Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Pollution du Rhin après l’incendie d’un centre de tri de déchets industriels

Pollution du Rhin après l’incendie d’un centre de tri de déchets industriels

L’eau utilisée pour éteindre l’incendie d’un centre de tri de déchets industriels lundi 18 juillet s’est en partie déversée dans le canal d’Alsace, connecté au Rhin. La préfecture du Bas-Rhin demande à l’exploitant du site touché de mener des « investigations d’urgence ».

L’incendie d’un centre de tri et de recyclage de déchets industriels, implanté sur le port du Rhin, à Strasbourg, survenu lundi 18 juillet, a provoqué une pollution du canal d’Alsace. Selon un arrêté préfectoral daté du 20 juillet, « les eaux d’extinction de cet incendie n’ont pu être efficacement retenues sur site (…), ces eaux polluées par les produits de combustions et d’extinction ont rejoint la darse proche », laquelle est connectée au Rhin par le canal d’Alsace.

"Investigations d'urgence"

Avec cet arrêté, la préfecture du Bas-Rhin exhorte la Société alsacienne de recyclage et triage de déchets industriels (Sardi), exploitant du site de déchets industriels non dangereux, de procéder à des "investigations d'urgence". En d'autres termes, l'entreprise doit réaliser des prélèvements et des analyses "dans le réseau à destination de la darse, des eaux de la darse, et des sédiments en amont et en aval du point de rejet".

Mesures des eaux souterraines

Des mesures devront également être effectuées dans les eaux souterraines. Il s'agit de savoir si celles-ci ont été contaminées afin de préserver les "captages d'alimentation en eau potable du Polygone". Ce champ captant représente 80% de la production d'eau potable de l'agglomération de Strasbourg, selon Ports de Strasbourg (voir notre article dédié).

L'entreprise devra évaluer la présence de "composés persistants" - des polluants présents dans des matériaux industriels ou produits par la combustion de ceux-ci, qui ont la particularité de se dégrader lentement - dans les eaux environnantes. Les résultats devront être transmis au fur-et-à mesure à l'inspection des installations classées, un service de la Direction régionale de l'environnement (Dreal).

Contactée, la société Schroll, actionnaire pour moitié de la Sardi (la seconde moitié est la propriété du groupe Suez), indique par le voix de sa directrice de la communication, Cyrielle Klein :

"Les prélèvements ont été réalisés. Les analyses sont externalisées et nous attendons les résultats pour le 29 juillet. Ils seront directement communiqués à la Dreal comme le veut la procédure."

2 000 m² brûlés

Le centre de tri de la Sardi, situé au 15 route de Rohrschollen au sud de Strasbourg, traite des encombrants et des déchets industriels (bois, matières plastiques, mousse polyuréthane). Lundi 18 juillet aux alentours de 9h30, un incendie s'est déclaré sur le site dans un contexte de fortes chaleurs. Les flammes ont été circonscrites dans l'après-midi sans faire de victime, mais après la mobilisation d'une centaine de pompiers et d'une quarantaine d'engins.

Une centaine de pompiers ont été mobilisés pour circonscrire les flammes. Photo : Protection civile du Bas-Rhin / Facebook

Sur les 8 000 m² que compte le site, 2 000 ont été détruits relatent les Dernières nouvelles d'Alsace. "Il s'agit d'un stock de bois et d'encombrants qui a pris feu, aucune matière dangereuse n'est touchée", rapporte France bleu Alsace, citant le porte-parole de l'entreprise.

La Fête Nationale met le feu à Ribeauvillé 

La Fête Nationale met le feu à Ribeauvillé 

« Fête d’Alsace », épisode 4 – La petite ville médiévale du Haut-Rhin, Ribeauvillé, a prévu un programme tout feu tout flamme pour célébrer la Fête nationale. Un peu trop de flammes peut-être, les pompiers auront mérité leurs médailles.

À Ribeauvillé, petite ville sur la route des Vins d’Alsace, on adore faire la fête. Après près de deux ans d’interruption, la fête nationale, célébrée ici le 13 juillet, est l’occasion de renouer avec l’art du spectacle, de la camaraderie et de bien-vivre de la ville.  

« La Fête nationale prend tout son sens ici »

Dans un petit cabanon à la peinture blanche écaillée dédié à la vente de vin, Louis finit d’empiler des bouteilles dans un frigo. Le t-shirt rouge qu’il porte est celui du club de foot de la ville, l’AS Ribeauvillé. À 44 ans, il y joue en tant que vétéran. Il est venu filer un coup de main ce soir pour permettre au club de récolter des fonds :

« Ça me tient à cœur de m’investir pour mon club et pour mon village. J’ai déménagé à Ribeauvillé  pour des raisons professionnelles, il y a quelques années et depuis, j’adore cet endroit. La Fête nationale prend tout son sens ici, car on célèbre le village, l’entraide et notre savoir-faire. »

Il ponctue ses paroles en montrant une bouteille de vin blanc d’Alsace avec un regard convenu à son collègue, qui vient tout juste de finir de servir un verre à un premier client. Crâne rasé et également vêtu de rouge, Alessandro a « toujours habité à Ribeau » et ne compte plus le nombre d’années depuis lequel il s’occupe du stand de vin. 

La soirée du 13 juillet permet aux bénévoles comme Louis et Alessandro de récolter des fonds pour le club de foot de Ribeauvillé.  Photo : Danae Corté / Rue89 Strasbourg / cc

Médailles pour un programme « républicain » en entrée

Alors que les fours à tartes flambées commencent à être mis en route, d’anciens membres du conseil municipal sont décorés à la mairie de la médaille d’honneur de Ribeauvillé. Puis, l’Harmonie Vogesia accueille l’arrivée d’une trentaine de pompiers et de leurs camions. En uniforme, ils s’alignent face à l’hôtel de police, au garde-à-vous, pour eux aussi recevoir une volée de médailles. Pour l’ambiance « République », on est servi !

Le garde à vous, mi relâché mi tendu, une fierté de la section locale des pompiers de Ribeauvillé Photo : Danaé Corte / Rue89 Strasbourg / cc

Nathalie, 52 ans, est venue féliciter son fils de 22 ans, Geoffroy. Deux de ses trois enfants sont pompiers, ce qui fait sa fierté raconte-t-elle : 

« À Ribeauvillé, il y a une grande richesse associative, les gens s’engagent beaucoup et se rencontrent par ce biais. Ce soir, c’est l’occasion de leur montrer notre reconnaissance et notre fierté… et bien sûr, on va en profiter pour faire la fête. Ça aussi, on sait bien le faire ici ! »

Nathalie avec une partie de sa famille, prête à faire la fête après les célébrations républicaines Photo : Danaé Corte / Rue89 Strasbourg

Après le passage du dernier pompier, les notes de l’Harmonie Vogésia s’élèvent à nouveau. Flûtes traversières, clarinette, trombone, trompettes… Une quinzaine de musiciens battent ensemble la mesure. Parmi eux, Laure, 26 ans, et Nathan, 21 ans. Ils se sont rencontrés dans l’orchestre et sont tous deux très heureux de pouvoir participer à la fête. « C’est super important pour nous d’être là ce soir, il y a une énergie particulière ».

Il faut savoir que Ribeauvillé a toujours été une ville de musique. Jusqu’à la révolution de 1789, elle a été le foyer de la confrérie des ménestrels d’Alsace. Par la suite, « la Musique de la Garde nationale de Ribeauvillé » a été fondée en septembre 1830, avant de changer de nom pour devenir l’Harmonie municipale Vogesia. Comme beaucoup de ses musiciens, Laure est passée par l’école de musique, l’Ensemble des jeunes, puis a intégré l’Harmonie. « Ça vaut vraiment le coup de venir faire la Fête nationale chez nous. Il y a de la bonne musique, une marche au flambeau, un grand feu d’artifice… C’est l’ambiance fête de village, mais en grand ! », résume Laure en brandissant sa clarinette. 

Ribeauvillé a une histoire étroite avec la musique. Avant 1789, la ville était le foyer de la confrérie des ménestrels d’Alsace.  Photo : Danae Corté / Rue89 Strasbourg / cc

La magie d’une marche aux flambeaux sous un coucher de soleil

À 21h, les participants s’agitent avant le début de la marche aux flambeaux. Les grands s’emparent de torches ressemblant à de longues épées noires, les petits ont droit à des lampions bleu-blanc-rouge. Pompiers en tête, la foule marche en direction de la ville haute. Face aux marcheurs, le château Saint-Ulrich se détache à l’horizon dans un ciel aux nuages teintés d’or et oranges par le soleil couchant. 

Brandissant son flambeau, Julie chemine aux côtés de Noé. Ils ont tous les deux la vingtaine et se sont rencontrés pendant leurs études d’ingénieur, à Metz. Originaire de Ribeauvillé, la jeune fille a insisté pour que son ami vienne assister à l’événement. « Au début, je traînais un peu des pieds pour venir » avoue Noé, « mais en fait, la ville est magnifique et ça rajoute de la magie de la traverser avec des flambeaux. C’est vraiment très sympa, et on n’a même pas encore vu les feux d’artifice ! » 

Si Julie a tenu à ramener Noé ce soir, c’est parce que, pour elle, il n’y a pas de meilleur endroit pour célébrer la Fête nationale :

« Je participe d’aussi loin que je me souvienne. D’abord c’était en famille, avec mes parents, puis entre amis. On voit aussi beaucoup de personnes âgées…Il y en a vraiment pour tout le monde. »

Une opinion partagée par Sébastien, 40 ans, et Sophie, 42 ans, venus de Saint-Étienne avec leurs deux jeunes enfants. Cela fait dix ans qu’ils font la route pour venir passer une semaine de vacances à Ribeauvillé, au moment du 14 juillet et profiter de la beauté de la région. « Moi, ce que j’attends, c’est le feu d’artifice », prévient Louane, leur fille de 11 ans, pendant que son frère Arthur joue avec son lampion. Mais avant que les premières explosions retentissent dans le ciel, place au bal. 

Louane, Arthur et leurs parents font tous les ans la route depuis Saint-Etienne pour passer une semaine à Ribeauvillé, profiter de la fête et de leur famille.  Photo : Danae Corté / Rue89 Strasbourg / cc

Une fête de village XXL

L’Harmonie exécute un dernier morceau avant de laisser la place au DJ, qui attaque avec Le madison, Cette soirée-là, Africa, À cause des garçons… – toutes les générations se pressent sur la piste. À quelques mètres de là, celles et ceux qui font la queue devant les deux fours à tartes flambées se déhanchent déjà en regardant la scène avec envie. D’autres passent de table en table, en apercevant une connaissance qu’il n’avait pas croisée depuis longtemps. 

Une demi-heure avant les feux d’artifices, prévus à 23h30, la place ne désemplit plus. Certains se sont même réfugiés dans les ruelles pour trouver un peu de calme et parfois un peu d’intimité. La buvette est prise d’assaut. « On ne s’attendait pas à autant de monde », murmure un serveur. « Pour les bouteilles d’eau, on attend le ravitaillement, pour les bières, on doit rincer des verres, patientez un peu. » Les habitués se sont reportés dans le bar Saint-Ulrich, de l’autre côté de la place. Là aussi, il y a la queue, mais au moins, ils servent des pintes. 

Quand la première fusée éclaire le ciel, le brouhaha diminue. Au milieu d’une foule composée de près de 2 000 personnes, une petite fille interroge son père : « C’est déjà la nouvelle année papa ? » Amusé, celui-ci lui répond « Non, c’est la Fête nationale, la fête du pays ». Après une hésitation, la petite n’a pas l’air convaincue : « Je comprends pas à quoi ça sert de faire des feux d’artifice si c’est pas la nouvelle année… » 

Or, bleu, rouge, les feux montent de plus en plus haut… avant de s’interrompre sans vraiment de final, après une poignée de minutes. La foule reste un peu silencieuse avant que ne s’exclament des voix : « C’est déjà fini ? », « Je comprends pas pourquoi ils ne les ont pas fait faire partir du même endroit que l’année dernière, on voyait mieux… », « t’as vu un final, toi ? », puis « tu vois pas de la fumée monter de là-bas ? » Les participants n’étaient, en effet, pas au bout de leurs surprises….

