Lisez la suite pour 1€ seulement
-
Accédez à nos enquêtes et révélations exclusives
Soutenez une rédaction locale qui appartient à ses journalistes
Maintenez une vigie citoyenne sur les pouvoirs locaux
Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous
Retrouvez ci-dessous les résultats du premier tour des élections législatives anticipées en Alsace, détaillés par communes.
Un premier clic permet d’afficher les résultats à l’échelle de la circonscription sélectionnée, un deuxième clic dans la même circonscription affiche les résultats détaillée pour la commune choisie. Pour revenir aux résultats généraux, cliquez sur la même commune.
Retrouvez ci-dessous les résultats du premier tour des élections législatives anticipées pour les trois circonscriptions de Strasbourg, détaillés par bureaux de vote.
Un premier clic permet d’afficher les résultats à l’échelle de la circonscription sélectionnée. La ville de Strasbourg est répartie sur trois circonscriptions : la Une pour le centre et l’ouest, dont Koenigshoffen et Hautepierre, la Deuxième pour le sud à partir de Neudorf avec Illkirch-Graffenstaden et la Troisième pour le nord avec Schiltigheim et Bischheim. Un deuxième clic dans la même circonscription affiche les résultats détaillée pour le bureau de vote choisi. Pour revenir aux résultats généraux, cliquez sur le même bureau de vote.
Après le premier tour des élections législatives anticipées du dimanche 30 juin, retrouvez les résultats en Alsace, les réactions à Strasbourg et des témoignages d’électeurs et d’électrices strasbourgeoises.
C’est la fin de ce compte-rendu en direct ! Merci à toutes et à tous de l’avoir suivi.
Ce compte-rendu et ces résultats ont été laissés accessibles gratuitement. Mais c’est une équipe de huit personnes qui s’est mobilisée pour que tout se déroule bien. Si vous avez apprécié notre travail, optez pour un abonnement – c’est seulement cinq euros par mois ou 50€ par an.
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°6 du Bas-Rhin :
Paulina, assistante de direction, 39 ans. Elle a milité dans la campagne de la quatrième circonscription en faisant des affiches notamment :
« Je suis venue manifester ce soir parce que je voulais soutenir les jeunes, être témoin, être sûre que ça se passe pacifiquement. Ces prochains jours, je vais essayer d’être actrice de la situation, aider dans les circonscriptions où il y a besoin d’aide. Encore avant hier, les macronistes expliquaient sur les plateaux télé qu’on est des extrémistes, c’est tellement violent contre nous. Ça fait 20 ans qu’on vote tout et n’importe quoi à gauche pour faire barrage au RN. C’est difficile pour moi d’imaginer des discussions entre le NFP et Renaissance, mais s’il faut le faire on va le faire. »
« Dans le Haut-Rhin comme au niveau national je trouve extrêmement inquiétant la place qu’a pris le RN dans ce scrutin », a déclaré dimanche soir Irène Weiss, candidate Les Républicains dans la première circonscription du Bas-Rhin :
« Il est important que nos militants, nos adhérents et nos sympathisants se mobilisent contre l’extrême-droite afin de pouvoir gouverner ce pays de manière un peu plus sereine. Sur le terrain, notamment dans les marchés, on nous a posé la question de notre position au second tour. Surtout que nous Les Républicains, avec l’affaire Ciotti, on a manqué de clarté sur le sujet de l’opposition à l’extrême-droite. Donc aujourd’hui on est extrêmement clair, et je parle là au nom des candidats alsaciens des Républicains, nous avons demandé la démission d’Éric Ciotti et avons démenti cette alliance avec l’extrême-droite. Nous sommes contre les extrêmes et l’extrême-droite en priorité. »
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°5 du Bas-Rhin :
Rencontré à la soirée de campagne des écologistes, Syamak Agha Babaei, premier adjoint à la maire de Strasbourg, s’avoue « horripilé par le résultat national » :
« Je pense à toutes les personnes qui vont se dire ce soir qu’elles vont devoir partir, que leur idéal de la France s’est évanoui. Je suis en colère contre les gens de droite et du centre car nous, à gauche, on a toujours fait front contre le RN. Mais leur haine est plus forte pour la gauche que contre le racisme et la xénophobie. Certains élus locaux se sont disqualifiés moralement, Fabienne Keller, Frédéric Bierry, Pierre Jakubowicz… Je me demande si notre pays restera un territoire universel ou rentrera dans le camp des pays totalitaires. Chacun doit s’interroger dans le second tour, s’il veut privilégier ses intérêts ou l’intérêt général de ce pays. »
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°4 du Bas-Rhin :
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°1 du Bas-Rhin :
Pacha, travaille dans le monde associatif. Pendant la campagne, il a milité pour le Nouveau Front populaire en tractant dans les circonscriptions 2 et 4 :
« Ces élections étaient un bel élan citoyen. Les résultats du RN était étaient prévisibles mais c’était important de venir pour affirmer que rien n’est fini, on va continuer à se mobiliser, le deuxième tour peut changer la donne en cas de barrage clair. Comme le NFP l’a fait, Renaissance doit dire la même chose : Pas une voix de plus pour le RN. »
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°3 du Bas-Rhin :
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°2 du Bas-Rhin :
Notre formidable développeur Geoffrey a réussi à contourner les blocages imposés du ministère de l’Intérieur ! Retrouvez des résultats partiels sur les circonscriptions du Bas-Rhin sur notre carte.
Christian Zimmermann, candidat du Rassemblement national dans la 6e circonscription du Haut-Rhin espère avoir des « députés RN dans toutes les circonscriptions du Haut-Rhin » :
« Partout sauf dans la 5e (Mulhouse, NDLR), notre avance est large. Mais même à Mulhouse, je pense que Pierre Pinto peut l’emporter au second tour. La dynamique est là. Les gens n’écoutent plus les consignes de vote. Et nous pouvons compter sur les voix des électeurs LR, des gens qui veulent de l’ordre. Personne ne se reportera sur un macroniste. »
Quant au Bas-Rhin, Christian Zimmermann pense pouvoir « l’emporter dans cinq circonscriptions. Je suis optimiste parce que le déferlement de consignes de vote ne changera rien. Jean-Luc Mélenchon fait figure de repoussoir pour beaucoup de macronistes. S’ils se désistent, je pense qu’on pourra même récupérer une partie de leurs voix. »
Le premier ministre Gabriel Attal a été le dernier dirigeant de la majorité sortante à prendre la parole dimanche. Et il a finalement été le plus clair dans le combat contre le Rassemblement national (RN).
« Nous avons la conviction sincère que nous portons un combat juste, fort, nécessaire et indispensable mais ce soir n’est pas un soir comme les autres », a-t-il expliqué. Avant de poursuivre : « La leçon de ce soir c’est que l’extrême droite est aux portes du pouvoir. (…) Notre objectif est clair : empêcher le RN d’obtenir une majorité absolue, de dominer l’AN, et donc de gouverner le pays avec le projet funeste qui est le sien.
Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national. Dans de pareilles circonstances, la France mérite que l’on n’hésite pas. Il est de notre devoir moral d’empêcher le pire d’advenir. »
Concrètement, dans plus d’une centaine de circonscriptions, Ensemble sera au second tour. Mais dans les autres circonscriptions, ses candidat·es devront se désister s’ils et elles sont en troisième position, pour défendre « un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République ». « C’est un choix important, un choix lourd, parce que c’est le choix de la responsabilité, et le choix de l’honneur », a-t-il poursuivi.
Gabriel Attal est convaincu que le Nouveau Front populaire « n’aura pas de majorité absolue ». « L’enjeu de ce second tour, c’est de priver l’extrême droite de majorité absolue pour bâtir des majorités de projet. »
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°6 du Haut-Rhin :
Malheureusement, le ministère de l’Intérieur a choisi de retenir tous les résultats tant qu’un département n’est pas complet. Nous ne recevons donc pas les résultats au fil de l’eau dans le Bas-Rhin.
