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Depuis 2020, Guilhem Chaubet coordonne Tact, un programme européen de recherche sur les thérapies ciblées dans le traitement du cancer. Quatre ans et une quinzaine de publications scientifiques plus tard, il fait le bilan sur des avancées prometteuses du projet sur l’immunothérapie. Une exposition, des films et une bande dessinée détaillent cette aventure.
Lorsqu’il arrive à Strasbourg, en 2017 après avoir passé avec succès le concours du CNRS, Guilhem Chaubet ne connaît « rien, ni personne ». Chimiste de formation, il décide de s’ouvrir à la biologie pour que son travail « rende service aux gens » au sein du laboratoire ChémoBiologie synthétique et thérapeutique d’Illkirch-Graffenstaden.
En 2020, il répond à un appel à projets européen avec un programme de recherche sur les ADC (antibody-drug conjugates, conjugués anticorps-médicament), un outil thérapeutique qui permet aux produits chimiothérapiques d’être distribués uniquement dans les cellules cancéreuses. Du 11 au 20 mars, le programme Tact (Targeted anti cancer therapies) présente ses résultats au Palais universitaire avec une exposition composée de trois films d’animation produits par le studio Atelier Limo et d’un roman graphique dont les dessins sont réalisées par l’illustratrice scientifique Lison Bernet. Guilhem Chaubet, tout juste lauréat d’une médaille de bronze du CNRS, revient pour Rue89 Strasbourg sur cette expérience.
Rue89 Strasbourg : Comment en êtes-vous venu à travailler sur le cancer ?
Dr Guilhem Chaubet : Quand j’ai postulé au CNRS, il fallait présenter un projet de recherche avec un laboratoire de rattachement. J’en ai pris un à Strasbourg, dans lequel je suis toujours, parce qu’on me l’avait conseillé et parce que les thématiques de recherches étaient intéressantes, comme modifier chimiquement des protéines. J’ai été sélectionné et c’est devenu mon nouveau domaine de recherche.
L’une des applications concrètes et majeures de la conjugaison de protéines, c’est-à-dire faire de la chimie à la surface d’une protéine pour la modifier et lui rajouter des molécules, ce sont ces fameuses thérapies ciblées, ces ADC.
Quel est l’intérêt de ces thérapies ciblées ?
Le problème des cellules cancéreuses, c’est que le système immunitaire n’est pas capable de les identifier comme différentes des saines et donc de les éliminer. Au fil des mutations qui les touchent, ces cellules finissent par devenir immortelles et par se multiplier rapidement. Une croissance infinie dans un milieu fini, ça pose fatalement des problèmes. Cette masse de cellules crée une tumeur et lorsqu’elle commence à envahir les tissus voisins, on rentre dans un cas de cancer.
« Les ADC permettent de livrer directement le poison dans les cellules cancéreuses sans toucher les saines »
Dr Guilhem Chaubet
Historiquement et pendant très longtemps, les moyens de lutte contre le cancer ont été la chirurgie, les radiothérapies et les chimiothérapies. Dans le dernier cas, on utilise des molécules très toxiques, des poisons. Comme les cellules cancéreuses ont besoin beaucoup de nutriments pour soutenir leurs croissances folles, elles vont pomper en majorité tout ce que le corps ingère, y compris du poison. Mais une partie de ce poison va atteindre les cellules saines comme celles du cuir chevelu, des ongles ou de l’appareil génital féminin.
Et puis il y a une idée un peu révolutionnaire qui est celle d’utiliser certains outils de notre propre système immunitaire. C’est le principe de ces ADC. Si on prend un anticorps qui possède la capacité de cibler et de s’attacher aux cellules cancéreuses et qu’on vient y mettre une molécule très toxique, alors on peut directement livrer ce poison dans la cellule cancéreuse sans toucher les saines.
C’est donc ce que vous avez voulu explorer avec le programme Tact…
C’est un domaine de recherche qui a quelques dizaines d’années et qui est très porteur mais aussi très coûteux. Sur des projets d’une telle ampleur, il n’y a que l’Europe qui propose des appels à projets pareils. Le Tact est donc un programme européen financé par les Actions Marie Curie avec un budget de 3,2 millions d’euros.
La recherche sur les ADC a besoin de différentes expertises comme celles sur les protéines, les molécules toxiques, la partie chimie pour lier les deux mais aussi une partie analytique avec des tests in vitro voire in vivo. On a donc essayé d’agréger autour de cette thématique tous les domaines scientifiques qui gravitaient autour. Cela a abouti à un consortium de 9 membres et 11 doctorants.
Ces doctorants sont d’ailleurs en grande partie des étudiants dans des universités européennes.
Un des gros points forts de ce projet, même si c’était un peu contraignant, c’est cet aspect européen. Au moment du recrutement, on ne pouvait pas prendre dans un pays un étudiant qui aurait passé dans ce pays plus de 12 mois au cours des quatre dernières années. Ça pousse à la mobilité européenne même si tous les doctorants ne le sont pas, car il y a aussi une personne indienne et une marocaine.
