Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Derrière l’essor de GST, un service de médecine du travail hors-la-loi

Derrière l’essor de GST, un service de médecine du travail hors-la-loi
GST réalise toutes ses consultations en visio.

GST propose depuis 2019 des « services de santé au travail » basés sur de la téléconsultation. Mais l’association n’a jamais obtenu d’agrément et les entreprises qui y font appel sont donc dans l’illégalité. Une plainte a été déposée.

« Faire toutes les consultations en visio, moi j’avais jamais vu ça avant. » Sandrine (prénom modifié) a travaillé plusieurs mois pour l’association Groupement Santé au Travail (GST) à la fin de l’année 2024. La quadragénaire était infirmière dans cette structure qui gère la médecine du travail pour des milliers d’entreprises partout en France. Avec une petite particularité : toutes les visites médicales, des médecins comme des infirmiers et infirmières, se font en visio :

« Parfois, je me sentais démunie, notamment quand j’étais face à des salariés qui avaient des problèmes de santé, comme du harcèlement au travail. Je me mettais à leur place, le fait d’être seul face à son ordinateur, quand on est déjà mal, on peut se dire… à quoi bon. »

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Dans les quartiers, Pierre Jakubowicz veut rallier les déçus de Jeanne Barseghian

Dans les quartiers, Pierre Jakubowicz veut rallier les déçus de Jeanne Barseghian
Au centre en costume bleu, le conseiller municipal d’opposition Pierre Jakubowicz.

Ce lundi 31 mars, le conseiller municipal d’opposition Pierre Jakubowicz a présenté sa liste de référents de quartier. Le candidat officieux à la municipalité coalise les déçus de la municipalité écologiste, en puisant dans les collectifs d’habitants.

Pour un candidat officieux aux élections municipales de 2026, Pierre Jakubowicz (Horizons) poursuit plutôt ouvertement sa marche vers l’Hôtel de Ville. Après avoir lancé son association « Strasbourg on y croît ! », puis une consultation citoyenne et un projet de kiosque pour les quartiers, l’élu d’opposition présente ce lundi 31 mars sa propre équipe de référents de quartiers.

Réunis sur la place de la Ziegelau, au centre du Neudorf, tous se tenaient derrière leur candidat pour être présentés à la presse. Avec l’entrain d’un annonceur du stade de la Meinau, ce dernier présentait un à un ses nouveaux soutiens, qu’il souhaite mettre au cœur d’un nouveau dispositif censé mieux connecter les quartiers à la municipalité. Sur la vingtaine de personnes présentées, les encartés se comptent sur les doigts de la main. « Leur rôle est de servir de relai à l’association et d’être des vigies dans les quartiers, pour faire remonter les problèmes », explique Édouard Bailhache, délégué du quartier Krutenau et collaborateur de la députée Brigitte Klinkert.

Mobilisation des déçus

En égrainant les noms de ses délégués, Pierre Jakubowicz savoure l’influence patiemment acquise auprès des collectifs d’habitants. Depuis quatre ans, l’élu d’opposition s’efforce d’être de toutes les réunions publiques et d’être identifié des déçus de la municipalité écologiste. Chaque grief contre la Ville devient l’occasion de rallier les mécontents d’un quartier.

À gauche, l’ancien candidat aux législatives en 2022 Patrick Depyl (MoDem) sera délégué de quartier.Photo : Sue Randrianjafy / Rue89 Strasbourg

On retrouve ainsi parmi les délégués Vincent Arnould, membre d’un collectif d’habitants dénonçant l’insécurité au quartier Gare, Karim Farès, un ancien policier souhaitant un « programme sécuritaire ambitieux » à l’Elsau, ou encore Philippe Cornec, un robertsauvien mobilisé contre la suppression d’un espace boisé rue de Buissière. « Je n’ai jamais eu de volonté de m’impliquer en politique avant », explique Frédéric, délégué au quartier Port du Rhin – Coop. Il s’était engagé en vain pour l’obtention de places de parking rue de la Coopérative. « Ce qui m’a poussé à m’investir, c’est le manque d’empathie, de proximité et de respect de l’administration de Jeanne Barseghian, en particulier de la part de son adjoint Pierre Ozenne. »

Redéfinir les élus de quartier

Que deviendront ces délégués après 2026 ? Plusieurs parmi eux devraient se retrouver en position éligible sur une liste. « En 2020, les écologistes avaient aussi cherché à s’appuyer sur les collectifs d’habitants », reprend Édouard Bailhache. « Mais avec les années, ils ont perdu le lien avec le terrain en s’enfermant dans le Centre administratif », estime t-il.

Pour Pierre Jakubowicz, cette première présentation n’est qu’un prélude à un système de représentation dans les quartiers qui serait redéfini, en cas d’alternance. « Un élu de quartier est efficace quand il a des moyens d’action, un lien hiérarchique directe avec sa direction de territoire. Nous voulons que ce soit le cas à l’avenir, sans l’intermédiaire d’un “pôle territoire”, que représentaient initialement [les élus de la majorité actuelle] Benjamin Soulet, Carole Zielinski et Hervé Polesi. » Une prochaine réunion de « Strasbourg on y croît ! » devrait se tenir dans les prochaines semaines ; à nouveau, le quasi-candidat présentera une nouvelle proposition pour la Ville.

Grève et rassemblement contre l’austérité dans le secteur médico-social mardi 1er avril

Grève et rassemblement contre l’austérité dans le secteur médico-social mardi 1er avril
Un rassemblement est prévu place de la République ce 1er avril.

