L’Eurométropole va débattre de son budget 2022 qui comprend une hausse importante de la taxe foncière, ainsi que du renouvellement de deux réseaux de chaleur de Strasbourg. À suivre ce vendredi 25 mars en direct dès 9 heures.
Le débat s’annonce long et animé. Après la Zone à faibles émissions (ZFE) en octobre, le budget 2022 s’annonce comme l’un des vote les plus difficile à passer pour la majorité des écologistes et de maires à l’Eurométropole, puisqu’il comprend une hausse du taux métropolitain de la taxe foncière. Cette donne fiscale occulte la discussion sur les autres choix budgétaires (recrutements, emprunt, investissements, priorités écologistes). Le pourcentage fait peur, puisqu’il bondit de 300%. Mais comme le taux de l’Eurométropole est minime (il passe de 1,15% à 4,60%) par rapport à celui dans ses 33 communes (de 26,88% à 37,44%), la hausse totale de la fiche d’impôts locaux sera réalité comprise entre 9,9 et 13,5% selon les communes, bases et taux confondus. Elle concerne 220 269 propriétaires, des entreprises et particuliers, ainsi que les organismes publics et associations.
De part et d’autres, de nombreux arguments devraient s’échanger autour du timing de cette hausse, entre l’inflation et la guerre en Ukraine, les trois hausses d’impôts passées dans le mandat précédent, la dette financière ou « écologique et sociale », les « services en plus » comme la gratuité des transports pour les moins de 18 ans ou la collecte des déchets alimentaires, la répartition inégale des propriétaires selon les communes, la hausse des investissements qui profiteront en partie aux entreprises locales, les aides distribuées lors de la crise du Covid, ciblées sur les entreprises les plus impactées par exemple dans le tourisme, les gains de pouvoir d’achat via la suppression de la taxe d’habitation, etc.
Six représentants d’entreprises alsaciennes ont demandé dans un texte commun envoyé aux DNA « à décaler l’augmentation de la fiscalité d’une année ». Pour les opposants à cette hausse, il est important de marquer les esprits autour de cette séquence, car il ne devrait ensuite plus y avoir de hausse d’ici la fin du mandat. À l’heure du bilan en fin de mandat en 2026, l’année 2022 sera-t-elle encore dans les mémoires ?
Ce qui comptera le plus sur le plan politique sera le nombre de voix lors du vote, pour jauger l’étendue de la majorité, qui s’est amenuisée, des écologistes et de maires. En théorie, la présidente Pia Imbs devrait pouvoir compter entre 60 et 65 voix sur 99. Le total s’élevait à 74 en 2021, lorsque les Socialistes, les 5 élus d’Illkirch-Graffenstaden et la maire de la Wantzenau étaient encore dans la majorité.
Deux réseaux de chaleur renouvelés
L’autre point majeur concerne deux réseaux de chaleur de Strasbourg (points 6 et 7), dont les gestionnaires sont renouvelés pour 20 ans.
Dans les plans initiaux lancés il y a quelques années, le réseau de chaleur de Hautepierre, alimenté à 100% par du gaz via sa chaufferie, devait être raccordé au futur puits de géothermie d’Eckbolsheim. Mais comme tous les projets de géothermie, ce dernier est suspendu. L’Eurométropole a dû finalement trouver une solution alternative. C’est la société Engie qui a remporté le marché. Elle s’appuiera toujours sur du gaz, mais à hauteur de 34% d’ici 2034. Si la géothermie devait toujours rester bloquée, la chaufferie, qui sera rénovée, aura recours à de la biomasse, comme au Wacken, en plus de la récupération de chaleur émise par l’hôpital de Hautepierre (27%).
Pour l’autre délégation de service public, l’Eurométropole a réuni les réseaux de chaleur de l’Elsau et de l’Esplanade afin de former un réseau de chaleur unique, appelé Strasbourg-Centre. Cette fois, c’est Réseau de chaleur urbains d’Alsace (RCU-A), une filiale de la société publique R-GDS, qui a remporté le marché. Pour atteindre 83% d’énergies classifiées comme renouvelables, elle s’appuiera sur plusieurs sources comme la récupération de la chaleur de l’aciérie BSW de Kehl, d’autres entreprises du port et de l’incinérateur de Strasbourg, ainsi que de la biomasse, et du gaz (17%).
Côté prix, l’Eurométropole met en avant la stabilité des tarifs sur 20 ans dans le contexte d’incertitudes actuel :
Sur le réseau de chaleur de Hautepierre, les prix seront entre 67 à 74€ TTC/MWh en moyenne. À comparer aux 79,8€ TTC/MWh en moyenne 2018 ou aux 202€ en janvier 2022Sur le réseau Strasbourg-Centre les prix seront de 89€ TTC/MWh en moyenne. C’est plus que les prix moyens en 2020-2021, où les prix étaient entre 73,68€ et 79,14€ sur les réseaux de chaleur de l’Esplanade et de l’Elsau. Ils ont bondi respectivement à 129,58€ et 152,23€ en janvier 2022.
Les deux réseaux seront agrandis pour passer de 55 à 116 kilomètres au total d’ici 2029 et augmenter leurs capacités énergétiques.
Le dossier n’a pas soulevé de débat majeur au conseil municipal de Strasbourg (consulté pour avis) lundi, ce qui augure d’un débat moins passionné que pour le budget. L’ordre du jour compte 93 points et les échanges devraient s’étirer jusqu’en fin d’après-midi.
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Raison n°4 : un média dont les journalistes sont engagés à Strasbourg
En 2021, selon l’état prévisionnel de nos comptes, Rue89 Strasbourg a consacré 144 000€ en salaires et charges d’un produit d’exploitation de 188 000€, soit 76,5% de nos ressources investies dans la production journalistique. La rédaction est composée de quatre journalistes à temps plein, une alternante et d’une dizaine de journalistes indépendants (aussi appelés pigistes, elles et ils travaillent pour de multiples médias et sont payés à l’article). Tous habitent et travaillent à Strasbourg.
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Les articles naissent des rencontres
Ce « circuit court de l’info » fait partie de notre identité. Contrairement à d’autres médias pilotés depuis Paris, nous sommes attachés à ce que nos journalistes vivent les mêmes réalités que nos lecteurs et lectrices. Ce sont d’ailleurs souvent lors de rencontres que naissent les meilleurs articles…
En tant que média strasbourgeois, nous connaissons et nous avons l’histoire de ceux qui bougent, créent, agitent et font vivre la ville. Cette inclusion se retrouve notamment dans le choix de nos partenaires, des associations et des organisations locales, portées par des Strasbourgeois et des Strasbourgeoises motivées, passionnées par leur profession. Quand nous parlons de journalisme engagé, c’est de ça qu’il s’agit, d’un journalisme ancré dans son territoire, à l’écoute, présent, disponible.
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En raison de la guerre en Ukraine, les Vélos du Cœur ont lancé une initiative pour soutenir les réfugiés. Avec l’association Quai 67, l’organisation souhaite affréter deux à quatre autocars à la frontière ukraino-polonaise la semaine du 11 avril. Pour y arriver, elle recueille des dons financiers et matériels, ainsi que de volontaires à Strasbourg.
