Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

De 200 à 400 millions d’euros, pourquoi la dette de la Ville de Strasbourg a doublé en six ans

De 200 à 400 millions d’euros, pourquoi la dette de la Ville de Strasbourg a doublé en six ans
Novembre 2024. Soirée « Budget local, parlons-en ! » au palais des fêtes en présence de Mme Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg et de M. Syamak Agha Babaei, premier adjoint à la maire. // Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Le bilan financier du mandat de Jeanne Barseghian à la tête de la Ville de Strasbourg se dessine. Il s’est distingué par un recours massif à l’emprunt, au point de doubler la dette. Une réponse à « la dette écologique et sociale » selon la municipalité écologiste.

S’il y a un sujet qui revient à chaque conversation sur les finances locales, c’est la dette. Largement débattue lors des débats d’orientation budgétaire, elle vaut à la majorité d’accuser l’opposition d’être des « fétichistes de la dette ». Cette dette avait pourtant été annoncée dès 2020 via un « grand emprunt » de 350 millions d’euros, censé financer des projets de transition écologique et de rénovation du patrimoine scolaire.

En fin de mandat, la promesse du grand emprunt a été tenue et la dette a doublé. Entre 2019 et 2023, 49 % des investissements ont été financés à crédit. La dette est passée de 194 à 332 millions en 2024 (+72 %), avec une projection à 419 millions en 2026. Les chiffres montrent une accélération notable de l’endettement en fin de mandat, concentré sur la réalisation de nombreux chantiers. Syamak Agha Babaei, premier adjoint à la maire de Strasbourg en charge des finances, explique :

« Quand nous sommes arrivés, en 2020, il y a eu un temps de latence pour les projets, avec des retards sur les investissements. Cela explique aussi qu’en fin de mandat, il y ait beaucoup de travaux. »  

200 millions pour la petite enfance

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La centrale géothermique de Rittershoffen provoque un nouveau séisme

La centrale géothermique de Rittershoffen provoque un nouveau séisme
Site d’extraction d’eau géothermale de Rittershoffen.

La terre a tremblé à Rittershoffen, dans la nuit du 3 au 4 décembre. L’épicentre a été détecté sous la centrale géothermique d’Électricité de Strasbourg située dans la commune. L’installation est à l’arrêt, le temps de comprendre le phénomène.

Le site national d’information sur la sismicité (Renass) indique qu’un séisme de magnitude 2,5 sur l’échelle de Richter a eu lieu en Alsace, le 4 décembre à 1h45 du matin. Son épicentre se situe au niveau de la centrale géothermique de Rittershoffen, gérée par Électricité de Strasbourg (ÉS). Les scientifiques le considère donc induit par l’activité humaine. Les installations de géothermie profonde impliquent de faire circuler de l’eau dans des failles géologiques à plusieurs kilomètres de profondeur pour en exploiter la chaleur et peut-être bientôt le lithium.

Mais la centrale de Rittershoffen avait déjà provoqué deux séismes le 7 mai 2024, et un troisième le 24 juillet 2024. L’épicentre se trouve plus au nord que lors des épisodes précédent, ce qui rend une analyse approfondie de la situation encore plus nécessaire. À 2h45 du matin, l’équipe d’astreinte de l’usine a stoppé l’activité. Selon le géologue du CNRS Jean Schmittbuhl, interrogé par les DNA, il s’agit de déterminer si le phénomène est lié à une migration des fluides sous terre qui aurait activé une nouvelle faille.

La magnitude des derniers séismes liés à la centrale de Rittershoffen étaient de 2, 2,1 ou 2,2 sur l’échelle de Richter. Les scientifiques ont notamment l’objectif de comprendre l’augmentation de l’intensité de ces tremblements de terre induits. En octobre 2024, Rue89 Strasbourg mettait en évidence l’augmentation de la menace de séismes graves en cas de multiplication des forages en Alsace du nord pour exploiter le gisement de lithium.

#Rittershoffen

PFAS : dans les Vosges, le désarroi et la colère des habitants face à la pollution de leur eau 

PFAS : dans les Vosges, le désarroi et la colère des habitants face à la pollution de leur eau 
Une pollution invisible contamine l’environnement dans ce secteur des Vosges.

Dans deux villages des Vosges, les boues industrielles épandues depuis des années sont la cause probable de la contamination de l’eau potable. Des forêts, des prairies et des terres cultivées en agriculture biologique sont touchées.

Les deux captages d’eau contaminés sont situés le long d’une petite route de campagne, au milieu d’un champ en lisière de forêt. Un décor bucolique, loin des nuisances urbaines. Pourtant, les populations de Tendon et d’Arrentès-de-Corcieux, communes rurales des Vosges, ont été informées à la mi-octobre d’une pollution aux PFAS. L’annonce est tombée après une campagne d’analyses menée par l’agence régionale de santé (ARS), en préparation de l’application de la directive européenne sur la qualité de l’eau potable, le 1er janvier 2026. Celle-ci rend obligatoire la mesure de la teneur de 20 PFAS, avec une norme fixée à 0,1 microgramme par litre (µg/l).

Aux Arrentès-de-Corcieux, la concentration en PFAS dépassant plus de sept fois la norme, l’eau du robinet est interdite à la consommation pour l’ensemble de la population. À Tendon, où la concentration est plus faible (0,14 µg/l), la préfecture a limité l’interdiction aux publics vulnérables – enfants de moins de 2 ans, femmes enceintes, personnes âgées ou immunodéprimées. Dans les deux localités, des distributions d’eau en bouteille ont été mises en place.

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Intimidations, insultes racistes… Six salariés et la CGT portent plainte contre Ritleng

Intimidations, insultes racistes… Six salariés et la CGT portent plainte contre Ritleng
La CGT et six salariés déposent plainte contre Ritleng Revalorisations.

Six salariés ou ex-salariés de l’entreprise Ritleng Revalorisations et la CGT ont déposé une plainte contre la direction de l’entreprise, mardi 25 novembre. Ils dénoncent des atteintes à la santé, à la sécurité au travail, au droit syndical et des faits de harcèlement moral et d’injures racistes.

Le conflit opposant plusieurs salariés de l’entreprise Ritleng Revalorisations et la direction de l’entreprise devient judiciaire. Par l’intermédiaire de leurs avocats, la CGT du Bas-Rhin et six salariés ou ex-salariés de l’entreprise de gestion de déchets de plâtre ont déposé une plainte, mardi 25 novembre, auprès de la procureure de la République de Strasbourg, Clarisse Taron.

Cette plainte met en cause l’entreprise et quatre membres de la famille Ritleng, qui occupent des postes de direction au sein de la société. Le document, long de 102 pages, relate un ensemble d’événements qui se sont déroulés au sein de l’entreprise de 2016 à juillet 2025.