Une intersyndicale appelle les professionnelles du médico-social à la grève dans toute la France, contre les coupes budgétaires dans le secteur. À Strasbourg, un rassemblement est prévu à 13h30 devant la préfecture.

« Autour de moi, je vois beaucoup de personnes en détresse, en perte de sens, qui n’ont plus l’impression de pouvoir réellement faire leur travail », alerte Jérôme Bardot, de la CGT Action sociale du Bas-Rhin. Une large intersyndicale (CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, FO, SUD) appelle les employées du secteur médico-social à la grève dans toute la France mardi 1er avril. Ces six organisations s’unissent pour dénoncer « les coupes budgétaires décidées par les gouvernements successifs », qui peuvent avoir de graves impacts sur les professionnelles et les structures.

Jérôme Bardot est aussi éducateur spécialisé et délégué syndical à l’Apedi, une association qui accompagne des personnes en situation de handicap. Il affirme que les négociations sont de plus en plus compliquées :

« Nous avions toujours eu la prime gilets jaunes, jusqu’en 2024 où la direction nous l’a refusée. On a un déficit chronique d’un millions d’euros chaque année. Donc à chaque fois qu’on demande quelque chose, davantage de personnel dans un centre d’accueil, des augmentations… la direction nous dit que ce n’est pas possible. »

Une délégation reçue à la préfecture

Depuis de nombreuses années, Rue89 Strasbourg rend compte des revendications des travailleurs et travailleuses sociales. En février 2022, lors d’une manifestation, beaucoup de professionnelles du secteur s’inquiétaient déjà de « la gestion industrielle » des structures et d’un mal-être croissant. « Chez nous, il y a de plus en plus de besoins parce que la population vieillit… On a de plus en plus de résidents pas autonomes, mais on reste à moyens constants », illustre Jérôme Bardot : « Nos métiers sont très difficiles, et souvent la charge de travail empire. Du coup les gens partent, épuisés, il y a un gros turn-over, ce qui est très mauvais pour les personnes qu’on accompagne. »

Les syndicats dénoncent aussi le blocage des négociations nationales pour des augmentations salariales dans le secteur. Selon Jérome Bardot, « la grève devrait être bien suivie et certains établissements comme des IME (instituts médico-éducatifs, NDLR) seront fermés ». Un rassemblement est prévu à 13h30 place de la République, devant la préfecture du Bas-Rhin, où une délégation sera reçue.

Après trois ans rue du Rempart, le Wagon Souk aux limites de son modèle

Après trois ans rue du Rempart, le Wagon Souk aux limites de son modèle
Lors d’une soirée RBS en 2024.
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Au marché de la Marne, la subtile mais essentielle bataille pour les places

Au marché de la Marne, la subtile mais essentielle bataille pour les places
Le marché du boulevard de la Marne, le 15 mars 2025.

Le marché de la Marne peut représenter pour ses commerçants jusqu’à 70 % de leur chiffre d’affaires hebdomadaire. Reportage aux aurores, quand les marchands se disputent les meilleures places au tirage au sort.

Entre deux conversations, un marchand stressé et frigorifié lâche un : « Allez, sur un malentendu, ça va passer ! » À sept heures, au croisement des boulevards de la Marne et d’Anvers de Strasbourg, une quarantaine de commerçants s’agglutinent autour des placiers depuis vingt bonnes minutes.

Les placiers sont des agents de la ville qui veillent à ce que le règlement des marchés soit respecté. Ils sont aussi parfois amenés à régler les litiges entre commerçants, notamment quand des marchands se disputent quelques centimètres pour agrandir leurs stands. Parmi leurs missions, les placiers procèdent chaque matin à deux tirages au sort pour départager les commerçants ne possédant pas d’emplacements fixes sur le marché.

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Un mois d’avril tonique entre combat de robots, docus militants et La Chèvre

Un mois d’avril tonique entre combat de robots, docus militants et La Chèvre
La salle du Molodoï au quartier Laiterie.

En avril, rien de tel que des projections de docus militants et des robots qui font des étincelles dans une arène. Sans oublier La Chèvre au Molodoï et quelques concerts ! Voilà notre sélection pour les sorties culture du mois.

Un festival pour provoquer des étincelles

Du 1er au 13 avril, la quatrième édition du Curieux festival propose une vingtaine de rencontres et de spectacles autour des sciences, de la transmission des savoirs et de la connaissance dans une douzaine de lieux de Strasbourg dont le Planétarium, le Vaisseau, le Parlement européen ou le Point d’eau à Ostwald.

La bande annonce du Curieux festival 2025.

L’objectif du festival depuis sa création est de mettre en relation des artistes et des scientifiques, en prenant le pari que les premiers peuvent aider à mettre en valeur le travail des seconds. Le résultat donne souvent des productions décalées, étonnantes mais aussi inspirantes et qui permettent de questionner le présent ou l’avenir de manière très concrète. Ce sont aussi de beaux rendez-vous pour intéresser les enfants aux sciences sans qu’ils s’en rendent compte, un truc de daron. Le parrain de cette édition est le chercheur en neurosciences Albert Moukheiber, auteur de Votre cerveau vous joue des tours, mais d’autres stars du savoir sont au programme comme le biologiste Denis Duboule, professeur au Collège de France.

PF

Douceur et mélancolie soul à la Péniche

Il était temps que Joceline livre son premier album et le voici en release party jeudi 3 avril à la Péniche mécanique. L’écrin du navire-cabaret conviendra parfaitement pour se plonger dans Lights in Darkness, une collection de huit titres envoûtants, personnels, bercés entre soul et pop mélancolique.

