Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Carte de vœux des Hôpitaux de Strasbourg : bonne et instable année 2024 ?

Carte de vœux des Hôpitaux de Strasbourg : bonne et instable année 2024 ?
La carte de vœux des HUS pour l’année 2024 représente une pyramide de soignants et d’agents hospitaliers tenant, à bout de bras, un patient.

La carte des vœux des Hôpitaux universitaires de Strasbourg n’est pas passée inaperçue en ce début d’année 2024. Le dessin, envoyé par la cellule communication à tous les agents, gêne quelques soignants qui ont du mal à saisir le message qu’a voulu faire passer l’administration.
« J’ai été un peu perplexe en découvrant l’image ». Cette cardiologue qui travaille au NHC – et qui tient à rester anonyme – fait partie des nombreux soignants qui n’ont pas vraiment compris le choix fait par la cellule communication des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg pour le dessin illustrant la carte de vœux 2024.
Dessinée par un illustrateur strasbourgeois de 33 ans, Adrien Weber, la carte représente une pyramide de soignants et d’agents hospitaliers, tenant à bout de bras un patient alité sur un brancard. À la façon d’une pyramide de gymnastes, avec à la base du personnel administratif, ordinateur et dossiers en main, et un laborantin. Tous les quatre soutiennent sur leurs épaules ou à quatre pattes sur leur dos, d’autres agents. Et ainsi de suite sur cinq étages d’hommes et femmes, tous pliés et contorsionnés dans d’étranges positions.

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Un deuxième gymnase ouvert pour les sans-abris, déjà saturé

Un deuxième gymnase ouvert pour les sans-abris, déjà saturé

Les basses températures ont poussé la préfecture à réquisitionner deux gymnases pour les sans-abris à Strasbourg. Selon nos informations, ils seront tous les deux pleins pour la nuit du 11 au 12 janvier.

Le Bas-Rhin étant placé en vigilance jaune à cause d’un épisode de grand froid, la préfecture du Bas-Rhin réquisitionne le gymnase du Conseil des XV depuis le 7 janvier. Sa capacité d’accueil de 100 places étant atteinte, une seconde salle de sport a été ouverte le 10 janvier, avec 60 lits de camp supplémentaires : le gymnase Menora au Wacken. Le nombre de places dans ce gymnase doit augmenter pour les prochains jours jusqu’à 80 ou 100 personnes. La Croix Rouge y gère l’accueil et la logistique.

À peine ouvert, déjà saturé

Selon nos informations, les deux gymnases devraient être saturées dés la nuit du 11 au 12 janvier. Le SIAO, en charge de répartir les personnes dans les dispositifs d’hébergement d’urgence, a une importante liste d’attente.

Sabine Carriou, présidente de l’association Les Petites Roues, témoigne :

« Il faudrait impérativement ouvrir un troisième gymnase parce qu’il y a encore des familles à la rue par ce froid. J’en connais quatre ou cinq qui tentent de trouver une place dans un gymnase et à qui on dit que tout est complet. On leur conseille de rappeler le 115 (numéro de l’hébergement d’urgence) vers 19h15, au cas où il y a des places qui sont finalement libres. »

Les familles placées au gymnase Menora doivent bénéficier de cette mise à l’abri au moins jusqu’au 17 janvier, selon la notification qui leur a été faite. Le grand froid a aussi amené la préfecture à augmenter la capacité de mise à l’abri du système classique d’hébergement d’urgence. Avec la remontée des températures prévues à partir de mercredi 17 janvier, le dispositif risque ensuite de prendre fin.

La préfecture n’a pas fait suite à la sollicitation de Rue89 Strasbourg qui souhaitait avoir des précisions.

Thibaud Philipps : « Avec le Reme, il y a un sentiment d’impuissance face à la SNCF »

Thibaud Philipps : « Avec le Reme, il y a un sentiment d’impuissance face à la SNCF »

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Tram nord : des associations d’opposants organisent deux réunions publiques

Tram nord : des associations d’opposants organisent deux réunions publiques

Jeudi 11 et vendredi 12 janvier, les associations La Neustadt apaisée et Col’shick organisent deux réunions publiques à Strasbourg et Schiltigheim sur l’extension du tram vers le nord de l’agglomération. Elles dénoncent un changement du plan local d’urbanisme « en catimini » et défendent un tracé alternatif à celui décidé par l’Eurométropole pour le futur tram.

« Nous voulons proposer un autre tracé pour le tram nord », résume Louisa Krause, présidente du collectif Col’schick. Depuis 2015, elle se mobilise à chaque fois que le plan local d’urbanisme est en phase d’être modifié. C’est le cas début 2024 étant donné l’extension du réseau de tram vers le nord, qui doit relier Strasbourg à Schiltigheim et Bischheim en passant par l’avenue des Vosges. Cette extension, qui doit s’accompagner d’aménagements urbains majeurs, réduisant la place de la voiture dans l’espace public cristallise l’opposition à la municipalité écologiste.

Jusqu’au 19 janvier, 17h, la concertation préalable au changement du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) est ouverte aux contributions du public. Les collectifs estiment que cette concertation a été lancée « en catimini, pendant les congés scolaires, pour une durée extrêmement courte et sans organiser aucun débat avec les habitants ». Annonçant palier les « missions d’un exécutif défaillant », ils veulent « informer les Strasbourgeois [et Strasbourgeoises] des implications potentielles de cette modification fondamentale ».

Deux villes, deux réunions

La première réunion publique se tiendra au Foyer des étudiants catholiques (FEC), place Saint-Étienne au centre-ville de Strasbourg, jeudi 11 janvier à 18h30. La seconde aura lieu vendredi 12 janvier au Foyer des Tonneliers, 2 rue des Tonneliers à Schiltigheim, à 18h30.

