Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

La municipalité enterre un projet de végétalisation artistique au Neudorf

La municipalité enterre un projet de végétalisation artistique au Neudorf

Projet phare du premier budget participatif, Les jardins de Babylone voulaient faire de la rue de Thann un nouveau lieu de rencontre, arboré et décoré, au Neudorf. C’était sans compter le conservatisme d’une partie des habitants, de l’administration et la frilosité des élus écologistes.

C’était un projet ambitieux. En 2018, plus de 1 300 citoyens strasbourgeois avaient placé « Les jardins de Babylone » en tête des projets finançables par le budget participatif, doté d’un million d’euros. La Ville de Strasbourg avait alors décidé d’allouer 100 000€ à ce projet, permettant de végétaliser la rue de Thann au Neudorf à l’aide d’arbres et de sculptures artistiques, d’espaces de rencontre, d’une fontaine et d’une arche à l’entrée. Le projet était proposé à l’époque par Fredj Cohen et Claire Guerry, deux artistes plasticiens dont l’atelier est situé dans la rue.

Esquisses pour l’arche végétale à l’entrée de la rue (document Strasbourg.eu)

Le 10 février 2023, Fredj Cohen apprend que cette opération ne se réalisera pas. Abasourdi par cette décision, l’artiste de 70 ans qui a passé sa vie à « chercher le soleil » est révolté :

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Deux ans après le suicide d’un éducateur, l’Arsea octroie des moyens mais garde le même directeur

Deux ans après le suicide d’un éducateur, l’Arsea octroie des moyens mais garde le même directeur
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Préliminaires, Commune, Salvatore Mundi… Sept Étoiles du documentaire projetés du 11 au 18 mars

Préliminaires, Commune, Salvatore Mundi… Sept Étoiles du documentaire projetés du 11 au 18 mars

Sept films lauréats des Étoiles du documentaire 2022 seront projetés à Strasbourg du 11 au 18 mars. L’occasion de découvrir l’incroyable épopée du dernier tableau de Vinci, de suivre les révolutionnaires de la Commune ou de découvrir les premiers émois amoureux des ados à l’ère des réseaux sociaux.

Pendant une semaine, un documentaire par jour, en présence de leurs auteurs et autrices. C’est l’opportunité offerte par l’association strasbourgeoise Le lieu documentaire (ex-Vidéo les beaux jours) à partir du samedi 11 jusqu’au 18 mars. Le festival Vrai de vrai ! – Les Étoiles du Documentaire propose une programmation constituée de projets récompensés par la Société civile des auteurs multimédias (Scam). Les projections auront lieu dans différents lieux strasbourgeois, de la médiathèque André Malraux à la Maison de l’image, en passant par l’auditorium des Musées de Strasbourg.

Trois projections à ne pas manquer

La réalisatrice Julie Talon a enquêté sur un sujet intime. Dans son moyen métrage « Préliminaires », elle raconte l’amour et les premières relations sexuelles des adolescents à l’ère des smartphones et des réseaux sociaux. Des interviews de jeunes de 12 à 23 ans, qui prennent le courage de raconter leurs visions du nouvel ordre amoureux au XXIe siècle.

Extrait du documentaire « Préliminaires » de la réalisatrice Julie Talon.

Le journaliste et réalisateur Antoine Vitkine a enquêté sur les coulisses du monde de l’art à travers l’influence d’un célèbre tableau. Le résultat est un long métrage documentaire intitulé : « Salvator Mundi. La stupéfiante affaire du dernier Vinci. » Entre intérêts personnels et géopolitiques, des personnages divers se retrouvent mis en lumière par l’enquêteur : un expert réputé de Vinci, un intermédiaire suisse opportuniste, un président français, un oligarque russe…

Extrait du documentaire « Salvatore Mundi – La stupéfiante affaire du dernier Vinci » du réalisateur Antoine Vitkine.

Enfin, un documentaire historique qui pourrait faire écho à la contestation actuelle de la réforme des retraites. « Les Damnés de la commune » raconte le soulèvement de 1871 à Paris. Le spectateur vit l’insurrection et ces 72 jours, entrés dans l’Histoire, à travers le film. Après avoir passé dix ans à travailler sur les gravures du XIXe siècle pour écrire trois romans graphiques, Raphaël Meyssan a adapté ses ouvrages au cinéma. Pour son premier film, il a obtenu le laurier de l’audiovisuel du meilleur documentaire 2022.

Extrait du long-métrage « Les damnés de la commune » du réalisateur Raphaël Meyssan.
#Vidéo Les Beaux Jours

La CTS étend son réseau en septembre et augmente ses tarifs en juillet

La CTS étend son réseau en septembre et augmente ses tarifs en juillet

La Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) et l’Eurométropole ont présenté jeudi une « Révolution des mobilités ». Des annonces qui s’accompagnent cependant d’une hausse des tarifs des billets individuels et des abonnements au 1er juillet.

Après l’annonce de la hausse des prix et l’extension des zones du stationnement payant, c’est au tour des transports en commun d’évoluer. La Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) a annoncé jeudi au cours d’une conférence de presse l’augmentation de ses tarifs, qu’elle justifie par l’augmentation des prix de l’énergie et le développement du réseau. L’aller simple devrait passer de 1,70€ à 1,90€.

Les tarifs pour les abonnés vont également subir une évolution, que la CTS estime « modérée ». L’abonnement mensuel pour les 4-17 ans (hors métropole), les 18-25 ans et les plus de 65 ans passe de 27,60€ à 28€ par mois. Celui des 26-64 ans passera de 51,80€ à 56€. Alain Jund, vice-président (EE-LV) de l’Eurométropole en charge des mobilités, assure vouloir faire « porter l’effort » sur les voyageurs occasionnels, afin de limiter l’impact de la hausse et d’inciter à l’abonnement.

Emmanuel Auneau, directeur général de la CTS, affirme que l’entreprise prévoit de geler les tarifications solidaires, afin de « maintenir le bouclier social ». Le principe de gratuité est également maintenu pour les abonnés de moins de 18 ans vivant sur le territoire de l’Eurométropole.

Coûts en énergie multipliés par cinq

Ces évolutions se justifient selon la CTS par les hausses « brutales » du coût de l’énergie et l’inflation qui ont pesé sur les dépenses de l’entreprise. En 2019, les coûts d’énergie de la CTS étaient de 4,6 millions d’euros, l’entreprise prévoient qu’ils pourraient atteindre 26,1 M€ en 2023…

Pas de quoi freiner cependant ce que la CTS appelle une « accélération dans la révolution des mobilités ». La compagnie des transports en commun met en œuvre la politique de « décarbonation » de l’Eurométropole et promet que tous ses bus seront à propulsion électrique. La CTS met en avant cinq projets d’amélioration et d’extension du réseau :

    Ouverture de la station Starcoop sur la ligne D (arrêt opérationnel depuis 2013), Mise en service de la ligne 18 du bus autour du Marché Gare, non loin de Ikéa le 3 avril, Lancement en juillet des travaux du tram ouest (voir nos articles) qui devrait être mis en service fin 2025, Deux nouvelles lignes L7 et L8 début septembre pour desservir le Neuhof et la Meinau, Extension de la ligne G, fin novembre, qui s’étendra jusqu’à Vauban Rotterdam depuis la Gare centrale.

L’extension du tram vers le nord de l’agglomération n’a pas été citée jeudi. Municipalité et métropole prévoient de dévoiler le calendrier de cette extension du réseau vers Schiltigheim mercredi 15 mars.

Extension et restructuration du réseau CTS à l’horizon 2023.

La CTS a annoncé en outre une évolution de l’application mobile au printemps, qui permettra aux usagers de recharger directement leur abonnement mensuel depuis leur téléphone.

Contre la réforme des retraites jeudi 9 mars, des étudiants bloquent Sciences Po Strasbourg

Contre la réforme des retraites jeudi 9 mars, des étudiants bloquent Sciences Po Strasbourg

La mobilisation contre la réforme des retraites continue jeudi 9 mars à Strasbourg, avec le blocage du bâtiment de Sciences Po et du Palais universitaire. Le trafic des trains régionaux est toujours fortement perturbé.

Depuis 6h30, le bâtiment le Cardo est bloqué par une quarantaine d’étudiants de Sciences Po jeudi 9 mars. « On s’est décidés hier à bloquer de façon spontanée en voyant l’ampleur que prenaient toutes les luttes », raconte Eliam, 19 ans.

Eliam était présent dés 6h pour organiser le blocus à Sciences Po. Photo : AA / Rue89 Strasbourg / cc

Selon les militants interrogés sur place, ils se sont donnés rendez-vous dés 6h. Une demi-heure plus tard, les deux entrées du site étaient barricadées.

