Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

25 associations créent un collectif pour soutenir le projet du tram nord

25 associations créent un collectif pour soutenir le projet du tram nord

Le collectif « Cap tram nord », regroupant 25 associations, a officialisé sa création mercredi 21 février. Il se donne pour objectif de défendre le projet de tram au nord de l’Eurométropole. Et espère peser dans le débat public, face à une opposition très mobilisée.

Réunis dans le sous-sol d’un bistrot strasbourgeois aux allures de bunker, une vingtaine de militants associatifs se pressent pour tenir dans une étroite salle de réunion. Autour d’une table carrée, se retrouvent des représentants d’horizons aussi divers qu’Alternatiba, Strasbourg à vélo, la Fédération des aveugles ou l’Association des usagers des transports urbains de l’agglomération strasbourgeoise (Astus). Ils annoncent, ce mercredi 21 février, la création du collectif inter associatif « Cap Tram nord », conçu pour défendre l’extension du réseau de tram vers le nord de l’agglomération strasbourgeoise dans son tracé actuel.

Si cette convergence des luttes s’opère, avec 25 associations au total (liste en fin d’article), c’est que les représentants de chaque structure estiment que le tram nord fait écho aux combats de leurs structures, en répondant à des impératifs environnementaux, urbains et sociaux. Surtout, le nouveau collectif souhaite peser dans le débat public et contrer les efforts des opposants au tracé prévu.

« Les associations restent indépendantes », précise François Giordani, président de l’Astus :

« Elles pourront se manifester et demander des améliorations, sur le réseau piéton par exemple pour Piétons 67 ou sur les aménagements cyclables pour Strasbourg à vélo, selon leurs compétences. »

Collectif contre collectif

Deux choses semblent faire consensus parmi les membres de cette alliance hétéroclite : la pertinence du projet de l’Eurométropole et la mauvaise foi des opposants. Plusieurs collectifs de riverains, comme La Neustadt apaisée, et des élus d’opposition, comme Pierre Jakubowicz (Horizons) et Catherine Trautmann (PS), luttent avec énergie contre le projet, en organisant des réunions publiques, en interpellant la presse, voire en déposant des recours devant le tribunal administratif.

« On voit une telle opposition, on se dit que notre mobilisation est nécessaire », commente Colin Riegger, secrétaire général de la Confédération syndicale des familles (CSF) : « On attend ce projet depuis des décennies, il y a une forte angoisse de voir des projets enterrés à cause de l’opposition. »

25 associations composent le collectif Cap tram nord.

Les contre-propositions des opposants, notamment celle de Catherine Trautmann qui souhaite que soit étudié un tracé passant par le site Heineken de Schiltigheim, sont perçus comme des manœuvres visant à gagner du temps. « Est-ce qu’elle espère revenir au pouvoir en 2027 et reprendre les choses à ce moment là ? Nous, habitants, serons à nouveau sur le carreau, c’est à dire qu’on aura encore perdu des années avant d’avoir le tram », soupire le président du collectif Montramjtiens, Jacques Bresson.

Cap sur l’enquête publique

Les membres de Cap tram nord l’assurent, ils ne sont aucunement affiliés aux exécutifs de Strasbourg ou de l’Eurométropole. Ils estiment qu’ils représentent « la majorité silencieuse », selon les termes de François Giordani, et se donnent pour mission de contrer le discours des opposants, « déjà très présents dans les médias ».

François Giordani, président de l’Astus.

Pour cela, le collectif ne dévoile qu’à demi-mots ses futures actions, évoquant une « déambulation » sur l’avenue des Vosges et d’autres mobilisations extérieures. Les membres de « Cap tram nord » promettent de dévoiler davantage d’informations au début du mois de mars. « Notre perspective, c’est de peser sur l’enquête publique qui aura lieu du 1er juin au 15 juillet », résume François Giordani.

La gendarmerie du Bas-Rhin s’estime enfin prête à traiter les violences intra-familiales

La gendarmerie du Bas-Rhin s’estime enfin prête à traiter les violences intra-familiales

Depuis le Grenelle des violences conjugales, lancé en 2019 par le gouvernement, les gendarmes sont formés aux violences intra-familiales et des procédures sont mises en place pour accompagner les victimes. Dans le Bas-Rhin, trois intervenantes sociales font le lien entre sécurité intérieure et prise en charge psychologique et matérielle des citoyens.

« Entre 2019 et 2020, tous les gendarmes du département ont été formés aux violences intra-familiales », lance Jude Vinot, commandant du groupement de gendarmerie départementale du Bas-Rhin, à l’auditoire. Dans la caserne Sénarmont à Strasbourg, le gendarme accueillait vendredi 20 février la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, le président de la Collectivité européenne d’Alsace, Frédéric Bierry, et une poignée de journalistes.

Entourés d’objets de collection de la gendarmerie, les représentants de l’État et du département écoutaient attentivement le bilan de l’année 2023 : 42 000 interventions en 2023, dont 7% liées aux violences intra-familiales (soit plus de 3 000). « Un chiffre en hausse de 3% par rapport à 2022 », souligne le commandant. « Ce qui est important, au-delà des infractions, c’est d’accompagner correctement les victimes et les auteurs ». Accompagner correctement, ça veut dire écouter et communiquer avec les victimes déjà, leur expliquer pourquoi les descriptions des vêtements portés au moment d’un viol sont importantes, car elles permettent de confondre les auteurs par exemple.

3 307 situations en 2023

En 2007, la gendarmerie du Bas-Rhin s’est dotée d’une intervenante sociale, Kathia Cohen, depuis rejointe par deux collègues et une secrétaire. Formées au travail social ou à l’éducation spécialisée, elles ont pris en charge 3 307 « situations » en 2023, dont 80% leur ont été attribuées par le centre opérationnel de la gendarmerie.

« Nous travaillons à côté des gendarmes. Notre mission est d’apaiser les situations, en parallèle de leur travail d’enquête. Nous avons des permanences physiques mais travaillons surtout par entretiens téléphoniques, qui peuvent durer de vingt minutes à plus d’une heure. »

Kathia Cohen et ses collègues travaillent « très en amont » des situations judiciarisées – avant même un dépôt de plainte par exemple. « Parfois, il s’agit de broutilles qui peuvent dégénérer, c’est là que nous sommes utiles, précise-t-elle, pour tenter de pacifier les situations ». Pas de résultats quantitatifs donc, mais qualitatifs, « une porte d’entrée vers une prise en charge sociale ». Avec quelques chiffres tout de même.

En 2023, les trois intervenantes ont réalisé 3 158 entretiens téléphoniques, 117 physiques et 127 accompagnements au deuil. Elles ont orienté 791 personnes vers les services sociaux, 556 vers les services juridiques, 387 vers les services psychologiques et 385 dans une procédure de dépôt de plainte.

