes qui rappellent aux effets spéciaux de films de science-fiction des années 90 et 2000, comme le Kinetic Light Cube, un cube blanc de lumière tournoyante qui semble sortir tout droit d’un vaisseau spatial.
Kinetic Light Cube de Heinz Mack. Photo : Théo Petit-D’Heilly
Heinz Mack au Sahara : Tele-Mack
La deuxième partie de l’atrium donne sur l’ouvrage phare de l’exposition : le Sahara Project. Une grande installation reconstitue en partie l’installation-performance du Sahara Project que l’artiste a réalisé lors d’un voyage dans le désert de Tunisie en 1968, proposée avec une scénographie originale qui reproduit le paysage chromatique du désert. Pionnier du land art en Europe, Heinz Mack dressait dans ce désert de grandes figures métalliques régulières et déformées avec lesquelles il façonnait la lumière et l’environnement dans un ensemble à l’esthétique intemporelle.
Mais puisque personne ne pouvait assister à la performance au beau milieu du désert, Heinz Mack s’est accompagné d’une équipe de tournage avec laquelle il a filmé la performance et réalisé le film Tele-Mack, paru en 1969. C’est une des premières œuvres européennes exclusivement transmises par médias vidéos et télévisés.
Water Cross in the Sand, 1972 / Golden Cube, 2004 / The Seasons of the Desert, 1974/1976 / Caravan Grand Erg Occidental, Algeria, 1976 / Sahara Relief, 2011 (Idea: 1976) / Transparent Light Cube, 1960/2004 / Golden Cube, 1968 / Sandrelief, 1956/1957 Photo : Felix Grünschloß
Les expérimentations de la lumière de Heinz Mack sont en quelque sorte à la source de la mode des expositions sous forme de projection de lumière qui parviennent, aujourd’hui grâce au numérique, à produire un contact singulier avec le spectateur en le plongeant dans sa zone d’effet. Avec les moyens de l’époque, Heinz Mack a également dû « bricoler » son propre média audiovisuel pour diffuser le Sahara Project.
L’exposition passe très rapidement sur le caractère audiovisuel des œuvres de Heinz Mack pour se concentrer sur son esthétique singulière et son travail de la lumière dans et hors du paysage naturel. Toutefois, certaines d’entre elles ont contribué à un ancrage contemporain de certaines formes d’art modernes. Elles influencent toujours de nombreuses pratiques artistiques actuelles qui vont de l’art vidéo à l’art interactif et à l’art vidéoludique.
Étudiant en Master Écritures critiques et curatoriales de l’art et des cultures visuelles, sa recherche se concentre sur l’art audiovisuel, plus particulièrement sur le jeu vidéo et l’immersion.
Face à l’afflux de touristes, les restaurants du centre-ville de Strasbourg s’adaptent. Services multiples, cartes réduites… Les recettes de Noël varient.
Tous les Strasbourgeois savent qu’en décembre, leur centre-ville n’est plus à eux. Ils doivent le céder aux touristes, qui viennent par millions de toute la planète voir les chalets illuminés et les décorations du Marché de Noël. Mais les Strasbourgeois découvrent aussi qu’ils doivent parfois céder leur place dans les restaurants du centre-ville.
