Après un montage et un démontage sous la pluie, l’équipe de Pelpass est sortie rincée de la huitième édition du festival. Revue des galères avec Jonathan Metz et François-Xavier Laurent, du bureau de l’association.
Samedi 25 mai vers 19h, alors que le Pelpass festival bat son plein, Jérémie Fallecker, le directeur artistique de l’association organisatrice, raconte à quelques proches : « Vous voulez une anecdote de festival ? Le coffre du fourgon des Dr Sure’s Unusual Practice est bloqué. On a dû passer par l’avant en fracturant une vitre pour sortir leurs instruments. On aura peut-être 15-20 minutes de retard sur l’horaire. »
Ce n’était pas la pire galère de cette huitième édition. Rencontrés après quelques jours de repos, François-Xavier Laurent et Jonathan Metz, respectivement responsable de la communication et coordinateur du festival, parlent d’emblée de l’édition la plus difficile qu’ils ont vécu depuis que le festival existe en 2017.
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Avocats de la Ville de Strasbourg et des Roms du bidonville de Cronenbourg sont parvenus à un accord, permettant une libération de la parcelle occupée près de la M35 et un déménagement dans des caravanes derrière la gare.
Les avocats des Roms du bidonville de Cronenbourg, situé à l’intérieur d’une bretelle d’accès à la M35, et l’avocat de l’Eurométropole de Strasbourg, avaient à nouveau rendez-vous devant le juge des référés civils mardi 4 juin. Mais cette fois, ils sont venus proposer au juge d’homologuer un accord visant à permettre une résorption complète du bidonville grâce à un relogement des familles, dans des caravanes et des mobiles homes dans l’Espace 16, rue du Rempart derrière la gare centrale.
Pas d’expulsion par la police
Ce protocole négocié entre les parties évite une expulsion des lieux par la force publique et permet un déménagement en douceur. Notamment, chaque famille présente sur le camp est assurée de disposer d’un logement à l’Espace 16. Il n’en reste qu’une dizaine selon les dernières estimations. Le début de la procédure en avril a provoqué le départ d’une vingtaine de familles, qui s’y étaient installées depuis plusieurs années.
Le protocole d’accord ne mentionne pas de délai, mais l’Eurométropole de Strasbourg espère que l’espace occupé par le bidonville aura été libéré avant le 1er juillet. Les occupants, en majorité des Roms de Roumanie, seront suivis par des travailleurs sociaux et accompagnés dans leurs démarches d’insertions professionnelles. Au moins deux familles disposent déjà d’emplois salariés.
L’homologation du protocole d’accord par le juge des référés civils est attendue pour le jeudi 13 juin.
Une quinzaine d’organisations de gauche appellent à manifester samedi 8 juin en soutien à la Kanaky. Elles réclament notamment le retrait du projet de réforme du corps électoral sur ce territoire.
L’Assemblée nationale a voté, le 15 mai, en faveur d’une réforme du corps électoral en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, malgré une importante contestation locale. Le projet de loi vise à élargir le droit de vote sur le scrutin provincial à tous les citoyens résidant sur place depuis dix ans. Les indépendantistes dénoncent une perte de poids électoral des Kanaks.
Au moins quinze organisations de gauche appellent à manifester à Strasbourg samedi 8 juin au départ de la place Kléber à 14h. Elles demandent le retrait de ce projet de loi et « l’arrêt de la répression en cours contre les militantes et militants indépendantistes ». « Le gouvernement fait une offensive néocoloniale », dénonce Tonio Gomez, du NPA 67 :
« Nous soutenons la révolte de la jeunesse pour l’indépendance du peuple Kanak. C’est pourquoi nous voulons lutter ici contre notre propre impérialisme. La France veut contrôler cette partie du monde pour ses propres intérêts. »
Le directeur général des Hôpitaux universitaires de Strasbourg a annoncé à la direction de l’Institut de cancérologie de Strasbourg son intention d’engager la dissolution du groupement de coopération sanitaire.
