Jusqu’au 2 juin, le FRAC Alsace à Sélestat accueille « Il était une fuite ». Fruit d’une collaboration entre des étudiantes de l’Université de Strasbourg et des FRAC du Grand Est, l’exposition tente de déconstruire les notions de frontière, de fuite et d’horizon.
Six étudiantes du Master Écritures Critiques et Curatoriales des Arts (ECCA) de l’Université de Strasbourg. ont participé à la conception d’une exposition visant à déconstruire les notions de frontière, de fuite et d’horizon. Le résultat est à découvrir au Fonds régional d’art contemporain (FRAC) d’Alsace à Sélestat jusqu’au 2 juin.
Alors que les tensions géopolitiques, les crises migratoires et les conflits socio-économiques continuent d’émailler l’actualité, l’idée de fuite émerge comme une réponse à ces réalités complexes. Fuir, c’est laisser derrière soi bien plus qu’un territoire. C’est un saut vers l’inconnu, vers un avenir incertain. Parsemée d’obstacles et de douleurs, la fuite demeure une affirmation de liberté et de résilience, inspirant ceux qui osent la faire et ébranlant ceux qui la voient. Plus que jamais, il est nécessaire d’aller au-delà des limites de nos perspectives anthropocentriques et de dépasser les frontières physiques et idéologiques qui nous divisent.
L’exposition invite à remettre en question les structures de pouvoir et à adopter une vision plus inclusive de la place de chacun dans le monde. Citons par exemple le travail de Zineb Sedira, qui rend palpable une frontière qui enferme, Philippe Mayaux et son train surplombant un paysage désertique ou Katrin Ströbel qui suggère une alternatives aux tracés habituels des cartes.
« Le fait de fuir, naïvement rattaché à l’idée d’évitement et de lâcheté, est ici envisagé comme un acte fort, courageux et vital, mais aussi comme un moyen de s’affranchir de ces limites. »
Les étudiantes commissaires de l’exposition.
Perspective, frontière et liberté
Le parcours d’exposition se divise en trois parties, axées autour de trois notions : la perspective, la frontière et l’horizon. Dans chacune d’entre elles, les œuvres présentées cherchent à s’affranchir d’une vision occidentalo-centrée du monde. Les lignes imaginaires et invisibles qui cloisonnent les êtres humains et déterminent leur identité culturelle sont repensées. L’horizon est alors vu comme un espace d’accueil, de liberté et de partage plus inclusif. L’œuvre de Marco Godinho Forever Immigrant se présente comme un nuage, volatile et sans frontières définies. À travers la répétition de l’inscription « Forever Immigrant », l’artiste pousse à questionner le statut de celles et ceux qui ont dû partir de leur territoire.
Les étudiantes ont aussi collaboré avec le groupe de musique Almost rose afin de proposer un livret sonore, disponible à partir de codes à scanner, disposés tout au long de l’espace d’exposition.
Étudiantes en deuxième année du Master Écritures Critiques et Curatoriales des Arts et des Cultures Visuelles à l’Université de Strasbourg, leurs recherches portent respectivement sur les sous-cultures et l’art urbain, et sur l’art thérapie et les études de genre.
Disparues au milieu du XXe siècle, les imprimeries lithographiques furent rapidement remplacées par des techniques plus modernes. Dans le quartier de Cronenbourg à Strasbourg, un collectif de passionnés se démène pour restaurer l’une d’elles, et ambitionne d’en faire un espace ouvert au public.
Du haut de ses 3m30, depuis son piédestal en grès rose, Johannes Gensfleische toise les passants. Chaque matin, promeneurs et touristes passant par le centre-ville s’écrasent devant la mémoire de Gutenberg. Dans l’ombre du colosse de bronze, une poignée de noms subsiste dans l’histoire de l’impression strasbourgeoise : Mentelin, Fischbach, Carolus, Knobloch… Au XVe siècle, tous avaient pignon sur rue dans le centre-ville de Strasbourg avec des ateliers imposants, parfois célébrés dans les brochures touristiques. Tous témoignent d’un temps glorieux où l’imprimerie était une affaire de gentilshommes.
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Affaires financières, violences sexuelles, scandales politiques… Comment travaillent celles et ceux qui révèlent ces informations d’intérêt public ? Secrets d’enquête, un podcast Rue89 Strasbourg qui raconte les coulisses du journalisme d’investigation. Second volet : enquêter sur Stocamine.
De l’arsenic, du mercure et de l’amiante sous la plus grande réserve d’eau potable d’Europe. Depuis plus de deux décennies, à Wittelsheim, 42 000 tonnes de déchets toxiques dorment dans une ancienne mine. Stocamine, filiale des Mines de Potasse d’Alsace, un projet pourtant innovant lors de son lancement, est devenu aujourd’hui le nom d’un scandale écologique et d’une faillite politique. En 2021, Thibault Vetter commence à enquêter sur le site de stockage pour Rue89 Strasbourg. Depuis, il n’a jamais lâché le sujet. Autopsie d’une obsession journalistique en trois épisodes, diffusés chaque samedi à partir du 30 mars.
Premier épisode : « Des déchets toxiques sous la nappe phréatique »
Et c’est parti pour le marathon culturel strasbourgeois, avec des dates à foison jusqu’en août, où tout s’arrête brusquement. Voici une sélection très musicale, printanière, célébrant la vie et le renouveau.
C’est le printemps, La Grenze redémarre ! Mais cette fois, la « terrasse culturelle » proposant concerts, restauration et ateliers sise rue Wodli, derrière la gare, prévoit de rester active toute l’année, du mercredi au dimanche, avec cependant une interruption en août parce qu’en août, c’est bien connu, il n’y a personne à Strasbourg. Dommage pour celles et ceux qui restent, mais la jeune association ne peut pas régler seule le problème de la vacance culturelle estivale à Strasbourg.
Après cinq années à ouvrir trois mois consécutifs à des périodes diverses, l’équipe se dit prête à relever le défi d’une installation définitive. Des concerts donc sont prévus tous les week-ends, la programmation et la billetterie (autour de 15€) sont à retrouver sur le site de La Grenze. Parmi les dates d’avril, citons une soirée strasbourgeoise le samedi 6 avril, avec Dur Chaton (duo électro aux rythmes vintage et aux textes râpeux), et Exotica Lunatica (des chants féminins psychédéliques, c’est très beau et envoûtant). L’esthétique rappelle un peu Dead Can Dance) et Microwave (un duo qui se présente « synth wave » mais plutôt industriel en fait).
