Des maisons d’édition et labels indépendants exposeront leurs livres, brochures, fanzines et musiques au Molodoï, du 19 au 21 avril. La Chèvre proposera aussi des discussions dès le vendredi soir, des concerts le samedi et des ateliers tout au long du week-end.
Le Molodoï a plutôt l’habitude d’accueillir des soirées punk ou électro. Du vendredi 19 au dimanche 21 avril, il sera investi par La Chèvre : le salon livresque et musical revient pour sa cinquième édition. « C’est rare ces moments où on a des espaces de discussion politique entre nous, mais c’est hyper important », pose Élise, l’une des membres du collectif organisateur qui compte une dizaine de personnes.
« Derrière cet événement, on a l’idée de faire du Molodoï autre chose que juste une salle de concert », poursuit Hugo : « Sur les stands ou dans les présentations, le but est de donner des outils contre la résignation, pour s’opposer à ce monde. »
Aude précise ce que les participants trouveront à La Chèvre :
« Il y aura des petites maisons d’auto-édition indépendantes, des labels de musique, qui montreront un mélange de publications artistiques et politiques. On a envie que notre salon soit varié donc les invités tournent d’une année à l’autre. Il y aura également des ateliers pour apprendre à faire un fanzine, du papier recyclé, des mobiles débiles… »
Les questions féministes en avant
Un stand sera par exemple réservé à la maison d’édition On ne compte pas pour du beurre, pour défendre une littérature jeunesse inclusive, faite de « récits lumineux et variés dans lesquels toutes les diversités coexistent simplement ». L’Alyte, qui produit des feuillets radiophoniques, ou le collectif de bande dessinée et microédition stachmoule seront présents.
Élise souligne que le salon a eu la volonté de donner une priorité aux femmes dans les invitations : « Il y aura une présence plus forte des questions féministes. On a commencé à chercher des autrices et éditrices, pour éviter qu’il y ait un déséquilibre. » L’assemblée féministe de Strasbourg aura d’ailleurs une table de presse. La samedi matin à 10h, un atelier en mixité choisie sans hommes cisgenre sur les récits de vie sera organisé à Papier Gâchette, rue des remparts.
Le salon commencera dès le vendredi soir à 19h, avec un apéro-repas suivi d’une présentation de Révolutionnaires mêlant les récits de vie et de lutte de six femmes qui viennent d’Allemagne, d’Uruguay, de Suisse, d’Italie ou de France.
Un espace de discussion
« Certaines présentations aborderont un grand thème plutôt qu’un livre en lui-même, avec plusieurs personnes qui discutent ensemble du sujet. Le samedi et le dimanche, leur accès sera limité car elles se tiendront dans un plus petit espace », ajoute Hugo. Dimanche 21 avril de 14h à 16h, l’autrice Anne Humbert proposera une discussion autour de son livre Tout plaquer. Elle y constate que dans son entourage, beaucoup de personnes désertent leur boulot pour devenir paysan-boulanger ou charpentière. Ces dernières considèrent qu’il s’agit d’un acte de rupture radicale qui pourrait même favoriser une transformation sociale positive, écologiste et anticapitaliste.
Anne Humbert estime au contraire que la désertion repose sur un imaginaire néolibéral, individualiste et inégalitaire seulement réservé à des personnes dotées d’un fort capital économique, social et culturel. « C’est un espace de discussion qui n’a pas une ligne politique homogène. Tout le monde n’est pas forcément en accord avec tout, le but est d’avoir des échanges intéressants », explique Hugo :
« Politiquement, les maisons d’édition sont à tendance anarchiste, de gauche radicale ou dans la critique sociale. Il faut aussi dire qu’on s’inscrit parfaitement dans la charte du Molodoï qui ne tolère aucune discrimination comme le racisme, l’homophobie, la transphobie… »
Des concerts le samedi
Le salon sera ouvert de 13h30 à 19h samedi et dimanche. Le samedi, une soirée de concerts est prévue jusqu’à 1h avec une chorale, des mélodies post-médiévales et du futur des années 70, un DJ set… La programmation complète est disponible sur le blog de La Chèvre.
Cet événement demande une belle quantité de travail au collectif organisateur, non-salarié, qui se sera réuni une dizaine de fois depuis décembre. Une quinzaine de personnes supplémentaires « fileront un coup de main à La Chèvre pendant le week-end », selon Hugo. Aude poursuit :
« On a envie que ça soit horizontal, même si ce n’est jamais parfait. On se pose beaucoup de questions, on fait tourner les tâches et les référents. Ça fait durer les réunions. »
Ce gros effort militant souhaite notamment susciter la rencontre entre les militants en dehors du contexte des manifestations, pour créer du lien entre des collectifs politiques locaux.