Apparue à Strasbourg en 2021, Joceline poursuit une carrière discrète mais continue au sein du label #14, à coups de titres millimétrés, accompagnés au piano et au violoncelle et consacrés bien souvent aux émotions que peuvent procurer les détours de la vie. Pour le public, ses concerts forment des bulles ouatées pour s’échapper du bruit du monde, il est difficile de lui dire au revoir.

PF

Robots combatifs au Shadok

Pour son anniversaire, le Shadok ouvre ses portes le 5 avril, de 10h à 22h. L’espace dédié au numérique propose d’assister, voir de participer à une bataille de robots. Il sera aussi possible de créer son propre jeu vidéo sur papier, de tester des jeux indépendants, réparer ses objets cassés, composer de la musique électronique ou encore, tester la réalité virtuelle. Tout au long de la journée, l’ambiance musicale sera assurée par la radio strasbourgeoise Z·Est.

CB

Voyages BTP

Pour se donner de l’énergie militante, le Lieu documentaire propose deux rendez-vous à fort potentiel d’indignation. La première projection est une avant-première programmée le mardi 22 avril à 18h30. La journaliste Raphaële Taquard a filmé des mois durant la mobilisation des habitants de la vallée du Florival contre un projet de zone d’activité économique de 27 hectares. Quant la terre devient béton, c’est un voyage au cœur de la « France moche » où des parkings, des échangeurs et autres magasins de tôle ont remplacé des terres agricoles. La projection aura lieu en présence de la réalisatrice ainsi que son producteur, Laurent Dené.

Le lendemain, au même endroit, un documentaire nous permet d’observer l’éclatement d’une bulle immobilière en Espagne. Bricks, un film du sociologue Quentin Ravelli, s’intéresse à un paradoxe hallucinant : dans un pays où 700 000 familles ont été menacées d’expulsion pour avoir peiné à rembourser leur crédit immobilier, on trouve 5 millions de logements vides. Pour plonger au cœur de cette crise née d’une arnaque, le réalisateur s’est intéressé à la brique, la matière de ces immeubles construits en masse en Espagne, et au système politico-financier à l’origine de la spéculation et de l’effondrement. La projection sera suivie d’un débat avec le réalisateur et la sociologue strasbourgeoise et chercheuse du laboratoire SAGE Anaïs Collet.

GK

Un week-end pour l’édition indé

Pour terminer le mois d’avril en toute beauté militante, quel meilleur endroit que le Molodoï, à la rencontre de La Chèvre du 25 au 27 avril ? Ce « salon d’éditions livresques et musicales » permet à de nombreuses maisons d’édition indépendantes de présenter leurs livres, brochures et autres fanzines. L’occasion de se plonger dans des créations à des années lumières de l’emprise croissante d’un Vincent Bolloré sur l’édition française. Le programme (à retrouver ici) permet aussi de découvrir des livres en compagnie de leurs auteurs et autrices, comme « Le temps des révoltes » avec Anne Steiner le vendredi 25 avril ou encore « T’aurais pas une adresse ? Archives d’une lutte pour l’avortement » en compagnie de membres du collectif d’autrices. Sans oublier une soirée de concerts le samedi 26 avril. Cette dernière permettra notamment d’écouter la douce voix de l’artiste folk Ideekah chantant une douloureuse poésie.

GK

Les arbitres d’Alsace en grève le week-end du 4 avril

Les arbitres d’Alsace en grève le week-end du 4 avril

Suite à la démission d’un arbitre, menacé de mort pendant un match à Strasbourg, une grève de l’arbitrage aura lieu du vendredi 4 au dimanche 6 avril dans toute l’Alsace.

Du vendredi 4 au dimanche 6 avril, il n’y aura aucun arbitre pour les matchs de foot amateur en Alsace. Cette décision historique a été prise dans la soirée du jeudi 27 mars lors d’une réunion sous l’égide de Philippe Durr, président de la commission d’arbitrage du District d’Alsace de football. Elle fait suite à la démission d’Anthony (lire son témoignage), un arbitre alsacien menacé de mort lors d’un match à Strasbourg le dimanche 23 mars. Elle s’inspire aussi de démarches similaires dans d’autres départements, notamment en Indre-et-Loire, où les arbitres protestent également contre la hausse des violences sur le terrain.

Interrogé sur cette grève des arbitres alsaciens, Philippe Durr préfère le terme de « droit de retrait » pour les 850 arbitres du District. Il explique l’initiative :

« Les événements du week-end dernier et la violence croissante autour des stades de foot et sur le terrain nous ont poussés à retirer tous nos arbitres des compétitions du District. De même, nos arbitres désignés sur des compétitions de ligue sont aussi retirés. »

« Il faut aussi des mesures concrètes »

Pour Anthony, l’arbitre qui a démissionné le dimanche 23 mars, cette mobilisation suscite un « sentiment mitigé ». « Mon cas n’est qu’une goutte d’eau qui a fait déborder le vase, continue l’ancien arbitre :

« Cette initiative n’aurait pas eu lieu sans l’exemple de la grève dans d’autres districts [comme en Indre-et-Loire, NDLR]. C’est impossible pour moi de revenir sur un terrain de foot mais j’espère pour les autres arbitres que cette grève pourra les aider. Il faut envoyer ce message mais il faut aussi des mesures concrètes. C’est un travail de long terme qu’il faut mener, à la fois en prévention et en gestion des matchs. Tout le monde est concerné, que ce soit les joueurs, les entraineurs, les arbitres et les supporters. »

Le président délégué du District d’Alsace de football, Marc Hoog, n’avait pas été officiellement informé de cette décision au moment où Rue89 Strasbourg a sollicité sa réaction. Il n’a pas souhaité s’exprimer. Questionné sur le même sujet quelques jours plus tôt, Marc Hoog s’était montré circonspect : « Un week-end sans match ne va rien changer, j’en suis convaincu. Ça ne va pas empêcher ces supporters de revenir foutre le bordel le week-end suivant. »

Élections municipales : Renaissance veut écouter Strasbourg

Élections municipales : Renaissance veut écouter Strasbourg
Bruno Studer et Fabienne Keller ont débuté la campagne de Renaissance vendredi 28 mars.