« Nous organisons deux temps car chaque ville a des conséquences différentes. Celle de Strasbourg sera concentrée sur l’avenue des Vosges lorsque celle de Schilitigheim concernera l’avenue du Général-de-Gaulle. »

Louisa Krause, présidente du collectif Col’schick

Pour chacun des évènements, les organisateurs attendent au moins une soixantaine de participantes et participants. Malgré les mots accusatoires envers l’exécutif eurométropolitain, Louisa Krause insiste sur le but premier des revendications portées par les collectifs :

« Il s’agit de réussir à vivre ensemble entre tous les utilisateurs. Ce que fait l’Eurométropole divise les cyclistes, les piétons et les automobilistes. Nous voulons plus d’équité territoriale entre Strasbourg et Schiltigheim et permettre à tout le monde de s’approprier les espaces pour se déplacer dans les deux villes. Bien sûr que nous sommes contre la pollution et pour le tram. Simplement, nous pensons que le tracé prévisionnel n’est pas le bon pour les habitantes et les habitants. »

Le tracé de l’extension nord du tramway, comme il est soumis à la concertation (doc Eurométropole)Photo : Eurométropole de Strasbourg

Une concertation publique « inaccessible » selon Col’schick

Au-delà de la contestation sur plusieurs aspects du projet du tram nord, la représentante de Col’schick déplore la manière dont les contributions à la concertation doivent être soumises :

« Il faut passer par le site de la participation citoyenne et donner une adresse mail, jusque-là, c’est normal. Mais après, on doit signer le pacte pour la démocratie à Strasbourg afin de pouvoir voter sur les projets participatifs. Moi je suis de Schiltigheim, pas de Strasbourg, donc je ne vois pas pourquoi je devrais y souscrire. »

En effet afin de prendre part aux votes sur « participer.strasbourg.eu », il faut « certifier avoir pris connaissance des différentes clauses du Pacte ». Dans une lettre adressée à Pia Imbs le 8 janvier 2024, le collectif Col’schick interpelle la présidente de l’Eurométropole et déplore une « inéquité pour les citoyens qui n’ont pas accès ou ne maitrisent l’informatique (fracture numérique) ».

Douzième manifestation pour la Palestine samedi 13 janvier à Strasbourg

Douzième manifestation pour la Palestine samedi 13 janvier à Strasbourg
Le rassemblement pour la Palestine du 28 octobre 2023. Photo : PF /Rue89 Strasbourg

Le collectif Palestine 67 organise une manifestation contre « le génocide » en Palestine samedi 13 janvier. Environ 300 personnes sont attendues.

Une manifestation pour « un cessez-le-feu et contre le génocide ». Ce sont les revendications affichées par le Collectif Palestine 67 qui regroupe une quarantaine d’organisations. Comme les dernières manifestations, le cortège partira de la place Dauphine, en face du centre commercial Rivétoile à 14h et terminera son parcours place Kléber.

Pour Hervé Gourvitch, du Collectif Palestine 67, la situation en Palestine est claire :

« Le mot de génocide n’est plus tabou, il est même utilisé par les institutions internationales. Ce terme correspond à une réalité. Et il y a de quoi s’inquiéter ! »

« Il y a une vraie demande »

Pour sa douzième manifestation depuis le mois d’octobre, le Collectif attend environ 300 personnes :

« Il y a une vraie demande des manifestants. Certains reviennent chaque semaine. La manifestation regroupe des personnes aux profils très divers : femmes, jeunes, militants politiques, étudiants. Vu que c’est la fin des vacances, on espère avoir un peu plus de monde. On a également pris des dispositions pour tracter davantage. »

Hervé Gourvitch, membre du Collectif Palestine 67

À la fin de la manifestation, place Kléber, des prises de paroles sont prévues.

Une veillée vendredi 12 janvier au soir 

Un autre collectif, Strasbourg Palestine, organise pour la première fois une veillée ce vendredi 12 janvier, place Kléber. De 19h30 à 21h30, il va projeter des vidéos pour alerter sur la situation à Gaza. Le collectif prévoit aussi d’exposer des photos des disparus ainsi que des poupées ensanglantées pour représenter les jeunes victimes.

Leila Sihabi, membre du collectif, précise :

“ On veut rendre hommage aux victimes et aux disparus palestiniens. Ce sera un moment de recueillement. On attend entre 150 et 200 personnes. Notre objectif est surtout de sensibiliser les passants au génocide, notamment en interpellant avec les poupées.”

En réunion publique, le député Bruno Studer face aux critiques

En réunion publique, le député Bruno Studer face aux critiques
Bruno Studer en réunion publique à Cronenbourg le lundi 8 janvier 2024.
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Santi, mère célibataire à la rue : « Je dois me battre pour mes enfants »

Santi, mère célibataire à la rue : « Je dois me battre pour mes enfants »

Depuis février 2023, Santi et sa famille n’ont pas de logement. En plus de devoir gérer son travail et ses enfants, elle doit se poser chaque jour la même question : où dormir ce soir.

« Vous avez froid ? Alors imaginez pour nous », fulmine Santi, emmitouflée dans sa longue doudoune kaki. Les mains dans les poches ce lundi 8 janvier en fin d’après-midi, la mère attend devant l’école Ziegelau que sa fille sorte du cours de soutien scolaire. Voilà bientôt un an que Santi, sa mère, sa fille et son fils n’ont pas de logement.

Sept années de présence en France

Avant d’arriver à Strasbourg en 2017, Santi était vendeuse en Albanie. Puis elle a fui son pays. Pendant ses cinq premières années en France, elle a changé plusieurs fois de logement. Grâce à ses appels au 115 (le numéro de l’association qui gère l’hébergement d’urgence), elle est logée six mois dans un hôtel, presque trois ans dans un appartement à Illkirch, puis un an à Neudorf. En 2022, le Service Intégré d’Accueil et d’Orientation (SIAO) lui propose d’aller dans un centre d’hébergement d’urgence géré par Coallia, à Geispolsheim.

Avec ses enfants, Santi assiste à des scènes de violence dans cet hôtel reconverti en hébergement d’urgence. « Il y avait du sang, des bagarres, des personnes avec des couteaux. En plus, le centre était à 1h30 de l’école. On devait marcher 30 minutes avant de prendre bus et tram », se souvient la mère de famille, le regard marqué. En février 2023, elle apprend qu’elle va être transférée à Bouxwiller dans un centre d’aide pour le retour. « Je ne voulais pas retourner en Albanie, c’est trop dangereux pour moi ». La mère de famille prend alors la décision de quitter le centre et de se retrouver à la rue.

Une situation qu’elle pensait temporaire, mais qui s’éternise :

« Ça va faire un an. Tous les jours, j’appelle le 115 et à chaque fois on me dit la même chose : “il n’y a pas de place pour les familles”. »

« Le plus dur, c’est de gérer les enfants »

Accompagnée d’une avocate, Me Christine Mengus, elle fait une demande de titre de séjour. Douche froide le 14 février 2023 : sa demande est rejetée. Elle reçoit une OQTF, une obligation de quitter le territoire français sous 30 jours. Santi passe alors plusieurs journées et soirées dans la gare centrale.

“Il y avait beaucoup de gens alcoolisés, violents, ça faisait peur. Des associations comme Strasbourg Action Solidarité venaient faire des maraudes. En hiver, je restais à l’intérieur la journée et le soir, mais à minuit on devait partir. C’est encore plus difficile pour les femmes, surtout avec des enfants.”

