Mercredi 27 mars, une trentaine de parents d’élèves du collège la Pierre Polie de Vendenheim n’enverront pas leurs enfants en classe. Avec les professeurs, ils réclament l’ouverture d’une classe de 4e supplémentaire.
Un jour après une grève des enseignants au collège la Pierre Polie de Vendenheim, c’est au tour des parents d’élèves de se mobiliser mercredi 27 mars. Les revendications sont les mêmes : plus de moyens matériels et humains. Rédigé par les associations de parents d’élèves « À l’écoute de nos enfants » (AENE) et « l’Association des parents d’élèves de Vendenheim » (APEV), un communiqué résume le déroulement de la journée. Une trentaine de parents d’élèves se rassembleront dès 8h devant l’établissement pour « la pose symbolique d’un cadenas sur la porte » suivi d’une manifestation « pacifique » dans la matinée.
Trois collégiens de la commune scolarisés ailleurs
Parmi les revendications, les manifestants souhaitent la création d’une nouvelle classe de 4e pour septembre 2024. Valérie Ruhmann de Pardieu, membre de l’association AENE, alerte sur « des classes surchargées » qui rassemble les collégiens des communes de Vendenheim et Eckwersheim :
« Il y a actuellement 91 élèves de cinquième répartis dans trois classes dans le collège. Mes deux enfants sont dans une classe de 31, alors que la moyenne nationale est à 26.
Cette surcharge des classes a évidemment des conséquences pédagogiques. Les élèves sont tellement nombreux qu’il y n’y a parfois pas suffisamment de places assises dans des salles. Trois enfants de la commune sont même scolarisés dans des collèges de Souffelweyersheim et Mundolsheim car il n’y plus de place.
Et cela risque encore de s’aggraver avec la construction de 150 logements sociaux livrés dans les deux communes d’ici 2024 et une centaine supplémentaire d’ici 2025. »
Valérie Ruhmann de Pardieu, membre de l’AENE
En plus d’une nouvelle classe, les parents d’élèves souhaitent le maintien d’une classe de 6e, dont la surpression prévue à la rentrée 2024 augmenterait les effectifs des classes à 30 élèves.
Une soixantaine de rédactions et de sociétés de journalistes signent cette lettre ouverte à destination de la ministre de la Culture, Rachida Dati.
La mise à pied du directeur de rédaction de La Provence, pour une Une interprétée comme une critique du président de la République par des élus locaux de Renaissance, nous alerte. Comme, avant elle, la crise au JDD ou celle des Echos qui dure maintenant depuis près d’un an. Les atteintes à l‘indépendance des rédactions se répètent.
L’avenir nous inquiète à la vue des explications fournies mardi 19 mars aux élus du comité social et économique (CSE) du groupe Altice par Rodolphe Saadé, nouvel acquéreur des chaînes BFM-TV et RMC. Comment ne pas s’alarmer en entendant M. Saadé indiquer à cette occasion qu’il ne « réagirait pas bien » et « le ferait savoir » si un scandale concernant son groupe CMA CGM était dévoilé dans un média dont il est actionnaire, rappelant que pour lui, si l’information existe, « il y a manière et manière » ?
Madame la ministre Rachida Dati, la seule et unique manière de produire de l’information de qualité, vérifiée, sourcée, et honnête, c’est de garantir l’indépendance des journalistes et des rédactions.
Les journalistes servent l’intérêt général
Les journalistes n’ont pas vocation à servir les intérêts personnels, économiques ou politiques des actionnaires de leur média. Ils et elles ne sont pas là pour servir un agenda politique, ou la stratégie de communication du gouvernement.
Lorsque leur indépendance est menacée ou bafouée, ce ne sont pas les intérêts d’une corporation qui sont atteints, mais le débat public, et donc l’intérêt général. Si on ne garantit pas aux citoyens et citoyennes l’accès à une information pluraliste, de qualité, alors nous fragilisons la vie démocratique.
Madame la ministre, vous avez affirmé, jeudi 21 mars lors de votre audition devant la commission d’enquête sur les autorisations de diffusion sur la TNT, que la loi garantissait suffisamment cette indépendance. La mise à pied du directeur de la rédaction de La Provence le lendemain, levée ce lundi 25 mars à la suite d’une grève de la rédaction, a démontré le contraire. Et une mission parlementaire vient de souligner les nombreuses lacunes et faiblesses de la législation actuelle (loi Bloche de 2016). Vous ne pouvez pas l’ignorer.
Que deviennent les citoyens face à des médias sous contrôle ?
Le droit d’opposition et les clauses de cession sont indispensables, mais ils ne sont pas suffisants. Ils permettent aux journalistes de se protéger individuellement, d’avoir une sortie de secours en cas de désaccord. Mais que devient le citoyen lecteur, auditeur, ou la citoyenne lectrice, auditrice, une fois que les journalistes sont partis et que l’actionnaire a tout pouvoir ? Devant quel type d’information se retrouvent-t-ils ? Garantissons-nous leur droit à l’information libre et éclairée ?
L’agenda politique vous offre une occasion d’agir concrètement et immédiatement. Une proposition de loi transpartisane, déposée il y a plus de six mois afin de protéger la liberté éditoriale des médias, vient enfin d’être inscrite à l’agenda parlementaire. Après un examen en commission, le texte sera débattu le 4 avril.
Si plusieurs dizaines d’amendements ont déjà été déposés, aucun n’émane du gouvernement, qui brille par son absence d’investissement sur ce texte. Or la proposition de loi, qui entend donner aux journalistes un droit d’agrément sur la nomination du responsable de la rédaction, est un important premier pas vers le renforcement de l’indépendance des rédactions.
D’autres mesures devront suivre. Les États généraux de la presse indépendante ont formulé, en novembre 2023, « 59 propositions pour libérer l’information » qui dessinent une réforme ambitieuse de la presse. Mais la moindre des choses est de franchir ce premier pas, en soutenant cette proposition de loi.
Il s’agit de défendre et protéger l’intérêt général.
Pour cela, nous, associations de citoyens, citoyennes et de journalistes, et médias indépendants, qui portons ce combat, vous demandons de renforcer la loi pour garantir l’indépendance des rédactions.
