Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

La Foire Saint-Jean s’installe sur la Plaine des Bouchers à partir de 2025

La Foire Saint-Jean s’installe sur la Plaine des Bouchers à partir de 2025
D’imposants manèges à sensation sont installés à la Foire Saint-Jean

Annulée cette année, la traditionnelle Foire Saint-Jean de Strasbourg se déroulera sur la Plaine des Bouchers à partir de l’an prochain. Municipalité et forains ont trouvé un accord, mardi 9 juillet, pour assurer le retour de l’événement en 2025.

Après plus d’un mois de réunions et de rencontres avec la municipalité strasbourgeoise, les forains se sont mis d’accord pour assurer l’organisation de l’édition 2025 au cours d’une réunion, mardi 9 juillet. « C’est un soulagement. On sait que l’on va pouvoir revenir travailler après un mois vraiment difficile. Ça met un peu de baume au cœur » commente Frédéric Kopp, représentant du syndicat de l’Union défense active foraine (Udaf). Pour rappel, la Foire Saint-Jean a été annulée cette année, le lieu proposé par la municipalité ne convenant pas aux forains.

C’est sur un terrain de quatre hectares situé à la Plaine des Bouchers que 115 forains doivent s’installer dès 2025. Pierre Ozenne, élu en charge des négociations avec les forains, salue les échanges constructifs de ces dernières semaines :

« Nous nous sommes basés sur la situation de la Foire Saint-Jean de 2023. Pour assurer la réussite de l’événement sur ce nouveau site, un aménageur unique réalisera les travaux, la SPL des Deux-Rives, et nous réaliserons des points réguliers avec les représentants des forains au cours de l’année à venir. Cet accord permet vraiment d’entamer la mise en place d’une nouvelle Foire Saint-Jean, avec davantage de sécurité et avec la volonté d’accueillir encore plus de public.

Un site pérenne pour la Foire Saint-Jean

Le site de la Plaine des Bouchers devait à l’origine devenir le site pérenne de l’accueil de la Foire Saint-Jean à partir de 2026. La municipalité a annoncé aussi faire un geste pour les forains après l’annulation de l’édition de cette année. Ces derniers payeront un droit de place moins élevé l’an prochain pour la première édition organisée Plaine des Bouchers. « Cela symbolise l’engagement de la mairie dans ce dossier et la prise de risque collective pour la réussite pérenne de l’événement » explique Pierre Ozenne.

« Trop cher et insalubre » : Dans le Bas-Rhin, les classes modestes contraintes au mal-logement

« Trop cher et insalubre » : Dans le Bas-Rhin, les classes modestes contraintes au mal-logement
Brigitte Breuil, présidente de la Confédération nationale du logement (CNL), lors d’une réunion publique avec les candidats aux législatives en juin 2024.

Des taudis, à des prix exorbitants. Dans le Bas-Rhin, la crise du logement impacte particulièrement le parc locatif privé. Les associations de locataires alertent et appellent les pouvoirs publics à réagir.

« 500 euros pour une cabane de jardin, à Ostwald, vous trouvez ça normal ? » Brigitte Breuil, présidente de la Confédération nationale du logement (CNL) du Bas-Rhin s’offusque : « Les gens ne peuvent plus payer leur loyer et se retrouvent à louer ce que les propriétaires veulent bien leur proposer. » Entre l’augmentation continue des loyers et des charges, un accès à la propriété quasi impossible pour les classes moyennes et un effondrement du nombre de constructions neuves, la crise du logement impacte fortement le parc locatif privé, y compris en Alsace.

C’est le constat du dernier rapport de l’Observatoire des loyers du Bas-Rhin, publié en juin par l’Agence d’urbanisme de Strasbourg Rhin supérieur (Adeus). Il fait écho aux alertes des associations locales qui militent pour le droit au logement.

Augmentation des signalements pour mal logement

À Strasbourg, comme dans la majorité des grandes villes, les loyers sont en hausse de 4% entre 2023 et 2024. Cette évolution, couplée à celle de l’énergie, « peut amener les ménages dans des situations de grande précarité », écrit l’Adeus.

En 2021, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) estimait que dans le département, un ménage sur quatre consacrait une part importante de ses revenus aux dépenses énergétiques contraintes, ce qui les rendait particulièrement vulnérables à la hausse des prix. « Le logement privé a été particulièrement touché par la hausse des charges car il est de moins bonne qualité, moins bien isolé que le social », complète Colin Riegger, secrétaire général de la Confédération syndicale des familles (CSF) du Bas-Rhin.

La CNL et la CSF font toutes deux partie du Plan départemental de lutte contre l’habitat indigne du Bas-Rhin (PDLHI), lancé par l’État. Sur la plateforme Histologe, créée en janvier 2024, elles récoltent les signalements de logements non-décents, faits par des particuliers et des associations. « Dans le bas-Rhin, nous avons traité 850 signalements entre 2019 et 2023 », explique Grégoire Ballast, chargé de mission habitat à la CSF. Depuis janvier 2024 et la mise en place de la plate-forme, ces derniers sont passés à « cinq, six, voire sept par jour », estime Brigitte Breuil, de la CNL.

Difficile pour autant de chiffrer précisément le nombre de logements indignes dans le Bas-Rhin, car « les gens ne savent pas toujours vers qui se tourner », poursuit la présidente :

« D’autres ont peur de les signaler, surtout dans le privé, car les gens sont très précaires, voire sont présents illégalement. Les proprios le savent et en profitent, ils menacent les locataires. »

Les ménages, déjà paupérisés, restent ainsi dans des logements qui peuvent les exposer à des risques de maladies, dues à la moisissure ou à l’humidité, selon des études menées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Santé publique France. « Sans compter les risques d’isolement social ou professionnel », ajoute Colin Riegger.

« Les gens se retrouvent à payer des loyers plus élevés que dans le parc social, 12€ le mètre carré contre 5€, alors que leur qualité est inférieure », déplore Grégoire Ballast, de la CSF. Le nombre de demandes de logements sociaux a augmenté de près de 20% depuis 2022 en Alsace, selon les chiffres de l’Association territoriale des organismes HLM (Aréal). « Le logement social est submergé, on n’en construit pas assez », explique Colin Riegger.

Les « mesurettes » des macronistes

Selon les associations, les politiques publiques ne sont pas à la hauteur de la situation. Pire, elles auraient même leur part de responsabilité dans cette dégradation du parc privé locatif.

Dans un plan logement présenté en juin 2023, l’exécutif avait ainsi prévu de construire plus de logements locatifs intermédiaires (LLI) – des loyers 10 à 20% inférieurs au prix du marché, complémentaires à l’offre de logement social. Mais pour l’Adeus, ce qui semblait une bonne idée a plutôt mis en concurrence « les ménages moyens-modestes avec une grande partie des ménages moyens ». Pour Colin Riegger, de la CSF, même ces loyers restent inaccessibles : « Ça peut être 11€ le mètre carré, ça se rapproche de la norme du logement privé classique. »

Avant la dissolution de l’Assemblée nationale, le gouvernement entendait intégrer ce type d’habitat aux quotas obligatoires de 20 à 25% de logements sociaux dans les communes. « C’est une façon détournée pour elles de tricher pour les logements sociaux. Ceux qui ont trop peu de moyens ne pourront jamais y habiter. Donc la crise reste », estime Brigitte Breuil.

Le plan logement de juin 2023 prévoit également la fin du dispositif Pinel en décembre 2024 – en échange de loyers encadrés, les propriétaires bénéficiaient d’une baisse d’impôt à l’achat de leur bien. « Les propriétaires vont moins investir, il y aura des logements en moins sur le marché », estime Brigitte Breuil. La présidente de la CNL reste critique vis-à-vis de ce dispositif, « car tout est fait, encore une fois, pour faciliter la vie des propriétaires », comme son collègue de la CSF, Colin Riegger :

« Le dispositif Pinel est une illustration du saupoudrage d’Emmanuel Macron face à la crise du logement. On fait des mesurettes, qui coûtent un pognon de dingue, mais qui ont des effets très faibles. La crise du logement s’est aggravée, l’accès au logement est encore plus compliqué qu’avant et les plus précaires n’ont pas été soutenus. »

En finir avec la propriété privée

Pour vaincre la crise du logement, la CNL et la CSF sont unanimes. « On veut densifier le logement social, qu’il puisse loger plus de monde », explique Colin Riegger :

« Il faut quitter le parcours résidentiel classique qui fait de nous des petits propriétaires. L’accès à la propriété est une lubie d’économiste de droite. Toutes les politiques libérales centrées sur l’initiative privée n’ont pas réussi à éradiquer le mal logement. »

Les collectifs appellent l’État à financer la rénovation énergétique des bâtiments, en soutenant davantage les propriétaires aux ressources limitées. Ce n’est pas cette tendance qui est pourtant à l’œuvre aujourd’hui : « Le dispositif gouvernemental « Ma prime rénov », qui aide les propriétaires à payer leurs travaux d’entretien thermique, a financé 11 % de dossiers de moins en 2023 qu’en 2022″, expose Grégoire Ballast, de la CSF.

Ils appellent également à plus de contrôle des logements privés. Car aujourd’hui, si des critères permettent de caractériser un logement « décent », le contrôle n’est pas systématique et ces critères n’exercent pas de contrainte sur les propriétaires. Avec le PDLHI, les collectifs veulent ainsi déployer dans l’Eurométropole des permis de louer, qui offrent la possibilité d’instaurer des contrôles de qualité des nouvelles mises en location de logements dans le parc privé. « Grâce à nos actions, il y aura bientôt, si tout va bien, un permis de louer dans le quartier gare et à Koenigshoffen », se réjouit Brigitte Breuil.

Profanation du cimetière juif de Sarre-Union : un procès sur l’antisémitisme de l’extrême droite

Profanation du cimetière juif de Sarre-Union : un procès sur l’antisémitisme de l’extrême droite
En 2017, la majorité des tombes du cimetière juif étaient dans le même état qu’en février 2015.

Près de neuf ans après la profanation du cimetière juif de Sarre-Union, l’association antiraciste La Maison des potes espère pouvoir faire reconnaître le caractère antisémite des actes de cinq jeunes du nord de l’Alsace. Certains d’entre eux étaient proches du Front national.

Le 15 février 2015, pas moins de 250 tombes du cimetière juif de Sarre-Union, dans le nord de l’Alsace, ont été profanées. En 2017, cinq mineurs ont été condamnés à des peines comprises entre 8 et 18 mois de prison avec sursis (voir tous nos articles). Le 8 juillet 2024, l’association antiraciste La Maison des potes a plaidé lors d’une audience à la Cour d’appel de Metz pour se constituer partie civile, ce qui lui avait été refusé en 2017.