Une exposition photo à ne pas manquer à La Chambre, place d’Austerlitz. Du 6 avril au 25 mai, l’espace donne à voir les images du photographe américain Khalik Allah. L’artiste s’intéresse depuis plus d’une décennie aux marges de la société new-yorkaise en commençant par une exploration inlassable d’un coin de Harlem, occupé par des personnes abîmées, éprouvées par les conditions de vie précaire et les addictions. Il en tire le long-métrage « Field Niggas » en 2015 et une série de 105 portraits dans l’ouvrage Souls against the Concrete. C’est ce projet photographique qui sera exposé à la Chambre.
Côté cinéma, le festival KODEX (King of Docs Extended) cofondé par le réalisateur strasbourgeois Swen de Pauw propose une rétrospective des films de Khalik Allah du 11 au 17 avril au Cosmos. Les projections auront lieu en présence de l’artiste.
Théâtre loufoque, toujours bienvenu en période corsetée, au Taps Laiterie du 9 au 12 avril avec Les chorales de sapeurs-pompiers ne chantent que très rarement des chansons ayant trait à Marcel Proust (c’est le titre). Inspiré par les dialogues des Monty Python, ce qui en soit mérite d’y emmener les plus jeunes, ce spectacle interprété par six comédiens aguerris s’attaque bien évidemment au sens de la vie. Ainsi, y a-t-il une vie après la mort ? On peut en débattre, façon talk show radiophonique, et le mieux pour ça est encore d’inviter des morts.
– « Bonsoir. Ce soir, j’ai invité sur notre plateau M. Norman St John Polevaulter qui, depuis quelques années, contredit les gens… Monsieur Polevaulter, pourquoi contredîtes-vous les gens ? – Je ne contredis pas les gens. – Vous m’aviez dit que vous le faisiez. – Je n’ai jamais dit une chose pareille. – Oh, je vois. Bon, je recommence. – Non, vous ne recommencerez pas. – Chut. Monsieur Polevaulter, si je comprends bien, vous ne contredîtes pas les gens. – Si, c’est ce que je fais. – Et quand n’avez-vous pas commencé à contredire les gens? – Et bien, j’ai commencé en 1952. – 1952 ? – 1947. – Il y a donc 23 ans de cela. – Non.
Extrait du sens de la contradiction
Les amateurs de rock bien gras, dans une esthétique presque puriste, peuvent aller au concert de Grand March à la Péniche Mécanique. Le groupe strasbourgeois y dévoile son déjà quatrième album, Back To The Wall, sorti en février. Avec Hélène Braeuner au chant, Antoine Thépot aux claviers, François Bogatto à la guitare, Lucas Lavarenne à la basse et Fred Lichtenberger à la batterie, Grand March continue de creuser un sillon maîtrisé, entre rock et blues, paroles en anglais. Toujours très efficace.
Le Maillon et Pôle Sud accueillent du mercredi 10 au vendredi 12 avril le Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble, dirigé par Trajal Harrell, pour The Köln Concert. Sept danseurs, tous vêtus de longues robes noires, dansent sur des musiques de Keith Jarett et Joni Mitchell. L’ensemble a l’air classique mais, indique Pôle Sud, « c’est tout le contraire. Un défilé de mode ? Une cérémonie ? Un concert vivant ? Tout est d’une folle élégance teintée d’une profonde nostalgie ».
Cette année, le Bendorf festival se contente d’une version « mini », sur une seule soirée, samedi 13 avril au Phare citadelle. Le concept, qui consiste à mêler l’amour de la bière artisanale et de la soirée conviviale, ne change pas cependant. La programmation prévoit trois formations strasbourgeoises : Kevin Diesel (post-dance hardware électro, le nouveau projet de Florian Borojevic, ex de l’éphémère mais regretté duo Partout Partout), Théréon (des textes poussés sur des boucles électro. C’est assez entraînant) et Péniche (une passerelle entre post punk et math rock, sans paroles, Headbanging assuré). Huit bières de Bendorf, brassées à Strasbourg, seront proposées à la dégustation.
Voulant réconcilier la science et le genre humain, une gageure en cette époque de prolifération des fake news, le Curieux festival s’étend du dimanche 14 au vendredi 26 avril dans plusieurs lieux de Strasbourg (Le Vaisseau, le Point d’Eau à Ostwald, le PréO à Oberhausbergen…). À l’aide du théâtre, de cirque, ou de la musique, les événements du festival proposent des démonstrations, rappellent des faits ou des mécanismes à l’œuvre dans notre monde. C’est souvent bien vu, grâce à une programmation mêlant scientifiques et artistes.
Parmi les invités 2024, citons Nalini Anantharaman, titulaire de la chaire Géométrie spectrale du Collège de France et lauréate du prix Henri-Poincaré en 2012, Marine Baousson, avec son spectacle Vulgaire adapté d’un podcast à succès, Valentine Delattre, de la chaîne Youtube Science de comptoir.
La Laiterie accueille l’une des voix les plus intéressantes que la Grande Bretagne ait à offrir en ce moment : Baxter Dury. Dans un style toujours très léché, très produit, le chanteur né en 1971 – une très bonne année – emmène son public dans un univers balancé et désabusé à la fois, un style unique qu’il tient depuis plus de 20 ans mais qu’il explore sans jamais se répéter.
Baxter Dury aime emmener son public sur des mélodies rythmées, sur lesquelles il plaque des paroles posées, avec sa voix rauque, des histoires d’espoirs brisés bien souvent. Les chœurs et les mélodies dans ses chansons sont l’affaire des femmes, omniprésentes dans son univers et sur scène.
Du 24 avril jusqu’au 19 mai, le festival de l’illustration et de la bande dessinée Central Vapeur s’installe à La Coop au Port du Rhin mais aussi dans une douzaine de lieux en ville puisque cette quatorzième édition propose pas moins de 16 expositions (voir le programme complet – PDF). Le rendez-vous est légèrement décalé dans l’année pour faire partie des manifestations de Strasbourg capitale mondiale du livre 2024, « lire notre monde » mais il est foisonnant.