Cette année, le Feu d’artifice ne s’est pas vraiment déroulé comme prévu. Photo : Danae Corté / Rue89 Strasbourg / cc

Après les médailles, les pompiers à l’assaut des feux sans artifice 

Une fumée est en train de monter depuis les hauteurs d’où sont partis les feux d’artifice, au milieu des vignes. Deux pompiers ont rejoints les spectateurs sur un promontoire pour suivre de loin l’évolution des opérations. Benjamin, son téléphone à la main, fait le lien entre ses collègues en train d’éteindre les différents foyers et les organisateurs :  

« Ils veulent savoir si le spectacle a des chances de reprendre. Les collègues éteignent tout dans un premier temps. S’ils estiment que la situation est sous contrôle, on pourra relancer. Le feu est parti à cause des retombées des feux d’artifice. Avec les fortes chaleurs qu’on a en ce moment, tout est très sec et peut s’enflammer en un rien de temps. »

À cause de la canicule, les vignes trop sèches se sont embrasées au contact des cendres. Plusieurs foyers ont dû être rapidement éteints par les pompiers entre les deux tirs des feux d’artifice. Photo : Danae Corté / Rue89 Strasbourg / cc

Benjamin avoue qu’un mauvais pressentiment ne le quittait pas depuis le matin, quand les artificiers sont arrivés en retard. Conscient du risque d’incendie, le lieu de lancement a été changé pour permettre aux pompiers d’intervenir rapidement…

Après une petite demi-heure d’interruption, le spectacle peut reprendre. Certains spectateurs haussent quand même un sourcil : « ça ne va pas relancer des incendies ? » Pour toute réponse, de nouvelles détonations retentissent, suivies du crépitement spécifique des feux d’artifice.

Le feu d’artifice était particulièrement bien visible depuis le Passage Jeannelle qui longe les vignes. Photo : Danae Corté / Rue89 Strasbourg / cc

Place aux jeunes

Après six minutes de flashs lumineux, un magnifique final et quelques reprises de foyers, le silence se fait sur Ribeauvillé. Pour les familles et les plus âgés, il est temps de remballer mais les jeunes sont bien décidés à profiter encore de la soirée. Zoé, 16 ans, passe la soirée avec ses amis du lycée, délaissant pour une fois sa famille : 

« Le 13 juillet de Ribeau, c’est vraiment génial. Il y a de la musique, les potes, les feux, de l’alcool… On retrouve nos potes et on fait des rencontres… On peut dire que c’est un bon endroit pour draguer ! Là, on va continuer la soirée, en espérant que les parents ne soient pas trop sur notre dos. »

Zoé, Marine et Margot avec un ami prêts à chauffer le dancefloor Photo : Danae Corté / Rue89 Strasbourg / cc

L’occasion aussi de revoir les anciens amis qui ont déménagé. Baptiste a 18 ans, il fait aujourd’hui ses études à Anger, mais est revenu en Alsace passer ses vacances. Pour rien au monde, il manquerait la fête, explique-t-il :

« Mon vrai chez moi, c’est ici. Les gens sont très proches et très accessibles. On s’en fout de qui vient d’où. On va juste se poser et discuter ensemble et c’est très agréable. »

 Toutes les générations se sont laissées emporter par la playlist de chansons de variétés françaises. Photo : Danae Corté / Rue89 Strasbourg / cc

De retour sur la place, les tables se sont en partie vidées et la moyenne d’âge a affectivement chuté. Pendant que certains participants s’éloignent, titubant, dans les ruelles, la piste de danse est prise d’assaut par les plus jeunes. De son côté, le bar du Saint-Ulrich ne désemplit pas. Adossé à la barrière de la terrasse, un homme aux cheveux blancs couve la scène du regard :

« Ça fait plaisir de voir que les jeunes prennent la relève. Après ces deux années, ils méritent bien de s’amuser ! On remet ça à la Fête du vin, et surtout, au Pfif ! »

Pendant toute la soirée, les Ribeauvillois n’ont cessé de faire référence au Pfifferdaj, la célèbre Fête des ménétriers qui a lieu le premier week-end de septembre. Du vin, des chars, des saltimbanques et un nouveau bal. Encore mieux que ce soir, disent-ils. Le rendez-vous est pris. 

Une partie des sans-abris évacués avant le feu d’artifice de retour place de l’Étoile

Une partie des sans-abris évacués avant le feu d’artifice de retour place de l’Étoile

Neuf jours après l’évacuation du camp de l’Étoile, onze sans-abris sont de retour au même endroit. Les familles se plaignent d’intimidations au « centre d’aide pour le retour » de Bouxwiller, lequel nie toute implication. 

L’hébergement au centre de Bouxwiller aura été de courte durée. Depuis 17h30 mercredi 20 juillet, onze personnes sans-abri sont de retour avec leurs tentes au milieu de la place de l’Étoile. Mercredi 13 juillet, les quelque soixante personnes présentes dans ce camp avaient été évacuées avant le feu d’artifice. Après une nuit dans le gymnase Branly, une trentaine de personnes avaient été orientées vers le « centre d’aide pour le retour de Bouxwiller ». 

Une fois sur place, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) a accordé des hébergements à certaines personnes, notamment celles relevant du statut de demandeurs d’asile. Elles ont été relogées à travers le Grand Est, dans des centres à Nancy, Metz, Colmar et Strasbourg. Selon un militant venant en aide aux migrants, une famille afghane aurait obtenu un hébergement près de la station de tram Saint-Florent, une famille syrienne serait logée près de l’université. 

Mais pour ces onze Macédoniens de retour place de l’Étoile, la situation est beaucoup plus floue. Jeudi matin, elles ont raconté leur histoire à l’occasion d’une conférence de presse organisée par l’association D’ailleurs nous sommes d’ici. Tous les propos ont été traduits en anglais par une jeune fille de 14 ans vivant sur place, Seda. 

Les parents de Seda déplacent leur tente à l’ombre sur la place de l’Étoile à Strasbourg le 21 juillet 2022. Photos : Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg

Panique à Bouxwiller

La jeune fille détaille leur arrivée à Bouxwiller : 

« À notre arrivée à Bouxwiller, le patron du centre est venu nous parler. Il nous a expliqué que c’était un hébergement d’urgence pour deux semaines et qu’ensuite, on serait logé ailleurs. Mais lundi, il nous a dit qu’il fallait qu’on retourne en Macédoine. Mon père a essayé de lui expliquer notre situation, mais il nous a répondu qu’il n’écouterait pas, qu’il n’avait pas le temps. Nous attendons une réponse de la demande d’asile mais il nous a dit qu’il y avait 99% de chances que notre demande soit rejetée et qu’on allait être renvoyés en Macédoine. Il a fini par rétorquer à mon père “Prenez votre famille et dégagez” avant de le menacer d’appeler la police. »

Contacté par Rue89 Strasbourg, le chef de service du centre de Bouxwiller, Farid Amrani, nie avoir jamais tenu de tels propos : 

« C’est absolument faux. Il n’a jamais été question de police. Des personnes des associations sont venues les chercher sans nous expliquer pourquoi ni venir en discuter avec nous. Ces familles auraient encore pu rester dans notre centre, au moins jusqu’à la réponse sur leur demande d’asile. »

Sagbe et Radosalov, deux Macédoniens de retour sur la place de l’Etoile. (Photo LL / Rue89 Strasbourg).

Gabriel Cardoen, militant pour les droits des réfugiés, confirme être venu chercher ces familles au centre de Bouxwiller sans avoir échangé avec le chef de service :

« Les familles m’ont appelé complètement stressées en me demandant de venir les récupérer. Elles m’ont dit avoir été intimidées par le chef du centre et elles craignaient que la police ne vienne les chercher pour les renvoyer directement. »

Toutes les personnes sans-abri présentes sur la place de l’Étoile n’ont pas le même statut administratif. Pour Seda et sa famille, la police ne peut pas les renvoyer, puisqu’une demande d’asile est en cours d’examen.

« J’ai l’impression de lire le même livre en boucle »

Une déception accrue se lit sur le visage des parents de Seda jeudi matin. Cette famille de Roms a été victime de persécutions en Macédoine. Fikri Ali, le père, tend des documents jalonnant leur parcours administratif, dont le dernier en date : un récépissé d’examen de la demande d’asile daté de juillet 2022. 

La famille macédonienne montre tous les documents de leur parcours administratif. Photo : LL / Rue89 Strasbourg

Seda souligne qu’aucun autre rendez-vous n’a encore été fixé avec l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) pour le moment : 

« C’est comme une bombe. On ne s’attendait pas à ça, on est très déçu. Cela aurait été mieux de nous laisser place de l’Étoile, c’est une très mauvaise expérience. J’ai l’impression de lire le même livre en boucle, c’est continuellement la même histoire. On n’en peut plus, au final après 60 jours, on se retrouve à nouveau ici sans savoir ce qu’il va se passer. Mais je préfère quand même vivre dans ces conditions que de retourner en Macédoine. »

Un appel à la solidarité citoyenne

Antonio Gomez, président de l’association D’ailleurs nous sommes d’ici a insisté sur la responsabilité de la Ville de Strasbourg et de la préfecture du Bas-Rhin, qui devraient héberger les sans-abris au plus vite selon lui. Il lance un appel aux citoyens pour aider ces familles : 

« Il faut venir les voir. Leur apporter à boire ou à manger ou même simplement passer discuter, dire bonjour. Ils ont besoin de soutien après ces mois de galère. »

Antonio Gomez, président de l’association D’ailleurs nous sommes d’ici. (Photo Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg).

À Hautepierre, « à huit dans un trois pièces, sous 40 degrés, sans isolation ni clim, c’est insupportable »

À Hautepierre, « à huit dans un trois pièces, sous 40 degrés, sans isolation ni clim, c’est insupportable »

À Hautepierre, la canicule met en évidence les difficultés d’un quartier particulièrement minéralisé où une partie du logement social reste mal isolé et les espaces de fraîcheur quasi-inexistants.

« D’habitude, à cette période de l’été, il y a plein d’enfants sur les parkings qui jouent au foot. Là, il n’y a personne », lâche Ayyoub, coach sportif, depuis le local de l’association Animation, Médiation, Insertion (AMI). La structure est implantée depuis 20 ans au cœur de la maille Eleonore, l’une des plus vétustes de Hautepierre. Quand Ayyoub plonge dans ses souvenirs des étés passés, il plante son regard vers l’extérieur. Mais il n’y a rien à regarder. Il est 15 heures, le thermomètre tutoie les 40 degrés, et les volets sont fermés. La même scène se répète sur tous les bâtiments des environs.

Fenêtres fermées, ventilateurs à fond

Au centre de la place Erasme, où le béton règne en maître, une poignée d’enfants ont fui leurs appartements pour se réfugier sous l’ombre d’un arbre. Il n’y fait pas beaucoup plus frais, mais ils peuvent partager un bissap, ce jus d’hibiscus originaire d’Afrique de l’Ouest, en s’échangeant des blagues. Non loin de là, Ismail, 53 ans, sans activité depuis qu’il a connu un accident du travail, est sorti prendre l’air vers 16h30 :

« Moi ça va, je supporte. Mais quand on est huit dans un trois pièces, sous 40 degrés, sans aucune isolation ni clim, comme chez moi, c’est insupportable. On fait ce qu’on peut en fermant les fenêtres. On fait tourner les ventilateurs à fond, même si ça fait augmenter la facture d’énergie qui est de plus en plus chère, mais c’est une question de survie. On a déjà alerté le bailleur sur cette situation, mais rien n’est fait. On a l’impression d’être délaissé. »

Un quartier parmi les plus minéralisés de Strasbourg

À Hautepierre, les routes, les places bétonnées et les parkings constituent l’essentiel de l’environnement autour des barres d’immeubles de cinq à huit étages. Il y a bien quelques arbres, le long des routes, et autour des blocs, du gazon en partie brûlé l’été. Mais ces rares espaces végétalisés sont insuffisants pour constituer des ilots de fraicheur. De plus, il n’existe aucun point d’eau public sur le secteur.