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°5 du Haut-Rhin :
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°4 du Haut-Rhin :
Olivier Becht (Agir) est arrivé en tête dans la 5e circonscription du Haut-Rhin. Arrivée troisième, Nadia El Hajjaji, qualifiée, devrait se désister pour faire barrage au candidat RN.
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°3 du Haut-Rhin :
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°2 du Haut-Rhin :
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°1 du Haut-Rhin :
Le chef de file du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a évoqué un « péril existentiel » au soir des résultats du premier tour, lançant sa campagne pour le second en diabolisant l’alliance des gauches et des écologistes.
« Le choix est clair, désormais » entre d’un côté « l’alliance du pire, celle du Nouveau Front populaire, rassemblée derrière Jean-Luc Mélenchon, qui conduira le pays au désordre, à l’insurrection et à la ruine de notre économie. De l’autre, l’Union nationale que j’ai l’honneur de conduire aux côtés de Marine Le Pen, d’Eric Ciotti et de nos alliés. »
Jordan Bardella se présente comme « l’unique rempart républicain et patriote », jouant la carte de l’apaisement pour rassurer les électeurs et les électrices : il a promis qu’il serait « le premier ministre de tous les Français, à l’écoute de chacune et de chacun […] », un « premier ministre de cohabitation, respectueux de la Constitution et de la fonction du président de la République, mais intransigeant sur la politique [qui sera mise] en œuvre au service de la France et au service des Français ».
Parmi les soutiens du candidat de gauche dans la troisième circonscription, Delphine Bernard, du collectif Pas d’enfant à la rue : « Je suis angoissée au vu des résultats nationaux, on va clairement vers quelque chose de maussade. » Même si son candidat est en bonne place à Strasbourg, elle redoute la suite des élections :
« Qu’elles seront les consignes de vote, en cas de triangulaire ? À gauche on a voté Macron plusieurs fois pour faire barrage, je me sentirais trahie s’ils ne faisaient pas la même chose pour nous. »
Le ministère de l’Intérieur vient d’indiquer qu’il était dans l’incapacité de communiquer les résultats sur ses bases de données :
« Une mise à jour va être effectuée sous peu, celle-ci empêchera la récupération des résultats pendant une quinzaine de minutes. Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour la gêne occasionnée et nous reviendrons vers vous dès que la situation sera nominale. »
Cette base de données est celle utilisée par Rue89 Strasbourg pour afficher les résultats sur la carte de l’Alsace. Il faudra donc attendre encore un peu pour les premiers résultats.
Le leader des Insoumis a indiqué dimanche soir une « consigne simple, directe et claire » : « Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN. Dans le cas de triangulaires, conformément à nos principes, nulle part, nous ne permettrons au RN de l’emporter ». Concrètement, La France insoumise se désistera si leur candidat·e arrive en troisième position avec le RN en tête.
Pour les autres cas, de duel, ce sera, a rappelé Mélenchon, « ou bien le NFP, ou bien le RN ». « Dans ces conditions, nous ne pouvons avoir d’autre proposition, d’autre demande raisonnable au peuple : il faut donner une majorité absolue au NFP car il est la seule alternative. Il ne s’agit pas seulement de voter contre, ni seulement de vouloir faire barrage, il s’agit de voter pour un autre futur (…). C’est possible. »
Pour la première fois, Iraïs a été assesseure dans un bureau de vote de Schiltigheim. Engagée au Parti socialiste, elle est venue soutenir Thierry Sother en tant que candidat du NFP dans la 3e circonscription du Bas-Rhin.
Un militant au téléphone fait savoir que selon les bureaux de votes tests de la circonscription, leur candidat serait en tête. « Le RN ferait plus du double de leurs voix de 2022 », soupire-t-il.
Selon les estimations d’Ipsos, le Rassemblement (RN) arrive largement en tête avec 34% des voix pour le parti de Jordan Bardella et ses alliés. Arrive ensuite le Nouveau Front populaire avec 28,1% des voix, puis la majorité sortante, Ensemble, à 20,3%, et enfin Les Républicains (LR) à 10,2%.
Les projections en siège sont très difficiles à estimer en raison de la très forte participation et du nombre important de triangulaires. Selon Ipsos, la composition de l’Assemblée après les élections législatives pourrait s’afficher ainsi :
Devant les résultats, les visages des sympathisants du NFP restent fermés, abattus. « Bon, on savait que le RN serait en tête… » lance quelqu’un dans le public. À chaque table, chacun se lance dans les pronostics pour le second tour.
Selon les premières estimations à la sortie des urnes, le Rassemblement national est arrivé en tête du premier tour des élections législatives, avec 33 à 35% des voix, ce qui le placerait proche de la majorité absolue des voix à l’Assemblée nationale.
Le Nouveau Front populaire est en deuxième position avec 28 à 32% des voix tandis que la Majorité présidentielle tombe entre 19 et 23% des voix. Les Républicains n’obtiendraient que 10% des voix.
Dans quinze minutes les premiers résultats :
À 20h, nos journalistes seront présents au QG de Rebecca Breitman, candidate macroniste dans la 2e circonscription, au QG de Thierry Sother, candidat NFP dans la 3e circonscription et à France 3 Alsace, où sont attendus plusieurs candidats.
Jean-François, 53 ans, veut redonner la majorité à la Macronie :
« Je ne veux pas que les impôts augmentent et c’est tout, je me base sur la partie économique du programme pour me décider. Au second tour je ne voterai pas NFP, car je ne ferai jamais confiance à Jean-Luc Mélenchon. D’ailleurs jamais je ne voterai à gauche. Quant au RN, je trouve leur programme économique trop bancal : baisser la TVA oui mais pour prendre l’argent autre part, dans la classe moyenne comme la mienne ? Il faudra que je me renseigne et au pire, je m’abstiendrai. »
Raphaëlle, 54 ans, habitante de la Montagne Verte, est archiviste indépendante. Elle est très touchée par l’atmosphère de division qu’elle ressent dans la société française en ce moment :
« J’ai voté pour le Front populaire, je n’avais aucun doute sur mon choix. Même si je sais qu’à Strasbourg, les résultats ne seront pas catastrophiques, je ne suis pas sereine, je trouve que l’ambiance est lourde. J’ai la boule au ventre. Je n’en peux plus de l’absence de débat, de la polarisation, de la manipulation médiatique qui renvoie deux extrêmes dos à dos soit alors que le NFP ne l’est pas. Je ne pense pas non plus que ce soit une solution de traiter les soutiens du RN de fachos. En tant qu’archiviste, je crains pour le libre accès au fonds d’archives et la réécriture de l’Histoire, qui peut servir à une propagande avec un régime qui ne serait pas démocratique. Heureusement, on n’en est pas encore là. »
Ce compte-rendu et la diffusion des résultats ce soir sont gratuits. Mais Rue89 Strasbourg a mobilisé une équipe de huit personnes pour cette journée exceptionnelle, qui parcourent la ville depuis ce matin et seront dans les QG des équipes de campagne ce soir.
Soutenez-nous en optant pour un abonnement ! En tant que média indépendant, les abonnements individuels forment nos principales ressources. C’est 5€ seulement par mois, sans engagement et vous pouvez encore profiter jusqu’à minuit de notre offre exceptionnelle à 25€ pour un an, au lieu du double, avec le code « urgence ».