Laure, 23 ans, habite dans le quartier du Wacken et elle a remarqué depuis plusieurs années que ses sorties en décembre en bar ou dans des restaurants lui reviennent plus cher que le reste de l’année :
« Dans certains restaurants, comme le Troquet des Kneckes, ils sortent une carte de Noël qui contient moins de plats et avec des prix plus élevés (affirmation contestée par l’établissement, NDLR). Et plusieurs restaurants refusent les réservations tout au long du mois de décembre, d’autres font disparaître leurs plats du jour pour vendre uniquement des plats à la carte, plus chers. »
Au Troquet des Kneckes, le mois de décembre est synonyme de journées à 400 voire 600 couverts.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
Marie, 31 ans, a appelé plusieurs restaurants pour réserver une table de 17 pour le repas de Noël de son entreprise. Elle a été très étonnée par une des réponses qu’elle a reçues :
« J’ai appelé un restaurant pour la troisième semaine de décembre et on m’a répondu qu’à cette période, les groupes de plus de 12 personnes n’étaient pas acceptés pour garder de la place pour les touristes. »
Affluence et « couacs passagers »
Venue du Neudorf se restaurer au quartier Gare, Camille, 28 ans, a eu la surprise de devoir attendre 40 minutes avec ses amis avant de rentrer au Tigre :
« Depuis la porte d’entrée, j’ai vu que le personnel était dépassé par l’affluence. Ils nous ont expliqué que le retard s’était accumulé sur les deux premiers services. »
En dépit de sa réservation, Camille et ses amis ont dû patienter une quarantaine de minutes avant de pouvoir s’asseoir. Photo : DR / Camille
Contacté par Rue89 Strasbourg, Geoffroy Lebold, gérant du Tigre, évoque un couac passager :
« Quand les gens ont fini de manger, on ne les pousse pas dehors. Donc il peut arriver qu’il y ait un peu d’attente. Pendant le mois de décembre, on renforce un peu l’équipe en semaine. Mais on ne change ni la carte, ni les prix. Notre clientèle, majoritairement strasbourgeoise, le verrait tout de suite. »
La carte du Troquet des Kneckes de Noël change, mais la direction assure que les prix restent similaires.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
Ce n’est pas le choix du Troquet des Kneckes qui change effectivement sa carte en décembre, comme l’explique Alexandre Chaillou, adjoint du directeur d’établissement :
« On propose moins de plats à la carte, on ne garde que des plats rapides à préparer. On ne peut pas agrandir la cuisine et la clientèle veut être servie rapidement. Mais tout le reste est conservé, et on n’a pas de prix spéciaux pour Noël. Comme on sert en continu, il n’y a pas vraiment de service mais sur une journée de week-end de décembre, on peut aller jusqu’à 600 couverts. »
Plus de réservations
Alexandre Chaillou précise pourquoi le restaurant n’accepte plus de réservations pour les gros services de décembre :
« Le risque est trop grand pour nous. Au vu du flux de visiteurs, ça nous obligerait à garder des places vides alors qu’elles sont demandées par des clients. En outre, les réservations pourraient ne pas être honorées au final. »
Le Troquet des Kneckes double quasiment son personnel au mois de décembre et bénéficie pour son recrutement des réserves du Groupe FHB, dont l’établissement fait partie. La charge du Marché de Noël est également compensée par des renforts à la Brasserie Floderer, juste à côté de la place Kléber, qui modifie également son offre au mois de décembre comme le précise la maître d’hôtel Sabrina :
« On a ajouté des plats de fruits de mer, qui sont beaucoup demandés à cette époque et on a supprimé les plats qui demandent beaucoup de temps, comme les flambages, les crêpes suzette… En week-end, on va essayer de faire jusqu’à trois services sur certaines tables. C’est un peu compliqué, car les clients veulent être servis rapidement, mais aussi prendre leur temps ensuite. »
Sabrina, maître d’hôtel de la Brasserie Floderer. L’équipe en cuisine de la Brasserie Floderer ne reçoit pas de renfort à NoëlPhoto : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
Les prix de la carte ont été ajustés en cours d’année mais pas spécialement pour le mois de décembre. Même chose pour L’Éveil des Sens en pleine Petite-France, où Marie-Eve Stocky, l’une des gérantes, double le service le samedi soir :
« On a une capacité maximale limitée, donc les samedis on espère que les clients jouent le jeu de ne pas rester à table plus de deux heures… Mais on accepte toujours les réservations, avec une empreinte bancaire. Quant à la carte, elle change régulièrement donc pour le mois de décembre, on propose une carte de Noël, qui ne va pas forcément plus vite mais avec des épices et de la choucroute, qui reste très demandée. »
À l’Éveil des sens, Marie-Eve Stocky passe Noël avec détachement depuis 21 ans.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc L’Éveil des sens.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg L’Éveil des sensPhoto : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Le médecin urgentiste Sébastien Harscoat avait témoigné à visage découvert dans une émission diffusée sur France 2 le 1er juin. Il avait filmé son quotidien, révélant le débordement du service des urgences du Nouvel Hôpital Civil. Le 24 novembre dernier, la direction des HUS l’a convoqué.
C’est une information révélée par Le Canard Enchaîné ce mercredi 13 décembre, et confirmée par Rue89 Strasbourg. Le lanceur d’alerte Sébastien Harscoat, médecin urgentiste qui avait témoigné dans l’émission Complément d’Enquête du 1er juin 2023 sur France 2, a été convoqué par sa direction le 24 novembre.