Selon une évaluation commandée par la Ville, le quartier Cronenbourg-Hautepierre-Poteries-Hohberg présente le deuxième « indice de canopée » le plus faible de Strasbourg. Cet indice correspond au pourcentage du quartier qui est recouvert par la cime des arbres. Dans le cadre du plan Canopée, la municipalité écologiste cherche à végétaliser davantage l’espace public.

Le centre socio-culturel est implanté sur la place Léopold Sédar Senghor, quartier Hautepierre, Strasbourg. Photo : NC / Rue89 Strasbourg / cc

En 2021, un « oasis de fraîcheur » avait été installé par la Ville sur la place Léopold Sédar Senghor, en face du centre socio-culturel, lieu de vie central du quartier. Cette année, l’association Horizome a installé, du mercredi 29 juin au dimanche 8 juillet, un « café végétal » sur cette même place, où les habitants pouvaient se rendre dès le milieu d’après-midi et jusqu’au soir, de mercredi à dimanche.

Piscine ou bataille d’eau

Lorsque la chaleur atteint 38°C, comme c’était le cas mardi 19 juillet, les jeunes de tout le quartier convergent vers la piscine de Hautepierre. Accessibles contre cinq euros pour un adulte et trois euros pour un enfant, les deux bassins sont vite saturés en temps de canicule. « Il y a beaucoup d’affluence. À 17h, il y a 940 personnes à la piscine, pour une capacité totale de 1 300 personnes. Sur la journée on dénombre 1 520 entrées », affirme Steeve, agent d’accueil à la piscine de Hautepierre.

La queue devant l’établissement a découragé Loïc, un éboueur de 31 ans, d’aller se baigner avec son fils, Valentin. Ils compensent comme ils peuvent en s’adonnant à une bataille d’eau en règle, avec pistolets et courses-poursuite. « Je n’habite pas le quartier. Je suis passé voir ma mère qui habite Brigitte (l’une des mailles qui n’a pas encore été rénovée, NDLR), pour voir si tout allait bien. Il n’y a pas d’endroit pour se rafraîchir, donc les personnes âgées sont obligés de rester chez eux. C’est important d’être vigilant », relate Loïc.

Des personnes se rafraichissent à Hautepierre en jouant à la bataille d’eau. Mardi 19 juillet 2022. Photo : Nicolas Cossic / Rue89 Strasbourg / cc

Un constat que partage également Wahiba Ahmed-Yahia, médiatrice familiale à l’association AMI :

« Les personnes âgées sont enfermées dans leur appartement. Elles sortent très tôt le matin, pour faire des courses, mais après on ne les voit plus. C’est inquiétant parce qu’à Éléonore, il n’y a aucune isolation et il peut faire vraiment très chaud dans les logements. On avait le projet d’acheter des petites piscines gonflables et de les installer derrière le local de l’association pour que les gens viennent se rafraîchir, mais ça ne s’est pas fait, faute de budget. »

Wahiba est médiatrice familiale et Ayyoub est coach sportif. Ils proposent aux famille de Hautepierre des activités, une aide dans leurs démarches, et une médiation. Photo : NC / Rue89 Strasbourg / cc

« Dès qu’on rentre tout est sombre »

À Hautepierre, certains habitants bénéficient d’un logement plus adapté aux canicules. Les mailles Jacqueline, Catherine et Karine ont bénéficié, entre 2009 et 2013, d’un premier programme de rénovation financé à hauteur de 155 millions d’euros. La création de pistes cyclables et d’allées piétonnes, la démolition de dix bâtiments et la réhabilitation de plusieurs immeubles – avec travaux d’isolation – ont permis à ce secteur de « respirer », selon les mots employés par plusieurs habitants du quartier. Ils décrivent des appartements qui restent frais, même quand les températures explosent, du moment que les volets sont fermés.

Vers 18h30, Nestat (2e à gauche) s’extrait de son appartement avec ses amis pour prendre un peu d’air derrière le centre commercial Photo : NC / Rue89 Strasbourg / cc

Les autres mailles, comme Éléonore et Brigitte, souffrent beaucoup plus de la chaleur. Waïl, 18 ans, est animateur au centre socio-culturel Le Galet. Il n’est pas habitant du quartier, mais il le connaît bien, pour l’avoir souvent arpenté :

« Quand on regarde autour de soi, ici à Catherine, les bâtiments sont blancs, gris, les couleurs sont claires. Là-bas, à Éléonore, dès qu’on rentre, tout est sombre, les immeubles sont gris et serrés les uns contre les autres. C’est étouffant. »

« Je ne peux pas me protéger »

À Éléonore, par exemple, la façade du bâtiment numéro 31 est couverte de tuiles en zinc noir. Dans la cage d’escalier aux murs vert amande, la chaleur est de plus en plus intense, amplifiée par un puits de lumière surmonté d’une simple tôle en plastique au plafond. Derrière une porte kaki, au quatrième étage, Robouanti, sans activité, 50 ans, la sueur au front et le pas lourd, déroule :

« Il n’y a pas du tout d’isolation. J’ai des volets cassés, je ne peux pas les fermer. Je ne peux pas me protéger. Dedans il fait chaud mais dehors c’est encore pire ! Si il y avait une fontaine ou quelque chose comme ça, on pourrait sortir, avec les enfants. Mais là, il n’y a rien pour les enfants, donc on ne peut pas les laisser seuls à la maison et sortir. Les lacs sont trop loin et la piscine est remplie. Il y avait bien un petit jardin à côté, mais il a été délaissé, on ne peut plus y aller. La seule chose à faire : c’est boire de l’eau, et attendre que ça passe. »

Un projet de rénovation à venir

Face à ces épisodes de chaleur qui s’intensifient chaque année, le tissu associatif local réagit et met en place des dispositifs pour adoucir le quotidien sous canicule des habitants de Hautepierre. L’association AMI, grâce à un financement municipal, a pu emmener, en bus, une cinquantaine de personnes à des plans d’eau, tous les lundis, notamment à celui de Benfeld, le 18 juillet. Les jeunes de l’AJFH (association des jeunes footballeurs de Hautepierre), ont « tourné dans le quartier toute la journée pour distribuer de l’eau à la sortie des magasins, aux arrêts de tramway », d’après Sébastien Govi, animateur.

De gauche à droite : Salimata, Waïl, Wafa. Tous les trois sont animateurs au centre socio-culturel Le Galet et encadrent la « tournée des mailles », un moment d’activités et de sortie pour les enfants du quartier Hautepierre. Photo : Nicolas Cossic, Rue89 Strasbourg

Enfin, le centre socioculturel propose « la tournée des mailles », de 15h30 à 19h30. C’est un moment visant à proposer des activités aux enfants du coin, de la boxe au théâtre en passant par le coloriage. Le van orange et les tentes bleues ont été installés dans le seul parc aménagé de Hautepierre, situé à l’arrière du centre socio-culturel. Salimata, 24 ans, encadre l’opération :

« Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Avec la canicule, on s’adapte juste. On évite les activités sportives et on propose du bricolage, des exercices d’expression, des jeux de société. Il y a moins de monde avec la chaleur, mais ça permet aux gens de sortir s’aérer en fin de journée. »

Pendant la canicule, les activités proposées lors de la tournée des mailles sont adpatées. Au programme : atelier expression, dessin, bricolage. Photo : Nicolas Cossic, Rue89 Strasbourg

En mars 2020, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine a validé le second programme de rénovation du quartier. L’organisme finance une partie des 123 millions d’euros qui devraient être engagés. Selon les informations transmises par la Ville, 6 500 mètres carrés de parc et d’espaces verts seront aménagés à Hautepierre, avec l’extension du Petit Bois, situé aux abords de la maille Brigitte, et la création d’un parc central au milieu de Éleonore. Les deux mailles devraient être traversés par une « allée paysagère piétonne et cyclable » d’est en ouest. Sur le volet logement, certains bâtiments vont être détruits et d’autres seront rénovés. Les travaux dans les mailles Brigitte et Éleonore devraient débuter fin 2022 pour une « entrée en service » courant 2023.

Strasbourg ajoute « capitale du livre » à sa collection de titres

Strasbourg ajoute « capitale du livre » à sa collection de titres

L’Unesco a décerné à Strasbourg le titre de capitale mondiale du livre pour l’année 2024, récompensant ainsi un engagement de la Ville pour fédérer un écosystème autour de l’édition et de la lecture en général. La municipalité écologiste alloue 4,5 millions d’euros sur trois ans à cette opération appelée « Lire notre monde. »

Déjà capitale européenne, capitale des droits de l’Homme, capitale de Noël, capitale du vélo… Strasbourg sera en 2024 capitale mondiale du Livre, selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). L’organisme s’est dit « impressionné » dans un communiqué publié mercredi matin par la volonté de la Ville de Strasbourg d’utiliser le livre comme « moyen de relever les défis de la cohésion sociale et du changement climatique. »

Lors d’une conférence de presse mercredi, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (EE-LV) a précisé :

« L’enjeu de cette candidature c’était de montrer que le lien très fort de Strasbourg à la lecture n’est pas seulement son patrimoine très riche. Le livre est vivant à Strasbourg. Il a son public. C’est une ville lectrice et amoureuse des livres, avec un écosystème formidable d’écrivains, d’illustrateurs et de maisons d’édition. »

La médiathèque André Malraux, principal équipement de la politique du libre de Strasbourg et métropole Photo : Rue89 Strasbourg / cc

Une nouvelle médiathèque au Port du Rhin

Cet écosystème très riche – Strasbourg compte 40 maisons d’édition par exemple – sera néanmoins abondé par 4,5 millions de subventions en trois ans, (un million d’euros en 2022, un million d’euros en 2023 et 2,5 millions d’euros d’avril 2024 à avril 2025) afin de développer ou d’accélérer des projets culturels. Le dossier de l’opération intitulée « Lire notre monde » cite notamment un soutien à de nouvelles formes d’écritures (spectacles, numériques, collectives, participatives…), des opérations pour développer les publics et notamment les jeunes, une nouvelle médiathèque au Port du Rhin, l’acquisition d’un bibliobus pour les quartiers, un nouveau portail de services en ligne, etc.

« Lire notre monde » est structuré autour de cinq thématiques : les idées, la création, les droits de l’Homme, l’écologie et les enfants. Outre la Ville, l’opération va mobiliser l’Université de Strasbourg, l’Éducation nationale mais aussi la Caisse d’allocations familiales (CAF), le Service de probation et d’insertion pénitentiaire (Spip), les Hôpitaux de Strasbourg… La démarche est également soutenue par la Région Grand Est, le ministère de la Culture et les organisations professionnelles de l’édition et des auteurs.

Strasbourg est la 24e ville désignée capitale mondiale du Livre, après Accra (2023), Guadalajara (2022) mais aussi Madrid (2001), New Delhi (2003) ou Bogotá (2007), mais elle est la première ville française. La série des principales célébrations doit débuter le 23 avril 2024, lors de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur.

L’extension vers l’ouest du tram inquiète à Koenigshoffen, attendue à Wolfisheim

L’extension vers l’ouest du tram inquiète à Koenigshoffen, attendue à Wolfisheim

En 2025, la ligne de tram F ira jusqu’à Wolfisheim, en permettant de mieux desservir l’ouest de Strasbourg et notamment le quartier de Koenigshoffen. Certains habitants se disent satisfaits, quand d’autres ne se sentent pas écoutés ou manquent d’informations sur le projet.