Le but de l’opération est de faire enfin reconnaître le caractère antisémite des dégradations, et, plus largement, la dangerosité des idéologies d’extrême droite, dont étaient proches certains condamnés.

Combattre le racisme en se constituant partie civile

L’association est allée jusqu’à se pourvoir en cassation pour pouvoir faire partie du processus judiciaire. Le 4 avril 2023, la Cour a tranché : la Maison des Potes devrait avoir le droit de se constituer partie civile. En novembre 2023, le code de procédure pénale a d’ailleurs évolué en ce sens – les associations qui combattent le racisme peuvent désormais se constituer partie civile plus facilement qu’auparavant.

Pour le président de La Maison des potes, Samuel Thomas, l’enjeu de la décision qui interviendra le 23 septembre 2024 est double :

« Si nous pouvons nous constituer, cela affirmera le caractère antisémite des actes, qui n’avait pas été retenu par le procureur en 2017 comme une circonstance aggravante. Dans un second temps, les dommages et intérêts devraient être plus élevés. C’est le moyen symbolique qu’a la justice de réparer. En gros, profaner une tombe est grave dans tous les cas, mais c’est encore plus grave lorsque la personne est juive. Car ça a pour but d’effrayer la communauté. »

Des condamnés néo-nazis

Dans un article de juillet 2024, le média indépendant Blast a rappelé ce qui caractérise les auteurs de ces profanations. Des néo-nazis, dont l’entourage est proche du Front national, qui auraient selon leurs témoignages effectué des saluts nazis, tenu des propos antisémites et chanté une chanson intitulée « Je suis un bon nazi ».

À nos confrères, le président de l’association antiraciste déplore que l’enquête n’ait pas poussé plus loin l’investigation de l’entourage des quatre jeunes :

« Ils ne se sont pas intéressés à l’environnement familial des notables du coin, proches du Front national. Ainsi, l’un des jeunes est le neveu d’un des chefs de file du Front national local, Jean-Luc Laroche. Un autre a fait un stage dans le garage du même Jean-Luc Laroche. Malgré mes demandes, l’enquête ne s’est jamais intéressée à ceux qui auraient pu endoctriner ces gamins. On voit que Jean-Luc Laroche poste très fièrement de nombreuses photos de son fils avec des personnalités du Front national, comme Jean-Marie Le Pen ou Steeve Briois, et qu’il est aussi très proche de son neveu, qui fait partie des profanateurs. »

Samuel Thomas, à Blast (7 juillet 2024)

À Rue89 Strasbourg, il précise que « tous les éléments de l’enquête laissent penser qu’engendrer la frayeur dans la communauté juive, si ce n’était pas l’intention des jeunes, c’était celle de ceux qui les ont influencés ».

Alerter sur les violences de l’extrême droite

Alors que le Rassemblement National vient d’obtenir 143 sièges à l’Assemblée Nationale, Samuel Thomas espère que les électeurs et électrices mobilisées pour lui faire front resteront sensibles à la question de la xénophobie :

« Il ne faudrait pas qu’on se mette à penser que ce n’est pas si grave que ça. Le fait que des groupuscules néo-nazis se forment et que la police ne les arrête pas est dangereux. »

Le rectorat annule la fermeture d’une classe à l’école de Duttlenheim

Le rectorat annule la fermeture d’une classe à l’école de Duttlenheim
Les parents d’élèves avaient fait circuler une pétition début juillet pour éviter cette fermeture de classe.

Des parents d’élèves de l’école primaire Jean Hans Arp de Duttlenheim avaient lancé une pétition pour éviter la fermeture d’une classe dans l’établissement. Le rectorat a affirmé être revenu sur sa décision lundi 8 juillet.

Le rectorat de l’Académie de Strasbourg avait acté, en février, la fermeture d’une classe de l’école élémentaire Jean Hans Arp à Duttlenheim à la rentrée 2024. Selon le procès verbal du conseil d’école du 25 juin, cela aurait par exemple conduit à une classe de 30 élèves de CP et de CE1, au lieu de 21 élèves sans la fermeture. Les classes de CE2-CM1 et de CM1-CM2 allaient passer de 20, 21 ou 22 élèves à 27 élèves.

« Dans le cadre du comité social départemental d’administration qui s’est tenu ce [8 juillet], il a été décidé d’abandonner [cette] mesure de fermeture », a communiqué le rectorat à Rue89 Strasbourg.

« Nous ne pouvons pas accepter une telle dégradation des conditions d’enseignement, qui aurait de réelles conséquences pour nos enfants, notamment pour l’apprentissage de la lecture », exposait Julien Eidenschenck, porte-parole du collectif de parents d’élèves constitué pour l’occasion. Ces derniers avaient fait circuler une pétition qui avait déjà recueilli 220 signatures le 8 juillet, soit l’équivalent de 80% des parents du groupe scolaire de Duttlenheim.

En Alsace, des députés macronistes prêts à s’entendre avec le NFP

En Alsace, des députés macronistes prêts à s’entendre avec le NFP
Vincent Thiébaut, député Horizons alsacien, se montre ouvert à la discussion avec les députés NFP, y compris « certains insoumis », en rupture de ban avec le parti.

Au lendemain du second tour des élections législatives, le dimanche 7 juillet, les neuf députés d’Ensemble en Alsace se retrouvent en minorité dans la nouvelle Assemblée nationale. Face au Nouveau Front populaire, la plupart défendent des alliances de circonstance.
« J’arrive devant le registre de l’Assemblée, je dois vous laisser ! » Qu’ils soient en voiture, dans le train ou déjà dans le métro, une bonne partie des nouveaux députés convergent déjà vers le Palais Bourbon, ce lundi 8 juillet. Au lendemain des élections législatives, l’Alsace envoie une majorité de députés Ensemble dans la nouvelle Assemblée nationale – 9 sur 15 circonscriptions. Tous ont répondu à Rue89 Strasbourg sur l’attitude qu’ils auront à l’égard du Nouveau Front populaire et de son programme.

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À la prison de Strasbourg, une association cherche des bénévoles pour des ateliers lecture

À la prison de Strasbourg, une association cherche des bénévoles pour des ateliers lecture
L’association Lire pour en sortir souhaite initier des ateliers lecture à la maison d’arrêt de Strasbourg.

Rencontre avec des auteurs, lecture en binôme… L’association Lire pour en sortir cherche des bénévoles pour lancer ses activités de lecture à la maison d’arrêt de Strasbourg.

Fondée par l’avocat Alexandre Duval-Stalla, l’association Lire pour en sortir est née d’un constat : les détenus manquent parfois de mots pour se défendre et parler de leurs affaires. Maître Duval-Stalla prend aussi inspiration d’une initiative brésilienne lancée en 2012. Là-bas, pour certains prisonniers, une remise de peine de quatre jours est accordée pour chaque livre lu. Lire pour en sortir a été fondé suite à une réforme du Code de procédure pénale en 2014. Désormais, la participation à des activités culturelles favorise les chances d’obtenir une remise de peine en France.

Un atelier de lecture en prison

L’association Lire pour en sortir mène ses ateliers de lecture dans 37 établissements pénitentiaires en France. Elle cherche au moins cinq bénévoles pour lancer ses activités à la maison d’arrêt de Strasbourg. Interview de Margaux Nasreddine, responsable des programmes et des activités culturelles de l’association Lire pour en sortir.

Rue89 Strasbourg : en quoi consistent les différentes activités menées par votre association ?

Margaux Nasreddine : L’activité qui mobilise le plus de bénévoles chez nous est un programme individualisé de lecture. Pour chaque détenu participant, il y a un bénévole et un livre. Le détenu a le choix du livre dans un catalogue de 332 titres. On achète et on offre le livre au détenu. L’activité est adaptée au niveau de la personne : soit il y a une aide à la lecture dans le cas où le détenu a quelques difficultés à lire. Sinon ils peuvent lire le livre chacun de leur côté et utiliser les temps de rencontre en prison pour en discuter ensemble.

Un pont entre parents incarcérés et enfants

Ce programme a été décliné en 2021 dans une activité « lire en famille ». Le but de cet atelier est de construire un pont entre parents incarcérés et enfants. Ici, le bénévole accompagne le détenu pour une lecture à voix haute. Le détenu pourra ensuite partager un moment de lecture avec ses enfants au parloir.

Des rencontres avec des auteurs

Ensuite il y a des actions collectives comme les rencontres avec des auteurs, qui viennent en détention. Ils discutent avec les détenus qui ont lu leur ouvrage en amont. Ici les bénévoles assurent une séance de préparation avant la rencontre avec l’auteur. En juin et juillet de cette année nous avons invité les auteurs Pierre Lemaitre, Nadir Dendoune, Romain Dutreix ou encore Ismaël Meziane.

Quel est l’objectif de votre association en prison ?

Nos objectifs sont multiples : se réapproprier les savoirs de base pour des personnes qui ne savent pas vraiment lire et écrire. Il s’agit aussi de donner le plaisir de lire à travers une lecture fraternelle. En 2017, nous avons fait une étude d’impact qui a montré que ces activités de lecture permettent de redonner confiance en soi aux détenus. Ces ateliers permettent aussi de créer un pont entre intérieur et extérieur de la prison. Il peut enfin y avoir un apaisement du climat en détention à travers ces activités de lecture. Quand on a les mots pour dire, on est moins dans la réaction violente.

Quels sont les ouvrages les plus choisis par les détenus ?

Les trois livres qui ont été les plus choisis par les détenus en 2023 sont : L’alchimiste de Paolo Coelho, la biographie de Grand corps malade et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran d’Éric-Emmanuel Schmitt. Sinon il y a des bandes dessinées, des livres sur l’art, sur le sport, c’est vraiment tous types de livres.

Comment les potentiels bénévoles peuvent-ils se faire une idée des ateliers de lecture et de leur impact pour les personnes incarcérées ?

Je recommande l’écoute du podcast de Louie Media qui s’appelle « Les amies du royaume des mots ». Un journaliste y interroge des bénéficiaires et des bénévoles.

Journée de formation le 24 septembre

Ce qui me touche, ce sont les courriers des détenus qui nous remercient après avoir participé à une de nos activités. Ils nous disent qu’ils n’avaient jamais lu avant et qu’ils ont dévoré le comte de Monte Christo. D’autres font référence au questionnaire qui est donné au bénévole et au détenu à la fin d’un cycle. En lisant le commentaire d’un bénévole, un détenu nous a témoigné du fait qu’il se sentait valorisé pour la première fois de sa vie. Ces ateliers, c’est une main tendue de la société civile vers les personnes détenues, pour recréer du lien.

Que faut-il pour être bénévole ?