Le temps fort du festival Central Vapeur, le Salon des indépendants avec des stands d’éditeurs particuliers, des ateliers et des conférences, est programmé le week-end des 4 et 5 mai au Garage coop, au Port du Rhin.
Une recommandation, une sortie que vous avez repérée et dont vous validez l’excellence ? Proposez vos dates en commentaires.
La municipalité a décidé de maintenir l’interdiction des véhicules Crit’Air 3 en 2025. Dans une tribune envoyée à Rue89 Strasbourg, les docteurs Thomas Bourdrel et Christian Michel, membres du collectif Strasbourg Respire, expliquent pourquoi ils soutiennent cette décision.
Imaginons un traitement capable en quelques années de faire baisser la mortalité respiratoire de 22%, et la mortalité cardiaque de 11%, qu’il soit disponible mais que pour des raisons politiques et budgétaires il ne soit pas rendu complètement disponible par les pouvoirs publics. Difficilement concevable, non ?
Ce traitement efficace nous l’avons, il se nomme ZFE (pour Zone à Faibles Émissions), il est disponible et déjà testé avec succès dans de nombreux pays. À Tokyo, à titre d’exemple, en moins de 7 ans, l’éviction des vieux véhicules diesel (équivalent des véhicules diesel Crit’Air 5, 4 et 3) a fait baisser la concentration en particules fines de 44%, la mortalité respiratoire de 22%, la mortalité cardiaque de 11%, la mortalité par cancer du poumon de 5% et par accident vasculaire cérébral de 6%.
Rappelons que les gaz et particules issues des moteurs diesel sont parmi les plus toxiques, responsables de nombreuses pathologies respiratoires, cardio-vasculaires, neurodégénératives, de cancers et d’effets (de type perturbateurs endocriniens) sur la grossesse. Les particules fines et ultrafines émises par les vieux moteurs diesel étant de loin les plus toxiques en raison notamment de leur richesse en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) qui sont cancérigènes et de puissants perturbateurs endocriniens.
Un impératif de santé publique
Rappelons également que les systèmes de dépollution des véhicules diesel récents et anciens fonctionnent mal en ville, car la température nécessaire à leur bon fonctionnement est difficilement atteinte en usage urbain, de même, les filtres à particules s’encrassent très rapidement en ville.
Enfin, les diesels aux normes Euro 4 (bénéficiant de la vignette Crit’Air 3) sont ceux qui présentent le plus grand écart d’émission de dioxyde d’azote en conditions réelles comparativement aux données constructeurs (3).
Poursuivre le calendrier des ZFE – qui prévoit l’interdiction prochaine de ces motorisations – relève donc d’un impératif de santé publique !
Rappelons enfin que si certaines villes telles que Strasbourg sont sorties de justesse de l’obligation de maintenir et renforcer leurs ZFE, elles le doivent en grande partie – voire exclusivement – à une météo favorable ces deux dernières années, mais qu’il suffit de deux jours de conditions anticycloniques pour que l’air redevienne irrespirable. De plus, les normes européennes pour le dioxyde d’azote et les particules fines seront d’ici quelques mois révisées et bien plus sévères, ce qui rendra à nouveau obligatoire un renforcement des ZFE à Strasbourg et dans de nombreuses villes.
Mettre en pause les ZFE en retardant les interdictions des Crit’Air 3 – comme le propose le gouvernement – nous ferait prendre un retard très dommageable, tout en continuant à exposer les habitants à un air toxique, notamment les riverains d’axes routiers.
Comme tout traitement, même non médicamenteux, les ZFE ont deux effets indésirables : d’une part une impopularité relative et temporaire, et d’autre part un coût financier certain. Mais que valent ces dépenses publiques par rapport aux vies sauvées et aux milliers d’euros épargnés en dépenses de santé publiques ?
Rendre Crit’Air plus juste
L’impopularité de la ZFE quant à elle pourrait être nettement atténuée si l’État et les banques respectaient leurs engagements de prêt à taux zéro pour les revenus les plus modestes, si les aides financières étaient significativement relevées, l’aide au rétrofit plus développée (4) et si le système des vignettes Crit’Air était légèrement modifié dans une direction plus juste.
En effet, la classification Crit’Air est pertinente pour les émissions de polluants toxiques tels que le dioxyde d’azote et les particules fines, mais elle est absurde quand elle permet à un pick-up flambant neuf ou à une Porsche Cayenne essence de parader en Crit’Air 1 devant des familles modestes ayant du mettre au rebut leur vieille Clio Crit’Air 3 ! Ce paradoxe pourrait paraître anecdotique s’il n’était parfaitement insupportable de par le sentiment d’injustice et de mépris qui s’en dégage.
Cette inégalité serait pourtant très facilement corrigible : avec de nombreuses associations dont Respire et le Réseau Action Climat nous avions proposé que l’on prenne en compte le poids du véhicule et sa consommation afin que de tels mastodontes des routes ne puissent pas bénéficier de la vignette Crit’Air 1.
À l’heure de ce choix crucial, nos élus et élues de tous bords ne devraient se poser qu’une seule question : pouvons nous décemment renoncer à une mesure qui sauve et sauvera des vies, retardera ou empêchera le développement de maladies notamment chez nos enfants ? Les énergies politiques devraient se rejoindre pour rendre rapidement cette mesure efficace et acceptable, tout en continuant à développer les alternatives à la voiture.
La CGT a déposé un préavis de grève pour le lundi 1er avril au nom des agents des musées, pour protester contre des négociations qui s’enlisent.
Dans un communiqué, la CGT prévient que les musées de Strasbourg pourraient connaître des perturbations le lundi 1er avril. Le syndicat appelle à la grève de ses agents, suite à des négociations dans l’impasse avec la direction des services de la Ville de Strasbourg.
« Depuis 18 mois, les agents et les agentes relèvent des conditions de travail de plus en plus compliquées », indique la CGT, « suite à la suppression de 17 postes sur le mandat municipal précédent ».