« Arrêtez d’emmerder les gens ! », « On n’a pas confiance en vous ! » Voilà la tonalité des messages que certains riverains ont exprimé à la municipalité écologiste dans la soirée du mardi 12 juillet au foyer Saint-Paul dans le quartier de Koenigshoffen. Lors de cet « atelier participatif » organisé par la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg à propos de l’extension du tram F dans Koenigshoffen, jusqu’à Eckbolsheim puis Wolfisheim, l’ambiance était électrique.

Mardi 12 juillet, élus et bureau d’études présentent les aménagements définitifs autour de ce projet tram Photo : DL / Rue89 Strasbourg

Alors que la maire Jeanne Barseghian, Alain Jund (vice-président de l’Eurométropole en charge des mobilités) et Pierre Ozenne (adjoint référent du quartier Koenigshoffen) et les représentants du bureau d’études ont détaillé le projet, une bonne moitié de la centaine de personnes présentes a fait part de son mécontentement toute la soirée, par des interventions, des invectives et beaucoup, beaucoup de soupirs.

Relier Wolfisheim au centre-ville de Strasbourg

Qu’est-ce qui provoque tant d’exaspération ? En 2025, la ligne F du tram doit être prolongée au-delà de l’arrêt Comtes pour passer par le quartier du Hohberg, le quartier des Poteries, atteindre Eckbolsheim et se terminer à Wolfisheim, à l’entrée de la commune, au niveau du rond-point et non loin du Super U. Ce sont un peu moins de quatre kilomètres de ligne et huit stations supplémentaires pour un coût estimé à 80 millions d’euros.

Une concertation réglementaire a eu lieu en janvier-février 2021. Elle a abouti à un premier tracé (en jaune dans la carte ci-dessous) :

Photo : document Ville de Strasbourg à retrouver sur participer.strasbourg.eu

Puis le tracé a été modifié après des réunions de concertation qui ont eu lieu à l’automne 2021 et au printemps 2022. Objectif : faire baisser le trafic sur la route des Romains et inciter les habitants de l’ouest de Strasbourg à laisser leur voiture pour venir à la gare et au centre-ville en tram. Le projet inclut aussi divers aménagements pour sécuriser les trajets cyclistes et piétons, et prévoit de rénover certains espaces.

Toutes les captures d’écran sont tirées du document « Atelier participatif du 12 juillet » présenté par la ville ce soir-là

La crainte : des reports de trafic et un résultat nul

Mais certains riverains craignent les conséquences de ces aménagements. Rue des Capucins, une petite artère au sud de la route des Romains après le supermarché Auchan Koenigshoffen, une association de riverains fulmine de voir une partie de la route des Romains passer en sens unique (entre les rues Terence et César Julien) et une partie de la rue des Capucins changer de sens.

Ne pouvant plus aller vers l’ouest sur un tronçon de la route des Romains, les automobilistes prendront des voies alternatives, affirme Vincent Duval, président de l’association Les Capucins verts, rencontré en amont de la réunion publique : 

« Automatiquement, les voitures passeront par la rue des Capucins. Nous craignons fortement une hausse de trafic dans notre petite rue qui est déjà dangereuse. Il y a une école, une maison de retraite et une maison d’enfants de la fondation d’Auteuil. Nous ne pouvons pas encaisser ce report de trafic. »

Le résumé de la situation par Vincent : en orange, le tracé du futur tram. En noir, le futur sens de circulation sur la route des Romains et la rue des Capucins.

« Cette concertation ne sert à rien »

Selon les données de la Ville de Strasbourg, la route des Romains voit passer 11 200 voitures par jour. La rue des Capucins est empruntée par 1 500 véhicules quotidiens sur la portion actuellement en sens unique. Vincent dénonce une « fausse concertation » à propos des aménagements : « On nous a proposé une seule option et il n’y avait plus rien à faire ».

Vincent Duval aurait aimé que les sens de circulation soient discutés avec les riverains Photo : DL / Rue89 Strasbourg

Pourtant, huit ateliers participatifs ont eu lieu entre septembre 2021 et mars 2022. Les élus présents mardi soir ont rappelé que les habitants avaient eu leur mot à dire et se sont réjouis de « la participation en hausse à ces moments d’échange » selon Alain Jund. Les Strasbourgeois ont pu également donner leur avis sur la plateforme dédiée participer.strasbourg.eu.

La plupart des riverains qui sont intervenus ont indiqué partager les objectifs de lutte contre le « tout-voiture » et de baisse de la pollution. Mais quand les flux changent juste devant chez eux, cela les inquiète.

Les projections : des baisses de trafic de 50%

À propos de la rue des Capucins, qui cristallise nombre de mécontentements exprimés, Jeanne Barseghian a répété que d’après les projections de la Ville, le trafic devrait baisser de manière globale. La maire a annoncé aussi que cette rue deviendra « rue-école », avec un accès des voitures limité aux heures d’entrée et de sortie d’école.

Selon les documents présentés, le trafic baisserait de 50% sur le tronçon Térence-Capucins et de 55% sur le tronçon Petites fermes – Schnokeloch. Sur le passage à sens unique de la route des Romains, la Ville envisage une charge de 4 900 voitures (au lieu de 9 770 à ce jour), et sur le tronçon suivant, maintenu à double sens, 7 300 véhicules par jour (au lieu de 11 000 à ce jour).

Document Ville de Strasbourg

Les élus martèlent qu’une série d’aménagements amènera une baisse de trafic et un « report modal » (un changement dans le choix de son moyen de locomotion). Le développement du réseau express métropolitain et du réseau cyclable ainsi que la mise en place d’un « nœud multimodal des Forges, » au nord du quartier, doivent aussi aspirer une partie du trafic pouvant se rediriger sur tous les axes (nord, sud, est, ouest).

Document Ville de Strasbourg

Manque de place, rodéo urbain et lignes de bus

D’autres prises de parole ont révélé un certain scepticisme sur les aménagements. C’est le cas pour la rue Virgile, une large artère qui sépare un quartier résidentiel de la cité du Hohberg. Une dame se demande comment la voie pourra accueillir un tram dans les deux sens, un trottoir et une piste cyclable ainsi que des arbres et « ce dont ils auront besoin de terre pour survivre ». Le représentant du bureau d’études lui assure que tout a été calculé et que six mètres d’emprise sont prévus pour les arbres.

Le président de l’association HK Virgile s’inquiète aussi d’une grande avenue qui offre déjà un « boulevard aux motos et autres rodéos urbains ». La dame « implore » de « casser cette grande ligne droite ». Alain Jund répond que la configuration de cette voie peut être « retravaillée ».

Le futur aménagement de la rue Virgile et du parvis du CSC. Photo : Document Ville de Strasbourg

D’autres riverains essayent de comprendre comment les lignes de bus vont être « redéployées », pour emprunter les mots de la Ville. Certaines portions de bus (70, 50 et 4a) disparaissent au profit du tram.

Des Wolfisheimois moins remontés

Et puis il y a ceux du bout de la ligne : les Wolfisheimois sont moins remontés. Élise, enseignante et mère de famille du centre-village, jointe par téléphone, se réjouit de le voir arriver :

« Ce sera vraiment pratique pour mes filles d’être reliées à la ville. Et si on déménage, je me dis que ça apportera une plus-value à la maison… »

Élise ne s’est cependant pas rendue aux réunions publiques. Ce qui n’est pas le cas de Nicolas, qui habite au sud de Wolfisheim, à l’opposé de la future station. Il salue l’arrivée du tram :

« Je le prendrai s’il y a un parking relais tram, des emplacements pour les vélos etc. L’idéal, ce serait que les automobilistes du coin, notamment de Holtzheim, arrêtent de passer par Wolfisheim et prennent le tram. »

Le tram est arrivé à Koenigshoffen, ici route des Romains, en 2020. Il doit s’y prolonger pour favoriser une moindre utilisation de la voiture Photo : DL / Rue89 Strasbourg

Les oubliés de la cité du Hohberg

Pourtant, il y a de grands absents lors de cette réunion publique. Concernés au premier chef, aucun riverain de la cité du Hohberg (les rues Tite-Live, Horace, Tacite…) ne semble présent ou n’a pris la parole.

Rencontré au pied des tours de la rue Virgile, sur la « rive » en face du centre socio-culturel, Samad, un jeune homme souriant explique qu’il n’était « pas du tout au courant » des concertations publiques à propos du tram. « De toute façon ce genre de trucs, ça a toujours lieu au centre-ville, ils devraient les faire au centre socio-culturel », lâche-t-il avant d’apprendre que des réunions ont justement eu lieu au CSC.

L’objectif présenté : créer des espaces « parvis ouvert », « square » et « jardin », favoriser la circulation des piétons entre les rues Marc Aurèle et Virgile et entre le parvis du CSC et celui de l’église St-Jean-Bosco (transformé en jardin), créer une voie mixte rue Virgile pour cyclistes, piétons et voiture, avec priorité des piétons sur les voitures.

« Depuis que j’ai le permis, je fais tout en voiture »

Mais peu importe, Samad ne se sent pas concerné par les transports en commun : « Depuis que j’ai le permis, je fais tout en voiture. Le tram, il y a trop de monde et moins de liberté ».

Son voisin Giovanni, grignotant des pistaches assis sur une chaise de camping, se demande un peu si la rue est assez large pour accueillir le tram. Il est sceptique sur les améliorations car « il y a déjà le bus 4 », mais attend de voir :

« Ça pourra être pratique de prendre le tram avec ma femme et mes enfants, et surtout, on sera sûr d’avoir les transports : quand le bus se fait caillasser, il ne passe plus chez nous pendant des semaines. C’est déjà arrivé, et ça nous oblige à pousser jusqu’à l’arrêt Poteries. Pour les mamans avec courses ou poussette, c’est compliqué. »

Sa femme Cynthia ne voit pas trop en quoi le tram serait mieux que le bus 4 et craint que les horaires étendus d’un tram par rapport au bus amène « plus de monde, plus de squatteurs » aux arrêts tard le soir. Elle n’a pas fait part de ses inquiétudes à la municipalité puisqu’elle n’avait pas connaissance des réunions de concertation.

Agnès (à droite) et sa voisine n’ont que peu entendu parler des aménagements autour de l’extension du tram F Photo : DL / Rue89 Strasbourg

Celles-ci étaient annoncées par des tracts dans les boîtes aux lettres, tout comme les premières informations sur le tram et les options de tracé. « Je pense que les gens jettent ça comme de la pub », estime Agnès, voisine de Cynthia. « Moi c’est grâce au courrier que j’étais au courant que le tram passerait bientôt par ici, mais je n’ai pas vu cette histoire de réunions ».

Entre Agnès et Cynthia, la doyenne Fresia pousse une exclamation en apprenant sur le moment que le tram F est étendu et passera dans sa rue : « Ah bon ? C’est plutôt une bonne nouvelle, à voir ce que ça donne », dit-elle du bout des lèvres.

Devant le CSC, à deux pas des immeubles de Giovanni, Cynthia et leurs voisins, un panneau encourage les citoyens à participer Photo : DL / Rue89 Strasbourg

Début des travaux en 2023

Plus loin, rue Engelbreit, où passera le futur tram avant de s’engager dans la rue Virgile, Aziz tient un salon de coiffure. Il suppose que cet aménagement sera « plutôt positif » pour son commerce mais il s’inquiète d’un manque de places de stationnement. Lui, c’est par les grands panneaux placés à chaque bout de la rue qu’il a appris l’extension de la ligne F. En revanche, il n’avait pas non plus connaissance des réunions et des concertations.

Les ateliers et les concertations se sont achevés avec cette dernière réunion publique du 12 juillet, qui se voulait « conclusive ». Prochaine étape : une enquête publique en novembre 2022, dont le contenu « est en cours d’instruction », indique la Ville. Il s’agit d’un stade réglementaire lors duquel le public est tout d’abord informé de cette enquête par annonces dans les journaux et affichages, et par tout autre moyen facultatif (internet, bulletins municipaux, panneaux lumineux). Il peut ensuite consulter le dossier en mairie et présenter des observations orales ou écrites, voire des suggestions ou contre-propositions.