Les étudiants ont utilisé des poubelles et des barrières pour bloquer l’accès au bâtiment Le Cardo. Photo : AA / Rue89 Strasbourg / cc

D’après Eliam, « la direction est venue discuter positivement » avec les étudiants :

« La seule opposition qu’on a pour l’instant, ce sont des étudiants qui sont contre le mouvement mais je pense qu’ils sont minoritaires. »

Le Palais universitaire bloqué

Une trentaine d’étudiants de l’Université de Strasbourg bloquent quant à eux l’entrée du Palais universitaire. Le bâtiment de la faculté de Philosophie a aussi été brièvement fermé.

Une trentaine d’étudiants de l’Université de Strasbourg ont bloqué le Palais universitaire et le bâtiment de la faculté de Philosophie l’aube. Photo : AA / Rue89 Strasbourg / cc

Jean (prénom modifié) rappelle des blocages de bâtiments sur le campus ont lieu depuis mardi matin :

« On avait aussi organisé une opération “restaurant universitaire gratuit” lundi, donc on en est à quatre jours d’action. On va décider aujourd’hui en assemblée générale de ce qu’on fait demain. Il faut aussi qu’on se repose pour de futures actions la semaine prochaine. »

Jean (prénom modifié) se mobilise intensément depuis trois jours pour lutter contre la réforme des retraites. Photo : AA / Rue89 Strasbourg / cc

La mobilisation des cheminots continue

La mobilisation contre le projet du gouvernement de réforme des retraites continue aussi du côté de la SNCF. Les cheminots de Strasbourg ont voté hier pour la reconduction de leur grève pour ce jeudi 9 mars. « La circulation est très fortement perturbée » selon TER Grand Est. Le trafic TER est donc toujours fortement perturbé. SNCF Voyageurs recommande aux voyageurs qui le peuvent d’annuler ou de reporter leurs déplacements prévus.

La société ferroviaire affirme que la circulation des trains restera fortement perturbée vendredi, samedi et dimanche.

Manifestation féministe du 8 mars : « Il faut continuer à se battre, rien n’est jamais acquis ! »

Manifestation féministe du 8 mars : « Il faut continuer à se battre, rien n’est jamais acquis ! »

À l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, plus de 2 000 manifestantes ont défilé dans les rues de Strasbourg mercredi 8 mars. Dans le cortège, nombre d’entre elles s’alarment des menaces qui pèsent sur les acquis féministes et jugent long le chemin qu’il reste à parcourir avant l’égalité.

« Mon corps, mon choix, et ferme ta gueule ! » « On rasera ni les murs ni nos poils ! » « Nos droits ne devraient pas faire débat ! » Dans la foule qui se massifie place Kléber, en ce début d’après-midi du mercredi 8 mars, nombreuses sont les pancartes à insister sur le droit des femmes à disposer de leurs corps. Pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, plus de 2 000 personnes ont répondu à l’appel à manifester de l’Assemblée féministe de Strasbourg.

Parmi elles, Selin, 34 ans :

« Je suis là parce que j’aimerais, de mon vivant, que l’on atteigne une réelle égalité entre femmes et hommes. Mais aussi parce que je ne suis pas certaine que j’aurais toute ma vie le droit d’accéder à l’IVG. »

Ancienne militante à Nous Toutes 67, cette jeune femme travaillant à la Ville de Strasbourg, redoute un recul des droits des femmes :

« Au niveau local, cette année, il y aussi eu une conférence anti-avortement organisée au Parlement européen et des réunions de l’Alliance Vita contre l’IVG… Et ce qu’il s’est passé devant le planning familial aujourd’hui. C’est inquiétant. »

Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

Ne rien céder aux relents conservateurs

Le matin même, un tag assimilant l’interruption volontaire de grossesse à une violence faite aux femmes a en effet été retrouvé sur la chaussée, devant les locaux de l’antenne strasbourgeoise de l’association. Pour la jeune femme, les acquis féministes restent fragiles. Et la cause peine à mobiliser. « Les violences faites aux femmes indignent moins que les autres sujets, regrette-t-elle en déplorant que « les féminicides appartiennent à la catégorie faits-divers… »

Jeanne Barseghian a participé à la manifestation Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

14h. La foule est redirigée vers la rue des Grandes-Arcades en prévision du départ. Anonyme parmi les manifestantes, au fond de la place, Jeanne Barseghian a fait le déplacement. Réagissant à l’actualité, la maire (EE-LV) de Strasbourg avoue être « très choquée par cette inscription qui assimile l’IVG à une violence » le jour où la Ville a prévu de rendre honneur à Gisèle Halimi, rebaptisant la place du Tribunal :

« On ne doit rien céder aux relents conservateurs qui cherchent à dicter aux femmes ce qu’elles doivent faire de leurs corps. »

14h45, le défilé se met en ordre de marche. À l’avant, un groupe en « mixité choisie », c’est à dire sans hommes « cisgenres » (dont l’identité de genre correspond à celle qui leur a été attribuée à la naissance). Vient ensuite un espace dédié aux familles avec enfants. Puis les cortèges internationalistes, étudiants et syndicaux dans cet ordre. « Gréviste, refuse ce monde sexiste ! » scande la banderole noire en tête de cortège, qui s’élance.

Juliette est revenue du Doubs pour participer Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

« Faire entendre nos voix et faire valoir nos droits »

Étudiante à Strasbourg l’année dernière, Juliette est revenue du Doubs pour participer aux différentes manifestations prévues cette semaine. « Je suis là parce qu’il est important de faire entendre nos voix et de faire valoir nos droits », pose en préambule la jeune femme de 21 ans qui s’alarme de la hausse des violences faites aux minorités de genre, du maintien au gouvernement de ministres accusés de viol, de la difficulté à faire aboutir des plaintes pour viol, avant de citer en exemple une de ses amies dont la procédure n’avance pas depuis trois ans.

« J’ai toujours peur de sortir dans la rue le soir à Strasbourg », détaille t-elle. Avant d’expliquer « les mecs de 50 ans qui te demandent s’ils peuvent te raccompagner à 23h. Ou ceux qui t’abordent pour te demander tes prix. » Dernier exemple en date place de la Cathédrale, un soir, il y a un an.

15h. La tête du cortège arrive quai des Bateliers. Rue des Grandes-Arcades, Stéphanie défile avec le sourire. Cette ancienne bibliothécaire n’en est pas à son premier 8-Mars en manifestation. Pour elle, il y a toujours eu, et il y a toujours matière, à se battre pour les droits des femmes. « Le peu qu’on a acquis, on a le sentiment qu’il faut lutter pour le conserver », regrette t-elle. L’égalité salariale ? Encore à conquérir. « Et avec la réforme des retraites qui s’annonce, on voit que les femmes sont encore la dernière roue du carrosse. Qu’elles vont être encore plus précaires. »

Stéphanie désespère de voir enfin l’égalité réelle entre hommes et femmes, au moins quant aux salaires Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

La sexagénaire marche moins pour elle que pour ses trois filles. Et croit en la relève féministe :

« Il y a quinze ans, on défilait avec des copines à Marseille et on se disait ”mince, y a que des vieilles, des anciennes du planning”. Aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes et c’est une bonne chose. »

Les sorcières sont dans la rue

À 43 ans, Jeanne est elle aussi une habituée des manifestations féministes. « Je les fais toutes depuis que je suis lycéenne », détaille cette enseignante en classe spécialisée UP2A. Pour elle, la lutte n’a pas réussi à venir à bout de toutes les oppositions, bien au contraire :

« L’ouverture de la parole sur les questions féministes rencontre des oppositions. En réaction à ça, on a vu une montée en puissance des “incels” et autres groupes antiféministes. Particulièrement sur les réseaux sociaux. »

Déguisée en Rosie, une icône reprise par le mouvement féministe, Jeanne est une habituée des manifs. Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

Dans son quotidien, elle observe :

« Dans mon entourage ou avec des amis, de la part d’hommes que je considère comme des alliés, il y a toujours parfois de petites réflexions sur le fait qu’être un homme suffit pour avoir tort face aux féministes. Que ces dernières détestent tous les hommes et veulent prendre le pouvoir… »

Mère de deux adolescentes, Jeanne regarde elle aussi du côté de l’avenir :

« J’ai peut-être un biais, mais j’ai confiance dans la jeune génération. Elle est beaucoup plus ouverte sur la question des inégalités de genre. »

15h30. Le cortège défile quai des Pêcheurs. Dans le cortège étudiant, quelques pancartes appellent à brûler le patriarcat. « Les sorcières sont dans la rue », « À bas le patriarcapitalisme », peut-on lire ici et là. Et puis un slogan qui poursuit la lutte. « Nous sommes fortes, nous sommes fières, et féministes, et radicales. Et en colère. »

Réforme des retraites : manifestations à Sélestat, Saverne, Haguenau et Strasbourg samedi 11 mars

Réforme des retraites : manifestations à Sélestat, Saverne, Haguenau et Strasbourg samedi 11 mars

À l’appel de l’intersyndicale, quatre manifestations contre le projet de réforme des retraites du gouvernement auront lieu samedi 11 mars dans le Bas-Rhin.