Il faut avoir envie de partager autour d’une lecture. Il faut pouvoir s’engager en semaine et se rendre à la maison d’arrêt par ses propres moyens. La plupart des bénévoles sont ravis de l’expérience. Tous les détenus qui viennent à l’activité sont volontaires. Donc le rapport aux bénévoles est souvent très agréable. Les activités culturelles en prison, c’est une parenthèse de liberté pour les détenus. Donc en général ça se passe plutôt très bien.

Quand commencent les ateliers à la maison d’arrêt de Strasbourg ?

Nous espérons nous lancer à Strasbourg en septembre. La journée de formation des bénévoles aura lieu le 24 septembre. Le but est de recruter au moins cinq bénévoles dont un référent.

Le barrage républicain a permis de garder l’Alsace au centre droit

Le barrage républicain a permis de garder l’Alsace au centre droit
De gauche à droite, les députés sortants Louise Morel (MoDem), Brigitte Klinkert (Renaissance) et Bruno Studer (Renaissance) lors d’un meeting d’Ensemble à Strasbourg. Ce dernier ne sera pas réélu.

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Consécration pour le Nouveau Front populaire à Strasbourg

Consécration pour le Nouveau Front populaire à Strasbourg
Le député LFI Emmanuel Fernandes annonce sa victoire.

Les candidats de gauche Sandra Regol (Les Écologistes), Emmanuel Fernandes (La France insoumise) et Thierry Sother (Parti socialiste) sont élus sur les trois circonscriptions de Strasbourg. Dans tous les secteurs urbains, la gauche a progressé.

« Plus fort le son ! » Dans l’arrière-salle du restaurant Romulus, à Strasbourg, une quarantaine de militants de La France insoumise (LFI) tentent de faire le silence devant un écran de télévision au son grésillant. Tant pis pour l’audio, l’image suffira : lorsqu’elle apparaît sur l’écran, la prévision de la nouvelle Assemblée nationale provoque une explosion de joie. Contre toutes les prévisions, tous les sondages, le Nouveau Front populaire obtient le plus grand nombre de sièges lors du second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet.

La nouvelle Assemblée nationale.Photo : Mediapart

Le NFP l’emporte partout à Strasbourg

À Strasbourg, tous les candidats du Nouveau Front populaire (NFP) sont élus. Dans la première circonscription du Bas-Rhin, la députée sortante Sandra Regol (Les Écologistes) est réélue avec 58,8% des voix ; le sortant insoumis Emmanuel Fernandes est également réélu dans la deuxième circonscription en réunissant 48,8% des suffrages. En outre, la gauche remporte la troisième circonscription du Bas-Rhin avec le socialiste Thierry Sother (43,3% des voix).

Les soutiens du député sortant Emmanuel Fernandes (LFI) célèbrent les premiers résultats des élections législatives. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg

« C’est bon, presque tous les bureaux de votes sont dépouillés », confirme la maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian vers 22 heures, en affichant un grand sourire : « Je me réjouis des résultats. Les trois candidats arrivent très largement en tête, avec plusieurs milliers de voix d’écart. »

Partout, les candidats de gauche sont en progression par rapport aux élections législatives de 2022. À l’époque Sandra Regol (51,47% des voix) et Emmanuel Fernandes (51,23% dans un duel avec LREM) avaient été élus avec respectivement 15 569 voix et 16 990 voix. Avec une participation en hausse de 50 à 67%, l’élue écologiste obtient 23 414 voix. Dans la deuxième circonscription, la participation progresse de 47 à 69% et Emmanuel Fernandes obtient 24 089 voix.

Dans la troisième circonscription, le secrétaire fédéral du PS du Bas-Rhin, Thierry Sother, gagne avec 43,3% des voix (20 151 votes) contre le député sortant Bruno Studer (Renaissance), qui obtient 32,5% (15 115 voix) des suffrages dans une triangulaire où le Rassemblement national (RN) a obtenu 24,3%. Deux ans plus tôt, l’insoumis Sébastien Mas échouait dans un duel avec 45,47% des suffrages, soit 13 642 voix.

Entre 2022 et 2024, plusieurs bureaux de vote ont basculé à gauche, comme dans une bonne partie de la Meinau, les secteurs Lycée Marie-Curie, l’école Robert-Schumann à l’Esplanade, ou la zone entourant l’école des Romains à Koenigshoffen. L’ancienne majorité présidentielle recule dans ses bastions aux Contades, à l’Orangerie, à la Robertsau et dans la Neustadt même si elle reste majoritaire. Elle passe aussi derrière la gauche et le RN au Neuhof et au Stockfeld, où elle l’emportait en 2022.

En parallèle, le RN réalise de bonnes performances. Faible par essence dans les grands centres urbains, le parti d’extrême droite réalise tout de même des scores importants dans la 2e et la 3e circonscriptions, avec respectivement 22,9% des voix pour Virginie Joron et 24,3% pour Stéphanie Dô. Le RN est en tête dans trois bureaux de votes, autour du Stockfeld.

L’union au centre des discussions

Quelques heures après l’annonce des résultats et l’euphorie générale, les esprits redescendent. La terrasse du Romulus bruisse de discussions sur l’avenir du Nouveau Front populaire. Les appels répétés d’une partie des dirigeants de l’alliance, dont le communiste Fabien Roussel, à former un gouvernement d’union nationale avec Renaissance, Horizons ou Les Républicains inquiètent les militants. « Je suis à la France insoumise, mais je suis surtout marxiste. C’était clair dès le début pour moi que le PS et le PCF pourraient trahir le NFP », commente Agustin, un insoumis actif au Neudorf. « Il faudra veiller que le Front populaire respecte son programme. On va pas commencer à pactiser avec la droite. »

« Le Nouveau Front populaire, ce n’est pas simplement un truc électoraliste, mais c’est un programme, un contrat de législature », tranche le député réélu Emmanuel Fernandes, en évoquant l’augmentation du Smic à 1600 euros net et l’abrogation par décret de la retraite à 64 ans. Le député LFI continue : « À toutes celles et ceux qui penseraient, au soir de cette victoire, écouter d’autres sirènes et renier d’autres engagements, personne ne l’acceptera. Il faudra respecter ce contrat de législature. »

De son côté, l’écologiste Sandra Regol appuie sur la primauté du programme : « S’il y a des gens chez Emmanuel Macron qui veulent nous suivre, ils sont libres de le faire, mais ce sera le programme du NFP qui sera appliqué, peu importe qui participe. » En fin de soirée, elle a rejoint Emmanuel Fernandes sur la place Kléber, où une foule en liesse s’est réunie pour fêter les résultats inespérés de la gauche dans l’ensemble du pays.

Législatives 2024 : les résultats du second tour à Strasbourg

Législatives 2024 : les résultats du second tour à Strasbourg

Retrouvez ci-dessous les résultats du premier tour des élections législatives anticipées pour les trois circonscriptions de Strasbourg, détaillés par bureaux de vote.

Un premier clic permet d’afficher les résultats du second tour des élections législatives à l’échelle de la circonscription sélectionnée. La ville de Strasbourg est répartie sur trois circonscriptions : la Une pour le centre et l’ouest, dont Koenigshoffen et Hautepierre, la Deuxième pour le sud à partir de Neudorf avec Illkirch-Graffenstaden et la Troisième pour le nord avec Schiltigheim et Bischheim. Un deuxième clic dans la même circonscription affiche les résultats détaillée pour le bureau de vote choisi. Pour revenir aux résultats généraux, cliquez sur le même bureau de vote.

Législatives 2024 : les résultats du second tour en Alsace

Législatives 2024 : les résultats du second tour en Alsace

Retrouvez ci-dessous les résultats du second tour des élections législatives anticipées en Alsace, détaillés par communes.

Un premier clic permet d’afficher les résultats du second tour des élections législatives à l’échelle de la circonscription sélectionnée en Alsace. Un deuxième clic dans la même circonscription affiche les résultats détaillée des législatives anticipées pour la commune choisie. Pour revenir aux résultats généraux en Alsace, cliquez sur la même commune.

Second tour des législatives : une « joie inattendue », un « soulagement » pour la gauche

Second tour des législatives : une « joie inattendue », un « soulagement » pour la gauche

La rédaction de Rue89 Strasbourg est mobilisée pour rendre compte, en direct, du déroulé de la journée du deuxième tour des élections législatives anticipées, dimanche 7 juillet 2024.

C’est la fin de ce compte-rendu en direct ! Merci à toutes et à tous de l’avoir suivi.

Ce compte-rendu et ces résultats ont été laissés accessibles gratuitement. Mais c’est une équipe de huit personnes qui s’est mobilisée pour que tout se déroule bien. Si vous avez apprécié notre travail, optez pour un abonnement – c’est seulement cinq euros par mois ou 50€ par an.

Candidat Renaissance défait dans la première circonscription du Bas-Rhin, Etienne Loos réagit aux résultats définitifs :

« Nous avons une circonscription extrêmement divisée. J’appelle l’attention de chacun et des responsables politiques de cette circonscription sur la nécessité de retisser les fils du dialogue entre les différents quartiers de la ville et entre les différentes communautés. Cette circonscription est extrêmement divisée y compris géographiquement et socialement. Cela doit constituer l’attention prioritaire des responsables politiques locaux. »

Sandra Regol, réélue députée dans la première circonscription du Bas-Rhin, s’exprime sur la possibilité d’une coalition allant du Nouveau Front Populaire aux partis de centre et de droite à l’Assemblée Nationale :

« La question se pose pour les candidats qui sont arrivés derrière nous au second tour des élections législatives. C’est à eux de dire si oui ou non ils sont prêts à discuter de notre programme pour lui permettre d’avancer. Je suis sûr qu’il y a des gens qui sont d’accord avec beaucoup de nos propositions, qui votent contre parce que c’est le positionnement de leur parti. Peut-être qu’ils pourraient essayer de faire autrement. »

Réaction de Raphaël Schellenberger (Les Républicains), député sortant réélu avec une avance de près d’un millier de voix dans la quatrième circonscription du Haut-Rhin :

« Au niveau national, le parti Les Républicains arrive à préserver un groupe à peu près similaire. Mais on doit tout reconstruire à droite. Notre parti est à genoux. Je vais poursuivre le travail engagé depuis plusieurs mois avec plusieurs députés fidèle aux valeurs républicaines comme Aurélien Pradié et bien d’autres.