Suivra alors une déclaration d’utilité publique et un début des travaux en 2023. L’information des citoyens doit se poursuivre avec notamment des « Stammtisch ». Les nouvelles stations devraient être mises en service en novembre 2025.

Après les très faibles scores aux élections et la Nupes, le PS du Bas-Rhin cherche sa boussole

Après les très faibles scores aux élections et la Nupes, le PS du Bas-Rhin cherche sa boussole

L’accord et le résultat de la Nupes ont profondément divisé le Parti socialiste. Le premier secrétaire Thierry Sother, opposant à l’accord de la Nupes, et la conseillère régionale Linda Ibiem, qui l’a soutenu échangent leurs perspectives et exposent les désaccords qui subsistent.

Où va le Parti socialiste ? Plus que tout autre parti de la coalition de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), le PS a affiché ses déchirements sur cet accord à gauche, qui lui permet de disposer de 31 députés.

Dans le Bas-Rhin, Thierry Sother et Linda Ibiem s’étaient affrontés pour la direction de la fédération du parti à la rose. On retrouve ce clivage au sujet de la Nupes. Élu premier secrétaire départemental en octobre 2021, Thierry Sother avait voté contre l’accord. La conseillère régionale depuis 2021, Linda Ibiem, l’a au contraire soutenu. Elle estime que les Socialistes doivent d’abord débattre entre eux de leur positionnement et réaffirmer leur appartenance à la gauche. Thierry Sother se dit aussi favorable à l’union de la gauche mais il estime que les Socialistes doivent y occuper une plus grande place.

Le parti se dirige vers un congrès, en fin d’année 2022 ou début 2023, qui va redéfinir les dirigeants et la ligne du parti, y compris localement. Opposés en 2021, Linda Ibiem et Thierry Sother ne tirent pas les mêmes conclusions. Mais ils s’accordent sur un point : « Le PS n’a pas assez travaillé », le parti pourrait changer de nom et il doit davantage dialoguer avec les autres formations de gauche. Reste à trouver la manière d’y parvenir.

Lisez la suite pour 1€ seulement

    Jouez un rôle actif dans la préservation de la pluralité médiatique Plongez en illimité dans nos articles et enquêtes exclusives Participez librement à la discussion grâce aux "identités multiples"

Je m'abonne 

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous

Trams et bus gratuits mardi à cause d’un nouveau pic d’ozone

Trams et bus gratuits mardi à cause d’un nouveau pic d’ozone

Face au dépassement du seuil d’information du taux d’ozone pour la deuxième journée consécutive, l’Eurométropole de Strasbourg met en place, à partir de mardi 19 juillet, la gratuité des transports en commun ainsi que des réductions pour la location des vélos en libre service « Vélhop ».

L’association agréée pour la surveillance de la qualité de l’air Grand Est (Atmo Grand Est) a estimé ce lundi 18 juillet que le taux d’ozone dans l’atmosphère allait dépasser le seuil d’information et de recommandation pour la deuxième journée consécutive mardi 19 juillet. Ce seuil est franchi à partir de 180 microgrammes d’ozone par mètre-cube relevés en moyenne horaire dans l’atmosphère.

Des tarifications spéciales pour les transports

En réponse à la pollution, le plan d’actions de l’Eurométropole de Strasbourg prévoit plusieurs mesures pour diminuer les trajets en voiture. Les trams et les bus sur tout le réseau de la CTS seront gratuits à partir de mardi. Les cars interurbains bénéficieront aussi d’un forfait spécial « pollution air » à 2,50 euros l’aller-retour sur tout le réseau 67 de la Région Grand Est.

Les trams et bus seront gratuits ce mardi 19 juillet. Photo : Evan Le Moine / Rue89 Strasbourg

Pour les amateurs de vélo, les stations Vélhop mettent en place un tarif réduit à 3 euros la journée dans les boutiques Centre, Gare, Université, Koenighshoffen et Schiltigheim.

Des recommandations sanitaires et comportementales

Certaines personnes sont particulièrement sensibles à la pollution, notamment les femmes enceintes, les nourrissons et jeunes enfants, les personnes âgées, les personnes souffrant de troubles cardiaques ou respiratoires, ou encore les personnes asthmatiques. Pour se protéger, Atmo Grand Est a recensé les bons gestes à suivre lors des pics. Il est conseillé de :

    limiter les activités physiques, en extérieur et en intérieur, limiter les déplacements sur les grands axes routiers et à leurs abords aux périodes de pointe,ne pas hésiter à se rapprocher d’un médecin ou d’un pharmacien face aux symptômes suivants : essoufflement, sifflements dans la respiration, palpitations.

Pour suivre l’évolution de la qualité de l’air sur le territoire dans les prochains jours, vous pouvez vous rendre directement sur le site d’Atmo Grand Est.

Comment l’État a aidé ArcelorMittal à échapper à la justice après des pollutions en Moselle

Comment l’État a aidé ArcelorMittal à échapper à la justice après des pollutions en Moselle

Après avoir été condamné à 150 000 euros d’amende pour des pollutions d’un affluent de la Moselle, la peine d’ArcelorMittal a été baissée en appel à 50 000 euros avec sursis jeudi 7 juillet. Pendant plusieurs années, la police de l’Environnement n’a pas réalisé les tests nécessaires pour tenter de comprendre l’origine de ces pollutions.

La pollution de la Fensch ne coûtera pas un centime à ArcelorMittal. Jeudi 7 juillet, la cour d’appel de Metz a relaxé le géant mondial de la sidérurgie pour un épisode de pollution survenu le 12 août 2019 dans ce cours d’eau qui traverse la ville de Florange, au cœur du bassin minier et industriel de la Moselle.

En première instance, le 5 janvier 2021, ArcelorMittal avait été condamné à 150 000 euros d’amende pour ces rejets toxiques émanant de sa cokerie. Une cokerie est une usine qui fabrique, à partir du charbon, du coke, un résidu de carbone utilisé ensuite dans les hauts fourneaux pour produire la fonte. La cour d’appel a toutefois confirmé la condamnation de l’industriel pour avoir attendu pendant trois ans, de mai 2016 à novembre 2019, avant de réaliser, comme le préfet l’avait ordonné, une étude structurelle des risques de pollution du site. Mais ArcelorMittal n’est finalement sanctionné que d’une amende de 50 000 euros avec sursis.

Selon l’ancienne procureure de la République de Thionville en charge de l’enquête sur ces pollutions, contactée par Rue89 Strasbourg, les juges ont considéré « qu’il n’y avait pas d’éléments pouvant laisser penser que la société aurait été responsable de la pollution du 12 août 2019 ».

Lisez la suite pour 1€ seulement

    Jouez un rôle actif dans la préservation de la pluralité médiatique Plongez en illimité dans nos articles et enquêtes exclusives Participez librement à la discussion grâce aux "identités multiples"

Je m'abonne 

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous

Incendie d’OVH : les extensions successives ont oublié de renforcer la sécurité incendie

Incendie d’OVH : les extensions successives ont oublié de renforcer la sécurité incendie

Un rapport d’expertise d’un nouvel organisme de l’État sur les risques industriels livre une analyse des circonstances de l’incendie qui a frappé le datacenter d’OVH à Strasbourg, en mars 2021. Parmi leurs conclusions, les experts pointent notamment la non-conformité des installations. Les extensions des bâtiments successives auraient du s’accompagner d’un renforcement de la sécurité incendie.

C’était la nuit du 10 mars 2021. À 0h35, une première alarme incendie retentit et marque le début de l’incendie du site strasbourgeois d’OVH, numéro un français de l’hébergement de données pour sites internet, implanté sur le site industriel du port. Au cours de la nuit, les flammes détruisent l’intégralité du bâtiment numéro deux, lieu du départ de feu, abritant un datacenter, et endommagent deux autres bâtiments adjacents. La propagation de l’incendie n’est stoppée qu’à 10 heures du matin par la centaine de pompiers présents.

Bilan : 3,6 millions de sites web sont momentanément désactivés. Des entités institutionnelles, des médias, des partis politiques, des associations et une myriade d’entreprises sont touchés. Certains clients qui n’avaient pas souscrit à l’offre de sauvegarde automatique, appelée « back-up », ont perdu définitivement leurs données.

Le Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels (BEA – RI) a enquêté sur les circonstances du sinistre, et livré ses conclusions le 24 mai 2022. Cet organisme a été créé en décembre 2020 à la suite de l’incendie de Lubrizol, une usine classée Seveso à Rouen, en septembre 2019 dans le but d’éclaircir les accidents industriels et de formuler des recommandations.

Lisez la suite pour 1€ seulement

    Jouez un rôle actif dans la préservation de la pluralité médiatique Plongez en illimité dans nos articles et enquêtes exclusives Participez librement à la discussion grâce aux "identités multiples"

Je m'abonne 

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous

Les miss grenouille redorent l’identité de Herrlisheim-près-Colmar

Les miss grenouille redorent l’identité de Herrlisheim-près-Colmar

« Fêtes d’Alsace », épisode 3 – Près de Colmar, les Herrlisheimois ont longtemps subi leur surnom de «grenouilles ». Aujourd’hui, ils en sont fiers et depuis vingt ans une fête qui célèbre le batracien lance début juillet la saison des « fascht » du territoire. Clou du dimanche après-midi : l’élection de miss Grenouille qui attire des candidates de tout le Haut-Rhin.

Nous y voilà. Une banderole accrochée au pont qui enjambe la rivière de la Lauch annonce la fête de la Grenouille, elle a commencé vendredi, et nous sommes dimanche après-midi, donc en fin de réjouissances. Les éclats de sono qui viennent du cœur d’Herrlisheim-près-Colmar indiquent que les animations battent encore leur plein.

Un des temps forts de la manifestation a d’ailleurs lieu cet après-midi : l’élection de miss Grenouille. Les rues sont vides sous le cagnard, plus de 35°C, mais dans le parc dédié à la fête, de grands barnums sous lesquels ont été disposées bancs et tables protègent de l’insolation. 

L’importance des colliers de rose

Le podium où défilent les miss est lui en plein soleil. Mais les jeunes filles marchent le teint frais avec des robes colorées et un collier de fausses fleurs roses au cou. On en retrouve beaucoup portés par les participants : pour deux euros on s’habille d’un accessoire de fête et on fait aussi un don à l’Areme, une association qui aide les enfants atteints de cancer. 

À l’ombre de l’ancienne école ménagère (on y reviendra), Antoine, cheveux et barbe blanche avec quelques tatouages, étale avec soin la pâte sur sa crêpière. Avec sa femme, ils sont originaires de Haguenau, mais font la tournée des fêtes alsaciennes en proposant crêpes, glaces italiennes et gaufres. Les gourmandises en marge de manifestations, c’est de famille. Le papa faisait déjà ça, et le fils d’Antoine est aussi dans la partie : mais son week-end qui s’annonçait florissant est tombé à l’eau, il devait régaler les festivaliers des Eurockéennes de Belfort mais la tempête a emporté les tentes, inondé le terrain et annulé deux jours de concerts.

Antoine en revanche fait le bilan d’un week-end réussi. Après deux éditions annulées, villageois et touristes ont retrouvé avec joie ​​le chemin de la « s’Freschà Fàscht » et le goût des sucreries d’Antoine et Denise. « Cela fait dix ans qu’on vient et les gens sont vraiment sympas ici, après toutes ces années on les connaît, cette dame à qui j’ai dit au revoir, tous les ans elle vient manger ses cinq glaces ». « Elle est gourmande et elle a le droit », appuie Denise .

Pris dans le coup de feu, le couple n’a rien vu, même pas les feux d’artifices, « il y avait tellement de monde à servir », mais ils ont quand même profité de l’ambiance et Antoine l’assure en souriant : « Si c’est comme ça tous les ans, je dors ici jusqu’à l’année prochaine ».