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19 sans-abris dorment dans l’école Schluthfeld : journée « école morte » lundi 8 décembre

19 sans-abris dorment dans l’école Schluthfeld : journée « école morte » lundi 8 décembre
Des parents d’élèves et des enseigant-es se relayent pour dormir dans l’école avec les familles hébergées.

Une association de parents d’élèves appelle à ne pas emmener les enfants à l’école du Schluthfeld lundi 8 décembre. Des familles d’élèves à la rue sont abritées dans cet établissement depuis le 19 novembre.

« On commence à fatiguer », avoue un enseignant membre du collectif Schluthfeld solidaire. Depuis le 19 novembre, des parents d’élèves et des enseignant-es se relayent pour dormir dans l’école du Schluthfeld, afin d’y organiser l’hébergement de trois familles d’élèves à la rue. « On essaye d’être au moins deux, un personnel de l’établissement et un parent d’élève », indique le professeur interrogé :

« L’organisation est rodée. D’autres parents d’élèves ramènent à manger tous les jours. Le matin, on se lève à 6h30 pour prendre le petit-déjeuner. Les familles sortent à 7h30 et rejoignent des lieux d’accueil de jour ou leurs campements… »

Schluthfeld solidaire signale avoir interpellé la maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian, le lundi 24 novembre lors de l’inauguration de l’école Krimmeri : « Nous lui avons donné des adresses de logements vacants appartenant à la Ville dans notre quartier. Aujourd’hui, aucune proposition d’hébergement n’a été concrétisée. » Au total, le collectif dénombre sept familles sans-abris à l’école du Schluthfeld (dont les trois qui dorment dans l’établissement occupé).

Le collectif a interpellé la maire de Strasbourg lundi 24 novembre.Photo : Document remis / Collectif Schluthfeld solidaire

« Nous appelons à une journée école morte lundi 8 décembre »

De son côté, la Ville de Strasbourg assure mettre à disposition ses locaux dès que possible pour les personnes sans-abri, tout en rappelant que c’est l’État qui est censé le faire selon la loi. En partenariat avec l’association Les Petites roues, 5 familles ont été mises à l’abri dans trois appartements le 25 novembre. « Nous sommes contraints de prioriser selon le degré d’urgence », déplore le cabinet de la maire. « Parmi les personnes qu’on loge, il y a une femme enceinte, un enfant de trois ans… Ce sont des urgences », rétorque un enseignant de l’école.

« Nous ne pouvons accepter que ces enfants et leurs familles dorment dans la rue sous la pluie et dans le froid ! », écrit l’association des parents d’élèves des écoles du Schluthfeld (APEES) dans un communiqué envoyé le 3 décembre : « Si aucune solution n’est trouvée pour ces familles d’ici là, nous appelons à une journée “école morte” le lundi 8 décembre. Nous invitons les parents qui le peuvent à ne pas mettre leurs enfants à l’école ce jour-là. »

En Alsace, la Protection de l’enfance mise sur des parrains et marraines bénévoles

En Alsace, la Protection de l’enfance mise sur des parrains et marraines bénévoles
Monique Gazagnes et Melinda, marraine et filleule, en virée à Strasbourg.

En application d’une loi de 2022, la Collectivité européenne d’Alsace confie depuis avril à deux associations le soin de trouver des parrains ou des marraines aux enfants de ses services sociaux. Une ressource certaine pour les jeunes mais qui pourrait déséquilibrer un système de protection de l’enfance en difficulté.

Cet après-midi, Monique Gazagnes est venue chercher Melinda, 16 ans, dans son village de Wahlenheim pour une virée à Strasbourg. Shopping, musées, restos… Formatrice de français langue étrangère à la retraite, Monique a fait découvrir la ville à Melinda depuis leur rencontre sous les auspices de l’association de parrainage de proximité bas-rhinoise Dessine-moi une passerelle (DMP). C’était le 30 janvier 2024, une date marquée d’une pierre blanche pour chacune. C’est Monique aussi qui a fait connaître ses premières vacances à cette enfant issue d’une famille en grande difficulté. Une semaine à Paris d’abord, son rêve, puis une autre aux Saintes-Maries-de-la-mer, première plage, premier camping.

Monique esquisse : « Je suis là pour aider Melinda à s’en sortir, l’encourager à surmonter ses peurs et la gâter. C’est un peu comme ma petite-fille. » « Maintenant, je suis sociable, répond Melinda, qui a longtemps souffert de phobie sociale, Et Monique est attentive à tout ce que j’aime. » La marraine et sa filleule s’amusent désormais d’avoir « une photo de Melinda devant la Joconde, grand sourire dans la foule et sans aucune panique ! »

Un savoir-faire éprouvé, un financement récent

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Florian Kobryn veut un marché de Noël payant dès 2027

Florian Kobryn veut un marché de Noël payant dès 2027
Florian Kobryn, candidat insoumis aux élections municipales de Strasbourg pour mars 2026.

Le candidat de La France insoumise aux élections municipales, Florian Kobryn, propose de rendre payant l’accès au marché de Noël pour les personnes n’habitant pas l’Eurométropole de Strasbourg.

Dix euros par personne pour accéder au marché de Noël les week-ends : c’est la proposition de Florian Kobryn, candidat soutenu par La France insoumise aux élections municipales de Strasbourg. La mesure viserait toutes les personnes qui ne résident pas dans l’une des 33 communes de l’Eurométropole, précise-t-il mardi 2 décembre. La raison :

« La Grande-Île devient impraticable pendant la période de Noël et on observe une explosion du trafic aérien à l’aéroport d’Entzheim. Les efforts écologiques menés toute l’année par les Strasbourgeoises et Strasbourgeois sont remis en question, puisque tout cela contribue à un bilan carbone très élevé. »

Il alerte aussi sur la pression immobilière : « 200 à 300 logements basculent vers du Airbnb dans une période où il est déjà très dur de se loger. » Et d’ajouter : « Comment parler de la magie de Noël quand on accueille le monde entier alors que des familles et des enfants dorment à la rue ? »

Un fonds pour l’hébergement d’urgence

S’ajoute, selon lui, une croissance inquiétante de la fréquentation. De 2,5 millions de visiteurs en 2019 à 3,4 millions en 2024 — soit près de 40 % de hausse en cinq ans — il extrapole une affluence pouvant atteindre « 7 millions de personnes en 2035. C’est une perspective difficilement entendable. »

Pour y faire face, Florian Kobryn , également conseiller départemental d’opposition, s’inspire de la ville de Venise en Italie, qui impose désormais une taxe d’entrée dans son centre historique pour juguler le sur-tourisme, ou encore des traditionnelles fêtes de Bayonne, devenues payantes.