Fondée en 2020 lors du confinement pour les personnes démunies, l’association des Vélos du Cœur prévoit de venir en aide aux Ukrainiens qui fuient la guerre durant la semaine du 11 avril. Le pasteur Justin Dosdon, président de l’association Quai 67 qui accompagne les migrants, et Pablo, fondateur des Vélos du Cœur, ont uni leurs forces pour récolter des dons, afin de louer des autocars. Les véhicules enchaineront des allers-retours entre la France et la Pologne, à la frontière avec l’Ukraine.
Pablo explique que l’action doit se dérouler en trois étapes :
« Nous souhaitons d’abord affréter deux à quatre bus remplis de matériel de première nécessité jusqu’à la frontière. Les bus serviront ensuite à transporter un maximum de réfugiés à destination de Strasbourg. Si nous parvenons à louer deux autocars, nous pourrons ainsi permettre à 150 réfugiés de se déplacer vers la France. Une fois arrivés sur place, les réfugiés seront accueillis et logés par des volontaires qui se seront inscrits au préalable. »
Les Vélos du Cœur ont besoin d’un soutien financier, matériel et humain afin de mettre en place cet ambitieux projet. Cette association a déjà réuni 5 000 euros et nécessite encore 5 000 euros, afin de financer la location des véhicules. Une collecte de matériel de première nécessité est organisée le samedi 9 avril de 10h à 16h au Presbytère du Sacré Cœur, au 7 rue de Flexbourg à Strasbourg – Montagne Verte.
Le collectif a besoin de bénévoles supplémentaires pour trier le matériel donné ou proposer une solution d’hébergement aux réfugiés une fois arrivés à Strasbourg. Une quinzaine de familles se sont d’ores et déjà portées volontaires pour accueillir les réfugiés. L’association espère mobiliser une cinquantaine de logements à l’issue de cette action. Si la première expédition se déroule dans de bonnes conditions, d’autres pourraient suivre, selon Pablo.
Samedi 12 mars, l’Unsa CTS a levé le préavis de grève, lancé lors du Marché de Noël et qui courait jusqu’en juin. Le syndicat majoritaire au sein du service de transports en commun salue un accord avec des avancées sur les conditions de travail et une augmentation des salaires.
En décembre, Stéphane Daveluy, délégué syndical Unsa à la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), déplorait l’absence d’amélioration des conditions de travail malgré l’engagement de Jeanne Barseghian (EELV), maire de Strasbourg, pendant sa campagne. Majoritaire dans la société publique de transports en commun, l’Unsa avait été le seul syndicat à déposer un préavis de grève du 4 décembre 2021 jusqu’au 1er juin 2022.
Finalement, le syndicat a levé ce préavis samedi 12 mars, suite à un accord signé entre toutes les organisations syndicales et la direction. Stéphane Daveluy revient sur l’implication des salariés :
« On a eu 60% de grévistes les 4 et 17 décembre, qui devaient être les pics de mobilisation. Et en moyenne, tout au long de la grève, on a eu 7 grévistes par jour. C’est indéniable, cela nous a permis de faire pression sur la direction. »
5 ETP en plus pour soulager les conducteurs
Suite à cette mobilisation, cinq postes de conducteurs (équivalents temps plein) ont été créés comme le prévoit l’accord. « C’est une belle avancée : il s’agit de postes de réserve spécialement destinés à pallier les imprévus et permettre des congés exceptionnels ainsi que des récupérations aux conducteurs », assure Stéphane Daveluy.
Pour rappel, en janvier 2020, Rue89 Strasbourg dévoilait le contenu d’un rapport du Comité d’hygiène, de sécurité, et des conditions de travail daté de 2015. Dans ce document, 36% des conducteurs de tram y déclaraient s’être déjà endormis en conduisant. L’étude rendait compte d’une « dette chronique de sommeil chez des conducteurs » et formulait des « inquiétudes quand à leur somnolence et leur état de santé mentale ».
L’Unsa demandait la création de 30 équivalents temps plein (ETP) pour améliorer la situation. En cause selon le syndicat, des restrictions budgétaires et un sous-effectif qui imposent une grande flexibilité et des horaires irréguliers aux conducteurs.
Une banque d’échange des services
L’accord prévoit aussi la création de deux postes d’agent de maitrise, pour faciliter l’organisation du travail.
Autre avancée importante selon l’Unsa, l’instauration d’une « banque des services », pour que les conducteurs puissent s’arranger entre eux s’ils veulent s’échanger des services. La mesure sera mise en place sur tous les dépôts le 1er novembre 2022.
La direction se dit prête à financer des postes supplémentaires
L’Unsa salue par ailleurs de bonnes négociations annuelles obligatoire (NAO) concernant les salaires. La direction indique que l’augmentation générale accordée se décompose en plusieurs augmentations étalées dans le temps, sous la forme de trois paliers de 0,5% (avril et septembre 2022, puis janvier 2023), auxquelles s’ajoutes des augmentations forfaitaires de 10 euros en avril et septembre 2021, puis de 15 euros en janvier et mars 2023. Stéphane Daveluy calcule :
« En tout, avec le glissement vieillesse technicité et l’effet report des mesures d’augmentation prises en NAO, entre décembre 2021 et janvier 2023, l’augmentation sera de 150 euros bruts par mois. »
Les conducteurs gagnent aujourd’hui entre 1 600 et 2 200 euros nets par mois selon leur ancienneté.
Des négociations se poursuivent concernant les services à large amplitude, c’est-à-dire des journées qui commencent à 7h et finissent à 19h, avec une pause de 3 à 4 heures dans la journée. Aujourd’hui, cela concerne environ 45% des services. L’Unsa aimerait limiter le phénomène à 35%. Mais la direction estime que le taux de services à amplitude peut difficilement diminuer en dessous de 40%, vu les besoins de forte activité en périodes de pointe, vers 8h et 18h.
La direction affirme à Rue89 Strasbourg qu’elle est prête à financer des ETP supplémentaires, pour permettre un futur accord avec les organisations syndicales, qui engendrerait une réorganisation des plages de travail. Cela permettrait de réduire les tranches de services de 5h à 4h30, des relèves au dépôt le soir et un maximum de pause de 45 minutes. Régulièrement, des réunions de négociations se tiennent entre les syndicats et la direction au sujet des conditions de travail et dans ce cadre, de nouvelles mesures doivent être définies ces prochaines semaines.
Les quatre arrêtés de la préfecture du Bas-Rhin mettant fin à l’activité de géothermie profonde au nord de Strasbourg ont été jugés comme irréguliers par le tribunal administratif, qui les a annulés.
Après les séismes du 4 décembre 2020, la préfète du Bas-Rhin est allée trop vite pour déclarer la fermeture définitive des activités de géothermie profonde à Vendenheim. C’est la conclusion de trois jugements rendus par le tribunal administratif de Strasbourg et publiés jeudi 24 mars. Les arrêtés de la préfecture du Bas-Rhin pris les 7 et 8 décembre 2020, ainsi que deux autres les 2 février et 11 octobre 2021 ont été annulés par la justice administrative, donnant raison à Fonroche Géothermie (devenu depuis Géorhin).