Le parti macroniste Renaissance s’est doté d’une équipe de campagne pour les élections municipales de Strasbourg et se dote d’une plateforme numérique pour recueillir les idées des Strasbourgeois et des Strasbourgeoises.

Un troisième projet se propose « d’écouter les Strasbourgeois et les Strasbourgeoises » afin de présenter un programme pour les élections municipales de mars 2026. Après « Aimer Strasbourg » de Jean-Philippe Vetter (Les Républicains) et « Strasbourg on y croit ! » de Pierre Jakubowicz (Horizons), voici celui de Renaissance, « Strasbourg, parlons-en ! ».

Bruno Studer, député de la 3e circonscription du Bas-Rhin de 2017 à 2024, est le « pilote » de cette campagne municipale pour le parti macroniste, présenté à la presse vendredi 28 mars avec Fabienne Keller, députée européenne et ancienne maire de Strasbourg de 2001 à 2008. « On veut faire le pari de l’intelligence collective », a-t-il indiqué en introduction, « pour tous les Strasbourgeois qui veulent s’engager dans un projet européen et optimiste ».

La question de la tête de liste viendra après, peut-être en septembre. Car les candidats ne manquent pas, rien qu’à Renaissance Bruno Studer lui-même pourrait y aller, Nicolas Matt également, qui co-préside le groupe des macronistes au conseil municipal, Étienne Loos qui s’était présenté aux élections législatives dans la première circonscription de Strasbourg en juin 2024, voire Fabienne Keller… Et bien entendu, Renaissance devra composer avec Pierre Jakubowicz, encarté à Horizons, une formation politique qualifiée de « partenaire » par Bruno Studer.

« On n’est pas à l’abri d’une bonne idée. »

Bruno Studer, pilote de la campagne municipale pour Renaissance

Mais tout ceci n’est guère important selon Bruno Studer, qui assure que les citoyens de Strasbourg voteront d’abord pour un projet. Celui qui se souvient de la campagne pour la première élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République en 2017 veut refaire le coup d’une « synthèse entre des idées de gauche et de droite ». « On n’est pas à l’abri d’une bonne idée », a-t-il précisé et ce même si elle est de gauche. Fabienne Keller a ainsi pris l’exemple de l’hébergement d’urgence en indiquant qu’il n’est « pas acceptable qu’on laisse des familles dormir à la rue » et en proposant de « mobiliser les logements réservataires du préfet ». Étienne Loos s’est revendiqué comme « issu de la gauche avec des parents enseignants » et s’est demandé si « installer un centre d’hébergement dans un quartier déjà défavorisé comme la Montagne Verte était bien une idée de gauche ? »

Candidats et militants Renaissance sont donc partis à l’assaut des marchés de Strasbourg, jusqu’à l’été, avec cette consultation qui demande « les trois choses que vous aimez le plus dans votre quartier » et celles « qui ne vont pas ». Bruno Studer promet une restitution, peut-être « assistée par l’intelligence artificielle », la nouvelle marotte de l’ancien député. Pour lui, Strasbourg doit être une « ville attractive pour les entreprises de la technologie et de l’intelligence artificielle », une technologie qui pourrait apporter des solutions « pour la circulation à Strasbourg ».

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Accusé de viol, un professeur du conservatoire réintégré après une enquête administrative

Accusé de viol, un professeur du conservatoire  réintégré après une enquête administrative

Accusé de violences sexistes et sexuelles par deux femmes, un professeur de clarinette va être réintégré au conservatoire de Strasbourg après une enquête administrative menée par l’Eurométropole.

En juin 2024, un professeur de clarinette de la Haute école des arts du Rhin (HEAR) et du conservatoire de Strasbourg a été suspendu de ses fonctions. Deux étudiantes ont déposé plainte contre lui : l’une pour violences par conjoint et l’autre pour viol (voir notre article). Jeudi 27 mars, les DNA écrivent qu’il devrait être réintégré suite à une enquête administrative, diligentée par l’Eurométropole de Strasbourg, « qui n’a pas permis de confirmer les faits dénoncés ». Cet employé du conservatoire est mis à disposition de la Hear et ne sera pas réintégré à l’école d’art, précise son directeur Stéphane Sauzedde à Rue89 Strasbourg. Il ne sera donc pas remis au contact d’étudiantes et étudiants à la Hear, étant donné que la décision de l’Eurométropole ne lie pas la Hear.