Mardi 4 juin, 14h30. Un Comité social et économique (CSE) extraordinaire débute dans les locaux du centre Paul Strauss. À l’ordre du jour de ce partenaire privé derrière l’Institut de cancérologie Strasbourg Europe (Icans) : un courrier du nouveau directeur général des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), Samir Henni. Dans une lettre datée du jeudi 30 mai, il demande la dissolution du groupement de coopération sanitaire qui fonde l’Icans.
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Michaël Langlois avait été exclu pour trois ans en raison de « comportements inappropriés », de « propos à connotation sexuelle » et d’une « attitude de séduction » envers des étudiantes. Mais la procédure est suspendue à cause d’un vice de forme. « C’est déplorable, lâche une ancienne étudiante de Michaël Langlois. Que l’université fasse une telle erreur, alors que la tâche a été si difficile pour celles et ceux qui ont témoigné… Je leur en veux, vraiment. » Le 18 avril, le maître de conf . . .
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Des élèves du lycée Fustel-de-Coulanges ont bloqué leur établissement mardi 4 juin pour protester contre la guerre à Gaza. Quatre manifestations sont organisées samedi 8 juin à Strasbourg et au départ de Benfeld et Beblenheim. Un rassemblement est proposé jeudi 6 juin à Strasbourg contre la pénalisation des expressions de soutien à la Palestine.
La mobilisation en soutien des Palestiniens ne faiblit pas. Une soixantaine d’élèves ont organisé un blocage du Lycée Fustel-de-Coulanges au centre de Strasbourg mardi 4 juin dès 6h30, pour demander un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. C’est la deuxième fois qu’un établissement est bloqué à Strasbourg en moins d’une semaine puisque l’entrée du lycée Marie-Curie a été entravée jeudi 30 mai.
Le Collectif Palestine 67 organise une nouvelle manifestation vendredi 7 juin au départ de la place Dauphine, devant le Rivétoile, à 17h30. Les militants revendiqueront en particulier la mise en place d’un embargo sur les armes livrées à Israël par d’autres pays, ainsi que des sanctions contre l’État d’Israël.
Quatre cortèges vendredi et samedi
L’Union départementale de la CGT appelle à rejoindre ce cortège du Collectif Palestine 67 : « Les Gazaouis n’ont plus un seul endroit pour se mettre à l’abri des bombes. C’est littéralement toute une population qu’on assassine. » Le syndicat exige notamment « le cessez-le-feu immédiat et la levée du blocus de Gaza », « l’arrêt des bombardements et des déplacements forcés de la population », « la libération des otages Israéliens aux mains du Hamas », ou encore « la libération des prisonniers palestiniens détenus par milliers sans jugement en Israël ».
Le lendemain, samedi 8 juin, le collectif Strasbourg Palestine partira à 14h de la place Kléber pour marcher au centre-ville de Strasbourg, comme presque toutes les semaines depuis octobre 2023.
Le même jour, la Plateforme alsacienne pour la Palestine, composée de 10 associations, dont la Cimade, Caritas ou la Ligue des droits de l’Homme, créera deux cortèges qui convergeront vers Sélestat. Le premier partira de la place Aristide Briand à Benfeld, et le second du parking du cimetière de Beblenheim, route du Vin. Les deux groupes partiront à 9h et vont parcourir 19 kilomètres chacun. « En tout, cela fera 38 kilomètres, ça correspond symboliquement environ à la longueur de la bande de Gaza », explique Françoise de Turckheim, militante de la Cimade et du Collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine :
« On voulait être visibles au-delà des grandes villes, pour sensibiliser sur ce sujet, rappeler que Gaza est bombardée depuis huit mois et que cela concerne tout le monde. »
Les points de départ à Benfeld, Beblenheim, et d’arrivée à Sélestat sont accessibles en train.