Pas de procédure contradictoire
Les juges retiennent notamment que la Préfecture n’a pas établi de « mise en œuvre de la procédure contradictoire », avant de prononcer une fermeture définitive du puits sur l’ancienne raffinerie, à la limite de Reichstett. Sous la pression des maires à l’époque suite aux séismes allant jusqu’à 3,59 de magnitude, la préfète Josiane Chevalier avait invoqué le « principe de précaution et de protection des populations ». Pour justifier cette précipitation, sans procédure contradictoire, la Préfecture a mis en avant l’urgence de la situation. Mais pour les juges, l’arrêté ayant été édicté trois jours après le séisme, et les premières mesures d’arrêt progressif de la circulation de l’eau dans les puits, cette condition d’urgence n’était plus valable pour se passer de cette étape.
Comme ces arrêté étaient illégaux, la Préfecture n’avait ensuite pas le pouvoir d’ordonner à Fonroche de déposer « un dossier d’arrêt définitif des travaux« , par un arrêté le 2 février 2021, suivi d’une mise en demeure le 11 octobre.
Ces décisions, indique le tribunal, « ne remettent pas en cause la suspension des travaux de recherche, ni aucune des mesures de sécurité prises suite aux séismes ». La préfecture du Bas-Rhin peut faire appel devant la cour administrative d’appel de Nancy dans un délai de deux mois. La Préfecture doit en outre verser 3 500 euros à la société Géorhin.
Tous les projets sont suspendus
Par ailleurs, un troisième jugement a rejeté une requête de la commune d’Oberhausbergen, déposée en le 13 novembre 2019, au lendemain du premier séisme. La municipalité contestait la prolongation, en avril 2019, le « permis exclusif de recherches de gîtes géothermiques » jusqu’en 2023. Le tribunal administratif a validé ce permis.
Opposition et majorité donnent des calculs alternatifs pour décrire la hausse de la taxe foncière dans l’Eurométropole. Rue89 Strasbourg a fait les comptes pour s’y retrouver. À Strasbourg par exemple, la hausse sera d’un peu moins de 10%.
« Une hausse de 300% » ou un « quadruplement » de la taxe foncière, martèlent les oppositions. Une augmentation de « 3,45 points », minimise la majorité. Cette dernière voit là un effort « acceptable et soutenable » pour une « amélioration du service public ». Séparément ces deux chiffres sont vrais, mais ils donnent une impression bien différente de ce dont il faudra s’acquitter à l’automne.
En réalité, la taxe foncière totale payée par chaque ménage-propriétaire en 2022 sera plus élevée de 9,9% à Strasbourg par rapport à 2021. Explications sur un mécanisme complexe.
Cette revalorisation, plus ou moins importante chaque année vise à s’approcher de l’inflation, pour que les collectivités locales bénéficient de recettes correspondantes à leurs dépenses qui évoluent. En 2021, la revalorisation était limitée à 0,2%. Celle de 2022 est la plus élevée depuis des années, en raison de la hausse du prix de l’énergie en fin d’année. La décision était préalable à la guerre en Ukraine.
Un des 4 taux locaux va quadrupler
C’est sur cette base locative que s’appliquent ensuite les taux d’impôts locaux. Il existe 5 type d’impôts, qui se cumulent :
La part communale, qui est la plus importante et dépend de chaque communeLa part de l’intercommunalité, qui dans l’Eurométropole va passer de 1,15% à 4,60% en 2022Les taxes spéciales d’équipement (0,112%). À Strasbourg, elle finance l’Établissement public foncier d’Alsace qui aide la collectivité à acheter des terrains et biens pour limiter la spéculation immobilière.La taxe sur l’enlèvement des ordures ménagères (11,59% dans les 7 plus grandes communes et 6,13% dans les 26 plus petites communes de deuxième couronne)La taxe GEMAPI (0%), pour financer la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations. Bien que ce soit une compétence transférée par l’État, l’Eurométropole n’applique pas de taux d’impôt spécifique et finance cette politique autrement.
À Strasbourg, le taux de taxe foncière est passé de 35,66% à 37,44% en 2021 (+5%). Ce montant est stable pour 2022. Ce taux était en moyenne de 29,6% en 2021. Mais en 2021 ou 2022, 11 des 33 communes ont augmenté leur taux. Le plus faible taux est à Lingolsheim (26,88%) et le plus élevé à Strasbourg. Suivent ensuite Bischheim (36,84%) et Oberschaeffolsheim (33,83%).
Deux autres taux moins importants, la taxe d’équipement et sur la collecte des déchets, restent également stables dans les 33 communes. Et comme annoncé, le taux de l’Eurométropole passe, lui, de 1,15% à 4,60%.
9,9% de hausse à Strasbourg, 12% à Lingolsheim
Nous avons fait une simulation pour un appartement de 2 pièces dans un quartier résidentiel de Strasbourg. Sans les hausses d’impôts, sa taxe foncière augmenterait de 776 à 801 euros, suite à la revalorisation des bases. Avec la hausse du taux, le montant total sera de 853 euros (+9,9% bases et taux cumulés). Un peu plus d’un tiers est imputable à l’État et le reste à l’Eurométropole. Avec 52 euros de plus imputables à l’augmentation des taux, ce bien est légèrement en-deçà de la moyenne donnée par l’Eurométropole, soit 64 euros par ménage-propriétaire.
En 2021, la part de l’intercommunalité ne représentait « que » 2,19% du montant de la taxe foncière d’un ménage strasbourgeois. Elle représentera désormais 8,2% du montant total.
À Lingolsheim, où le taux communal de taxe foncière est le plus faible de toute l’agglomération, la hausse sera proportionnellement plus forte, même si le taux est identique : de 12% bases + taux cumulés, dont 8,6 points sont imputables à l’Eurométropole.
40% de propriétaires dans l’Eurométropole
Cette hausse sera proportionnellement plus forte pour les habitants dans les communes où les taux d’impôts communaux sont plus bas qu’à Strasbourg. Notamment dans les 26 communes de seconde couronne, car les habitants y paient une taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) presque deux fois moins importante qu’à Strasbourg, Schiltigheim, Illkrich-Graffenstaden, Bischheim, Ostwald, Lingolsheim et Hoenheim. Ainsi, Kolbsheim présente la hausse proportionnellement la plus élevée avec +13,4%, hausses et bases confondues.
Au total, 220 269 cotisants dans l’Eurométropole sont concernés par la taxe foncière. Les propriétaires pourront ensuite répercuter (ou non) cette hausse sur les loyers lorsqu’ils en perçoivent. En moyenne, 40% des habitants de l’Eurométropole sont propriétaires avec de grands écarts entre les villes centrales et de périphérie (22% de propriétaires à Strasbourg contre 80% maximum en deuxième couronne), comme souvent dans les grandes agglomérations françaises. Mais Strasbourg et Illkirch-Graffenstaden, avec le port, le centre-ville et le parc d’innovation hébergent aussi la majorité des entreprises, qui contribuent le plus à l’impôt local.
Les sociétés ne représentent que 10% des cotisants en nombre, mais 48% des rentrées fiscales. Les ménages représentent, eux, 47% des recettes. L’exécutif estime ainsi que la taxe foncière est un levier équilibré entre citoyens et entreprises pour les faire abonder au budget. Les 5% restants se répartissent entre les biens détenus par des organisations publiques (3%) et des associations (2%). La majorité s’est engagée à ce que cette hausse soit la seule du mandat.
Un lycéen s’est vu refuser, le 22 février, les aménagements spéciaux prévus avec son handicap pour passer les examens du bac blanc. Selon son établissement scolaire, ils n’ont pas été mis en place en raison d’un manque de moyens financiers.