Antoine et Denise servent crêpes, gaufres et glaces italiennes à la fête à la grenouille depuis 10 ans. Chaque année, ils retrouvent les habitués.Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Plus loin, assis sous une tente, David a appuyé ses béquilles sur la table. Il allonge sa jambe pour préserver un peu son genou. « Les ligaments croisés », grimace le footeux qui s’est blessé sur les terrains du village. Le club aux couleurs blanc et bleu affiche, bien sûr, une grenouille sur son blason. D’habitude le logisticien de 42 ans assure la sécurité avec les pompiers volontaires, mais à cause de sa blessure, il a plutôt profité des trois jours de fête au calme. Avec Sonia, sa femme, ils sont entourés d’enfants, de leur fille et plusieurs de ses copains :

« Il y a eu foule, des gens du village, mais aussi pas mal de personnes venues d’ailleurs. Hier à 22 heures, ils ont dû arrêter de laisser rentrer car il y avait trop de monde. On vient à chaque fois : on est natifs d’ici, on s’est connus ici, mariés ici et on a construit ici. »

En attrapant une bière aux fruits rouges bien fraîche apportée par le père de Sonia, ils précisent que plus jeunes, ils faisaient toutes les fêtes estivales du secteur, mais ont ralenti depuis qu’ils sont parents. Maintenant c’est un petit tour à la Foire aux vins de Colmar, le gros événement du coin, et sinon la Fête de la grenouille, un passage obligé :

« Dimanche, l’entrée est gratuite, il y a peut-être plus de monde du village. On travaille tous les deux à Colmar, cette fête c’est aussi l’occasion de revoir et de parler avec des amis qu’on ne croise pas souvent même si on habite dans le même village. » 

Beaucoup de générations se croisent à la fête Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Sonia a bien dansé lors de la soirée « pink » vendredi soir, sur les morceaux des années 80-90. Hier, c’était deux salles deux ambiances, d’un côté les D’Hardtwälder, pour ceux qui kiffent la volksmusik et la variété et de l’autre Dr Boost : « comment vous ne connaissez pas Dr Boost ? », s’étonne David. Ce DJ draine les foules et met le feu à la scène depuis des années, du Bitcherland au Sundgau.

Notre conversation est interrompue par une voix dans le micro. Elle annonce la troisième épreuve pour les candidates à l’écharpe de Miss grenouille 2022. Direction le podium, ou plutôt juste derrière le jury. Il est composé de sept personnes : anciennes lauréates, maire et adjointe, et le chef des pompiers : ils ont déjà évalué les candidates sur « beauté, charme », « sourire, ambition », voici venu le temps d’apprécier leur « dialogue, allure, discours ».

« Ma petite grenouille »

Pas de référence particulière à la grenouille. C’est un concours de miss comme ceux qui ponctuent les fêtes de village, miss Cerise ou miss Carpe frite. Quoique… Audrey tente de faire vibrer la fibre locale et lance au jury et au public :

« Je suis ici devant vous car ma mère m’appelle “ma petite grenouille” depuis que je suis petite, alors pourquoi pas rajouter un titre de miss à ce petit nom. »

Mais pourquoi ce symbole de la grenouille ? Ce batracien est associé aux habitants d’Herrlisheim-prés-Colmar. Habillé d’un béret, de lunettes de soleil et d’une chemise ouverte multicolore, le maire depuis 2020, Laurent Winkelmuller est à l’origine de cette manifestation née en 2001 :

« Ce territoire avait pas mal de prairies, souvent humides, inondées et qui regorgeait de grenouilles. Quand les villageois des alentours venaient chez nous, ils disaient qu’ils allaient chez les grenouilles. À l’époque, ça ne plaisait pas trop mais finalement les gens du village se sont finalement approprié ce sobriquet. »

Le maire Laurent Winkelmuller fait un selfie devant les miss et l’équipe d’animation Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Aujourd’hui avec le réchauffement climatique, les vraies grenouilles doivent être bien rares. Mais nous avons pu quand même en observer dans les assiettes et sur des tartes flambées fumantes juste sorties du four. Un couple nous a gentiment proposé de goûter la « fraschflamm », une tarte flambée aux grenouilles. Verdict : c’est bon ! Un goût entre le poisson et le poulet et avec un petit goût d’escargot dû à la persillade. 

Bonne bouffe et musique live

Le maire, 49 ans et aussi le patron d’un resto du village, est un enfant d’un couple de bouchers-charcutiers. Il a toujours été engagé en politique, au conseil municipal et dans la vie culturelle de son village. Avec deux troupes de théâtre et un festival de l’humour, Herrlisheim-près-Colmar tient à garder une programmation fournie par rapport aux municipalités qui entourent Colmar détaille l’élu local :

« Avec la fête à la grenouille, on lance la saison des fêtes qui se déroulent en juillet dans le vignoble. C’est un rendez-vous très familial mais on axe bien aussi sur la qualité des musiciens. Proposer de la musique live, c’est important à nos yeux. »

Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

La fête se déroule dans le parc de l’ancienne école ménagère, explique Jean-Louis, 73 ans, très chic en tenue de lin et chapeau. Pendant des décennies, ce genre d’établissements formait les filles à devenir des épouses conformes au modèle rêvé du patriarcat : cuisine, couture, propreté du foyer, « bonnes manières »… Les lieux ont été rachetés par la commune en 1986. Jean-Louis, ex-élu de la municipalité, a participé à la création de la fête de la grenouille :

« Au début des années 2000, elle avait lieu dans l’ensemble du village, c’était très animé. Je suis juste venu aujourd’hui pour l’élection des miss. Les autres jours c’est peut-être plus pour les jeunes. » 

Confiance et rigolade

Retour sur le podium : la douzaine de miss qui est venue de tout le Haut-Rhin continue de se présenter. Laura, 20 ans, de Mulhouse ose d’une voix un peu hésitante :

« Je suis timide et si je suis là, c’est aussi pour m’aider à prendre confiance. Comme vous le voyez aussi, j’ai quelques kilos en plus, mais j’ai envie de montrer que les femmes fortes et rondes sont aussi belles que les autres. »

Des applaudissements nourris viennent saluer cette mignonne déclaration. Laura a déjà réussi son défi. La numéro 11 est plus cash  : « Cet été mon objectif c’est de tourner dans les fêtes de village : de la grenouille, de la patate, de la bière ! Tout ce que vous voulez … et de boire des bières ! » s’amuse-t-elle. Le public approuve. 

Les miss descendent et défilent au milieu des tables. C’est maintenant le temps de faire les totaux et de dépouiller les votes du publics. L’animateur reprend le micro et lance à la cantonade : « J’aimerais bien que les candidates invitent les gens du village à danser. On est dans une fête de village alors on s’amuse et on danse. » L’orchestre D’Hardtwälder a déjà lancé les notes d’un remuant morceau de oumpapa.

« L’Alsace est multiculturelle »

Sur scène les miss dansent avec des enfants ou des anciens. C’est là qu’on mesure que la fête de la grenouille rassemble toutes les générations et profils. Des couples qui pourraient participer à Danse avec les stars, d’autres plus maladroits mais qui s’amusent tout autant.

Une fille voilée virevolte au milieu des danseurs son portable à la main tandis que son voile blanc ondule en cadence. Sa sœur, Jouweira, est candidate. Cette jeune fille de Mulhouse a 21 ans a déjà brigué la couronne de miss Alsace. Et a remporté cette année le titre de deuxième dauphine de Miss Cerise à Pfastatt. L’étudiante en lettres modernes aime les livres et l’écriture : elle a déjà écrit trois romans pour ados, dont un a été publié, mais elle aime aussi beaucoup ces concours :

« J’aime beaucoup le défilé et la prise de parole en public. Et j’apprécie aussi de rencontrer des gens, j’ai fait de belles rencontres dans le public, on a bien rigolé. »

Celle qui se projette déjà dans l’élection de miss pays de Thann en septembre loue l’accueil. Sa sœur qui porte le voile l’accompagne souvent dans les fêtes rurales, raconte la Mulhousienne issue d’une famille d’origine algérienne : « On ne sent pas de décalage. Faut pas s’arrêter au cliché des villages alsaciens fermés. L’Alsace est multiculturelle. » 

Jouweira, candidate à miss Grenouille 2022 et deuxième dauphine de miss Cerise 2022 Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Un petit garçon casquette, lunettes, et maillot de l’équipe de France passe en trombe, en lui lançant au passage un furtif mais décidé : « Vous êtes très belle », qui illumine le visage de Jouweira. Mais c’est insuffisant pour remporter la couronne. C’est la miss numéro 7, Rachelle Pasquier, qui est sacrée miss Grenouille 2022.

Rachelle Pasquier a remporté le titre de miss Grenouille Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Générations fascht

La deuxième dauphine, est la copine d’un des garçons de Herrlissheim, qui l’a emmené tout à l’heure sur la piste de danse. Il est désormais avec sa bande de potes et semble plus à l’aise ici. Les ados ont été des réjouissances depuis le vendredi soir. Ils sont tous dans des lycées différents et profitent du week-end festif pour se retrouver comme Oscar, 16 ans, le résume :

« Passer un bon moment avec de la bonne musique, des bons amis et un verre à la main… Là on va trouver un coin à l’ombre et se poser, on est sorti jusqu’à une heure du matin hier. Et on s’est levés il y a pas très longtemps. »

Pour l’instant ils sont encore à la Lisbeth. Théo, mécanicien agricole, est le seul à avoir 18 ans. Il dit être un habitué des fêtes du secteur durant l’été. Il se projette déjà plus loin, en octobre et à Münich, pour l’OktoberFest, les autres le regardent avec envie, alors : « je vais bientôt avoir mon permis, je vous emmènerai. »

Mais les plus anciens du village ne se font pas prier pour venir. Astrid et Alfred, 74 et 79 ans, sont là depuis 11h30, originaires de Strasbourg, cela fait 44 ans qu’ils vivent à Herrlisheim. Leurs enfants ont grandi, quitté le village, ils les voient souvent. Pour le couple de retraités, la fête est un passage obligé de l’été. Astride plaisante :

« On vient surtout pour l’élection de la miss et les repas. Ça m’évite de cuisiner ! La tourte à la grenouille c’est excellent mais quand il faut décortiquer tout cela ! Et puis on est à la retraite, on vit aussi à l’extérieur du village, on se sent un peu seuls : ce genre de rendez vous c’est une bonne occasion de se croiser. »

Fréquentation record

Laurent Tschaen, un des organisateurs qui a animé notamment le concours de miss, souffle près de la buvette. Il sourit à la question du bilan et se réjouit qu’il n’y ait aucun débordement. Fin mai des heurts à la fête du cochon d’Ungersheim ont forcé les organisateurs à annuler la dernière soirée.