Lundi 25 mars, 17h30. Devant le lycée Kléber, les élèves disent s’habituer à ces menaces d’attentat. Plusieurs professeurs critiquent le manque de communication de la direction d’établissement
« Généralement, quand tu veux tuer quelqu’un, tu ne le préviens pas, ironise Bastien, 19 ans, en prépa MPSI (mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur) au lycée Kleber à Strasbourg. J’avoue que je ne suis pas très inquiet. On commence à avoir l’habitude. Des choses comme ça arrivent dans plein de lycées (lire notre article sur les alertes à la bombe d’octobre 2023). » Lundi 25 mars, la direction du lycée Kléber a décidé de fermer l’établissement aux élèves pendant la matinée. Cette décision fait suite au piratage du compte « Mon Bureau Numérique » (MBN) de plusieurs élèves et à l’envoi d’un mail à caractère raciste et terroriste au cours du week-end du 23 mars dans 29 collèges et lycées d’Alsace.
« Je n’y ai pas trop cru »
Au lycée Kléber, où les cours ont repris à 14h, Bastien n’est pas le seul à prendre l’événement avec légèreté. Ludovic, 17 ans, dit n’avoir pas été « spécialement inquiet ». « On n’avait pas beaucoup d’informations, mais j’imagine que c’est normal dans une situation comme ça », résume le jeune homme.
« J’étais surtout content de ne pas avoir cours, avoue Maxime, 18 ans, et puis j’avais confiance en la police. Si nous pouvons revenir, c’est bien qu’il n’y plus de danger ». Lydie, 16 ans, affirme ne pas y avoir cru : « Quand j’ai vu les fautes, je n’ai pas pris le message au sérieux. Ce sont juste des trolls. »
Hugo, 17 ans, a découvert la fermeture sur place :« Comme je suis en classe prépa, je suis rattaché à l’Université de Strasbourg et donc je n’ai pas la messagerie du lycée. Ce sont mes camarades qui m’ont prévenu. Je n’ai pas reçu non plus de mail pour confirmer la réouverture à 14h. »
« Aucune information ne circule »
Du côté des enseignants, le ton est plus critique, et inquiet. « On a aucune information, rien ne circule ici ! », répète un professeur qui, comme ses collègues, préfère garder l’anonymat. « Ils disent que tout va bien mais on sent bien que l’atmosphère est tendue dans l’établissement », rapporte une enseignante.
Une autre professeure réplique :
« On n’a pas d’information du tout. Ce matin, personne n’était là pour expliquer quoi que ce soit. Tout ce qu’il y avait, c’était une voiture de police. Et puis, on reprend à 14h comme s’il ne s’était rien passé. Pas de réunion pour en discuter et s’accorder sur ce qu’on peut dire aux élèves. Tout cela a été vraiment banalisé. »
Valérie, mère d’une élève du collège de Mundolsheim, regrette une communication peu adaptée :
“Ma fille de seconde prend une navette tôt le matin pour partir de Mundolsheim. Si elle n’était pas revenue, je n’aurais pas su qu’il y avait quelque chose. J’ai bien reçu quelque chose sur mon MBN mais je ne consulte jamais cette messagerie le lundi matin. Et puis, je n’ai jamais eu de message qui confirmait la reprise des cours. Ils ne l’ont envoyé qu’aux élèves. C’est quand même moyen. »
L’académie de Strasbourg estime qu’au total 29 établissements ont été touchés par ces menaces d’attentat en Alsace. Une plainte est en cours de rédaction par les deux directeurs académiques des services de l’Éducation nationale.
Lundi 25 mars, les directions de plusieurs établissements scolaires d’Alsace ont décidé de ne pas accueillir leurs élèves suite à l’envoi d’un mail menaçant « d’exterminer les personnes arabes et musulmans ». En Alsace, 30 collèges et lycées sont concernés.
Lundi 25 mars, la direction du lycée Kléber a décidé de fermer l’établissement aux élèves. Cette décision fait suite au piratage du compte « Mon Bureau Numérique » de plusieurs élèves et à l’envoi d’un mail à caractère raciste et terroriste au courant du week-end du 23 mars sur cette messagerie pédagogique.
Le courriel, que Rue89 Strasbourg a pu consulter, menace pour la journée du lundi 25 mars d’une action « pour exterminer toutes les personnes arabes et musulmans présents dans plusieurs établissements dont la (sic) votre. Nous disposons d’armes à feux et avons placé des bombes à certains endroits stratégiques du lycée (…) Soyez prêts, demain sera le début d’un grand massacre. »
En réponse aux parents, la direction du lycée Kléber indique qu’une « équipe de police a travaillé toute cette nuit avec l’aide d’un chien détecteur d’explosifs et est en voie de sécuriser l’ensemble des bâtiments de l’établissement. Par ailleurs, des équipes de police assurent une présence devant l’établissement. »
Dans la matinée du lundi 25 mars, seuls les personnels du lycée Kléber sont autorisés à se rendre sur leur lieu de travail. La reprise des cours y est estimée à 13h40.
D’autres établissements menacés
À Colmar, selon BFM Alsace, les lycées Bartholdi et Blaise Pascal sont aussi fermés pour cause d’une alerte à la bombe. Les DNA signalent eux la fermeture du lycée Marcel-Rudloff de Strasbourg, du lycée Marc-Bloch de Bischheim, du lycée André-Maurois de Bischwiller, de la la cité scolaire Henri-Meck à Molsheim, du collège Leclerc de Schiltigheim, du lycée du Haut-Barr à Saverne ainsi que du collège Frison-Roche de Schirmeck-La Broque pour les mêmes raisons.
Dans un communiqué commun, la préfecture du Bas-Rhin et l’académie de Strasbourg ont indiqué qu’une quinzaine d’établissements scolaires du Bas-Rhin ont été touchés par ces mails malveillants. Les deux institutions précisent que « selon la situation au moment de l’alerte, les élèves ont été évacués, mis en sécurité hors des locaux ou n’ont pas été accueillis afin de permettre la mise en œuvre des procédures de levée de doute. »
Des plaintes de la Région et du Rectorat
La vice-présidente en charge des lycées Christèle Willer a indiqué que la Région Grand Est a déposé plainte pour « usurpation d’identité ».
L’académie de Strasbourg affirme qu’au total 30 établissements ont été touchés par ces menaces d’attentat en Alsace. Une plainte est en cours de rédaction par les deux directeurs académiques des services de l’Éducation nationale.