Pierre, 77 ans, agrégé d’histoire et retraité, n’a pas paniqué ces trois dernières semaines : « L’annonce de la dissolution a a été un moment de délivrance. » L’ancien maître de conférences vote Rassemblement national depuis quinze ans « malgré un discours misérable sur l’écologie ». Sa boussole thématique c’est l’immigration, bien qu’il ne la connaisse pas lui même en tant qu’habitant du centre-ville de Strasbourg. « Le programme d’hospitalité inconditionnelle de La France insoumise va ruiner la Sécurité sociale avec des improductifs qui viendront en France sans contribuer à la richesse du pays, assure-t-il alors que des économistes ont rappelé les apports économiques des immigrés pour la France. C’est sans doute ce que veut Emmanuel Macron, utiliser l’immigration pour détruire notre État social, que je soutiens. »
Élodie, assistante maternelle de 32 ans, n’a pas pu voter. Domiciliée à Grenoble, sa procuration n’a pas fonctionné. Rencontrée à la Montagne Verte, elle s’inquiète d’une arrivée du Rassemblement national au pouvoir, qui ouvrirait une ère de « régressions pour nous les femmes, sur l’IVG par exemple ». En outre précise-t-elle, « j’ai peur pour mon compagnon et sa famille, vu sa couleur de peau ». Elle espère que « cette dissolution se retournera contre Emmanuel Macron et le RN, après des années de reculs sociaux. Le NFP me donne beaucoup d’espoir : enfin les égos ont été laissés de côté pour réaliser l’union. »
Harena vote et habite à Koenigshoffen. Étudiant en marketing communication en alternance, il va « voter l’alliance NFP :
« La gauche veut étendre les avantages au Crous pour tous les étudiants, les différentes aides pour se loger et se nourrir, je trouve ça vraiment bien vu la précarité des jeunes aujourd’hui. Et l’autre raison qui est évidente c’est que je suis issu de l’immigration, je suis d’origine malgache. J’ai la chance de pouvoir me sentir bien en France. J’ai peur que cela change. Ça m’a beaucoup choqué l’histoire sur la binationalité, même si moi j’ai juste la nationalité française. »
Arnaud, 31 ans, est recruteur dans une agence d’intérim. Habitant de Cronenbourg :
« J’ai voté pour le candidat du Front populaire. Je ne veux pas l’extrême droite et j’aime bien l’aspect social de leur programme. Vu mon boulot, je vois que c’est important, il y a beaucoup de personnes précaires qui viennent à l’agence. Elles ne méritent pas d’être stigmatisées. Ça me rassure que le candidat soit socialiste ici, plutôt modéré. Même si on n’est pas d’accord avec tout le monde au NFP, notamment certains de la France insoumise, je trouve que cette alliance est intéressante. »
La participation est toujours en nette hausse, jusqu’à près de 20 points supplémentaires, en Alsace et à Strasbourg, selon un pointage à 17h, par rapport aux élections législatives de 2022.
Francis, retraité, ancien VRP pour Unilever, est très satisfait de la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président de la République. « Il nous a foutu dans la merde mais maintenant ces nouvelles élections vont dans le bon sens. » Francis vote à l’extrême droite depuis 1974. « Mais à l’époque c’était différent », assure-t-il. « C’est vrai que ce que Jean-Marie [Le Pen] a dit ou fait, ce n’était pas très catholique », admet Francis en évoquant la torture en Algérie ou les propos sur les chambres à gaz comme « un détail de la Deuxième guerre mondiale ».
Mais maintenant l’ancien VRP en est sûr : « Depuis Marine Le Pen et Jordan Bardella, la xénophobie c’est fini. Ça c’était du temps du père. » Questionné sur sa priorité, l’habitant de Cronenbourg depuis 1981 est clair : « Le respect de l’autre » Et Francis de fustiger les « délits commis tous les jours dans la rue », toujours par des personnes d’origine maghrébine selon lui. Il conclut par une question : « Vous savez combien de vrais Français nous sommes encore en France ? 25 millions. » D’où sort ce chiffre ? « Un livre ou un magasine, je ne sais plus. »
Wiam, 21 ans, rencontrée dans le bureau de vote École Reuss du Neuhof, est inquiète :
« En tant que soignante, j’ai peur de la montée du RN. La moitié de mes collègues sont étrangères et on est déjà en sous effectif. Et même si l’extrême droite dit qu’ils veulent faire plus pour le service public, je ne les crois pas, leur programme ne va pas améliorer nos conditions de travail car ils disent toujours tous ça et rien ne change sur le terrain. »
Ivon et Cathie, habitants de Cronenbourg, lui est technicien de maintenance, retraité dans deux jours. Elle était aide-cuisinière. Cathie apprécie ce scrutin local qui permet d’élire une personne qui « prendra en compte les spécificités locales ». Elle évoque l’Alsace et la nécessité d’un retour à une région administrative avant de souffler : « Je suis malade. J’ai des soucis plus graves que la politique. » Ivon se plaint d’un pouvoir d’achat qui n’a fait que baisser ces dernières années et trouve la politique environnementale sous les présidences d’Emmanuel Macron « aberrantes ». Ils ne communiquent pas leur vote : « C’est comme au confessionnal, c’est entre Dieu et nous », dit-il.
C’est une première pour Jonathan. À 30 ans, c’est la première fois qu’il se rend dans un bureau de vote, en l’occurrence l’un de ceux abrités par l’école Saint-Jean dans le centre de Strasbourg. « Je ne peux plus en avoir rien à faire », dit-il :
« Je trouve que le système économique et politique n’est pas démocratique, les citoyens n’y ont aucune place. Je ne voulais pas y participer. Mais après les résultats des élections européennes, je me suis dit que cette ligne n’était plus tenable, que ce n’était qu’une excuse pour justifier ma flemme. Donc je suis venu pour voter Nouveau Front populaire, un peu par dépit mais faute de mieux. »
À Cronenbourg, Renée, professeure d’histoire à la retraite, a ressenti un grand malaise suite à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale au soir du dimanche 9 juin : « C’est un coup de plus de notre président, les conséquences peuvent être terribles, jusqu’à la guerre civile, il le sait. » À sa gauche, son mari, Jean, lui aussi ancien professeur d’histoire puis proviseur. Sans donner la destination précise de son vote, il explique son choix par la volonté de « préserver la démocratie, car elle sortira dans un piteux état de ce scrutin, par la faute d’un gamin incendiaire, adolescent capricieux qui décide de mettre le feu. » Jean craint aussi « les mouvements d’opinion irrationnels, l’influence des médias audiovisuels sur les gens, qui ne vivent plus dans le réel et ne votent plus pour mais contre une personne ou un parti. »
Dans le quartier du Neuhof, Salima, 38 ans, s’est mobilisée pour cette élection particulière :
« Je suis venue pour faire barrage au RN. J’ai trois enfants et je voudrais qu’ils grandissent libres comme moi. Depuis que le RN progresse dans les élections, les gens sont devenus méchants entre eux surtout sur les réseaux sociaux. On dirait qu’on vit dans un pays divisé et malheureux. Or la France, ce n’est pas ça. »
Devant l’école Saint-Jean, Valérie, 61 ans, n’a pas voulue être prise en photo parce qu’elle a « presque honte » de son vote. Elle aurait aimé voter socialiste, mais l’alliance du Nouveau Front populaire a placé une écologiste dans la première circonscription. Et La France insoumise lui fait trop peur : « ils n’ont qu’un programme social pour les gens qui ne travaillent pas et moi, j’ai travaillé toute ma vie. »
François, rencontré devant l’école Saint-Jean, avoue que ces dernières semaines ont été « compliquées. Avec cette cacophonie, il y avait de quoi se brouiller avec ses amis, sa famille, ses collègues… » À ses côtés, Émilie note que « les élections ont été des sujets de discussions à tous les apéros, on n’a parlé que de ça alors que c’est plutôt le moment d’échanger sur les vacances à venir. » Pour le deuxième tour, François et Émilie ne seront pas à Strasbourg mais ils ont pris leurs dispositions pour que quelqu’un vote à leur place.
Ils gardent leur vote secret en précisant qu’ils n’ont pas voté pour l’extrême droite.