L’intersyndicale formée contre la réforme des retraites appelle à une journée de mobilisation samedi 11 mars afin de prolonger la contestation. Par un communiqué du mercredi 8 mars, les syndicats unis contre le projet du gouvernement mené par Élisabeth Borne estiment cette septième manifestation nécessaire face à l’absence de réponse de l’exécutif :

« Le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive. En responsabilité, l’intersyndicale adressera un courrier lui demandant à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme. »

Manifestation du jeudi 19 janvier 2023 contre la réforme des retraites. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

À Strasbourg, départ à 10h30 place de la Gare

À Strasbourg, la manifestation organisée par l’intersyndicale partira de la place de la Gare centrale à 10h30. Le tracé déclaré auprès de la préfecture du Bas-Rhin est le suivant :

À Saverne, départ à 10 heures au champ de la Foire

Trois autres manifestations sont prévues dans le Bas-Rhin :

    À Saverne, départ à 10h du Champ de la Foire À Sélestat, départ à 14h de la place Vanolles À Haguenau, départ à 14h de la place de la Gare

Secrétaire de l’union locale CGT de Saverne, Élisabeth Mathis a distribué des tracts jeudi 9 mars sur le marché de Saverne. Elle souligne l’importance de manifestations en dehors de la capitale alsacienne :

« Les manifestations le samedi permettent à de nouvelles personnes de manifester, celles qui ne peuvent pas se permettre de perdre une journée de salaire en semaine. L’intérêt de la mobilisation du 11 mars, c’est d’avoir les gens de l’Alsace du Nord. Nous allons participer à celle de Strasbourg à chaque fois mais là, on veut aussi ancrer la mobilisation localement, en particulier dans un territoire avec des usines et des conditions de travail parfois difficiles. Quand on tract, beaucoup de personnes disent que cela va leur permettre de venir pour la première fois. »

Après 28 jours de grève, l’activité reprend à l’usine Heineken

Après 28 jours de grève, l’activité reprend à l’usine Heineken

Après des mois de grève perlée depuis l’annonce de la fermeture définitive, les salariés de l’usine Heineken de Schiltigheim ont repris le travail lundi 6 mars. Les syndicats continuent les négociations pour améliorer les conditions de travail jusqu’à la fermeture.

Depuis le 2 janvier, une petite dizaine de salariés de l’usine Heineken de Schiltigheim en charge de la filtration et du brassage avaient réussi à bloquer l’ensemble du site industriel dans le but d’empêcher sa fermeture. Annoncée par le groupe en novembre 2022 qui ne souhaite garder que deux sites en France (Mons-en-Baroeul et Marseille), la cession était motivée par des contraintes liées à « l’enclavement » de l’usine, située en plein centre-ville de Schiltigheim.

« Nous avons perdu la guerre, mais nous avons gagné une bataille », affirme Vania Brouillard, délégué syndical Force ouvrière. Car si l’usine fermera bien ses portes, les négociations ont débouché sur un accord de principe quant aux compensations financières pour les salariés licenciés. Les employés acceptant de rester sur le site jusqu’à sa fermeture recevront une indemnisation plus importante. 

La production a repris lundi à l’usine Heineken de Schiltigheim Photo : JFG / Rue89 Strasbourg / cc

Des négociations sont encore en cours sur les conditions de travail des salariés jusqu’à cette date. « On a des gens qui ne vont pas bien », évoque le délégué syndical à propos des employés dont le moral est miné par un futur incertain. Il évoque le cas d’employés qui se sont vus refuser des crédits immobilier après l’annonce de la fermeture. 

Baisse de la production accordée

« L’entreprise doit être consciente qu’il y a des actions à mener pour améliorer ces conditions d’existence et l’ambiance de travail. » Vania Brouillard évoque notamment une adaptation de l’effectif et une réduction globale de la production. Les syndicats ont déjà obtenu une baisse de la production de 1,5 million d’hectolitres à 1,2 million d’hectolitres par an, à effectif identique selon BFM Alsace.

Vendredi 10 mars, une nouvelle réunion de négociations devrait avoir lieu. Les salariés attendent les résultats d’un rapport d’experts mandatés par les syndicats pour évaluer les conditions de travail. 

Les grévistes, qui avaient lancé une cagnotte suite à leur mobilisation intitulée « Les brasseurs du cœur » projettent de verser l’intégrité de cette somme à un organisme caritatif à la fin des négociations autour de ce plan social, selon Vania Brouillard.

Le Neudorf et d’autres quartiers ajoutés à la zone payante du stationnement en voirie

Le Neudorf et d’autres quartiers ajoutés à la zone payante du stationnement en voirie

La municipalité écologiste ajoute le Neudorf et d’autres quartiers centraux de Strasbourg à la zone payante du stationnement en voirie. En outre, certaines zones deviennent plus chères afin de privilégier le parking en ouvrage des véhicules.

« C’est un nouveau chapitre dans la réforme du stationnement à Strasbourg ». Mercredi dans la rue de Châtenois au Neudorf, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, accompagnée de Pierre Ozenne, adjoint en charge des espaces publics et d’Antoine Dubois, élu référent du quartier Neudorf, annoncent une série de changements autour du stationnement automobile. L’objectif à long terme est toujours le même : inciter les gens à se passer d’une voiture individuelle. Ces modifications seront proposées au conseil municipal du lundi 20 mars.

Le nouveau plan de stationnement prévu à partir du 3 avril 2023 (document mairie).
Le stationnement dans le quartier du Neudorf sera payant à partir du premier semestre 2024.

« Dans la rue de Châtenois, un jour où il n’y a pas école, c’est impossible de circuler sur les trottoirs avec une poussette à cause du stationnement sauvage, » s’indigne Jeanne Barseghian. Un préambule à l’annonce du passage au stationnement automobile payant dans les quartiers de Neudorf, quartier des Quinze et du début de la Robertsau, ainsi qu’une partie de l’îlot Sainte-Hélène à partir du premier semestre 2024.

Jusqu’à présent, le stationnement sur la voirie dans ces quartiers était gratuit. L’un des objectifs affiché de la municipalité est d’encourager le stationnement des visiteurs dans les parkings relais, aux limites de la ville.

Augmentation des tarifs de stationnement dans les zones payantes

À partir du 3 avril 2023, le tarif du stationnement sur la voirie en zone rouge devrait augmenter : de 2,10€ à 3,50€ pour la première heure — 8€ pour deux heures. Actuellement appliquée à l’hypercentre, la zone rouge, où le stationnement est limité à deux heures, va s’étendre aux quartiers de la Gare, des Halles, de la Neustadt et de la Krutenau. L’adoption de ces nouveaux tarifs rend le stationnement dans les parkings en ouvrage plus avantageux.

Les 4 500 places du Neudorf vont devenir payante dès avril. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

De même, les tarifs et l’étendue de la zone orange augmentent. Une heure de stationnement passe de 1,70€ à 2,50€. Les deux heures coûteront 3,50€. Dans cette zone, la durée maximale de stationnement est de quatre heures. Quant à la zone verte — stationnement limité à cinq heures — le tarif d’une heure passe de 0,50€ à 1€.

Une tarification progressive sur les abonnements voirie

Une autre mesure concerne l’abonnement résident, pour les stationnements en voirie. Une tarification progressive sera instaurée à partir du 1er octobre 2023 : de 15 euros par mois pour l’ensemble des usagers, l’abonnement mensuel passera à 30 euros par mois pour les foyers dont les revenus fiscaux de référence sont compris entre 14 089 euros et 22 983 euros, et à 40 euros par mois pour les revenus supérieurs.

Concernant l’abonnement dans un parking en ouvrage, un forfait mensuel à 90 euros par mois sera proposé aux Strasbourgeois pour une place dans un parking en ouvrage dans la zone du domicile et à 60 euros si cette place se trouve en dehors. « L’idée est de privilégier ceux qui font le plus d’efforts, » précise la maire. Actuellement, le prix d’un abonnement de parking en ouvrage se situe entre 100 et 120 euros. Dans les deux cas, ces nouveaux abonnements s’accompagneront de la possibilité de se garer sur la voirie proche de son domicile, une heure par jour sans surcoût.

Dernière nouveauté : une « zone violette à forte rotation » pourrait s’ajouter aux zones rouges, oranges et vertes existantes. Cette nouvelle catégorie de stationnement ne comportera pas d’abonnés résidents afin de laisser ces places, gratuites et de courte durée, aux autres usagers. Une consultation publique au sujet de cette nouvelle zone devrait avoir lieu avant l’été 2023.

Blocages et grèves ce mercredi 8 mars : l’écluse de Marckolsheim évacuée par la police

Blocages et grèves ce mercredi 8 mars : l’écluse de Marckolsheim évacuée par la police

Dans plusieurs secteurs, les grèves sont reconduites au-delà du mardi 7 mars pour faire plier le gouvernement sur la réforme des retraites. La navigation sur le Rhin a été bloquée au niveau de Marckolsheim et la circulation des TER est fortement perturbée en Alsace. Le point sur les blocages et grèves en cours.