Sa proposition consisterait à faire payer l’accès au marché de Noël les week-ends (avec un ticket valable pour toute la durée du marché de Noël), tout en prévoyant des exceptions pour les moins de 18 ans, les bénéficiaires du RSA ou les personnes en situation de handicap. Une tarification solidaire est également annoncée. « L’argent récolté sera dédié à de l’hébergement d’urgence. »

« Personne ne prend la mesure de ce que le marché de Noël représente pour les habitants, c’est une machine touristique qui amplifie les inégalités », tranche le candidat. Aucune jauge maximale n’est cependant envisagée. En cas de victoire, Florian Kobryn prévoit un bilan de cette opération à la fin de la première édition payante, pour déterminer les effets du prix d’entrée sur la fréquentation du marché de Noël le plus célèbre du monde.

Les colos de 1 000 enfants alsaciens précaires menacées par le gouvernement

Les colos de 1 000 enfants alsaciens précaires menacées par le gouvernement
Le dispositif « colos apprenantes » créé en 2020 est menacé.

Des associations organisatrices de colonies de vacances alertent sur la volonté du gouvernement de supprimer une aide apportée aux familles précaires pour qu’elles envoient leurs enfants en séjours collectifs. Depuis 2020, plus de 1 000 jeunes alsaciens en ont bénéficié chaque année.

« Si ça passe, nos séjours seront juste organisés pour les enfants de familles plus riches », déplore Gwenolé Nicolas, employé d’une association organisant des colonies de vacances. Mardi 2 décembre, elles sont huit (Aroéven, YMCA, Crajep, UFCV, Eul, Campus Théodor Monod, Jeunesse au plein air et la Fédération des maisons des jeunes et de la culture) à signer un communiqué dénonçant la « fin annoncée des colos pour tous ».

Le projet de loi de finances 2026 prévoit la suppression du dispositif « colos apprenantes » pour économiser 36,8 millions d’euros. Les associations expliquent :

« Depuis 2020, tous les ans, plus d’un millier de jeunes alsaciens entre 6 et 17 ans (ils sont 88 000 au niveau national) issus de milieux défavorisés ou des classes moyennes à faibles ressources ont pu bénéficier des colos apprenantes et partir en vacances en participant à des séjours d’une ou deux semaines à des prix abordables pour leurs familles. »

Concrètement, ces aides dépendent du quotient familial mais peuvent permettre une prise en charge de la quasi-totalité du coût d’un séjour pour les ménages les plus précaires. Selon les acteurs éducatifs, ce soutien financier créé en 2020 a permis « une mixité sociale, des amitiés au-delà des barrières habituelles ». « Les séjours que nous proposons développent l’autonomie, la socialisation, la confiance en soi et le vivre-ensemble solidaire. Ce ne sont pas seulement des vacances, mais un outil éducatif complémentaire à l’école et à la famille », complètent les associations.

Les groupes de gauche à l’Assemblée nationale prévoient de déposer des amendements pour rétablir ce dispositif.

Le tribunal administratif autorise l’expulsion du camp Krimmeri

Le tribunal administratif autorise l’expulsion du camp Krimmeri
Le camp de Krimmeri, la veille de son évacuation en novembre 2024.

Lundi 1er décembre, le tribunal administratif a jugé que les conditions de vie dans le camp de Krimmeri étaient dangereuses et insalubres. La police est autorisée à intervenir à compter du lundi 8 décembre.

La cinquantaine de tentes du camp Krimmeri devrait bientôt disparaître. Mais combien de temps faudra-t-il pour que des personnes sans-abri s’installent à nouveau à proximité du stade de la Meinau ? C’est une procédure désormais rodée : propriétaire du terrain occupé, la Ville de Strasbourg a demandé l’expulsion des personnes installées sur ces espaces verts entre un bras du Rhin tortu et les lignes de tram. Si la collectivité ne le fait pas, elle se met en défaut quant à ses obligations de protection des populations vivant sur son territoire (voir notre article sur cette jurisprudence de décembre 2022).

Dans une ordonnance rendue le lundi 1er décembre, le tribunal administratif de Strasbourg a jugé que l’évacuation remplissait les conditions d’urgence nécessaires dans le cadre d’une procédure en référé :

« Il résulte également de l’instruction que certains de ces occupants sont implantés à proximité du Rhin Tortu, d’autres près des lignes de tramway ou de lieux de passage de véhicules et d’un compteur électrique, sans bénéficier d’installations permettant de garantir leur sécurité et la salubrité des lieux, alors que des feux de camp ont été allumés sur le site. Dès lors, le maintien dans les lieux des occupants présente des risques pour la sécurité publique, compte tenu notamment des risques d’accident, d’incendie, de chutes d’arbres comme de branches. »

Quatrième expulsion

L’histoire se répète au camp Krimmeri. En novembre 2024, plus de 300 personnes, dont plus d’une centaine d’enfants, étaient expulsées par la police. Cette évacuation faisait suite à d’autres opérations de police en avril et en août 2024. L’explication est simple : suite aux expulsions, nombre de sans-abris sont hébergés temporairement. Au bout de quelques jours, ils sont remis à la rue. D’autres sont orientés vers le centre d’aide pour le retour de Bouxwiller. Mais comme ils ne souhaitent pas quitter le territoire français, ils finissent alors par regagner les espaces verts à quelques pas du stade de la Meinau tandis que d’autres cherchent des espaces moins exposés.

La cinquantaine de personnes visées par la décision d’expulsion a cinq jours pour quitter les lieux à compter du lundi 1er décembre. La police pourra ensuite intervenir pour procéder à l’évacuation.

#parc du Krimmeri

La carte des élèves à la rue de Strasbourg

La carte des élèves à la rue de Strasbourg

Pour prendre la mesure de l’ampleur du sans-abrisme chez les enfants et mettre en lumière les actions citoyennes, Rue89 Strasbourg propose une carte des principales mobilisations dans les écoles de l’agglomération. Cette carte et cette chronologie, rendues possibles par le travail du collectif Pas d’enfant à la rue, seront mises à jour durant tout l’hiver 2025.

Presque tous les enfants vivant à Strasbourg sont scolarisés, ce qui permet de détecter une partie des situations de sans-abrisme. Au cours de l’hiver 2025, au moins 50 enfants vivent et dorment à la rue dans l’Eurométropole. Un chiffre sous-estimé puisque les mineurs non accompagnés n’apparaissent pas dans ces décomptes, pas plus que les enfants vivant en squat. « Notre vision est morcelée », reconnaît Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des solidarités, tandis que le collectif pour une autre politique migratoire estime à une centaine le nombre d’enfants sans-abri.