Elle passe alors souvent le reste de la nuit chez des parents d’élèves, ou dans des chambres d’hôtel payées grâce à la solidarité citoyenne. Son fils et sa fille doivent se construire tout en vivant dans la rue :

“Mon fils est très énervé contre moi. Il me demande pourquoi je ne fais rien, pourquoi on est à la rue. Mais moi je fais tout ce que je peux. Je dois gérer les besoins de mes enfants, quand ils ont faim, quand ils sont fatigués, qu’ils veulent aller aux toilettes… Ils comprennent tout et sont inquiets aussi. »

Depuis lundi 8 janvier, sa fille scolarisée en CE2 suit des cours de soutien dans l’établissement, pendant une heure. “Elle a du mal à faire ses devoirs dehors », explique Santi. Son fils, qui est au Lycée Couffignal a vu ses résultats dégringoler : « Lorsqu’il était au collège, c’était le meilleur de sa classe. Il avait appris le français en trois mois. Mais maintenant c’est vraiment compliqué pour lui. »

Santi Ziegleau
Santi a une fille scolarisée en CE2, et un garçon de 16 ans.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg

Un titre de séjour et un CDD

L’avocate de la famille a contesté l’OQTF. En juillet 2023, le tribunal administratif de Strasbourg a ordonné à la préfecture d’annuler sa décision et de fournir un titre de séjour à Santi. Avec ses enfants, ils ont rapidement obtenu leurs papiers. “Maintenant, j’ai même la carte vitale !”, se réjouit-elle.

Le 20 novembre 2023, Santi a commencé une formation de deux semaines pour travailler en crèche. Désormais, de 8h à 17h chaque jour de la semaine, elle s’occupe du ménage et de faire manger les enfants de cette crèche. “J’adore mon travail”, sourit Santi. Employée en CDD, elle espère obtenir un CDI.

Ses collègues sont au courant de sa situation. “Ma patronne a fait une demande auprès d’Action Logement pour moi”. En plus d’avoir un salaire et d’être au chaud, Santi peut charger à toute heure sa batterie externe pour son téléphone. Elle peut ainsi continuer d’appeler le 115 quotidiennement. 

« Certaines journées, on ne se lave pas »

Sans logement pérenne, le quotidien de Santi est fait d’incertitudes : « C’est le plus dur dans cette situation ». Pour manger, elle achète des produits secs comme du pain. Elle va à la rencontre des maraudes ou reçoit de l’aide des personnes qu’elle connaît. Elle passe beaucoup de temps dehors, souvent le matin entre l’école et le début de son travail :

“Ce matin, on a passé 45 minutes tôt dehors. Ma fille courait autour de nous pour se réchauffer. Ensuite lorsqu’elle se retrouve seule, ma mère va à Rivétoile. Elle peut s’assoir dans le centre commercial et aller aux toilettes. Et puis au moins, elle est au chaud. »

L’hygiène est aussi une question importante. « Quand on est dehors, on va prendre une douche dans les locaux de La Loupiote. Mais certaines journées, on ne se lave pas. » Heureusement, la famille a suffisamment d’habits pour se changer et se couvrir en hiver. Toutes leurs affaires sont stockées dans le grenier d’un parent d’élève. 

Tenir grâce à la solidarité

« Les amis, c’est ça que j’ai gagné », confie Santi en souriant. Accueil, repas et collecte pour payer des nuits dans des logements Airbnb… Plusieurs parents d’élèves se sont mobilisés pour l’aider. « Je m’entends très bien avec la famille, ce sont des gens adorables. Cette horrible bureaucratie pour avoir un logement, c’est complètement déconnecté de la réalité », déplore Frédéric, un parent d’élève qui les a hébergés plusieurs fois. 

Santi peut aussi compter sur le collectif « Pas d’enfants à la rue », qui s’occupe des familles sans-abris. Lundi 8 janvier, Delphine Bernard, membre du collectif, et Fanny Taulou, déléguée des parents d’élèves, ont voulu occuper l’école de la Ziegelau pour faire dormir la famille au chaud, à l’intérieur. En juin 2023, une action similaire avait permis à Santi d’habiter dans le logement d’un particulier, grâce à l’association Casas, pendant plusieurs mois. Elle avait ensuite dû retourner à la rue.

Objectif logement pérenne

« Cette fois-ci, notre objectif avec cette action c’est qu’elle obtienne ensuite un logement pérenne », précisait Delphine Bernard devant l’école dans la soirée du lundi 8 décembre. Mais le concierge de l’établissement les a empêchés de rentrer. « Il a eu des consignes. C’est une honte ! », peste Delphine Bernard.

Santi, elle, semble résignée. « Je ne vais rien gagner si je pleure. Je dois continuer de me battre pour mes enfants », souffle la mère en regardant sa fille qui joue, insouciante, avec les autres élèves. Le groupe part interpeller Antoine Dubois, l’élu référent du quartier du Neudorf, lors d’une réunion sur le stationnement dans le quartier. Il leur propose une solution temporaire : aller au gymnase du Conseil des XV, réquisitionné pour loger les sans-abris, le temps de la vague de froid. Santi et sa famille ont la possibilité d’y rester une semaine.

À Strasbourg, l’hébergement d’urgence sélectionne ses bénéficiaires

À Strasbourg, l’hébergement d’urgence sélectionne ses bénéficiaires

Avec la loi sur l’immigration votée par l’Assemblée nationale le 19 décembre, le droit à un hébergement d’urgence inconditionnel est supprimé pour certains étrangers. À Strasbourg, l’hébergement d’urgence est déjà, dans les faits, réservé à certaines personnes.
« On se retrouve parfois sans solution face à des familles qui dorment à la rue depuis cinq mois. » Jean, juriste pour l’association d’aide aux demandeurs d’asile Casas, craint que la loi sur l’immigration votée par l’Assemblée nationale le 19 décembre augmente encore son impuissance face à des personnes condamnées au sans-abrisme, dans les rues de Strasbourg. Le Conseil constitutionnel examine ce texte jusqu’à la fin du mois de janvier 2024. Il pourrait censurer certaines de ses dispositions.
Le 8 janvier, le ministre du Logement a annoncé débloquer 120 millions d’euros pour l’hébergement d’urgence à l’échelle nationale. Patrice Vergriete a précisé que « c’est le rôle d’un gouvernement que d’être solidaire pour tenir l’engagement du président de la République, à savoir l’hébergement inconditionnel (…) quelle que soit son origine, quel que soit son profil, quelle que soit sa situation ». Pourtant, dans les faits, les personnes qui ont accès à l’hébergement d’urgence sont bien sélectionnées a priori.
En France, la loi prévoit que l’hébergement d’urgence est inconditionnel. Tous les sans-abris, quel que soit leur statut administratif, peuvent appeler le 115 et demander à être hébergés. Dans la loi sur l’immigration, cette inconditionnalité est remise en cause. L’article 19 ter du texte prévoit que désormais, les étrangers sans-papiers et visés par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) ne pourront bénéficier de cet hébergement que « dans l’attente de leur éloignement ». C’est-à-dire de leur expulsion vers leur pays d’origine.