Après la manifestation du mardi 7 mars contre la réforme des retraites, plusieurs secteurs ont reconduit leurs actions « pour aller jusqu’à la victoire » comme le demande la CGT. Tout au long de la journée, Rue89 Strasbourg se mobilise pour relater la poursuite des blocages et des grèves à Strasbourg et en Alsace.

Blocage de l’écluse de Marckolsheim

Des agents des industries électriques ont bloqué la circulation des péniches sur le Rhin du lundi 6 mars à 22h jusqu’au mercredi 8 mars à 14h en occupant une écluse dotée d’une centrale hydroélectrique EDF à Marckolsheim. Ils ont finalement été évacués par les forces de l’ordre après 40 heures d’action. Environ 60 bateaux étaient à l’arrêt aux alentours du site.

L’opération d’évacuation s’est déroulée dans le calme, sans heurts. Photo : remise

« On est déterminés à ne pas céder. On tiendra autant que possible », déclarait Philippe Charpentier, délégué syndical CGT pour EDF Hydro Est, quelques heures avant l’arrivée de la cinquantaine de policiers chargés de procéder à l’évacuation. Les manifestants avaient bloqué le portail et les accès par des passerelles avec des chaines et des obstacles. Des personnes étaient aussi montées sur le toit pour ralentir l’évacuation, qui s’est finalement déroulée dans le calme.

Les opposants à la réforme des retraites ont bloqué l’écluse de Marckolsheim. Photo : remise

Aucun représentant de l’État n’a fait le déplacement

L’action a eu lieu à l’appel des syndicats CGT, CFDT et FO de la branche énergie. Le gouvernement souhaite supprimer le régime de retraite spécifique des salariés des industries électriques et gazières. L’âge moyen de départ dans ce secteur est de 60 ans aujourd’hui selon l’annuaire statistique 2021 de la Caisse nationale des industries électriques et gazières. « On ne peut pas finir à 64 ans. Les métiers de notre secteur sont particulièrement dangereux et usants physiquement. On se bat simplement pour une fin de vie décente », estime Philippe Charpentier. Il ajoute :

« Nous demandions le déplacement de la préfète du Bas-Rhin ou d’un ministre pour formuler nos revendications. Le fait qu’aucun représentant de l’État ne soit venu, c’est une forme de violence sociale pour nous, à la hauteur de la réforme qu’ils veulent faire passer. »

Une centaine de techniciens, éclusiers ou encore agents de maintenance ont participé au blocage. La moitié est employée d’EDF Hydro Est d’après le syndicaliste :

« Personne ne part aigri ou résigné. Au contraire, nous sommes fiers de mener la lutte, et nous sommes prêts à nous remobiliser. Déjà là, le trafic mettra une bonne journée à revenir à la normale. »

Pendant un peu plus d’une heure, d’autres salariés de la branche énergie ont bloqué l’écluse EDF de Strasbourg en soutien de la mobilisation de Marckolsheim selon la CGT. La police est rapidement intervenue pour évacuer le site.

Une centaine de personnes sont barricadées sur l’écluse de Marckolsheim mercredi 8 mars. Photo : remise

Les cheminots toujours en grève

La SNCF estime qu’en moyenne, un TER sur trois circulera dans la région Grand Est et que seuls deux TGV sur cinq circuleront sur la ligne à grande vitesse. L’assemblée générale des cheminots avait voté le 7 mars, en gare de Strasbourg, la reconduction de la grève pour le 8 mars. « Chaque jour on vote la reconduction pour le lendemain », explique Louise Fève de la CGT. L’assemblée générale du 8 mars a voté la reconduction de la grève pour le 9 mars. Les perturbations du réseau SNCF continueront donc au moins jusqu’à jeudi soir.

Grève résiduelle à la CTS

Le trafic sur le réseau de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) est normal mercredi 8 mars, mise à part les perturbations liées à la manifestation pour la journée internationale des droits des femmes. Stéphane Daveluy, de l’Unsa, syndicat majoritaire de la CTS, expose les retours de ses collègues :

« Ils ont surtout dit qu’ils ne pouvaient pas se le permettre financièrement. Il y a quelques grévistes ce mercredi mais c’est résiduel. »

Des bâtiments de l’Université de Strasbourg bloqués

Plus de 300 étudiants réunis en assemblée générale mardi 7 mars ont décidé dans la soirée de reconduire le blocage de bâtiments de l’Université de Strasbourg. À 8h, les bâtiments Atrium, Escarpe, Le Bel, Portique, Patio et ceux de la fac de droit et de la présidence étaient barricadés. Selon la communication de l’Université, en début d’après-midi, tous les bâtiments avaient été réouverts.

À la réunion publique pour le tram ouest, les habitants ne croient pas à la réduction du trafic

À la réunion publique pour le tram ouest, les habitants ne croient pas à la réduction du trafic

Le tram F doit percer le quartier de Koenigshoffen pour rejoindre l’ouest de l’agglomération. Une transformation qui inquiète ses habitants, qui craignent des reports du trafic dans les rues résidentielles. Un autre danger qui menace ce quartier populaire n’a pas été évoqué lors du débat public…

Plusieurs centaines de personnes se sont déplacées lundi soir au centre socio-culturel Camille Claus de Koenigshoffen pour participer à la réunion publique sur l’extension du tramway vers l’ouest de l’agglomération. La grande salle de réception n’a pas permis à tous les habitants présents de s’asseoir.

Le tracé choisi en mai 2021 prévoit de passer par les rues de l’Engelbreit et Virgile pour rejoindre la route de Wasselonne afin d’aller jusqu’à Wolfisheim en passant par Eckbolsheim. Un changement de culture dans ce quartier, habitué à supporter un fort trafic mais essentiellement circonscrit à la route des Romains.

Un public venu exprimer son désaccord

La majorité des personnes présentes se sont donc d'abord déplacées pour dire aux élus (entre autres, Pia Imbs, présidente de l'Eurométropole et Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg) tout le mal qu'elles pensaient de la variante retenue pour le tracé. La présentation introductive, dotée de jolis visuels et d'une vidéo montrant un quartier idyllique et pacifié comme savent les faire les aménageurs, n'a guère convaincu l'assistance.

La métropole et la municipalité prévoient notamment de rendre la route des Romains inutilisable pour la traversée du quartier, en direction du centre de Strasbourg, en convertissant certaines sections en sens uniques. Pia Imbs a beau avoir précisé en introduction de la soirée que l'extension du tram était un projet de "transformation des mobilités pour ce quart ouest de l'agglomération", le public craint que le trafic de transit ne reste au même volume, tout en se reportant sur les petites voies du quartier.

Le plan de circulation du quartier en 2025 a cristallisé les oppositions Photo : doc EMS

Dès que la parole est cédée au public, les questions fusent :

"Je ne comprends pas comment vont faire les voitures pour se garer. On a déjà des difficultés pour circuler parce que les gens se garent sur les trottoirs... et vous supprimez encore des places de parking dans les rues."

Conseiller départemental, Serge Oehler estime que les rues à sens uniques empêcheront les habitants de faire leurs courses :

"Vous rendez des rues commerçantes à sens uniques mais les gens, c'est le soir qu'ils font des achats, en rentrant du travail quand ils ont un peu de temps. Donc je m'inquiète pour eux."

Vincent Duval, président de l'association des Capucins verts, renchérit :

"Ce projet va amener des véhicules et des camions rue des Capucins, qui est très étroite. C'est totalement aberrant."

"Les gens vont mourir chez eux !"

Jacques Schaupp, président de l'association Joie et santé Koenigshoffen (JSK), a le sens de la gravité :

"Ça fait 2 000 ans que Koenigshoffen est construit autour d'une rue, y'a des révolutions qui sont négatives ! Nous avons 157 lits de personnes âgées à domicile. Nos aides-soignants ont besoin de se déplacer en voiture, déjà qu'on a du mal à les recruter, vous allez rendre leur vie impossible avec ce plan de circulation. Les gens vont mourir chez eux !"

La route des Romains en 2025, entre les rues César-Julien et Terence Photo : doc Getas / EMS

Face à ces préoccupations, Philippe Pagenot, Cyril Fenech et Julien Hervé de l'administration métropolitaine, ont fait valoir des arguments techniques tels que la présence de "carrefours verrous", une "transformation des voies grâce au bordage", des "maîtrises des flux", des "réductions de capacité"... Rien à faire : "Ils répondent pas à la question", entend-t-on dans la salle. Cyril Fenech se fait alors plus direct :

"Si vous habitez le Hohberg, vous n'êtes pas obligés d'acheter une voiture ! Le choix a bien été fait de rééquilibrer l'espace public en faveur des piétons, des cyclistes et de la végétalisation. L'objectif n'est pas de reporter le trafic de la rue des Romains vers les autres, mais de baisser tout le trafic dans le quartier."