Animatrice du centre socio-culturel, Jamila Haddoum va à la rencontre des familles :
« Le temps joue en notre défaveur, tout le monde pensait que c’était annulé. On est dimanche et il fait moche, ceux qui pensent que leur voix ne changera rien ont encore moins de chance d’aller voter. On a créé des supports visuels, des documents pour comprendre les lignes des quatre principaux partis. On explique sans donner aucune consigne de vote. »
Zinet, 29 ans, habitant de Souffelweyersheim, ingénieur dans le bâtiment :
« Je viens pour faire mon devoir de citoyen. Mon sentiment est qu’aujourd’hui tout le monde se tire dans les pattes pour des sujets qui n’ont pas d’importance. Sur l’islamisme par exemple, pour moi ce n’est pas un sujet. Je vois mes enfants à l’école, ils ont des profs souvent absents et pas remplacés. Du point de vue de l’économie aussi, le pouvoir d’achat est en baisse. Je le constate au supermarché. J’ai voté pour le NFP parce qu’ils sont solides dans tous les domaines. J’espère juste que si le RN passe, ils ne pourront pas appliquer tout leur programme grâce à la mobilisation citoyenne. »
Au centre socio-culturel du Neuhof, Ryan et Yacine, 25 et 24 ans, profitent d’un peu d’animation et d’un barbecue organisés pour inciter les habitants de ce quartier populaire à aller voter. Yacine craint « encore plus d’interdictions » :
« J’aimerais que ma mère puisse toujours porter le voile et que mes enfants puissent grandir en France, je veux pouvoir rester ici. On voit bien que tout est fait pour attiser la haine de l’islam, on le ressent. Le RN déteste les immigrés alors qu’ils ont participé à sauver la France, les Sénégalais, les Algériens… Je me sens en danger, en tant que binational. Les gens se réveillent trop tard, ils vont voter juste quand ils se sentent en danger. »
Ryan acquiesce mais lui a fait ses valises :
« Je veux aller habiter à l’étranger plus tard alors je vote surtout pour ceux qui veulent rester. J’ai des amis qui me disent que ça ne change rien d’aller voter mais je pense qu’ils se trompent. Autour de nous on a l’impression que tout le monde est pour Mélenchon et après on voit Macron être élu, j’avoue que je ne comprends pas. »
Christiane, porteuse de journaux de 62 ans, habite Cronenbourg. Rencontrée près du bureau de vote Gustave Doré, elle pense que « les gens ont pété les plombs » :
« Ils sont partis en vrille entre l’extrême-droite aux portes du pouvoir et l’extrême-gauche qui veut tuer l’extrême-droite. Nous on reste dans le centre. On bougera pas. Les extrêmes, c’est pas notre truc. J’espère que les gens vont se réveiller pour redonner un peu de stabilité au pays. Les gens sont trop gâtés ici. Ils devraient voir en Afrique, en Amérique du Sud ou en Indonésie c’est quoi la vie là bas. Il y a de quoi pleurer. »
A ses côtés, Vincent, 32 ans, est éducateur et pour lui, il y a un volet international au vote d’aujourd’hui :
« Maintenant qu’on a décidé de soutenir l’Ukraine on ne peut plus changer d’avis. Car la Russie sera gagnante peu importe l’extrême qui gagne. C’est Poutine qui a orchestré la montée des extrêmes en France. »
Au Neudorf, place du Marché, Laurent, 38 ans, est très angoissé depuis deux semaines :
« Je suis artiste auteur, gay, précaire et de gauche, ce qui fait quatre critères qui me mettent en danger si le RN passe. Je viens de la campagne, je sais que mon village a basculé RN et je vois bien que ce sont des territoires abandonnés par la droite et par la gauche. Je les comprends. Mais je me retrouve dans une situation de vulnérabilité vis à vis du pouvoir et de l’Etat qui serait dramatique si le RN l’emporte. »
Abdelhamid, 46 ans, vote à chaque élection, au Neudorf, mais là, « on voit bien que les discours politiques sont vides et ne règlent rien. La santé, l’éducation, le pouvoir d’achat, le monde du handicap, tout est pire maintenant. Note fils est autiste et on le voit bien. On nous parle tout le temps d’immigration et d’insécurité alors que les réponses sont ailleurs. »
« Je garde mon vote secret, dit Adelhamid, mais j’ai fait ce que je devais pour freiner la détérioration de nos services publics. »
Thierry, la cinquantaine, a voté Rassemblement national pour la première fois :
« C’était pas la peine de dissoudre l’assemblée nationale, ça fout le bordel pour rien. Je n’ai pas l’habitude de voter RN mais là c’est en contestation. Depuis quelques élections on vote contre, comme à Koh Lanta. Ils ne sont peut être pas aussi méchants qu’on le dit, et ce sont les seuls qui ont une chance d’avoir la majorité absolue. Je ne pense pas que le NFP soit une option sérieuse. »
Dans le Bas-Rhin, la participation a connu une nette augmentation. Elle s’établit à 23,75% alors qu’elle n’était que de 16,63% au même moment en 2022.
Dans le Haut-Rhin, 27,96% des inscrits avaient voté à midi, tandis qu’ils n’étaient que 18,56% en 2022.
Les départements alsaciens sont dans la tendance nationale. Selon le ministère de l’intérieur, la participation au premier tour s’élève à 25,90% à midi en France hexagonale, en hausse de 7,5 points par rapport à 2022.
Ce taux s’établit à 20% dans la première circonscription du Bas-Rhin (Strasbourg centre), 21,85% dans la deuxième (Strasbourg-sud) et 20,05% dans la troisième. Des chiffres en hausse de trois à quatre points par rapport à 2022.
Charles a voté NFP mais sans illusion.
À 43 ans, Charles a ces mots lorsqu’il est interrogé sur son sentiment à l’issue de cette campagne électorale impromptue : « Anxiété, crainte, peur, dégoût, colère… » Lui qui se déplace à chaque élection a voté pour le Nouveau Front populaire, incarné dans la première circonscription de Strasbourg par l’écologiste Sandra Regol. Il aurait préféré voter « pour quelqu’un de plus radical » mais, dit-il, « c’est le jeu, c’est la même chose qu’il y a deux ans. » Il est sans illusion sur les résultats de ce soir : « il y a eu un tel matraquage, des injures, des insultes, sur l’antisémitisme notamment sans que rien ne soit fondé… C’est déjà plié. »
« La question c’est plus « est-ce qu’on aime telle ou telle personne, tranche Nany, dans le quartier Gare de Strasbourg. Je vote le Front populaire parce qu’ils sont les mieux placés pour faire barrage au Rassemblement national, il faut tout faire pour les bloquer. Ceux qui votent pour l’extrême droite doivent reprendre des cours d’histoire, ce parti a été fondé par des nazis. Les élections ce n’est pas un jeu. J’ai des enfants, je fais aussi ça pour eux. »
Anouck et Clothilde ont mal vécu ces trois semaines de campagne. « Quand on voit l’extrême droite de plus en plus forte, on se dit c’est pas possible, c’est pas possible, dit Anouck. Et puis maintenant elle est là, aux portes du pouvoir. » Toutes les deux ont voté aux élections européennes et il n’était pas question de rater ce premier tour des législatives. Clothilde s’est assurée de faire voter quelqu’un d’autre pour elle dimanche prochain.
Mais elles sont angoissées. Pour la soirée des résultats, elles se sont accordées pour « ne pas rester seules face aux résultats. » « Je suis hyper inquiète », dit Clothilde. Elles votent toutes les deux Nouveau Front populaire « sans état d’âme ». La candidate écologiste, Sandra Regol, leur convient très bien.
Les bureaux de vote sont ouverts aujourd’hui de 8h à 18h en Alsace et jusqu’à 20h à Strasbourg.
Pour voter, les électeurs et les électrices doivent se munir d’un titre d’identité en cours de validité (carte d’identité, passeport), c’est obligatoire. En revanche, la carte électorale est bienvenue mais facultative.
La Ville de Strasbourg a mis en ligne une page spéciale pour retrouver son bureau de vote à partir des listes électorales. Seules les personnes inscrites sur ces listes pourront voter aujourd’hui et dimanche prochain.
Il est toujours possible de réaliser une procuration, pour permettre à une autre personne de voter à sa place. Ces procurations doivent être réalisées en gendarmerie ou en commissariat, ou auprès du tribunal judiciaire.
Les citoyennes et les citoyens peuvent participer au dépouillement dès la clôture du scrutin. Il leur suffit d’informer en cours de journée le ou la présidente de leur bureau de vote.
Ce compte-rendu réalisé en direct est gratuit, ainsi que nos résultats détaillés. Nous pensons qu’une information de qualité et engagée sur ce rendez-vous crucial de la démocratie française doit être accessible à toutes et à tous. Nous avons mobilisé cinq journalistes, une chargée de communauté, un développeur et un designer pour cette journée. Soutenez un média indépendant en optant pour un abonnement, 5€ par mois ou 50€ par an, sans engagement.