Par ailleurs, la France insoumise et d’autres organisations de gauche appellent à un rassemblement jeudi 6 juin à 18h30, place Kléber à Strasbourg « pour la liberté d’expression et l’arrêt de la répression » visant les militants qui déclarent leur soutien aux Palestiniens. « Pour avoir dénoncé la colonisation et le génocide en cours, nos camarades Rima Hassan, Danièle Obono, Mathilde Panot, Jean-Pierre Delescaut, Anasse Kazib, Julien Salingue… ont fait l’objet de convocations à la police judiciaire, ou d’une condamnation, pour apologie du terrorisme », indique un communiqué qui déplore également l’annulation de conférences, de tables-rondes ou de mouvement ayant pour sujet la Palestine. Les signataires demandent la fin des poursuites et l’abrogation de la loi Cazeneuve qui « limite la liberté d’expression et de manifestation » selon le communiqué.
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Lors d’une conférence de presse lundi 3 juin, la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs, a exposé les mesures prises face à la crise du logement social.
Avec 29 000 demandeurs en attente d’un logement social en novembre 2023 pour environ 20 000 en 2015, la crise du logement social s’accentue dans l’Eurométropole de Strasbourg. « Nous ne baissons pas les bras, nous ne ménageons pas nos efforts pour donner de l’air à la filière », défend la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs, dans un court discours. Venu ce lundi 3 juin pour poser la première pierre d’un nouvel ensemble de 29 logements à Fegersheim – dont 12 seront des logements sociaux – l’élue en a profité pour exposer la stratégie de son équipe en matière de logement social.
Incitation à la construction
Au cours des derniers conseils eurométropolitains, l’exécutif a adopté une série de délibérations touchant à la construction de logements sociaux. Pour inciter les promoteurs à en construire davantage, l’Eurométropole a notamment voté en décembre une revalorisation de la Charte VEFA (« Vente en l’état futur d’achèvement »). Cette charte fixe un prix de vente maximum au-delà duquel les bailleurs ne peuvent pas acheter d’appartements. Avec la hausse des coûts de construction, le précédent prix de 2 250 euros le mètre carré n’était pas jugé assez rentable pour les promoteurs immobiliers, et a donc été rehaussé à 2 400 euros le mètre carré.
13 millions d’euros supplémentaires
Pour compenser le surcoût de cette hausse auprès des bailleurs sociaux – qui risquent ainsi de payer plus cher – le conseil de l’Eurométropole avait décidé au cours de la même séance l’adoption d’une enveloppe supplémentaire de 13 millions d’euros.
Plus récemment, lors du conseil de l’EMS du vendredi 31 mai, l’Eurométropole a également décidé une modification du Plan local d’urbanisme, visant à favoriser la construction de logements sociaux. En prime, la collectivité accorde une subvention 2,7 millions d’euros aux bailleurs, pour les lauréats d’un appel à projet de « logements locatifs sociaux qualitatifs ».
En outre, l’exécutif met en avant la conclusion d’une convention de partenariat entre l’État, la SPL Deux Rives, CDC Habitat et l’EMS autour du projet « Territoires engagés pour le logement » – un appel à projet lancé par le Ministère de la Transition écologique dans des secteurs en forte tension immobilière. Une subvention de presque 5 millions d’euros de l’État sera attribuée, pour 504 logements dont 208 logements sociaux, construits dans la ZAC des Deux Rives.
Gul Baloch, réfugié afghan à Strasbourg, doit réapprendre à parler et à vivre en France. Il s’accroche néanmoins à son désir de poursuivre son œuvre d’écrivain, brisée nette par l’irruption des talibans.
Les professeurs ont poussé les tables dans la salle d’étude de la médiathèque du collège Baldung-Grien, à Hoerdt. Un matin du mois de mai, les élèves de 5e entourent leur invité, Gul Baloch, auteur afghan de livres jeunesse, réfugié à Strasbourg depuis 2021. L’homme de 29 ans aux boucles rebelles ne lâche pas ses notes. Il a préparé ses réponses à l’écrit pour palier un français encore fragile à l’oral. Cette rencontre est le cadeau d’anniversaire que Claire Audhuy lui offre. L’autrice alsacienne sait combien ce réfugié s’accroche au désir de redevenir écrivain, même en exil.
« Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir écrivain ? », s’enquiert Lina, une des collégiennes. La réponse de Gul Baloch paraît sortir d’un autre monde :
« Quand j’étais petit, j’adorais les histoires mais il y avait très peu de livres pour les enfants. Mon père n’avait pas d’argent pour aller en ville et en acheter. »
Une invitation signée de tous les élèves
En février, les élèves ont adressé à Gul Baloch un courrier pour le convier à venir découvrir leur traduction française de son dernier ouvrage, La chouette qui en savait beaucoup et la petite fille qui voulait apprendre (The smart owl and the clever girl, inédit en français). Il s’agit du seul à avoir été traduit du pachto et du persan en langue anglaise par une ONG. Christelle Urban, la professeure d’anglais des collégiens a fait du livre le support d’un riche projet de traduction :
« Les élèves ont tout de suite trouvé la morale de l’histoire, celle que le savoir rend libre. Le sujet de la place des filles a retenu notre attention. Les élèves français ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont. C’était aussi l’occasion de les ouvrir sur la différence alors que dans notre collège de villages, il y a très peu de diversité. »
Claire Audhuy se tient aux côtés de l’écrivain réfugié pour, au besoin, expliciter son propos. Elle en profite aussi pour présenter son propre ouvrage, Ce chemin qui n’a pas de nom, qui retrace le périlleux parcours de migration d’un jeune mineur afghan.
Des modèles pour les petites afghanes
Observation des cerfs-volants, voyage sur la lune… Dans chacun des six livres qu’il a publié en Afghanistan, Gul Baloch donne le rôle principal à une petite fille éprise de liberté. Autant d’histoires et de modèles d’identification à offrir aux jeunes Afghanes et à leurs camarades, pour participer à faire évoluer les mentalités dans des campagnes où les droits des femmes étaient déjà à la peine, avant la reprise du pouvoir des talibans sur l’Afghanistan.
Les nouveaux souvenirs et les anciens se mêlent dans le cœur de Gul Baloch :
« C’est la première fois que je présente un de mes livres en France. Quand j’ai vu les signatures de tous les collégiens sur la lettre d’invitation, cela m’a tout de suite rappelé mes visites auprès des enfants en Afghanistan. »
En dix ans passés à Kaboul, Gul Baloch estime avoir distribué 10 000 livres illustrés dans des villages de son pays, financés grâce aux dons de son entourage et au soutien d’ONGs.
Écrire en français
L’auteur jeunesse prend dorénavant la plume en français. Chaque semaine, il confie au regard de Claire Audhuy un paragraphe de son Journal d’une fille afghane, l’histoire d’une adolescente de Kaboul qui poursuit son amour de la lecture malgré le joug taliban.
L’autrice en dévoile un extrait :
« Un jour, j’ai demandé à ma maman de me dire cinq livres qu’elle préférait. Elle m’a répondu que pour aimer cinq livres, il faut en lire cinq cents. Les livres sont comme des aliments qu’il faut goûter pour savoir lesquels sont délicieux. Ma mère ne m’a pas dit ses cinq livres préférés. Depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, j’ai lu 34 livres. »
Elle se dit admirative de la pugnacité de son protégé :
« Je lui suggère du nouveau vocabulaire mais pour le reste, c’est très riche sur le plan des images. »
La fuite d’un dissident
Ce projet tangible vient à la suite d’un parcours de réfugié semé de déconvenues mais nourri d’aplomb et de bonnes rencontres. Gul Baloch était un habitué des cercles littéraires de la capitale afghane. L’arrivée au pouvoir des talibans n’a pas permis au jeune boursier de mener à bout ses études de politique internationale. Avant même qu’ils ne prennent Kaboul, le 15 août 2021, plusieurs de ses amis avaient déjà été tués dans la capitale et à Kandahar.
L’enfant prodige d’un village rural du nord du pays – en proie aux intimidations depuis des années déjà – sait qu’il est bien identifié comme dissident et dans le collimateur des fanatiques. Il se résout donc à partir, dès la chute de la capitale.