Chronologie

Les associations mobilisées

    Le collectif « Pas d’enfant à la rue ». Ce collectif conseille les parents d’élèves et les enseignants confrontés à des situations de sans-abrisme dans leur établissement. Il peut être joint par courriel (collectif.pas.d.enfant.a.la.rue@gmail.com) ou via Facebook. Le collectif « Enfants à la rue, État hors-la-loi ». Ce collectif de citoyens et de citoyennes présent sur les campements pour aller à la rencontre des familles et d’alerter pour un règlement global de la situation. Il peut être joint par courriel (logvide@gmail.com). Les petites roues. Cette association présidée par Sabine Cariou travaille en partenariat avec la Ville de Strasbourg pour proposer des appartements utilisés par plusieurs familles. Les Petites roues sont parfois missionnées pour mobiliser les locaux intercalaires identifiés ou pour utiliser les locaux vacants identifiés par la Ville. L’association peut-être jointe via son site web. Dans chaque école, parents d’élèves et enseignants se regroupent pour alerter sur des élèves à la rue et leur apporter des solutions. Ces collectifs souvent informels mobilisent la communauté éducative et lancent des cagnottes en ligne pour aider les familles d’enfants sans abris. « Si la situation traîne trop, on leur conseille d’héberger les familles dans l’école », indique Delphine Bernard, du collectif « Pas d’enfant à la rue ».

Les types d’actions citoyennes

    Détecter des élèves sans-abris. Les enseignants constatent parfois des élèves extrêmement fatigués, qui dorment en classe, dont les vêtements sont humides, etc. Il s’agit d’un processus délicat, pour ne pas stigmatiser les enfants ni mettre en danger les familles. Créer un collectif. « Quand des écoles nous appellent, ce qu’on leur conseille de faire, c’est de monter un collectif. Ça se fait de façon spontanée », explique Delphine Bernard. Certains collectifs sont informels, d’autres se sont structurés en associations. Lancer une cagnotte. Pour financer des nuits d’hôtels, ou, dans le cas d’une occupation des locaux, des matelas et des produits de première nécessité, ou participer aux frais de justice, les collectifs peuvent mettre en ligne des cagnottes solidaires. Les liens sont à retrouver sur la carte. Alerter, manifester. Pour interpeller les pouvoirs publics, les parents et les enseignants peuvent manifester sur la voie publique, devant les établissements scolaires. Ces manifestations relayées par la presse permettent de rendre visibles les situations de sans-abrisme mais elles ont peu d’effet sur la préfecture du Bas-Rhin. Occuper l’établissement. L’hébergement des familles dans les établissement constitue un moyen de pression provisoire. « Pour l’État et les collectivités, c’est une solution de facilité, car ils ne gèrent rien, prévient Delphine Bernard. La charge est reportée sur les parents d’élèves et les enseignants, et parfois les mobilisations s’arrêtent à cause de l’épuisement. »

Les solutions apportées

    Prise en charge par le Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) de l’État. C’est au SIAO de trouver des solutions pour les personnes sans-abri. Mais les hébergements à la disposition de ce service sont saturés. « Au fur et à mesure, les politiques d’hébergements se sont restreintes », note Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des solidarités. « Avant, si quelqu’un sous dialyse était à la rue, on s’insurgeait. Maintenant, ce sont des situations presque communes. » Prise en charge par la Ville de Strasbourg. En novembre 2025, la Ville de Strasbourg indique avoir logé 19 personnes dont 11 enfants dans trois appartements rénovés. « On est contraint de loger en priorité les personnes les plus vulnérables, ce qui ne correspond pas toujours aux familles pour qui il y a eu des mobilisations », précise Floriane Varieras.

Vous connaissez des situations ou des mobilisations qui devraient figurer sur cette liste ? N’hésitez pas à contacter la rédaction pour que nous puissions la mettre à jour.

Le combat d’Angelo révèle une faille majeure de l’enquête sur la mort d’Enzo

Le combat d’Angelo révèle une faille majeure de l’enquête sur la mort d’Enzo
Angelo Weiss, oncle de Enzo Weiss, décédé lors d’une course poursuite avec des agents de la BAC en avril 2023 à Strasbourg.

La vie de la famille Weiss a basculé le 2 avril 2023, lorsque Enzo est mort à la cité de l’Ill à l’issue d’une course-poursuite avec la BAC. Depuis ce jour, son oncle Angelo lutte pour connaître les circonstances de ce drame. Fait rarissime : il a obtenu une réouverture de l’enquête.

« C’est un cauchemar ce qu’on vit, franchement, on a l’impression d’être dans un film. » Deux ans et demi après la mort de son neveu, Angelo Weiss est toujours en quête de vérité. Dans la nuit du 2 au 3 avril 2023, Enzo, 17 ans, est dans une voiture volée avec deux de ses cousins. Des agents de la Brigade anti-criminalité (BAC) repèrent le véhicule et tentent de l’arrêter, mais les jeunes fuient. Ils abandonnent la voiture et se séparent près du stade de la Thur à la cité de l’Ill. Selon la version du policier qui le suivait, seul témoin connu de la scène, Enzo se serait jeté dans la rivière juste avant d’être interpellé.

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Soirée camping, folklore japonais et autres curiosités culturelles à découvrir en décembre

Soirée camping, folklore japonais et autres curiosités culturelles à découvrir en décembre
Le spectacle Yokai de la compagnie The Krumple

Pour ce mois de décembre 2025, notre sélection culturelle fait voyager de l’Allemagne en Birkenstock à Shanghaï sur grand écran. Il y aura aussi du vin chaud parce qu’on a été sages.

Paye ton Noël, un festival à suivre, vraiment

Les contrôles de sécurité et les illuminations sont en place, les rues se remplissent aussi vite que les verres de vins chauds et vous avez peut-être été conviés à un secret santa entre collègues… Pas de panique, le festival Paye ton Noël est de retour avec un programme qui donne des envies de festoyer en pull moche et de s’échanger des cadeaux inutiles. Pour sa 19e édition, le festival se déploie dans cinq lieux différents.

Après s’être installé au Marché Off fin novembre, Pelpass installe le mini-village de Paye ton Noël du 5 au 7 décembre place de Zurich pour un week-end de concerts, spectacles et animations compatibles avec les familles. C’est en accès libre, disons plutôt à prix libre, et il y aura de du vin chaud, des crêpes, des tartes flambées et tout ce qui fait Noël à Strasbourg, les touristes en moins.

Mardi 9 décembre, c’est Le Cosmos qui accueillera le concours Paye ton court-métrage sur le thème Guirlandes et sac de couchage, le Star étant rendu indisponible en raison des travaux du Saint-Ex.