Quentin, 17 ans, est dyspraxique. Il s’agit d’un trouble des apprentissages perturbant la capacité à coordonner certains gestes. Il se forme aux métiers de la sécurité au lycée professionnel Émile Mathis à Schiltigheim. Cette année, comme n’importe quel élève de son âge, il doit passer le bac. Contrairement à ses camarades de classe, « il n’aura pas été entraîné dans les conditions de l’examen », dénoncent ses parents.
En maternelle, Quentin ne parvenait pas à dessiner ou à refermer le bouton de sa veste par exemple. À partir de l’école primaire, il a éprouvé des difficultés, notamment en lecture et en écriture. Diagnostiqué en CE1, il a pu bénéficier d’un statut de handicap ainsi que d’aménagements particuliers afin de poursuivre une scolarité « normale ». N’ayant jamais redoublé, il a développé une passion pour les métiers de la sécurité et souhaiterait devenir pompier.
Un règlement flou sur les aménagements au bac blanc
Mardi 22 février, Quentin s’est présenté aux examens blancs du baccalauréat dans l’espoir que ses aménagements prévus pour passer les examens nationaux en raison de sa situation de handicap soient mis en place. Pourtant, malgré plusieurs emails envoyés au secrétariat de son établissement restés sans réponse, il a dû passer son bac blanc de la même manière que ses camarades de classe.
D’après sa notification de mesures d’aménagements d’épreuves du baccalauréat professionnel, l’adolescent doit passer ses examens avec « une majoration d’un tiers de temps pour les épreuves écrites », « un isolement » dans une salle mise à disposition, « une lecture du sujet à haute voix avec reformulation » ainsi que « l’assistance d’un [ou d’une] secrétaire scripteur », également pour « reformulation des consignes ». Rien ne précise néanmoins si ces mesures doivent également être appliquées pour des examens blancs.
La loi impose des aides pour les personnes handicapées
Nous avons pu consulter son Geva Sco, document qui permet d’évaluer les besoins de compensation de chaque personne handicapée. Il stipule qu’il doit il y avoir « une continuité [dans les aménagements], entre les évaluations et les examens ». Tout au long de l’année scolaire, Quentin dispose d’un ordinateur, et une AVS l’accompagne pour ses cours et ses contrôles en classe. Cette dernière était présente le jour du bac blanc, mais elle n’a pas eu l’autorisation de l’aider.
Rue89 Strasbourg a contacté Christine Casta, proviseure du lycée Émile Mathis. Elle a indiqué que les aménagements n’avaient pas été octroyés à cause d’un manque de moyens. Selon elle, le rectorat n’accorde « aucun aménagement pour les épreuves du bac blanc ». Elle assure cependant que tous les aménagements notifiés pour les épreuves de l’examen seront mis en place.
D’après le rectorat, les aménagements au bac blanc relèvent des lycées
D’après le rectorat, les aménagements qui ne concernent pas les examens nationaux tels que le bac blanc « ne sont pas du ressort de la division des examens et concours mais relèvent de l’autonomie de l’établissement ». En d’autres termes, pour le rectorat, la responsabilité revient au lycée Émile Mathis.
Quentin craint que ses aménagements ne soient pas mis en place pour certains examens de contrôle continu. La proviseure lui a assuré qu’il allait en bénéficier. Ses parents, Valérie et Thierry, sont aussi inquiets concernant la constitution du dossier de leur fils sur Parcoursup, comme les notes du bac blanc comptent dans sa moyenne.
Valérie est enseignante dans un collège du nord de l’Alsace. Elle estime que ses notes de bac blanc ne doivent pas être prises en compte :
« La direction nous a proposé de compenser le tiers temps qu’il n’a pas reçu en augmentant ses résultats, mais ce n’est pas ce que nous demandons. C’est un examen national donc l’entraînement est aussi national. Notre fils n’a pas eu un entraînement en adéquation avec ses besoins. Il est angoissé à présent pour ses examens terminaux car il ne se sent pas forcément préparé. »
« Notre fils est arrivé au terme de sa scolarité sans difficulté grâce aux aides »
Thierry, son père, conducteur de tramway à Strasbourg, insiste sur l’importance des aménagements. Il a le sentiment que l’établissement met à mal des années de lutte pour faire reconnaître la situation de handicap de son fils : « Quentin est arrivé au terme de sa scolarité sans difficulté grâce aux aides auxquelles il a le droit de prétendre au regard de la loi. »
Les parents du garçon ont également interpellé la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques (FCPE) pour leur faire part de cette situation. Valérie explique :
« On sait que le cas de notre fils n’est pas une exception. Nous on ne lâche rien mais on a l’impression que tout est fait pour démoraliser les parents. On regrette que le parcours des enfants handicapés soit aussi difficile. On comprend les parents qui sont découragés ou qui n’ont pas les moyens. Mais du coup, on n’est pas sûrs que les enfants concernés aient les mêmes chances que les autres.
Faire rédiger des copies de baccalauréat à la main à un élève dyspraxique, sans l’autoriser à utiliser son ordinateur ou l’aide d’un adulte-scripteur est un manque de considération d’un handicap pourtant reconnu par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). »
Votre média d’investigation local a lancé une campagne de financement pour recruter un, voire deux journalistes. Chaque jour jusqu’au 31 mars, nous publions dix bonnes raisons d’y participer.
Raison n°3 : Produire plus de reportages à Strasbourg et en Alsace
Le reportage, c’est la base du journalisme. Passer du temps sur le terrain, observer, décrire les lieux, les personnages, prendre du temps avec les personnes, pour les écouter… Et pourtant, en septembre, le journal Le Monde a lancé une opération avec de 100 reportages, appelés « Fragments de France » pour raconter le pays après le Covid. Pourquoi avoir besoin de survendre ce qui est un des fondamentaux de la profession ?
Le journalisme moderne se trouve dans ce paradoxe. De nos jours, affirmer la force d’un média, c’est montrer sa capacité à produire des reportages. Car le reportage, c’est du temps. Trouver un sujet, se documenter, préparer sa venue, prendre des rendez-vous, passer du temps sur place, puis autant de temps pour l’écrire…
Le reportage, un genre délaissé pour des raisons économiques
Pourtant, beaucoup de médias écrits délaissent le reportage. Selon les travaux du sociologue des médias Jean-Marie Charon, la diminution du nombre de reportages est l’une des raisons pour lesquelles de plus en plus de journalistes quittent la profession. Pour une entreprise médiatique, il est plus rentable d’avoir des effectifs qui restent au bureau, enchaînent les articles d’actu « chaude » à base de communiqués, de réécritures de sujets repérés chez la concurrence ou réalisés grâce à quelques coups de fil rapides. Ce mode de travail permet de produire 4 ou 5 articles par jour et par personne.
L’espoir est qu’une partie de ces articles rencontrent ensuite une très grande audience, grâce à titre incitatif ou des partages en masse sur les réseaux sociaux. À Rue89 Strasbourg aussi, il arrive qu’une brève rédigée en une heure cumule plus de vues qu’un article fouillé qui a nécessité des jours de travail. Nos 10 ans d’existence nous ont bien fait comprendre que le rapport entre audience et quantité de travail n’est jamais une science exacte.