La gauche réalise de bons scores à Mulhouse, mais les divisions ont souvent permis à la droite centriste de l'emporter. En outre, le territoire a placé le Rassemblement national en tête aux élections européennes. Pour dimanche, ce sera une élection à trois issues possibles.
Dans la cinquième circonscription du Haut-Rhin (Mulhouse-Habsheim), Olivier Becht (sans étiquette et ex-Renaissance) se confronte à Nadia El Hajjaji pour le Nouveau front populaire et à Pierre Pinto pour le Rassemblement national. Toutefois, les dynamiques électorales ont été modifiées depuis 2022.
Cet article fait partie de l'édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous
« Nous, Quartiers 2 Strasbourg » s’est formé dans l’urgence pour soutenir le Nouveau Front populaire et encourager les habitants à s’organiser collectivement à l’avenir. Parallèlement, un collectif au Neuhof communique pour contrer l’extrême droite et politiser la population.
« Nous appelons à voter pour le Nouveau Front populaire. Mais ce n’est pas un chèque en blanc », résume Noureddine. Habitant du quartier de la Meinau, il fait partie des 27 personnes qui ont participé à la première réunion du collectif Nous, Quartiers 2 Strasbourg, jeudi 20 juin au Wagon Souk. L’initiative a été lancée par Mohamed Ali Zahi, président de l’association qui gère le tiers lieu situé entre les quartiers Gare et Koenigshoffen. Des travailleurs sociaux, des membres d’associations comme la Coordination alsacienne de l’immigration maghrébine (Calima) ou des personnes indépendantes ont répondu à l’appel.
« Il y avait même des mères célibataires », raconte Magali, qui vient de la Cité de l’Ill et qui a élevé seule sa fille. Éducatrice spécialisée, elle a notamment travaillé à l’Éveil Meinau et dans la protection de l’enfance : « Comme ce sont des personnes des quartiers qui organisent, ça donne plus envie de participer. » En plein après-midi ce mercredi 26 juin, elle coupe dans un rouleau de papier vert pour fabriquer une banderole. « Le Wagon Souk sert de boîte à outil », précise Mohamed Ali Zahi. De la peinture est à disposition au milieu de la cour.
« Les quartiers ont des comptes à régler avec la gauche. »
Mohamed Ali Zahi
Sur sa page Facebook, chaque jour, le collectif poste sur des actions de collage, un groupe de discussion dans la rue, un barbecue organisé par Calima à la Meinau… Aziz vient du quartier du Hohberg à Koenigshoffen. Membre de l’association de distributions alimentaires des Compagnons de l’espoir, elle s’est filmée pour inciter à voter aux élections législatives les 30 juin et 7 juillet : « On a plein d’origines différentes ici, mais on vote tous Front populaire. Barrage au RN, tous ensemble ! Allez tous voter. »
Mohamed Ali Zahi prépare de son côté une tournée pour présenter le collectif et appeler à voter pour le NFP avec une « caravane des quartiers ». Il est aussi engagé dans le groupe d’actions de la France insoumise à Hautepierre. « C’est bien reçu par les gens parce que ce sont nos mots, on a les mêmes vécus, ils nous font confiance », assure t-il. « Des jeunes du centre-ville sont venus toquer chez ma mère pour lui dire de voter mais elle ne l’a pas bien pris. Elle a l’impression qu’ils s’intéressent à nous juste pour les élections », explique de son côté Noureddine.
Pour Mohamed Ali Zahi, « les quartiers ont des comptes à régler avec la gauche » :
« La gauche nous voit comme des masses à faire voter, sans faire changer concrètement les choses ensuite. François Hollande est passé en 2012 avec nos voix, puis il a mis Manuel Valls au ministère de l’Intérieur qui stigmatise l’islam. Aujourd’hui encore, seule la France insoumise porte nos luttes, contre les violences policières, contre l’islamophobie, pour les travailleurs immigrés et la Palestine. »
« On s’en fout des hommes et des femmes politiques. L’important, c’est les actions concrètes, les programmes », insiste Magali. Le collectif Nous, Quartiers 2 Strasbourg ne compte pas se limiter au scrutin qui arrive. Le but est de peser sur les actions publiques à long terme. « À la Robertsau, si un lampadaire est cassé, il est réparé le lendemain. Chez moi à la Meinau, ça peut durer des années pour que ce soit réglé », remarque Noureddine, assis à l’ombre d’un parasol : « Dans les quartiers riches, ils votent. » « Et ils font des pétitions, ils envoient des lettres aux élus, ils appellent les médias, ils manifestent », ajoute Mohamed Ali Zahi :
« Ce qu’on veut, c’est impulser un mouvement qui encourage les habitants des quartiers à s’organiser ensemble, à porter eux mêmes leurs revendications. On doit imposer nos problématiques nous mêmes. On ne se bat pas pour des partis politiques mais pour nous. J’en ai marre qu’on soit juste des sujets d’actualité. »
La création du collectif a été accélérée par l’urgence de contrer le Rassemblement national aux élections anticipées. « Nous ne pouvions pas dire que nous n’avons rien fait à ce moment-là, lance le fondateur du Wagon Souk, nous serons les premiers concernés par les conséquences d’un gouvernement d’extrême droite. »
La gravité du moment politique pousse de nombreuses personnes à prendre position pour inciter à l’implication politique et au vote. Un autre collectif citoyen au Neuhof, déclenché notamment par le centre socio-culturel du quartier et son directeur Khoutir Khechab, a coordonné une action d’accrochage de banderoles dans la cité.
Une quarantaine d’habitants ont accepté d’afficher des messages à leurs balcons comme « Ne laissez pas les autres décider à votre place. Votez ! » ou « Ensemble, pour la mixité et la diversité. » « Nous allons distribuer entre 3 et 4 000 tracts dans toutes les boîtes aux lettres de la cité », complète Khoutir Khechab :
« Dessus nous indiquons les positions du Rassemblement national, par exemple contre l’augmentation du Smic. Et il y a un texte qui appelle à faire barrage à l’extrême droite. Nous prônons tous les jours le vivre ensemble et le respect de l’autre. Le RN est clairement en opposition avec tout notre travail. Quand on parle dans la rue, beaucoup se sentent concernés, et s’ils votent, c’est parce qu’ils se sentent obligés. Nous on aimerait qu’ils aillent voter par conviction. »
Une lutte de longue date puisque le centre socio-culturel du Neuhof avait porté le Challenge citoyen lors de l’élection présidentielle de 2017 visant à faire reculer l’abstention. Cinq ans plus tard, en 2022, Rue89 Strasbourg avait rencontré des Neuhofois plus ou moins concernés par le vote. « C’est un travail à long terme », constate Khoutir Khechab.
Le magazine Booska-P a publié une vidéo le 26 juin sur Feris Barkat, un jeune du collectif Banlieues Climat originaire d’Illkirch-Graffenstaden qui est allé discuter avec des habitants de Hautepierre pour leur dire de voter pour le NFP :
« Ça va mobiliser personne de juste dire “venez voter”. Pourquoi vous nous calculez que maintenant ? Quand on essaye de mobiliser sur la politique, moi je sens beaucoup de désintérêt et une forme de résignation en mode “on est jeunes et on est déjà dégoutés”. Le 30 juin et le 7 juillet on va essayer de faire des groupes, on va dire “venez, on va voter” parce qu’ils ont confiance en nous. »
Même stratégie pour des membres de Nous, Quartiers 2 Strasbourg, qui comptent monter une fanfare afin d’accompagner les gens vers les bureaux de vote. Au-delà du sentiment d’urgence, le collectif poussera les habitants à rester mobilisés ensuite, pour faire pression sur des sujets locaux et concrets comme le cadre de vie et les logements sociaux.