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Plusieurs organisations appellent à manifester contre la loi immigration dimanche

Plusieurs organisations appellent à manifester contre la loi immigration dimanche

Dimanche 14 janvier, plusieurs organisations planifient une manifestation contre la loi immigration adoptée par l’Assemblée nationale mardi 19 décembre. Le rendez-vous est fixé à 14h30 place Kléber.

Attac Strasbourg, la France insoumise, Solidaires Alsace, le NPA et D’ailleurs nous sommes d’ici 67 appellent à manifester à Strasbourg, dimanche 14 janvier, contre la loi immigration. D’autres collectifs, associations ou syndicats devraient encore se joindre à la mobilisation. Dans un événement relayé sur Facebook, les organisateurs dénoncent « cette loi raciste et xénophobe [qui] restreint le droit au séjour, accentue considérablement la répression, s’attaque au droit d’asile, au droit du sol, aux étrangers malades, aux étudiants non européens, au regroupement familial… »

Ils fustigent un texte de loi « d’exclusion totale, raciste, qui cristallise l’avancée de l’extrême droite en France » qui rêve d’imposer un projet de « préférence nationale ». Pour Léo-Paul Latasse, attaché parlementaire du député insoumis Emmanuel Fernandes, il s’agit aussi « de faire pression sur le Gouvernement pour qu’il ne promulgue pas la loi si par malheur le Conseil constitutionnel ne censurait pas les articles inhumains et racistes de cette loi d’extrême droite ».

Si l’itinéraire exact reste à définir, cette initiative locale s’inscrit dans le sillage des diverses mobilisations prévues en France. 300 personnes s’étaient déjà rassemblées place de la République à Strasbourg le 21 décembre, deux jours après l’adoption par l’Assemblée nationale de la loi immigration.

Une tribune de 200 personnalités

Par ailleurs, 201 personnalités appellent à manifester, au niveau national, le 21 janvier, contre la promulgation de la loi « immigration ». Dans une tribune publiée, dimanche 7 janvier par L’Humanité et Mediapart, elle est dénoncée comme un « tournant dangereux de notre République ». Guillaume Meurice, Nicolas Mathieu, Julie Gayet… Les signataires du texte d’horizons divers, invitent les citoyens de la France entière, dimanche 21 janvier, à demander « au Président de la République de ne pas promulguer cette loi ».

Plan grand froid : un gymnase réquisitionné pour les sans-abris

Plan grand froid : un gymnase réquisitionné pour les sans-abris

Avec la chute des températures, la préfecture du Bas-Rhin a décidé de l’ouverture temporaire d’un gymnase pour loger des sans-abris à Strasbourg dimanche 7 janvier. Le site a une capacité d’accueil de 100 places.

La préfecture du Bas-Rhin a annoncé le placement du département en vigilance jaune suite à un épisode de « grand froid » à partir de ce 8 janvier à minuit. Cette situation correspond à un pic de froid « de courte durée (1 à 2 jours), présentant un danger pour la santé des populations précaires, sans domicile ou isolées, du fait de leurs conditions de vie ou de travail ». Dès le dimanche 7 janvier, le gymnase du Conseil des XV a été réquisitionné. Les personnes qui appellent le numéro 115, pour demander un hébergement d’urgence, sont donc redirigées vers cette salle de sport, située rue du général Picquart à côté de la cité Rotterdam.

Le gymnase du Conseil des XV se trouve rue du général Picquart.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

La capacité d’accueil du gymnase est de 100 places selon la Croix Rouge, chargée d’assurer la logistique du dispositif. À l’intérieur, des lits de camp sont alignés les uns à côté des autres. Plusieurs compartiments ont été créés pour séparer les femmes et les enfants des hommes isolés. Tout le monde peut rester pendant la journée, des tables et des chaises ont été installées. Selon nos informations, entre 50 et 60 personnes ont bénéficié de cette mise à l’abri dans la nuit du 7 au 8 janvier.

Vu le nombre de personnes à la rue à Strasbourg, les 100 places du gymnase du Conseil des XV risquent de ne pas suffire.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Toujours d’après la Croix Rouge, la durée exacte de cette réquisition n’est pas encore connue. Contactée, la préfecture du Bas-Rhin n’a pas répondu sur la durée de cette mise à l’abri et sur la potentielle ouverture d’un autre gymnase en cas de forte demande. Pour rappel, fin octobre 2023, l’association Médecins du Monde estimait à un millier le nombre de personnes sans-abri à Strasbourg.

Les sans-abris peuvent rester sur place pendant la journée mais la plupart sont partis vaquer à leurs occupations le 8 janvier.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Depuis le 5 janvier, la préfecture avait déjà augmenté le nombre de places d’hébergement d’urgence et étendu les horaires des maraudes et des accueils de jours.

L’échec du Réseau express métropolitain le condamne à se consolider avant d’évoluer

L’échec du Réseau express métropolitain le condamne à se consolider avant d’évoluer
Un an après son lancement, le REME ne tient pas sa promesse de 1000 trains supplémentaires par semaine.

Le Réseau express métropolitain de l’Eurométropole ne tiendra pas sa promesse initiale avant 2026. La SNCF et la Région Grand Est travaillent désormais à réduire les retards et les suppressions de train qui exaspèrent les usagers.

« Ma fille prend le train Sélestat – Benfeld tous les jours pour se rendre à son travail. Nous ne comptons plus les annulations dans les deux sens et au dernier moment (…) C’est juste une galère quotidienne et elle a fini par faire le trajet en voiture. » Un petit tour sur la page Facebook « TER Grand Est le ras le bol des usagers » donne la mesure de l’insatisfaction des voyageurs empruntant le Réseau express métropolitain européen (Reme).

Un usager de la ligne Obernai – Strasbourg se plaint lui aussi de « suppressions et retards à gogo qui empêchent de prévoir des trajets ». Il y a enfin Sophie, pour qui l’année 2024 a mal commencé : son TER de 8h10 a déjà été supprimé les 5, 8, 9, 11 et 12 janvier. L’exaspération est d’autant plus grande que ces dysfonctionnements n’ont nullement empêché la Région d’augmenter les tarifs des billets et des abonnements de 4% en septembre 2023 et de 3% en janvier 2024.