Deux amies journalistes lui proposent leur entremise pour le faire exfiltrer. L’une est américaine, l’autre française. Gul Baloch choisit la France, se sentant « plus proche de la culture française » – Gul Baloch a lu Albert Camus, Voltaire, Victor Hugo ou encore Michel Foucault dans leurs traductions persanes.
Avec son épouse, il prend l’avion pour Abou Dabi, puis Paris. Ils auraient aimé y rester. L’État les oriente d’autorité à Strasbourg. L’intellectuel s’en accommode : « J’avais déjà visité Strasbourg et l’Alsace à travers les Antimémoires d’André Malraux. »
Tout reprendre à zéro
Et puis plus rien… Gul Baloch a tout quitté, tout ce à quoi il croyait dans son pays s’est effondré, sa famille est injoignable, ses amis éparpillés en Europe. Le couple fait l’expérience d’une profonde solitude. L’Afghan se souvient pudiquement : « Il ne me restait plus qu’à marcher et à réfléchir sans voir aucun futur. »
Comment rencontrer des gens alors qu’il ne parle pas français ? Gul Baloch ne parle pas même un mot d’anglais :
« Il m’a fallu attendre six mois pour avoir un cours de français de deux mois organisé par l’Ofii (Office français pour l’immigration et l’intégration, NDLR). Avec ça, c’est impossible quand on part de rien. Et ce sont des journées de sept heures. C’est beaucoup trop pour assimiler. Une ou deux heures par jour seraient suffisantes pour laisser le temps aux personnes de répéter chez elles. J’ai attendu six mois de plus pour avoir des cours de la part de Pôle Emploi. »
Partager pour s’intégrer
Gul Baloch tire peu parti de ces cours aux sujets purement pratiques :
« Cela portait uniquement sur le travail. Je n’arrive à apprendre qu’avec des histoires. J’avais aussi besoin de pouvoir partager des idées. »
Plus d’un an après son arrivée à Strasbourg, il fait ses premières connaissances en se portant bénévole pour l’association La tente des glaneurs, qui récupère les invendus sur les marchés. Son intégration progresse à force de lectures. D’un côté, l’édition française d’un classique de la littérature. De l’autre, une édition de fortune de sa traduction en persan qu’il a téléchargée sur Internet et imprimée sur des feuilles volantes et une couverture en carton. Plié en deux, le tout est relié par une simple cordelette.
« Je lis une page de l’une, puis une page de l’autre », explique-t-il en sortant de son sac sa lecture du moment, le premier tome des Thibault, de Roger Martin du Gard. Gul Baloch compare, extrait du vocabulaire, et passe la censure des versions persanes. Il devient un assidu des présentations de livres dans les librairies. C’est dans ces circonstances qu’il ose un jour aborder l’autrice Claire Audhuy. Ils sympathisent. Elle le prend sous son aile et l’introduit auprès de son entourage.
L’Afghan se jette à l’eau et rejoint, non sans timidité, des cercles de lectures où il doit prendre la parole devant une douzaine de personnes. Deux ans après son arrivée à Strasbourg, il reçoit enfin une invitation à un dîner convivial.
Le monde du livre malgré Pôle Emploi
À son désir inébranlable de travailler dans le domaine du livre, les services d’insertion ont opposé au réfugié un principe de réalité auquel il refuse de se résigner :
« Chez Pôle emploi, on me disait que c’était impossible. Ils ne voulaient pas entendre parler de bibliothèques. Tout le monde voulait m’orienter vers la restauration. »
En janvier 2023, Gul Baloch parvient cependant à décrocher un stage d’un mois à la médiathèque du lycée de Molsheim, grâce à l’entremise d’amis :
« Quand j’ai appris à mon professeur de français de Pôle Emploi que j’avais trouvé ce stage, il a trouvé ça incroyable. »
Mais après cet intermède, l’espoir est de courte durée. Aucune nouvelle opportunité ne se présente. Gul Baloch doit accepter une formation d’agent d’entretien en hôpital. La désillusion, « d’autant plus que la vue du sang est très difficile pour moi ».