« C’est énorme cette année, ça a été presque ingérable, on a dû limiter les entrées. On a une fréquentation record, 30 à 40% en plus par rapport aux autres éditions. Il faut dire qu’il fait beau temps, les gens ont encore plus besoin de sortir et de faire la fête. Et même si ils ont dû faire la queue à la buvette – on avait l’impression d’être à Europapark parfois – ils râlaient pas, ils étaient contents d’être là, de se retrouver pour faire la fête. »

Chacha et glace à l’italienne

Retour sur la piste de danse car les valses sont lancées.  « C’était un dimanche qu’il faisait chaud à Herrlisheim / mais comment l’oublier ? / C’était un soir de fête / une jolie guinguette/ tout le monde dansait », le chanteur reformule un célèbre tube de Franck Mickael, la star des thés dansants. Un couple se propulse sur la piste, d’une élégance extrême. Elle, robe noire ajustée, lui, lunettes de soleil, chemise noire et pantalon blanc. Au rythme et à la fluidité des pas, on reconnaît les habitués. À la fête de la grenouille, David qui ne fait pas ses 70 ans, est déjà venu et il a voulu emmener Muriel, 61 ans, sa femme. Ce qui l’intéresse, c’est la danse, toutes les danses, ils dansent environ 30 heures chaque semaine : chacha, valse, salsa, etc…

« J’aime bien l’ambiance ici. Et aussi les glaces à l’italienne, j’adore ça. Mais alors pas question de manger les grenouilles, les pauvres bêtes. Je suis déjà énervé quand les cigognes les chassent dans mon jardin… Bon, on vous laisse : on file dans un autre village pour continuer à danser ! »

Le groupe  D’Hartwälder s’est lancé il y a dix ans. L’été c’est la tournée des fêtes de village, ils alternent   oumpapa germanique et variétés en ciblant plus particulièrement les danseurs, qui se recrutent plutôt chez les anciens. Marco, le batteur estime que ce genre de fêtes estivales font partie du patrimoine et qu’il faut les préserver : 

« Autrefois, il y avait les kilbes (foires) dans les villages, tout le monde sortait, mais aujourd’hui ça n’intéresse plus. Les fêtes comme celle de la grenouille permettent de retrouver cette convivialité. On a un public qui nous suit, plutôt chez les plus âgés, ça se comprend, car il y a peu d’animations pour eux, et à la télé, disons le clairement, ils se font chier. C’est ce qu’on veut avec notre musique : les faire sortir. Et grâce à ces fêtes, c’est possible. »

#Herrlisheim-prés-Colmar

Usine à Lauterbourg, extraction à Soultz, prospection en Outre-Forêt… L’Alsace, future terre de lithium ?

Usine à Lauterbourg, extraction à Soultz, prospection en Outre-Forêt… L’Alsace, future terre de lithium ?

L’entreprise Viridian a annoncé la construction d’une usine de raffinage de lithium à Lauterbourg. Une première en France. Opérationnelle d’ici fin 2025, le groupe affiche la volonté de devenir un acteur indispensable de la production de lithium pour l’Europe.

Il y a encore un an, personne n’avait entendu parler de Viridian. Et pour cause, l’entreprise strasbourgeoise n’existait pas. Immatriculée en tant que société en novembre 2021, Viridian a annoncé le 7 juin 2022 construire la première usine de production de lithium en France à Lauterbourg.

L’or blanc des batteries

Surnommé « or blanc », le lithium est un métal naturellement présent sur terre. Il est contenu dans des minerais ou bien dans des saumures. Une fois extrait, ce nouvel or blanc est ensuite raffiné afin de le transformer en carbonate de lithium ou bien en hydroxyde de lithium. Ces éléments sont des composants essentiels à la production de batteries, notamment à destination de voitures électriques.

Viridian a prévu de s’implanter au niveau des ports de Lauterbourg, appartenant au Port Autonome de Strasbourg (PAS). Rémy Welschinger, PDG de l’entreprise, explique ce choix :

« À Lauterbourg, nous avons un accès privilégié sur le Rhin. Le site est déjà grandement aménagé et possède tous les permis industriels nécessaire, excepté ceux sur le plan chimique. De quoi faire avancer rapidement le projet. »

Posséder en amont les permis industriels permet d’éviter de réaliser des études d’impact. Un vrai gain de temps pour l’industriel. 

Un calendrier serré

Deux grandes étapes attendent encore Viridian avant de pouvoir lancer définitivement sa production d’hydroxyde de lithium d’ici fin 2025. Dans un premier temps, l’entreprise a lancé une étude de faisabilité financière sur les douze prochains mois. Une fois les résultats obtenus, l’objectif est de récupérer les fonds nécessaires durant le second semestre 2023. Le coût total de l’usine est estimé entre 160 et 180 millions d’euros. Le chantier devrait débuter fin 2023 et durer environ deux ans.

D’ici fin 2025, Viridian compte produire 25 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an. « Concrètement, avec 25 000 tonnes d’hydroxyde de lithium on peut construire environ 500 000 voitures de type citadine », explicite Rémy Welschinger.

À l’horizon 2031, l’objectif affiché est d’ouvrir trois lignes de production supplémentaires sur le site ce qui multiplierait le rendement par quatre et permettrait d’atteindre 100 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an. En atteignant cette capacité de production, Viridian pourrait répondre à environ 20% du marché européen aux alentours de 2030. D’ici une dizaine d’année, la demande européenne en lithium est estimée à 500 000 tonnes par an, soit plus que la production mondiale actuelle qui s’élève à 475 000 tonnes sur une année.

La volonté d’avoir la plus faible intensité carbone 

Derrière ces objectifs, il y a l’ambition de devenir le leader mondial dans la production d’hydroxyde de lithium. Là où Viridian veut se démarquer de ses concurrents, c’est par sa production faiblement émettrice en carbone. Cela commence par le choix de la matière première. 

Il y a deux manières d’extraire le lithium brut dans le monde. La première consiste à prélever du minerai via des mines, notamment en Australie et en Amérique latine. Le problème, c’est que la concentration de lithium est assez faible, aux alentours de 1%. Et l’extraction est très énergivore. Cette technique représente 60% de l’approvisionnement mondial.

La seconde méthode repose sur l’extraction de saumure et se fait principalement en Amérique latine. Concrètement, la saumure et un mélange d’eau et de différents éléments chimiques dont le lithium. Une fois extraite, elle sèche pendant plusieurs mois à l’air libre formant ainsi ce qui ressemble à des marais salants. Ce procédé est cinq fois plus propre que l’extraction minière.

Ensuite, vient le raffinage du lithium en hydroxyde de lithium. Viridian souhaite se fournir en saumures, la méthode, moins énergivore. Et pour la transformation à Lauterbourg, qui nécessite des traitements chimiques et de grandes quantité d’électricité, le groupe compte s’appuyer sur le mix énergétique français. La production d’électricité dans les centrales nucléaires françaises est considéré comme faiblement émettrice de CO2. « À travers ces choix d’approvisionnement en matière première associés au mix énergétique français, nous allons produire l’hydroxyde de lithium avec la plus faible intensité carbone au monde. Nous pensons vraiment apporter une solution réaliste », souligne le PDG de Viridian. 

Un marché en pleine expansion

En s’implantant à Lauterbourg, Viridian deviendra la première usine de production de lithium raffiné en France. À ce jour, 60% du lithium est raffiné en Chine. « L’industrie du lithium n’existait pratiquement pas il y a 20 ans. C’est un peu comme le pétrole au XXe siècle. La majorité des gens creusait dans le sol à la recherche de l’or noir. Les plus malins avaient compris qu’il fallait contrôler le raffinage. C’est un peu la même chose aujourd’hui », confie Rémy Welschinger.

Le 8 juin, le Parlement européen a voté un texte actant l’interdiction de la vente de véhicules thermiques en 2035. De quoi ravir la filière du lithium et des voitures électriques. Or, l’Union Européenne n’extrait quasiment pas le nouvel or blanc dans ses sous-sols. Elle est complètement dépendante de ses importations.

La France possède des réserves de lithium, notamment en Alsace, en Auvergne et en Bretagne. Cependant, aucune exploitation n’existe à ce jour. Jusque-là, il n’y avait pas de réelles opportunités économiques, le marché du lithium étant assez récent. Viridian devra donc s’approvisionner en Amérique latine.

L’Alsace : future filière de lithium ?

En décembre 2021, les premiers kilos de lithium de qualité batterie ont été extraits et produits en Alsace au cours du projet expérimental EuGeLi à Soultz-Sous-Forêts. « L’objectif du projet était d’extraire le lithium de l’eau souterraine avant de la réinjecter tout en exploitant la ressource géothermique », indique le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

Cette expérimentation faisait partie d’un projet sur trois ans visant à développer la production de lithium dans la zone du fossé rhénan, en France et en Allemagne. Les premiers résultats évoquent un gisement de lithium d’envergure qui pourrait garantir 10 à 30% des besoins européens de 2030.

Le nord de l’Alsace en particulier est un secteur à fort potentiel géothermique. Cette zone recèle de saumures géothermales contenant du lithium. Plusieurs entreprises dont Électricité de Strasbourg et Lithium de France SAS se montrent intéressées par l’exploitation de la zone. À ce titre, Électricité de Strasbourg bénéficie d’un permis exclusif de recherches de substances minérales de lithium via un arrêté rendu le 4 avril 2022 par le ministère de l’Économie. Pour une durée de cinq ans, l’entreprise va pouvoir rechercher du lithium sur une surface de 423 km2.

Zone définie dans l’arrêté du 4 avril octroyée à Électricité de Strasbourg dans le cadre d’un permis de recherche de lithium Photo : Source : « Demande de Permis Lithium d’Outre-Forêt« 

Deux bémols pour le lithium alsacien

Des perspectives d’approvisionnement plus local pour l’usine Viridian ? Rémy Welschinger se montre prudent. Selon lui, il y a deux bémols à court terme pour le lithium alsacien, notamment du fait de l’utilisation de la géothermie pour remonter la saumure. Le PDG de Viridian fait part de ses réserves :

« Dans les cinq années à venir, la quantité de lithium extraite sera minime. Il faut faire les choses proprement. La façon dont se sont soldés les forages de Fonroche en déclenchant des séismes est plus que dommageable. Et puis les saumures alsaciennes sont cinq à dix fois plus pauvres en lithium que celles provenant d’Amérique du Sud. Pour le moment, aucun procédé ne laisse entrevoir une stabilité financière à la filière alsacienne. J’espère me tromper mais pour l’instant, je vois les choses ainsi. »

La majorité des sans-abris de la place de l’Étoile envoyés dans un « centre d’aide pour le retour »

La majorité des sans-abris de la place de l’Étoile envoyés dans un « centre d’aide pour le retour »

Après une nuit à l’intérieur du gymnase Branly à Strasbourg, la préfecture a déplacé la majorité des sans-abris du camp de l’Étoile vers le « centre d’aide pour le retour » à Bouxwiller.

Ce mercredi 13 juillet en début de matinée, les services de la préfecture et une dizaine d’agents de la police nationale s’activaient autour et à l’intérieur du gymnase Branly. Les 65 occupants du camp de l’Étoile y ont passé la nuit, après l’évacuation du camp de l’Étoile mardi 12 juillet au soir. La majorité d’entre eux sont montés dans des navettes qui les ont conduits au centre d’aide pour le retour, situé à Bouxwiller.

Dans un reportage publié en janvier 2022, Rue89 Strasbourg s’était rendu dans cette structure pour donner la parole aux migrants qui s’y trouvaient. « Au gymnase, ils nous ont dit qu’il ne fallait pas s’inquiéter, qu’ils allaient nous reloger et qu’il n’y avait pas de problème », racontait alors un père de famille, qui n’est resté que quelques heures à Bouxwiller. « Mais une fois là-bas, j’ai vite compris qu’ils nous proposaient de rentrer dans notre pays d’origine, et ça, je ne veux pas », complète-t-il.