« Parmi la jeune génération des scientifiques, on a tous intégré le fait de raisonner à l’échelle européenne »
Dr Guilhem Chaubet
Certains travaillent sur une façon de rapetisser le format des anticorps, d’autres sur différentes manières de greffer les médicaments aux anticorps comme dans une nano-capsule ou encore d’évaluer de nouveaux composés toxiques. Il y a donc plusieurs études en parallèle et comme le consortium couvre plusieurs études de recherche connexes, il y a une circulation du savoir et des connaissances. Parmi la jeune génération des scientifiques, on a tous intégré le fait de raisonner à l’échelle européenne.
Quel a été votre rôle au sein du Tact ?
Comme j’en ai été à l’origine, je suis l’un des deux coordinateurs avec le Dr Alain Wagner. Tout au long de la vie du projet, il a fallu organiser des réunions qui duraient généralement une semaine et qui se déroulaient dans les universités participantes. Les doctorants avaient trois journées et demie de conférences et un jour et demi de présentation des résultats.
J’avais aussi en charge la gestion budgétaire et administrative, particulièrement lourde, car il faut très souvent soumettre à la personne de la Commission européenne qui suit notre dossier pour voir si le projet avance bien. Au final, j’avais en charge pas mal de choses, aussi bien scientifiques que non-scientifiques.
Avez-vous connu des difficultés particulières pendant ce programme ?
Le Covid a été un gros coup dur, car le premier confinement est survenu au tout début du projet. Pour moi particulièrement car j’étais à la maison avec ma femme enceinte et ma fille de deux ans. Je n’avais pas de bureau et j’ai travaillé depuis ma cuisine, c’était un peu la zone. Ça devait aussi être compliqué pour les étudiants de se mettre dans le bain. À l’échelle du consortium, cela a été difficile de mobiliser les gens. Notre première réunion physique a eu lieu en 2022, à mi-parcours.
« Le souci, ce sont les conditions de travail fournies par l’université »
Dr Guilhem Chaubet
L’autre souci, ce sont les conditions de travail qui nous sont fournies par l’université. Nous sommes dans un bâtiment particulièrement délabré à la faculté de pharmacie. En l’espace de deux ans, il y a eu 45 jours ouvrés de coupures pour diverses raisons, essentiellement parce que le bâtiment tombe en lambeaux. Il y a aussi peu d’accompagnements pour toutes les tâches administratives.
Je me suis retrouvé à avoir des doubles, triples casquettes où il faut gérer son boulot de chercheur, mais aussi la rédaction des rapports, la gestion budgétaire. Le tout avec peu de soutien de la part de l’université alors que c’est un projet d’excellence, prestigieux, rare. D’autant qu’ils prennent une part assez substantielle des financements pour payer leurs salariés.
Quel bilan tirez-vous de ces quatre années ?
Le succès numéro 1, c’est d’avoir formé des étudiants qui deviennent un peu des experts dans ce domaine. Pour nos recherches à Strasbourg, on a pu développer deux nouvelles familles d’ADC et faire des tests in vivo chez des rongeurs. Pour l’une de ces familles, on a quelque chose de particulièrement innovant qu’on a breveté avec mon ancien doctorant Lorenzo Turelli et le docteur Alain Wagner.
La technologie est encore confidentielle mais on a réussi à obtenir un financement de la part de notre société d’accélération de transfert de technologie (SATT), Conectus. Elle nous aide à continuer ces recherches avec, peut-être à terme, la possibilité de créer une boite autour de tout ça et, soyons fou, d’avoir des composés qui arrivent en test clinique et qui pourront être essayés sur des patients.
Qu’en est-il de la suite ? Il y aura t’il un Tact 2 ?
On a postulé en 2022 pour faire l’acte 2, en insistant sur le fait qu’on a 11 étudiants qui vont finir leurs thèses avec des grandes connaissances. Cela aurait été bien que la première vague de doctorants puissent former la vague des nouveaux mais malheureusement, ça n’est pas passé. On n’y est pas retourné en 2023. Ça fait partie des discussions qu’on doit avoir avec le consortium. J’avais suggéré que si on y retournait, je me mettrais un peu en retrait et ne plus avoir le statut de coordinateur car à cette époque j’avais beaucoup de travail. Mais maintenant, je le ferais avec plaisir.
Pendant un voyage en Croatie, Tamer Yilmaz, réfugié politique kurde vivant à Strasbourg, a été arrêté pour être renvoyé en Turquie. Détenu depuis 40 jours, il est en grève de la faim pour protester contre son extradition.
« Désormais, ça fait plus de quarante jours. Plus de quarante jours que je me retrouve seule dans une maison vide, complètement perdue. » Comme un réflexe physique, Hatice se tord les mains en racontant son calvaire. Depuis le 27 janvier, son conjoint, Tamer Yilmaz, est en détention provisoire en Croatie. Malgré son statut de réfugié politique en France, il a été arrêté à un poste-frontière et risque d’être extradé vers la Turquie.