À la télévision également, cette tendance est à l’œuvre. Sur certaines chaînes d’information en continu, les journaux en images raccourcissent, les chaînes étant de moins en moins prêtes à payer des équipes sur une journée pour des sujets de 3 minutes. A contrario, privilégier des plateaux où quelques invités déblatèrent sur l’actualité pendant une heure est bien plus rentable… et tant pis si les propos sont approximatifs.
Le reportage, un pilier de notre publication
À Rue89 Strasbourg, le reportage est l’un des piliers de la publication, aux côtés de l’enquête. Le reportage, c’est aussi le contact avec des sources, qui parfois glissent quelques idées, des observations et intuitions qui donneront lieu à de futures enquêtes. Nos lignes directrices : trouver des idées originales, sortir de nos habitudes, de nos biais urbains, traiter des situations en longueur…
Lorsque la frontière était fermée à cause du Covid, Rue89 Strasbourg était allé jusqu’à la limite de la Sarre, entre Kleinblittersdorf et Grosbliederstroff pour raconter au mieux cette soudaine séparation entre la France et l’Allemagne. Quelques mois plus tôt, nous avions raconté l’histoire de cet Alsacien qui construit une maison en pneus à Lembach, ou le dernier trajet du train Saint-Dié – Épinal, une ligne devenue emblématique de l’abandon du ferroviaire et finalement relancée par le gouvernement. En 2021, nous avons produit un reportage dessiné sur un stage pour des auteurs de violences conjugales. À chaque fois que c’est possible, nos reporters partent accompagnés d’un photographe professionnel.
Documenter des situations méconnues
Le reportage, c’est aussi jeter une lumière directe sur des situations méconnues. Ainsi, à Strasbourg nous sommes allés dans un bidonville niché près d’une bretelle d’autoroute et nous nous rendons régulièrement dans les squats de sans-abris, à la campagne dans ces poulaillers dits en « plein air » mais où les poules ne sortent pas… Nous sommes allés voir à l’intérieur d’une usine Herta et documenté la forêt vosgienne qui disparaît, mangée par les cerfs. Dans tous ces lieux, nos journalistes deviennent les yeux des lecteurs et des lectrices.
Soutenir et renforcer Rue89 Strasbourg, c’est la garantie de lire des reportages variés et des idées originales qui offrent un regard original sur Strasbourg et votre région.
Alors que le Medef et l’opposition prennent position contre la hausse de la taxe foncière à l’Eurométropole (le taux passe de 1,15 à 4,6% des bases d’impositions), les présidents et présidente des deux groupes de la majorité de Pia Imbs défendent dans une tribune les retombées pour les entreprises de leur « projet métropolitain ».
Le contexte national et international est marqué par la hausse des prix de l’énergie et des matières premières qui impacte aussi bien les entreprises, les collectivités que les particuliers. Et ceci risque malheureusement de perdurer dans les prochains mois. Le covid, puis la crise ukrainienne, sont des révélateurs de nos vulnérabilités. Il est plus que jamais nécessaire que la puissance publique joue pleinement son rôle d’amortisseur économique et social, en assurant protection des populations et planification. L’action publique se doit de conforter l’économie, de la manière la plus vertueuse qui soit, en prévoyant des commandes, de l’activité, et par conséquent de l’emploi profitant à tous. Elle est la main visible des transitions.
La situation actuelle est aussi caractérisée par une puissante dynamique, à la fois européenne et nationale, en faveur d’une relance rapide. Toutes les collectivités sont vivement incitées à investir et à augmenter leur niveau de dépenses, quitte à dégrader légèrement certains ratios de leurs finances.
1,5 milliard d’investissements d’ici 2026
L’Eurométropole de Strasbourg (EMS) a donc souhaité élaborer un budget à la hauteur des défis qui attendent notre territoire, répondant à la fois à la nécessaire amélioration du service au public, à l’urgence écologique et sociale, et à l’équité territoriale. Elle accompagne ainsi ses communes dans leurs projets structurants, en soutenant le tissu économique local, avec un montant total d’investissements prévu à hauteur de 1,5 milliard d’euros d’ici 2026.
Le budget 2022 de l’EMS traduit la feuille de route que porte notre majorité pour accompagner la transformation et l’adaptation de notre agglomération, en utilisant ses ressources et ses moyens d’action dans l’ensemble de ses champs de compétences (mobilités, déchets, eau et assainissement, aménagement du territoire, habitat, énergie,…). L’Eurométropole est un moteur économique essentiel dont les entreprises alsaciennes sont les principales bénéficiaires.
Concrètement, face à l’augmentation des prix du carburant, le développement des mobilités est l’une des principales priorités budgétaires de ce mandat, portant à la fois sur des renforcements de dessertes de tram et de bus, l’extension du transport à la demande, l’aménagement de nouveaux pôles d’échange multimodaux ou encore la mise en œuvre des volets routiers et ferroviaires du Réseau Express Métropolitain. Concrètement toujours, l’amélioration du cadre de vie fait l’objet d’importants financements prévus pour l’habitat, notamment social. L’objectif est de rénover un nombre conséquent de logements, d’augmenter les bénéficiaires d’aides à la réhabilitation thermique, de développer les réseaux de chaleur urbains alimentés par des énergies renouvelables afin de contenir les factures de chauffage, et de créer des espaces verts pour rendre les lieux plus respirables.
Aider les communes à investir
Si la bonne gestion budgétaire reste un impératif, elle ne doit pas détournerl’Eurométropole de son devoir d’investissement là où les communes n’ont pas la capacité de le faire seules, au profit des habitants de tous âges, des entreprises, des associations ou des équipements collectifs. C’est la force de notre projet métropolitain.
Nous sommes bien conscients que personne ne songe au service public rendu au moment d’acquitter ses impôts. Mais pensons-y au quotidien lorsque nous – habitants, salariés, employeurs – empruntons les voiries de nos communes, lorsque nos enfants circulent gratuitement dans les transports en commun, lorsque nos aînés réservent leur transport à la demande, lorsque nous nous rendons dans une infrastructure sportive, lorsque nous bénéficions de la tarification solidaire ou simplement lorsque nous ouvrons notre robinet d’eau.
« Dans le peloton des métropoles ayant les taux de fiscalité les plus bas »
La part métropolitaine de la taxe foncière constitue aujourd’hui le seul levier fiscal dont dispose l’EMS pour mener à bien des politiques publiques qui profitent à tous sur l’ensemble de son territoire. La hausse de 3,45 points que nous sollicitons, et qui sera la seule du mandat, est destinée à n’impacter trop lourdement ni les ménages propriétaires, puisqu’elle interviendra en même temps que la suppression totale de la taxe d’habitation, ni les entreprises qui bénéficient par ailleurs d’allègements des « impôts de production ». Nous resterons dans le peloton des métropoles ayant les taux de fiscalité les plus bas, très loin derrière Toulouse ou Nancy, alors même que nous sommes – et ainsi resterons – l’un des territoires les plus intégrés, c’est-à-dire proposant le plus de service public.
Nous proposons ce budget 2022 en conscience et en responsabilité. Il s’agit avant tout d’améliorer le service public de proximité. Nous cherchons à préserver le pouvoir d’achat des ménages, à soutenir la compétitivité des entreprises et le rayonnement du territoire, dans un contexte incertain, en insistant sur l’importance de l’action publique, gage de stabilité et de sécurité.