Des éléments insuffisants

L’enquête judiciaire liée aux dépôts de plainte continue. Côté administration, l’Eurométropole a adressé aux plaignantes les conclusions de l’enquête dans un courrier daté de fin février. La lettre stipule que « les éléments recueillis (…) ne permettent pas d’établir la commission (…), dans le cadre de l’exercice de ses fonctions, de faits pouvant s’apparenter à des faits d’agissements sexistes, de violences sexistes et sexuelles, en particulier, des faits constitutifs de harcèlement sexuel ». Le courrier conclut :

« À ce jour, les conclusions de l’enquête administrative ne permettent pas de justifier, au plan juridique et réglementaire, une révocation, confirme la Hear. La mission de l’agent sera donc adaptée et celui-ci sera placé hors d’un contexte d’enseignement et de face-à-face avec des élèves. »

« L’administration se défausse »

Contacté par les DNA, le Collectif de lutte contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur (Clasches) accuse « l’administration [de] se défausse[r] sur la justice » :

« Au pénal, on doit apporter des preuves. Au disciplinaire, on n’a pas besoin que les faits soient caractérisés. On a juste besoin de savoir s’il y a eu une atteinte au bon fonctionnement de l’établissement ou si un enseignant a manqué à ses obligations. Par exemple, en nouant des relations personnelles avec des élèves. Cela suffit à constituer une faute professionnelle. »

Si les plaintes venaient à aboutir à un procès et à une condamnation, l’Eurométropole pourrait reconsidérer ses conclusions. Du côté du parquet de Strasbourg, l’enquête est toujours en cours.

Jean-Philippe Vetter veut changer le corps électoral de Strasbourg

Jean-Philippe Vetter veut changer le corps électoral de Strasbourg
Jean-Philippe Vetter entouré de commerçants du centre de Strasbourg, jeudi 27 mars 2025.

Conscient des limites du vote de droite à Strasbourg, Jean-Philippe Vetter appelle les artisans et les commerçants à s’inscrire sur les listes électorales de la capitale alsacienne, même s’ils n’y habitent pas.

En démocratie, si vous ne pouvez pas changer de programme, changez de peuple ! C’est la stratégie de Jean-Philippe Vetter, candidat déclaré du parti de droite Les Républicains pour les élections municipales de Strasbourg en mars 2026, présentée jeudi 27 mars à la presse.

Car si Les Républicains oscillent entre Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, et Laurent Wauquiez, ancien président de la Région Rhône-Alpes, les Strasbourgeois évoluent plutôt entre la gauche et le centre-droit. Pour éviter de se faire corneriser par une alliance entre les socialistes et le bloc central, Jean-Philippe Vetter appelle à la mobilisation d’un électorat qu’il estime plus proche de lui : les commerçants et les artisans.

L’appel à 11 000 électeurs potentiels

« Il doit y avoir 9 000 commerçants et environ 2 000 artisans qui travaillent tous les jours à Strasbourg », estime Jean-Philippe Vetter :

« Ils vivent à Strasbourg de 9h à 19h et s’ils habitent dans une autre commune, ils n’auraient pas leur mot à dire sur la politique municipale ? C’est injuste. Je prévois donc de leur faire connaître la procédure qui leur permettra de voter à Strasbourg en mars 2026, pour qu’ils s’expriment sur la politique menée en ville. »

Cette procédure, c’est celle permise par l’article 11 du Code électoral qui permet à toute personne qui paie des impôts locaux sur le territoire d’une commune de s’y faire inscrire sur les listes électorales, même s’il s’agit d’impôts payés à titre professionnel comme la contribution foncière des entreprises.

Car Jean-Philippe Vetter en est persuadé, les commerçants et les artisans ne voteront pas pour Jeanne Barseghian et les écologistes en 2026, même si le centre-ville de Strasbourg n’a jamais autant accueilli de visiteurs selon un bilan présenté en mars par la municipalité. Jean-Philippe Vetter se fait le relais de celles et ceux qui trouvent que le centre-ville s’est dégradé durant le mandat de Jeanne Barseghian, parce qu’il y a trop de mendicité, trop de sans-abris et pas assez de places de parking.

Le quartier cathédrale, ce coupe-gorge

Présent aux côtés de Jean-Philippe Vetter, le directeur de l’Hôtel Cathédrale, Jean-Marc Mura, a ainsi déploré que ses clients ne peuvent plus venir en voiture et qu’ils se font racketter par les mendiants sur le chemin. Antoine Ghiles, qui tient un estaminet rue Mercière, fustige « toutes les règles d’occupation du domaine public » qu’il doit respecter. Un autre commerçant du quartier de la Cathédrale détaille la « peur » d’un couple de venir au centre de Strasbourg avec leurs petits chiens, lui préférant désormais le centre de Colmar…

Tous ont cependant loué la rapidité et l’efficacité de la police municipale lorsqu’ils la sollicitent. Jean-Philippe Vetter a profité de l’occasion pour déplorer que la Ville de Strasbourg ait signé en 2021 la charte pour les droits des personnes sans-abri, qui prévoit que « tout habitat, quelle que soit sa forme, et les biens qu’il comprend, doivent être protégés ». Pour le conseiller municipal, cette charte empêche de faire place nette.

Au conseil de l’Eurométropole : restrictions budgétaires et 85 projets pour les quartiers prioritaires

Au conseil de l’Eurométropole : restrictions budgétaires et 85 projets pour les quartiers prioritaires
La vice-présidente en charge de la politique de la Ville, la schilikoise Nathalie Jampoc-Bertrand.

Lors du conseil du vendredi 28 mars, les élus eurométropolitains devront examiner et voter le budget 2025. Ils s’exprimeront aussi sur une délibération concernant un ensemble de projets pour les quartiers prioritaires de la Ville.

Comme à chaque début de printemps, le conseil de l’Eurométropole doit adopter son budget pour l’année en cours. Ce vendredi 28 mars, le budget proposé pour l’année 2025 sera marqué par « l’effort budgétaire » demandé par l’État aux métropoles. Puis les élus de l’EMS examineront une délibération sur les quartiers prioritaires de la Ville : elle présentera plus de 80 projets proposées pour ces derniers.