Parti pour des vacances, le couple découvre à son arrivée dans le pays des Balkans que la Turquie a émis une fiche Interpol concernant Tamer Yilmaz. L’État turc lui reproche sa proximité avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation armée indépendantiste, considérée comme terroriste par la Turquie. Plus spécifiquement, il est accusé d’avoir incendié plusieurs véhicules dans la ville turque d’Izmir pour le compte du PKK en janvier 2008. Des faits qu’il nie catégoriquement mais pour lesquels il a été condamné par contumace à une peine de 9 ans de prison.
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Le député de la deuxième circonscription du Bas-Rhin, Emmanuel Fernandes (La France insoumise), a mis en place une votation sur l’organisation d’un référendum révocatoire, c’est-à-dire un vote visant à décider si l’élu devait démissionner. Avec 49 votes exprimés, la consultation est un échec.
« Puisqu’on constate que l’abstention ne fait que progresser, il fallait bien tenter quelque chose. » Au téléphone, Emmanuel Fernandes reste positif. Quelques semaines plus tôt, le député LFI de la deuxième circonscription du Bas-Rhin (sud de Strasbourg et Illkirch-Graffenstaden) lançait une consultation locale autour d’un référendum révocatoire.
Si une majorité de votants y était favorable, le député insoumis s’engageait à remettre son mandat en jeu en organisant un référendum. Le seuil de déclenchement était de 12 000 votes mais la consultation n’a réuni que 49 bulletins.
« C’est un chiffre très faible, mais je considère qu’on a bien fait de mettre en place cette votation, c’était une promesse de campagne », explique l’élu. En ne comptant que sur les forces militantes locales de la France insoumise, l’initiative d’Emmanuel Fernandes semble vouée à ne concerner qu’un petit cercle d’initiés. « Il y a déjà eu une proposition d’Alexis Corbière, lors de la précédente mandature, pour que l’État assure le processus. Il nous faudrait ces moyens là, pour faire une vraie campagne autour du référendum de mi-mandat. »
Une série d’organisation écologistes, dont Greenpeace, organisent une chaîne humaine devant le Parlement européen, mardi 12 mars, afin de protester contre le classement du nucléaire parmi les « énergies vertes ».
Créée en mars 2011 pour protester contre l’énergie nucléaire après la catastrophe de Fukushima, Rech (Réaction en chaîne humaine) appelle à un rassemblement mardi 12 mars 2024 de 12 à 14 heures devant le Parlement Européen. L’objectif est d’empêcher que les eurodéputés n’accordent à l’énergie nucléaire le qualificatif « d’énergie verte », lui permettant d’être prise en compte pour les efforts de lutte contre le réchauffement climatique.
Rech et une cinquantaine de collectifs participants veulent profiter de la campagne pour les élections européennes (du 6 au 9 juin) pour que les candidats et candidates s’engagent « sans compromis en faveur d’un tournant européen vers les énergies renouvelables et d’une taxonomie verte sans greenwashing ni énergie nucléaire ».
En outre, Rech et les autres organisations antinucléaires demandent que soit abrogé le traité Euratom, signé en 1957 et qui a posé les bases d’une coopération entre les États membres de la Communauté économique européenne (CEE) autour de l’énergie nucléaire. Les militants souhaitent que lui soit opposé un nouveau traité, cette fois centré sur les énergies renouvelables.
La Fédération des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) et les Jeunes agriculteurs du Bas-Rhin appellent les agriculteurs à se mobiliser mardi 12 mars devant le Parlement européen à Strasbourg, alors que deux textes doivent être votés par les europarlementaires.
Le Copa Cogeca, une alliance européenne de syndicats agricoles, mobilise ses forces contre deux textes étudiés par le Parlement européen durant sa session plénière du 11 au 17 mars. La Fédération des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) et les Jeunes agriculteurs du Bas-Rhin répondront à cet appel avec une manifestation mardi 12 mars à partir de 9h30 devant le bâtiment Louise Weiss.
Le premier texte contesté est une mise à jour de la directive de 2010 sur les pollutions industrielles (directive IED). La FNSEA craint que des nouveaux seuils de précaution et de limitation s’imposent aux exploitations porcines et de volailles. « Les structures familiales françaises n’auront pas les moyens de se payer ces mises aux normes, prévient la FNSEA. La production agricole européenne continuerait de diminuer et serait substituée par des importations ».
En outre, la fédération syndicale des agriculteurs productivistes aimerait que les importations de produits agricoles en provenance d’Ukraine soient limitées. Après l’invasion russe, l’Union européenne a accepté de supprimer ses quotas d’importation, afin de soutenir l’économie ukrainienne. Mais cette soudaine abondance de produits agricoles ukrainiens a provoqué des baisses de prix sur le marché européen, qui ont affecté l’économie de bon nombre d’exploitations de l’Union.
Depuis septembre 2023, certains enfants du groupe scolaire du Petit-Pont à Stutzheim-Offenheim, ont vu leurs maîtresses absentes sur de longues périodes. Las de cette situation, les représentants des parents d’élèves organisent des tours de garde.