Anysa, programmée à Paye ton Noël samedi 20 décembre.

Du 11 au 13, le festival se déplace au Molodoï avec notamment une soirée spécial camping le jeudi : loup-garou géant, concours en tous genres, karaoké live, Whitney Houston challenge… Le festival envoie ensuite des concerts vendredi et samedi puis remets ça les vendredi 19 et samedi 20 décembre mais à La Grenze. Qui a dit que décembre c’était relou à Strasbourg ?

Quel rôle pour les médias quand la démocratie est menacée ?

Guillaume Krempp, rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg participera avec les journalistes Maud de Carpentier, Nicolas Kaspar et Jacques Trentesaux à une table-ronde sur les médias et la démocratie au Marché Off lundi 1er décembre. Il s’agira de débattre sur le thème « Partout à travers le monde, la crise de la démocratie remet en question le rôle des médias ; mais qu’en pensent nos médias locaux ? » Bonne question…

Shanghai sur grand écran

Et si ce mois de décembre était l’occasion d’une plongée dans le patrimoine cinématographique de Shanghai ? Bon, il faut être disponible les mercredis matins à 11h, mais ça vaut le coup : les séances sont gratuites et l’on découvre un nouveau film chaque semaine. On doit ce cycle au Shanghai Film Technology Plant qui a entrepris la restauration de cinq œuvres majeures emblématiques, réalisés entre les années 1940 et 1990. Les films sont tous diffusés deux fois jusqu’au 21 janvier 2026, et en version sous-titrées.

Image extraite du film Sœurs de scène (Wutai Jiemei) de Jin Xie

Au riche programme de ce périple dans le temps : une histoire d’émancipation entre la Chine et Paris, un ancien détenu de camp de travail qui devient gardien de chevaux, la vie d’une actrice d’opéra en lutte contre un système masculin, le quotidien d’une fille de six ans dans les années 20, et deux actrices qui subissent les bouleversements socio-politiques de la Chine pré-révolutionnaire.

    mercredi 3 décembre à 11h : Pan Yuliang artiste peintre (1994). Vendue à une maison close en chine lorsqu’elle est adolescente, Yuliang parvient à s’extraire de sa condition et devient une artiste peintre reconnue. mercredi 10 décembre à 11h : Woman-demon-human (1987). La vie d’une actrice d’opéra chinois marquée par une lutte avec acharnée contre un système dominé par les hommes. mercredi 17 décembre à 11h : Soeur de scène (1964). Au début des années 1940, une jeune villageoise maltraitée trouve refuge au sein d’une troupe mais leur lien se fragilise à mesure que les bouleversements socio-politiques traversent la société chinoise. mercredi 07 janvier à 11h : Le Gardien de chevaux (1982). Après plusieurs années en camp de travail, Xu Ling Jun s’installe dans l’ouest de la Chine. Son père, sino-américain, le retrouve et souhaite l’emmener vivre aux États-Unis. mercredi 14 janvier à 11h : My memories of old Beijing (1983). À la fin des années 1920, Yingzi Lin, une jeune fille de six ans, quitte Taïwan avec ses parents pour s’installer à Pékin. mercredi 21 janvier à 11h : Pan Yuliang artiste peintre.
Le spectacle YOKAI de la compagnie The Krumple. Photo : James Coote
Yōkai Photo : James Coote

Yōkai, folie visuelle et fantastique

Avez-vous déjà entendu parler des Yōkai ? Ces créatures surnaturelles du folklore japonais apportent chance ou malheur aux vivants selon leur humeur. Le collectif Krumple leur donne corps à travers six interprètes qui mêlent mime, marionnette, danse et magie. Basée entre la Norvège et la France, cette compagnie concentre ses recherches sur un langage théâtral universel, fondé sur le jeu physique et la poésie visuelle. Sans un mot, le spectacle déploie une folie visuelle où le second degré règne en maître, oscillant constamment entre rire et émotion.

Les images sont aussi drôles que grinçantes : une branche d’arbre pousse dans l’oreille d’un homme qui vient de perdre sa femme ; un poisson surgit pour dévorer la tête d’un pêcheur solitaire, qui n’y prête même pas attention. Derrière ces visions oniriques se cache une fable contemporaine sur notre obstination à vouloir être heureux malgré tout.

Jongleur en Birkenstock

Une knack en équilibre sur une baguette de pain. Ça pourrait être le résumé de ce spectacle célébrant la rencontre culturelle entre la France et l’Allemagne. Sorte de one-man-show circassien, French touch made in Germany convoque à la fois la virtuosité – jonglage, acrobatie et mentalisme impressionnent – et l’humour de son interprète allemand installé en France depuis plus de 20 ans. Lui, c’est Immo, et on nous promet qu’il est « aussi à l’aise avec les mots qu’avec une tronçonneuse ». Il apprend à son public des recettes culinaires exotiques, des mots allemands à travers un numéro de mentalisme, fait (re)découvrir Kraftwerk, et peut-être même lancer un débat franco-allemand sur le foot ou le nucléaire… Le public est évidemment mis à contribution de ces performances burlesques qui jonglent entre les références des deux pays.

La bande annonce de French touch made in Germany.
Crédit photo : Vision profonde

Bass music à la Pokop

Les musiques électroniques, et plus particulièrement la bass music, seront à l’honneur de cette soirée CTRL:BASS imaginée par Les Pygmalions. L’objectif de cette association est de diffuser ce style de musique à Strasbourg. Mais bass music, késaco ? Ça regroupe un ensemble de genres musicaux caractérisés par des lignes de basse et du groove, comme le dubstep, le drum and bass, le UK garage, ou encore le hip-hop. La soirée promet une expérience immersive mêlant scénographie, création visuelle et DJ set. Cette édition accueille le DJ et producteur Asdek, figure de la scène électronique internationale, les artistes strasbourgeois·es et nancéien·nes Raver, Pauliphonie et Variäre. La soirée sera suivie d’un after party à la Péniche Mécanique.

Une œuvre de Robert Weaver à découvrir au Musée Tomi Ungerer

Expo sur le reportage illustré

Le Musée Tomi Ungerer propose jusqu’au 15 février un face-à-face passionnant entre deux maîtres du « visual journalism » : Robert Weaver et Tomi Ungerer. L’expo explore l’illustration comme voix journalistique à part entière. Au programme, 83 œuvres de Robert Weaver, pionnier américain qui a fait du dessin un outil d’enquête et de narration. Son influence sur Ungerer ? Décisive. De ce dernier, on découvre notamment le carnet America qui rassemble des croquis réalisés entre 1956 et 1971, mêlant réalisme et satire pour capter les tensions de la société américaine. Si le reportage dessiné s’est fait rare dans la presse, la tradition des dessinateurs d’audience perdure (voir des reportages dessinés sur Rue89 Strasbourg ici, ici ou ici). L’exposition présente ainsi les œuvres plus récentes de Ronald Searle et d’Olivier Dangla, qui a couvert le procès Charlie Hebdo pour Le Monde.