L'embourgeoisement, thème absent

Après une heure d'échanges similaires, parfois même relayés par des élus d'Eckbolsheim, Pierre de l'association Strasbourg à vélo provoque l'assistance avant de poser une question sur la largeur des pistes cyclables :

"Les gens présents refusent que leur quartier devienne plus calme et préfèrent le bruit des voitures. Ils refusent que leurs enfants puissent aller à l'école à vélo en toute sécurité. Ils refusent que leurs commerçants se portent mieux après l'arrivée du tramway, comme le montrent toutes les études..."

Mais ce que montrent aussi les études d'impact après une installation du tramway, c'est que les quartiers traversés subissent une nette augmentation de leurs valeurs foncières. Grâce aux "aménagements pacifiés" comme disent les spécialistes, les rues deviennent plus larges pour les piétons, bordées d'arbres, plus silencieuses, ce qui provoque l'installation de familles aux pouvoirs d'achat plus importants. Quartier populaire, Koenigshoffen devrait donc rapidement s'embourgeoiser comme Cronenbourg et le quartier Gare dans les années qui suivront la mise en place de l'extension du tram, prévue en 2025.

Personne n'a évoqué ce sujet pendant la soirée. Tant mieux pour les élus, qui auraient eu bien du mal à répondre puisque les 122 millions d'euros que doivent coûter ces aménagements, dont 15 de l'État, ne prévoient aucune sauvegarde foncière ni aucun programme en mesure de préserver des logements accessibles dans ce quartier de 30 000 habitants.

Sixième journée contre la réforme des retraites : « On doit montrer les dents »

Sixième journée contre la réforme des retraites : « On doit montrer les dents »

À l’occasion de la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le front des opposants connait un rebond de la participation. Reportage au sein du cortège intersyndical.

Doucement, les moteurs commencent à vrombir. L’un après l’autre, les camions syndicaux se mettent en ordre, avenue de la Paix. En tête, celui de la CGT parade fièrement, affublé d’une dizaine d’étendards rouges et jaunes, suivi d’une ribambelle d’autres fanions de couleurs. Du bleu CFTC à l’orange de la CFDT, tout l’arc-en-ciel syndical y passe et démontre que l’unité entre les huit principaux syndicats de salariés reste solide. Autour d’eux, convergent ce mardi 7 mars des milliers de manifestants, syndiqués ou non, mobilisés pour la sixième fois contre la réforme des retraites voulue par le gouvernement.

« Nous ferons la grève reconductible s’il le faut »

Juché sur la remorque d’un tracteur rutilant, le président de l’Union départementale du Bas-Rhin de la CTFC, Emmanuel Printz, observe le mouvement de ses syndiqués vers son attelage. « Il y a un effet dernière ligne droite qui se fait sentir. On arrive au bout du cycle parlementaire, on sent que c’est important de rester mobil… » Boum. À moins d’un mètre, coup de semonce d’un membre de la CFTC testant le matériel sonore au prix des tympans limitrophes. Hilare, Emmanuel Printz reprend : « Nous serons tout aussi mobilisés, s’il faut dès le 11 mars, ou plus tard, aussi longtemps qu’il le faudra. » Avec des grèves reconductibles ? Le syndicaliste hésite. « Nous ferons la grève reconductible s’il faut, nous suivrons nos consignes nationales. » 

Au volant d’une camionnette plus modeste, à quelques mètres de là, Michel fait la moue. « Le mouvement doit se faire collectivement, en évitant les guéguerres. Et il ne faut pas que certains syndicats (les réformistes) plient, si le gouvernement annonce deux ou trois petites concessions. » Syndiqué chez Sud – industrie, il ne croit pas à un renoncement soudain de l’exécutif sur le texte :

« Le gouvernement ne recule pas, n’écoute pas, alors il faudra que le mouvement durcisse. On doit montrer les dents, si je peux dire. »

Michel est salarié du groupe meunier Les Moulins Advens. Photo : RG/ Rue89 Strasbourg / cc

Cortège politico-syndical

Alors que le cortège commence à se mouvoir, un premier embouteillage se forme déjà devant le Théâtre national de Strasbourg. Un petit groupe d’élus municipaux, entourant la maire Jeanne Barseghian, draine à eux des manifestants et quelques journalistes. Sa participation – avec deux béquilles – est remarquée et ravira ses alliés communistes, toujours friands d’un engagement plus visible contre la réforme des retraites.

« Ce sera ma troisième manifestation contre le projet de loi », commence Marc Hoffsess. L’adjoint en charge de la transformation écologique profite de la journée ensoleillée pour échanger quelques mots avec ses collègues. L’ambiance est légère, presque estivale, malgré le vent frigorifiant. La municipalité pourrait-elle s’engager un peu plus, au-delà de cette balade syndicale ? L’élu hausse les épaules :

« C’est un débat qu’on n’a pas tranché, chez nous. Il faut qu’on respecte toutes les sensibilités de notre majorité. Personnellement, je suis assez contre la mise en grève de nos services administratifs. Il y a des gens qui ont besoin du service public, tout en étant opposés à la réforme, il ne faudrait pas les pénaliser. »

Marc Hoffsess fait partie des élus de la majorité ayant suivi la maire dans le cortège. Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

« Pas de lassitude »

Progressivement, le cortège trouve son rythme de croisière. Aux alentours de la place Broglie, des manifestants s’essayent à quelques pas de danses hasardeux, sur un air de musique non identifiée. « Je ne pensais pas que ce serait aussi festif », commente Chloé avec un sourire. La jeune institutrice de 25 ans manifeste pour la première de sa vie :

« Je ne serais pas venue seule, mais à plusieurs ça donne du courage. Et j’aime bien les vieilles musiques qui passent, ça fait une raison de plus de venir en manif ! »

Laurence est déléguée du syndicat national des entreprises artistiques et culturelles Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

Derrière, dans une portion de cortège sans drapeaux, Laurence partage l’enthousiasme. Travaillant comme directrice adjointe au Théâtre TJP, elle est venue avec une partie de ses collègues, ou des membres du syndicat national des entreprises artistiques et culturelles. « Je retrouve beaucoup de visages familiers, parce qu’on est dans des métiers avec des carrières particulièrement hachurés. » Après toutes les journées de mobilisation qu’elle a connu, sa frustration continue de croître. « Mais pas de lassitude. Enfin si, contre l’attitude du gouvernement, qui se fout royalement de la parole de la rue. »

Plus de 15 000 personnes ont manifesté contre la réforme des retraites mardi 7 mars

Plus de 15 000 personnes ont manifesté contre la réforme des retraites mardi 7 mars

Moins qu’en janvier, mais plus qu’en février. Mardi 7 mars, plus de 15 000 personnes ont manifesté contre la réforme des retraites à Strasbourg.

Ce n’était pas les foules de 18 000 et 20 000 personnes des deux premières manifestations de janvier. Mais c’est tout de même un regain de mobilisation en comparaison avec la manifestation du 7 février, qui atteignait à peine 10 000 participants. Selon nos estimations, plus de 15 000 personnes ont participé à la manifestation du mardi 7 mars à Strasbourg contre la réforme des retraites.

Un cortège aussi long que lors des deux premières manifestations

Par le nombre de participants ou la taille du cortège, cette sixième manifestation strasbourgeoise ressemble plutôt aux premières mobilisations de janvier, jugées records par les syndicalistes locaux.

Aux alentours de 15h30, le cortège s’étendait du numéro 1 de l’avenue de la Liberté jusqu’au pont Saint-Nicolas. Il mesurait ainsi 1,8 kilomètre, une taille équivalente aux deux premières manifestations qui avaient rassemblé près de 18 000 personnes le jeudi 19 janvier, puis près de 20 000 personnes le mardi 31 janvier.

Taille du cortège de la manifestation du mardi 7 mars à 15h25.

La différence du nombre de participants s’explique alors par une différence de densité de la manifestation. Si le cortège du jour était très dense à certains endroits, il comportait aussi quelques zones vides, notamment entre les cortèges des différents syndicats.

Exemple de « passage à vide » entre deux cortèges lors de la manifestation du mardi 7 mars.

9 500 personnes selon la préfecture, 25 000 selon l’intersyndicale

En utilisant le logiciel en ligne Mapchecking, il est possible d’évaluer un nombre de personnes en dessinant la surface qu’ils recouvrent et en estimant la densité de population de la manifestation. Avec un cortège aussi long que lors des manifestations de janvier, mais jugé moins dense par nos reporters sur place, on obtient une estimation de près de 17 000 personnes.

Estimation du nombre de manifestants à partir du logiciel en ligne MapChecking.

L’un de nos journalistes sur place a effectué son propre décompte et estimé à plus de 13 000 personnes le nombre de manifestants. Citée par les Dernières Nouvelles d’Alsace, la préfecture du Bas-Rhin avance une participation de 9 500 personnes. Secrétaire adjoint CGT Territoriaux de Strasbourg-Eurométropole, Gilles Dimnet indique que l’intersyndicale évalue à 25 000 le nombre de participants à la manifestation.