« Un enfant qui vous dit qu’il a envie d’apprendre, mais que sa maîtresse n’est toujours pas là, ça brise le cœur », soupire un parent d’élèves en regardant l’école du Petit-Pont, dans la commune de Stutzheim-Offenheim située dans le Kochersberg. Avec neuf autres représentants de parents d’élèves, il souhaite organiser une journée d’action contre l’absence de remplacements, qu’ils estiment chroniques depuis la rentrée.
Le groupe scolaire du Petit-Pont accueille 164 élèves répartis en sept classes, la plupart en double, voire triple niveau, de la petite section de maternelle jusqu’au CM2. Selon Jean-Sébastien Vidal, un autre des représentants de parents d’élèves, les classes les plus concernées par les absences sont celles CP, CE1 et CE2 :
« Nous avons compté les jours d’absence d’enseignants depuis septembre. Pour une classe, il y en a eu 18 jours et demi non-remplacés, et treize remplacés. Sur l’autre, il y a eu onze jours sans école, et une journée avec un remplacement. En tout, ça représente 43,5 jours d’absence, dont 29,5 sans remplacement. »
Ces chiffres, Jean-Sébastien et les autres représentants de parents d’élèves les ont patiemment assemblés pour appuyer leurs demandes sur des éléments objectifs. « Il faut imaginer qu’une absence non-remplacée, ça veut dire arriver aux portes de l’école à 8 heures et se retrouver face à un dilemme : mon enfant va-t-il encore se retrouver dans une classe qui n’est pas la sienne ce matin ? Est-ce bien la peine qu’il passe sa journée à colorier à l’école ? », fulmine une mère dont deux enfants sont scolarisés au Petit-Pont.
« Lorsqu’il y a un remplaçant, l’organisation change, donc les enfants doivent constamment s’adapter », poursuit une autre qui juge que la continuité pédagogique en pâtit forcément. Selon les calculs de Jean-Sébastien, cinq personnes différentes ont assuré les remplacements entre septembre et février :
« Ça déstructure les enfants. Le nom de leurs maîtresses change tout le temps, ils ne comprennent pas ce qu’on leur demande. Et quand il n’y a pas de remplaçant, nos enfants sont ballottés d’une classe à l’autre. Certains sont placés dans des cours qui ne sont pas de leur niveau, ce qui crée aussi des problèmes dans les autres classes. »
« D’autant plus que les remplacements ont parfois lieu par demi-journée », déplore cette mère de famille qui s’arrange pour que les enfants puissent être gardés à la maison les jours où il n’y a pas école, faute de maîtresse. « Mais nous n’avons pas les outils pédagogiques pour leur enseigner ce qu’ils manquent en classe », se désole-t-elle.
Selon les parents interrogés, une différence de niveau commence à se faire sentir entre les élèves qui ont cours tous les jours et ceux dont les maîtresses ne sont pas remplacées. « Un élève de CP qui retourne en maternelle pour une journée, ce n’est pas idéal, il a l’impression de régresser », plaide une mère de famille.
La situation est telle qu’au début de l’année scolaire, les parents ont organisé un système de garde à la maison.
Les parents précisent que jamais l’école ne les a forcés à garder leurs enfants lorsque les maîtresses n’étaient pas remplacées, mais tous sentent une pression de la part de l’établissement à « prendre leurs dispositions », c’est à dire garder leurs enfants chez eux. « C’est comme si c’était la faute de nos enfants si les autres classes sont surchargées », déplore Jean-Sébastien.
Pour présenter le problème en conseil de classe et faire pression afin d’obtenir des remplacements pérennes, les parents ont fait circuler un questionnaire au sein des familles. Sur 64 répondants, 28,1% estiment ressentir un mal-être chez leurs enfants du fait des absences. Et 90,6% sont préoccupés par les absences des enseignants. 21,9% envisagent de changer leurs enfants d’établissement pour la rentrée 2024, dont deux tiers à la faveur d’une école privée.
« On nous assure qu’une personne doit assurer l’enseignement d’une des maîtresses en congé maternité jusqu’à la fin de l’année », explique Jean-Sébastien :
« Avant les vacances, dans le carnet de liaison, on nous a informé qu’un autre maître serait absent, pour cause de formation. On le sait donc depuis deux semaines, mais on sait aussi qu’il ne sera pas remplacé. Ça me pose des questions : toutes les absences dont on parle sont prévisibles. Pourquoi le rectorat ne prévoit-il pas de les remplacer ? »
Les parents savent que la pression est grande sur les maîtres et maîtresses qui restent. « Ils tirent la langue, on leur fait sentir qu’ils doivent assurer », explique Jean-Sébastien. Une mère de famille sent que la colère des parents se répercute sur eux :
« Forcément, ils sont là le matin à la grille de l’école et c’est à eux que nous disons que nous sommes en colère. On essaye d’être modérés mais parfois, quand ça fait plusieurs jours que nous devons reprendre nos enfants, ça fait beaucoup. J’espère juste que ces absences non-remplacées ne vont pas user celles et ceux qui restent. »
Jean-Sébastien le concède, le groupe scolaire du Petit-Pont est relativement bien loti, malgré les non-remplacements. « Il y a rarement plus d’une vingtaine d’élèves par classe en temps normal, l’accueil périscolaire est juste à côté et il y a une cantine, mais ce n’est pas une raison de ne pas montrer lorsque nous sommes mécontents », estime-t-il.