Le temps d’écrire et de respirer
Gul Baloch a pu signer en mars un contrat d’un an comme agent d’accueil à la Maison des Arts de Schiltigheim. Ce métier de contact agit comme une respiration : « J’aime parler avec les enfants et leurs parents. Ils sont curieux et me posent des questions. »
Il doit prochainement bénéficier du parrainage d’une professionnelle du livre dans le cadre de la mission d’insertion de l’association Kodiko. L’auteur a pris ses habitudes dans les bibliothèques pour y lire et y écrire – à la médiathèque de Schiltigheim, au Studium sur le campus universitaire de Strasbourg, et à la Bibliothèque nationale universitaire. « Depuis quatre mois, je rêve en français », a-t-il confié aux collégiens.
Il s’est désormais donné une mission :
« Je veux porter auprès du public français la voix des filles et des enfants qui ne peuvent pas aller à l’école. Et peut-être un jour traduire des livres français pour les Afghans. »
Plusieurs membres de la famille Horter ont été condamnés pour des faits d’abus de confiance et d’escroquerie dans la gestion du Mulhouse olympic natation, un club d’élite financé par l’agglomération.
Le tribunal correctionnel de Mulhouse a condamné lundi 3 juin trois membres de la famille Horter, pour leur gestion du Mulhouse olympic natation (MON), selon une information des Dernières nouvelles d’Alsace. La famille devait répondre d’abus de confiance, d’abus de biens sociaux et de recel, après que des malversations aient été détectés par les enquêteurs dans la destination des subventions accordées à ce club sportif de haut-niveau entre 2015 et 2019.
En revanche, l’agglomération de Mulhouse (M2A) qui demandait à être reconnue partie civile en tant que principal subventionneur du club, a été déboutée de ses demandes. Le tribunal correctionnel estimant « que l’agglomération de Mulhouse ne pouvait ignorer la toxicité du système » (voir notre article).
Interdictions de gestion
Dans le détail, Franck Horter, président de l’association, a été condamné à huit mois d’emprisonnement avec sursis simple, ainsi qu’à une peine d’inéligibilité d’un an, également assortie du sursis pour abus de confiance. Lionel Horter, l’entraîneur du club, a été condamné à un an de prison et d’un an d’inégibilité avec sursis, ainsi qu’une interdiction de gérer une société pendant deux ans, pour abus de confiance. Il a été relaxé pour ses frais kilométriques et téléphoniques. Marjorie Hauswirth, son épouse et gérante de la société MON Club, a été condamnée à 10 mois de prison avec sursis et à l’interdiction de gérer une société pendant deux ans pour escroquerie, présentation de comptes inexacts et abus de confiance. Marie Octavie Horter, la mère de Franck et Lionel, ancienne vice-présidente de la Fédération française de natation (FFN), a été relaxée de toutes les charges qui la visaient.
Les peines sont en-deçà des réquisitions, qui demandaient des amendes et plus d’années d’interdiction de gestion.
Le Secours populaire français et Médecins du monde ont écrit à la préfecture du Bas-Rhin, à la Ville de Strasbourg et à la Collectivité d’Alsace pour dénoncer la situation sur les campements de personnes sans-abris, et les procédures d’expulsions qui s’y déroulent.
La lettre commence avec une citation d’Emmanuel Macron, alors que le président de la République était en campagne pour sa réélection : « Je veux partout, et c’est l’immense travail que vous aurez à conduire, des hébergements d’urgence. Je ne veux plus de femmes et d’hommes dans les rues. » Mais pour le Secours populaire français du Bas-Rhin et Médecins du monde, cette promesse est restée lettre morte.