Cette élection est aussi la révélation que capitaliser sur le ras-le-bol des français n’est pas suffisant. Il faut sortir du silence, prendre ses responsabilités pour représenter les Français. Les candidats RN ne l’ont pas fait. Mais je ne veux pas crier victoire face à la défaite du RN. Il faut prendre acte de cette arrivée de députés d’extrême droite à l’assemblée nationale. On ne peut pas recommencer comme avant. La solution est dans le travail, dans la discussion. Elle n’est pas dans le chacun pour soi. »

Maire de Strasbourg (Les Écologistes), Jeanne Barseghian se félicite de la victoire du Nouveau Front Populaire à Strasbourg. Elle espère que cette issue du second tour des élections législatives permettra un meilleur soutien de l’État aux politiques de lutte contre le changement climatique :

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°6 du Haut-Rhin :

La carte des résultats (encore provisoires) au niveau national de notre partenaire Mediapart.

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°5 du Haut-Rhin :

En Alsace, il n’y aura donc qu’un seul élu Rassemblement national à l’issue de ces élections législatives anticipées. Théo Bernhardt a remporté le scrutin dans la huitième circonscription du Bas-Rhin. La déception est grande pour les candidats et candidates du parti d’extrême droite en Alsace. Le patron de la formation politique dans la région, Christian Zimmermann, fait partie des défaits :

« Je suis déçu et pas seulement pour ma circonscription. On pensait faire mieux mais malheureusement l’alliance entre Macron et Mélenchon, l’alliance de la carpe et du lapin, nous a fait du mal. On était seul contre tous. Je souhaite du courage pour tenir un tel attelage à l’Assemblée nationale. Maintenant, nous nous préparons à l’élection présidentielle, la mère de toutes les batailles. »

Au-delà du front républicain – pourtant bien affaibli (lire nos articles ici ou ) – la campagne du second tour a aussi été compliquée par les dérapages de certains candidats. Dans la première circonscription du Haut-Rhin, Laurent Gnaedig a tenté de relativiser l’antisémitisme des propos de Jean-Marie Le Pen sur la Shoah… avant de s’excuser. Dans la neuvième circonscription du Bas-Rhin, l’enseignant en physique-chimie Marcel Wolff a été rattrapé par une enquête de Mediapart sur ses agressions verbales et physique en classe.

Catherine Trautmann, conseillère municipale socialiste à Strasbourg, dessine la suite des résultats des élections législatives :

« Aucune majorité absolue n’est ressortie par contre une nette avance du Noveau Front Populaire. C’est donc tout à fait clair. La discussion sur un programme de gouvernement doit se faire dans l’objectif de constituer une coalition à partir du Nouveau Front Populaire. C’est tout à fait comme ça que cela doit se passer. Les discussions seront longues et complexes. On a pas l’habitude en France de procéder de cette façon au contraire de l’Allemagne ou d’autres pays. »

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°4 du Haut-Rhin :

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°9 du Bas-Rhin :

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°8 du Bas-Rhin :

Rassemblement en cours place Kléber. Des centaines de personnes chantent à l’unisson : « Siamo tutti anitfascisti »

Les quatre coins de la place Kléber sont bouclés par un dispositif de forces de l’ordre important, avec environ huit fourgons de CRS et cinq de la police nationale.

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°7 du Bas-Rhin :

La joie des militants du Nouveau Front Populaire au restaurant Le Romulus dans le quartier Esplanade, QG du candidat de la deuxième circonscription du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes (LFI). Serife est salariée du restaurant. Elle exprime son soulagement avant de le tempérer :

« On avait un peur que le RN gagne avec les discours racistes qu’on entend du parti. En Turquie, j’étais diplômée d’université. Je suis pas venu ici pour le plaisir, mais pour mes enfants, pour travailler. Même si on gagne ce soir, je suis pas totalement rassurée, tout l’Europe bascule à l’extrême droite. »

Serife est salariée du restaurant. Elle exprime son soulagement après la sortie des premiers résultats.Photo : Roni Gocer

Augustin, militant de la France insoumise, craint déjà des renoncements du Nouveau Front Populaire :

« Il faudra attendre les résultats définitifs, mais si on est bien autour de 200 députés avec les élus divers gauche, ça nous met en meilleure capacité pour gouverner. Je suis à la France insoumise, mais je suis marxiste surtout. C’était clair dès le début pour moi que le PS et le PCF pourraient trahir le NFP. Il faudra veiller que le front populaire respecte son programme. On va pas commencer tout de suite à pactiser avec la droite. »

Augustin, militant de la France insoumise, craint déjà des renoncements du Nouveau Front Populaire.Photo : Roni Gocer

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°6 du Bas-Rhin :

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°5 du Bas-Rhin :

Gabriel Attal annonce remettre demain matin sa démission au président de la République.

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°4 du Bas-Rhin :

Frédéric Bierry, président Les Républicains de la Collectivité européenne d’Alsace, s’exprime en sortant du plateau de France3 Grand Est :

« J’attends avant tout des élus qu’ils travaillent honnêtement sérieusement sincèrement dans une démarche d’écoute de nos concitoyens. Et bien évidemment je pense que le projet Alsace que nous défendons qui rassemblerait les compétences du département et de la région serait de nature à répondre aux habitants, nos concitoyens qui ont clairement exprimé cette attente au cours des différentes consultations mises en œuvre. »

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°1 du Haut-Rhin :

Au QG du socialiste Thierry Sother à Schiltigheim, l’ambiance est à la joie. « Quand la gauche se réunit, elle peut gagner », sourit Mickaël, militant du Nouveau Front Populaire pour le candidat socialiste de la troisième circonscription. « Les premiers résultats valident nos actions, ça montre qu’on a eu un impact » continue le jeune militant.

Et déjà l’espoir s’exprime pour la suite : « Tant qu’il y a une majorité, l’Assemblée n’est pas ingouvernable. Si les macronistes sont responsables, ils pourraient s’abstenir pour certains textes, en voter d’autres », estime Gilles, qui s’est engagé en politique pour la première fois avec cette campagne. Les prémisses d’une « union nationale » ? Trop tôt pour se prononcer, mais les militants se félicitent déjà d’avoir cru en l’union de la gauche.

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°3 du Haut-Rhin :

Thierry Sother (PS), candidat du Nouveau Front Populaire dans la troisième circonscription du Bas-Rhin : « Effectivement il reste une véritable question sur la majorité à l’Assemblée nationale demain. Mais à l’heure qu’il est le Nouveau Front Populaire est la principale force du Parlement. »

L’ambiance est bien moins festive dans le QG de Rebecca Breitman (Modem) au centre-ville de Strasbourg. Les militants attendent le retour de leur candidate passée sur le plateau de France3 Grand Est.

Peio, 32 ans, militant et mandataire financier de Rebbeca Breitman se dit satisfait de la campagne menée au niveau locale 

« L’avantage de Rebecca Breitmann, c’est qu’elle connaît son terrain. Sa candidature était celle du rassemblement et de l’apaisement. Ce résultat est une bonne nouvelle pour nous par rapport à ce qui était annoncé. Le RN troisième en nombre de sièges, ça montre une forte mobilisation pour éviter le pire. »

Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°2 du Haut-Rhin :

Rebecca Breitman (Modem), candidate de la majorité présidentielle dans la deuxième circonscription du Bas-Rhin, se félicite du fort de participation qui « légitimise la représentation nationale dans l’hémicycle ». Elle se dit favorable à un gouvernement de coalition qui intégrerait les écologistes et les socialistes :

Dans le QG de Sandra Regol, candidate Nouveau Front Populaire dans la première circonscription du Bas-Rhin, les militants de gauche attendent désormais les résultats des circonscriptions strasbourgeoises.

Sandra Regol, candidate Les Écologistes de la première circonscription du Bas-Rhin :

« La principale nouvelle est que le score du RN semble se tasser en cas de forte participation. Certes il est très haut par rapport à la dernière mandature. Mais les premières estimations donnent aujourd’hui le Nouveau Front Populaire en tête. »

Emmanuel Fernandes, candidat de la France insoumise dans la deuxième circonscription du Bas-Rhin réagit aux premiers résultats : « C’est une défaite cinglante pour Jordan Bardella et le RN. C’est également une défaite cinglante pour le camp présidentiel puisqu’ils sont à nouveau totalement discrédités ce soir. C’est le Nouveau Front Populaire qui doit gouverner le pays. »

Les résultats sont tombés pour la plupart des circonscriptions alsaciennes, en dehors des circonscriptions urbaines. La carte des résultats à retrouver ici :

« Quel soulagement ! », peut-on entendre dans le bar de la Taverne au centre-ville de Strasbourg. Les soutiens de la candidate écologiste Sandra Regol se prennent dans les bras. Véritable moment de liesse dans le bar. De nombreux sourire : « Je suis contente, j’ai pas besoin de changer d’orientation sexuelle pour rester dans ce pays ! », lance Louise. Gwenola, prof d’histoire « républicaine ! », tient elle à préciser avant de s’exclamer : « C’est tellement une joie inattendue, un véritable soulagement pour nous ! »

Dans les QG de candidats et candidates du Nouveau Front Populaire, les réactions sont joyeuses face aux premières estimations de ce second tour des élections législatives. Exemple dans le restaurant du Romulus à Strasbourg, investi par le candidat de la France insoumise pour la deuxième circonscription du Bas-Rhin :

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À 20h, les premières estimations donnent le Nouveau Front Populaire en première position de ce second tour des élections législatives 2024.

Conseiller municipal d’opposition à Strasbourg, Pierre Jakubowicz (Horizons) se réjouit suite aux premières estimations : « Les chiffres sont encore à confirmer mais il semblerait qu’il y ait un chemin pour construire demain un gouvernement en dehors des extrêmes. »

Dans quinze minutes les premiers résultats :

À 20h, nos journalistes seront présents au QG de Sandra Regol, candidate du Nouveau Front Populaire dans la première circonscription du Bas-Rhin, au QG de Thierry Sother, candidat NFP dans la 3e circonscription et à France 3 Alsace, où sont attendus plusieurs candidats.