« Il faudra faire en sorte de ne pas prendre trop de place, pour que les personnes qui n’ont pas l’habitude s’approprient ce collectif. Il doit devenir un outil dans les mobilisations », prévoit Mohamed Ali Zahi. « Les réunions publiques institutionnelles sont intimidantes, ce sont toujours ceux qui viennent des zones résidentielles qui sont en confiance et exposent leurs revendications », estime Magali. Pour elle également, Nous, Quartiers 2 Strasbourg est plus adapté pour que les habitants des cités portent leurs sujets.
Cet article fait partie de l'édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous
Dans la matinée du vendredi 28 juin, les derniers occupants du bidonville de Cronenbourg, au bord de la M35, ont dû quitter les lieux. Ils trouveront un hébergement dans des logements de l’Eurométropole ou dans des caravanes de l’Espace 16, rue des Remparts.
Une vingtaine de personnes patientent devant un bus de la CTS. Autour d’elles des sacs poubelles remplis, des valises et des poussettes. Dans la matinée du 28 juin, la police est intervenue sur le site du bidonville de Cronenbourg, au bord de l’autoroute M35. L’opération s’est déroulée dans le calme. Les derniers occupants du campement, Roms de Roumanie et de Bulgarie, ont été prévenus de cette intervention. Ils seront d’abord pris en charge dans le gymnase du Heyritz avant de se rendre dans leur nouvel hébergement, comme l’explique l’adjointe en charge des solidarités Floriane Varieras :
« Il y a déjà une solution pour chacun d’entre eux. Il y a d’abord l’Espace 16 pour accueillir une partie des habitants, rue du Rempart. Et il y a aussi des logements diffus au sein de l’Eurométropole de Strasbourg. L’État a fait en sorte qu’ils puissent rester dans l’Eurométropole. »
Floriane Varieras se dit « soulagée » du déroulement de l’opération : « Tout se passe comme on l’espérait. Je suis heureuse qu’on ait trouvé ce partenariat avec la préfecture pour se mettre d’accord sur ce mode opératoire là. »
Dans les prochaines semaines, les services de la Ville interviendront pour nettoyer le site, sévèrement dégradé après des années d’occupation. Les baraquements seront détruits et il est à craindre que des barrières ne soient ajoutées, afin d’empêcher la formation d’un nouveau campement.
Pour Floriane Varieras, le dossier du bidonville de Cronenbourg n’est pas totalement clos :
« Il y a maintenant deux ans de travail d’accompagnement social et professionnel (par quatre travailleurs sociaux de Caritas Alsace, NDLR) au niveau du village d’insertion rue du Rempart ou dans les logements diffus dans l’Eurométropole de Strasbourg. Mais au moins, désormais, ces personnes vivent dans des conditions dignes. »
Caravane. Le mot revient dans la bouche de plusieurs personnes ayant vécu dans le bidonville de Cronenbourg ce matin. Il n’y en aura pas pour tout le monde sur le site de l’Espace 16, rue du rempart. Codin, un jeune homme de 21 ans, craint d’être séparé de sa grand-mère. Cette dernière s’est vue promettre une caravane à l’Espace 16. Mais Codin n’en aura pas et sera sans doute logé dans un appartement : « C’est pas possible pour nous d’être séparé de la famille… »
Le bidonville de Cronenbourg existe depuis 2019. Il a pu accueillir jusqu’à une centaine d’occupants. En mars 2024, le diagnostic sociologique mené par l’association Trajectoire a pris fin. Il a permis de recenser les personnes à héberger après l’évacuation. Un mois plus tard, une huissière de justice était passée sur le campement pour annoncer aux habitants la demande d’expulsion formulée auprès du tribunal par la Ville de Strasbourg. En juin, les avocats des Roms et la municipalité étaient parvenus à un accord.
L’Espace 16 est au cœur de cet accord. En quelques jours, comme le rapportent les DNA, quatorze caravanes et mobil home y ont été installés pour accueillir soixante résidents du bidonville. Le budget de cet espace de 4 000 mètres carrés est de 250 000 euros pour l’achat du matériel par la Ville. Le fonctionnement annuel du dispositif coûtera 480 000 euros, dont l’État prendra 190 000 euros en charge.
Jean-Luc Schaffhauser, l’eurodéputé qui a négocié le prêt russe au RN, dispose d’une fondation qui a touché des centaines de milliers d’euros en échange d’interventions en faveur de Moscou au Parlement européen, selon des mails dont Mediapart a pu prendre connaissance.
« Avez-vous le moindre élément qui laisse penser que nos positions ont pu être influencées de quelque manière que ce soit par l’obtention d’un prêt d’une banque tchéco-russe ? la réponse est non ! », s’était agacée Marine Le Pen devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, en mai 2023.
Le collectif Palestine 67 appelle à soutenir le Nouveau Front populaire lors des élections législatives. Il organise mardi 2 juillet une conférence avec le journaliste et auteur spécialiste du monde arabe Alain Gresh.
Après l’organisation de sa première vélorution le week-end du 22 juin, le collectif Palestine 67 se positionne sur les élections législatives. Il appelle à voter pour le Nouveau Front populaire dans un communiqué :
« Nous considérons que la constitution d’un gouvernement appliquant le programme du Nouveau Front populaire (qui demande la reconnaissance de l’État palestinien aux côtés de l’État d’Israël, NDLR) serait un grand coup porté à la coalition des gouvernements impérialistes qui soutiennent le génocide du peuple palestinien. »
Le collectif Palestine 67 réclame un cessez-le-feu immédiat, un embargo sur les armes et la mise en place de sanctions contre l’État d’Israël. Il pointe du doigt le « silence des médias français » sur la situation dans la bande de Gaza depuis l’annonce de l’organisation de nouvelles élections législatives.
Lors d’une conférence de presse à Genève mardi 25 juin, Philippe Lazzarini, chef de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a réalisé une mise à jour sur la situation des enfants palestiniens dans la bande de Gaza :
« En gros, nous avons tous les jours dix enfants qui perdent une ou deux jambes en moyenne. Ça veut dire environ 2 000 enfants après plus de deux cent soixante jours de cette guerre brutale. Nous savons aussi comment les amputations se déroulent la plupart du temps : dans des conditions assez horribles et parfois sans aucune sorte d’anesthésie. »
Depuis le début de la guerre, au moins 14 000 enfants ont été tués, « 4 000 ont été signalés disparus et 17 000 sont non accompagnés », complète-t-il.
Pour mesurer l’impact de la guerre en cours dans la bande de Gaza sur la région du Moyen-Orient, le collectif Palestine 67 organise une conférence avec le journaliste et auteur spécialiste du monde arabe Alain Gresh, mardi 2 juillet à 19h30 à la Maison des associations de Strasbourg.
Directeur des sites Orient XXI, Afrique XXI et ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, il a publié un essai le 1er mai dernier intitulé Palestine : un peuple qui ne veut pas mourir, aux éditions Les liens qui libèrent. Lors de la conférence, il reviendra sur la rupture de plus en plus profonde entre l’Occident et le reste du monde avec ce conflit.
Politiste et maître de conférence à Sciences Po Strasbourg, Philippe Juhem étudie les votes et les mouvements politiques avec un prisme sociologique. Il explique la porosité entre les droites françaises et les caractéristiques qui influencent le vote.
Considérée de longue date comme un territoire acquis à la droite, l’Alsace a suivi la tendance nationale aux européennes du 9 juin 2024, accordant au Rassemblement national plus de 33% des votes exprimés, un pourcentage légèrement plus élevé que celui constaté sur le reste du territoire. Philippe Juhem, politiste et maître de conférence à l’Institut d’études politiques de Strasbourg, explique la porosité entre les droites qui permet un glissement des votes vers l’extrême-droite, que le politiste préfère nommer la droite “nationale”.
Dans une tribune signée par plus de 500 soignants et soignantes de Strasbourg et environs, la communauté médicale alerte sur les dangers sanitaires liés à l’arrivée du RN au gouvernement.
Nous sommes des professionnels et professionnelles du soin en Alsace : médecins, sages-femmes, infirmières, kinésithérapeutes, psychologues, orthophonistes… Nous souhaitons alerter sur les dangers des politiques d’extrême-droite pour la santé des populations.