Dans un courrier adressé à la préfecture du Bas-Rhin, à la Ville de Strasbourg et à la Collectivité d’Alsace, les deux associations engagées dans l’aide caritative et sociale regrettent que « face aux personnes sans-abris et ces familles qui n’aspirent qu’à avoir un toit sur la tête et mener une vie paisible, la seule réponse apportée est d’attendre une décision de justice pour mener une opération d’évacuation par la police après des mois d’enlisement et d’aggravation des situations des personnes (notamment en termes de santé, scolarité, insertion…). »
Cette gestion visant à démanteler les camps les uns après les autres, écrivent les association, « demeure incompréhensible pour les acteurs de terrain. Au-delà de l’inhumanité de cette politique, nous dénonçons également son inefficacité ».
La lettre se conclut par un appel aux collectivités et à la préfecture à « construire une réponse collective rapide et concertée avec les acteurs de terrain pour apporter une réponse à la mesure des drames humains auxquels font face aux quotidiens nos bénévoles ».
Dans un communiqué, Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, a répondu qu’elle partageait « le constat alarmant d’un système d’hébergement à bout de souffle ». Elle assure que la Ville est aux côtés « des habitants, des associations et de leurs bénévoles qui doivent chaque jour faire face à des situations indignes sans jamais voir le cercle vicieux se rompre ». La maire « réitére [sa] demande de créer un comité de suivi rassemblant l’État, les collectivités et les associations de terrain ».
À l’heure de publier cet article, la préfecture du Bas-Rhin et la Collectivité d’Alsace n’avaient pas réagi à l’interpellation des associations.
Des programmes nationaux et européens tentent de sauver le Grand hamster d’Alsace de l’extinction depuis 2012. Douze ans plus tard, la survie de l’espèce reste dépendante de coûteux lâchers annuels alors que des solutions existent.
Il est devenu un symbole de l’érosion de la biodiversité alsacienne. Le Grand hamster d’Alsace, présent nulle part ailleurs en France, fait l’objet de plans d’actions depuis 2012. Ces derniers ont coûté plus de 15 millions d’euros d’argent public et pourtant, « cette espèce va disparaître si les financements et la stratégie ne sont pas réorientés », affirme Odile Petit, chercheuse spécialisée dans le comportement animal au CNRS :
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Engagée contre les atteintes à l’environnement, la rédaction suit de près les enjeux écologiques et enquête sur les alertes qui lui sont transmises, les suspicions de pollutions, les artificialisations masquées, la qualité de l’air et de l’eau… Sans Rue89 Strasbourg, des projets comme un stade de biathlon dans les Vosges, ou une route sur la colline de Lorentzen seraient bien moins connus des Alsaciens.
Thibault Vetter suit les collectifs militants et associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides comme les entrepôts d’Amazon par exemple. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.
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Après avoir été visés par des obligations de quitter le territoire français, Giorgi et sa famille ont obtenu du tribunal administratif que la préfecture réexamine leur dossier. Originaire de Géorgie, le père de famille avait été attaqué au couteau dans son hébergement d’urgence en 2020.
Il aura fallu une ordonnance du tribunal administratif pour que la famille de Giorgi souffle un peu. Après plus de quatre ans en France, les trois citoyens géorgiens ont été visés par des obligations de quitter le territoire . . .
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Échanger sur le conflit israélo-palestinien n’est jamais simple. Mais le débat sur Gaza en conseil municipal de Strasbourg, à l’occasion de deux motions présentées par les groupes des communistes et des écologistes, a démontré l’incapacité pour les élus strasbourgeois de prendre un peu de hauteur, même à l’occasion d’une crise internationale.
C’est passablement échauffés par dix heures de conseil municipal que les élus ont abordé la situation en Palestine, et particulièrement à Gaza, mercredi 22 mai vers 20h. Deux motions étaient proposées au vote des conseillers et des conseillères : la première « en soutien au peuple palestinien pour une paix juste et durable » du groupe communiste et la seconde « pour une paix au Proche-Orient » du groupe écologiste et citoyen. Les élus de l’opposition ont refusé de participer aux votes, mais ils n’ont pas manqué d’utiliser tout leur temps de parole pour critiquer les élus de la majorité.
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