D’après l’hebdomadaire satirique, la direction des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS) aurait mené cette convocation dans le cadre d’une enquête administrative concernant « un certain nombre d’informations enregistrées et transmises à l’extérieur de l’établissement ». Le médecin Sébastien Harscoat n’aurait pas eu accès aux conclusions de cette enquête. En clair, il lui est reproché d’avoir filmé l’intérieur de son service avec son téléphone. Aux demandes d’autorisation de tourner des journalistes de France 2, la direction des HUS avait répondu par la négative.
Sur le fond du problème : rien n’a changé, au contraire
Depuis la diffusion du reportage, comme Le Canard Enchaîné le rappelle, la situation aux urgences du NHC ne semble pas avoir changé. Le 27 novembre par exemple, le taux d’occupation du service était de 177% selon l’hebdomadaire. Avec « au même moment, quatre ambulances chargées de patients qui attendaient dehors depuis plus de cinq heures. » Et toujours la même saturation côté Samu : « Aucun véhicule n’étant disponible, 26 demandes étaient en souffrance. » Seul changement : la nomination d’un « bed manager », un gestionnaire de lits.
Interrogée sur cette soirée particulière par Le Canard Enchaîné, la direction des HUS a répondu : « La situation ne relève pas d’un danger grave et imminent. »
Dans la matinée du jeudi 14 décembre, les dirigeants de l’International Meinau ont découvert des tags racistes sur un mur de leur club-house. Sous le choc, ils décrivent le déferlement de haine subi depuis une bagarre à la suite d’un match le samedi 9 décembre.
Les premiers témoins des tags racistes avaient 13 ou 14 ans. Jeudi 14 décembre, en milieu d’après-midi, des collégiens de l’établissement Lezay Marnésia se rendaient au stade de l’International Meinau pour une séance de football.
Ce sont des jeunes adolescents qui sont tombés les premiers sur ces tags racistes inscrits sur le club-house de l’Inter Meinau.Photo : Document remis
Un dirigeant de l’association sportive raconte sa propre découverte de ces mots immondes sur le mur de son club. Encore sous le choc ce vendredi 15 décembre, le membre de la direction s’inquiète d’abord pour « les enfants » et les conséquences de ces inscriptions d’une violence inouïe : « Sale nègre », « Sale arabe », « arabes rentrez chez vous » et « mort aux arabes ». Le tout accompagné d’une croix gammée, à l’envers.
Un dirigeant du club a accepté de témoigner anonymement : « Ce genre de tags racistes, je voyais ça dans les films, à la télé. Quand ça vous arrive, ça fait peur. »Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
Peur de la haine, peur d’autres actes
Pour préserver les plus jeunes, les tags ont été cachés le jour même de leur découverte. La peinture blanche utilisée par les membres du club jure avec le jaune ocre de la façade. Le dirigeant espère que l’initiative n’empêchera pas la police d’enquêter. En fin de matinée le vendredi 15 décembre, deux agents municipaux s’appliquent à effacer complètement les tags racistes avec une nouvelle couche de peinture. Tout en les observant, le bénévole de 42 ans décrit aussi la peur qui l’habite depuis plus de 24 heures maintenant :
« Ce genre de tags racistes, je voyais ça dans les films, à la télé. Quand ça vous arrive, ça fait peur, peur de ce qui peut se passer ensuite, peur d’autres actes, peur de cette haine qui monte en ce moment. Ce mur, ces mots, même après les avoir effacés, même après des années, cela restera gravé dans nos mémoires et celles des enfants… »
Un dirigeant de l’Inter Meinau
Dans la matinée du vendredi 15 décembre, deux agents municipaux ont définitivement recouvert les tags racistes. Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
Moins d’une semaine plus tôt, le samedi 9 décembre, le match opposant les clubs de Kometrib et de l’Inter Meinau a fini dans un déferlement de violences. Comme l’a rapporté France3 Grand Est, trois joueurs de l’équipe en déplacement ont été blessés par des supporters de l’Inter Meinau et emmenés par les pompiers. Sur sa page Facebook, le club d’Alsace du Nord a déploré des « agressions physiques gratuites », évoquant un traumatisme crânien, des dents cassées, des contusions ou encore des hématomes sous cutanés. Le club et deux familles ont porté plainte.