16 millions « d’effort budgétaire »

« Nos services font toujours les projections les plus pessimistes possible… Je pense qu’ils ont raison de le faire, parce qu’on a bien vu qu’aucun des exercices budgétaires n’a été simple depuis le début. » Dans une étroite salle de conférence, le vice-président en charge de finances Syamak Agha Babaei expose les grandes lignes du prochain budget. Après la crise du Covid, l’invasion russe et l’inflation, le budget 2025 va être impacté par les restrictions budgétaires imposés par l’État.

Le vice-président en charge des Finances, Syamak Agha Babaei.

« L’impact du projet de loi de finances sur notre section de fonctionnement, c’est 16 millions d’euros », lance l’élu, avant de décomposer cette somme : une « ponction » de 10 millions d’euros sera opérée sur la dotation globale de fonctionnement via le « dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités » (ou Dilico), une cotisation de 2,5 millions d’euros à la Caisse nationale de retraites de agents des collectivités locales et 3 millions d’euros de minoration de la fraction de TVA touchée par l’EMS.

Le budget de fonctionnement de l’Eurométropole s’élève en 2025 à 864 millions d’euros, en hausse par rapport à l’année 2024 (845 millions). La section investissement est également en hausse : le budget s’élève à 490 millions d’euros (dont 317 millions d’euros de dépenses opérationnelles), contre 447 millions l’année précédente.

Nouveaux quartiers prioritaires de la Ville

Plus d’un an après la signature du contrat « Quartiers 2030 » entre la préfecture, l’EMS et une quarantaine de partenaires, le sujet des quartiers prioritaires revient au conseil municipal. Dans une délibération défendue par la vice-présidente en charge de la politique de la Ville, Nathalie Jampoc-Bertrand (PS), l’Eurométropole présentera les projets retenus dans le cadre d’un appel à projet. Pour les 21 quartiers prioritaires de l’Eurométropole, 85 projets ont été retenus. 59 de ces projets sont reconduits en 2025, auxquels s’ajoutent 26 nouveaux projets. La collectivité versera ainsi plus de 700 000 euros pour financer ce programme.

Les projets soutenus sont variés, et concernent à la fois la lutte contre les discriminations, l’accès aux services publics ou la « mobilité durable et apaisée ». L’EMS fournit ainsi une subvention de 5 000 euros pour l’atelier mobile d’auto-réparation Vélostation, 9 000€ pour le Centre d’information sur les droits des femmes, ou encore 7 000€ pour Emmaüs Connect à Hautepierre. Une grande partie des subventions seront fléchées plus spécifiquement sur la formation (52 000€ pour 8 projets) et l’accès à l’emploi (241 000€ pour 18 actions).

Un propriétaire accuse Strasbourg électricité réseaux de fraude

Un propriétaire accuse Strasbourg électricité réseaux de fraude
En avril 2023, Philippe a porté plainte pour escroquerie en bande organisée, procédure classée sans suite en juillet 2024.

Strasbourg électricité réseaux, filiale d’Électricité de Strasbourg, est mise en cause depuis 2023 par un propriétaire particulier qui l’accuse de laisser ses agents intervenir frauduleusement lors des raccordements d’installations au réseau d’électricité.

Philippe est propriétaire d’un studio près du quai des Bateliers. Suite à un dégât des eaux, il décide de le rénover en mars 2023. Mais au cours de cette rénovation, le disjoncteur électrique principal est déplacé sans qu’il en soit informé. Il constate que des normes de sécurité ne sont plus respectées. Plus étonnant encore, il n’a pas de facture de cette intervention, décidée par son aménageur. Et troisième étonnement, des sceaux sont posés sur le disjoncteur électrique, qui ne peuvent être installés que par des agents de Strasbourg électricité réseaux (SER) pour attester de la conformité d’une installation.

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Après un nouveau témoignage, Hervé Polesi conteste les accusations et accepte de démissionner

Après un nouveau témoignage, Hervé Polesi conteste les accusations et accepte de démissionner
Chaises vides lors du conseil municipal du 12 décembre 2023.

Après qu’un nouveau témoignage a mis en cause le comportement d’Hervé Polesi, ce dernier est poussé à la démission par la maire Jeanne Barseghian.

Dans un article publié le 22 mars, France 3 Alsace publie le témoignage d’une nouvelle victime du comportement sexiste d’Hervé Polesi. Cette élue de la majorité écologiste, qui reste anonyme, se déclare « soulagée que [Hervé Polesi] ne soit plus dans le groupe de la majorité » et indique qu’en 2023, l’ancien adjoint à la maire de Strasbourg lui avait proposé « une relation sexuelle, ajoutant que sa femme était au courant et consentante. Il m’a fait remarquer que mes seins avaient gonflé et m’a demandé si j’ai changé de taille de soutien-gorge. À la cantine, il m’a dit que j’en avais plein la bouche, et que j’aimais ça, gourmande que je suis. C’était évidemment, une référence à une fellation. »

Suite à ce témoignage, Jeanne Barseghian s’est déclarée « consternée » sur Facebook dimanche 23 mars et a appelé Hervé Polesi à démissionner de son mandat de conseiller municipal, après l’avoir démis de ses fonctions d’adjoint en septembre, de ses fonctions de conseiller délégué le 13 mars et exclu du groupe majoritaire le 15 mars.