Blocages et regain de mobilisation : le résumé de la première journée de grève générale

Blocages et regain de mobilisation : le résumé de la première journée de grève générale

Pour la première journée de grève générale contre la réforme des retraites, la rédaction de Rue89 Strasbourg est mobilisée afin de rendre compte en direct des manifestations et des blocages organisés.

C’est la fin de ce direct. Merci à vous de l’avoir suivi. Ci-dessous, les principales informations à connaître concernant la manifestation du mardi 7 mars contre la réforme des retraites à Strasbourg :

    Selon nos estimations, plus de 15 000 personnes ont participé à la sixième manifestation contre la réforme des retraites. La préfecture avance le chiffre de 9 500 participants. L’intersyndicale annonce 25 000 manifestants. La manifestation fait suite à une matinée de blocages. Dès le début de matinée, des étudiants ont empêché la tenue des cours dans plusieurs bâtiments de l’Université de Strasbourg. Le collectif « On crèvera pas au boulot » a empêché les camions d’entrer et sortir de l’entrepôt Amazon à Strasbourg. À Marckolsheim, une centaine de personnes ont occupé une écluse coupant ainsi la circulation à ce niveau dès 22 heures lundi 6 mars. À Strasbourg et à Mulhouse, les cheminots strasbourgeois ont voté la poursuite de la grève lors d’une assemblée générale intersyndicale dans la matinée du mardi 7 mars. Dans la journée du mercredi 8 mars, la circulation des TER restera donc « fortement perturbée » comme l’indique la direction régionale TER Grand Est. La société SNCF Voyageurs estime qu’en moyenne un TER sur trois circulera en région et que seuls deux trains sur cinq circuleront sur l’axe Est TGV Inoui. Une assemblée générale étudiante a décidé de la poursuite des blocages dans la journée du mercredi 8 mars. Un manifestant a été interpellé aux alentours de 15h30 au niveau de l’agence Groupama de la rue Thomann. Vers 17h30, plusieurs personnes se sont rendues devant le commissariat centrale de police pour le soutenir. Peu avant 18 heures, une trentaine de personnes ont fini par être encerclées par la police.

Suite à l’interpellation d’un manifestant peu après 15 heures, au niveau de l’agence Groupama de la rue Thomann, un rassemblement spontané a commencé vers 17h30 devant le commissariat central de la police nationale à Strasbourg.

Vers 17h30, quelques manifestants se sont rassemblés devant le commissariat central pour protester contre l’interpellation d’un manifestant. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Lors d’une assemblée générale étudiante au palais universitaire, les opposants à la réforme des retraites ont voté la reconduction du blocage de l’Université de Strasbourg. Une quarantaine de personnes se sont portées volontaires pour mettre en place cette action.

Assemblée générale étudiante du mardi 7 mars. Photo : Axelle Auvray

Mardi 7 mars, la présidence de l’Université avait décidé d’annuler les cours dans les bâtiments bloqués et listés ci-dessous.

https://twitter.com/unistra/status/1633015081783947265?ref_src=twsrc%5Etfw

Aux alentours de 16h, le cortège de tête, constituée par les organisations de jeunesse, passait l’arrêt de tram Porte de l’hôpital en scandant : « À bas l’État, les flics et les fachos ! »

Aux alentours de 16h, le cortège de tête, constituée par les organisations de jeunesse, passait l’arrêt de tram Porte de l’hôpital en scandant : « À bas l’État, les flics et les fachos ! »

Plus de 15 000 manifestants selon nos estimations

Selon nos estimations, plus de 15 000 personnes participent à la manifestation du mardi 7 mars à Strasbourg contre la réforme des retraites.

Aux alentours de 15h30, le cortège s’étendait du numéro 1 de l’avenue de la Liberté jusqu’au pont Saint-Nicolas. Il mesurait ainsi 1,8 kilomètre, une taille équivalente aux deux premières manifestations qui avaient rassemblé près de 18 000 personnes le jeudi 19 janvier, puis près de 20 000 personnes le mardi 31 janvier.

Taille du cortège de la manifestation du mardi 7 mars à 15h25.

La différence du nombre de participants provient d’une différence de densité de population au mètre carré. Si le cortège du jour est très fourni à certains endroits, il comporte aussi quelques zones plus vides, notamment entre les cortèges des différents syndicats.

Exemple de « passage à vide » de la manifestation du jour.

En utilisant l’application mapchecking.com, on obtient une estimation de près de 17 000 manifestants.

Estimation du nombre de manifestants à partir du logiciel en ligne MapChecking.

Cette évaluation est basée sur le nombre d’individus présents par mètre carré (que nous avons estimé à 1,25 personnes par mètre carré) rapporté à la surface totale qu’ils couvrent.

L’un de nos journalistes sur place a effectué son propre décompte et estimé à plus de 13 000 personnes le nombre de manifestants. Citée par les Dernières Nouvelles d’Alsace, la préfecture du Bas-Rhin avance une participation de 9 500 personnes.

« Tous ensemble, tous ensemble, grève générale », scandent les manifestants derrière la banderole du syndicat Force Ouvrière.

« Tous ensemble, tous ensemble, grève générale », scandent les manifestants derrière la banderole du syndicat Force Ouvrière. (Vidéo Axelle Auvray)

Julie est aide-soignante à l’accueil des urgences au Nouvel hôpital civil. Elle a 36 ans et déjà des pathologies liées à la pénibilité de son travail. Elle se mobilise au cours d’une journée de repos :

« La rue, c’est notre dernière arme en tant que citoyen français. Le problème, à l’hôpital, c’est qu’on a l’obligation d’assurer les heures mais les soignants sont mobilisés. Notre travail est dur physiquement et mentalement. J’ai 36 ans et déjà deux tassements cérébraux. J’ai commencé à 18 ans et je suis déjà repositionnée en poste d’accueil… »

Julie est aide-soignante à l’accueil des urgences au Nouvel Hôpital Civil : « La rue, c’est notre dernière arme en tant que citoyen français. » Photo : Axelle Auvray

Sandrine est agent administratif. À 55 ans, la secrétaire générale de la section santé sociaux du syndicat Sud aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg exprime sa détermination :

« Je vais reconduire la grève. J’irai jusqu’au bout. On perd des thunes comme tout le monde mais on est dans la rue pour la bonne cause. Dans mon secteur, je sens que tout le monde est assez mobilisé. Je pense que la rue peut faire bouger le gouvernement sinon je serais pas là ! »

Sandrine est agent administratif et secrétaire générale du syndicat Sud des hôpitaux de Strasbourg. Photo : Axelle Auvray

Thierry Gussmann, 59 ans, délégué syndical CFDT dans l’entreprise de fabrication d’ascenseur Otis :

« Moi avec cette réforme, je vais devoir faire six mois de plus. Chez nous, même des jeunes s’investissent dans le mouvement de contestation. Je ne suis pas pour la violence mais je pense que seuls de gros blocages peuvent avoir un impact. Le gouvernement compte sur l’inflation pour faire passer sa réforme mais je suis optimiste parce que je vois qu’il y a du monde et que la mobilisation monte en puissance. On est quand même en démocratie, cette réforme devient tellement indéfendable. S’il faut bloquer l’économie, on ira jusqu’à là et on est capable de le faire. »

Thierry Gussmann, 59 ans, délégué syndical CFDT dans l’entreprise de fabrication d’ascenseur Otis : « S’il faut bloquer l’économie, on ira jusque là. On est capable de le faire. »

À quelques mètres de la place de la République, l’ambiance est festive peu avant le départ de la manifestation.

Ambiance festive peu avant le départ de la sixième manifestation contre la réforme des retraites. (Vidéo Axelle Auvray)

Remise de sa fracture de la cheville, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (EELV) est aussi venue manifester son opposition à la réforme des retraites :

« Je crois qu’on est dans une phase décisive avec la discussion et le débat qui se tient maintenant au Sénat. C’est le moment de ne rien lâcher. Les Françaises et Français ont largement fait savoir à quel point ils sont opposés à cette réforme qu’ils considèrent comme injuste, infondée, antisociale… Il me semble important en tant qu’élue de venir soutenir la mobilisation intersyndicale et citoyenne. »

Luc, 36 ans, travaille chez Siemens et manifeste aux couleurs du syndicat CFTC Métallurgie : « Je suis en manif’ depuis le début. Je n’en ai raté qu’une. J’espère que le gouvernement va finir par nous entendre. Je suis prêt à continuer les manifs autant qu’il faut. Même si je suis jeune, je sais que c’est maintenant qu’on doit se faire entendre. »

Luc, 36 ans, travaille chez Siemens et manifeste aux couleurs du syndicat CFTC métallurgie. Photo : Roni Gocer

Benaissa Benzakour, délégué syndical CGT dans l’entreprise Schaeffler à Haguenau, observe une mobilisation qui se maintient dans son entreprise. Il se dit optimiste pour la suite du mouvement :