L’académie de Lille a également été touchée par un piratage des espaces numériques de travail d’une centaine d’établissements dans les Hauts-de-France et des menaces d’attentat. Les lycées y ont ouvert ce lundi 25 mars avec un dispositif de sécurité renforcée. Dimanche soir, le gouvernement a rehaussé le plan Vigipirate à son niveau le plus élevé : « urgence attentat ».
Deux médecins de Metz et Strasbourg témoigneront de leur engagement en faveur des blessés palestiniens à Gaza mardi 26 mars à Hautepierre.
Le médecin réanimateur spécialiste de la médecine d’urgence et de guerre Raphaël Pitti sera à Strasbourg mardi 26 mars à 20h, au centre socio-culturel du Galet à Hautepierre. Fondateur de l’ONG Mehad, il revient d’un engagement à l’hôpital européen de Gaza en Palestine, où il a soigné dans des conditions extrêmement précaires des Palestiniens subissant les bombardements continus de l’armée israélienne, répliquant à l’attaque du Hamas du 7 octobre.
« La masse des patients à prendre en charge souffre de pathologies aiguës et saisonnières. Du fait des conditions d’hygiène catastrophiques, il y a énormément de problèmes respiratoires, de maladies liées au froid, à l’humidité, au manque d’eau, de toilettes, de nourriture et on fait face à de multiples infections. Puis, à chaque bombardement on reçoit une vague de blessés et de morts. Il y a également de nombreuses victimes par des tirs de snipers, notamment des femmes et des enfants. Elles sont le plus souvent visées à la tête, parfois à l’abdomen et arrivent encore en vie. »
Le Dr Raphaël Pitti sera accompagné par le Dr Jubran Durbas, chirurgien vasculaire aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, et membre de l’ONG Mehad. Pour l’association PalMed, il a également été engagé à Gaza. Jubran Durbas est par ailleurs réfugié de Syrie.
Les terres agricoles occupent un peu plus de 40% de la surface de l’Alsace. Elles servent majoritairement à alimenter des usines d’amidonnerie et produisent peu de fruits et légumes.
La « souveraineté alimentaire » est souvent invoquée, par les élus de droite et des syndicats agricoles comme la FNSEA, pour justifier la nécessité de débrider la production et d’abaisser les normes environnementales. Cette expression floue laisse entendre que le but recherché est l’autonomie alimentaire, que le modèle agricole conventionnel serait indispensable pour permettre à la population de se nourrir.
Mais que produit, concrètement, l’agriculture alsacienne ? Est-ce vraiment un système qui engendre des productions indispensables à la population ? Pour répondre à cette question, Rue89 Strasbourg a compilé les dernières données disponibles, datées de 2022, publiées par le ministère de l’Agriculture. Pour chaque département, les surfaces occupées par les différents types de culture et les quantités produites sont disponibles.
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Trois membres du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), en lutte contre la construction d’une autoroute entre Castres et Toulouse, occupent des arbres près de la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg. Ils veulent rendre visible une requête dénonçant des mauvais traitements des forces de l’ordre.
Dimanche 24 mars vers 13h, trois membres du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) sont montés dans deux peupliers en face de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), au niveau de l’arrêt de tram éponyme à Strasbourg.
Ces « écureuils », Raoul, Petitjean et Kiwi, comme ils se surnomment, âgés d’environ 30 ans, sont venus du Tarn pour accompagner une requête en référé de la CEDH, visant à faire condamner la France pour les traitements infligés aux militants s’opposant par leur présence perchée à la construction d’une autoroute entre Castres et Toulouse depuis plus de deux mois.
Mauvais traitements
« Les gendarmes ont allumé des lumières stroboscopiques, pour empêcher les écureuils de dormir, indique Raoul, l’un des militants perchés à Strasbourg. Un seul ravitaillement a eu lieu en 39 jours d’occupation. En les privant de sommeil et de nourriture, l’État a mis la vie des militants en danger. »
Une première requête déposée devant la CEDH le 29 février n’avait pas été suivie d’effets, mais elle avait permis de débloquer une distribution alimentaire, selon le militant. Sur le site du bois de la Crémade dans le Tarn, les derniers « écureuils » ont accepté de descendre dimanche de leurs arbres centenaires, après une indication de l’Office français de la biodiversité que ce lieu ne pouvait pas être défriché avant le 1er septembre.
Les trois « écureuils » à Strasbourg n’entendent cependant pas descendre de leurs peupliers. D’autres actions similaires ont eu lieu auparavant à Paris, devant le ministère de la Transition écologique, et à Bruxelles, devant les institutions européennes.
Près de 200 personnes se sont mobilisées samedi 23 mars contre la construction d’un stade de biathlon sur une forêt du Champ du Feu, dans les Vosges alsaciennes. Parmi elles, des habitants du coin, médusés de découvrir un tel projet.
Un vent glacial souffle sur les chaumes du Champ du Feu, ce samedi 23 mars. Venus pour marquer leur opposition à l’édification d’un nouveau stade de biathlon, la plupart des quelques 200 manifestants décident finalement de s’abriter dans le chalet refuge du Département pour casser la croute.
C’est ce même Département, la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), qui planifie la construction et l’extension de plusieurs infrastructures dans les environs, pour huit millions d’euros d’argent public. La moitié serait destinée à la création d’un équipement pour les biathlètes (les détails à retrouver dans notre précédent article), dont la discipline cumule le ski de fond et le tir à la carabine. Un ancien stade daté des années 80 et peu utilisé existe déjà en aval.
Des membres des trois collectifs organisateurs de la mobilisation, le Chaudron des Alternatives, Vallée Debout et l’association Nature et Vie, enchainent les prises de parole pour démontrer l’absurdité du projet. « Ils veulent construire 30 postes de tir. Il y a 28 licenciés biathlètes au total dans le Bas-Rhin », rappelle Pascal Lacombe, porte parole du Chaudron des Alternatives.