Promesse non tenue et manque de fiabilité

Un an après le lancement du Reme, la promesse portée par la Région Grand Est, l’Eurométropole de Strasbourg et la SNCF n’est toujours pas tenue. « Il devait y avoir 1 000 trains supplémentaires par semaine. Aujourd’hui, il y a 650 trains hebdomadaires en plus », résume François Giordani, président de la branche Grand Est de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut). L’infatigable militant précise : « Pour certaines lignes, comme Strasbourg – Offenbourg, il n’y a aucun train supplémentaire. Pour Strasbourg – Lauterbourg, ce sont à peine quatre trains de plus par semaine… »

La Fnaut Grand Est déplore aussi le manque de fiabilité du Reme. Grâce à un suivi quotidien du nombre de trains supprimés ou en retard de plus de dix minutes, François Giordani est en capacité de donner des chiffres peu glorieux pour la SNCF :

« En 2023, 10 à 11% des TER circulant en Alsace ont été supprimés ou ont connu un retard de plus de 10 minutes. Pour un usager qui prend le train aller et retour cinq jours par semaine, ça signifie qu’il arrive au moins une fois par semaine en retard au travail ou à l’école pour chercher ses enfants. »

En plus d’une promesse de cadence non tenue, les usagers sont excédés par les retards et les suppressions de train. Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc

« Depuis le Reme, c’est catastrophique »

Pour le secrétaire régional de l’Unsa Ferroviaire en Alsace, un syndicat de cheminots, Ludovic Wintenberger, le lancement du Reme a mis fin à la ponctualité record des TER alsaciens :

« Il suffit de prendre le train aujourd’hui pour comprendre qu’on est loin du TER Alsace qui présentait le taux de régularité le plus élevé de France il y a encore quelques années. Mais depuis le Reme, c’est catastrophique. En 2023, on doit être dans des taux de régularité de 80 à 85% alors qu’avant, on avait un taux de régularité de 96-97%. »

Interrogé sur les origines de ces dysfonctionnements, le syndicaliste évoque des problématiques structurelles, déjà dénoncées par les syndicats avant le lancement du Reme. Le manque de conducteurs et de contrôleurs empêchent parfois les trains de partir. Le sous-effectif en agents de maintenance occasionne un manque en matériel puisque les locomotives et autres rames en panne mettent plus de temps à être réparés. « Les agents, les cadres et les responsables syndicaux alertaient la direction en disant : on va droit dans le mur. Mais personne n’a fait en sorte qu’on évite de foncer », résume Ludovic Wintenberger.

Un « échec relatif » admis par la Région

Unique bonne nouvelle pour les usagers : la SNCF et la Région Grand Est admettent désormais ces ratés. Sur France Bleu Alsace, le vice-président en charge des transports Thibaud Philipps a évoqué un « échec relatif » à propos du Reme : « Les taux de régularité sont trop faibles et les suppressions de train trop nombreuses. Ce n’est pas acceptable. » Dans le nouveau contrat d’exploitation qui lie la Région Grand Est et la SNCF pour 2023-2033, les plafonds de pénalités payés par la société ferroviaire en cas de retard ont été multipliés par dix.

Thibault Philipps, également maire (Les Républicains) d’Illkirch-Graffenstaden, ne prévoit pas d’augmentation de l’offre pour les prochaines années : « Maintenant, avec la SNCF, on développe un plan d’actions pour stabiliser et fiabiliser le système. » Même discours du côté de la direction régionale TER Grand Est, qui rappelle l’augmentation du trafic permise par le Reme et rejette « toute évolution de l’offre avant décembre 2026 » :

« Depuis le mois de septembre 2023, ce sont près de 3 800 TER par semaine qui circulent effectivement autour de Strasbourg, une augmentation de 40% par rapport à la même période en 2022. (…) Les équipes de SNCF Réseau et SNCF Voyageurs sont mobilisées depuis le lancement et se concentrent depuis septembre sur des actions permettant d’améliorer la qualité de service, pour offrir fluidité et régularité des circulations aux voyageurs. Les premiers résultats sont visibles et encourageants, notamment l’amélioration de la régularité et la diminution du nombre de suppressions de trains opérationnelles depuis le changement de service en décembre 2023. »

Pour fiabiliser les cadences actuelles, la Région Grand Est et la SNCF ne prévoient pas d’augmentation de l’offre avant 2026.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc

2024 : une année d’attente

Pour François Giordani, « 2024 sera une année d’attente et d’immobilisme au niveau du Reme ». Le président de la Fnaut Grand Est en veut pour preuve les missions d’audit lancées début 2024 :

« C’est un travail qui aurait dû être fait avant le lancement du Reme mais bon. La région et la SNCF ont lancé un diagnostic pour voir jusqu’à quelles capacités le Reme peut aller avec la gare de Strasbourg. C’est là que la SNCF a été en dessous de tout : elle n’a pas anticipé que l’organisation de la gare de Strasbourg ne permet pas d’éviter des retards et des annulations en cascade. »

La réorganisation de la gare de Strasbourg fait donc partie des solutions incontournables pour que le Reme tienne ses promesses initiales. Sur France Bleu Alsace, Thibaud Philipps a ébauché un calendrier : l’ouverture de la gare de Strasbourg à 360 degrés en 2027 – 2028, l’augmentation du nombre de voies ferrées au cours des années suivantes.

Le temps des travaux suffira-t-il a mettre fin aux difficultés du Reme ? Pour Raymond Woessner, géographe spécialiste des transports cité par nos confrères de France 3 Grand Est, les 700 millions d’euros investis par la Région Grand Est dans le Reme sont insuffisants. Il compare la somme aux 36,1 milliards d’euros investis dans le projet de Grand Paris express : « Ça paraît dérisoire. Il faut de l’argent et du temps, pas des coups de baguette magique. C’est une affaire qui s’étale sur un temps très long. »

La crème de la scène émergente strasbourgeoise en une soirée à Django

La crème de la scène émergente strasbourgeoise en une soirée à Django

L’Espace Django accueille les auditions alsaciennes des Inouïs, le tremplin du festival du Printemps de Bourges. Cinq groupes vont se succéder vendredi 12 janvier et témoigner de la vitalité de la scène musicale locale, pour tenter de remporter une année d’accompagnement et de promotion.