Après treize ans en poste, Kathia Cohen dresse un bilan très précis de l’évolution des situations qu’elle rencontre :

« Nous avons de plus en plus de situations inconnues des services sociaux. Des populations de travailleurs qui se précarisent et ne rentrent dans aucune case légale pour avoir accès à une aide sociale. Les personnes que je rencontre, ça pourrait être vous ou moi. Il peut s’agir de couples qui se séparent, mais qui n’ont pas les moyens d’avoir chacun un logement, donc qui cohabitent, et ça dégénère. Cette précarisation des publics nous préoccupe. »

En 2023, 2 600 personnes rencontrées étaient inconnues des services sociaux – 700 l’étaient. Lorsqu’ils sont déjà suivis par un travailleur social, les intervenantes de la gendarmerie ne s’en saisissent pas – pour travailler en collaboration et ne pas multiplier les prises en charge similaires pour une même famille.

Trois parquets comme interlocuteurs

Les intervenantes travaillent avec des juges aux affaires familiales sur trois parquets : Strasbourg, Saverne et Colmar. Et le traitement des dossiers liés aux violences intra-familiales est différent. À Saverne, le parquet demande une trêve systématique, même avant une condamnation pénale – deux conjoints doivent cesser de cohabiter pendant 15 jours à un mois. « C’est une approche qui fonctionne très bien », assure Kathia Cohen.

La réactivité du parquet de Saverne est comparable à celle de Colmar, lorsque le parquet de Strasbourg est réputé pour être plus long pour intervenir dans les situations transmises, selon les intervenantes sociales du service.

En 2024, l’équipe d’intervention sociale veut mettre en place une permanence dans des gendarmeries (Saverne, Molsheim, Bischwiller et Erstein) mais aussi travailler à un meilleur accompagnement pour les jeunes de moins de 25 ans et les problématiques d’addiction.

Elle se heurte à des services parfois submergés de demandes, comme les urgences psychiatriques ou l’accompagnement des addictions (Point d’accueil et d’écoute pour les jeunes, par exemple). « Nous travaillons sur la prévention du suicide, mais les personnes, si elles sont hospitalisées, ressortent souvent trop vite, faute de place », explique Kathia Cohen. En 2023, elle précise que deux auteurs condamnés pour des violences intra-familiales se sont suicidés.

Lithium de France obtient un permis de recherche exclusif en Alsace du Nord

Lithium de France obtient un permis de recherche exclusif en Alsace du Nord
Géothermie lithium Rittershoffen.

Dans un arrêté ministériel publié au Journal officiel le 16 février 2024, le ministre de l’Économie accorde à la société Lithium de France un permis de recherche exclusif pour le « lithium et substances connexes », en Alsace du Nord.

Basée à Bischwiller, la société Lithium de France (filiale du groupe Arverne), a obtenu du ministère de l’Économie un permis de recherche exclusif pour le lithium et substances connexes. Pendant cinq ans, et sur une surface « d’environ 151 km2« , l’entreprise à action simplifiée est donc la seule à pouvoir tenter d’extraire du lithium dans les sols de ce terrain et d’en disposer librement.

Selon Boursorama, le groupe Arverne possède désormais, à travers ses filiales, neuf permis exclusifs de recherche en France, soit sept pour la géothermie et deux pour le lithium, sur une surface d’environ 2 000 km2. Spécialisé dans la géothermie, le groupe Arverne a repris les sites de Fonroche d’Eckbolsheim, de Vendenheim et de Hurtigheim, en février 2023.

L’extraction de lithium, un métal rare utilisé pour les batteries, peut se coupler avec la production d’énergie géothermique. L’Alsace est un territoire prometteur dans le domaine, à tel point qu’un programme européen expérimental, achevé en 2021, a été mené à Soultz-les-Bains. « Les premiers kilogrammes de carbonate de lithium de qualité batterie issus d’eau géothermale européenne ont été produits », explique le Bureau de recherches géologiques et minières, dans un document exposant les résultat du programme.

De plus en plus d’intérêt pour le lithium en Alsace

Dès 2018, Électricité de Strasbourg a recherché du lithium en Alsace sur 200m2 (voir notre article). Depuis, Lithium de France a obtenu deux permis de recherche exclusifs dans le nord de l’Alsace.

Dans un communiqué paru le 19 février 2024, Arverne précise les ambitions de sa filiale alsacienne :

« Sa production de chaleur locale, continue et accessible, pourra fortement contribuer à la réindustrialisation des territoires. Le lithium produit pour les modes de transport électrique prépare également l’avenir d’une souveraineté énergétique retrouvée. Les eaux du sous-sol alsacien constituent une source de chaleur chargée en minéraux et particulièrement riche en lithium. Son extraction utilise des technologies qui réduisent l’impact environnemental de son processus de production. »

Nécessaire à la production des batteries de voitures électriques, l’extraction de lithium en Europe représente un enjeu crucial de souveraineté industrielle ; le développement du lithium alsacien est donc scruté avec attention.

Après des rappels de charges exorbitants, Alsace Habitat sommé d’être plus transparent

Après des rappels de charges exorbitants, Alsace Habitat sommé d’être plus transparent
Un ensemble dans le quartier du Marais à Schiltigheim en avril 2023.

Des locataires du bailleur social Alsace Habitat sont désemparés face à des rappels de charges exigeant de très importants montants. Le bailleur social de la Collectivité européenne d’Alsace a distribué des aides ponctuelles, mais se retranche derrière la hausse des prix de l’énergie.

Plus de 1 000€ à payer, après avoir déjà avancé plus de 2 000€, c’est le genre de rappels de charges qu’ont reçu des locataires du bailleur social Alsace Habitat. Pour une partie de ses 17 000 locataires, souvent âgées ou handicapées, ces montants sont incompatibles avec leurs revenus. Désemparés, ils se sont organisés fin janvier en deux collectifs.

Miloud Bellahcene est l’animateur du premier collectif (voir sur Facebook). Il détaille sa démarche :

« J’ai grandi dans le Vieux-Schillick. Quand les habitants ont reçu ces rappels de charges, j’ai reçu beaucoup d’appels à l’aide. J’ai été élu représentant des locataires, les gens me connaissent. J’ai fait le tour de quelques résidences, rue d’Adelshoffen, rue de la Moselle… J’ai recueilli 150 signatures sur une pétition demandant de l’aide à Alsace Habitat. »

Soutenu par Raphaël Rodrigues, un opposant historique du conseil municipal de Schiltigheim, Miloud Bellahcene espère obtenir des remises pour les locataires et la transparence des comptes :

« On va demander qu’Alsace Habitat publie les comptes des charges, afin qu’on puisse vérifier ce qui a augmenté, dans quelles proportions et pourquoi. J’ai recueilli des témoignages de personnes à la retraite, qui sont retournées au pays pendant des mois, donc sans chauffer leur logement. Pourtant, ils se retrouvent avec les mêmes montants que s’ils avaient été constamment présents. »

Cette démarche a déjà permis d’obtenir d’Alsace Habitat un « fonds de soutien » de 430 000€, annoncé dans un article des DNA, pour aider 2 500 locataires sur les 17 000 que compte le bailleur du Département. Une avancée qui s’est traduite par une remise de 100€ à 500€ pour certains locataires, qualifiée de « miettes » par Miloud Bellahcene, qui estime que l’ampleur du problème n’a pas été prise en compte par le bailleur.