Une communication publique discrète
« À entendre les élus, on dirait qu’il n’y a que le tourisme comme activité possible dans la région, lance Lucie au micro… Cet argent servirait plus pour garantir l’accès au logement à tout le monde, ou soutenir l’emploi local pour qu’on ne soit pas obligés d’aller jusqu’à Strasbourg pour travailler. »
Christian, habitant de Bellefosse, commune voisine du Champ du Feu, dénonce un manque de transparence des élus :
« La CeA dit qu’elle a fait toutes les communications dans les règles : trois annonces dans des journaux, des affichages dans les communes et des informations sur son site. Qui est-ce qui a eu connaissance du projet de cette manière ? »
La salle répond par des rires copieux. Beaucoup affirment en avoir entendu parler grâce au réseau militant et associatif, qui l’a exposé dans les médias et a diffusé l’information par mail, malheureusement seulement après la fin de la concertation, qui a duré un mois entre juin et juillet 2023. « Tous les maires auraient dû organiser des réunions publiques », estime Christian. Ses cheveux longs et sa boucle d’oreille lui donnent une allure de rebelle comme on en trouve peu dans les alentours.
La peur de s’opposer
Le matin même, Frédéric Bierry, président de la CeA, est venu échanger avec les opposants. Une démarche bienvenue même si « c’est difficile de l’interrompre », relate Christian, un brin amer. « C’est ça la démocratie aujourd’hui », conspue Nicolas, 39 ans et résident de Grendelbruch :
« T’as des élections qui sont des chèques en blanc, et ensuite en tant que citoyen tu ne peux plus mettre le nez dans les affaires. Les élus nous font leur langue de bois, mettent un tampon écoresponsable et organisent des enquêtes publiques qui ne servent à rien sauf à donner son avis, mais ils font ce qu’ils veulent à la fin. »
Des manifestants sortent du refuge et installent une mise en scène de piste sans neige. Les participants sont invités à l’emprunter en mimant une descente ratée. Certains sont vêtus de combinaisons de ski, pour mieux symboliser l’aberration d’un programme de sports d’hiver alors que la neige manque de plus en plus chaque année dans les Vosges. Des écologistes strasbourgeois d’organisations telles qu’Alternatiba ont fait le déplacement pour soutenir la mobilisation.
Claire vient de Belmont, un autre village tout proche. Elle est bénévole dans un bistrot associatif qui accueille entre 25 et 50 fêtards tous les vendredis soirs. « Quand on en parle avec les gens, ils sont souvent contre mais ils ont peur de s’y opposer, constate t-elle. C’est le problème dans les zones comme ça, où tout le monde se connait. Même si on l’aime bien, quand le maire est là, plus personne ne parle du stade de biathlon parce qu’on sait qu’il est pour ».
Une enquête publique en 2025 ?
Elle déplore, à l’instar de Véronique venue de Mollkirch, ou de Viviane de Breitenbach, « un projet du passé, une mentalité qui considère qu’on a le droit d’utiliser la nature ». « C’est incroyable qu’ils veuillent encore bétonner la montagne aujourd’hui », souffle Véronique.
Matthieu, de Sélestat, pratique le ski de fond au Champ du Feu. Mais cela ne l’empêche pas de contester le stade de biathlon : « Il n’y a jamais personne quand je passe à côté du stade existant. »
La partie du groupe la plus résistante au froid se dirige ensuite vers l’emplacement prévu du futur aménagement, à une demi-heure de marche. S’il neige par intermittence dans l’après-midi, les pistes de la station du Champ du Feu restent désespérément vertes. Une chorale féministe venue de Saint-Dié-des-Vosges entonne des chants sur le chemin.
Arrivé devant les arbres qui pourraient être rasés, Pascal Lacombe désigne la lisière de la forêt. « J’espère qu’on arrivera à la sauver », lance une femme, le bonnet enfoncé sur le front.
Si la concertation s’est terminée à l’été 2023, la Collectivité européenne d’Alsace assure que le projet peut encore être remanié. Elle envisage de soumettre sa version finale à une enquête publique en 2025. Les opposants ont encore du temps pour infléchir les plans du Département.
Apollonia, association d’échanges artistiques européens, fête ses 25 ans. La structure mène des actions visant à mettre en valeur des artistes issus d’Europe ou d’ailleurs. L’occasion de revenir sur les valeurs et les projets d’un centre d’art qui se bat toujours pour exister sans renoncer à son autonomie ni à son indépendance.
En parcourant les archives d’Apollonia, l’origine de sa création apparait très vite : une envie d’Europe, mais une envie à la fois forte, originale et innovante. Dimitri Konstantinidis, 64 ans, directeur de l’association, le précise : « La chute du mur de Berlin en 1989 a été le démarrage symbolique de nos idées d’actions : l’objectif était d’effacer la distinction loufoque entre les deux pôles (l’Est “mauvais” et l’Ouest “bon”). Les projets s’articulaient avec un même fil conducteur et des volontés claires : faire coopérer les artistes et montrer des démarches artistiques inédites à travers l’Europe. »
Apollonia est mobile, volatile et même… nomade ! Elle aurait pu s’installer n’importe où en Europe. Pourtant, elle s’est posée à la Robertsau en 2018, dans une ancienne ferme d’élevage de taureaux. Sa situation géographique est assez stratégique pour « jouer un rôle d’intermédiaire entre le quartier historique et les institutions européennes ». Comme le précise Dimitri Konstantinidis, « contrairement aux structures qui ne dépendent que d’une ville ou d’une collectivité territoriale, le fondement de notre existence c’est la coopération européenne ». Pour le directeur d’Apollonia, « afin d’aller vers une véritable mobilité, l’idéal serait même la création d’un système associatif européen… »
Des projets mobiles, une association nomade
Après huit années d’existence à la Robertsau, il se réjouit des travaux de rénovation que la Ville de Strasbourg va entreprendre et exprime sa crainte pour le devenir de l’espace qu’occupe la galerie, qui doit être rasé en 2026 en même temps que débuteront des travaux d’extension de l’École européenne.
Chez Apollonia, les projets se déplacent : la mobilité est une notion fondamentale. L’échange, la rencontre et la coopération ne sont possibles que si l’artiste et les œuvres peuvent se déplacer. L’association s’engage pour une Europe unie, à travers des cycles qui rassemblent des artistes originaires d’un même pays ou d’une même ville. Ainsi Rencontrer l’Europe avec la Lettonie, Chypre, la Hongrie, ou E-Cité avec Bucarest, Gdansk, Réthymnon, etc. « On s’adaptait aux spécificités des villes, explique Dimitri, un bateau militaire qui sillonnait la Mer Noire pendant deux mois ou même dix remorques de camions investies par dix artistes originaires de pays différents. »
Pour les Chemins de l’Europe en 2002, le musée était remplacé par le camion, symbole de mobilité et de rencontre. Après avoir investi la place de la Gare, cette opération s’est intégrée dans la cour du Parlement européen. Apollonia cherche à prouver que l’art contemporain dépasse les formats, mais aussi les époques… avec des expositions parfois plus historiques. « Pour la Lettonie, lors d’une visite à la mairie de Riga, nous avons constaté l’ampleur merveilleuse du fonds d’affiches lettonnes et celles-ci ont donné lieu à une exposition à Strasbourg », se souvient Dimitri Konstantinidis.