Il arrive parfois aux artistes d’avoir le trac. Devant un public, c’est normal. Vendredi 12 janvier à l’Espace Django, cinq groupes auront une autre raison d’être stressés : ils seront filmés et évalués pendant 30 minutes par un jury des Inouïs du Printemps de Bourges. À partir de leur prestation à cette « audition régionale », les groupes pourraient être sélectionnés pour bénéficier d’une année d’accompagnement, de perfectionnement, de promotion et d’une tournée nationale. Un ascenseur de rêve pour toute formation qui débute.

Cette année, le jury des Inouïs prévoit d’écouter pour l’Alsace Clément Visage, Dur Chaton et Flupke, que les lecteurs les plus attentifs de Rue89 Strasbourg connaissent déjà. La sélection régionale comprend en outre la rappeuse Loli Taï et le trio post-punk Terne.

Sorti de l’ombre en avril 2022, le trio mulhousien propose un rock musclé, guitare – basse – batterie assez classique, sur des voix anglaises qui alternent entre des hurlements et des mots à peine prononcés. Le résultat est un mix plein d’énergie, puissamment rythmé, très efficace grâce à l’expérience évidente des musiciens qui n’en sont pas à leur premier groupe.

Moments (vidéo Terne / Youtube)

Tout le reste de la sélection est strasbourgeois. Lolie Taï propose un rap très musical, chanté en français avec une voix très douce. Pas une note plus haute que l’autre, pas une insulte, le résultat est à la limite de la chanson pop, ou bien est-ce de la pop contemporaine ?

One Shot (vidéo YouTube / Lolie Taï)

Le duo formé par Nico Moldav et Sophie Laronde, Dur Chaton, est également en lice pour le tremplin. Après avoir écumé les scènes pendant plus d’un an à partir d’un EP produit en quelques mois, Dur Chaton est prêt pour un nouvel envol (voir la présentation de leur album). Les sonorités doucement 80s de Nico Moldav et les paroles délicatement crues de Sophie Laronde vont-elles convaincre le jury des Inouïs ? Suspense.

Ragin Balt (vidéo Dur Chaton / Youtube)

Également au programme, un autre ovni de la scène électro strasbourgeoise, Flupke, alias Jérémie Revel. Avec ses sons piqués aux consoles de jeux des années 80s, Flupke propose des envolées électroniques joyeuses et rythmées, des bonbons sonores acidulés (voir la présentation détaillée) joyeusement régressifs.

Je ne pas possible (vidéo Flupke / Youtube)

Dernier arrivé sur la scène strasbourgeoise, en provenance de Nancy, Clément Visage est aussi à l’affiche de cette soirée décidément bourrée de talents. Seul sur scène, mais accompagné de son synthé et de sa guitare ultra-connectée, Clément Visage chante en français, avec un murmure hypnotique, sur une série de samples léchés. Le résultat est un condensé de chanson française pop contemporaine, précis et stylé.

Des Restes (vidéo Clément Visage / Youtube)

Tendres et rugueux, les poèmes d’Anne Mellier exposés au café Les Compotes

Tendres et rugueux, les poèmes d’Anne Mellier exposés au café Les Compotes

Poétesse de l’intime et du vivant, Anne Mellier expose une sélection de ses textes au café Les Compotes à Neudorf. Sous le titre « Peaupière », ses œuvres accompagnées des photographies de Mathilde Cybulski seront exposées du 13 janvier au 9 février 2024.

« La peau est ma matière poétique. Que sais-je écrire, sinon cette lisière, ce bord de soi(e), à l’orée du monde ? » Anne Mellier est poétesse et journaliste – collaboratrice régulière de Rue89 Strasbourg. Du 13 janvier au 9 février, elle expose une sélection de ses textes au café Les Compotes dans le quartier du Neudorf, rassemblés sous le titre Peaupière.

Matière de peau

Pour sa première exposition, Anne Mellier a choisi des photos de Mathilde Cybulski, également collaboratrice régulière de Rue89 Strasbourg, pour y faire courir ses mots. Des gros plans parcourus de poèmes écrits en tout petit, qui invitent les spectateurs à se rapprocher, explique celle qui compose des vers depuis qu’elle sait écrire.

« La poésie peut sembler ringarde, datée. J’ai donc fait en sorte de proposer quelque chose de chouette pour susciter la curiosité. Je parle de la peau donc je voulais des photos qui explorent sa matière, trop peu regardée à mon goût. »

Au coeur des textes qu’elle a sélectionné, cette peau revient comme fil rouge des divagations lexicales, cette « frontière entre soi et les autres, entre les émotions et ce qui les suscite », explique-t-elle.

« Je joue sur la versification, la ponctuation et les rythmes. Mon style est très dénudé, toujours en vers libres. Il s’affine depuis cinq ou six ans, même si je suis passée par une phase plus romantique à l’adolescence, puis une phase surréaliste. »

La randonnée en filigrane

En retraçant la place qu’occupe la poésie dans les écrits d’Anne, un mot revient souvent. La randonnée. Une activité qu’elle pratique en solitaire et lors de laquelle elle emporte toujours un recueil avec elle, car elle trouve le contexte « intéressant pour écrire ».

« La randonnée, c’est le corps en mouvement. Une expérience sensuelle et sensorielle très particulière, avec le ressenti du vent sur le visage, les couleurs de la forêt tout autour de soi… »

En lien direct avec sa sélection de texte, elle rappelle que lors de la randonnée, la marcheuse « porte sa propre peau ». L’occasion de sentir son corps « puissant, fort et endurant » détaille-t-elle en précisant que ces expériences diluées dans certains de ses textes ne sont pas toutes « très féminines ».

L’intime est poétique

À Strasbourg, le nom d’Anne Mellier est surtout connu pour sa plume dans plusieurs titres de presse locaux et nationaux. L’exercice de la poésie tranche sensiblement avec l’exercice journalistique :

« En tant que journaliste, je me contente d’écouter et j’œuvre à limiter ma subjectivité. Avec la poésie, tout est subjectivité. Il y a un truc intime, ce rapport au corps, à la sensualité et à la sexualité qui est complètement différent. »

Parmi ses inspirations, la poétesse nomme Rupi Kaur, Albane Gellé, Rim Battal ou Cécile Coulom. Des références qui « peuvent sembler un peu sombres » mais dont la lecture a été, pour certaines, « une vraie claque ».

Anne Mellier sera présente à l’occasion du vernissage de son exposition samedi 13 janvier 2024, de 10h30 à 13h.

#poésie

En janvier à Strasbourg, des femmes chorégraphes, du théâtre et des chants engagés

En janvier à Strasbourg, des femmes chorégraphes, du théâtre et des chants engagés
Six événements pour reprendre son activité culturelle en 2024.