Deux collectifs et des associations

Le second collectif d’habitants en colère (voir sur Facebook) se méfie des liens politiques de la structure de Miloud Bellahcene. Ses deux fondatrices craignent « une récupération du mouvement » pour des enjeux municipaux, alors qu’Alsace Habitat est présent sur l’ensemble de la région alsacienne et que les problèmes dénoncés vont bien au-delà de Schiltigheim. Olivia Puits-Marchal, animatrice de ce collectif, prévoit de constituer une association de locataires, puis envisage un rendez-vous avec le président d’Alsace Habitat, Étienne Wolf, une action en justice, des alertes dans les médias…

Membre de ce collectif, Emily témoigne :

« En 2022, nous vivions à trois dans un appartement de 77 m², rue de Sarrebourg. Les charges pour l’année se sont élevées à 3 239€, dont près de 800€ d’électricité pour éclairer les espaces communs ! Quand j’ai appelé (à 62 reprises en deux mois) pour avoir des explications sur cette hausse de 1 000€ par rapport à l’an dernier, je n’ai eu aucune réponse. Et quand je me suis déplacé à l’agence de Bischheim, j’ai reçu un accueil glacial. »

Assistante de direction, Emily est particulièrement méthodique : elle a archivé ses relevés de charges, comparé les postes avec l’année précédente, envoyé des courriers recommandés… « Je ne paierai pas avant d’avoir pu vérifier ces montants à partir des justificatifs d’Alsace Habitat », affirme-t-elle, déterminée.

Comparaison des décomptes 2021 et 2022 pour un quatre pièces.

Alsace Habitat s’estime impuissant

Contactée, la direction d’Alsace Habitat reconnaît « un problème en cours d’investigation avec Électricité de Strasbourg » à l’adresse d’Emily. Mais c’est le seul cas identifié, selon Freddy Zimmermann, responsable de la communication :

« Oui les charges ont augmenté, mais c’est à cause du coût de l’énergie qui a été multiplié par quatre ou cinq selon les cas ! C’est pareil partout, chez tous les bailleurs sociaux et privés ! Alors on se démène, on fait ce qu’on peut… On a bien reçu la pétition, on a invité les responsables à échanger, pas de réponse à ce jour. Et je note que sur 17 000 locataires, il y en a 15 000 qui ne se plaignent pas. »

Alsace Habitat déclare que son compte de charges, pour l’ensemble de son parc, est passé de 21 millions d’euros en 2021 à 24 millions d’euros en 2022, soit une hausse de 14%. Les locataires font cependant état d’augmentations de 50% voire 60%… Comme cet habitant d’un trois pièces de 70 m² rue de Normandie dans le Marais à Schiltigheim et qui doit payer 2 300€ de charges, ou Coralie, habitante d’un trois pièces de 75 m² rue d’Auvergne, également dans le Marais, qui voit ses charges atteindre 2 741€ (+56%).

« Et encore, il n’y a pas d’ascenseur et l’eau chaude n’est pas comprise dans ces charges ! Je n’en peux plus, je cherche dans le privé. Lorsqu’on a fait le ménage des communs avec un voisin, ils nous ont quand même compté les frais de personnel ! »

Coralie, locataire d’Alsace Habitat

Le patient travail des associations d’habitants

Face à ces alertes et à ces initiatives spontanées, les associations de locataires essaient de structurer les plaintes. La Confédération syndicale des familles (CSF), qui dispose d’un siège au conseil d’administration d’Alsace Habitat, a organisé une série de réunions publiques en janvier et en février. Grégoire Ballast, en charge de l’habitat pour l’association, détaille :

« On aide les habitants à comprendre leurs décomptes, vérifier que des dépenses n’ont pas été mises avec les charges récupérables du bailleur, que le mode de répartition est bien équitable, etc. On accompagne les locataires individuellement, mais en répercutant les demandes de manière collective auprès d’Alsace Habitat. »

Grégoire Ballast de la Confédération sociale des famillesPhoto : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Vérification des factures de gaz, d’électricité, du bouclier tarifaire, des prestations d’entretien… Un travail administratif et financier très lourd que la CSF déclare réaliser en soutien à des familles souvent désemparées :

« Les décomptes ont été envoyés fin novembre et décembre. Puis en janvier, les loyers ont été revalorisés avec des acomptes de charges également rehaussés. Pour les locataires, dont beaucoup n’ont pas d’aide au logement, les sommes sont devenues très importantes et le total mensuel se rapproche de ceux du parc privé. »

Grégoire Ballast estime qu’Alsace Habitat a manqué à son devoir d’information des locataires, notamment en ne répondant pas à leurs sollicitations :

« Le numéro d’appel a été saturé et de très nombreux locataires se sont retrouvés sans explication ni proposition de la part d’Alsace Habitat. C’est en partie ce qui explique ces mouvements spontanés. Le bailleur, et son actionnaire la Collectivité d’Alsace, doivent prendre la mesure du problème. »

La CSF espère obtenir les justificatifs demandés de la part d’Alsace Habitat. Lorsqu’elle détecte des anomalies, la structure prévoit d’instruire ces dossiers auprès de la commission départementale de conciliation, une instance de la préfecture, où des solutions peuvent être trouvées avant des suites judiciaires.

Table ronde à l’Université sur les politiques migratoires et la montée de l’extrême droite

Table ronde à l’Université sur les politiques migratoires et la montée de l’extrême droite

Le Collectif universitaire pour l’abrogation de la loi immigration organise une série d’échanges sur la montée de l’extrême droite et sur les politiques migratoires, jeudi 22 février, de 18h à 20h à l’Université de Strasbourg.

Pour informer et débattre sur la montée de l’extrême droite et sur le durcissement des politiques migratoires, le Collectif universitaire pour l’abrogation de la loi immigration (Cupali) organise une table ronde dans l’amphithéâtre 23 de l’Escarpe (Université de Strasbourg, campus Esplanade), jeudi 22 février, de 18h à 20h.

Une série de cinq interventions de dix minutes, sur des thèmes allant de « la loi asile et immigration », « la montée de l’extrême droite en France » et « les processus de racialisation » s’enchaîneront.

« L’objectif, c’est de ne pas faire des conférences au ton académique, mais plutôt un évènement ouvert à tout le monde », assure le professeur Pascal Maillard, membre du Cupali et intervenant de l’un des temps d’échanges : « On souhaite interroger la banalisation des extrêmes droites aujourd’hui. C’est essentiel, le monde universitaire ne peut pas se taire sur une telle question ».