Dalila, 37 ans, est salariée d’une compagnie d’assurances. Dans le bureau de vote de la place du marché au Neudorf, elle a glissé son bulletin dans l’urne en pensant à ses parents algériens :

« Je suis là pour faire barrage au RN. Je vote contre le RN par rapport à leur programme contre les droits des femmes et sur la stigmatisation de l’islam. Moi je suis musulmane et je pratique ma religion sans faire de mal. Je suis totalement intégrée avec mon mari. Il faut arrêter de raconter n’importe quoi sur les musulmans. »

Pour ses parents algériens, Dalila est venue faire barrage à l’extrême droite dans le bureau de vote de la place du marché au Neudorf.Photo : Dorian Mao

À Bischheim, Nora est venue voter avec ses parents. Toute la famille vote à gauche. Nora, 18 ans, dit être avant tout touchée par l’écologie : « Ce qui me touche le plus c’est l’écologie, le programme du NFP donne vraiment de l’espoir. »

Sa mère Elsa est chargée de mission locale aux énergies renouvelables. Son vote va toujours à l’écologie : « C’est compliqué d’être électrice pour l’écologie aujourd’hui, notamment au niveau européen. Le pacte vert est très enthousiasmant mais il va sûrement être remis en cause avec le nouveau parlement. »

Le père, Bruno, est ingénieur dans le bâtiment : « J’ai peur que le RN soit majoritaire. On a toujours voté à gauche, sauf vote barrage.« 

Devant le bureau de vote de Bischheim, une famille venue voter à gauche. Photo : Camille Margerit

À l’école maternelle de la Meinau, le taux de participation est proche de la moyenne nationale. Il était de 59,8% à 17h. La présidente du bureau de vote évoque un « bug » qui avait empêché certains votes par procuration. Pour le second tour des élections législatives, tout s’est bien passé : « On a quand même eu 71 votes par procuration, soit 8% de nos inscrits. Ca a fonctionné à chaque fois. »

À l’école maternelle de la Meinau, le taux de participation était de 59,8% à 17h. Photo : Camille Balzinger

Cléa soutient avec ferveur le Nouveau Front Populaire. La mécanicienne automobile de 18 ans s’intéresse à la lutte contre le changement climatique. Elle s’inquiète aussi pour les droits des femmes et des personnes issues de l’immigration :

« Le NFP, ça me parle vraiment. Ils abordent autant des sujets politiques que sociaux… Par exemple la hausse des salaires, mais aussi le respect d’autrui. Et aussi d’écologie. Je veux poursuivre mes études et essayer de trouver des solutions pour adapter la mécanique aux changements climatiques. Je suis très inquiète de la montée du RN. S’ils passent, leur politique aura des conséquences concrètes sur ma vie… Les droits des femmes sont en dangers. Mes amis qui n’ont pas de papiers vont peut être devoir partir. »

Cléa, 18 ans : « Si le RN passe, leur politique aura des conséquences concrètes sur ma vie… »Photo : Camille Margerit

Dans la cour de l’école élémentaire de la Meinau, Céline, 46 ans, exprime le sentiment de vivre dans une bulle où ses idées sont partagées par toutes et tous. Employée de l’éducation nationale, elle a pris ses distances avec une famille dont le vote est acquis à l’extrême droite depuis longtemps :

« Je suis hyper angoissée. C’est viscéral et ça n’a jamais été autant le cas. Je viens d’une famille qui vote FN depuis longtemps et je m’en suis éloignée. Je trouve que la montée du RN, c’est la montée de la violence, reflétée dans le réel. Pourtant dans l’entre deux tour, on a fait plein de soirées avec nos amis et tout le monde pense comme nous. Sur les réseaux sociaux aussi je vois uniquement des publications qui reflètent mes idées. Je ne suis jamais confrontée à l’électorat RN. Je pense qu’il est dans le désarroi et dans la demande d’autorité, je le comprends. Mais c’est dangereux. »

Avec une moyenne de 56% de participation pour les trois bureaux de vote de l’hôtel de Ville de Strasbourg, la participation dans l’hypercentre strasbourgeois est en légère baisse par rapport à la semaine dernière. « L’enjeu est quand même moindre aujourd’hui par rapport à la semaine dernière« , confie une assesseure. Dans la première circonscription du Bas-Rhin, la candidate du Nouveau Front Populaire Sandra Regol a obtenu près de deux fois plus de vote que son concurrent macroniste Etienne Loos

Secrétaire de direction de 25 ans, Zoé sort d’un des bureaux de vote de l’hôtel de ville à Strasbourg. Elle a voté Rassemblement national au premier tour après avoir soutenu la candidature de l’écologiste Sandra Regol deux ans plus tôt :

« J’ai voté par dépit pour Etienne Loos (candidat Renaissance, NDLR). Aucune liste ne m’a convaincu. Je m’en fiche du parti en vérité. Je veux seulement le bien pour la France. J’ai voté Renaissance aujourd’hui alors que j’avais voté Sandra Regol il y a deux ans. J’ai voté contre elle parce qu’il ne s’est rien passé en deux ans.

Je lis beaucoup les programmes, et au premier tour, j’ai voté RN. Je n’en peux plus de l’insécurité et des manifestations qui deviennent des émeutes à Strasbourg. Même des moments festifs débordent maintenant après les matchs de foot. C’est pas une fierté de voter RN mais j’assume : pour moi, c’est la sécurité avant tout. C’est un vrai vote de ras-le-bol. Je pense que je continuerai de voter RN pour les prochaines élections. J’ai voté LFI pendant très longtemps mais leurs prises de positions sur Gaza, je me suis dit que c’était pas possible. »

Dans le Bas-Rhin comme au niveau national, la tendance à la hausse se confirme pour la participation au second tour des élections législatives. Dans le département, le taux de participation est de 61,1% à 17h aujourd’hui. Au niveau de la France métropolitaine, il est légèrement moins élevé et atteint 59,71%. Ces niveaux de mobilisation des électeurs et électrices restent tout de même les plus élevés depuis les élections législatives de 1997.

Quartier Meinau, à la sortie des bureaux de vote de la cité de la canardière où les taux de participation avoisinent les 50% pour trois bureaux de vote. Étudiante de 18 ans, Nora s’exprime avec colère :

« Je suis plutôt abstentionniste par principe. Mais là je veux faire barrage au RN. Ma mère est étrangère. Elle nettoie la merde des Français tous les jours et ils veulent la virer ? C’est si ingrat. Car personne ne voudrait faire son travail, personne. »

À ses côtés, Claude acquiesce. Le salarié dans le domaine de la logistique dit son dégoût face à la dynamique RN à l’oeuvre : « Sans nous, sans les immigrés, la France coule. Je suis écœuré de voir que tant de Français pensent que Bardella va changer les choses en mieux, c’est un mensonge. »

Christine et Philippe sortent du bureau de vote de l’école élémentaire Reuss dans le quartier Neuhof. Le couple de 65 ans demande à ne pas être photographié, par « peur qu’on leur crève les pneus ». Les deux retraités évoquent les thématiques chères au Rassemblement national : insécurité, immigration et pouvoir d’achat. Christine parle de « rétablir l’ordre en France car il y a trop d’insécurité. C’est la faute des immigrés. On n’est plus chez nous. »

Pour Philippe, ancien agent de la fonction publique territoriale, il y a un problème d’intégration des personnes d’origine immigrée :

« Les gens issus de l’immigration doivent être français avant tout. Pas essayer de nous imposer leur religion. Quand on vit dans un pays, on s’adapte au pays. Il y en a des corrects, comme mon voisin, ça fait trente ans qu’on est amis ! Fondamentalement je suis pas contre les étrangers. On apprend beaucoup des autres. D’ailleurs j’ai vécu en Afrique et c’étaient deux superbes années. »

Christine conclut sur la baisse du pouvoir d’achat des retraités :

« Nos retraites ne nous suffisent plus à vivre. J’ai le sentiment qu’on est de plus en plus pauvres. Et pendant ce temps d’autres arrivent en France avec toute leur famille. Ils foutent rien et on leur donne tout. C’est injuste pour nous. On a bossé plus de 40 ans. »

Quartier Robertsau, Sonia, 51 ans, a voté par nostalgie, comme elle le raconte :

« La France a changé. Quand j’étais enfant j’allais en vélo dans le village à côté, sans portable. Aujourd’hui ce n’est plus possible, il y a trop d’insécurité. La Robertsau c’est tranquille mais j’ai le sentiment que les gens ne font plus attention aux autres. Et puis il y a aussi le pouvoir d’achat… L’électricité coûte trop cher. C’est la moitié de notre budget vacances. Quand j’ai vu la facture j’ai failli faire une crise cardiaque. »

À ses côtés, Bruno, 57 ans, salarié dans l’hôtellerie. Le couple ne s’est pas intéressé aux candidats locaux. Sans donner leur vote, ils assurent avoir glissé un bulletin pour « un changement total« . Bruno exprime son dégoût pour le monde politique et l’injustice que vivraient les personnes âgées en France :

« Les politiques se foutent de nous. Ils s’en mettent plein les poches et nous on doit travailler pour les autres, c’est pas normal. (En désignant un groupe de personnes âgées, NDLR) Vous trouvez ça normal que eux ils gagnent 900€ par mois, alors qu’ils ont bossé toute leur vie ? Alors que d’autres arrivent en France et ont tout. »

« C’est tout pour les autres, rien pour nous« , acquiesce Sonia.

Dans le quartier Neuhof, Ercan a voté RN. Le jeune homme de 24 ans a été séduit par l’argument d’un parti qui n’a jamais été au pouvoir en France :

« Je ne connais pas trop les enjeux. Moi je vote et je vois si ça change tout ou pas. J’aimerais que les salaires soient plus élevés, que la retraite soit plus tôt, qu’on arrête les conneries pour la France. Je pense que voter ça sert à quelque chose, même si je ne suis pas stable dans les partis à qui je donne ma confiance. Cette fois-ci, je pense que le RN on a jamais essayé et que ça pourrait changer les choses. Mais je ne sais pas trop pourquoi, je ne suis pas très politisé d’habitude. »

Ercan, 24 ans, habitant du Neuhof : « Le RN, on a jamais essayé. Ça pourrait changer les choses. » Photo : Camille Balzinger

Jonathan, 30 ans, a voté dans le bureau situé dans l’école élémentaire Reuss dans le quartier Neuhof. L’électeur semble perdu, entre déception face au bilan de la majorité présidentielle et peur des extrêmes :

« En 2022, on votait pour faire avancer le pays. Mais finalement la majorité présidentielle n’a pas eu les résultats attendus. Ce qui me préoccupe c’est surtout le pouvoir d’achat, on est beaucoup à en souffrir. Pendant les élections, on dirait qu’ils nous comprennent puis une fois le vote passé, plus rien. 

L’extrême droite me fait peur et l’extrême gauche aussi. J’ai du mal à faire confiance au Nouveau Front Populaire. Mais le RN garde ses idées nauséabondes des débuts, même avec sa stratégue de dédiabolisation. Moi ça ne changerait rien à ma situation personnelle, que le RN gagne ou le NFP. Mais je sais juste qu’on risque d’avoir une situation de blocage où l’Assemblée Nationale ne pourra rien voter jusqu’en 2027. Je trouve ça dommage. »

Jonathan, 30 ans : « L’extrême droite me fait peur et l’extrême gauche aussi. »Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg

En milieu d’après-midi, la participation est forte dans les quatre bureaux de vote de l’école de la Robertsau (48%). Thierry, forgeron de 52 ans, et Christelle, 59 ans, infirmière, ont voté RN dans ce quartier aisé au nord est de Strasbourg. « Ce sont les seuls à l’écoute des citoyens. C’est mal vu de voter RN, alors qu’ils ne sont pas racistes !  Les gens disent que ça va être le retour du nazisme mais je n’y crois pas du tout !« , s’exclame Christelle.