En outre, la CGT fait état de « nouvelles règles de temps de travail, difficilement compréhensibles pour les agents et les agentes ». Selon le syndicat, ces nouvelles règles n’ont pas été mises en place partout, ce qui introduit des régimes et des rythmes de travail différents entre les agents, « qui aboutit à une rigidité et la sensation d’être déconsidérées » par les premiers.
Le syndicat prévient que si ces revendications ne sont pas traitées par la Ville de Strasbourg, d’autres actions suivraient.
Au quartier Cronenbourg-Cité, Gérard Haehnel est plus connu que la maire de Strasbourg. Jovial et charismatique, le vieux pasteur a quitté son petit village d’Alsace bossue pour prêcher près de la Cité nucléaire. Quarante ans plus tard, il reste incontournable dans le quartier.
En bas de la paroisse protestante de Cronenbourg-Cité, une grande cour se partage entre deux groupes d’enfants. Une récré, deux ambiances. D’un côté, les footeux et les footeuses qui s’arrachent pour récupérer le ballon, dans un mélange de rires et de cris. De l’autre, les taiseux se regroupent religieusement autour d’un mini-golf. Assis en retrait sur une petite chaise d’école, Gérard Haehnel surveille en prenant le soleil.
« Haehnel », personne ou presque ne connaît ce nom dans le quartier. Mais lorsque l’on parle d’un « Gérard », tout le monde pense à lui. À son corps défendant, ou non, le pasteur est devenu une superstar dans le coin, un visage familier du quartier. Avec l’association dont il fut directeur pendant plusieurs décennies, « Les Disciples », sa paroisse devient également un réseau d’aide aux familles, d’accompagnement périscolaire et de loisirs, en plus d’actions de solidarités.
Arrivé quarante ans plus tôt à la Cité nucléaire pour un stage en faculté de théologie, Gérard Haehnel n’a plus quitté le quartier. « Tous les ans, je redouble », lance t-il en jetant un sourire furtif. « J’ai été touché par ce que j’ai vu en arrivant ici, alors je suis resté. Je voulais m’inscrire dans le temps ici, dans une histoire partagée. »
Prêcher dans la cité
Loin du panorama gris béton qu’offre les barres d’immeubles de Cronenbourg Ouest, Gérard Haehnel naît dans un petit village d’Alsace bossue, Ratzwiller. Moins de 250 habitants, à peine autant que dans une tour d’habitation. « Mon monde n’était pas si grand que ça », commente Gérard Haehnel. Comme une majorité des villages de ce bout des Vosges, Ratzwiller est très largement protestante. « Je crois qu’il y avait un type catholique, sur l’ensemble du village », se hasarde le pasteur.
La famille Haehnel possède une petite épicerie, que tiennent ses parents. Comme ses deux sœurs et son frère, le petit Gérard fait toute sa scolarité dans le secteur. « Je me souviens qu’on allait chez eux pour le téléphone, avant que ça se démocratise », atteste Roger Dambacher, un vieil ami de classe. « C’était un garçon sage, jamais turbulent. Il a été marqué très jeune par un accident, lors d’un jeu avec un Stoppelrevolver (pistolet à bouchon en alsacien, NDLR). » Alors qu’il n’a qu’une dizaine d’années, Gérard Haehnel perd la vue à l’œil droit.
Assez tôt dans sa vie, la foi occupe une place importante. « Déjà très jeune, il en parlait beaucoup. Vers 16 ou 17 ans, il avait créé un groupe de discussions entre jeunes. Il faisait des petites diapos et des illustrations pour parler de la vie de Jésus », se remémore Anita Dambacher, une ancienne du groupe. « Le Gérard que je connaissais à l’époque est le même qu’aujourd’hui. En plus de sa foi, il avait déjà une fibre pour le contact avec les jeunes. »
« Je vis avec les gens de l’immeuble, avec ceux du quartier. Et quand on vit proche des gens, on n’est pas vraiment seul. »
Gérard Haehnel
Quelques années plus tard, il obtient son bac, quitte le village et enseigne auprès de personnes déficientes auditivement. Sa fratrie s’éloigne aussi, puis son père décède quand il n’a qu’une vingtaine d’années. Finalement, sa mère quitte le bourg elle aussi et vend la maison de famille.
Pasteur social
« Pardon ! » Dans la cour, le cri enfantin interrompt la discussion. Un petit ballon en plastique rose roule mollement jusqu’aux baskets du prêtre. En le reprenant, l’enfant nous toise et hésite. « Gérard, je peux vous poser une question ? Vous… vous avez des enfants ? » Le pasteur a déjà sa réponse, toute christique : « J’ai 150 enfants, voire plus. C’est vous ma famille. » Trop polie pour insister, l’enfant part avec sa demi-réponse et son ballon. Un silence s’installe. « Ah… Vous aussi vous voulez savoir ? Je vis ici seul depuis quarante ans, dans une rue derrière la paroisse. Enfin, seul… Je vis avec les gens de l’immeuble, avec ceux du quartier. Et quand on vit proche des gens, on n’est pas vraiment seul. »
Lorsqu’il débarque en 1985 à Cronenbourg, Gérard Haehnel n’avait ni famille, ni ami dans le quartier. Après avoir repris des études en théologie, il vient faire un stage en paroisse pour valider son diplôme. « Moi j’avais mes petits plans, je souhaitais faire mon stage ailleurs. Ce sont les instances de l’Église qui ont voulu m’envoyer ici. Ils savaient que je venais de la campagne, ils voulaient me faire découvrir autre chose. » Avant cela, l’étudiant protestant n’était pas totalement étranger aux quartiers de Strasbourg.