Des « armes théoriques » contre la loi immigration

Créé en réaction au vote de la loi immigration, en décembre 2023, le Cupali souhaite comprendre les raisons ayant mené à l’adoption d’un texte qualifié de « victoire idéologique » par le Rassemblement national. « Nous voulons présenter la loi dans son contexte social et politique », plaide l’une des intervenantes, la doctorante Léopoldine Leuret. « On veut montrer que le durcissement (des politiques migratoires, NDLR) a commencé bien avant 2023, notamment avec la loi asile et immigration de 2018. »

Après les interventions, un temps de débat se tiendra avec le public. En creux, la doctorante espère que les échanges serviront à renforcer la mobilisation contre la loi immigration : « On veut pouvoir se mettre d’accord sur les raisons de notre opposition, donner des armes théoriques à ceux qui viennent, pour servir notre mobilisation. »

Après ses critiques, Catherine Trautmann propose sa version du tram nord

Après ses critiques, Catherine Trautmann propose sa version du tram nord

Opposante déclarée au projet d’extension du tram vers le nord de l’agglomération proposé par la majorité écologiste, l’ancienne maire Catherine Trautmann présente à son tour un tracé alternatif. L’élue socialiste reprend en partie l’idée d’un tracé longeant les quais.

« J’en ai marre d’être qualifiée d’anti-tram », souffle Catherine Trautmann au téléphone. « Celui ou celle qui l’aura démontré n’est pas encore née. » Depuis qu’elle a pris position et voté contre le projet de tram nord, Catherine Trautmann n’en démord pas : elle ne s’oppose pas au tram nord mais juste à la version proposée par l’exécutif écologiste. Trop lent, trop cher, trop clivant, selon l’ancienne maire de Strasbourg.

Dans le concert des critiques contre le projet d’extension, la parole de Catherine Trautmann (PS) porte plus que celle d’autres opposants. Éternellement associée au tram, puisque c’est elle qui l’a imposé à Strasbourg lors de son premier mandat de maire en 1989, elle est vivement critiquée par les élus de la majorité, qui l’accusent de renier son héritage.

L’ancienne édile s’en défend et présente pour convaincre une version alternative du tracé proposé, à l’instar du conseiller municipal d’opposition Pierre Jakubowicz quelques mois plus tôt.

Passage par les quais

Comme l’élu Horizons, elle reprend le tracé C2 présenté lors d’une concertation sur le tram nord ; ce dernier avait obtenu la faveur des participants par rapport au C1, finalement retenu par la collectivité et qui passe par l’avenue des Vosges. Le tram version Trautmann pourrait donc passer par les quais Sturm et Finkmatt, remonter la rue de Sébastopol et rejoindre la place de Haguenau vers Schiltigheim. « Même si ce tracé a aussi ses opposants, il permet un gain de temps très important entre la gare et la place de la République », commente Catherine Trautmann.

Toujours en longeant les quais, la ligne C pourrait aussi rejoindre la trémie existante entre Les Halles et la gare. Ainsi, elle éviterait de passer par la station Homme-de-fer, et permettrait de désengorger ce hub – actuellement traversé par cinq lignes.

L’hypothèse Heineken

Sur la partie schilikoise du tracé, l’élue socialiste propose de tirer parti du départ d’Heineken. En quittant son site de production, le géant brassicole laisse une friche importante au centre de Schiltigheim, par laquelle Catherine Trautmann souhaiterait faire passer le tram. « Il faut discuter avec Heineken de la configuration de l’opération », plaide la socialiste. « C’est la possibilité d’avancer en site propre, dans une station bien située à proximité du quartier prioritaire Sainte-Odile. »

Dans les deux hypothèses qu’elle présente, le tram nord ne passerait plus principalement par la route du Général-de-Gaulle mais suivrait la route de Bischwiller puis la rue Saint-Charles, avant de revenir vers la route du Général-de-Gaulle. « Le temps perdu par le détour est rattrapé par la vitesse du tram qui circulera dans un chemin plus adapté. »

Pas de tram avenue des Vosges

Pour l’avenue des Vosges, la conseillère socialiste se joint au reste de l’opposition et préfère une solution sans rails. Pour l’avenir, cela « laisserait ouvert la possibilité de construire un tram reliant les boulevards nord », reliant la gare centrale aux boulevards Wilson et Clémenceau puis la place de Bordeaux, et enfin les boulevards Dordogne et Tauler.

Pour défendre son alternative et étayer son projet, l’ancienne candidate aux municipales promet « d’autres rendez-vous » à l’avenir. Et ce, jusqu’aux prochaines élections municipales, on imagine.

Les Clestra devant Mobidecor jeudi 22 février pour exiger leurs feuilles de paie

Les Clestra devant Mobidecor jeudi 22 février pour exiger leurs feuilles de paie
Barbecue solidaire, organisé le 8 août 2023 devant le siège de Clestra à Illkirch, lorsque les salariés faisaient grève.

Plus de quatre mois après avoir été licenciés, une centaine de salariés de Clestra organisent un rassemblement jeudi 22 février, devant Mobidecor – l’entreprise qui a repris les actifs de leur ancienne société. Ils accusent leur direction de rétention de documents administratifs et dénoncent les nouvelles conditions de travail dans la nouvelle usine.

« Même si on a été licenciés, pour passer à autre chose, il faut que la direction arrête de nous mettre des bâtons dans les roues ». Amar Ladraa, ancien délégué syndical de l’entreprise de cloisons amovibles basée à Illkirch-Graffenstaden, et responsable régional de la CGT Métallurgie, n’a rien perdu de sa verve et de son énergie. Il parle au nom des 126 salariés licenciés le 3 octobre après avoir mené une grève pendant plus de trois mois. Jeudi 22 février, à midi, la CGT Clestra et la CGT Métallurgie organisent à un rassemblement, devant l’usine Mobidecor (la filiale du groupe Jestia, qui avait racheté Clestra et où ont été transférés les actifs), au Port du Rhin à Strasbourg.

Rétention de documents administratifs

Alors que plus de 80 anciens salariés ont lancé une procédure devant le conseil des prud’hommes contre le groupe Jestia, Amar Ladraa explique les difficultés qu’ont les ouvriers pour reprendre une vie « normale » :

« Nous avons besoin de documents administratifs, notamment pour Pôle emploi : des certificats, des feuilles de paie, etc. Mais la direction refuse de nous les fournir. Or, pour certains d’entre nous qui y avons bossé pendant 30 ou 40 ans, sans ces documents, c’est compliqué de faire valoir les droits aux allocations chômage. »

De même, les salariés licenciés auraient dû recevoir une prime d’intéressement selon Amar Ladraa, d’environ 600€ par personne :

« L’organisme qui doit nous fournir cet argent doit passer par la direction, pour avoir notre taux de présence, nos horaires etc. Mais là encore, comme la direction refuse de donner quoi que ce soit, on est bloqué. Ça fait six mois qu’on attend. »