Les représentants des parents d’élèves veulent organiser une journée « coup de poing », vendredi 15 mars 2024, pour protester contre ces manques de remplacements. « Au début, tous les parents nous soutenaient », commence une mère de famille :
« Mais depuis que nous avons proposé une action concrète, c’est comme s’ils avaient pris peur. Comme s’ils pensaient qu’on allait bloquer l’école ! Le maire nous a aussi dit qu’il n’était pas non plus favorable à une manifestation. »
Jean-Charles Lambert, maire de Stutzheim-Offenheim, n’a pas pu être joint avant la parution de cet article. Contacté, le rectorat de l’académie de Strasbourg a indiqué avoir reçu la demande d’informations de Rue89 Strasbourg, mais n’être pas en mesure de répondre avant la publication de cet article.
Depuis vendredi 8 mars, la seconde partie du procès de l’attentat de Strasbourg a débuté, avec l’audition de celles et ceux qui demandent à être parties civiles. Environ 80 ont déjà été reconnues. Mais 135 ne le sont toujours pas. Et sont parfois représentées par des avocats aux pratiques douteuses.
« Le jour où on pleurait les victimes et où on était tous rassemblés à la mairie, à quelques mètres de nous, l’association Via Recours avait organisé sa permanence dans un bar pour racoler de potentielles victimes. C’est vraiment malsain. » Audrey Wagner s’emporte vite lorsqu’elle parle de pratiques étranges, mises en place autour des parties civiles du procès.
Audrey Wagner, elle, est justement l’une des 80 parties civiles dans le procès de l’attentat de Strasbourg, déjà reconnues par la justice. Elle était présente ce mardi 11 décembre 2018, peu avant 20h, rue des Grandes-Arcades. La jeune quadragénaire est bousculée ce soir-là par Chérif Chekatt, alors qu’elle se promène en famille. Elle se cache dans une boulangerie avec ses trois filles de 6, 7 et 14 ans à l’époque, dans le silence et le noir, craignant que le terroriste les abatte. Tout comme il avait tué un homme à quelques mètres d’elles, cinq minutes plus tôt, devant leurs yeux. Audrey Wagner est donc l’une des victimes directes de l’attentat.
Depuis le début du procès, qui s’est ouvert le 29 février, 135 nouvelles potentielles victimes se sont fait connaître devant la Cour d’assises spéciale de Paris. Au total donc, environ 215 parties civiles sont représentées par une vingtaine d’avocats, dont certains paraissent surfer sur la vague des grands procès d’attentats, notamment par le biais d’associations de victimes.
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Vendredi 8 mars, deux manifestations ont parcouru les rues de Strasbourg à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Syndicales et associatives, toutes appelaient à la grève du travail salarié et des tâches domestiques.
« Ni patron, ni patrie, ni patriarcat ! De cette société-là, on n’en veut pas ! » Place Kléber, plus de 2 000 personnes se mettent en marche en direction de la rue des Grandes-Arcades vendredi 8 mars en début d’après-midi. Derrière la banderole de tête, des responsables syndicales, politiques et associatives. Entre leurs mains, un appel à la grève pour les femmes « doublement exploitées, doublement en colère. » Organisée par les syndicats CGT, Unsa, Solidaires et FSU, le Parti socialiste, La France insoumise, le Parti communiste, EE-LV, le NPA ainsi que de nombreuses associations féministes, la première manifestation strasbourgeoise de ce 8 mars porte clairement son appel à l’arrêt du travail salarié comme domestique.
La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, a participé à la première manifestation
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Le Strasbourgeois Nicolas Théry a annoncé dans Le Figaro qu’il démissionnait de son poste de l’Alliance fédérale du Crédit Mutuel. Il indique qu’il s’occupera désormais de deux fondations portées par la banque mutualiste.
Dans un article du Figaro daté du 27 février, Nicolas Théry indique qu’il a démissionné de l’Alliance fédérale du Crédit Mutuel, la structure qui regroupe 14 des 19 fédérations de la banque mutualiste. Un départ surprise, puisque son mandat court jusqu’en 2025. Au Figaro, Nicolas Théry justifie son départ estimant que c’était « maintenant ou dans six sept ans ». Le Crédit Mutuel a terminé l’année dernière avec un bénéfice de plus de 4 milliards d’euros, un record historique qui en fait la troisième banque française la plus rentable.
Au chapitre de ses réalisations, il y a également la paix avec le Crédit Mutuel Arkéa, des fédérations implantées à l’ouest de la France qui menaçaient de prendre leur indépendance. Nicolas Théry a également été le premier à investir 15% du bénéfice annuel dans des projets de solidarité ou écologiques via le système du « dividende sociétal » (parmi les projets soutenus, des abonnements gratuits pour les jeunes aux médias de presse quotidienne régionale du groupe Ebra, une filiale…du Crédit Mutuel).