Avec d’autres, il participait à des distributions de cadeaux dans différents secteurs défavorisés, comme le Neuhof, la Meinau ou l’Elsau. « Une fois au Neuhof, j’ai rencontré une personne qui m’a dit : « Vous venez ici comme au Zoo. » Ça m’a frappé, je peux comprendre pourquoi il disait ça. Finalement, à force de revenir, ils ont compris qu’on s’installait. » Durant son stage, Gérard monte avec une équipe d’amis – dont une partie vient d’Alsace bossue – l’association Les Disciples. Cette dernière devient un poumon dans la vie du quartier, assurant aux petits Cronenbourgeois des heures de soutien scolaire, des activités sportives ou ludiques et d’autres actions comme des camps d’été…
À la fin de son stage, Gérard doit partir. Depuis sa construction en 1968, la paroisse Cronenbourg-Cité a déjà son pasteur attitré à l’époque, André Ostertag. Mais contre toute attente, Les Disciples trouvent une solution pour permettre au stagiaire de rester : ils cotisent et lui payent un SMIC. La paroisse devient bicéphale, avec un pasteur pour le prêche, les sermons et les affaires cultuelles, et un pasteur pour l’associatif, le social, le quartier. Gérard vient de créer son poste.
Liturgie libre
Une paroisse bicéphale qui se traduit jusque dans l’architecture du lieu. En haut, la grande salle où se tient le culte est spacieuse, lumineuse, joliment ornée d’un vitrail coloré illustrant la descente du Saint-Esprit, et souvent déserte. En bas, c’est un monde inverse, un couloir exigu, des salles baignant dans l’obscurité, mais de la vie partout. C’est ici que l’association « Les Disciples » organise ses activités, comme l’aide aux devoirs.
Dans un bureau étroit, Gérard s’installe avec sa guitare. Devant notre air étonné, le pasteur remue ses sourcils broussailleux. « J’en jouais déjà à l’époque, au village. Je suis toujours resté à un niveau basique, qui me permet de chanter avec les enfants ». Quand il prêche, il se risque à tout : guitare, chant, quelques tours de magie… Tout ce qui sert à capter l’attention des fidèles est bon à prendre. Au point d’avoir écrit « une centaine de chansons », glisse t-il d’un air négligé, en accordant l’instrument. « Parfois, j’écris des chansons de circonstance. Pour le décès brutal d’un jeune, j’avais écrit une chanson qui s’appelait ”Pourquoi ?” » Le pasteur remonte son coude, fait glisser ses doigts entre les frettes sur le manche de l’instrument. Sa voix se réveille.
« Avec mes ”pourquoi?”, Seigneur, je sais que je peux venir vers toi »
Extrait de la chanson « Pourquoi ? », Gérard Haehnel
Si, en principe, son église suit la liturgie luthérienne « classique », Gérard Haehnel n’hésite pas à s’en éloigner selon les circonstances, avoisinant une approche évangéliste plus libre. « On a une sensibilité évangélique, oui. Si le culte ne parle pas aux gens parce que les mots sont trop élevés, ce n’est pas la peine. Il faut utiliser des mots compréhensibles. » Le pasteur actuellement chargé du prêche au sein de la paroisse, James Cloyd, évoque un mélange plus large : « C’est un croisement de différentes influences, venant d’autres pays d’Europe ou d’Afrique. Tout dépend des personnes qui viennent ici et apportent leur culture. On s’adapte toujours : pour Noël, on peut chanter en malgache, en italien ou en albanais. »
Depuis son arrivée dans le quartier, Gérard Haehnel cultive son côté polyglotte. En moins de deux minutes, il passe d’un « Güle güle » (« aurevoir » en turc) à quelques mots en arabe, puis en laotien. « C’est la vie de tous les jours qui m’intéresse et ça, il faut le traduire. De mon côté aussi, si la personne me parle en turc, je dois essayer de comprendre. »
Sanctification républicaine
Au bout d’un moment, l’engagement de Gérard Haehnel commence à se voir. Et à se faire savoir, jusqu’au centre-ville. En juin 2022, le pasteur enfile une veste et une cravate, et finit par recevoir dans son église un insigne de la Légion d’honneur. Le conseiller municipal d’opposition Jean-Philippe Maurer (Les Républicains), présent à la cérémonie, se souvient d’une salle comble et d’un public varié. « Il fait l’unanimité. Les majorités de droite ou de gauche passent, mais Gérard Haehnel reste incontournable dans le quartier. » Mêmes louanges de la part de Christelle Wieder, élue référente du quartier au sein de la majorité écologiste : « C’est incroyable ce qu’il a réussi à bâtir au fil des décennies. Des gens venant de toutes les générations parlent de Gérard, comme de quelqu’un leur ayant ouvert des horizons. »
« Les quartiers sont des volcans non éteints ».
Gérard Haehnel
Pour commenter ses lauriers, Gérard Haehnel n’est pas des plus bavards. Dès le début de nos entretiens, le pasteur reste d’ailleurs taiseux sur son statut au sein du quartier. Il n’est plus président de l’association, et ne veut pas être un porte-parole de Cronenbourg. « Il y a quelques mois, un journaliste de radio m’avait d’ailleurs demandé de commenter en quelques phrases la situation du quartier après les émeutes. J’ai refusé, pour ne pas rentrer dans les clichés. » Face à l’insistance du journaliste, qui l’implore de ne lui donner « rien qu’une phrase » pour son sujet, Gérard cède. « Je lui ai dit une phrase que je répète depuis longtemps : les quartiers sont des volcans non éteints. »
Et s’il n’était pas venu à Cronenbourg ? S’il n’était pas le pasteur d’une cité, mais celui d’un quartier riche, sa mission n’aurait-elle pas été plus simple ? « Je pourrais vous répondre ”oui”, mais je me garde de penser ça. Je pense qu’il y a des drames qui se jouent partout. Ici, il y a juste un concentré plus fort de tout. De gens, du chômage, de la misère. » Avant de préciser, dans un sourire : « Je n’ai pas choisi d’être ici parce que ce serait plus dur, je n’ai pas vieilli plus vite en vivant ici, c’est même l’inverse. Ici, je reste jeune. »
Le conseil de l’Eurométropole du jeudi 28 mars va se pencher sur les équilibres financiers de la collectivité formée par les 33 communes strasbourgeoises. Pour l’exécutif, tout est conforme aux programmations mais l’opposition devrait y trouver à redire…
Le budget de fonctionnement de l’Eurométropole de Strasbourg, la collectivité rassemblant les 33 communes autour de Strasbourg, va atteindre en 2024 les 845,8 millions d’euros (M€), avec des dépenses en hausse de 10,1 M€ (+1,3%) et des recettes également en hausse de 19,1 M€ (+2,3%). Une situation largement à mettre au crédit de la hausse de la fiscalité, puisque la revalorisation des bases locatives, par l’État, a augmenté les recettes de 9,4 millions d’euros. La taxe de séjour a également rapporté 2,3 millions d’euros de plus, ce qui témoigne du dynamisme (et de la pression) du tourisme dans l’agglomération.