Thierry Schaal, président du groupe « Une Eurométropole des proximités » Gérard Schann, co-président du groupe « Eurométropole écologiste et citoyenne » Carole Zielinski, co-présidente du groupe « Eurométropole écologiste et citoyenne »
Thierry Schaal est président du groupe de maires « Une Eurométropole des proximités » comme la présidente Pia Imbs, tandis que Gérard Schann et Carole Zielinski, co-présidentle groupe « Eurométropole écologiste et citoyenne ». Ensemble, ils forment la majorité.
Vendredi 25 mars, les Strasbourgeois sont appelés à participer au mouvement mondial « grève pour le climat », avec une table-ronde et un rassemblement place Kléber.
L’intercollectif Strasbourg Action Climat et Youth for Climate Strasbourg organisent l’édition strasbourgeoise de la « grève pour la justice climatique et sociale ». Elle débutera vendredi 25 mars par une table-ronde, à 10h45 place Kléber et sera suivie par un rassemblement à partir de 13h. Plusieurs personnalités doivent prendre la parole et répondre aux questions des participants :
Yves Hauss, météorologue à Météo-France, sur l’ampleur et l’urgence de la crise climatique ;Pierre Greib, engagé à la Cimade, sur les implications migratoires des questions climatiques et environnementales ;Amanda Sessim Parisenti, juriste à la cour fédérale brésilienne, sur les leviers juridiques mobilisables face au changement climatique ;Florence Rudlof, sociologue à l’Insa, sur les mobilisations sociales face au dérèglement climatique ;Chloé Bourguignon, secrétaire régionale du syndicat Unsa, sur les liens entre justices sociales et climatiques.
L’objectif : des réparations pour les plus touchés
Sous le thème #PeopleNotProfit (les personnes plutôt que les profits), la grève insistera sur les réparations à accorder aux populations et aux lieux les plus touchés par le changement climatique.
Dans un communiqué de presse, Strasbourg Action Climat précise :
« Dans nos pays de l’hémisphère Nord, nous exigeons de la part de nos dirigeants que des réparations financières soient accordées aux pays de l’hémisphère Sud, au titre des émissions historiques de gaz à effet de serre qui affectent, de plein fouet, les pays qui ont émis – et émettent toujours – le moins. »
Lucie Dubois, membre de l’intercollectif, explique que le déséquilibre de responsabilités sur la détérioration du climat est rarement abordé dans les revendications pour le climat en France et que cette grève tente d’y remédier.
La grève de vendredi fait partie du mouvement Fridays for Future, créé par Greta Thunberg en 2018 et des grèves similaires doivent avoir lieu dans plusieurs villes du globe. Ce mouvement propose aux jeunes de manifester régulièrement pour protester contre l’inaction des gouvernements face au changement climatique.
Votre média d’investigation local a lancé une campagne de financement pour recruter un, voire deux journalistes. Chaque jour jusqu’au 31 mars, nous publions dix bonnes raisons d’y participer.
Raison n° 2 : Garder une diversité minimale parmi les médias d’informations générales.
Quand Pierre Haski, Laurent Mauriac, Pascal Riché et Arnaud Aubron ont lancé Rue89.com en 2007, c’était après avoir constaté à quel point les médias se ressemblaient : une conférence de presse et le lendemain, les Français découvraient le même sujet dans Le Figaro et Libération. Ils avaient l’illusion du choix mais en réalité, c’étaient les décideurs et les communicants qui choisissaient la matière première de l’actualité… Dès son lancement, Rue89 a donc décidé d’ignorer les conférences et les communiqués de presse, afin de proposer des informations nouvelles, non seulement par leur tonalité ou leur traitement, mais surtout par leur origine.
C’est ce concept d’originalité que nous avons repris quand nous avons lancé une version locale de Rue89 à Strasbourg en 2012. Dans une agglomération de province, le mimétisme des médias est encore plus frappant : à Strasbourg, un communiqué de la préfecture du Bas-Rhin ou de la municipalité, et c’est dans les heures qui suivent des articles correspondants dans les DNA, 20 Minutes, France Bleu Alsace, etc.
Une exception dans un concert bien réglé
Dans ce concert bien réglé, Rue89 Strasbourg fait donc figure d’exception. C’est aussi ce qui agace les services de presse des institutions, qui voient d’une part que leurs communiqués ne sont pas repris dans nos colonnes, et qui doivent d’autre part répondre à nos questions sur des sujets qui ne sont pas prévus dans leurs plans de communication…
Ces frictions ne seraient rien si elles n’étaient pas génératrices d’énormément de travail supplémentaire pour nos journalistes. Pour contourner les blocages et les silences, nous devons trouver les informations grâce à des contacts qui prennent des risques en nous répondant. En faisant un don à Rue89 Strasbourg, vous remerciez également toute cette armée invisible d’informateurs citoyens qui prennent le temps et l’énergie de faire connaître des informations d’intérêt public (je profite d’ailleurs de cette opportunité pour remercier chaleureusement toutes nos sources, elles et ils savent ce que nous leur devons).
Le seul média indépendant à Strasbourg
L’autre aspect du paysage médiatique local, c’est bien évidemment la concentration économique de la presse d’information. En résumé, Strasbourg et l’Alsace disposent de deux quotidiens d’informations générales, tous les deux propriétés du Crédit Mutuel, via sa filiale Ebra, et de médias audiovisuels d’État (France Bleu Alsace et France 3 Alsace). Citons également 20 Minutes (propriété du groupe Rossel et de Ouest France) et le récent Actu Strasbourg (propriété de Publihebdos, c’est à dire également Ouest France). Dans ce paysage, Rue89 Strasbourg est le seul média d’informations indépendant, le seul dont la société qui l’édite est basée à Strasbourg.
On peut s’en féliciter ou le déplorer mais c’est aussi une bonne raison de donner à Rue89 Strasbourg : assurer que cette flamme du journalisme indépendant et local continue d’exister.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les étudiants russes expatriés font face aux sanctions économiques. Ils sont inquiets pour leur avenir et celui de leurs proches en Russie. Malgré les risques, Darya, Strasbourgeoise d’origine russe a pris publiquement position contre le conflit.
« Je vis dans une instabilité totale. Du jour au lendemain, je me retrouve presque sans argent et je ne sais même pas quand je reverrai ma famille », explique, dans un très bon français, Darya (le prénom a été modifié). Cette étudiante russe de 23 ans est arrivée en 2020 en France pour suivre un master à l’Université de Strasbourg. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, sa vie a été bouleversée.