« Et nous non plus on est pas racistes. Au contraire, on veut que les migrants soient bien accueillis. Aujourd’hui, ils sont la rue. Ils se droguent. Donc ça crée de la violence. Ils doivent pouvoir être soignés. Sinon ils répandent leurs maladies. Ça crée des épidémies« , continue l’infirmière.

En milieu d’après-midi, la participation est forte dans les quatre bureaux de vote de l’école de la Robertsau (48%)Photo : Camille Margerie

Les thématiques qui les touchent le plus ? « L’immigration et l’insécurité« . À la Roberstau, Christelle n’est pas confrontée à ces sujets. Mais « quand on voyage en France on ne se sent pas en sécurité… même le soir à Strasbourg« , se plaint-elle.

« C’est le seul parti qu’on n’ a jamais essayé« , ajoute Thierry. Le forgeron n’a pas toujours voté RN. Il décrit son parcours politique : « Je votais à droite avant. Puis à un moment j’aimais bien Mélenchon. Mais il est devenu fou. Donc non ce n’est pas un vote contre les immigrés… On n’est plus à la création du FN. Aujourd’hui, même mes collègues qui viennent d’Afrique votent RN. »

Ce compte-rendu et les résultats du second tour des élections législatives sont accessibles gratuitement. Mais c’est une équipe de huit personnes qui se mobilise pour alimenter ce direct. Si vous avez apprécié notre travail, optez pour un abonnement – c’est seulement cinq euros par mois ou 50€ par an.

À 19 ans, Ayoub fait partie des coorganisateurs de l’événement Mouv’Action à Hautepierre, un quartier populaire de l’ouest de Strasbourg. Cette marche a pour but d’inciter les jeunes de quartiers populaires à voter :

« On a organisé tout ça après les résultats du premier tour. C’était un peu short niveau timing mais on est fier de l’avoir fait. On s’est rendu compte que si on ne va pas chercher nos amis, ils ne vont pas voter. On veut utiliser l’effet de groupe de manière positive. »

À droite, Ayoub, aux côtés d’Inès, tous deux coorganisateurs d’une marche visant à mobiliser les jeunes des quartiers populaires lors des élections.Photo : Dorian Mao

Inès, 19 ans aussi, donne un autre objectif à cette marche qu’elle a aussi organisé :

« C’est une marche citoyenne qu’on appelle Mouv’action. L’objectif est aussi de changer la vision qu’on a des jeunes de quartiers. On se mobilise nous-mêmes parce qu’on veut changer les choses et changer l’image que les gens ont de nous. On sait parler, s’exprimer, réfléchir, on sait s’organiser. Cette mobilisation est faite pour nous par nous-mêmes. En organisant cette marche nous-mêmes, et pas qu’avec des jeunes de quartiers, on sort de ce statut. On devient des jeunes comme les autres. » 

Pour Bilel, 21 ans, se déplacer pour voter au centre socioculturel du Neuhof, dans le sud de Strasbourg, était une évidence : « Ces élections, c’est un tournant pour la France, entre le mal qui amalgame religion, origine et parcours de vie, et le bien. Le projet de Jordan Bardella, c’est de faire en sorte que les musulmans ne puissent plus vivre en France.« 

Bilel a déjà ressenti la discrimination à l’embauche :

« J’ai fait tout un dossier pour faire financer une formation d’agent d’escale. L’institut a dit oui, j’ai passé les tests… mais ma conseillère pôle emploi m’a dit qu’elle me voyait plutôt dans la sécurité ou le bâtiment. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a dit que ce serait difficile à expliquer. C’est difficile d’y voir autre chose que de la discrimination… »

« Je suis enfant d’immigrants, binational, et musulman et je me sens délaissé par la France, souffle Bilel, alors qu’elle a besoin d’immigration ! J’ai même travaillé chez Herta (une usine de charcuterie, NDLR) à un moment, c’est bien la preuve que je suis ouvert d’esprit…« 

Au centre socioculturel du quartier Neuhof, Ghrieb, 65 ans, a voté contre le RN et ses projets de ségrégation :

« Dans mon club de seniors, on boit le café ensemble, peu importe le foulard ou si on boit de l’alcool, si on fait un couscous ou autre chose. Et on me dit qu’avec le RN il va falloir faire une différence selon nos origines ? Je ne suis pas d’accord.

Ici on a grandi avec tout le monde, les Algériens, les Alsaciens qui parlaient pas français, les Turcs, les Africains. On aime être ensemble et le RN veut nous séparer. En fait on n’aime pas les problèmes et le RN, c’est un problème.

D’habitude je ne suis ni de droite ni de gauche, je veux juste un bon président. Mon mari a travaillé depuis 1978 et jusqu’à sa retraite. On n’a jamais demandé d’aide sociale. J’ai cinq filles et un petit-fils footballeur. Je n’ai jamais eu de problème avec la police ! J’ai juste peur pour ceux qui ont moins que moi, qu’on leur prenne les allocations logement dont ils ont besoin… »

Au centre socioculturel du quartier Neuhof, Ghrieb, 65 ans, a voté contre le RN et ses projets de ségrégation.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg

Christophe est employé chez France Travail. Il a voté à l’hôtel de Ville de Schiltigheim pour le candidat de la majorité présidentielle Bruno Studer, sans vraiment se retrouver dans son programme :

« Aujourd’hui en tant qu’électeur, j’ai du mal à me situer dans le paysage politique. Je me dis que je suis au centre, mais le centre n’existe plus. J’ai du mal à trouver un parti qui tient la route, qui arrive à tenir son programme. Les extrêmes sont hauts. On a du mal à être une nation unie. On est trop individualistes en France et on manque d’identité nationale. Ces élections me préoccupent. »

Christophe, salarié chez France Travail : «  »Aujourd’hui en tant qu’électeur, j’ai du mal à me situer dans le paysage politique. Je me dis que je suis au centre, mais le centre n’existe plus. »Photo : Camille Margerit

Christophe est venu voter en couple. Son compagnon Peter travaille dans les institutions européennes. Il a voté à gauche pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir car le candidat « rouge », le socialiste Thierry Sother, NDLR, est en tête dans sa circonscription. Sinon, Peter se dit « centriste » : « Il faut à tour prix faire barrage ! En tant que couple homo, nous sommes menacés par l’extrême droite. Ils vont faire des lois contre nous« , s’agace-t-il.

Loïc, 22 ans, caissier, viens voter pour la première fois. Des discussions avec son frère l’ont intéressé à l’actualité politique et à la nécessité de « préserver la démocratie » :

« C’est la première fois que j’entends le « A voté ! ». Avant, j’en avais rien à faire de la politique. Mais cette fois je sens que c’est différent. On a jamais vu le RN aussi haut. Même si je trouve l’alliance de la gauche vraiment hypocrite, il faut voter pour eux si c’est le seul moyen que le RN ne gagne pas. »

Habitante du quartier du Neuhof, au sud de Strasbourg, Samira, 47 ans, est venue voter au centre socioculturel Ziegelwasser. Elle craint les effets d’un gouvernement Rassemblement national pour la population musulmane :

« On peut tout perdre si le RN passe. On se sent français, on est intégrés. J’ai grandi dans le quartier du Neuhof. Ici, on est comme une famille. Mais je sens que les gens nous regardent de travers, de plus en plus. Je suis femme au foyer et si je recherchais du travail, je sens que le voile poserait problème ou juste mes origines. C’est à nous de nous battre pour montrer qu’on est français. Mais quand on voit qu’un simple vêtement pose problème, que d’un fait divers on fait des généralités sur les musulmans, le racisme est déclenché par des choses banales. Alors que c’est une religion de paix, certains veulent nous faire passer tous pour des extrémistes et des antisémites ! Même si on a eu des moments avec mon mari où on était au RSA, on n’a jamais demandé d’aide. Car il y avait toujours des gens plus dans le besoin que nous. Je veux juste que la France continue à nous laisser une chance. »

Habitante du quartier du Neuhof, au sud de Strasbourg, Samira, 47 ans, est venue voter au centre socioculturel Ziegelwasser.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg

Françoise, 65 ans et Marie-Françoise, 73 ans, sont toutes deux enseignantes en art appliqué à la retraite. Elles ont voté à gauche, mais sans grande conviction. D’une voix lasse, Marie-Françoise se demande à quoi sert le droit de vote aujourd’hui :

« On est obligées de voter contre. On a pas le choix. Ca fait des années qu’on ne vote plus pour un programme. Les programmes, aussi bien à gauche qu’à droite, ne sont pas finançables. Il faudrait une union, sans les extrêmes, mais ça n’arrivera jamais, ce sont des menteurs. On avait confiance en Macron, ce petit jeune, il nous a déçu.”

Marie-Françoise, ancienne enseignante en art appliqué : « On avait confiance en Macron, ce petit jeune, il nous a déçu. »Photo : Camille Margerit

Ce qui importe le plus pour ces anciennes enseignantes : « La situation des jeunes. Ils n’ont plus de boulot. Ils font des études mais ça ne vaut plus rien. J’ai une fille de 31 ans qui me raconte ses copines qui enchaînent encore les stages pas payés. Ca m’inquiète« , explique Françoise.

Kim, greffière de 27 ans, et Pauline, 25 ans, alternante en logistique, ont toutes les deux voté par procuration. Pauline est venue voter pour sa colocataire. Elle s’inquiète surtout pour les droits des femmes :

« Je pense que la victoire du RN va principalement m’affecter en tant que femme, notamment sur le droit à l’avortement. J’ai peur qu’il soit réduit comme en Pologne, je sais pas si on peut encore parler d’un accès véritable à l’avortement dans ce pays. »

Kim (à gauche), greffière de 27 ans, et Pauline, 25 ans, alternante en logistique.Photo : Dorian Mao

Kim éprouve une autre inquiétude, celle d’une coalition entre le parti d’Emmanuel Macron et l’extrême droite :

« J’ai fait les deux procurations pour les deux tours. Ca me paraissait essentiel d’agir face à la montée de l’extrême droite. Il faut faire barrage et donner le plus de voix possible au Nouveau Front populaire. Quand on voit le discours et la politique menée par Emmanuel Macron, j’ai peur que les députés macronistes se rallient à l’extrême droite dans tous les cas après l’élection. »

Des commerçants du centre-ville de Strasbourg s’attendraient-ils à des émeutes ce soir ? Plusieurs boutiques du centre-ville se sont en tout cas parées de protections, donnant à ce jour de scrutin des allures d’état de siège.