24 pays visités, des centaines d’artistes rencontrés
Le voyage provoque ses surprises et, visiblement, c’est le meilleur moyen pour accéder aux travaux d’artistes peu connus en France. Pour Dimitri Konstantinidis, « la seule méthode valable est de sortir des réseaux institutionnalisés – qui évidemment jouent un rôle – en allant rencontrer des artistes dans leurs contextes. En quatre à cinq jours de voyage, on rencontre du monde et on tente de ne pas louper la scène artistique du pays ! » Résultat : pendant les deux ou trois premières années, l’association a visité 24 pays et ne compte plus les centaines d’artistes rencontrés dans leurs ateliers.
Apollonia rapproche des artistes issus de pays en conflit, même lorsque cela semble inconcevable. Un artiste arménien et un artiste azéri, une jeune femme artiste palestinienne et un artiste israélien, entre autres ont vécu ces rapprochements. Dimitri Konstantinidis explique :
« Il y a ici toute une série de projets où l’aspect purement esthétique n’est plus dissocié des principes qui font la démarche d’un artiste, lui-même toujours inclus dans un contexte socio-politique. Avec le cycle « Dialogues », nous faisions appel à des artistes issus de pays en conflit pour une exposition commune. Ce ne sont pas des rapprochements anodins ! Chaque fois, c’est un risque à prendre. Mais cela se passe bien, les artistes trouvent des arrangements. »
Apollonia n’exclut pas les artistes alsaciens ou strasbourgeois. « Si on voit qu’il y a une idée qui correspond à notre ADN, à notre manière de concevoir la démarche artistique dans la cité, c’est avec plaisir qu’on se lance dans un projet ! », assure Dimitri Konstantinidis. En 2023, lors de l’exposition des artistes iraniennes qui se battaient pour la liberté, la vidéo d’une artiste d’Iran vivant à Strasbourg ressortait… Pour Dimitri Konstantinidis, c’était « difficile à justifier mais sa proposition artistique rentrait dans le concept du projet et nous touchait, alors c’était suffisant ».
L’environnement interrogé au quotidien
Apollonia, c’est aussi la nature, l’urbanisme, la cité. Après Rencontrer l’Europe et E-Cité, Artecitya a marqué un nouveau cycle d’opérations en 2014 avec des projets plus théoriques. « Ce n’est finalement qu’une une progression naturelle vers des questions qui s’affinent, notamment car les artistes eux-mêmes avancent ! », précise Dimitri. En effet, Artecitya s’attardait sur le rôle de l’artiste dans la cité, Vivacité concernait davantage le rôle du végétal vivant dans la cité, tandis que Vital correspondait à la participation citoyenne, aux énergies renouvelables, aux ré-emplois des matériaux…
Tag végétal, église protestante rue de l’Ill, 2022Photo : Apollonia Elparo, Et qui libre ?, depuis avril 2021 rue Boecklin à la Robertsau, dans le cadre de VivacitéPhoto : Apollonia Klitsa Antoniou, Chroniques viridiennes, depuis 2023 parc de la Petite Orangerie, dans le cadre du projet VITAL Photo : Apollonia
Les thématiques environnementales évoluent et, surtout, s’aiguisent au fil des années. Dimitri Konstantinidis tente de l’expliquer :
« Les gens s’intéressent au contexte environnemental et social. Cette volonté participative témoigne d’une sensibilité pour des questions qui sont souvent évacuées. Et les artistes s’emparent de ces problèmes. En allant dans l’espace public, ils font déjà preuve d’engagement ! Un fil conducteur traverse alors les projets qui progressent en prenant en considération les démarches des artistes. »
Les actions artistiques menées poussent à s’interroger, à adopter une autre posture, à développer un autre regard, à s’engager aux côtés des artistes. Se promener par exemple, cela peut paraître anodin. Avec Vivacité, « nous cherchions à appréhender la ville avec une vitesse qui n’est ni celle de la course, ni celle du vélo, ni celle des transports afin d’interroger le rapport de l’individu à son environnement ». Dimitri Konstantinidis constate « qu’en marchant, notre regard est autre : nous pouvons voir des tas de choses et se faire une nouvelle idée de la ville ».
Le jardin participatif et artistique, situé dans le prolongement du site de la Robertsau, témoigne de cette volonté de « sortir de l’espace intérieur pour aller vers la cité ». En plus d’être une zone d’expérimentation pour les artistes, « c’est comme un tremplin vers l’extérieur, un moyen d’ouvrir notre opération à un plus grand public », explique Dimitri Konstantinidis.
Vue de l’exposition « Véra Molnar – Promenades Aléatoires », 2021-2022, à l’espace ApolloniaPhoto : Apollonia Vue de l’exposition « À un cheveu près, Babak Kazemi – Maryam Firuzi », premier volet de l’opération Photographie contemporaine iranienne, 2023, à l’espace ApolloniaPhoto : Apollonia
Et aujourd’hui ?
Créée en 1998, l’association s’est attachée à conserver ses valeurs, faire évoluer ses projets et tout ça, au rythme des préoccupations politiques. En observant ce qu’elle est devenue, Dimitri Konstantinidis affirme :
« Nos principes fondamentaux sont restés les mêmes : création innovante, artistes engagés qui viennent de partout sans se poser la question de la localisation, démocratie, écologie, citoyenneté. Mais, les engagements se sont précisés. Nous réagissons aux propositions artistiques, en les accompagnant aussi bien que l’on peut. On considère que lorsqu’une discussion s’opère autour de sujets concrets, à partir des œuvres, on peut déclencher des prises de conscience. »
Alors que l’unité européenne est toujours en débat, Dimitri Konstantinidis et son équipe poursuivent leurs actions dans l’espoir de ne plus avoir à exister le jour où l’Europe sera devenue banale dans la vie des Européens. Sans relâche, ils montrent que l’art contemporain a un rôle à jouer pour la démocratie, la liberté et l’ouverture à l’autre.