« La population russe souffre aussi »
« Ce que vivent les Ukrainiens est affreux et j’y pense tous les jours. C’est d’autant plus compliqué de parler de mes problèmes mais ils faut savoir qu’ils sont bien réels et que la population russe souffre aussi », reprend-t-elle, en se remémorant l’annonce de la guerre, fin février qui l’a d’abord laissée sous le choc. Ni elle, ni sa famille, restée à Moscou, ne s’y attendaient. Elle raconte :
« J’ai passé plusieurs jours à pleurer et à ressentir de la culpabilité. Pourtant, je m’oppose depuis longtemps à Vladimir Poutine (le président de la Fédération de Russie, NDLR). Je n’ai jamais voté pour lui. Je me dis qu’on aurait peut-être pu faire plus pour l’arrêter mais en même temps, en Russie, on risque la prison pour avoir participé à une manifestation ou partagé une information sur Twitter. C’est ça de vivre sous une dictature. »
Banques bloquées et aide de la CAF et du Crous
Avant le conflit, les parents de Darya subvenaient majoritairement à ses besoins en payant son loyer et ses charges locatives. Elle finançait le reste de ses besoins quotidiens en donnant des cours en ligne sur un site russe. « Je gagnais alors environs 200 euros par mois », se souvient-elle. Mais depuis début mars, elle n’a plus accès à ce site. Elle n’a jamais pu recevoir son dernier salaire, à cause des sanctions européennes et des contre-sanctions russes qui ont interrompu presque tous les échanges monétaires. Les avoirs de la Banque centrale russe ont été bloqués et des établissements bancaires russes ont été exclus du système Swift. Ce service de messagerie bancaire permet d’échanger des messages permettant de réaliser des paiements internationaux.
Le 8 mars, sa banque russe lui annonce ainsi qu’elle a trois jours pour retirer l’argent qu’elle détient sur son compte. Le jour même, elle fait le tour des distributeurs de Strasbourg. Elle n’arrive pas à récupérer ses économies. Finalement, le 9 mars, elle parvient à retirer une petite somme. Ses parents réalisent, pour la dernière fois, un virement pour payer son mois de loyer, soit 319€, avant que les échanges monétaires soient entièrement bloqués, comme l’explique Darya :
« Je ne me vois plus demander de l’argent à mes parents, alors que ça va déjà être de plus en plus difficile pour eux avec la chute de la valeur du rouble. Mon objectif, c’est de trouver au plus vite un job étudiant. C’est compliqué, car cela arrive de manière très soudaine et que je suis en fin de master, en pleine période de rédaction de mon mémoire. J’allais commencer à chercher un métier qui me plaît, mais je vais devoir prendre le premier job disponible. »
Pour le mois d’avril, Darya peut compter sur une aide du Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) vers lequel elle s’est rapidement tournée. « Sans argent, j’avais peur de devoir partir de mon appartement. Il ne me restait que 280€ sur mon compte. » Un versement de 500€ lui a été fait, mais on lui a précisé que c’était « une aide ponctuelle, non-renouvelable ». Depuis novembre, elle attend également le règlement de ses APL (Aide personnalisée au logement). Après un récent appel, la Caisse d’allocations familiales (CAF) lui a assurer de traiter son cas en urgence.
La peur de subir des discriminations
Pour l’instant, Darya n’a pas subi de discrimination. Ses amis ont été très compréhensifs et lui ont proposé de l’aide. Certains de ses professeurs se soucient de son état psychologique et financier. Cependant, elle a peur que sa nationalité soit un frein dans sa recherche de stage et d’emploi.
La jeune fille souhaite travailler dans le domaine de l’art, qui a tendance à subir rapidement une forme de censure. Pendant la première semaine de mars, une polémique impliquant l’orchestre philharmonique de Strasbourg s’est répandue. Des oeuvres de compositeurs russes auraient été déprogrammées de la saison. Un démenti a été publié en précisant que ce serait le titre des événements, parfois trop équivoques (« De Paris à Moscou », « Maîtres russes »…), qui seraient modifiés et non le contenu des concerts. Cette réaction d’une institution culturelle a choqué Darya :
« J’ai entendu parlé de quelque chose de similaire en Pologne. Je ne soutiens pas la censure, surtout lorsque cela concerne le patrimoine culturel, qui n’a rien à voir avec la situation d’aujourd’hui. Plus globalement, j’ai l’impression que pour beaucoup de monde, le peuple russe est responsable de la guerre alors que nous en sommes aussi les victimes. Il ne faut pas mélanger la population et le gouvernement. »
« Rentrer n’est plus une option »
Cela fait un an que Darya a décidé de rester en France et d’y trouver un travail après ses études, notamment pour éviter la censure de son pays. Aujourd’hui, elle ne peut plus rentrer chez elle, de peur d’encourir une amende ou une peine de prison. « Je suis passée d’une décision à une obligation », résume-t-elle. Un fait dont elle était entièrement consciente en commençant à participer aux manifestations contre la guerre et à prendre position sur les réseaux sociaux. Depuis trois semaines, elle relaie beaucoup d’information sur le conflit en Ukraine :
« Les Russes n’ont pas le droit d’employer le mot “guerre” pour parler de la situation en Ukraine. Moi, je le fais parce que je ne suis plus dans mon pays. C’est important pour moi de montrer que ce que dit le gouvernement est de la propagande. C’est le moins que je puisse faire. »
« J’ai dit à mes amis de ne pas se fier à cette information qui venait du gouvernement russe et d’attendre. Les universités françaises ont fini par publier un démenti. Par contre, il est vrai que les échanges vont devenir très compliqués dans ce contexte pour les futures promotions. »
« Je suis très inquiète pour ma famille en Russie »
« Ce qui est peut-être le plus dur, c’est de m’inquiéter pour ma famille », affirme Darya. Elle est en contact permanent avec ses parents et sa sœur, restés en Russie. Ils sont tous en opposition au régime de Vladimir Poutine. L’étudiante strasbourgeoise a particulièrement peur pour sa sœur qui a participé à plusieurs manifestations en soutien au principal opposant politique russe, Alexeï Navalny, ou contre les modifications de la constitution russe. Darya angoisse pour sa sœur :
« Idéalement, il faudrait qu’ils partent tous du pays pour être vraiment en sécurité. Mais c’est dur de tout lâcher et il y a un frein économique, surtout depuis que le rouble s’est effondré. Ma sœur pourrait continuer de travailler de l’étranger, mais pas son mari et elle ne veut pas partir sans lui. »
Officiellement, Darya peut rester en France jusqu’en octobre, date d’expiration de son titre de séjour étudiant. Si elle ne parvient pas à trouver un emploi et obtenir un visa de travail d’ici là, elle se réinscrira à l’université pour garder son statut d’étudiante… et éviter à tout prix un retour en Russie.
L’équipe du Troisième souffle, choisie pour reprendre le cinéma Odyssée, veut créer un lieu ouvert sur la rue et sur la ville. Centré sur l’art cinématographique et les enjeux de société, le futur cinéma municipal doit pouvoir être approprié par les professionnels, des associations et le public.
Et si, pour remporter la délégation de service public du cinéma municipal de la Ville de Strasbourg, l’équipe du Troisième souffle avait imaginé un anti-Odyssée ? Enfin partiellement dévoilé, le projet de cette équipe de quatorze personnes réunissant des talents du cinéma, de l’image, du multimédia, des arts et de la télévision veut remettre le cinéma municipal au cœur de Strasbourg, en partant de son emplacement, à proximité immédiate de la place Kléber.
Noémie Flecher, de l’atelier NoJo et membre de l’association, précise :
« Tout le cheminement de notre projet débute par la rue des Francs-Bourgeois. On veut que les Strasbourgeois se sentent invités à entrer dans le cinéma et légitimes à s’approprier ce lieu. »
Un cinéma ouvert sur la ville, c’est le maître-mot du projet du Troisième souffle qui entend se métamorphoser en société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) pour joindre le geste à la parole. Des collèges (fondateurs, salariés, spectateurs, partenaires…) participeront à des degrés divers au pilotage des deux structures du cinéma et du bar, elles-mêmes coopératives tandis qu’un conseil de programmation aura en charge les choix des cycles et des films projetés.