Côté dépenses de fonctionnement, les coûts de l’énergie ont baissé de 8,8 M€ grâce à des économies d’énergie, tandis que les dépenses de personnel ont augmenté de 4,2 M€. L’augmentation des taux d’intérêt a également fait bondir les charges financières de 7,8 M€.
320,3 millions d’euros d’investissements
Quant au budget d’investissement, il est prévu autour de 447,1 M€, dont 320,3 M€ de dépenses opérationnelles en 2024. Un niveau jugé « très ambitieux » par la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs (sans étiquette) « mais qui s’inscrit dans notre plan pluriannuel d’investissements. »
La situation financière de la collectivité est jugée saine puisqu’avec 1 195€ par habitant, « le niveau d’endettement se situe dans le premier tiers des métropoles françaises les moins endettées ». Certes, mais en ajoutant la dette de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) (pour atteindre 1 916€/hab), les communes strasbourgeoises rejoindraient alors le tiers des communes les plus endettées…
Pas de quoi paniquer pour Syamak Agha Babaei, vice-président de l’EMS en charge des finances :
« La situation pâtit largement de la hausse des taux et des prix de l’énergie toujours chère. Mais notre niveau d’autofinancement progresse, atteignant 79 M€ contre 64 M€ en 2018 (quatre ans après le début du précédent mandat). »
Syamak Agha-Babaei se félicite en outre que 29% des dépenses de fonctionnement passées au crible de critères environnementaux (méthode I4CE) les classent comme « très favorables » ou « favorables » aux objectifs de décarbonation. Les dépenses « neutres » forment cependant encore 57,8% des dépenses tandis que 13,2%, essentiellement des achats de carburant, sont « très défavorables ».
La Banque centrale européenne a décidé d’infliger une amende de 3,54 millions d’euros à la Confédération nationale du Crédit Mutuel. En cause : une minimisation des risques liés à ses actifs financiers.
3,54 millions. Pour un quidam, le montant peut paraître important. Mais pour une banque dont le résultat net a dépassé les 4,5 milliards d’euros en 2023, ce n’est qu’une goutte d’eau. Jeudi 21 mars, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé avoir imposé deux sanctions administratives à la Confédération nationale du Crédit Mutuel. Le montant total des pénalités s’élève à 3,54 millions d’euros. La décision se fonde sur le non-respect par le Crédit Mutuel des exigences en matière de calcul des risques liés aux actifs financiers. Dans un communiqué, la BCE détaille les manquements de la banque :
« Entre mai 2021 et avril 2022, lors de l’utilisation de ses modèles internes pour déterminer ses actifs pondérés du risque, la banque n’a pas appliqué les planchers définis par la BCE pour le calcul du risque de crédit de certaines expositions. Cela constitue une négligence importante car ces planchers étaient clairement prévus dans les décisions correspondantes de la BCE et la banque n’a pas pris les mesures qui s’imposaient pour éviter les infractions. Cela a également empêché la BCE d’avoir une vision complète du profil de risque de la banque. »
En résumé, le Crédit Mutuel était autorisé à utiliser ses propres calculs pour évaluer les risques liés à ses investissements, mais les calculs réalisés par le Crédit Mutuel ne respectaient pas les limites de la BCE.
Le Crédit Mutuel ne fera pas appel
Quant à la gravité des sanctions de la BCE, les amendes infligées au Crédit Mutuel font partie des catégories les moins importantes. Les deux pénalités sont considérées comme « mineure » et « modérément grave ». Les sanctions de la BCE peuvent s’élever jusqu’à 100 millions d’euros en fonction de la taille de l’établissement bancaire et de la gravité des manquements.
Selon le journal Les Échos, le Crédit Mutuel ne fera pas appel de cette décision de la BCE devant la Cour de justice de l’Union Européenne.
Une cinquantaine de professeurs, personnels administratifs et étudiants de la Haute école des arts du Rhin se sont mis en grève mardi 26 mars. Ils protestent contre le projet encore flou de la direction de l’établissement dans un contexte de baisse des subventions. Tous craignent pour leurs emplois et pour le futur de l’école.
« Dans le contexte budgétairement très tendu de l’établissement, [votre départ en retraite] constitue (…) un paramètre important dans les réflexions stratégiques en cours pour surmonter les difficultés auxquelles nous sommes momentanément confrontés. » Stéphane Lallemand est professeur à la Haute école des arts du Rhin (HEAR) « depuis 20 ou 21 ans ». Fin décembre 2023, un courriel de l’administrateur général de l’école l’informe de son droit de prendre sa retraite et l’invite à faire peser les difficultés financières de l’établissement dans son choix.
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Les travaux de rénovation de la Laiterie commenceront le 1er juillet. La reprise des concerts dans la nouvelle salle, agrandie de 300 places, est estimée au premier trimestre 2026.
1 164 places. C’est la promesse de la nouvelle jauge de la grande salle après les travaux de rénovation de la Laiterie. Dans son format actuel, 870 places, la salle de concert peine à équilibrer financièrement ses soirées, en raison d’une jauge trop faible.
Le projet d’agrandissement a été confié à l’agence d’architecture Weber Keiling associés et son budget devrait être de 9,5 millions d’euros, financés par la Ville de Strasbourg. Les plans de la future Laiterie ont été dévoilés ce mercredi 27 mars par les architectes.
L’entrée principale du public sera déplacée à l’ancien accès du « Hall de la vache », rue du Ban-de-la-Roche, pour fluidifier le trafic. Un choix qui évacue du bâtiment la deuxième salle, le Club. Le plafond va être élevé pour augmenter la jauge de la grande salle.
Un nouvel espace de billetterie et de vestiaire sera également construit pour éviter d’avoir un seul flux de public. Le hall à côté du bar gardera sa fonction de déambulation et de distribution vers la grande salle.