Une quinzaine de salariés ont repris le travail chez Mobidecor

Autre raison de la mobilisation, l’appel du pied fait par la nouvelle direction de Mobidecor aux anciens de Clestra. « Ils appellent les salariés licenciés, pour leur proposer de travailler dans la nouvelle usine ». Très bien mais Amar Ladraa dénonce que les conditions proposées par Mobidecor sont bien moins bonnes qu’à Clestra. C’est exactement ce qu’on disait dès le début du conflit en juillet : l’usine ne peut pas tourner sans nous ». Aujourd’hui, l’effectif de la nouvelle usine est de 50 salariés, un effectif qui semble insuffisant selon le syndicaliste :

« Ils tentent de proposer des nouveaux contrats avec des salariés qui ne bossent plus aux 35 heures, ne sont plus payés pendant leur pause, ne sont plus dans la convention métallurgie mais ameublement – qui est beaucoup moins bonne, il n’y a pas de prime d’ancienneté… Il n’y a plus de syndicat non plus. Bref, c’est du grand n’importe quoi. »

Selon un pointage d’Amar Ladraa, une quinzaine d’anciens salariés de Clestra ont pris le chemin de l’usine Mobidecor, sur les 126 ouvriers licenciés. La direction de Jestia n’a pas été contactée pour réagir à cet article.

200 ans après, le Concordat paie des curés loin de leurs paroisses

200 ans après, le Concordat paie des curés loin de leurs paroisses

Chaque année, le ministère de l’Intérieur dépense plus de 50 millions d’euros pour le financement des ministres du culte et leurs retraites en Alsace-Moselle. Mais la réalité du XXIe siècle s’est affranchie des dispositions prévues par les textes bi-centenaires.
« J’aimerais vous signaler que le Concordat crée des curés, des pasteurs et des rabbins fictifs ». Dans une alerte reçue à Rue89 Strasbourg, un avocat strasbourgeois semblait persuadé que les textes concordataires, datant tous du début au XIXe siècle, permettaient aux quatre cultes statutaires (catholique, protestants luthérien et réformé, israélite) d’abuser des fonds publics. En cause : des ministres du culte payés par l’État seraient embauchés sur des paroisses où ils n’ont jamais été vus, ou auprès de communautés qui ont disparu.

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Des rencontres « à la ferme » en réponse au Salon de l’agriculture

Des rencontres « à la ferme » en réponse au Salon de l’agriculture
À la ferme Ferme Pierrevelcin-Basler

La Confédération paysanne organise une série de rencontres dans des fermes adhérentes, afin de mettre en valeur une agriculture plus artisanale, pendant que le modèle productiviste se déploie au Salon de l’agriculture à Paris.

Du 24 février au 3 mars, c’est le Salon de l’agriculture à Paris, avec ses passages obligés d’élus ou de ceux qui aimeraient être élus au milieu des vaches, veaux, cochons et tracteurs, pour célébrer l’agriculture à la française. Un modèle qui révulse les adhérents de la Confédération paysanne, un syndicat minoritaire mais avec tout de même 21% des voix aux dernières élections professionnelles, qui défend une agriculture artisanale et de proximité.

Face à ce raz-de-marée médiatique annuel, la Confédération paysanne organise pour la quatrième année un « Salon à la ferme », du 17 février au 3 mars, avec des rencontres et des échanges thématiques, directement dans des exploitations de leurs adhérents.

La souveraineté alimentaire en débat

Le syndicat indique dans un communiqué que le thème général de cette édition est la « souveraineté alimentaire », un argument souvent utilisé par la FNSEA pour dénigrer l’agriculture artisanale, incapable selon le syndicat majoritaire de répondre à la demande du pays. La Conf’ espère contrer cet argument dans l’esprit des personnes qui se déplaceront :

« Les menaces sur notre souveraineté alimentaire sont nombreuses : artificialisation des sols, développement d’un commerce international injuste et déloyal, concurrence de la production énergétique, renouvellement des générations en agriculture insuffisant, absence de démocratie alimentaire, perte de souveraineté sur les semences… »

Rita Tataï : une vie à coudre des rêves

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Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg
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BlueCo continue d’inquiéter les supporters du Racing

BlueCo continue d’inquiéter les supporters du Racing

Depuis le rachat du Racing Club Strasbourg Alsace (RCSA) par le consortium américain BlueCo, les joueurs recrutés sont de plus en plus jeunes. Le multipropriétaire a aussi laissé partir Matz Sels, capitaine emblématique. Au grand dam des supporters.

Le match était symbolique pour l’équipe du Racing Club de Strasbourg Alsace (RCSA). Samedi 2 février 2024, la Meinau accueillait le Paris Saint-Germain (PSG) au lendemain d’une annonce venue faire grimacer dans le kop et au-delà. Matz Sels, gardien depuis plus de cinq saisons et capitaine des Bleus et Blancs, ne gardera plus le but strasbourgeois. Transféré pour huit millions d’euros dans le club anglais Nottingham Forest, l’international belge n’a pas joué face aux Parisiens et a laissé sa place au jeune gardien remplaçant Alaa Belhaarouch.

Le multipropriétaire américain BlueCo, qui a racheté le RCSA en juin 2023, a ainsi laissé partir, en pleine saison, le capitaine et pilier d’une équipe toujours plus jeune. Le consortium abandonne un élément fort de l’identité historique de la Meinau. « Matz Selz était un joueur emblématique et apprécié des supporters, notamment chez les enfants », souffle Philippe Wolff, président de l’association des supporters du RCSA, comparant l’annonce du transfert à « un coup de massue ». « Mon fils était dégouté qu’il parte à Nottingham », soupire-t-il.

« On savait qu’il allait partir »

Matz Sels est parti du jour au lendemain à quelques heures de la fin du mercato d’hiver, sans laisser au public l’occasion de lui exprimer sa reconnaissance. « On savait qu’il allait partir, probablement en fin de saison, visiblement nous étions plus attachés à lui que l’inverse, souffle Philippe Wolff, le lien affectif est rompu ».

Le supporter décrit un départ émotionnel et rationnel à la fois :

« Son départ est symptomatique de la superpuissance de la Premier League (le championnat anglais équivalent à la Ligue 1, NDLR). Il part dans un club qui a déjà quatre gardiens, mais il gagnera bien plus d’argent. On ne lui en veut pas d’avoir fait ce choix. Mais son transfert marque la fin d’une époque. »

Depuis l’arrivée de BlueCo à l’été 2023, des joueurs historiques sont partis du club, comme Dimitri Liénard en fin de saison 2023, soit dix ans après son arrivée. Et d’autres ont été vendus très chers, comme Matz Sels lui-même (8 millions d’euros), Jean-Ricner Bellegarde (15 millions d’euros) ou Habib Diallo (18 millions d’euros).