Vue de l’exposition « En Découdre ! », installation de Philippe Jacq, Mars 2024Photo : Apollonia
Étudiante en Master Écritures critiques et curatoriales de l’art et des cultures visuelles, ses champs d’étude sont orientés d’une part, vers l’art sonore et d’autre part, vers la photographie engagée.
Nouvelle formation strasbourgeoise, Dandy Beatnik sera au centre socio-culturel du Fossé-des-Treize mardi 2 avril pour son premier concert. Un mélange de folk et d’electro, de frime et de tentatives bienvenu.
À 44 ans, Matthieu Mary n’en est pas à son premier groupe. Après Enneri Blaka, le musicien à la coiffure la plus célèbre de Strasbourg avait amorcé Montgomery, un duo pêchu mais dont l’envol a été brisé par la cloche du covid. Le revoilà avec un peu moins de cheveux sur le crâne mais un nouveau projet : Dandy Beatnik.
Associé au batteur Samuel Klein et à Coralie Vuillemin aux claviers et au chant, l’ensemble propose un mix de pop-folk, avec une bonne dose d’electro sur une rythmique blues ou rock. C’est vibrant, chaleureux, souvent entraînant.
Sleepwalker, clip réalisé par Marc Linnhoff.
Une naissance dans la douceur
Et c’est aussi très léché pour un groupe qui vient de naître. Normal, puisque les mélodies se sont empilées dans les placards de Matthieu Mary pendant deux ans avant de trouver leurs interprètes… « J’ai 22 titres disponibles, confie le musicien. On pourrait presque sortir un double album mais on va plutôt dévoiler un titre par mois et les rassembler dans un premier album dans un an. »
Issus du cerveau fertile et du studio de Matthieu Mary, ces titres sont confrontés aux améliorations de Samuel Klein et de Coralie Vuillemin avant d’être proposés au public. « C’est magique, les chansons se transforment presque complètement à leur contact et deviennent bien meilleures », note Matthieu Mary qui laisse de grandes marges d’évolution à ce projet. « Je ne sais pas où ça va et c’est ce qui me passionne », dit-il.
I’m going back home (live).
Entièrement autoproduit, le groupe se laisse désormais porter par la chance et le public. « Je me suis enfermé pendant des mois en studio pour écrire ces chansons, maintenant j’ai envie de les voir voyager », indique Matthieu Mary sans plus d’explications.
Le concert au centre socio-culturel du Fossé-des-Treize mardi 2 avril est le premier du groupe. Un retour aux sources pour Matthieu Mary, qui a donné le premier concert de sa vie de musicien au même endroit. C’était le début d’une carrière qui compte déjà trente années. Dandy Beatnik se verrait bien en première partie d’un groupe comme d’Arcade Fire, ce qui arrivera sûrement avant 30 ans.
L’association surveillant la qualité de l’air du Grand Est (Atmo Grand-Est) a présenté son bilan annuel sur la pollution atmosphérique. Si elle note une amélioration en 2023, l’air des villes alsaciennes reste de moins bonne qualité que celui des autres agglomérations du Grand Est.
« C’est encourageant, il faut continuer dans cette voie. » Le directeur général d’Atmo Grand Est, Étienne Koszul, estime que « nous sommes dans une tendance globale de diminution de la concentration de polluants. 2023 a été une année d’amélioration significative ».
Comment expliquer ces bonnes nouvelles ? Un parc de véhicules électriques qui se développe, un changement dans les comportements, une rénovation énergétique des logements qui progresse, mais surtout des « éléments plus conjoncturels comme la mise en service du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg ou des épisodes de précipitations qui ont lessivé l’air », avance-t-il.
Une baisse de presque tous les polluants
En 2023, la concentration des polluants, les gaz comme les particules, a donc diminué dans le Grand Est sauf pour l’ozone. « On peut l’expliquer par l’augmentation des températures liées au réchauffement climatique. L’ozone a besoin de rayonnement solaire pour se former », souligne Étienne Koszul.
Autre conséquence du réchauffement climatique, l’indice pollinique annuel (le nombre de grains de pollens) a fortement augmenté. Il est 1,75 fois plus élevé en 2023 qu’en 2007 dans la région. Sur le site de Strasbourg, il est même quatre fois plus élevé en 2023 qu’en 2007. Une donnée « inquiétante » d’autant que les estimations prévoient que 50 % des Français y seront allergiques en 2050, du fait d’un printemps qui « commence plus tôt, dès la mi-février ».
L’indice de qualité de l’air moins bon en Alsace
Le cas du pollen n’est qu’un exemple des résultats alsaciens plus mauvais que le reste de la région. Selon l’indice Atmo, la ville de Strasbourg n’a connu que trois jours d’indice « bon » sur l’année, pour 249 jours « moyens », 55 jours « dégradé », 58 jours « mauvais » et zéro jour « très mauvais à extrêmement mauvais ». À Haguenau (3, 256 jours moyens, 63, 43, 0, 0), Colmar (3, 251 jours moyens, 65, 46, 0, 0), Mulhouse (3, 261 jours moyens, 61, 40, 0, 0) et dans l’agglomération de Saint Louis (2, 259 jours moyens, 61, 43, 0, 0), les chiffres restent plus faibles que le reste de la région où l’indice « bon » tourne autour de dix jours et l’indice « mauvais », autour de vingt jours.
Une différence qu’Étienne Koszul explique par la topographie de l’Alsace :
« La façade alsacienne possède un air de moins bonne qualité, car il y a une stagnation des polluants dans un couloir Nord-Sud. Les Vosges à l’Ouest et la Forêt-Noire à l’Est, sont deux barrières naturelles qui empêchent la circulation de l’air. Si on rajoute à ça l’aspect transfrontalier et la densité géographique, on obtient ce résultat. »
Étienne Koszul, directeur général d’Atmo Grand Est
En 2023, les valeurs cibles en quantité de polluants dans l’air n’ont été dépassées que six fois pour de l’ozone. Les sites concernés sont ceux d’Haguenau, Starsbourg par deux fois, Colmar, Mulhouse et dans les Vosges du Nord.