Nous nous sommes engagé·es, en choisissant ce métier, à soigner et accompagner toutes les personnes sans distinction, quels que soient leur genre, leur religion, leur origine, leurs papiers, leur classe sociale, leurs revenus… Et ce dans le respect de leur dignité et de leur volonté. L’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir mettrait à mal notre système de santé égalitaire, public, non-discriminatoire. Notre santé à toutes et tous est en danger !
Les facteurs de vulnérabilité en santé touchent des millions de personnes, augmentant leur risque d’avoir des pathologies graves et complexes, augmentant également leur risque de mortalité précoce. Ces facteurs de vulnérabilité sont : la précarité financière et professionnelle, la précarité de logement, les discriminations, le fait d’être une femme ou de faire partie d’une minorité, l’exposition augmentée aux toxiques, l’accès difficile aux soins…
L’extrême-droite n’a pas montré de volonté de diminuer ces vulnérabilités en santé : ses prises de position et ses votes aux parlements français et européens, montrent bien au contraire que ses choix politiques ont des conséquences néfastes sur les déterminants de la santé. Vous êtes en précarité financière : le Rassemblement National (RN) a voté contre le blocage des prix des biens de première nécessité, contre la gratuité des cantines et fournitures scolaires, contre l’augmentation du SMIC. Avec le RN, vous resterez dans la précarité.
Vous êtes en précarité de logement : le RN a voté contre l’augmentation des places d’hébergement d’urgence. Le parti est pour la préférence nationale pour l’accès au logement. Il souhaite supprimer les obligations de rénovation énergétique des bâtiments. Avec le RN, vous, les plus en difficulté resterez sans logement, ou dans des logements dangereux pour votre santé.
Vous êtes patient·e étranger·e/racisé·e : le RN veut supprimer l’Aide Médicale d’État (AME qui représente une partie infime du budget de la sécurité sociale et permet aux sans-papiers d’avoir les soins de base) et le droit au séjour pour soin en cas de pathologie grave sans accès au traitement dans son pays. Le RN a voté contre un plan de lutte contre les discriminations et ses membres ont régulièrement des paroles racistes, islamophobes, antisémites. Le RN veut instaurer la préférence nationale pour l’accès aux droits : Avec le RN, vos droits vont être fortement diminués voire supprimés, les risques pour votre santé vont augmenter.
Vous êtes une femme : le RN a voté contre l’augmentation des budgets de lutte contre les violences faites aux femmes. Le parti pense que les auteurs de violences sont surtout les étrangers (alors que les mis en cause sont français dans 86 % des cas). Aussi, le RN n’a aucun programme de prévention, de formation, ou de prise en charge des victimes.
Le RN a voté contre l’accès libre et gratuit à l’IVG au sein de l’Union Européenne. Le droit à l’IVG a été interdit dans plusieurs pays dirigés par l’extrême-droite. Le RN a prévu de supprimer les financements associatifs notamment du Planning Familial. Le RN souhaite favoriser le recours aux proches aidant·es plutôt qu’aux professionnel·les de santé, ce qui va impacter essentiellement les femmes représentant la majorité des aidantes et des métiers du care (aides-soignantes, auxiliaires de vie,…).
D’ailleurs, les métiers de l’accompagnement social et médicosocial, majoritairement féminins, sont absents du programme de RN (rien en matière de reconnaissance, rémunération, conditions de travail…), mise à part la préférence nationale, alors que les travailleuses étrangères représentent 25 % des travailleuses des Ehpad et établissements pour personnes handicapées. Avec le RN, vous verrez vos conditions de vie et votre santé fortement altérées.
Vous faites partie de la communauté LGBTQIA+. Le RN parle de « lobby LGBT ». Il s’est abstenu sur une résolution pour inscrire l’homophobie et la transphobie dans la liste des crimes de haine, il s’oppose à la PMA pour tous et toutes. Des membres de l’extrême-droite ont régulièrement des propos homophobes et transphobes. Le RN veut supprimer les aides financières des associations militantes. Avec le RN, vos conditions d’accès à la santé vont s’aggraver. Vous êtes usager·es de l’hôpital public, le RN a voté contre l’augmentation des budgets. Il veut supprimer des postes administratifs utiles au fonctionnement de l’hôpital, et veut réduire le recours aux médecins étrangers qui représentent actuellement 27 % des médecins hospitaliers. Avec le RN, vos soins dispensés à l’hôpital public, déjà en souffrance, vont se détériorer encore.
Nous refusons ces atteintes à notre système de santé et dénonçons ces attaques annoncées contre les patient·es les plus vulnérables. Afin de protéger la santé de toutes et tous, nous, soignantes et soignants d’Alsace, nous engageons et appelons chacun et chacune à voter contre l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite.
Un collectif de citoyens strasbourgeois dénonce les conditions d’accueil des étrangers par la préfecture du Bas-Rhin. Ces citoyens demandent la création d’une zone d’attente à l’intérieur du bâtiment.
Mardi 25 juin, six citoyens strasbourgeois (Georges Yoram Federmann, Jean-Claude Meyer, Jean-Claude Richez, Bernard Sibieude, Bernard Aghina et Ariel Lindgren), ont lancé un appel à signatures pour améliorer les conditions des migrants. Ces derniers doivent attendre des heures devant la préfecture du Bas-Rhin, place de la République à Strasbourg.
Ce collectif informel appelle également les citoyens concernés à manifester leur solidarité avec les étrangers vendredi 28 juin à 9h, devant la préfecture. Les cinq premiers signataires dénoncent que chaque jour, des personnes d’origine étrangère doivent attendre debout et sans protection contre les intempéries ni les fortes chaleurs, pour être reçues par l’administration. Les files d’attente s’étendent chaque jour dès les premières heures du matin jusqu’à la fin de l’après-midi, « exposant ces individus à des conditions particulièrement difficiles et dégradantes », selon les termes de cet appel.
Le collectif demande que la préfecture installe une « Zone d’accueil pour personne aspirante » à l’intérieur du bâtiment, dont la partie publique n’est désormais plus occupée que par les services aux étrangers. Les auteurs de l’appel soulignent que « Strasbourg se revendique héritière de l’ Humanisme rhénan et est souvent perçue comme une ville de solidarité, (…) Strasbourg doit être à la hauteur de cette réputation ».
Le collectif Solidarité pour Kanaky 68 appelle à deux rassemblements devant le centre pénitentiaire de Lutterbach jeudi 27 et vendredi 28 juin et à une manifestation à Mulhouse, samedi 29 juin. Ils revendiquent la libération des membres de la CCAT, organisation indépendantiste de la Nouvelle-Calédonie.
Deux jours après sa création, le collectif Solidarité pour Kanaky 68 organise, jeudi 27 et vendredi 28 juin, un rassemblement devant le centre pénitentiaire de Lutterbach, commune limitrophe de Mulhouse. Les rendez-vous sont donnés à 17h jeudi 27 juin, et à 15h le lendemain.
Les membres du collectif revendiquent la libération de Christian Tein, chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), organisation indépendantise de Kanaky (le nom donné par les indépendantistes à la Nouvelle-Calédonie, NDLR). Son incarcération, ainsi que celle de sept autres kanaks en France métropolitaine, fait suite à l’enquête lancée après les révoltes sur l’île du Pacifique au mois de mai. Ces violents affrontements opposant la police, des milices d’auto-défense et des militants indépendantistes kanaks ont fait neuf morts et des centaines de blessés. Ces émeutes faisaient suite au vote du dégel électoral en Nouvelle-Calédonie, qui élargit la possibilité de voter pour tous les citoyens résidant sur l’île depuis plus de dix ans.
Représentant du collectif Solidarité pour Kanaky 68, Stéphane Wachoima, lui-même kanak, s’est tout de suite mobilisé quand il a appris la nouvelle de l’incarcération de Christian Tein à Lutterbach : « Nous avons créé le collectif dans la foulée du rassemblement de lundi. Notre objectif est de se faire entendre et de se rassembler avec d’autres collectifs kanaks afin d’organiser des manifestations dans toute l’Alsace. » Aujourd’hui, Solidarité pour Kanaky 68 compte une trentaine de membres.