Passé par le cabinet de l’ancien ministre de l’Économie Dominique Strauss-Kahn, ministre des Finances en 1997, la CFDT et la Commission européenne, le dirigeant strasbourgeois indique au Figaro qu’il a « envie d’avoir un autre équilibre personnel et de mieux utiliser (son) temps libre. Être président d’une banque pendant dix ans est exigeant ». Nicolas Théry précise au quotidien de droite qu’il restera salarié du Crédit Mutuel comme conseiller auprès de la direction, notamment sur les questions environnementales et sociales. Il dirigera également la Fondation du Crédit mutuel Alliance fédérale (soutien aux associations et ONG dans les territoires) et la Fondation du Crédit mutuel pour la lecture.
L’assemblée générale du Crédit Mutuel, qui se tiendra les 4 et 5 avril, devrait nommer Daniel Baal, 66 ans, en tant que président. Ce dernier est actuellement directeur général du Crédit mutuel depuis 2017.
Un homme de 40 ans est décédé le 6 mars sur le technicentre industriel de la SNCF de Bischheim. Une enquête judiciaire est ouverte.
Le syndicat Sud-Rail « s’associe à la douleur de ses collègues cheminot·es et adresse ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches ». L’annonce du décès d’un agent de maintenance sur son lieu de travail, mercredi 6 mars, a été faite par la Fédération Sud Rail, sur son compte X ainsi qu’à travers un communiqué de presse.
Selon les DNA, Sud-Rail évoque « une manœuvre d’attelage qui s’est mal déroulée », avec un agent qui donnait les consignes par radio, et l’agent de maintenance décédé qui était sur le terrain. Le décès de ce cheminot de 40 ans a suscité un vif émoi, sur un site qui emploie environ 900 personnes.
Le syndicat Sud Rail dénonce plus globalement des conditions de travail et de sécurité dégradées qui mettent les agents en danger. Dans son tract, Sud Rail accuse également la direction de la SNCF de « tirer la règlementation vers le bas et de faire toujours plus de gains de productivité ».
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Après avoir germé en 2021, l’idée d’une sécurité sociale de l’alimentation entre dans une phase concrète avec un colloque lundi 11 mars, présentant les premiers territoires et les expérimentations.
L’association Pour une Sécurité sociale de l’alimentation – Alsace organise son premier colloque lundi 11 mars au centre administratif de Strasbourg. L’objectif de l’association, née en 2022, est de créer un système qui « permettra aux adhérents de bénéficier d’une allocation mensuelle dédiée à des achats alimentaires dans un large réseau de points de vente partenaires conventionnés sur des critères définis par les adhérents eux-mêmes ». Il s’agit aussi de permettre « l’accès à une alimentation choisie, saine et durable, et la bifurcation des systèmes alimentaires vers un modèle respectueux du climat, de la biodiversité et de la ressource en eau ».
Après une réunion du comité de pilotage du projet, qui rassemble 20 partenaires (voir liste ci-dessous), deux tables-rondes sont programmées :
Les tables rondes seront suivies d’ateliers de travail jusqu’à 16h, sur les enjeux suivants :
Gelés pendant cinq ans, les loyers des résidences universitaires vont être augmentés de 3,5 % dans toute la France. Les syndicats étudiants CSTE et Union étudiante demandent l’abandon du projet.
Contre la précarité étudiante, les syndicats Communauté Solidaire des Terres de l’Est et l’Union étudiante de Strasbourg appellent à une mobilisation « dont les modalités restent à définir » mercredi 13 mars. C’est à cette date que le conseil d’administration du Crous de Strasbourg se réunit pour voter une hausse de ses loyers.
L’augmentation a été annoncée le 28 février par Bénédicte Durand, nommée 13 jours plus tôt à la tête du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous). Dans un entretien accordé au Parisien, l’ex-rectrice de l’enseignement supérieur en Île-de-France et conseillère d’Élisabeth Borne à Matignon, détaille :
« Il s’agit d’une hausse générale de 3,5% des loyers après cinq ans de gel. Un coût très modéré, entre 2 et 6 euros par mois par étudiant, une fois les aides personnalisées (APL) prises en compte. Les politiques sociales de ces dernières années, comme les repas à 1 euro, ont mis sous tension notre modèle économique ».
Une modification destinée à « accélérer les réhabilitations » qui pourraient concerner 12 000 logements d’ici 2027, avec un pourcentage de logements insalubres estimé à 5% en métropole. L’enveloppe globale de ces rénovations s’élève à 115 millions d’euros avec une participation de 25 millions d’euros de l’État.
Des annonces qui ont fait bondir certains syndicats étudiants dont la Communauté Solidaire des Terres de l’Est, dans le Haut-Rhin. Dans un communiqué publié mercredi 6 mars, le syndicat dénonce une « hausse qui fait peser le poids du sous-financement du Crous sur les étudiants les plus précaires ». Une pétition, lancée par un autre syndicat, l’Union étudiante, appelle à l’annulation du projet.