Au niveau de la France métropolitaine, la participation au second tour des élections législatives à midi s’élève à 26,63%. C’est la plus forte mobilisation des électeurs depuis 1997.

Accompagnés de leur fils Paul, Anthony et Lise sont venus voter à l’hôtel de ville de Schiltigheim. Tous deux fonctionnaires, ils se disent très inquiets pour les résultats de ce soir :

« Je suis enseignante à Strasbourg. Certains de mes élèves n’ont pas de papiers… Je m’inquiète vraiment pour eux. Si un gouvernement applique des idées d’extrême droite, on ne sait pas ce qu’il peut se passer pour eux. Ma priorité avant c’était l’écologie. Mais vu le résultat du premier tour et des législatives, ça devient le vivre ensemble. »

« On était vraiment étonnés des résultats. Qui sont les personnes qu’on fréquente, qui vivent dans notre quartier ? Trop de gens votent extrême-droite, ça nous a ouvert les yeux », poursuit Anthony.

Lise, enseignante : « Ma priorité avant c’était l’écologie. Mais vu le résultat du premier tour et des législatives, ça devient le vivre ensemble. »Photo : Camille Margerit / Rue89 Strasbourg / cc

Dans les trois bureaux de vote du palais des fêtes dans le centre-ville de Strasbourg, la participation est stable par rapport au premier tour. Seul le bureau de vote 417 présente un taux en baisse (25%) par rapport à la semaine dernière. Les bureaux de vote 418 et 419 enregistrent des taux de participation de 43% et 30 %. « Beaucoup de gens viennent glisser deux bulletins dans l’urne. Il y a beaucoup plus de procurations qu’au premier tour », explique la présidente du bureau de vote.

Musicien de 41 ans, Romain vote aujourd’hui pour protéger le statut d’intermittent du spectacle :

« J’ai voté pour le Nouveau Front populaire. J’espère que l’extrême droite va avoir le moins de voix possible au niveau national. Avec l’extrême droite, ça va mal se passer pour le statut d’intermittents du spectacle. Sous Emmanuel Macron déjà, la culture ne se portait pas très bien. Avec le NFP, on aura sûrement davantage de budget, ça devrait aller mieux. Si c’est le RN qui arrive au pouvoir et qu’il copie leur copain argentin Javier Milei, on est mal barré. En Argentine, ils ont fermé le ministère de la culture trois jours après la victoire de l’extrême droite. »

Musicien de 41 ans, Romain vote aujourd’hui pour protéger le statut d’intermittent du spectacle.Photo : Dorian Mao / Rue89 Strasbourg

Dans le Bas-Rhin, la participation au second tour des élections législatives 2024 atteint 26,25%. Un taux record en comparaison avec les participations au second tour depuis 1997.

Début du compte-rendu en direct à 11h

Les bureaux de vote sont ouverts aujourd’hui de 8h à 18h en Alsace et jusqu’à 20h à Strasbourg.

Pour voter, les électeurs et les électrices doivent se munir d’un titre d’identité en cours de validité (carte d’identité, passeport), c’est obligatoire. En revanche, la carte électorale est bienvenue mais facultative.

La Ville de Strasbourg a mis en ligne une page spéciale pour retrouver son bureau de vote à partir des listes électorales. Seules les personnes inscrites sur ces listes pourront voter aujourd’hui et dimanche prochain.

Il est toujours possible de réaliser une procuration, pour permettre à une autre personne de voter à sa place. Ces procurations doivent être réalisées en gendarmerie ou en commissariat, ou auprès du tribunal judiciaire.

Les citoyennes et les citoyens peuvent participer au dépouillement dès la clôture du scrutin. Il leur suffit d’informer en cours de journée le ou la présidente de leur bureau de vote.

Ce compte-rendu réalisé en direct est gratuit, ainsi que nos résultats détaillés. Nous pensons qu’une information de qualité et engagée sur ce rendez-vous crucial de la démocratie française doit être accessible à toutes et à tous. Nous avons mobilisé cinq journalistes, une chargée de communauté, un développeur et un designer pour cette journée. Soutenez un média indépendant en optant pour un abonnement, 5€ par mois ou 50€ par an, sans engagement.

« Je ne pouvais pas me taire » : contre l’extrême droite, des pasteures alsaciennes s’engagent

« Je ne pouvais pas me taire » : contre l’extrême droite, des pasteures alsaciennes s’engagent
Plusieurs pasteures se sont mobilisées lors du rassemblement contre l’extrême droite en réponse à l’appel lancé par SOS Homophobie, samedi 22 juin.

Face au risque de victoire du Rassemblement national lors des élections législatives, plusieurs pasteures de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine se mobilisent pendant la campagne.

Leur arrivée en robe pastorale lors du rassemblement contre l’extrême droite a attiré les regards sur la place Kléber, samedi 22 juin. Une dizaine de pasteures de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (Uepal), pancartes à la main, ont pris la parole contre les dangers d’une victoire de l’extrême droite pour les minorités.

« En 2002, nous sommes sorties de notre salle de cours de théologie pour manifester contre Jean-Marie Le Pen et le FN. Aujourd’hui, on sort de nos paroisses et de nos églises pour lutter contre Jordan Bardella et le RN. C’est le même risque, voir même plus grave aujourd’hui. »

Barbara, pasteure en Alsace

La mobilisation du 22 juin était inédite pour Marianne Renaud, pasteure strasbourgeoise responsable de l’accompagnement de la jeunesse à l’Uepal  :

« La victoire du RN aux élections européennes a fait naître une réflexion au sein des Églises protestantes sur notre engagement. En tant que pasteure, je ne pouvais pas me taire. Je n’avais pas du tout d’expérience de manifestation, ce n’est pas commun d’être en robe pastorale dans l’espace public. Ç’a été une vraie découverte. »

Marianne Renaud, pasteure à Strasbourg

Après les résultats, Marianne Renaud a commencé son engagement par la création d’un espace de parole ouvert à toutes les personnes touchées par l’extrême droite. À ses côtés place Kléber se tient Clémence Sauty, co-présidente de l’Antenne inclusive de la paroisse Saint-Guillaume. Le groupe milite pour l’inclusion des personnes LGBTQIA dans le milieu religieux.

Selon elle, c’est grâce à l’organisation entre pasteures et personnes queer de l’Église protestante qu’elles ont pu aller manifester :

« En tant que personne queer et croyante, j’ai l’habitude de susciter de la peur chez les gens. Certains croyants sont épouvantés par notre existence et certains militants LGBT ne voient que la Manif pour tous derrière la religion. La mobilisation des pasteurs a une portée très symbolique. Je n’avais jamais vu autant de sourires lors de notre arrivée ensemble place Kléber. C’était très fort. »

Clémence Sauty, co-présidente de l’Antenne inclusive, de la paroisse Saint Guillaume.

Des pasteures directement touchées en cas de victoire du RN

Après son engagement explicite contre le RN, Marianne Renaud a senti de la confusion naître chez certains paroissiens :

« J’ai entendu qu’un ou une pasteure devait « prôner la neutralité politique ». On ne peut pas nous dire « vous êtes pasteures donc taisez-vous », nous restons des citoyennes et des êtres humains avant tout. Les gens oublient qu’en tant que pasteure, nous avons une conviction spirituelle qui nous engage de fait à défendre l’amour. Et l’amour se traduit par des actes avant tout. On est donc obligées d’agir dans le champ politique »

Au sein même de l’Uepal, plusieurs pasteurs risquent d’être directement touchés par la mise en place d’une politique d’extrême droite, notamment les pasteurs binationaux. C’est le cas de Léa Langenbeck, franco-allemande et pasteure-aumonier à Bischwiller.

Dans son village, le candidat du Rassemblement national a obtenu 38,4% des voix au premier tour des élections législatives. Elle attend une prise de position plus claire de l’Uepal sur le sujet :

« En Allemagne, la mémoire des agissements de l’Église protestante pendant le IIIe Reich est très ancrée. À l’époque, la résistance au nazisme avait été trop tardive, ce qui a conduit à la collaboration. Cette période a vraiment marqué les gens. Aujourd’hui, les pasteurs engagés contre l’Alternative pour l’Allemagne (Afd) sont soutenus par la hiérarchie ecclésiale. J’espère que l’Uepal prendra position aussi clairement.

Léa Langenbeck, pasteure-aumonier à Bischwiller.

Dans un premier communiqué, paru après la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin, le Conseil de l’Uepal a pointé du doigt « les positions extrémistes » qu’il décrit comme « un piège ». Il a aussi rappelé « l’attachement des protestants à la démocratie participative, à la place des corps intermédiaires et au respect de tous les acteurs de la société ». Pour le vote du second tour, ce même Conseil a appelé à « voter en conscience » et à « se battre pour la justice, la solidarité et la paix au service de toutes et tous ».

Si pour le moment aucune nouvelle action n’est prévue par le groupe de pasteures, plusieurs rencontres autour du lien entre politique et protestantisme devraient être organisées au sein de l’Uepal, à la rentrée en septembre, pour prolonger la réflexion.

En juillet, des festivals, des étoiles et des rétrospectives

En juillet, des festivals, des étoiles et des rétrospectives
Le public de l’édition 2023 de Jazz à la Petite France.

Malgré l’ambiance politique pesante, une série d’événements accompagne doucement l’été à Strasbourg. Voici une sélection garantie sans extrême droite.

Du jazz à prix et à l’air libre

Le petit festival de jazz de Strasbourg, localisé place Saint-Thomas près de la Petite France, est programmé du vendredi 12 au dimanche 14 juillet. Pas moins de quatorze concerts sont proposés, à prix libre, pendant ces trois jours. Des artistes sélectionnés avec soin et qui couvrent l’éventail des styles de jazz. Il y a par exemple le très classique Rahel Talts Fourtet, dont les musiciens viennent des quatre coins de l’Europe, vendredi 12 juillet à 21h, mais aussi le duo de strasbourgeoises Exotica Lunatica, plus contemplatif, et programmé dimanche à 19h.

Il ne faut pas rater le passage à Strasbourg de la québecoise Dominique Fils-Aimé samedi à 21h. Avec sa voix grave et son univers introspectif, elle réalise une sorte de fusion entre le jazz urbain et la modern soul. Une performance rare, et très accessible.

Dominique Fils-Aimé, My Mind At Ease

Dimanches vieille France aux Contades

La Ville de Strasbourg, dans le cadre de sa programmation, installe des petits orchestres dans le kiosque à musique du parc des Contades, tous les dimanches à 17h. Une parfaire occasion pour ressortir votre canotier ou votre bustier :

    7 juillet : Carole Boyer quartet (musique latino), 14 juillet : Quatuor de saxophone Avena (musique classique et jazz), 21 juillet : Quatuor Orlando, quatuor à cordes (musique classique), 28 juillet : Petseleh (chanson folk / rock).