Après une courte pause hivernale, le monde culturel strasbourgeois se réveille avec de belles propositions pour inaugurer 2024, entre festival de danse à Pôle sud, théâtre engagé et nuits de la lecture.

Parmi la série d’événements culturels qui émaillent les scènes strasbourgeoises en janvier, certaines abordent des sujets politiques majeurs comme les violences sexistes et les luttes sociales. D’autres proposent une immersion dans le regard singulier d’un ou d’une artiste. Sélection entre danse, théâtre et littérature. 

Le Iench au TNS

Texte lauréat du prix Bernard-Marie Koltès de 2022, Le Iench d’Éva Doumbia est la première pièce programmée par la nouvelle directrice du Théâtre national de Strasbourg (TNS), Caroline Guiela Nguyen. À l’origine de cette œuvre se trouve la volonté de montrer au théâtre une famille afro-européenne, ses préoccupations et son quotidien, un peu différents de ceux des familles bourgeoises habituellement portées sur les planches.

Le Iench sera joué au TNS du mardi 9 au samedi 13 janvier.Photo : DR / Arnaud Bertereau

Le spectateur est invité à faire la rencontre de Drissa Diarra, un jeune garçon aux origines maliennes vivant avec sa sœur jumelle et ses parents dans une cité pavillonnaire de province. Inspiré par les publicités télévisées, il rêve de son futur avec une voiture, un jardin et un chien. Mais Drissa grandit et se confronte jour après jour à la société, au regard qu’elle porte sur la couleur de sa peau, aux codes parentaux et aux assignations sociales.

« Je voulais une histoire sensible, intime, un peu drôle aussi, à laquelle on puisse toutes et tous s’identifier. Puis Adama Traoré a été tué [en 2016, après avoir été interpellé par la police, NDLR], j’ai pensé à mes proches. Je me souviens de nuits pleines d’angoisses. Ce décès a imprégné le texte en train de s’écrire. Mes personnages refusent de subir, ils veulent pouvoir choisir. Drissa veut sortir de tous les clichés, il ne veut être ni un délinquant noir, ni une exception – le fort en foot, le chanteur de soul, le scientifique doué qui a pris l’ascenseur social… » 

Éva Doumbia – Dramaturge

Les Femmes de Barbe Bleue au Cube Noir

Du samedi 13 au dimanche 21 janvier, le Cube Noir accueille une pièce intrigante : Les Femmes de Barbe-Bleue de Juste avant la compagnie, reprise par les Comédiens du Rhin. S’il s’inspire du conte originel, ce spectacle fait un pas de côté pour s’intéresser aux victimes du monstre. Leur point commun : elles sont toutes des femmes. À travers cinq comédiennes, cette pièce interroge les drames sexistes, du harcèlement au féminicide.

Entre sérieux et humour, avec une pincée de merveilleux, les nouvelles héroïnes de cette histoire explorent le syndrome de Stockholm, le déni, les injonctions intériorisées et les jeux de séduction pour se réinventer.

Festival L’année commence avec elles à Pôle Sud

Troisième édition du festival L’année commence avec elles de Pôle Sud avec treize chorégraphes et artistes invitées à présenter leur regard sur le monde, du 11 au 26 janvier, autour de dix spectacles. À l’instar de l’année 2022, la programmation est prometteuse et variée, entre danse, installations poétiques, conférences et performances.

Pour cette édition, les équipes de Pôle Sud proposent aux spectateurs de découvrir « différentes manières d’appréhender le regard sur les femmes, sur les hommes vus par les femmes et comment chacune s’empare du sujet du féminin »

La troisième édition de L’année commence avec elles sera rythmée par dix spectacles, du 11 au 26 janvier. Photo : DR / Nora Houguenade

À ne pas manquer, Maldone de Leïla Ka le 26 janvier. Elle met en scène cinq femmes qui, le temps d’une soirée pyjama, partagent un moment d’intimité et de révolte au rythme de musique classique aussi bien que d’électro et de variété.

Le festival est aussi l’occasion d’un partenariat avec l’Espace Django qui a concocté un concert au féminin. Deux chanteuses folk se retrouveront sur scène : la canadienne Safia Nolin et la française Claire Days. Le concert sera interprété en langue des signes. 

Les nuits de la lecture

Organisées pour la troisième année consécutive par le Centre national du livre, les Nuits de la lecture se déroulent dans toute la France du 18 au 21 janvier. À une centaine de jours de la labellisation Unesco de Strasbourg Capitale du Livre, la ville accueille plus d’une trentaine d’événements autour du thème du corps, choisi à l’occasion des Jeux olympiques.

En plus des lectures dans les collèges et les lycées, plusieurs événements seront ouverts au grand public. Le 18 janvier, les deux lauréats régionaux du concours de nouvelles des Crous réaliseront des lectures immersives sur la thématique de la métamorphose, à 18h30 et 20h au Studium, sur le campus universitaire de l’Esplanade.

À la BNU, l’illustratrice lituanienne Ula Rugevičiūtė Rugytė présentera sa première BD, traitant du traumatisme collectif, de sa transmission entre générations et de l’occupation soviétique en Lituanie.

Le 20 janvier, des lectures d’histoires autour des cinq sens seront réalisées à la médiathèque de Cronenbourg.

Les Nuits de la lecture sont un événement national qui se déroule du 18 au 21 janvier. Photo : DR / Chloé Cruchaudet

Des châteaux qui brûlent au Conservatoire

Les élèves du conservatoire joueront les 25 et 26 janvier la pièce Les Châteaux qui brûlent. Écrite par Anne-Laure Liégeois d’après le roman d’Arno Bertina, cette œuvre plonge le public au cœur d’une lutte ouvrière. Un abattoir de poulet en grève, un secrétaire d’État à l’Industrie séquestré par des travailleurs, des journalistes et des policiers mobilisés à l’extérieur.

Voilà de quoi faire un joyeux et politique huis-clos. Et de quoi interroger l’organisation d’une lutte, l’individu derrière la force de travail ou encore les conditions du dialogue social. Cette histoire est portée par dix jeunes comédiens et mise en scène par Olivier Achard.

Un concert féministe de l’ensemble vocal Plurielles

« Nos voix vont interpréter la grande Histoire des femmes – celle des mères, des ouvrières, des militantes, des activistes, des opprimées, des inconnues… Elles diront les luttes, les inégalités, le sexisme, les violences, la sororité… », annonce l’ensemble vocal féminin Plurielles. Le 28 janvier à l’église Saint-Matthieu de Strasbourg, puis le 10 mars à l’église protestante Saint-Laurent de Dorlisheim, le chœur, constitué de 18 chanteuses, interprétera un spectacle intitulé À voix haute(s).