Le premier étage est également remanié pour séparer les flux techniques et publics tout en donnant davantage d’espace aux artistes. En plus de son agrandissement, la Laiterie accueillera une toiture et une façade végétalisée, des panneaux photovoltaïques et des surfaces au sol perméabilisées.
L’association Calima a lancé dimanche 17 mars une pétition citoyenne réclamant qu’un lieu devienne centre de ressources contre le racisme et les discriminations. Elle dispose d’un mois pour réunir 1 400 signatures afin que cette proposition intègre l’ordre du jour du conseil municipal.
Pendantles émeutes urbaines de juin 2023, faisant suite à la mort du jeune Nahel tué par un policier à Nanterre, les locaux de Calima, une association accompagnant la population immigrée maghrébine de Strasbourg à l’accès au droit, ont failli bruler. « Notre local est un ancien commissariat mais aussi l’ancienne mairie du quartier de la Meinau, il y a encore les panneaux sur le bâtiment », explique Mustapha El Hamdani, coordinateur et fondateur de l’association en 2008.
Après avoir empêché les émeutiers de mettre le feu, Mustapha El Hamdani a longuement discuté avec eux : « Nous ne sommes pas d’accord sur la façon dont ces jeunes expriment leurs colères, mais leur constat est le bon. » De ces discussions sont sorties plusieurs revendications, dont la mise en place d’un lieu capable d’accueillir des spectacles, des conférences et des livres traitant des questions « d’éducation sur l’interculturalité, de lutte contre le racisme et les discriminations », à l’image de la médiathèque Olympe de Gouges sur les questions de genre.
« Une citoyenneté de résidence »
Pour porter cette revendication, Calima a choisi d’initier une pétition citoyenne, dimanche 17 mars. Une démarche qui permet, sous réserve d’obtenir 1 400 signatures en un mois, de mettre le sujet à l’ordre du jour lors d’un conseil municipal. « Beaucoup nous décrivent comme des naïfs de penser qu’on peut changer les choses de façon institutionnelle, mais on est en France, dans un État de droit, et je me bagarre pour faire bouger la situation », martèle Mustapha El Hamdani.
L’autre avantage de la pétition est qu’elle est ouverte à tous les habitants de Strasbourg, même ceux n’ayant pas la nationalité française. « Cela crée une sorte de citoyenneté de résidence. L’enjeu c’est aussi de montrer à une population qui ne croit plus au vote que toutes les voix comptent », souligne Sébastien Heitz, animateur sur les mémoires et les actions contre la discrimination.
En plus d’une médiathèque pouvant accueillir des rencontres et un cycle de conférences sur ces questions, Calima propose un espace pour les expositions, un fonds documentaire dédié et de référence ainsi qu’un « logo permettant d’identifier les ouvrages qui abordent la question de la lutte contre les discriminations de manière positive et sérieuse et qui peuvent être mis entre toutes les mains ».
Adoptée par le Parlement allemand vendredi 22 mars, la légalisation du cannabis entrera en vigueur en Allemagne le 1er avril. Arthur Lindon, du Centre européen de la consommation, résume les règles qui régiront les clubs de cannabis.
L’herbe est toujours plus verte chez le voisin. D’un point de vue français, l’expression s’applique bien à la marijuana. Dès le 1er avril, le projet de loi légalisant la consommation, la culture et la possession de cannabis entre en vigueur en Allemagne. Trois mois plus tard, les clubs de cannabis pourront ouvrir sur tout le territoire allemand. Les adhérents de ces associations pourront cultiver des plants de cannabis partager les fruits de leur récolte entre membres du club de cannabis. Chargé de communication au Centre européen de la consommation, Arthur Lindon précise les conditions d’application de cette première loi.
Avec, bien sûr, la question que se posent tous les consommateurs de cannabis français : auront-ils accès au cannabis allemand ? La réponse est non. À moins de s’installer à Kehl.
Rue89 Strasbourg : Quand cette légalisation entrera-t-elle en vigueur ?
Arthur Lindon : La légalisation du cannabis en Allemagne va se faire en deux étapes. Le 1er avril, la possession, la culture et la consommation de cannabis deviendront légales. Puis le 1er juillet, les « clubs de cannabis » pourront ouvrir.
La vente en magasin reportée
Il restera ensuite une troisième étape, celle de la vente de cannabis. Aujourd’hui, on légalise la consommation, la culture et la possession. Mais il manque un volet : la vente en magasin ou autre type d’établissement. Aujourd’hui rien de concret n’est prévu à ce sujet. Le gouvernement en a beaucoup parlé, mais aucun texte n’a été présenté.
Quand il y aura une loi sur ce volet, il y aura une phase de test dans cinq Länder (les régions allemandes, NDLR). On ne sait pas encore quand le gouvernement présentera ce second projet de loi.
Quelles sont les règles à respecter pour intégrer un club de cannabis ?
Les clubs de cannabis seront des associations. Il y aura des clubs partout en Allemagne, qui pourront accueillir 500 membres au maximum. Ces membres doivent être majeurs et résider en Allemagne depuis plus de six mois. Chaque personne pourra être membre d’un seul club à la fois.
Les règles des clubs de cannabis
Il faut aussi ajouter que les clubs de cannabis ne seront pas des espaces de consommation. Les membres pourront cultiver en commun des plantes et partageront la récolte. La nouvelle législation encadrera notamment la quantité possédée par les membres. Chaque membre pourra recevoir jusqu’à 50 grammes par mois maximum, dans la limite de 25 grammes par jour.
Pour la culture, chaque membre sera autorisé à recevoir jusqu’à sept graines ou cinq boutures par mois pour planter du cannabis chez soi ou alors cinq graines et boutures au total chaque mois.
Il faut enfin préciser que les jeunes de 18 à 21 ans auront des restrictions. Ils ne pourront pas recevoir plus de trente grammes par mois. Et le taux de tétrahydrocannabinol (THC) du cannabis ne pourra pas dépasser 10%.
Est-ce que les Français résidant en France pourront devenir membres des clubs de cannabis ?
Non, les Français qui résident en France ne pourront pas devenir membres des clubs de cannabis en Allemagne. À moins de décider de déménager en Allemagne, auquel cas ils devront attendre plus de six mois pour adhérer à un club de cannabis.
Quels sont les documents exigibles pour prouver son domicile en Allemagne ?