Sommano, président de la section jeune de l’Inter Meinau : « Comment est-ce qu’on sera accueilli lors des matchs à l’extérieur maintenant ? Nos joueurs se déplaceront avec la boule au ventre. » Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
Un déferlement de haine suite à la bagarre
Le dirigeant est bientôt rejoint par un autre bénévole de l’association sportive. Sommano est président de la section jeunes de l’Inter Meinau. Il était présent lors de la rixe et regrette la publication sur Facebook du club de Kometrib : « La présidente du club n’a pas dit que ce sont les dirigeants qui se sont interposés lors de la rixe, qu’on a accompagné les joueurs jusqu’à la sortie. »
À ses côtés, l’un des dirigeants du club estime que le texte, partagé plus de 3 600 fois, a « créé un déferlement de haine envers [son club] à partir de leur version des faits. Tout a commencé par un coup de poing de l’un de leurs joueurs qui a mis K-O un de chez nous ». « On ne voulait pas s’exprimer publiquement tant qu’on avait pas réuni tous les éléments, poursuit le codirigeant du club, mais bien sûr nous ne cautionnons pas la violence en réponse. Suite à cet événement, on a mis fin à la participation de notre équipe au championnat. »
Créé il y a six ans, l’Inter Meinau a « bonne réputation à Strasbourg », assure l’un de ses dirigeants.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
Amer et abattu, le dirigeant a l’impression de voir des années d’effort s’effondrer. Créé il y a six ans, l’association sportive de l’Inter Meinau a « bonne réputation à Strasbourg », assure-t-il :
« C’est un club en plein développement. Sid Cheabi, le président, a été reçu à l’Élysée pour saluer notre travail au-delà du football (dans le domaine de l’inclusion et l’insertion sociale et professionnelle, NDLR). Il y a deux ans, on organisait un match interreligieux avec des juifs, des chrétiens et des musulmans mélangés dans une même équipe. Dans leurs actions, nos 40 bénévoles vont bien plus loin que le football. Le prochain projet, c’était d’intervenir dans les établissements scolaires pour lutter contre le harcèlement. »
« Il est temps de rassembler tous les acteurs du foot »
Sur son compte Facebook, le président de l’Inter Meinau a réagi ce vendredi 15 décembre :
« Notre club a subi une attaque sans précédent dans le milieu du sport. Une agression pour l’ensemble de nos licenciés, qui aujourd’hui sont partagés entre colère et peur. Quel avenir se présente devant nous ? Comment nos joueurs seront accueillis lors de leurs déplacements à l’extérieur ? Des questions que nous nous posons suite à la cabale médiatique subie depuis une semaine, après les incidents survenus lors d’un match de U19.«
Sid Cheabi, président de l’Inter Meinau – propos issus d’un post Facebook
Selon le dirigeant de l’Inter Meinau, le club a fait l’objet d’« une centaine de commentaires à résonnance raciste sur les réseaux sociaux ».Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
Selon le président, le club a fait l’objet d’« une centaine de commentaires à résonnance raciste sur les réseaux sociaux. On a dû recevoir une dizaine de messages par Messenger et une dizaine de mails d’insultes ou de menaces ». Rue89 Strasbourg a par exemple pu consulter un mail envoyé à l’adresse générique du club contenant des propos xénophobes : « Toujours les même à foutre la merde, la sale race. »
Pour mettre fin à l’escalade de violence, Sid Cheabi propose d’aller au-delà d’une logique de sanction : « Il est temps de rassembler tout les acteurs du foot pour casser ces barrières et cette peur de l’autre qui mène à une dérive néfaste pour l’image de notre foot alsacien. »
Une plainte pour menaces et injures racistes doit être déposée par le club dans la journée du 15 décembre.
L’entrée du restaurant La Faim de Loup, situé au centre socio-culturel du Fossé des Treize.Photo : PF / Rue89 Strasbourg /cc
La Collectivité d’Alsace a promis de prendre en charge les coûts liés au service de restauration fourni par le centre socio-culturel du Fossé-des-Treize aux élèves du collège Foch de Strasbourg. Pour le service aux élèves des écoles élémentaires, la Ville de Strasbourg a refusé le surcoût.
Le collège Foch, implanté dans la Neustadt de Strasbourg, n’ayant pas de cantine, ses élèves de sixième et de cinquième sont accueillis depuis 2015 par le restaurant du centre socio-culturel (CSC) du Fossé-des-Treize. Pour l’association de quartier, les coûts liés à cette activité étaient devenus intenables (voir notre article précédent).