Plus encore, les syndicats déplorent une « communication trompeuse du gouvernement et du Cnous ». Selon eux, l’augmentation de loyer pour les étudiants ne sera pas « au maximum de 6 euros par mois » comme annoncé, mais de « 12 euros en moyenne dans le Haut-Rhin ». Cela se traduirait par une hausse de 142€ en moyenne par an sur le Haut-Rhin et de 100 à 250€ à Strasbourg selon un membre de l’Union étudiante, qui préfère rester anonyme :
« Le Cnous a annoncé une hausse du loyer mais ne dit pas qu’il y a aussi une montée des charges. Cela donne au total une fourchette de 15 à 20 euros par mois, sans les APL pour les locataires étudiants. »
Contacté, la communication du Crous de Strasbourg dément cette analyse et se retranche derrière une décision nationale : « Nous appliquons une politique nationale, comme tous les autres Crous. Par ailleurs, les augmentations seront bien limitées à 6€ par mois pour les étudiants, APL déduites, mais charges comprises. »
En janvier, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) a rendu les conclusions alarmantes de son étude sur la précarité étudiante. En France, sur les 2,93 millions d’étudiants, 665 000 sont boursiers et un étudiant sur cinq ne mange pas à sa faim.
En raison d’importants travaux de rénovation, le centre L’Aquarium, à Cronenbourg, sera fermé pendant un an et demi. Puis le centre socio-culturel Victor Schoelcher sera détruit et reconstruit. Dans un quartier dénué de lieux de vie, le temps des travaux sera plus long à vivre pour les habitants.
« On va pas se mentir, vu de l’extérieur, ça ressemble à une verrue dans le quartier ». Prononcé sans cruauté, le jugement de Mohamed Ketthab tombe juste. Le centre où travaille l’animateur, L’Aquarium, ressemble effectivement à un gros local poubelle. De loin, c’est un cube massif coulé dans le béton, avec des barreaux à certaines fenêtres. À l’intérieur pourtant, rien à voir : plus d’aspect carcéral mais une ambiance chaleureuse et vivante.
Dès le rez-de-chaussée, le visiteur peut entendre trois sons distincts : le rebond du cuir sur le sol, le choc du bois sur le plastique et la voix de Jamel Debbouze. D’un côté le gymnase, partagé entre les basketteurs et les pongistes. De l’autre la cafet’, où une dizaine de personnes rassemblées discutent devant un épisode de la série H. « Ici il y a de la convivialité, on accueille entre 150 et 200 personnes par jour, avec là dedans beaucoup de jeunes de moins de 26 ans », explique Mohamed Ketthab. « Ça va faire un sacré vide dans le quartier, quand ça va fermer… »
À partir du lundi 11 mars, les portes du bâtiment resteront closes. Pendant une semaine, les équipes du centre socio-culturel Victor Schoelcher – dont l’Aquarium est une annexe – viendront déménager les affaires. Puis un long chantier de rénovation démarrera, afin de mettre le lieu aux normes d’accueil du public et améliorer son aspect visuel. Les travaux devraient durer au moins jusqu’à l’été 2025, pour un coût de 2,5 millions d’euros.
Visuellement, L’Aquarium fait son âge. Construit en 1969 lorsque les tours du quartier sont érigées, les près de 1 000 mètres carrés du bâtiment servent de local aux premiers membres du CSC Victor Schoelcher. Lorsque ces derniers obtiennent un nouveau bâtiment, au 56 rue du Rieth, L’Aquarium devient une annexe dédiée aux activités sportives.
Quand Mohamed Ketthab s’engage dans le centre, en 1995, il présente un projet tourné vers la pratique sportive, avec l’Association des jeunes de Cronenbourg. « Ici on propose du socio-sport, c’est à dire la découverte des sports avec des intervenants, dans un cadre flexible. On voulait que le lieu soit ouvert aux jeunes, à des heures où ils sont disponibles. C’est à dire après l’école jusqu’à 21h. »
En plus du basket et du tennis de table, L’Aquarium organise également des cours de boxe et de danse, du renforcement musculaire, des initiations à l’informatique ou à la couture… Et propose un accueil libre et ouvert à la cafétéria. On s’installe, on discute, on prend son café. Pour le sport, les activités se pratiquent soit de manière encadrée en petit nombre ou de façon plus libre, mais toujours en présence d’un animateur.
« Pour certains jeunes fragilisés, il ne faut pas qu’il y ait trop de contraintes, sur l’assiduité par exemple, sinon ils ne vont pas venir. Et on essaye d’être discret, on ne fait pas la police. Au final, les jeunes participent à la vie du lieu et aux respects des règles. »
Mohamed Ketthab, animateur à L’Aquarium
Avec cinq enfants, dont quatre fréquentent le centre, Moustafa Aliev est directement concerné par la fermeture du centre. « Pour les parents du quartier, ce centre est parfait. De nos fenêtres, on peut voir s’il y a des animations, on a le numéro des animateurs. C’est aussi un soulagement : on sait que nos enfants ne jouent pas dans la rue et ne courent pas au milieu des voitures. » L’Aquarium est cerné par un grand parking.