Les demandeurs d’asile montent dans la navette devant la gymnase Branly, à Strasbourg, ce mercredi 13 juillet au matin. Photo : Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg

« Un millefeuille d’hébergements possibles » 

À midi, l’ensemble des sans-abris qui occupaient la place de l’Étoile avaient été réorientés, comme l’explique l’adjointe en charge des solidarités Floriane Varieras :

« Il y a un millefeuille d’hébergements possibles, tout est organisé par la préfecture. Chaque hébergement va dépendre de la situation administrative de chacun. »

Floriane Varieras, adjointe de la Ville de Strasbourg en charge des solidarités

Si les personnes ont le statut de demandeurs d’asile, elles seront prises en charge par l’Office français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII) dans la recherche d’un hébergement. Mais selon une source proche de l’OFII, « parmi les anciens occupants de la place de l’Étoile, très peu, voire aucune famille se trouve dans cette situation. Pour être éligible, il faut que la demande d’asile soit en cours d’examen auprès de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) ou en cours de procédure auprès de la Cour nationale du droit d’asile (CNPA). Si toutes les demandes et recours ont été déboutés, alors les familles ne peuvent pas bénéficier du dispositif national d’accueil de l’OFII, et c’est à la préfecture de les prendre en charge. »

Bouxwiller, « un faux centre de rétention »

Selon Gabriel Cardoen, militant pour le droit des réfugiés à Strasbourg, « une grande partie des sans-abris ont été dirigés vers le centre d’aide pour le retour à Bouxwiller. C’est un genre de faux centre de rétention. Ils sont libres d’aller et venir. C’est un lieu provisoire le temps d’examiner la situation au cas par cas. »

Départ de la dernière navette du Gymnase Branly, vers le centre d’aide pour le retour, à Bouxwiller. Photo : Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg

« La Ville savait ce qui allait se passer »

Antonio Gomez, membre du collectif « D’ailleurs nous sommes d’ici 67 », condamne la manière dont la ville de Strasbourg a procédé :

« La politique de la préfecture, nous la condamnons. Elle a une immense responsabilité. Mais il y a aussi une grande responsabilité du côté de la Ville de Strasbourg. Elle devrait accueillir toutes les personnes, avec une aide sociale et médicale et ne pas les laisser comme ça pendant des semaines à l’abandon. La Ville a joué un rôle de la honte. En les refilant à l’État, la municipalité savait très bien ce qui allait se passer : beaucoup vont de nouveau se retrouver dans la rue d’ici peu. » 

Du côté des sans-abris, ils semblaient plutôt heureux d’avoir passé une nuit dans le gymnase, après des semaines dans des conditions insalubres au camp de l’Étoile. Des lits ont été mis à disposition pour tout le monde dans le gymnase Branly, avec des douches, et des repas hier soir et ce matin. « Ça va. J’ai mieux dormi même si les enfants ont crié jusqu’à 3 heures du matin », affirme Sajbe, une jeune fille de 18 ans, originaire de Macédoine. Gabriel Cardoen, sur place hier soir, raconte : « Ils étaient contents, pour eux c’était plus un arrêté d’hébergement qu’un arrêté d’expulsion. » 

Les occupants et les policiers devant le gymnase Branly, à Strasbourg, le mercredi 13 juillet au matin. Photo : Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg

Une prise en charge très lente de la préfecture et la mairie

Depuis fin avril, une trentaine de tentes étaient installées place de l’Étoile. Elles étaient habitées par des familles principalement venues des Balkans. Floriane Varieras, l’adjointe à la maire en charge des solidarités évoque la très lente réaction face à cette installation : « Le dialogue a été long avec la préfecture. »

De gauche à droite, Floriane Varieras, adjointe au Maire en charge des Solidarités et Marie-Dominique Dreyssé, vice-président de l’Euro-métropole. Photo : Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg

Marie-Dominique Dreyssé, vice-présidente de l’Eurométropole, précise :

« La canicule était très préoccupante, et l’approche du feu d’artifice a accéléré les choses. Un accord a finalement été trouvé avec les services de l’État. On s’en réjouit, sans cet accord, il aurait été impossible d’agir. La ville s’occupe plus de la logistique, et la préfecture des réorientations. » 

Service National Universel : à Strasbourg, une punition collective à 22h30 dans la cour du lycée Jean Rostand

Service National Universel : à Strasbourg, une punition collective à 22h30 dans la cour du lycée Jean Rostand

Cet article fait partie de l'édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous

Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture

Abonnez-vous

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous
#lycée Jean Rostand

Moins de voitures sur la future place de la Gare

Moins de voitures sur la future place de la Gare

Jeanne Barseghian, la maire de Strasbourg, a inauguré un « espace détente », mardi 12 juillet, sur la place de la Gare. Ces nouveaux équipements marquent la première étape d’un projet de réaménagement global de ce lieu, qui devrait se métamorphoser avec l’arrivée des nouvelles lignes de tramway à destination du nord de la ville.

Anne-Marie Victor, habitante du quartier, est à l’initiative du projet de création d’un « espace détente », place de la Gare, à Strasbourg, financé à hauteur de 25 000 euros par la Ville dans le cadre de la saison 1 du budget participatif : un terrain de pétanque, une table de ping-pong, deux « équipements ludiques » pour les enfants… Plus de trois ans après sa validation par la Ville, mardi 12 juillet, Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, a inauguré le projet.

Plusieurs élus étaient présents à l’inauguration mardi 12 juillet. Photo : NC / Rue89 Strasbourg / cc

Pour l’instant, il n’y a qu’un seul petit banc et aucun moyen de se mettre à l’abri du soleil sur cet « espace détente ». Anne-Marie Victor a pu souligner qu’elle souhaite « plus d’ombre et d’endroits pour s’asseoir ». Jeanne Barseghian, a reconnu qu’il restait des ajustements à effectuer : « Des arbustes et de la nouvelle pelouse seront plantés à l’automne 2022. » L’édile a pu évoquer ensuite sa volonté de transformer la place de la Gare :

« Notre souhait, c’est que ce lieu devienne un lieu de rencontre et pas seulement un lieu de passage. […] Cette place, elle va bouger encore dans les prochaines années. Il y a tout un travail à mener dans le cadre du projet d’extension du tram nord autour du réaménagement de cette place en termes de flux de circulation mais aussi en termes de répartition des différents espaces. »

L’espace détente, place de la Gare, pendant l’inauguration, avec la table de ping-pong et le terrain de pétanque en fond. Photo : NC / Rue89 Strasbourg / cc

« Clairement, nous souhaitons revoir le plan de circulation »

La Ville et l’Eurométropole ont en effet tranché, en décembre 2021, en faveur d’un nouveau tracé du réseau de tramway afin de raccorder le centre de Strasbourg à Schiltigheim et Bischheim. À terme, la place de la Gare, pourrait accueillir le terminus de « deux, voire trois nouvelles lignes », peut-on lire dans le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) du projet de prolongement du tramway nord, publié par l’Eurométropole.

Ces nouvelles infrastructures pourraient provoquer une augmentation de « 30 à 40 % de voyageurs […] par rapport à la situation actuelle », prévoient les auteurs du rapport. Et ces derniers de conclure :

« Outre l’évolution de l’offre tramway au niveau de la gare, il convient « d’élargir » le pôle d’échange en améliorant les cheminements piétons à la gare depuis les stations tramway périphériques. Il est ainsi envisagé de limiter la circulation automobile sur la place de la gare aux riverains et aux fonctions d’accès d’entrée et de sortie aux parkings. »

Interrogée sur l’avenir de la place de la Gare, et plus particulièrement sur celui du trafic automobile qui l’entoure, Jeanne Barseghian précise :

« Il ne s’agit pas de piétonniser, mais par contre, clairement, nous souhaitons revoir le plan de circulation. Il y aura toujours la possibilité d’accéder en voiture, mais nous voulons réduire le trafic de transit, c’est-à-dire des personnes qui viennent du nord de l’agglomération, qui contournent la gare et qui continuent. Nous voulons que la gare soit un lieu de destination, et non de passage. »

Des ateliers de concertation à venir

Dans les prochaines années, la place de la Gare devrait connaître sa plus importante métamorphose depuis 2007, date à laquelle des travaux d’envergures avaient été engagés à l’occasion de la mise en service du TGV Est.

Reste à voir comment s’intègreront concrètement les nouvelles infrastructures dans le paysage et participeront à une nouvelle répartition de l’espace public entre les différents usagers. Ces points, notamment le lieu d’implantation de la future station de tramway « Place de la Gare », « feront l’objet d’ateliers de concertation spécifiques », indique le CCTP. Le début des travaux du prolongement du tramway nord doit intervenir en 2024 pour une livraison d’ici 2026.

À l’avant-veille du feu d’artifice, la Ville évacue le camp de l’Étoile

À l’avant-veille du feu d’artifice, la Ville évacue le camp de l’Étoile

Les services de la Ville de Strasbourg ont procédé mardi 12 juillet, sans présence policière, à une mise à l’abri dans un gymnase des demandeurs d’asile installés au campement de la place de l’Étoile depuis le printemps. Les services de l’État examineront les situations administratives des personnes, et proposeront, en fonction, des solutions d’hébergement. Le feu d’artifice du 14 juillet doit être tiré de la place de l’Étoile.

La Ville de Strasbourg n’a pas attendu la décision du tribunal administratif pour amorcer la fin du camp de sans-abris place de l’Étoile ce mardi 12 juillet. Le matin-même, la collectivité demandait en référé au tribunal l’expulsion du camp (lire notre article), qui s’est formé depuis avril.

Environ 70 demandeurs d’asile habitent dans une trentaine de tentes au niveau des espaces verts face au centre administratif.

Sur la place de l’Étoile, seuls des agents de la Ville organisent l’évacuation dans le calme et quelques barrières ont été apposées. Il n’y a pas de policiers en uniforme, ni de personnes se réclamant de la préfecture du Bas-Rhin, en charge de la politique de l’hébergement d’urgence et d’ordinaire de l’évacuation de ce type de camps. Les services sociaux distribuent des feuilles sur lesquelles la démarche est écrite en plusieurs langues, afin de s’assurer que tout le monde comprend. Des enfants courent pour ranger leurs affaires et aident leurs parents, enthousiastes à l’idée de quitter les lieux.

Les personnes sont acheminées vers des bus. Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Élues de la Ville et de l’Eurométropole en charge de la Solidarité, Floriane Varieras et Marie-Dominique Dreyssé assistent à l’évacuation du camp. Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Un feu d’artifice imminent

Le mercredi 13 juillet, les services de la Ville ont prévu d’investir la place pour y installer les préparatifs du feu d’artifice célébrant la Fête nationale. Il sera bien tiré le jeudi 14 juillet dans la soirée, la Ville avait indiqué être prête à y renoncer si le camp n’était pas évacué.

Les occupants de la place de l’Étoile entrent volontiers dans le bus prévu et espèrent enfin bénéficier d’un hébergement d’urgence après avoir passé des semaines dehors. Kamran, jeune afghan, glisse : « C’était très dur ces derniers jours. On espère ne plus jamais vivre ça. » Ils sont en fait déplacés vers le gymnase Branly, utilisé plusieurs fois par la préfecture pour protéger les personnes sans-abri lorsqu’il fait très froid ou après l’évacuation de camps de réfugiés. Les réfugiés sont arrivés sur place en portant leurs affaires aux alentours de 17h30, au nombre de 65. Au moins un père et son fils ont choisi de ne pas entrer dans le bus, car ils ont essuyé plusieurs refus à leurs demandes de titre de séjour.

Des hébergements pour toutes les personnes, selon les situations administratives

Des bénévoles de la Protection civile participent à l’encadrement au gymnase. Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge des solidarités, est satisfaite du déroulé des événements :

« On a pu montrer que la police n’est pas forcément nécessaire pour les évacuations. Les dispositifs des forces de l’ordre peuvent être très stressants pour les personnes. Nous allons aider à l’organisation de la vie sur place, mais cela sera temporaire. Les services de l’État proposeront une solution à toutes les personnes suite à des examens des situations administratives. Le gymnase ne sera qu’un sas. »

Les anciens occupants de la place de l’Étoile sont arrivés au gymnase Branly vers 17h30. Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Hillary, de Médecins du Monde, association qui a réalisé plusieurs interventions sur le camp, reste inquiète :

« Nous restons très attentifs, pour savoir quelles solutions concrètes seront proposées aux personnes et comment elles seront accompagnées, notamment les personnes qui ont été déboutées du droit d’asile. »

La majorité attendent une réponse après une première ou une deuxième demande d’asile. Suite à l’évacuation du camp de Montagne verte à l’été 2021, de nombreux réfugiés avaient été emmenés dans un centre « d’aide au retour » à Bouxwiller, où ils étaient encouragés à signer un engagement pour être renvoyés dans leur pays d’origine. Gabriel, militant pour les droits des réfugiés, ajoute :

« Dans certaines familles, des personnes ont un titre de séjour et d’autres sont déboutés. Comment ils feront avec eux ? »