À Brumath, des récits détaillent les passages de la Seconde guerre mondiale

À Brumath, des récits détaillent les passages de la Seconde guerre mondiale
Deux tenues typiques de l’armée américaine et de la Croix Rouge

Située à vingt minutes de Strasbourg, la médiathèque Les Triboques accueille l’exposition Brumath dans la guerre, de la mobilisation à la libération jusqu’au 10 décembre. Textes, lettres, photographies, médailles, artéfacts retracent le parcours et la position de l’Alsace, en particulier de la ville de Brumath, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Depuis l’extérieur, seule une assemblée de mannequins est visible et crée un effet inattendu. Chaque tenue relève la diversité des troupes mobilisées et présentes en région : les soldats français aux tenues américaines se distinguent par leurs casques à l’emblème de la République Française tandis que les soldats américains se présentent avec des casques recouverts d’un filet. Un autre uniforme est orné de la croix d’Anjou, plus connue sous l’appellation « croix de Lorraine », symbole de la résistance affiliée à Charles de Gaulle.

Une telle entrée en matière témoigne de l’engagement collaboratif entre la Ville de Brumath, la médiathèque Les Triboques, la Société d’histoire et d’archéologie de Brumath (Shabe) et l’association du Souvenir Français (qui a parfois du mal à se souvenir). Jean-Philippe Nicolle, vice-président de la Shabe, souligne l’implication qu’a pu demander les recherches auprès des archives de la ville afin d’apporter la documentation nécessaire aux textes, spécialement rédigés pour ce projet. Pour lui, « l’objectif est avant tout de cibler un panel de thèmes variés pour que chaque visiteur profite de l’exposition progressivement et selon ses propres intérêts ». Les vingt-huit panneaux écrits posent en premier lieu un cadre historique général, qui permet de contextualiser des dates, des événements-clés lors de l’occupation allemande en Alsace, en particulier pour Brumath et ses alentours.

L’agencement des panneaux oriente néanmoins le sens de la visite : tout d’abord, lorsque que la France entre en guerre, chaque ville doit organiser sa propre défense et protéger les civils. Située en territoire frontalier, Brumath accueille la présence de l’armée française jusqu’à l’annexion de l’Alsace-Moselle dès juillet 1940. Les noms des rues, tout comme les prénoms et noms de famille aux consonances françaises sont modifiés, la langue française est interdite. Le quotidien des habitants est bouleversé par l’omniprésence de la propagande du régime nazi (affiches antisémites, photographies dégradantes, poésies idéologiques et articles de presse faisant l’éloge du parti).

Main noire, Malgrés-nous et Indigènes

En réponse à la germanisation forcée, des réseaux de résistants se développent sur l’ensemble du territoire, notamment La main noire, un groupe majoritairement composé par des jeunes brumathois et strasbourgeois. Les opposants au régime sont sévèrement punis et envoyés au camp de concentration du Natzweiler-Struthof ou au camp de redressement du Vorbruck-Schirmeck.

Une attention particulière est portée à la situation des « Malgré-Nous », ces soldats alsaciens embrigadés de force et envoyés sur les fronts défendus par la Wehrmacht. Une majorité ne reviendra jamais ou du moins, pas indemne. René Kleinmann, Charles Criqui, Robert Baumgartner : divers profils d’embrigadés sont présentés au gré de leur parcours à travers l’Europe jusqu’à leur décès. Un autre regard appuyé est posé sur le rôle capital des « Troupes indigènes » de l’Armée française en 1944, notamment la 3ᵉ Division d’infanterie algérienne. Les commémorations ont tendance à rappeler le débarquement des troupes anglo-américaines sur les côtes de la Normandie et à éclipser l’implication, le dévouement et les sacrifices des Troupes indigènes débarquées en Provence et engagées pour certaines depuis 1942. Le nord de l’Alsace a été la dernière région française libérée par les armées alliées. Brumath a constitué un lieu de rassemblement pour les alliés et un bastion contre une éventuelle contre-attaque sur Strasbourg, notamment lors de l’opération Nordwind.

Accueil par « La Rosalie »

Le parcours historique est régulièrement ponctué par des récits, des actes spontanés de résistance qui ont silencieusement contribué à la libération alsacienne. À l’occasion du vernissage du 14 novembre dernier, le camion de pompiers Mercedes-Benz 1500F “La Rosalie” était de sortie. Acquis en 1943 avec l’accord de l’administration allemande, il sera employée à multiples reprises lors de l’offensive Nordwind. Alors que les bombardements perdurent, le corps des sapeurs-pompiers de la ville se risque à porter secours aux villes voisines, en particulier Bischwiller. Les multiples actes de courage, de bravoure et de dévouement leur vaudront l’attribution d’une distinction, la fourragère tricolore, toujours portée lors des commémorations.

Le vernissage du 14 novembre 2025 est marquée par la sortie de caserne de la RosaliePhoto : Mathilde Schissele / Rue89 Strasbourg

Des passionnés de lithographie veulent redonner vie à l’imprimerie Geistel à Cronenbourg

Des passionnés de lithographie veulent redonner vie à l’imprimerie Geistel à Cronenbourg
L’association prévoit d’en faire une imprimerie-musée, des ateliers de lithographie et une salle d’exposition.

À l’ouest de Strasbourg, l’ancienne imprimerie Geistel est restée figée dans les années cinquante. Pierres lithographiques, presses centenaires et vieilles étiquettes témoignent d’un riche passé que l’association Litho Geistel veut rouvrir au public.

Portail noir, jardin en friche et façade abîmée par le temps, la maison située au 48 rue du Gazon semble abandonnée. Elle dénote dans ce quartier résidentiel à la frontière entre les quartiers de Cronenbourg et Koenigshoffen à Strasbourg. Pourtant, à l’intérieur, des trésors d’une autre époque s’y cachent : ceux de l’imprimerie Geistel fermée en 1952.