Dans le texte de loi, il n’y a pas de disposition explicite particulière concernant les documents qui doivent être fournis pour prouver son domicile.
Lors de l’adhésion à un club de cannabis, le futur adhérent doit présenter une pièce d’identité officielle avec photo ou tout autre document officiel approprié qui prouve sa majorité et son domicile ou sa résidence habituelle en Allemagne.
Éviter un appel d’air dans la région
Généralement, on peut justifier son domicile en Allemagne par un document administratif qui s’appelle “Meldebescheinigung”. Ce document est remis par la municipalité dans laquelle on vit après s’être enregistré. Une démarche obligatoire à chaque déménagement en Allemagne.
Y a-t-il des règles particulières pour la zone transfrontalière comme celle de Kehl ? La police nationale et la maire de Strasbourg se sont inquiétés de voir un afflux de Français rentrer de Kehl avec du cannabis.
A priori, il n’y aura pas de règle spécifique pour la zone transfrontalière. La possession dans la rue sera légale uniquement pour les résidents allemands. C’est ce détail important qui devrait suffire à rassurer la police française et la maire de Strasbourg. Seuls les résidents en Allemagne pourront avoir 25 grammes de cannabis sur eux. Mais la vente ou le partage ne seront pas autorisés, même entre résidents allemands. Cette règle générale doit permettre d’éviter un appel d’air dans la région.
Quelles sont les sanctions encourues par des Français en possession de cannabis en Allemagne sans être membre d’un club ?
En Allemagne si vous êtes contrôlés avec du cannabis et que vous n’y avez pas le droit, vous encourez jusqu’à cinq ans de prison. Si vous avez une grosse quantité sur vous et que le juge considère que cela relève du trafic, la sanction commence à deux ans de prison.
Un rapport à venir
Toute personne entrant en France avec du cannabis sur elle peut être verbalisée et payer une amende forfaitaire de 200 euros. Pour des quantités plus importantes, en France, la possession de cannabis est passible d’une condamnation allant jusqu’à un an de prison et 3 750 euros d’amende.
La légalisation du cannabis a provoqué un intense débat en Allemagne, même au sein de la majorité gouvernementale alliant les écologistes, les sociaux démocrates et le parti de gauche radicale Die Linke. Y aura-t-il un suivi des effets de cette légalisation ?
Un an et demi après l’entrée en vigueur de la loi, il y aura un rapport parlementaire sur les conséquences de cette légalisation, tout particulièrement en ce qui concerne la santé des jeunes.
Le bidonville de Cronenbourg, situé à l’intérieur d’une bretelle d’accès à la M35, doit être « résorbé » en 2024 et 2025. Une première phase de diagnostic vient de se terminer, et doit mener à un travail d’insertion et de mise à l’abri individualisée.
En 2023, la Ville de Strasbourg a saisi la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement pour trois bidonvilles – le premier à l’intérieur d’une bretelle d’accès à la M35 à Cronenbourg et deux autres à la Cit . . .
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Les Ultra Boys 90, groupe de supporters du Racing Club de Strasbourg, ont annoncé une marche dimanche 31 mars, jour de réception du Stade Rennais. Ils réclament le départ du consortium américain BlueCo, propriétaire du club depuis l’été 2023. Les supporters l’accusent de transformer leur club en « un actif financier ».
Depuis le rachat du Racing Club Strasbourg Alsace (RCSA) en juin 2023, la colère des ultras ne faiblit pas. Actuellement 12e de Ligue 1, les matchs au stade de la Meinau sont régulièrement ponctués par des « BlueCo, casse toi ! » émanant de la tribune Ouest, où se trouvent les ultras.
Dans un communiqué publié sur leur page Facebook, le groupe de supporters des Ultra Boys 90 (UB90) appelle à une mobilisation contre le consortium, dimanche 31 mars. Elle démarrera à 15h devant le local de la Fédération des supporters du Racing Club de Strasbourg (FSRCS), au 1 rue du Maréchal Lefebvre, pour se transformer en une marche jusqu’au stade de la Meinau, qui accueillera le match face au Stade Rennais, à 17h05.
2e plus jeune effectif de ligue 1
Dans leur communiqué, les UB90 s’inquiètent de la politique de recrutement de leur club. « Il est désormais limpide que BlueCo impose un recrutement de joueurs de 21 ans, maximum. Aucun club professionnel ne peut être compétitif dans ces conditions », argumentent les supporters. Depuis son rachat, le club a dépensé 60 millions d’euros dans des nouveaux joueurs. Parmi eux, Abakar Sylla (21 ans), Dilane Bakwa (21 ans), Milos Lukovic (18 ans), Emmanuel Emegha (21 ans), Junior Mwanga (20 ans) ou encore Saïdou Sow. Avec un âge moyen de 24 ans, le RCSA possède le deuxième effectif le plus jeune de Ligue 1.
Une tendance qui amène les ultras à s’interroger : « Quel est le réel projet de BlueCo pour notre Racing ? » Suite à cette question, le communiqué suppose que « le Racing n’est désormais qu’un actif financier, sous le giron d’un fond d’investissement déjà propriétaire d’un autre club de football ». Le multipropriétaire américain BlueCo est également propriétaire du club anglais Chelsea, qui a prêté deux joueurs au RCSA cette saison – les Brésiliens Angelo et Angel Santos.
Perte d’identité
Le groupe de supporters Kop Ciel & Blanc a annoncé sa présence à la marche dans son propre communiqué. Dans ce dernier, ils constatent « une nouvelle ligne de conduite, recruter des jeunes joueurs inexpérimentés pour les faire éclore et les revendre au prix fort. Les joueurs les plus anciens et les plus expérimentés sont revendus avant que leur valeur marchande ne baisse. »
Depuis l’arrivée de BlueCo à l’été 2023, des joueurs historiques incarnant l’identité du club en sont partis. C’est le cas de Dimitri Liénard en fin de saison 2023, soit dix ans après son arrivée ou du gardien et capitaine Matz Sels au mercato d’hiver.
Une situation qui amène les UB90 à revendiquer « la vente du club à un nouveau propriétaire capable de respecter son histoire, ses valeurs et ses supporters ».