Le collectif organise sa première manifestation dans le centre de Mulhouse samedi 29 juin à 10h, place de la Liberté. La France insoumise 68, la Confédération nationale du travail (CNT), le Mouvement Kanak en France (MKF) et la cellule de coordination de la solidarité Kanaky (CCSK) seront présents dans le cortège. Les organisateurs revendiquent la libération des sept membres de la CCAT emprisonnés sur le territoire métropolitain ainsi que l’annulation du « dégel électoral », suspendu par Emmanuel Macron le 12 juin dernier. « Nous rendrons aussi hommage aux martyrs tués par les milices en Kanaky pendant le mois de mai », affirme Stéphane Wachoima.
Des milliers de personnes sont venues assister au passage de la flamme olympique à Strasbourg mercredi 26 juin. Nombre d’entre elles décrivent avec joie une parenthèse rassembleuse, loin des tensions politiques intérieures et internationales.
L’été aura débuté avec un peu de retard. Ce mercredi 26 juin à Strasbourg la flamme olympique a suscité une ferveur estivale, à l’inverse d’une fête de la Musique pluvieuse. Sur la Grande-Île en fin d’après-midi, la foule commence à s’agglutiner derrière les barrières de métal. Couples, familles ou groupes d’amis attendent patiemment le passage de la flamme olympique. Sur toutes les lèvres, la sensation de vivre un « moment unique », « l’occasion d’une vie ». En prolongeant la discussion, une autre motivation se dessine : le besoin d’un moment festif et rassembleur, autour de valeurs de paix et de solidarité.
À deux pas du pont du Corbeau, Isabelle et sa petite fille Charlotte sont venues d’Ostwald pour apercevoir les chanteurs alsaciens : Matt Pokora et Martin Léon. La conseillère en vente de 47 ans se sent rassurée par le bon déroulement de l’événement :
« Ça me fait peur depuis la dissolution : est-ce que les législatives vont perturber l’organisation des Jeux olympiques ? J’imagine qu’au niveau du ministère des Sports ou de l’Intérieur, ce sera compliqué de se passer un tel dossier, au beau milieu de l’événement. Mais ça fait du bien de se changer les idées avec un moment de partage où l’on ne pense pas aux élections. «
En face de la cathédrale, bien abrité à l’ombre, un petit groupe d’Ukrainiens patiente. Nathalia, Irene, Mykhailo et deux Anne ont trouvé refuge en Suisse après le début de la guerre en Ukraine. Ils vivent à Bâle et sont venus à Strasbourg pour voir la flamme olympique. Dans un allemand encore balbutiant, Anne évoque un événement « que nous vivons peut-être pour la première et dernière fois ». À ses côtés, Nathalia tend son téléphone après avoir enregistré quelques mots ukrainiens sur Google : « Quand les Jeux olympiques commencent, c’est un peu comme si les guerres prenaient fin. Nous souhaitons tant la fin de la guerre entre la Russie et l’Ukraine… »
« Un peu d’oxygène, ça fait du bien »
Marie
Marie et Furio profitent aussi d’un arbre sur la place des Tripiers pour éviter la chaleur. Le couple est venu de Saint-Dizier et profitera d’un second passage de flamme chez eux dans quelques jours. Pour Marie, il n’était pas question de manquer une seule opportunité de vivre ce moment des jeux olympiques :
« Je fais du soutien scolaire avec des jeunes de la communauté des gens du voyage. Les JO ont été le thème de l’année. C’est un bon support pour travailler sur les pays du monde et les disciplines sportives. La persévérance nécessaire pour obtenir une médaille est aussi un bel exemple. On a même écrit à Teddy Riner. Pour des élèves qui ne savent pas bien lire ou écrire, c’est un super exercice. »
« Et puis si on peut avoir un peu de cohésion dans ce pays, ce n’est pas de refus », ajoute Furio. Marie acquiesce à ses côtés : « Avec tous ces problèmes qu’on a aujourd’hui, un peu d’oxygène, ça fait du bien. Rien que pour un moment, une parenthèse dans cette période difficile. »
Accoudé à l’une des milliers de rambardes qui quadrillent la ville, Martin cherche aussi l’occasion d’une vie. Le militaire allemand au sein de l’Eurocorps a quitté la ville d’Erfurt il y a deux mois pour faire de « nouvelles expériences et apprendre aux côtés des militaires de toute l’Europe ». Pour lui, les Jeux symbolisent une valeur essentielle, celle de l’abnégation. Mais ils constituent surtout un moment suffisamment « grandiose » pour « apaiser un peu les choses ». Et le militaire de citer « les guerres en Israël et en Ukraine. Il faut qu’elles prennent fin… »
Le mercredi, Margot va « chez papi et mamie ». Michel, 71 ans, a voulu faire plaisir à sa petite fille de 10 ans. Gymnaste dans l’équipe de La Strasbourgeoise, Margot tenait à voir passer la flamme olympique pour deux raisons. Elle décrit la première en sortant de sa poche une feuille titrée : « Flamme olympique à Strasbourg mercredi 26 juin ». Le reste de la page doit accueillir l’autographe de Matt Pokora. Mais Margot cherche aussi à se consoler ici : « On n’a pas réussi à avoir de billets pour voir les épreuves de gymnastique. Quand on a voulu en acheter, toutes les places étaient déjà prises, sauf les plus chères… »
Deux glaces dans les mains, Hervé et Anouk n’accordent pas la même importance à la flamme olympique. L’une se serait volontiers passée d’attendre son passage. L’autre tient à rester, « pour les symboles autour des Jeux, l’entraide, l’humilité, l’inclusion ». « À un moment où la situation politique se tend, le sport peut permettre à tout le monde de se retrouver. Les valeurs du sport sont universelles, elles peuvent permettre de dépasser la situation politique », espère Hervé.
18h30. Le moment tant attendu approche. Roxane habite à deux pas. Elle vient de descendre pour cette flamme olympique qu’elle voit « comme quelque chose qui se perpétue depuis la Grèce antique ». Puis l’ingénieure en vient à des considérations plus actuelles :
« En tant que personne de couleur, forcément, je suis mal à l’aise avec l’extrême droite aux portes du pouvoir. Ils attisent des peurs quand un événement comme les jeux olympiques pousse à sortir, à découvrir le monde. Pour moi la flamme représente l’unité et c’est un signe d’espoir. »
« On dirait le Tour de France avec toutes ces pubs… »
Marie
19h. Les gens se pressent pour être au premier rang derrière les barrières métalliques. L’impatience grandit à mesure que les véhicules se succèdent entre la Librairie Kléber et les Galeries Lafayette. Des motos, des scooters et des camionnettes de police, puis des véhicules publicitaires, de la Caisse d’épargne, de la Banque populaire puis de Coca-Cola, tous partenaires des jeux olympiques. Puis le passage de flamme se fait. Trop occupé à filmer avec leur téléphone, les spectateurs n’ont plus de mains disponibles pour applaudir. Après une pause, la flamme repart. Marie quitte les lieux en s’étonnant : « On dirait le Tour de France avec toutes ces pubs… »
À 19h30, l’événement atteint son climax. Arsène Wenger, ancien entraineur du club d’Arsenal en Angleterre et strasbourgeois, allume le chaudron sous les applaudissements. Derrière la foule en liesse, Warda (le prénom a été modifié) se tient à l’écart avec sa poussette. Elle est parvenue à entr’apercevoir la flamme, qui lui rappelle le décès de son père, avec lequel elle regardait, petite, les Jeux olympiques à la télé. L’espace d’un instant, Warda a « oublié les infos, Bardella et ses propos sur la binationalité. »
Une foule importante suit l’idole de nombreux footeux. Dans la poussette, un petit enfant se met à crier. Retour à la dure réalité pour Warda. Elle raconte ce rendez-vous à la préfecture il y a quelques jours, « pour une demande de naturalisation ». Elle fait une pause en voyant la place se vider progressivement autour d’elle : « J’espère que le Rassemblement national ne prendra pas le pouvoir… »