Eugénie Geistel, l’unique héritière de l’entreprise, est décédée en mars 2023. Elle a légué ses biens au Fonds de dotation Geistel qui s’est constitué en association deux ans plus tard. Ses bénévoles, passionnés de lithographie, veulent redonner vie à ce patrimoine industriel et artistique en ouvrant l’imprimerie au public. « Ici, tout est authentique, on entre dans la peau de ceux qui y travaillaient il y a soixante-dix ans », commence Alain Hurstel, président de l’association Litho Geistel. Il poursuit : « J’appelle cette maison un tiers-lieu, pas seulement parce que le mot est à la mode, mais parce qu’on veut en faire une imprimerie-musée et un lieu d’expression pour les artistes lithographes. »

Le lithographe dessine la cathédrale à l’envers pour qu’elle soit à l’endroit après impression.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

Une imprimerie figée dans le temps

C’est derrière la porte d’entrée en bois, sur laquelle un écriteau « Bureau » est toujours accroché, que les clients venaient passer commande. Ouverte en 1910, l’imprimerie Geistel était spécialisée dans les étiquettes et les affiches publicitaires. Une photo de Joseph Geistel et de sa femme décore le mur tandis qu’un portrait de leur fille Eugénie trône sur le bureau. Retour dans les années 1930, à l’âge d’or de l’imprimerie. Alain Hurstel s’engouffre dans le bureau du dessinateur où, sur une table en bois repose un bloc de pierre :

« Le lithographe était le publicitaire de l’époque. Il dessinait les commandes des clients sur des pierres calcaires. Ces artistes ont un esprit qui fonctionne à l’envers parce qu’ils doivent dessiner le reflet d’une image qui, après impression, sera à l’endroit. »

La lithographie est une technique d’impression, inventée en 1796, qui permet de reproduire un tracé réalisé sur une pierre calcaire. L’artiste trace son dessin à la graisse puis y verse tour à tour de l’eau et de l’encre. Le jeu entre le gras et l’eau fait apparaître le motif prêt à être imprimé. Dans les années 1950, cette technique est concurrencée par l’invention de l’offset qui remplace la pierre calcaire par une plaque souple en aluminium et permet de produire plus rapidement. Si la lithographie d’impression a quasiment disparu, elle a continué d’exister dans sa dimension artistique.

Les rouages de l’impression

Quelques marches plus loin, la salle d’impression donne accès à cinq presses imposantes. Contre les murs, des étagères regorgent de blocs de pierre rangés à la manière de livres dans une bibliothèque. Le travail d’inventaire entamé par les bénévoles de l’association Litho Geistel révèle les trésors cachés de l’entreprise. Fasciné, Alain Hurstel partage ses trouvailles :

« Nous avons recensé 1 700 pierres qui sont toutes numérotées en fonction du numéro de dossier des clients de l’époque. On a trouvé des étiquettes pour les bières Pills ou pour le confiseur Becco qui était un gros client. On a aussi des exemplaires de la fameuse carte postale de l’horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg. Ça nous donne une bonne idée de la vie économique des années 1930-1950. »

L’imprimerie compte 1 700 pierres lithographiques numérotées selon le dossier du client. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

Les presses se mettent en mouvement. D’un côté, des rouleaux répartissent l’encre, de l’autre, une plaque humidifie la pierre. La feuille de papier vierge ressort noircie. En moyenne, 37 étiquettes sortent par page. Une commande de 500 000 exemplaires exigeait près de 13 000 passages. Florencia Escalante, vice-présidente de l’association mime et détaille le travail des anciennes salariées :

« Les ouvrières de l’impression étaient souvent des femmes. La margeuse plaçait le papier; la receveuse récupérait la feuille imprimée. Il ne fallait pas s’endormir, la cadence était soutenue. »

Redonner vie au lieu

« Les habitants du quartier étaient convaincus que la maison serait détruite et remplacée par un immeuble », se rappelle Alain Hurstel. Dans une rue de pavillons résidentiels, une tour aurait fait tâche. Le voisinage est donc rassuré de savoir le bâtiment entre les mains de l’association Litho Geistel. « Eugénie a fait un cadeau au quartier Cronenbourg. À nous d’en faire un lieu vivant, culturel et artistique, au service du quartier », poursuit le président.

Au-delà de transformer les lieux en imprimerie-musée, les bénévoles veulent donner de la visibilité aux lithographes artistes et proposer des ateliers aux établissements scolaires. À terme, ils souhaiteraient ouvrir une salle d’exposition. Mais ce projet suppose d’importants travaux pour mettre aux normes d’accueil du public une maison figée en 1952. Chauffage, isolation, électricité, toiture… Tout est à refaire.

L’association Litho Geistel compte une quarantaine d’adhérents dont une dizaine de bénévoles actifs. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

Un permis de construire a bien été validé en août 2025 mais il reste à l’association à réunir 350 000€ pour engager les travaux et ouvrir au public. Un appel aux dons a été lancé sous la forme d’une cagnotte en ligne et des mécénats sont recherchés. Alain Hurstel raconte les actions déjà menées pour financer le projet :

« Aux Journées du patrimoine, on a récolté 650€ de dons en une journée et en vendant les objets de l’appartement d’Eugénie, on a obtenu 11 400€ au marché aux puces. Mais il nous manque encore beaucoup d’argent… Une fois qu’on aura réuni la somme, il faut prévoir deux ans de travaux avant l’inauguration. Il faut savoir être patient. »

La porte en bois se referme sur le patrimoine d’une époque révolue. De retour dans la rue, la bulle temporelle éclate.

Grève express à la Fnac : « ici, on est tous précaires »

Grève express à la Fnac : « ici, on est tous précaires »
Le temps d’une photo, les grévistes se sont rassemblés devant leur enseigne vendredi 28 novembre.

Vendredi 28 novembre, une trentaine de salariés de la Fnac de Strasbourg se sont mis en grève, suite à l’échec des négociations annuelles obligatoires sur leurs salaires. Drapeaux en mains, ils ont dénoncé la précarité de leurs emplois et les dégâts sur leur santé, alors qu’affluaient les clients du Black friday.

Ils n’auront eu que quelques minutes pour dénoncer leurs conditions de travail auprès des clients. Pour les salariés de la Fnac de Strasbourg, l’appel national à la grève du vendredi 28 novembre a été difficile à tenir. Interdits de manifester sur le parvis du magasin en raison du marché de Noël, les salariés grévistes ont en outre été remplacés par des cadres venus du siège et des prestataires extérieurs. « Black Friday oblige », glisse l’un d’eux, les yeux rivés sur les camions de CRS postés sur la place Kléber.

Devant leur enseigne, le va-et-vient des consommateurs se poursuit, imperturbable au mouvement social. « Force à vous », adresse tout de même un passant à la vue du chasuble CGT de Jean-Pierre Gouvernel. Après vingt-quatre ans passés dans les rayons de livres de l’enseigne, le syndicaliste gagne 1 700 euros nets par mois. « Ce qu’on veut, c’est des salaires décents », entame Jean-Pierre Gouvernel.

Jean-Pierre Gouvernel, délégué CGT de la Fnac Strasbourg.