Parallèlement, les joueurs recrutés pour rejoindre les rangs du RCSA sont de plus en plus jeunes – les nouveaux actionnaires ne veulent recruter que des joueurs de moins de 23 ans. Dilane Bakwa (21 ans), Milos Lukovic (18 ans) ou encore Abakar Sylla (21 ans), transféré pour 20 millions d’euros (le plus gros transfert jamais effectué par le RCSA), sont venus intégrer la nouvelle équipe. Les supporters ont, pour l’instant, « peu de connexion émotionnelle » avec le groupe de jeunes joueurs, estime Philippe Wolff.

Remontada progressive

Une stratégie jeunesse assumée par l’entraîneur Patrick Viera. Mais ce choix s’est traduit par un début de saison compliqué. Entre la fin septembre et la mi-décembre 2023, le RCSA n’a remporté aucun match de Ligue 1.

Depuis, l’équipe se porte mieux et sa stratégie s’affirme – signant de belles victoires en Coupe de France, 3-1 contre Le Havre le 7 février par exemple. Mais selon le supporter, ce ne sont pas ces résultats rassurants qui viendront prouver aux supporters que le RCSA a encore son âme :

« Que les joueurs soient jeunes, en soi, ça ne nous gêne pas. Ce dont nous avons eu peur, après le mercato de l’été dernier, c’est qu’ils ne soient pas encadrés par des joueurs plus expérimentés. Cette crainte a été fondée cet hiver. Mais depuis, on voit que l’équipe se structure, que les joueurs trouvent leurs marques. »

Philippe Wolff, président de l’association des supporters du RCSA

Début février 2024, le gardien alsacien Matthieu Dreyer, 34 ans, a signé son transfert de Saint-Étienne vers Strasbourg, venant « apporter son expérience et sa maturité » aux deux autres gardiens, selon Loïc Désiré, le directeur du recrutement. Il vient, par la même occasion, envoyer un signe que le besoin de joueurs expérimentés a été entendu par le club.

« On a peur que ces jeunes ne restent que quelques mois »

Car le recrutement de ces jeunes joueurs est venu poser la question du projet sportif du RCSA, à long terme. Le club a-t-il vocation à devenir un tremplin pour ces derniers, un terrain d’entrainement pour ceux qui voudraient jouer en Premier League, une réserve pour le club anglais Chelsea, également propriété de BlueCo ?

« On a peur que ces jeunes joueurs ne restent que quelques mois ou pour une seule saison. On aimerait qu’ils soient au RCSA pour deux, trois ou quatre ans afin de pouvoir progresser, ce qui n’est possible qu’avec un effectif stable. Nous voulons un projet sportif qui voit plus loin que quelques mois. Et nous savons que l’attachement au club de certains joueurs est pour le moment discutable. »

Philippe Wolff, président de l’association des supporters du RCSA

Deux joueurs du club anglais ont été prêtés au RCSA, Ângelo Gabriel depuis l’été 2023 et le brésilien Andrey Santos, qui a fait ses premiers entraînements sur la pelouse strasbourgeoise mi-février 2024. Chelsea espère ainsi « qu’il obtiendra davantage de temps de jeu » qu’outre-manche, selon France bleu Alsace. Ce qui pourrait faire passer le Racing pour un simple terrain d’entrainement.

En cause toujours, le modèle de multipropriété que le consortium BlueCo assume vouloir étendre au-delà des deux clubs. « Ce sont de très bons joueurs auxquels le Racing ne pourrait pas avoir accès autrement, donc ces prêts sont positifs. Mais il ne faut pas que le projet se résume à entraîner ces très jeunes joueurs », nuance Philippe Wolff.

Marc Keller comme gardien du projet sportif

Pour Philippe Wolff, c’est le président du club qui incarne la garantie que le RCSA continuera d’être un club à part entière :

« Tant que Marc Keller est là, nous ne sommes pas inquiets. Il a assuré que l’argent gagné lors des transferts serait réinvesti dans le club, pour des joueurs ou les infrastructures. Il s’est engagé à ce que le groupe formé soit le même pour plusieurs saisons, que le club ne deviendrait pas un centre de post-formation pour les clubs anglais. On a envie de le croire, on le connaît depuis dix ans et les faits prouvent qu’on peut lui faire confiance. »

Le président de la fédération des supporters précise cependant attendre le mercato estival pour vérifier que l’argent des transferts passés sera bien réinvesti dans le recrutement de joueurs aux postes attendusailier et latéral gauche. « C’est très bien que cet hiver, il n’y ait pas eu trop de changements dans l’effectif », souligne Philippe Wolff, « mais on attend de voir cet été ». D’autant plus d’avec la limite à 23 ans, le bassin de potentielles nouvelles recrues, compétentes et intéressées pour jouer à Strasbourg, s’amenuise.

Deux membres de Chelsea au conseil d’administration

Le président de la fédération des supporters explique aussi sa crainte liée à la présence de Chelsea au conseil d’administration du Racing – à travers deux membres notamment. « C’est inhabituel comme situation », souligne Philippe Wolff, remarquant tout de même que la multipropriété n’a pas d’impact direct et visible, pour le moment, sur la gestion du club :

« Nous savons que Marc Keller dirige encore le club avec une marge de manœuvre conséquente. On nous dit que le RCSA et le Chelsea FC sont gérés différemment, mais cette gestion doit tout de même rentrer dans le cadre défini par le propriétaire. »

Un couple d’opposants russes en conférence à Strasbourg : « Nous ne pouvons pas résister en Russie »

Un couple d’opposants russes en conférence à Strasbourg : « Nous ne pouvons pas résister en Russie »
Feraposhkin Slava et Davidis Tatiana

Feraposhkin Slava et Davidis Tatiana sont deux militants russes qui dénoncent la persécution des opposants politiques au régime de Poutine. Ils donnent une conférence à Strasbourg mercredi 21 février.

« Même reconnaître des personnes comme prisonniers politiques peut constituer un motif d’emprisonnement. » Tatiana Davidis vit à Colmar depuis qu’elle a quitté la Russie en septembre 2022. En raison des persécutions politiques qu’elle a subies, elle a obtenu un visa humanitaire en France, comme son compagnon Feraposhkin Slava, également employé de l’association Memorial. Cette dernière a reçu en octobre 2022 le prix Nobel pour la paix pour son travail de documentation des répressions de masse en Russie et en URSS.

Partir pour continuer de résister

Comme l’explique Tatiana Davidis par mail, dans un français traduit par Google, il était impossible pour eux de poursuivre leur travail de documentation et de dénonciation sur le territoire russe :

« Après le début de la guerre, nous avons participé à des manifestations de rue à Moscou. Ces actions ont eu lieu à Moscou au printemps 2022, à partir du 24 février. Les manifestations ont cependant été dispersées par la police. Nous avons été arrêtés par la police avec notre fille aînée. Nous avons été condamnés à une amende et j’ai été soumis à une arrestation administrative.