Ce concert sera rythmé par des reprises de chansons éclectiques représentatives des différentes luttes menées pour les droits des femmes – de l’hymne du MLF Debout les femmes à Balance ton quoi d’Angèle, en passant par I will survive de Gloria Gaynor. Des textes féministes et des témoignages seront également lus.

Robert Grossmann, ancien président de la Communauté urbaine de Strasbourg, est décédé

Robert Grossmann, ancien président de la Communauté urbaine de Strasbourg, est décédé
Robert Grossmann, homme politique, ex président de la Communauté urbaine de Strasbourg. Portrait dans son quartier de la Robersau à Strasbourg en 2014.

Robert Grossmann, homme politique alsacien, est mort le 25 décembre 2023. Gaulliste convaincu, il a été président de la Communauté urbaine de Strasbourg de 2001 à 2008. Il avait 83 ans.

Né en 1940, Robert Grossmann s’est éteint le 25 décembre 2023. L’homme politique alsacien a été inhumé dans l’intimité familiale jeudi 4 janvier.

Fondateur du mouvement de jeunesse du gaullisme, l’Union des jeunes pour le progrès (UJP) en 1965, Robert Grossmann est entré au conseil municipal de Strasbourg la même année. En 1977, il devient adjoint au maire Pierre Pflimlin, en charge des sports.

Il entre également au conseil général du Bas-Rhin en 1982, jusqu’à en devenir l’un des vice-président en 1994. Il siège aussi au conseil régional d’Alsace en 1992 où il est en charge de la commission sport et culture. Un poste sur mesure pour ce passionné d’art contemporain : il en profitera pour créer le Centre européen d’actions artistiques contemporaines (Ceaac), toujours présent à la Krutenau.

Président de la métropole

En 2001, Robert Grossmann (alors au RPR) s’allie avec Fabienne Keller (alors à l’UDF) pour remporter la mairie de Strasbourg à la faveur d’une division de la gauche. Ils se présentent en « tandem » : Robert Grossmann prétendant à la présidence de la Communauté urbaine (CUS, ancien nom de l’Eurométropole) et Fabienne Keller devant être la maire de Strasbourg.

Robert Grossmann avec Fabienne Keller et Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, lors de l’inauguration de la Foire européenne en 2002.Photo : Pascal Bastien / Divergence

Malgré un mandat émaillé par des divisions entre Fabienne Keller et Robert Grossmann, cette formule en binôme a été reprise depuis cette date par les listes se présentant aux élections municipales. Parmi ses réalisations, on peut citer le lancement de la grande médiathèque Malraux et l’urbanisation du quartier des fronts de Neudorf avec le centre commercial Rivétoile et l’installation de l’UGC Ciné-Cité.

Battu en 2008 par Roland Ries (alors socialiste), Robert Grossmann siège dans l’opposition mais ne se représente pas ensuite. Il restera dans son quartier de la Robertsau, qu’il affectionne jusqu’à lui consacrer un livre, Ma Robertsau.

L’appel des appels à Strasbourg : trois jours pour résister à « la peur qui nous gouverne »

L’appel des appels à Strasbourg : trois jours pour résister à « la peur qui nous gouverne »
Manifestation contre la montée de l’extrême-droite, le 12 mars 2022.

Du 12 au 14 janvier, le comité strasbourgeois de l’association L’appel des appels organise trois journées de débat pour mieux lutter contre le néolibéralisme et l’instrumentalisation des peurs.

Fondé fin décembre 2008, le mouvement L’appel des appels s’est lancé à partir de constats inquiets : « souffrance sociale », « multiplication de prétendues réformes aux conséquences désastreuses » ou encore « saccage des missions et pratiques professionnelles » des métiers du social.

Du vendredi 12 au dimanche 14 janvier, le comité strasbourgeois de l’association organise trois journées de débats. Les conférences suivies de discussions, à la librairie Kléber ou au cinéma Star, seront dédiées à l’instrumentalisation des peurs.

Membre du conseil d’administration de L’appel des appels, l’ancien militaire et actuel éducateur spécialisé Sylvain Le Drogo explique la genèse de ces trois journées de réflexion :

« À Strasbourg, nous sommes un petit groupe constitué essentiellement de professionnels de l’accompagnement de l’humain, de l’éducatif et du soin. On se retrouve tous les mois depuis le début de la pandémie de covid. Il est toujours question de la casse des métiers du social.

On s’est intéressé à la politique sanitaire répressive et à l’approche politique du gouvernement. On a ainsi développé une réflexion sur la peur sur le plan sécuritaire, la peur de l’altérité, de l’étranger, la peur du vide… Ces journées viennent conclure et synthétiser deux ans de rencontres. »

Indignation et engagement

Le cycle de conférences débute le vendredi 12 janvier à 17h par l’intervention de l’historien et spécialiste du nazisme Johann Chapoutot. Dans la salle blanche de la librairie Kléber, l’auteur de l’ouvrage « Libres d’obéir » donnera sa vision de « l’engagement de l’historien dans la cité ».

Samedi 13 janvier, toujours dans la salle blanche de la librairie Kléber, les psychanalystes Roland Gori et Claude Schauder introduiront la journée d’échanges à 10h. Le philosophe Clément Magron donnera une présentation intitulée « Néolibéralisme, perversion du langage et gouvernement par la peur » à 10h15. Puis l’historien Johann Chapoutot sera de retour pour évoquer « l’instrumentalisation de nos peurs » à 10h45.

L’après-midi sera ponctuée d’hommages à l’auteur Stéphane Hessel et son célèbre ouvrage « Indignez-vous ». Une première table-ronde est programmée à 13h30 avec Sylvain Le Drogo, éducateur spécialisé, Marie-José Del Volgo, psychanalyste et ancienne maître de conférence à l’Université d’Aix-Marseille, et Laurent Lanciaux, enseignant et directeur d’école.

Une seconde table-ronde est dédiée à l’engagement. Pour alimenter la discussion, l’ancienne présidente du syndicat de la magistrature Evelyne Sire-Marin est invitée, de même que Patrick Ackermann, syndicaliste délégué Sud-PTT et co-auteur du film « Par la fenêtre ou par la porte – Le procès Orange » et enfin le psychanalyste Claude Schauder.

La dernière matinée de ce cycle se déroulera au cinéma Star, dimanche 14 janvier. Elle débutera avec la projection du film « Par la fenêtre ou par la porte » à 10h. Le documentaire sera suivi d’un débat avec le psychanalyste Roland Gori et le syndicaliste Patrick Ackermann.