Primes supprimées

« Cette année, après les négociations sur les salaires, le groupe Fnac-Darty est revenu sur les grilles conventionnelles », détaille le syndicaliste. Jusqu’alors, les employés touchaient, en plus de leurs salaires, des primes sur les ventes de services annexes comme « les cartes Fnac ou des assurances. » Lors des négociations annuelles, la direction du groupe a supprimé ces primes.

Avec 37 ans d’ancienneté au compteur et « un dos en vrac », Véronique Kaps est parvenue à faire reconnaître son état de santé comme une conséquence d’une maladie professionnelle. Représentante CGT du personnel, elle insiste sur le nombre d’arrêts-maladies et égrène, pêle-mêle, la liste des troubles musculosquelettiques (TMS) développés par ses collègues. « Certains ont des problèmes de dos, d’autres des tendinites… », cite-t-elle. Mais par « peur d’être déclarés inaptes, les gens n’osent pas déclarer leurs TMS », souffle-t-elle, les joues rougies par le froid. « Ici de toutes façons, on est tous précaires », soupire un salarié gréviste, drapeau en main.

Un magasin aux locaux mal adaptés

À l’arrière de la Maison-Rouge, la trentaine de grévistes s’est réfugiée dans la chaleur du bar La Mandragore. L’occasion d’aborder la dégradation de leurs conditions de travail. Balayant l’écran de son téléphone, Jean-Pierre Gouvernel fait défiler les photos de sa galerie. Sur l’une d’elles, on voit des seaux déposés sur le sol du magasin pour retenir l’eau s’échappant du plafond. « Il y a aussi des escalators défectueux », souligne une salariée qui préfère taire son nom. « Les locaux pour le stock en réserve ne sont pas adaptés », complète Véronique Kaps :

« Les produits sont empilés, sans être identifiés. Avec l’arrivée du “click and collect”, nous sommes contraints de soulever des caisses de plusieurs dizaines de kilos pour trouver les produits commandés. »

À la table d’à côté, deux salariés du magasin Conforama de Geispolsheim écoutent, attentifs, les protestations de leurs confrères et consœurs. « Nos revendications sont identiques : on dénonce la pression du chiffre d’affaires exercée sur les personnels. Le tout au nom de la rentabilité des magasins », lancent-il d’une même voix.

Sept marchés de Noël alternatifs à Strasbourg pour des cadeaux uniques et locaux

Sept marchés de Noël alternatifs à Strasbourg pour des cadeaux uniques et locaux
Au Trokinskindels’märik de 2024.

Face à la cohue et au bruit du monde, Rue89 Strasbourg ne vous laisse pas seul·e. Retrouvez ci-dessous une sélection de marchés de Noël alternatifs, pleine de créatrices, d’illustrateurs et de plasticiennes locales.

Les Chinois, les Japonais et les Américains se ruent au centre-ville de Strasbourg pour arpenter les chalets du Marché de Noël et s’abreuver de vin chaud tout au long du mois de décembre. Mais les Strasbourgeoises et les Strasbourgois informés, eux, ont de la chance car ils peuvent éviter les contrôles, les policiers armés de fusils mitrailleurs, la cohue et les arnaques en se rendant auprès des marchés de notre sélection, pleine de créateurs indépendants, d’illustratrices de talent et de plasticiennes locales.

Le Mini Markt de La Grenze

La Grenze accueille un marché de Noël avec plus d’une vingtaine d’artistes et des artisans alsaciens dont :

    Benjamin Salier et ses objets en bois local : bougeoirs, planches à découper, lampes, bancs, le tout made in Marlenheim, Christelle Diale et ses illustrations fantastiques, petits objets imprimés, cartes et pin’s, Collectif Badaboum et ses illustrations colorées sur papier et textiles et même sur paillassons, Collectif Six Portions avec son jeu de société micro-édité, ses illustrations, livres, fanzines et tote-bags, Daiku No Ki, soit Angèle Thuault et ses bijoux en pièces de bois travaillées à la main, Graine2Fenouil et ses créations textiles et tricots pour aller vers le zéro déchet à partir de tissus recyclés…

Le marché Gruber

Le parc Gruber à Koenigshoffen accueille un important marché de Noël avec 46 exposants et 14 ateliers d’artistes du parc, ouverts pour l’occasion. L’accent est mis sur les créations artistiques. Parmi les exposants, il y aura notamment :

L’édition de Noël du Maker Land festival

Le Maker Land festival propose une « édition de Noël » où il sera possible de réaliser ses propres créations sous la forme de travaux manuels. Des cadeaux et des créations uniques seront proposés à la vente dans une scénographie originale et des spécialités de Noël locales seront disponibles. De nombreuses associations partenaires du festival sont annoncées dont :

Marché de Noël de la Meinau

L’atelier M33 et l’atelier des Pleines s’associent pour héberger un marché de Noël des créateurs et des créatrices de la Meinau dans le quartier de la Plaine des Bouchers. Une vingtaine d’artisans (créateurs, photographes, illustrateurs, plasticiennes et artisans) proposeront des œuvres originales pour des cadeaux locaux. Parmi les artistes présents, il y aura :

Le bar proposera aussi de la petite restauration de Noël à consommer sur place et des concerts sont programmés :

    DJ Set par _polytone_ samedi 6 décembre à 20h, Jam / Scène ouverte, dimanche 7 décembre de 17h30-20h, Concert, samedi 13 décembre à 18h, Karaoké en continu dimanche 14 décembre.

Marché de Noël Hot·te Queer

Composée de quatre strasbourgeoise (Léah Fontaine, Nadia Sullivan, Noa Dené et Noëllie Caussade), l’équipe de Hot·te Queer a organisée un marché de Noël avec l’ambition de promouvoir les créateurs et les créatrices de la communauté LGBTQIA+. Une quinzaine de stands sont programmés. Le thème de cette édition est « spéciale vide-atelier », pour mettre à l’honneur les « anciens ouvrages et parfois imparfaits » à « petit prix ». Des ateliers et des tombolas sont prévus. Parmi les artistes présents, citons :

« Déclic Déclic », le marché de Noël de la Semencerie

« Déclic Déclic », le marché de Noël des artistes de la Semencerie est déplacé au Port-du-Rhin en 2025, pendant que l’ancien hangar qui les abrite dans le quartier Laiterie est en travaux. Au programme, une exposition collective, des spectacles déjantés et de la musique originale.

Le Troc’kristkindels’märik

Le Troc’afé est entièrement reconfiguré pour accueillir des artistes et des artisans, différents selon les week-ends. Sont annoncés par exemple :

Vous connaissez d’autres marchés de Noël alternatifs ? N’hésitez pas à les signaler en commentaires pour que nous puissions les lister dans une prochaine édition de cette liste.