Nous avons donc quitté la Russie avec nos trois filles de 10, 13 et 20 ans. Nous avons pris cette décision afin de poursuivre notre travail et pour aider les personnes incarcérées en Russie. Nous voulons parler du sort de ces personnes et unir les citoyens en solidarité avec eux. Memorial poursuit son travail. Les employés vivent et travaillent dans différents pays du monde. »

Traquer et dénoncer la répression politique

La militante russe décrit le travail de l’organisation Mémorial : une veille constante et une récolte d’informations permettant de répertorier les cas de répressions politiquement motivés en Russie. « Il existe de plus en plus d’affaires pénales liées à une position anti-guerre », affirme Tatiana Davidis, qui précise :

« Notre programme collecte des informations sur les affaires pénales, les analyse, tient des listes de prisonniers politiques, diffuse des informations à leur sujet, prépare des rapports. Nous fournissons également une assistance juridique et humanitaire aux prisonniers et à leurs familles. Nous ne pouvons pas mener toutes ces activités de résistance en Russie. »

Interrogé sur la mort en prison du principal opposant politique russe Alexeï Navalny, Tatiana Davidis réagit : « Nous avions compris à quel point les risques étaient élevés pour la vie de Navalny dans une prison russe. Et pourtant, nous sommes choqués par la nouvelle de sa mort. »

Tatiana Davidis et Feraposhkin Slava donneront une conférence au Foyer de l’étudiant catholique le mercredi 21 février à 20h. L’événement est organisé par les associations MAN Centre Alsace, Amnesty Alsace et l’ONG Mémorial.

Deux syndicats d’enseignants appellent à la grève mardi

Deux syndicats d’enseignants appellent à la grève mardi
Au collège de l’Esplanade en mars 2023

Deux syndicats appellent les enseignants à une journée de grève mardi 20 février pour protester contre la réforme « choc des savoirs » du gouvernement.

Les syndicats d’enseignants FO et Sud appellent à la grève mardi 20 février, pour protester contre le projet « choc des savoirs » du gouvernement, une réforme qui promet de réorganiser les priorités dans les enseignements de l’Éducation nationale mais qui prévoit aussi de séparer les élèves en groupes de niveaux. Les enseignants mobilisés donnent rendez-vous mardi à 14h devant le rectorat de l’académie, 6 rue de la Toussaint à Strasbourg.

Créée le 1er février 2024, une « coordination de l’éducation du Bas-Rhin », composée de deux syndicats d’enseignants (SNFOLC et Sud Éducation), prévoit une semaine de mobilisations contre ce projet gouvernemental du 19 au 23 février : tractages, journées « collège mort » avec les parents d’élèves et cette journée de grève.

Des moyens pour tous les élèves

Dans un communiqué, la coordination dénonce « le tri social induit par les groupes de niveaux, largement rejetés par le Conseil supérieur de l’Éducation ». Échaudés par la réforme du lycée, et ses conséquences sur le suivi des élèves et la qualité de la vie scolaire, les enseignants alertent sur une nouvelle dégradation de leurs conditions de travail, s’ils doivent gérer des groupes aux effectifs importants, aligner leurs emplois du temps et rattraper les décalages. D’une manière générale, les deux syndicats dénoncent « les attaques contre la liberté pédagogique avec l’instauration de progressions et d’évaluations communes ».

La coordination de l’éducation du Bas-Rhin s’inscrit « dans une lutte générale pour la défense de l’école publique, dotée des moyens pour améliorer les conditions d’apprentissage de tous les élèves ainsi que les conditions de travail de tous les personnels ».

L’Eurométropole et la préfecture présentent le nouveau contrat de ville pour les quartiers prioritaires

L’Eurométropole et la préfecture présentent le nouveau contrat de ville pour les quartiers prioritaires

Une quarantaine de partenaires s’associent à l’Eurométropole pour la présentation d’un plan « Quartiers 2030 » construit autour des 21 Quartiers prioritaires de la Ville présents sur son territoire.

« Mettez vous face au soleil, ce sera mieux ». Dans le cadre du photographe, une quarantaine d’élus et de représentants de structures publiques et privés s’agglutinent, tout sourire, face à l’objectif. Ce vendredi 16 février, ils s’étaient réunis à Schiltigheim pour la conclusion d’un nouveau contrat de ville, sobrement intitulé « Quartier 2030 », articulé autour des 21 quartiers prioritaires de la Ville (QPV), eux-mêmes répartis dans six communes de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS). Ce contrat servira de cadre pour l’adoption « de programmes de territoires et de plans d’actions encore plus fins, sur chacun des QPV, pour enclencher des actions concrètes », précise la présidente de l’EMS Pia Imbs (sans étiquette).

La carte des QPV 2024-2030 

(Carte Eurométropole de Strasbourg)

45 partenaires autour du contrat de ville

La préfète du Grand Est et du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, évoque très vite la réponse sécuritaire à apporter aux quartiers, lançant comme un mantra : « La sécurité pour tous, partout, c’est une priorité pour les habitants« . Après avoir évoqué les « opérations places nettes » et la coopération entre les habitants et la police, la préfète évoque le combat pour l’émancipation, « le cœur de la politique de la Ville », ou la nécessité de « refaire République »

La préfète du Grand Est et du Bas-Rhin, Josiane Chevalier.

Surtout, Josiane Chevalier se félicite de la participation des 45 partenaires au contrat de ville. Parmi eux, des acteurs de la protection sociale comme la CAF, des bailleurs sociaux, ou encore la CTS ont participé à l’élaboration du document. « Plus de 80 000 habitants sont concernés dans cette géographie prioritaire, et 1000 acteurs de terrains ont été mobilisés » détaille Pia Imbs.

Pour piloter les projets qui découleront du contrat de Ville, l’Eurométropole jouera un rôle de « coordinateur« , expose la maire de Holtzheim. Certains QPV sont ainsi à cheval entre deux communes, comme le QPV Molkenbronn entre Strasbourg et Lingolsheim.

Signature en mars

« Il y a eu plus d’un an et demi de travail, pour arriver à quelque chose de très concret, qui va encore être précisé dans son opérationnalité commune par commune, selon les spécificités », expose la présidente de l’EMS. Pia Imbs résume les objectifs du contrat de ville : « Des quartiers où il fait bon vivre, des quartiers où on peut grandir et s’émanciper, des rues et des logements attractifs, avec une bonne qualité de vie. »

Pour la présentation, une quarantaine de partenaires aussi variés que l’Éducation national, la Collectivité européenne d’Alsace ou des bailleurs sociaux s’étaient déplacés.

Pour entériner le contrat de Ville, la prochaine étape sera la signature de la convention cadre entre l’État et l’Eurométropole. Cette dernière sera d’abord voté dans toutes les communes en amont du prochain conseil de l’EMS, le 28 mars. Une fois le contrat signé, l’EMS prévoit de finaliser les plans d’actions d’ici septembre 2024.

Stocamine : le Conseil d’État autorise le confinement des déchets ultimes à Wittelsheim

Stocamine : le Conseil d’État autorise le confinement des déchets ultimes à Wittelsheim

Le tribunal administratif avait suspendu l’autorisation du confinement des déchets toxiques de Stocamine sous la nappe phréatique. Mais le Conseil d’État a annulé cette suspension vendredi 16 février.