Vers une nouvelle réglementation européenne
Si ces chiffres paraissent inquiétants, la qualité de l’air est globalement en progrès en Alsace. « Il y a une amélioration mais il ne faut pas relâcher la pression », résume Étienne Koszul. Un conseil suivi par l’Eurométropole de Strasbourg (EMS). Si Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a annoncé mardi que Strasbourg ne figurait plus parmi les Zones à faibles émissions censées interdire les véhicules Crit’Air 3 à partir du 1erjanvier 2025, l’exécutif de l’EMS a choisi de maintenir son calendrier d’interdiction des véhicules les plus polluants. Strasbourg, comme Mulhouse, deviendra un territoire de vigilance ZFE à partir du 1er janvier 2025.
Étienne Koszul rappelle toutefois que si la ville est passée en moyenne sous le seuil des 40 microgrammes par mètre cube de dioxyde d’azote, elle est encore loin de la valeur guide de l’Organisation mondiale de la santé (10µg/m3).
Une nouvelle réglementation doit être adoptée par l’Union européenne avant les élections de juin et prévoit de rendre les valeurs cibles plus strictes à l’horizon 2030. Par exemple, pour le dioxyde d’azote, les valeurs limites annuelles doivent être réduites de plus de moitié, passant de 40 μg/m3 à 20 μg/m3. Avec cette réglementation, près de 225 000 habitants du Grand Est vivraient dans une zone dépassant les valeurs limites en dioxyde d’azote contre moins de 500 en 2023.
Le procès se tient dans la salle d’audience « des grands procès », construite à l’origine pour le procès des attentats du 13 novembre 2015. Elle peut accueillir 500 personnes dans le public.Photo : Maud de Carpentier / Rue89 Strasbourg
Depuis mercredi 20 mars, la Cour d’assises spéciale de Paris donne la parole à Audrey Mondjehi dans le cadre du procès de l’attentat de Strasbourg. L’occasion d’entendre celui qui est accusé d’avoir aidé Chérif Chekatt à se procurer le revolver de l’attentat du 11 décembre 2018. Des auditions qui ont laissé apparaître un homme au profil violent, multi-condamné, au discours imprécis et changeant.
De ses différents petits boulots à ses adresses, en passant par l’âge de ses enfants… Tout est flou dans le passé d’Audrey Mondjehi, accusé d’assassinat et de tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, dans le cadre de l’attentat du 11 décembre 2018 à Strasbourg. Il encourt la perpétuité. La présidente de la Cour d’assises spéciale de Paris, ainsi que les avocats des parties civiles ont tenté, pendant deux jours, d’y voir plus clair. En vain.
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Maya Mihindou, « Fondation d’un système énergétique féministe d’après Cara New Daggett, réhaussé des propositions de Solange Fernex, Fatima Ouassak et Vandana Shiva », 2024
Du 16 février au 28 avril, l’exposition « Power Up, imaginaires techniques et utopies sociales » à la Kunsthalle de Mulhouse dévoile les œuvres de 10 artistes qui remettent en cause la vision des infrastructures d’eau, gaz, assainissement, électricité… Par le biais de l’histoire des résistances et des luttes, la Kunsthalle fait revivre des réseaux d’énergies invisibles.
Issue d’un commissariat d’exposition collectif, « Power Up »construit un axe de réflexion autour des énergies qui font vivre nos quotidiens tout en s’efforçant d’interroger leurs imaginaires. Fanny Lopez, historienne de l’architecture et des techniques, Géraldine Gourbe, autrice, philosophe et commissaire d’exposition, ainsi que Sandrine Wymann, directrice de la Kunsthalle et commissaire d’exposition se sont associées pour dépeindre les infrastructures d’un nouvel angle et tenter de changer les regards qui y sont portés.
L’exposition est imaginée tel un cheminement en trois chapitres. Un premier groupe d’œuvres s’attache à contester « l’ordre électrique et ses imaginaires ». Ensuite, « le mythe et le culte du nucléaire » sont remis en question par le biais des résistances et des luttes. Puis l’exposition s’achève sur une critique féministe des techniques et sur la réappropriation du champ de l’ingénierie par les femmes artistes.
Déconstruire l’omnipotence de l’ordre électrique
L’exposition s’ouvre sur une « carte mentale » mise en image par Jérome Saint-Loubert Bié, qui retrace une histoire alternative des techniques qui apparaissent dès la fin du XIXe siècle. Des images d’archives s’y entremêlent, mettant en exergue des projets d’architecture et d’ingénierie oubliés, desquels la fresque tire son nom : « Les outsiders de l’infrastructure ».
Vue de l’exposition « Power Up, imaginaires techniques et utopies sociales », 2024 | Jérôme Saint-Loubert Bié, Tomi Ungerer, Jessica Arseneau
De l’autre côté de cette cartographie, le dessin d’une centrale introduite dans un environnement utopiste réalisée par Claude Parent tapisse le mur comme le feraient les motifs d’un papier peint. Ces reproductions répondent aux trois photographies de Jürgen Nefzger, exposées sur le même mur. Tirés d’une série de 75 images, ces paysages bucoliques et harmonieux plongent les spectateurs et les spectatrices dans une certaine sérénité, qui se veut pourtant troublée par la présence, presque cachée, des centrales nucléaires. Celles-ci sont esthétisées par le photographe, qui souligne leur omniprésence, quelque soit le paysage qui les accueille. L’étrangeté de ces cartes postales évoque la dépendance, presque malsaine, que nous entretenons envers ces structures, que nous acceptons pourtant, par habitude ou par commodité.
Claude Parent, « Un nouvel état du paysage », 1975Vue de l’exposition « Power Up, imaginaires techniques et utopies sociales », 2024 | Jürgen Nefzger, série « Fluffy Clouds », 2003-2005 – sur une tapisserie réalisée à partir d’un dessin de Claude Parent
Une histoire des résistances
Le parcours de l’exposition se poursuit par un tour d’horizon de l’histoire des luttes antinucléaires : dès les années 1970 des résistances de plus en plus radicales se déploient, via des collectifs qui se forgent rapidement.
L’installation de Hilary Galbreaith met ces problématiques en lumière, en questionnant les imaginaires techniques et sociaux qu’elle concilie avec la question des activismes féministes. Dans sa vidéo haute en couleur et volontairement absurde, l’artiste rend hommage à celles que l’on appelait les « Guêpes de Fessenheim », un groupe de trois femmes qui se sont mobilisées contre l’installation de la centrale nucléaire de Fessenheim dans les années 1970 (voir « Les femmes de Fessenheim »).