« Je pense que c’est possible de convaincre les collègues de reconduire cette grève parce qu’aujourd’hui ils voient bien que la réforme va avoir un impact sur leurs conditions de travail. »

Benaissa Benzakour, délégué syndicat CGT dans l’entreprise Schaeffler à Haguenau. (Vidéo Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc)

Cosecrétaire du syndicat Snuipp-FSU, Agathe Konieczka annonce un taux de 40% d’enseignants grévistes en école élémentaire dans le Bas-Rhin. La moyenne locale est inférieure à la mobilisation nationale dans le même secteur, avec un taux de gréviste de 60% en France :

« C’est le cinquième jour de grève. Les collègues ne sont pas tous partants à cause de la perte de salaire. Au niveau national, certaines organisations syndicales ont acté et appelé à la reconduction de la grève pour toute la semaine. Dans le Bas-Rhin cela n’est pas notre choix, car le mouvement se construit progressivement sur la durée. On a fait des tournées d’école. On a préparé un tract et discuté avec les professeurs. On est bien accueillis, mais chez certains collègues, il y a une résignation. Dans le Bas-Rhin, on remarque qu’il faut que les gens aient le sentiment d’une forte coordination, d’un appel très fort au niveau national. La difficulté c’est aussi le décret Omont qui pénalise le mouvement. Si un enseignant fait grève mardi et jeudi, on nous enlève le mercredi pour la paye. Cela freine des collègues. Lorsqu’une grève longue s’installe (nombreux jours de grève, ou reconduction), au moment de la reprise du travail ou dans le cas d’un conflit qui se solde par une victoire, le retrait des jours de grève entre dans la négociation avec le ministère, avec un étalement dans le temps ou une limitation des retraits des jours de grève. »

Cosecrétaire du syndicat Snuipp-FSU, Agathe Konieczka annonce un taux de 40% d’enseignants grévistes en école élémentaire dans le Bas-Rhin. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

En avance sur l’heure de départ du cortège, Pierrette, 86 ans, n’a manqué aucune manifestation contre la réforme des retraites en 2023. L’ancienne employée de comptabilité assure qu’elle sera aussi de tous les futurs cortèges pour s’opposer au projet du gouvernement d’Élisabeth Borne : « Je trouve que ce n’est pas normal de faire travailler les vieux alors que les jeunes sont au chômage. On dirait que le gouvernement est sourd et aveugle, il ne voit pas ce qui se passe. »

Pierrette, 86 ans, ancienne employée de comptabilité. Photo : Axelle Auvray / Rue89 Strasbourg / cc

Début de la manifestation

Les opposants à la réforme des retraites commencent à se rassembler avenue de la Liberté. Voici le trajet qu’empruntera la manifestation :

Dans la matinée du mardi 7 mars, la boutique de luxe Louis Vuitton était recouverte de peinture noire. Le slogan « Ni patrie, ni patron, ni patriarcat » y a été tagué. L’épicerie fine Maison Artzner, notamment spécialisée dans le foie gras, a aussi été salie.

En fin de matinée, la vitrine du magasin Louis Vuitton était déjà nettoyée.

La maison Artzner est une épicerie fine, notamment spécialisée dans le foie gras. Elle a aussi été recouverte d’une matière noire. Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc
En fin de matinée, la vitrine de la boutique Louis Vuitton était déjà nettoyée.

Opération tractage de la CFDT à Illkirch-Graffenstaden

Une quinzaine de membres de la CFDT mènent ce matin une opération de tractage à côté de l’hypermarché Auchan d’Illkirch-Graffenstaden. Comme l’explique Stéphane Béguin, secrétaire du syndicat construction bois CFDT 67 :

« Cette tractation doit permettre d’informer sur la mobilisation. On ralentit les voitures. On a de bons retours. Même les forces de l’ordre disent être avec nous. »

Stéphane Béguin, secrétaire du syndicat construction bois CFDT 67. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Claudine Béguin, 50 ans, est adhérente CFDT et auxiliaire de vie. Elle décrit les raisons de sa mobilisation :

« Je fais pas beaucoup d’heures chaque semaine. Donc j’aurai très peu de retraite. C’est le cas pour beaucoup de mes collègues : dans ma profession, on a de toutes petites retraites. Ce n’est pas possible de nous faire travailler plus longtemps, de faire le ménage, de déplacer des personnes âgées, surtout pour de si faibles pensions à la fin… »

Claudine Béguin, 50 ans, adhérente CFDT, auxiliaire de vie : « Je fais pas bcp d’heures, j’aurais très peu de retraite. » Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Devant l’entrepôt strasbourgeois d’Amazon, le blocage est toujours en cours. Raphaël fait partie des Gilets jaunes de Strasbourg République. Le militant du collectif « On crèvera pas au boulot » explique la nécessité d’installer une ambiance de révolte :

« On est là ce matin pour participer à un mouvement qui doit être le plus fort possible. Les travailleurs bloquent par la grève. Nous on vient en soutien en bloquant des lieux au cœur de l’économie et symboliques de tout ce qu’on veut changer dans cette société. Je pense que c’est important de multiplier les blocages, les actions et de créer une ambiance insurrectionnelle qui nous permettra d’aller plus loin, en plus du recul sur la réforme des retraites. »

Raphaël est déterminé :

« Si on ne fait rien aujourd’hui, ça sera très difficile ces prochains mois. Il faut soutenir les actions syndicales et organiser plein d’actions de manière autonome. Si les retraités, les précaires, les chômeurs, tous les gens qui ne sont pas dans le monde du travail participent, c’est inarrêtable. Le gouvernement joue sur le pourrissement de la contestation. Mais pour nous, ça peut aller vite si toute la société se met en mouvement. On peut enclencher un nouveau cycle de conquêtes sociales après avoir perdu des acquis. On peut renverser la tendance. »

Raphaël, Gilet jaune de Strasbourg République, veut installer une ambiance insurrectionnelle pour reconquérir les acquis sociaux perdus. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Plusieurs centaines de manifestants autour de Haguenau

Selon Victor, délégué FO chez Alstom à Haguenau, plusieurs centaines de personnes défilent dans la zone artisanale. Elles ont répondu à un appel intersyndical des unions locales à se mobiliser au départ du rond-point devant l’usine Schaeffler. Le cortège installe des barrages filtrants aux ronds-points de la zone et prévoit de continuer ces actions jusqu’à la fin de la matinée en direction de Schweighouse-sur-Moder.

Plusieurs centaines de personnes bloquent les ronds-points de la zone commerciale de Haguenau Photo : doc remis

Une partie de ces personnes doivent se rendre en bus à Strasbourg afin de rejoindre la manifestation prévue en début d’après-midi.

La gare de Strasbourg à l’arrêt

En gare de Strasbourg, le hall central est quasiment vide depuis le début de la matinée.

La gare de Strasbourg est presque déserte ce matin du mardi 7 mars. Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

Une voyageuse allemande, Julia, attendait le train de 9h27. Il n’est jamais passé. Comme l’indiquait Rue89 Strasbourg, aucun TER ne circule en cette journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

Panneau d’affichage en gare de Strasbourg : aucun TER ne circulera le 7 mars. Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

Sur le campus central de l’Université de Strasbourg, les bâtiments de l’Escarpe, l’Atrium, le Portique et le Patio sont bloqués depuis 6h30. Noémie, étudiante en faculté de psychologie et militante du collectif Nous Toutes Unistra, décrit l’organisation de cette action :

« Le blocage a été voté en assemblée générale étudiante vendredi 3 mars. C’est un moyen de discuter avec les gens sur la réforme. On va par exemple organiser une conférence sur la réforme des retraites, avec des professeurs. »

Une trentaine d’étudiants participent au blocage ce matin du mardi 7 mars. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc

Julian, étudiant à Science Po, participe à son premier blocage : « Le rendez-vous était à 6 heures du matin. En moins d’une heure c’était fait. Le blocus permet aux jeunes de venir manifester l’après-midi. Au delà de ça, c’est une action symbolique qui fait parler de la réforme au sein du campus. »

Banderole en cours de confection avant la manifestation. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc

Blocage de la navigation sur le Rhin

Une centaine de personnes ont répondu à un appel intersyndical et occupent l’écluse de Marckolsheim aujourd’hui, selon Philippe Charpentier, délégué syndical CGT pour EDF hydro, joint par Rue89 Strasbourg. La navigation a été coupée dès 22h hier soir et une vingtaine d’occupants ont passé la nuit sur place. Plusieurs péniches se sont mises à l’arrêt en amont et en aval de l’écluse.

Les grévistes ont hissé le drapeau de la CGT à l’entrée de l’écluse
Les occupants répondent à un appel intersyndical
Un chapiteau a été dressé afin d’accueillir les occupants.

Toujours selon M. Charpentier, d’autres écluses sont fermées sur le Rhin en raison de l’absence d’éclusiers, qui se sont déclarés en grève et malgré les réquisitions.