Dans les Dernières nouvelles d’Alsace mercredi 26 mars, Hervé Polesi affirme « contester ce récit » et indique que « tout ce qu’on [lui] reproche est à l’opposé de [ses] valeurs ». Cependant, il annonce qu’il quittera ses fonctions dès qu’il aura « achevé ses échanges avec les personnes dont [il] s’était engagé à célébrer le mariage ».

Hervé Polesi est mis en cause pour un comportement sexiste à la municipalité de Strasbourg mais aussi à l’Université de Strasbourg où des témoignages parvenus à la cellule de lutte contre les violences sexistes et sexuelles ont poussé l’université à mettre en retrait le professeur de sociologie.

Au Temps des féminismes, deux autrices pour éclairer « les silences de l’Histoire »

Au Temps des féminismes, deux autrices pour éclairer « les silences de l’Histoire »
Ludivine Bantigny & Laurie Laufer (

Les luttes des femmes au cours de l’Histoire ont souvent été rendues invisibles par les historiens. Une table-ronde du Temps des féminismes présente deux autrices qui ont travaillé sur ce sujet, Ludivine Bantigny et Laurie Laufer. Rencontre avec la chercheuse strasbourgeoise Sandra Boehringer, chargée de les faire dialoguer.

Maitresse de conférence en histoire grecque et directrice du cours Histoire et études de genre à l’Université de Strasbourg, Sandra Boehringer est également présidente du comité directeur du Groupement d’intérêt scientifique de l’institut du genre au CNRS. Dimanche 30 mars, elle animera une table ronde du Temps des féminismes sur les femmes en lutte avec Ludivine Bantigny, historienne de l’époque contemporaine et Laurie Laufer, psychanalyste et professeure à l’Université Paris Cité.

Rue89 Strasbourg : Comment les femmes et leurs combats ont-ils été invisibilisés au cours de l’Histoire ?  

Sandra Boehringer : Il y a deux aspects dans cette question. Tout d’abord, il y a la réalité matérielle de la vie des femmes au XIXe et au XXe siècle, lorsque la moindre entorse de leur part aux injonctions et aux normes sociales de leur époque (féminité, mariage, maternité) faisait qu’on les considérait comme des folles, des déviantes ou des perverses – celles qu’on appelle « les mauvaises filles », c’est ce que développe Laurie Laufer dans Les héroïnes de la modernité. Et il y a la réalité de leurs mobilisations, dans la rue ou dans les associations, des mobilisations minimisées, peu considérées – parfois même dans leur propre syndicat, parti ou association, c’est ce que développe Ludivine Bantigny dans Nous ne sommes rien, soyons toutes !.

Historienne, Sandra Boehringer Sandra Boehringer est également présidente du comité directeur du Groupement d’intérêt scientifique de l’institut du genre au CNRS.Photo : Anne Mellier

La façon de faire de l’Histoire n’a-t-elle pas longtemps contribué à invisibiliser les femmes une deuxième fois ?

C’est en effet une question de méthode. Comment produire une histoire mixte si l’on ne s’intéresse qu’à une partie de la population ? Si l’on n’accepte pas de formuler un peu différemment ces questions — la question du « travail » par exemple — pour tenter d’intégrer l’ensemble des pratiques et des acteurs et actrices… La discipline historique s’est longtemps désintéressée de ces questions, aux moins jusqu’aux années 1960 mais les travaux des historiens et des historiennes à partir des années 1970 et avec une montée en puissance à la fin du XXe siècle, ont mis en lumière la complexité des événements sociaux.

Aujourd’hui, ces travaux sont parfois décrits comme étant « à la mode » mais c’est exactement l’inverse ! Sur la participation sociale, économique et politique des femmes, il y a des sources nombreuses et importantes à partir desquelles travailler mais on les a longtemps négligées et on n’a pas eu la volonté de les mettre au jour (dans les archives par exemple, mais aussi, pour l’Antiquité, dans la documentation épigraphique. Tout cela a longtemps fait partie des « silences de l’histoire », pour reprendre l’expression de l’historienne Michelle Perrot.

Il y a donc ici une double lutte : celle des actrices et des acteurs de l’Histoire pour les droits et pour l’égalité, mais également celle pour faire en sorte que ces thématiques appartiennent au champ de l’Histoire au sens plein du terme.

On étudie aujourd’hui l’Histoire sous l’angle du genre : comment est née cette approche ?

L’approche avec l’outil du genre est venue enrichir les travaux en histoire des femmes. Le genre est un outil d’analyse transdisciplinaire dans son origine même. Il est né dans le contexte médical des années 1950 et 1960 aux États-Unis pour désigner le sexe social par opposition au sexe biologique. L’historienne Joan Scott en a ensuite fait un outil d’analyse dans le champ des sciences humaines en 1985.

Il s’agit désormais d’aborder les questions de façon plus large, en intégrant hommes et femmes à l’enquête – ce que les sociologues ont un temps, nommé « les rapports sociaux de sexe » – pour ensuite développer l’analyse en termes de domination, et de constructions sociales, politiques et culturelles des catégories sexuelles. Il s’agit de voir comment les sociétés créent des différenciations qui entraînent souvent des hiérarchisations.

Il y a désormais une nouvelle étape dans la méthodologie, c’est celle qui consiste à produire une histoire intersectionnelle. On intègre au questionnement, non seulement les différenciations portant sur les hommes et les femmes, mais également celles qui portent sur les origines géographiques, la langue, la religion, le statut social, le statut économique, la condition de vie, les races, l’ethnie, les identifications sexuelles etc. Enfin, et en articulation avec ces travaux, les études de genre ont fait émerger de nombreuses questions liées aux identités, aux assignations et aux identifications, des questions qui sont également travaillées en psychanalyse.