Avec sa fermeture, le centre ne mettra pas fin à ses activités. Une grande partie des cours se dérouleront au centre Victor Schoelcher le temps des travaux, mais aussi au gymnase Sophie Germain, ou dehors sur le parvis du parc de la Bergerie. « Il fallait qu’on fasse cette rénovation, qui vaut vraiment le coup, même si c’est dur pour le quartier, admet Mohamed Ketthab. Notre objectif est que tout le monde vienne à Victor Schoelcher ! Même si on ne récupère qu’une partie des jeunes, ça vaut le coup de maintenir les activités. »
Il est midi. De l’autre côté de la Cité nucléaire, la salle polyvalente du CSC Victor Schoelcher fait salle comble. Une quarantaine d’habitants du quartier et d’agents de la Ville viennent ici pour déjeuner, au sein du restaurant du centre, un chantier d’insertion. « Aujourd’hui, c’est burger, c’est toujours un succès », commente Romain Beckendorf, depuis son comptoir à l’accueil. Après avoir travaillé pendant sept ans en restauration, l’ancien cuisinier rencontre des problèmes avec son patron, connaît une importante prise de poids et s’éloigne de l’emploi. « J’ai été suivi par la CAF, qui m’a orienté vers ce chantier d’insertion. Ici, je suis agent polyvalent, je travaille principalement en cuisine, mais je peux aussi faire des remplacements, comme aujourd’hui à l’accueil. »
Plus tard dans la journée, les vétérans du quartier pourront venir au réfectoire pour jouer à la belote, prendre un café ou lire, le lieu étant ouvert à tous ceux qui veulent s’y installer. Pour les habitués de L’Aquarium, souvent plus jeunes, le réfectoire restera ouvert plus longtemps et servira de lieu d’accueil.
Construit en 1985 en même temps que la médiathèque qui le jouxte, le CSC Victor Schoelcher est pourtant moins vétuste. Il connaîtra bientôt aussi une rénovation. « Contrairement à L’Aquarium, il s’agira ici d’une démolition-construction. Le nouveau bâtiment sera partagé entre la médiathèque, le CSC et le service des espaces verts », détaille Laurent Cécile, le directeur du CSC.
« Le travail a déjà commencé avec les équipes de la Ville, mais on est encore loin du début des travaux. Il y aura d’abord un concours d’architectes, la sélection des projets puis enfin la réalisation du bâtiment. Pendant toute la phase de construction, il faudra prévoir la manière dont on s’organise pour ne pas pénaliser ceux qui fréquentent le centre. »
Laurent Cécile, directeur du Centre socio-culturel Victor Schoelcher
Mais en l’absence de commerces et de troquets dans le quartier, les deux centres font partir des rares lieux où les habitants peuvent s’installer. Le seul café du coin, le « Salon de thé Cronenbourg », ferme à 17h. Ceux qui veulent se retrouver plus tard devront se rendre dans le Vieux-Cronenbourg, ou plus loin à l’extérieur du quartier.
« Ce sont des lieux culturels qui sont déjà très utilisés, avec des créneaux pleins. Ça anime Cronenbourg et ça concerne tout le monde, de la petite enfance aux personnes âgées », appuie Thierry Caubère, membre de l’association de quartier « L’Acrociation ». Comme d’autres Cronenbourgeois (rencontrés au cours de l’opération « Quartiers connectés », NDLR), il est dans une position ambivalente : satisfait de voir les rénovations commencer mais inquiet de leurs conséquences.
En plus du rôle social direct du centre et de son annexe, les lieux sont également cruciaux pour les collectifs du secteur. « Il manque déjà des salles de réunions », reprend Thierry, « on utilise le centre Schoelcher pour organiser nos assemblées générales, comme beaucoup d’autres associations. Pour nos autres réunions, on se débrouille, on fonctionne au bouche à oreille et on se retrouve dans des cafés du Vieux-Cronenbourg. »
Même refrain pour Mohamed Ketthab, qui liste les revers du quartier : « On a laissé partir la mission locale, les commerces, on manque d’équipement, d’une salle de spectacle, d’une salle des fêtes, de guichets de banque », liste Mohamed Ketthab. « Heureusement, on a quand même deux stations de bus, l’accès à la ligne G et le parc de la Bergerie. »
Face aux critiques sur le manque de lieux communs dans le quartier, l’élue référente du quartier, Christelle Wieder, ne semble pas surprise : « C’est un point délicat, nous aussi on constate qu’il n’y a rien d’autre, une fois que L’Aquarium ferme. On ne trouve rien pour acheter une cannette ou une frite. Mais en tant que municipalité, on n’a pas les leviers suffisants pour assurer l’ouverture d’un snack par exemple. On ne peut pas créer de döner kebab municipal. »
Dans les prochaines années, l’effort de construction se poursuivra assure l’adjointe. Une somme de 80 000 euros a été allouée pour mettre en place des aménagements extérieurs, aux abords de L’Aquarium. Le terrain vague à côté du stade du FC Cronenbourg sera également aménagé, à proximité d’un espace servant à déménager le marché de la place de Haldenbourg d’ici 2025. « Pour moi, ça revient à un travail de rattrapage », reconnaît l’élue, « c’est une façon de reconnaître que les actions de l’État et de la municipalité n’étaient pas à la hauteur des besoins du quartier. »
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