La 30e édition de Décibulles

Le mois de juillet en Alsace est traditionnellement ambiancé par Décibulles, le festival éclectique le plus cool de la pampa, parfaitement niché dans un écrin des Vosges sur les hauteurs de Neuve-Église. Un festival qui propose une vue sur la vallée alsacienne en arrière plan des artistes.

Programmé du vendredi 12 au dimanche 14 juillet, le festival a sorti les grosses affiches pour son 30e anniversaire : Mass Hysteria, Archive, L’Impératrice, Morcheeba… Chaque soirée promet des moments de fusion entre un public rincé par une quarantaine de bières différentes et des stars mondiales. Les programmateurs se sont attachés à proposer chaque journée un éventail de genres différents, même si une bonne moitié des groupes invités proviennent de l’univers du hip hop au sens large.

Le teaser du festival 2024 de Décibulles.

Quatre spectacles permanents au Planétarium

Le Planétarium du Jardin des sciences de l’Université de Strasbourg propose tout l’été quatre spectacles autour du ciel et des étoiles, adaptés aux plus jeunes.

Noisettes – Dans cette histoire, deux écureuils prêts à tout pour trouver des super noisettes sont à la recherche de la planète parfaite. Un film accompagné d’une présentation du ciel étoilé par l’équipe de médiation du Planétarium, du mardi au dimanche à 10h à partir de 5 ans.

Au-delà du Soleil – Un voyage à travers l’Univers pour découvrir les exoplanètes. Un film accompagné d’une présentation du ciel étoilé par l’équipe de médiation du Planétarium, du mardi au dimanche à 14h à partir de 9 ans.

Le ciel d’été – Visite guidée par l’équipe du Planétarium du ciel d’été : planètes, étoiles, météores, nébuleuses et galaxies au programme. Du mardi au dimanche à 11h30 à partir de 10 ans.

Mystérieux Univers sombre – Qu’est-ce que la matière noire, qui représente 95% de la masse de l’Univers ? Une exploration des données scientifiques provenant des missions spatiales, des télescopes terrestres et des simulations numériques. Film accompagné d’une présentation du ciel étoilé, du mardi au dimanche à 15h30 à partir de 15 ans.

Spectacle toujours vivant grâce aux Estivales du Taps

Chaque été, tous les théâtres de Strasbourg ferment. Tous ? Non car les deux Théâtres actuels et publics de Strasbourg (Taps) restent ouverts avec une programmation estivale de huit spectacles proposés du 18 juillet au 8 août. Tous les spectacles sont adaptés au jeune public, voire très jeune comme Rivières… (16, 17 juillet) tandis que Hippocampe (23, 24 juillet), Dans ta valise (30, 31 juillet) et Dans ma coquille (6,7 août) peuvent se voir en famille. Rencontre avec Michel B. (18 juillet) pose la question des méchants dans les histoires, ne sont-ils pas finalement les vrais héros ? La saison estivale se termine par un ballet solo, Un lac, des cygnes, une ode à l’audace.

Un Lac, Des Cygnes, une ode à l’audace.

Les vingt doigts les plus agiles du Mexique à Schiltigheim

La Laiterie, privée de ses scènes en raison d’importants travaux de rénovation, a programmé jeudi 18 juillet Rodrigo et Gabriela à la Briqueterie de Schiltigheim. C’est l’occasion de voir ces stars mondiales venues du Mexique, un duo aux doigts exceptionnellement agiles et aux compositions toutes aussi enlevées.

Grâce à leur dextérité et leur univers de départ plutôt rock, Rodrigo Sánchez à la guitare solo et Gabriela Quintero à la guitare rythmique proposent des voyages instrumentaux qui transportent le public, lequel hésite entre un sentiment d’admiration de la performance et une appréciation purement mélodique.

Le Tiny Desk de Rodrigo y Gabriela en avril 2020, en pleine canicule et pandémie au Mexique.

Les grands films de guerre au cinéma Star

Au cinéma Star jusqu’au trois septembre, une rétrospective propose de (re)voir les plus grands classiques des films de guerre jusqu’au 3 septembre en version numérique restaurée. C’est trop tard pour les exceptionnels La Ligne Rouge et Croix de Fer mais il reste le poignant Le Pont De La Rivière Kwaï (7 et 9 juillet) et le monumental Platoon d’Oliver Stone (21, 23 juillet) avec au générique Willem Dafoe, Johnny Depp, Forrest Whittaker et Charlie Sheen… Onze films font partie de cette rétrospective.

Platoon

En cas de victoire du RN, un conflit s’annonce entre l’État et les communes

En cas de victoire du RN, un conflit s’annonce entre l’État et les communes
Noëllie Hestin, maire de Sainte-Marie-aux-Mines.

La perspective d’une arrivée au pouvoir du Rassemblement national fait craindre un désengagement de l’État sur les sujets que le parti juge secondaires. Culture, rénovation urbaine, soutien aux associations… En plus de cette série de reculs, le dialogue avec les préfets risque d’être laborieux.
Derrière son blanc pupitre, Jordan Bardella s’autorise un large sourire en rangeant ses fiches. Ton grave, appliqué, droit comme un mât de drapeau, le chef d’extrême droite a bien appris à mimer le sérieux d’un Premier ministre. Le 24 juin à Paris, il a exposé et défendu le programme du Rassemblement national (RN), au cours d’une conférence de presse. Un peu court, pour couvrir les larges zones d’ombre du projet porté par le parti d’extrême droite.

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En Alsace, un prof candidat du RN fiché au rectorat pour des violences physiques et verbales

En Alsace, un prof candidat du RN fiché au rectorat pour des violences physiques et verbales
Marc Wolff, candidat RN de la neuvième circonscription du Bas-Rhin.

Enseignant dans un lycée du Bas-Rhin, Marc Wolff a fait l’objet d’au moins cinq signalements au rectorat de l’Académie de Strasbourg pour des propos choquants mais aussi pour avoir frappé un élève, selon des documents consultés par Mediapart. « Un geste parfaitement déplacé », reconnaît-il.
Arrivé en tête du premier tour dans la 9e circonscription du Bas-Rhin avec plus de 40 % des voix, Marc Wolff, enseignant certifié de physique-chimie, se pose en apôtre du retour de l’autorité à l’école. La consultation de son « dossier professeur », qui contient des éléments confidentiels consignés au rectorat de Strasbourg, donne une idée précise de la conception que ce dernier se fait de cette notion d’autorité.
Mediapart a eu accès à trois courriers accablants, signés de différents proviseurs du lycée public Robert-Schuman de Haguenau, qui décrivent une longue série d’incidents ayant eu lieu entre 2013 et 2019. Selon des éléments recueillis par Mediapart, les problèmes ont perduré au moins jusqu’en 2021.

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Veille sur des canaux Telegram d’extrême droite, patient travail de recherche et de mise en confiance de sources… Guillaume Krempp suit de près l’actualité des droites radicales à Strasbourg et en Alsace. Son travail dérange : en 2023, il a été menacé par les hooligans de Strasbourg Offender lors d’un rassemblement organisé par l’Action française.

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Le maire d’Illkirch-Graffenstaden affirme avoir été traité de « collabo » et porte plainte

Le maire d’Illkirch-Graffenstaden affirme avoir été traité de « collabo » et porte plainte
Au centre de l’image, le maire d’Illkirch-Graffenstaden, Thibaud Philipps.

En interrompant un collage d’affiches dans la soirée du 4 juillet, Thibaud Phillips, maire d’Illkirch-Graffenstaden, dit avoir été traité de « collabo ». Il a porté plainte pour « outrage et dégradation ».

En rentrant d’une réunion publique, dans la soirée du jeudi 4 juillet, le maire d’Illkirch-Graffenstaden, Thibaud Philipps (Les Républicains), affirme avoir été « agressé et menacé » par des colleurs d’affiches, comme l’a raconté l’élu à France Bleu Alsace. Ce dernier a surpris cinq individus en train de réaliser un « collage sauvage ». En retour ces derniers l’auraient insulté : « Dès qu’ils comprennent que je suis un maire LR, ils commencent à dire que je suis un collabo. Que dans les années 30 il y avait beaucoup de types comme moi, qu’il fallait préparer la tondeuse », rapporte l’élu.

Un communiqué des colleurs

Des membres du groupe participant à ce « collage d’initiative citoyenne » ont transmis un communiqué en fin de journée ce 5 juillet :

« Autour de 23h30, un individu a interpellé le groupe pour demander l’interruption de l’affichage en cours, ce que le groupe a fait. Durant la discussion qui a suivi, lui ont été rappelé des faits historiques concernant le rôle joué par l’extrême droite dans le passé et la responsabilité de chaque citoyen face à ce danger. Par la suite, alors qu’ils quittaient les lieux de leur propre initiative, l’individu a initié une course poursuite avec sa voiture. Suivis, les citoyens étaient forcés de fuir à vélo. Ce matin, nous avons appris l’interpellation de deux personnes et découvrons dans les médias une version différente tirée à des fins politiques. »

Thibaud Philipps a effectivement relaté aux DNA avoir suivi les militants : « À un moment, le groupe s’est séparé pour essayer de me semer. J’ai été rejoint par un équipage de la Brigade anti-criminalité qui a interpellé l’individu que je suivais. Un autre équipage de la BAC en a interpellé un second. » Le maire d’Illkirch-Graffenstaden a ensuite porté plainte au commissariat pour « outrage en réunion » et « dégradation ».

Les candidats de la circonscription réagissent

Le maire d’Illkirch-Graffenstaden assure n’avoir jamais connu un « niveau de tension pareille » dans une élection : « C’est la première fois que ça m’arrive, de recevoir ce genre de propos. On sent que la violence est de moins en moins dissimulée dans la campagne. »

L’avocate des colleurs d’affiches mis en cause, Me Sendegul Aras, lance un « appel à l’apaisement ». Elle demande à ce qu’il n’y ait pas de « récupération politique » de l’affaire et regrette l’ampleur médiatique prise par le sujet. « Il faut laisser la justice faire son œuvre, il s’agit d’un dossier classique », a affirmé Me Sendegul Aras.

Dans la foulée, les candidats encore en lice pour les élections législatives sur la deuxième circonscription du Bas-Rhin (incluant Illkirch-Graffenstaden) ont tous réagi. Le député sortant Emmanuel Fernandes condamne l’agression verbale en rappelant que les affiches ne sont pas électorales. La candidate Rebecca Breitman apporte « tout son soutien » à l’édile, comme la candidate du Rassemblement national Virginie Joron. De leur côté, les militants ont appelé à un rassemblement de soutien vendredi à 18h devant l’hôtel de police.