L’appel à la grève étant reconductible, le blocage de la navigation pourrait se poursuivre les jours prochains.

L’Université de Strasbourg a communiqué la liste des bâtiments bloqués ce matin :

https://twitter.com/unistra/status/1633015081783947265

Heure et lieu de départ de la manifestation du jour, services de transport perturbés et cantines fermées… Toutes les informations sur la mobilisation du mardi 7 mars sont sur Rue89 Strasbourg.

Un autre blocage est en cours, à l’Université de Strasbourg. Les entrées de plusieurs bâtiments, dont le Nouveau Patio et L’Escarpe, sont bloquées depuis le début de matinée. Les opposants à la réforme des retraites appellent à se rassembler à 11h30 pour un barbecue. Une assemblée générale est prévue après la manifestation à 17 heures au palais universitaire.

Un autre blocage est en cours à l’Université de Strasbourg. Photo : Document remis

Mathieu Hahn, Gilet jaune et membre du collectif « On crèvera pas au boulot », décrit un autre blocage qui a eu lieu plus tôt dans la matinée au port aux pétroles :

« On a organisé un blocage du port aux pétroles ce matin, suite à l’appel syndical du 7 mars. On s’est retrouvés suite à la réunion de samedi. On a mis des palettes et des pneus sur le rond point d’accès au port au pétrole. Il n’y a qu’un accès. Il y avait une cinquantaine de camions à l’arrêt. Les routiers nous soutenaient. Nous on était une dizaine. On est arrivés à 3h10 sur place. À 6h la police était là. On est partis. »

Mathieu Hahn, Gilet jaune et membre du collectif « On crèvera pas au boulot ». Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Parmi les cinquante participants à cette action entamée à 7 heures du matin, la militante d’Alternatiba et membre du collectif « On crèvera pas au boulot » Zoé Mary, qui dénonce l’entreprise de Jeff Bezos :

« Amazon est une figure de proue des entreprises contre lesquelles on se bat. Elle pratique la fraude fiscale, elle pollue, elle détruit des emplois, est violente avec ses employés. On va bloquer aussi longtemps que possible ce matin puis on ralliera la manifestation de cet après midi. »

Peu avant 8 heures, ils étaient cinquante personnes à bloquer les deux portails de l’entrepôt Amazon à Strasbourg. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Une trentaine de personnes bloquent l’entrée de l’entrepôt Amazon, situé rue Livio à Strasbourg. Le collectif « On crèvera pas au boulot » a été créé spécialement pour cette action. Isabelle Wendling, militante des Gilets jaunes Strasbourg République, décrit la mobilisation :

« On est mobilisés contre la réforme des retraites. On veut aussi lier la bataille sur les retraites à toutes les autres problématiques : augmentation des salaires, l’inflation, les services publics, l’hôpital, l’éducation, et la précarité en général. On veut lutter contre d’autres réformes comme celle de l’assurance chômage. On est sensibilisés à ce que vivent des petites entreprises comme les boulangeries, avec leurs augmentations de charges. »

Blocage de l’entrée de l’entrepôt Amazon dans le cadre de la journée de mobilisation contre la réforme des retraites du mardi 6 mars. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Bienvenue sur ce compte-rendu en direct de la première journée de grève générale, contre la réforme des retraites menée par le gouvernement. Les premières mesures ont été adoptées lundi 6 mars par le Sénat, dont la majorité est à droite (Les Républicains). Le gouvernement a également tenu à garder secrète une note du Conseil d’État sur le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, le véhicule législatif de la réforme des retraites…

Ce mardi 7 mars sera la sixième journée de mobilisation intersyndicale contre cette réforme, qui prévoit notamment d’allonger graduellement la durée de cotisation nécessaire pour se retirer à taux plein, et le recul de l’âge minimum. Faisant le constat que le gouvernement n’entendait pas modifier son projet, les syndicats ont appelé pour ce mardi à la « grève générale. »

Rue89 Strasbourg est mobilisé pour rendre compte ici même des mouvements sociaux dans les entreprises et les services publics, des blocages et des cortèges. Si vous êtes organisatrice ou organisateur d’une action, membre d’un collectif ou simplement témoin d’un événement en lien avec cette journée de mobilisation, merci de nous envoyer vos éléments à redaction@rue89strasbourg.com (en incluant un numéro de téléphone) ou via le formulaire de contact afin qu’ils puissent être relayés sur ce compte-rendu.

La Collectivité européenne d’Alsace, une « maison de la générosité » à géométrie variable

La Collectivité européenne d’Alsace, une « maison de la générosité » à géométrie variable

Généreux pour accueillir la présentation du nouveau guide Michelin à Strasbourg, le président de la Collectivité d’Alsace, Frédéric Bierry, se montre bien plus avare quand il s’agit de venir en aide aux Alsaciens les plus défavorisés de son territoire.

Une semaine qu’il jubile, tout sourire. En tenant un bretzel, un livre de recettes, ou à côté d’une toque géante, Frédéric Bierry donne l’air d’être l’homme le plus heureux d’Alsace. Ce lundi 6 mars, le guide Michelin 2023 est présenté au Palais de la musique et des congrès à Strasbourg et le président de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) savoure. Toujours pas de restaurant trois étoiles en Alsace, certes, mais la cérémonie est un succès médiatique.

À la veille de cet événement phare de la gastronomie française, dimanche 5 mars, le président Bierry n’a pas hésité à décrire la CEA comme une « maison de la générosité », ainsi que le rapportent les Dernières Nouvelles d’Alsace. En effet, la collectivité alsacienne n’a pas lésiné sur les moyens pour accueillir cet événement-phare de la gastronomie française : 390 000 € ont été dépensés pour l’occasion.

Une collectivité en retrait voire absente sur ses compétences

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La FSU confirme la fermeture du lycée Charles de Gaulle de Pulversheim à la rentrée 2024

La FSU confirme la fermeture du lycée Charles de Gaulle de Pulversheim à la rentrée 2024

La Fédération syndicale unitaire Grand Est a appris lundi 6 mars la fermeture de six lycées dans la région pour les rentrées 2024 et 2025. À partir de septembre 2024, les élèves du lycée polyvalent Charles de Gaulle de Pulversheim seront répartis dans quatre établissements aux alentours de Mulhouse.

Dans le cadre de son « Plan lycées », la Région Grand Est a décidé de la fermeture prochaine de six lycées polyvalents ou professionnels. C’est ce qu’a communiqué le recteur de l’Académie de Strasbourg à la Fédération syndicale unitaire (FSU, une fédération syndicale majoritaire chez les enseignants) lundi 6 mars. Un seul est situé en Alsace, il s’agit du lycée polyvalent Charles de Gaulle à Pulversheim, en banlieue de Mulhouse. L’établissement accueillera encore des élèves pour une dernière année scolaire en 2023-2024. Ils seront ensuite répartis dans quatre lycées autour de Mulhouse à la rentrée de septembre 2024.

Contactée par Rue89 Strasbourg, Christelle Willer, vice-présidente de la Région Gand Est en charge de l’éducation, rappelle les raisons énoncées par la collectivité :

« Ce lycée coûte 1 400 euros par lycéen et par an, contre 575 euros en moyenne dans les autres établissements. Le taux de remplissage des classes est de seulement 39%. En général, il y a une baisse démographique dans le Grand Est : en 2010, il y a eu 65 000 naissances contre seulement 53 000 en 2020. Cette baisse aura des répercussions ces prochaines années. Nous devons nous adapter à cette réalité démographique. »

La Région Grand Est fermera le lycée de Pulversheim à la rentrée 2024. Photo : Document remis

« Un choix dogmatique »

Les autres établissements concernés sont le lycée Hurlevent de Behren-les-Forbach, le lycée Jean Morette à Landres, le lycée Simone Veil à Charleville-Mézières et le site de Vivier-au-Court du lycée Jean-Baptiste Clément. Ces derniers fermeront pour la rentrée 2025, avec un « transfert des formations » vers des établissements proches. La FSU Grand Est rappelle que ces fermetures concernent notamment des territoires ruraux :

« Elles mettront en difficulté les élèves et leurs familles contraints à des déplacements plus importants pour se former. »

Christelle Willer assure que malgré les fermetures, les élèves auront d’autres solutions à 10-15 km maximum de leurs anciens lycées : « Nous n’avons pas fermé des établissements dans des vallées enclavées comme celui de Sainte-Marie-aux-Mines par exemple. »

Pour FSU, la baisse des effectifs des lycées professionnels est liée à la loi du 5 septembre 2018 “Pour la liberté de choisir son avenir professionnel”, qui fait la promotion de l’apprentissage :

« La région Grand Est choisit de relayer le choix dogmatique du gouvernement de favoriser, par un soutien financier important, le développement de l’apprentissage aux niveaux bac et pré-bac. Cette orientation va exacerber la concurrence entre les systèmes de formation professionnelle au détriment de leur qualité et de l’accueil des jeunes. »

#Pulversheim