Depuis plusieurs années, l’État français tente de confiner 42 000 tonnes de déchets toxiques sous la nappe phréatique à Wittelsheim, dans le Haut-Rhin, avec des barrages en béton. Et ce, malgré le risque pour l’eau potable. Ces éléments contaminés au cyanure, à l’arsenic ou encore à l’amiante ont été placés dans la décharge souterraine de Stocamine entre 1999 et 2002.

Suite à un recours de l’association Alsace Nature, qui demande l’extraction de ces déchets, le tribunal administratif de Strasbourg a suspendu le 7 novembre 2023, en référé, l’autorisation préfectorale de procéder à l’enfouissement définitif. Cette décision a été particulièrement appréciée par les écologistes parce qu’elle invoquait, pour la première fois après une décision du Conseil Constitutionnel, le droit des générations futures.

Les arguments de l’État repris par le Conseil d’État…

Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a décidé de se pourvoir en cassation dans la foulée. Et le Conseil d’État lui a donné raison ce 16 février, en cassant l’ordonnance du tribunal administratif de Strasbourg. Les conseillers estiment que le confinement des déchets est la solution « la plus susceptible de préserver l’environnement des atteintes que ce site de stockage de déchets dangereux pourrait entraîner à court, moyen et long termes ».

Pour eux, il y a donc davantage urgence à commencer les travaux plutôt qu’à les suspendre, contrairement à ce qu’avait conclu le tribunal administratif de Strasbourg en première instance. Le Conseil d’État reprend les arguments régulièrement avancés par l’entreprise des Mines de Potasse d’Alsace, gestionnaire du site de Stocamine :

« L’option consistant à procéder à un déstockage intégral des déchets qui demeurent enfouis sur le site, dont au demeurant le bénéfice environnemental n’est pas établi par les différentes études réalisées, ne peut désormais plus être envisagée, la durée nécessaire à une telle opération étant supérieure à la période pendant laquelle ce déstockage pourrait être effectué dans des conditions de sécurité suffisantes pour les personnels chargés d’y procéder, compte tenu du risque d’effondrement à brève échéance des galeries souterraines. »

Extrait de la décision du Conseil d’État

D’autres rebondissements possibles

Des affirmations justement contestées par l’association Alsace Nature et des experts de l’extraction des déchets. Ces derniers considèrent que le délai établi par l’État pour opérer dans la mine avant que le risque d’effondrement ne soit trop grand n’est pas justifié scientifiquement. En résumé, l’État a tardé à sortir les déchets pendant 20 ans et dit maintenant qu’il est trop tard pour faire autre chose que de procéder à un confinement.

À ce stade, l’entreprise des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA), gestionnaire du site de Stocamine, est autorisée à débuter les travaux. Mais des rebondissements sont encore possibles car Me François Zind, l’avocat d’Alsace Nature, affirme être « mandaté pour étudier toutes les voies de droit, y compris la saisine de la Cour européenne des droits de l’Homme, pour empêcher l’irréversibilité et la pollution de la nappe pour les générations futures ».

Dans les Vosges, les forêts et prairies de Rouge Gazon préservées du tourisme

Dans les Vosges, les forêts et prairies de Rouge Gazon préservées du tourisme

La commune de Saint-Maurice-sur-Moselle et le Conservatoire d’espaces naturels de Lorraine ont trouvé un accord pour préserver la biodiversité autour de la station de ski de Rouge Gazon, dans le sud des Vosges.

« C’est une victoire écologiste qui va dans le sens de l’intérêt général », se réjouit Alain Salvi, président du Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de Lorraine. Dans le sud des Vosges, en amont du village de Saint-Maurice-sur-Moselle, la petite station de sports d’hiver de Rouge Gazon et ses alentours attiraient les convoitises du secteur du tourisme. En 2022, les gérants du domaine skiable s’apprêtaient à revendre 110 hectares autour de la station, créant une opportunité pour le groupe Morlot. Cette entreprise avait un accord avec la commune et planifiait la construction d’un hôtel de luxe sur ce site classé pour son patrimoine naturel et son paysage typique de la région.

Une préemption par la Safer

Mais en décembre 2022, la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) du Grand Est a préempté les terrains, comme elle peut le faire s’agissant de prairies et de pâturages. En France, le statut des terres agricoles est protégé. Face à l’intérêt écologique et paysager du site, le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de Lorraine s’était alors porté candidat pour acquérir la zone en vue de la préserver, en maintenant l’utilisation de la zone par des éleveurs.

Le maire de Saint-Maurice-sur-Moselle n’a pas apprécié cette préemption, estimant qu’il était logique que tout revienne automatiquement à la commune. Après une longue médiation orchestrée par la préfecture, un accord entre le CEN et la municipalité a été communiqué ce vendredi 16 février. Les 45 hectares les plus en altitude, constitués de prairies de montagne et de forêts, sont attribués au Conservatoire d’espaces naturels.

L’accès au public maintenu partout

Par ailleurs, 36 hectares entre le domaine skiable et la zone définitivement protégée sont légués à la commune, qui a l’obligation de consentir à un bail emphytéotique de 50 ans avec le CEN. Et les 30 hectares de la station de sports d’hiver appartiennent désormais à Saint-Maurice-sur-Moselle.

Alain Salvi explique que « le Conservatoire s’est montré ouvert dans la négociation pour éviter que la situation ne tourne au vinaigre » :

« Au départ, la Safer envisageait de nous attribuer toute la zone hors du domaine skiable. La commune souhaitait gagner du foncier. Donc nous avons décidé de proposer la solution du bail emphytéotique pour 36 des 80 hectares à préserver. Au final, on arrive quasiment au même résultat, la zone est intégralement protégée au moins pour les 50 prochaines années. Dans un demi-siècle, le contexte ne sera plus le même et on espère évidemment que ces écosystèmes seront conservés. »

Une convention d’occupation de ces 36 hectares doit être signée entre le CEN et la commune dans les prochaines semaines. « Nous avons convenu que ces terres resteront ouvertes aux randonneurs et au ski de fond, tout comme l’espace qui nous revient entièrement. Il n’est pas question de fermer l’accès au public, mais d’empêcher des projets d’aménagement et de mettre en place un code de bonne conduite pour assurer la quiétude du site », précise Alain Salvi.

« Un maillon essentiel »

Dans un communiqué, le Conservatoire d’espaces naturels de Lorraine rappelle que le périmètre protégé par l’accord « constitue le dernier massif véritablement sauvage entre le Rossberg, la réserve naturelle régionale de la forêt des Volcans et la Réserve naturelle nationale du massif du Grand Ventron » :

« Cette protection représente un maillon essentiel dans la cohérence de la protection des Hautes Vosges, élément constitutif de la trame écologique sur la grande crête entre le Hohneck et le Ballon d’Alsace. »