Ludivine Bantigny et Laurie LauferPhoto : Krebs, Di Crollalanza

Aujourd’hui, la question du genre est de plus en plus présente dans le débat public. Est-ce que cela transforme votre travail de recherche ?

Pour ma part, je travaille sur les questions de genre et de sexualité dans l’Antiquité. Cela peut sembler un peu éloigné de nos questions, mais c’est en fait très intéressant de voir la façon dont se configuraient les catégories de genre et de sexualité dans des sociétés éloignées. L’Antiquité grecque et romaine est un monde « d’avant la sexualité », au sens où les identités n’étaient pas définies par un rapport intime à son sexe et à son désir.

Mes travaux sur la poésie de Sappho m’ont conduite à travailler sur la façon dont on a étudié ces textes érotiques au cours du XIXe siècle jusqu’à nos jours. C’est l’objet de mon livre La sexualité antique, une histoire moderne. Beaucoup de censures, bien sûr, mais aussi des interprétations qui en disent plus sur le siècle des savants que sur les Anciens eux-mêmes. Ce sont des questions qui intéressent énormément les étudiants et les étudiantes d’aujourd’hui. À la faculté des sciences historiques, dans la licence d’histoire, il existe un cours intitulé « Histoire et études de genre » ainsi qu’un séminaire de master. Les étudiants se sont totalement appropriés l’outil du genre, et ils posent des questions plus complexes encore : celles du consentement, de la vulnérabilité et de l’agentivité. C’est un cours que j’aime beaucoup, car j’apprends aussi beaucoup des échanges avec eux, à partir de leurs sujets de recherches. Il y a une forme de joie et d’enthousiasme spécifique à ce domaine, et cela donne l’énergie de continuer sa propre recherche et de la partager.

Arbitre alsacien, Anthony met fin à sa carrière : « Je ne viens pas le dimanche pour être menacé de mort »

Arbitre alsacien, Anthony met fin à sa carrière : « Je ne viens pas le dimanche pour être menacé de mort »
Lors d’un match d’entrainement du Racing club de Strasbourg en 2022

Anthony a porté plainte pour menace de mort lors du match de foot entre l’AS Strasbourg et le JSK dimanche 24 mars. Pour dénoncer une agressivité grandissante à l’égard des arbitres, il a décidé de mettre fin à sa carrière.

À la 38e minute, stade de l’AS Strasbourg à Cronenbourg, dimanche 23 mars. L’arbitre sort de sa poche un carton violet. Anthony siffle ainsi la fin du match et de sa carrière. Autour de lui, dans la tribune, joueurs et supporters manifestent leur incompréhension. Mais l’arbitre alsacien ne reviendra pas sur sa décision. Après avoir entendu des menaces de mort le visant, ainsi que sa famille, il ne peut pas continuer d’arbitrer. L’homme de 35 ans rentre rapidement dans les vestiaires. Deux jours plus tard, toujours sous le choc, il témoigne auprès de Rue89 Strasbourg :

« On m’a dit que je ne sortirai pas vivant du stade. On a menacé ma famille en affirmant connaître mon adresse. J’y pense encore, matin midi et soir. En 10 ans de carrière d’arbitrage, je n’ai jamais arrêté un seul match. Et tout se mélange dans ma tête maintenant : comment peut-on en arriver à des propos d’une telle violence pour un match de Départementale 1 ? Le fait que je porte plainte (contre X, pour injures et menace de mort, NDLR), est-ce qu’il va y avoir des représailles ? Ça dépasse l’imaginable. On ne vient pas à un match le dimanche pour se faire menacer de mort et regarder en rentrant dans le rétro si personne ne me suit jusqu’à chez moi… »

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Rassemblement pour la libération du premier opposant d’Erdogan, jeudi 27 mars

Rassemblement pour la libération du premier opposant d’Erdogan, jeudi 27 mars
Le Conseil de L’Europe, à Strasbourg.

Un rassemblement est organisé devant le Conseil de l’Europe à l’appel de plusieurs organisations turques, jeudi 27 mars. L’objectif est d’alerter sur la situation d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et candidat déclaré à l’élection présidentielle, arrêté le 19 mars.

Depuis une sept jours, la communauté turque a l’œil rivé sur les images de télévision montrant les manifestations monstres en Turquie. Tout s’est embrasé mercredi 19 mars, lors de l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et candidat du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP) à l’élection présidentielle turque. Il sera incarcéré quelques jours plus tard. « J’étais à Istanbul le soir de son arrestation, mon cousin a été incarcéré le même jour », raconte Brice Özkuzusu. En tant que représentant local du parti kémaliste CHP, il souhaite également alerter depuis Strasbourg sur la situation du maire d’Istanbul.

Jeudi 27 mars à 13h15, un rassemblement suivi d’une conférence de presse sera organisée devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg. Elle rassemblera des organisations politiques dont le parti de gauche Dem, le Parti turc des travailleurs et plusieurs maires venus de Turquie. Avant cela, des étudiants turcs partiront ensemble la faculté de droit à midi pour rejoindre à pied le lieu du rassemblement.

« Le Conseil de l’Europe va examiner le sort d’Ekrem Imamoglu le matin même », explique Brice Özkuzusu. « On veut alerter au maximum le Conseil et les autres institutions européennes. » En parallèle, des rassemblements se tiennent tous les soirs à 19h à la place Kléber pour exiger la libération d’Ekrem Imamoglu et des milliers de prisonniers politiques qui l’ont précédé.