L’artiste les met en relation avec les hôtesses de la centrale de Chinon. Recrutées spécifiquement par EDF pour accueillir et accompagner le public dans leur visite du site nucléaire, elles avaient pour objectif de participer à sa promotion. Dans l’imaginaire collectif, la présence de femmes sur un site confère intrinsèquement une certaine douceur à celui-ci, le rendant plus accueillant et chaleureux.
Vue de l’exposition « Power Up, imaginaires techniques et utopies sociales », 2024 | Hilary Galbreaith, « Atomes », 2024
Un peu plus loin, « Ganthophonie »de l’artiste Carla Adra occupe le sol de l’espace d’exposition : des mains en béton émergent tel un hommage à Solange Fernex, pionnière des luttes écologistes et féministes. Elle disait elle-même que la terre était le fondement de sa force de vie : c’est elle qui l’encourageait à combattre, d’où la présence de ces mains dressées vers le haut.
Avec cette œuvre, Carla Aura et la Kunsthalle s’attachent à faire passer Solange Fernex de la mémoire à l’histoire : il est question de transmettre aux plus jeunes l’histoire encore trop oubliée de cette figure d’une lutte pacifique, qui fut souvent joyeuse et festive. La militante, déployée dans l’espace d’exposition par un portrait collectif, devient la preuve d’un lien entre luttes anti-infrastructures et luttes féministes. Les femmes sont sorties de leur foyer, de leur domesticité habituelle, pour, d’abord, se documenter quant aux faiblesses des infrastructures, afin d’éduquer les autres, et proposer des alternatives.
Vue de l’exposition « Power Up, imaginaires techniques et utopies sociales », 2024 | Suzanne Treister, Marjolijn Dijkman, Carla Adra, Maya Mihindou
Alternatives féministes : la réappropriation de l’industrie par les femmes artistes
Dans le même désir de faire émaner des figures de proue des combats écologistes et féministes, et de leur conférer une certaine reconnaissance, le centre d’art de Mulhouse commanda une fresque à l’artiste Maya Mihindou.
Basé sur l’ouvrage de la politologue Cara New Daggett, Pétromasculinité, le dessin mural en résultant est une réelle constellation de figures fortes du féministe des années 1970. De cette fresque émane visuellement la densité de pensées — entre féminisme, décolonialisme et écologisme — et la complexité du monde technique, qui se déploie ici comme un réseau sur lequel l’œil ne peut réellement se poser.
L’exposition, qui ne se veut pas solutionniste, propose cependant des pistes de réflexion qui pourraient mener à des changements liées à ces infrastructures, mais surtout, au démantèlement des idéaux associés.
Étudiante en Master Écritures critiques et curatoriales de l’art et des cultures visuelles à l’Université de Strasbourg, ses recherches portent sur les études de genre et les identités.
Manifestation contre la montée de l’extrême-droite, le 12 mars 2022.Photo : Danae Corte
Dans le cadre d’une journée de lutte contre le racisme et le fascisme, une manifestation est organisée samedi 23 mars à partir de 14h à Strasbourg par le Collectif contre la loi Darmanin. Le collectif Palestine se joint au cortège.
Au cri de « Liberté, Égalité, Papiers », un cortège doit partir de la place Kléber à Strasbourg, samedi 23 mars vers 14h dans le cadre de la Journée internationale contre le racisme et le fascisme. L’événement strasbourgeois est organisé par les Marches de Solidarités et le Collectif contre la loi Darmanin de Strasbourg.
Les collectifs organisateurs dénoncent des « pouvoirs [qui se] mettent en place, sur le dos des immigrés et des immigrées, avec des politiques racistes, nationalistes et liberticides. Un mouvement qui s’accompagne du renforcement des inégalités sociales et de l’exploitation de toutes les travailleuses et travailleurs ». Des politiques qui « légitiment les idées réactionnaires de l’extrême-droite, ouvrant la voie aux courants fascistes ».
Une loi dans le viseur
Les collectifs veulent à nouveau dénoncer en exemple la récente loi sur l’immigration (que les collectifs appellent la « loi Darmanin », du nom du ministre de l’Intérieur), votée en janvier par la droite et l’extrême-droite de l’Assemblée nationale, et promulguée malgré la censure par le Conseil constitutionnel d’un tiers de ses dispositions. Les collectifs rappellent que ces « décisions politiques impactent la vie quotidienne de ceux et celles qui vivent et travaillent en France et de celles et ceux qui arriveront demain ».
Ils protestent en outre :
« contre les arrestations, les centres de rétention, les expulsions, les violences policières et l’arbitraire préfectoral,
pour la régularisation collective de tous les immigrés sans papiers,
contre la remise en cause du droit du sol et de l’Aide médicale d’État,
pour le respect du droit d’asile, un logement, des soins, l’accès à l’éducation, pour tous et toutes.
Le collectif Palestine 67, qui organise chaque samedi depuis fin octobre une manifestation en soutien aux Palestiniens, appellent à rejoindre le même cortège.
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵
Pendant la manifestation des agriculteurs du 25 janvier 2024, un tracteur affiche une pancarte : « Pas d’eau = pas d’agriculture »Photo : Jade Lacroix / Rue89 Strasbourg / cc
Depuis le début de leur mobilisation fin janvier, les agriculteurs ont vu plusieurs de leurs revendications satisfaites par le gouvernement. Dans le Bas-Rhin, les exploitants agricoles ont notamment obtenu des concessions sur l’accès à l’eau de la nappe phréatique. « La préfète ? Elle est de notre côté. Elle a dit qu’elle ferait tout son possible pour nous aider. » Agriculteur à Mulhausen, Guy Decker ne doute aucunement des efforts de Josiane Chevalier pour soutenir sa profession. Pour appuyer son propos, l’exploitant agricole évoque sa venue lors de l’assemblée générale du syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA), le 20 février. « L’AG a eu lieu à l’hôtel préfectoral. C’est la première fois qu’on fait ça chez eux », précise l’agriculteur venu manifester devant le Parlement européen mardi 12 mars. À l’appel des JA et de la FNSEA, ils étaient une cinquantaine à venir mettre sous pression les eurodéputés. Ces derniers votaient une réglementation sur la pollution, qui pourrait concerner les élevages de porcs et de volailles.
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