Lors d’un conseil d’administration tenu mardi 12 décembre, le centre socio-culturel a décidé de maintenir ce service de restauration, au moins pour la centaine de collégiens. « Nous avons reçu des assurances de la part de la Collectivité d’Alsace », explique Christine Ruetsch, la présidente de l’association du CSC :
« Ce qui était important pour nous, c’était de relancer un service d’éducation au moment du repas, ce qui n’était plus possible avec trois services et trop peu d’encadrants. Donc nous avons évalué les montants nécessaires pour des éducateurs supplémentaires, afin qu’ils puissent manger avec les enfants. Nous avons fait des propositions. La Collectivité d’Alsace y a répondu favorablement, la Ville de Strasbourg non. »
Le principe d’une « subvention d’équilibre » accordé
L’activité de restauration était déficitaire pour le Fossé-des-Treize d’environ 40 000€ en 2022. La Collectivité d’Alsace (CeA) a accepté le principe d’une « subvention d’équilibre », non chiffrée ni formalisée, à l’association du Fossé-des-Treize, c’est à dire que son montant doit équilibrer les dépenses. En outre, le Département va réaliser un audit de la cuisine et participer à sa remise aux normes, a précisé Anne Tennenbaum, conseillère départementale (Horizons) du canton, qui assure que la CeA « ira jusqu’où il faudra ».
La Ville de Strasbourg n’a pas accepté le surcoût lié à la présence d’éducateurs supplémentaires, selon Christine Ruetsch. Sophie Dupressoir, conseillère municipale déléguée et élue référente du quartier, précise :
« La Ville de Strasbourg veut poursuivre l’accueil des 77 enfants des écoles Saint-Jean et Schoepflin. Nous avons fait une proposition de subvention d’équilibre de 65 000€, basée sur le fonctionnement actuel et comprenant une part des rénovations. Le Fossé nous a ensuite communiqué un projet avec plus d’animateurs, nous attendons leur chiffrage pour nous prononcer ».
Mais pour les élèves des écoles Schoepflin et Saint-Jean, le sujet est moins critique que pour les collégiens puisque des cantines existent déjà dans les établissements gérés par la Ville. Le conseil d’administration décidera prochainement si le service de restauration sera toujours proposé aux élèves élémentaires ou non.
Des manifestations de soutien aux Palestiniens ont lieu régulièrement depuis octobre 2023 à Strasbourg.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc
Le collectif Palestine 67 appelle à une nouvelle manifestation samedi 16 décembre, de la place Dauphine à la place de la Gare à Strasbourg, pour revendiquer un « cessez-le-feu permanent » dans la bande de Gaza.
Le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens et le collectif Palestine 67 (composé d’une vingtaine d’associations locales) appellent à une nouvelle manifestation ce samedi 16 décembre, comme chaque samedi depuis le 28 octobre. Les deux collectifs demandent une réaction de l’État français face aux conditions de vie des Gazaouïs, privés de tout depuis les bombardements israéliens, consécutifs à l’attaque du Hamas du 7 octobre. Le cortège strasbourgeois partira à 14h de la place Dauphine mais le trajet a changé : l’arrivée est prévu place de la République, en passant par la rue des Orphelins, la rue de Zurich, le quai des Pécheurs, le quai du Maire-Dietrich et l’avenue de la Liberté.
Plus de 20 000 morts à Gaza
Selon le tract distribué par le collectif, des centaines de morts s’ajoutent chaque jour aux « 20 000 morts dont les trois-quarts des femmes et des enfants ». Il réclame un cessez-le-feu immédiat et permanent mais Benyamin Netanyahu, le premier ministre israélien, à déclaré, mercredi 13 décembre selon Le Monde, que « rien n’arrêtera l’armée israélienne dans sa juste guerre ».
Mardi 12 décembre, l’assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution demandant un « cessez-le-feu humanitaire à Gaza », après plusieurs alertes pressantes concernant la situation sanitaire dans la bande de Gaza. Le secrétaire général, Antonio Guterres, évoquant même un « effondrement complet du système de santé ». Il a déclaré vouloir « user de toute l’influence de la communauté internationale pour empêcher une nouvelle escalade et mettre fin à cette crise ».
Le collectif Palestine 67 s’est joint pour cette édition avec un nouveau collectif d’associations, formé pour protester contre la loi « immigration » proposée par le gouvernement et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en particulier. Les prises de parole évoqueront les deux sujets.