Étienne Hunsinger, futur directeur du cinéma, détaille :
« Ça a l’air très technique comme ça mais c’est un élément essentiel, structurant, de notre proposition. On s’inscrit dans un mouvement décrit dans “Cinema makers”, qui détaille comment des indépendants réinventent ce que peuvent être les cinémas à l’heure du tout numérique. On fera partie de cette génération de cinémas européens devenus des lieux de vie. »
Art cinématographique et enjeux d’actualité
Cette ouverture programmatique devra néanmoins s’accorder aux deux axes forts du projet, que sont « l’art cinématographique », avec par exemple des séquences sur le mouvement, la lumière, etc. et « les enjeux de société », que le futur cinéma veut éclairer par des projections ancrées dans l’actualité. Parmi les exemples français qui ont inspiré l’équipe du Troisième souffle, Étienne Hunsinger cite le Gyptis à Marseille, le Cinématographe à Nantes ou le Mellies à Saint-Etienne.
Devant le jury de sélection, le projet a marqué des points notamment dans la catégorie « utilisation des différents espaces » avec une note de 9 sur 10. Cécile Becker, journaliste indépendante et future secrétaire générale du cinéma, détaille :
« Nous intégrons complètement le bar au projet global, ses espaces seront repensés pour exploiter par exemple le salon qui surplombe le hall d’accueil et dont les arcades donnent sur la rue des Francs-Bourgeois, notamment lors de nos événements, qu’on espère nombreux. »
Nid pour enfants et clubbing
Quant à la petite salle de projection et l’actuel « centre de documentation », le Troisième souffle ne manque pas d’idées, c’est Catherine Mueller, co-directrice de La Chambre, qui résume :
« La bibliothèque sera convertie en une salle de montage et de production audiovisuelle, à destination des publics scolaires par exemple, lors d’opérations de formation. Quant à la petite salle, on veut qu’elle serve de territoire d’expérimentations, qu’elle puisse évoluer entre un nid pour le tout jeune public et un clubbing cinématographique. »
Ce « rêve de cinéma » pour reprendre le mot de plusieurs membres du Troisième souffle doit fonctionner avec un budget annuel d’environ 700 000€, dont près de 250 000€ de subvention municipale. Le projet était semble-t-il le « moins disant » des trois candidatures mais l’équipe tient à préciser qu’elle remportait quand même la délégation avec un niveau de subvention comparable à celui des projets concurrents. La billetterie doit fournir au moins 40% des recettes (avec des tarifs comparables à ce qui existe dans les autres cinémas). L’équipe promet d’être en mesure de mobiliser d’autres financements, nationaux et européens, pour équilibrer le budget. Les onze salariés actuels du cinéma Odyssée seront repris mais leurs fonctions vont sensiblement évoluer, étant donné les nouveaux axes d’ouverture et de diffusion que se donne le Troisième souffle.
Des travaux complets de réfection débuteront à partir du 9 avril, date du début de la délégation au Troisième souffle, et qui doivent durer six à huit mois. Une période de préfiguration durant laquelle l’équipe mettra en place les structures juridiques et proposera des rendez-vous « hors les murs », avant une ouverture officielle prévue à la fin de l’année. Quant au nom du futur cinéma, le Troisième souffle refuse de le dévoiler en attendant « un arbitrage de la maire. »
Les gymnases Branly, H2R et Menora accueillent des réfugiés d’Ukraine. En tout, ils comptent 200 places et servent d’hébergement d’urgence pour les nouveaux arrivants. Ces derniers sont ensuite redirigés vers des logements dans le Grand Est. Reportage.
Georges Keller, de la Protection Civile, « ne pensait pas voir ça en 2022 ». Une bénévole derrière lui lâche une larme. Après quatre jours au gymnase Branly, 47 Ukrainiens viennent de partir vers Bar-le-Duc dans le Meuse lundi 21 mars, pour des logements plus pérennes. Il s’agissait uniquement de femmes et d’enfants, sauf un couple de personnes âgées, selon les cinq bénévoles et les deux agents de sécurité présents.
La salle de sport peut accueillir 50 personnes. Même capacité d’affluence pour le gymnase Menora. Le gymnase H2R compte 100 places. Ces deux derniers sont gérés par la Croix Rouge, qui n’a pas souhaité communiquer, « à cause des consignes de la préfecture ». En tout, 200 personnes peuvent bénéficier simultanément des places dans ces gymnases, tous à proximité du Parlement européen.
« Les femmes et les enfants qu’on accueille sont traumatisés »
D’après les bénévoles interrogés au gymnase Branly, après leur enregistrement au centre d’accueil place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, les réfugiés ukrainiens sont redirigés vers ces trois salles de sport. Ils y restent quelques jours avant d’être emmenés vers d’autres hébergements.
Des lits de camp séparés par des paravents. Un coin avec des jouets. Des tables avec des boissons et de la nourriture. Les bénévoles de la Protection Civile sont prêts à accueillir un nouveau groupe de réfugiés ukrainiens. Ils doivent arriver dans la matinée, pour remplacer ceux qui viennent de partir.
Josiane Chevalier, préfète du Bas-Rhin, avait annoncé lors d’une conférence de presse lundi 7 mars que l’État demande aux maires du département de signaler les capacités d’accueil de leurs communes. « Les gymnases, ce sont des sas le temps de trouver les places ailleurs », précise Georges Keller, le plus âgé du groupe de bénévoles. Il ajoute :
« Ces femmes et ces enfants viennent de fuir la guerre. Leurs maris ou pères sont restés sur le front. Ce sont des personnes vraiment traumatisées. Pour nous, les bénévoles, ce n’est pas facile à gérer. Les anciens de la Protection Civile sont mobilisés pour soutenir psychologiquement les jeunes, qui peuvent demander conseil. Moi j’essaye d’être une oreille pour eux. Depuis la guerre de Yougoslavie, je n’avais plus vu de telle situation humanitaire. »
Un gros risque de saturation du dispositif
Dimanche 20 mars, l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a précisé que 3,3 millions d’Ukrainiens avaient déjà quitté leur pays depuis le début de la guerre. Les arrivées sont massives à Strasbourg, d’où « la saturation des capacités d’hébergement », rapportait la préfète Josiane Chevalier, à 20 Minutes le 14 mars. À cette date, 250 personnes se présentaient tous les jours au centre de la place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny. Plus de 800 réfugiés avaient déjà été logés dans le département. La préfecture cherche donc désormais à répartir l’effort d’accueil sur l’ensemble du Grand Est.
La préfecture du Bas-Rhin n’a pas répondu à nos questions concernant les détails du dispositif et son redimensionnement. Difficile de prédire combien d’Ukrainiens se présenteront à Strasbourg dans les semaines semaines à venir mais, pour qu’aucun d’entre eux ne se retrouve à dormir dehors, comme des familles géorgiennes, tchétchènes ou albanaises, un effort sans précédent devra être mis en œuvre.
Le conseil municipal du lundi 21 mars doit durer toute la journée. Après le budget, les élus pourront débattre de choix forts sur le cinéma public et plusieurs projets immobiliers qui concernent Archipel 2, la Robertsau ou la Semencerie. À suivre en direct-vidéo et avec nos commentaires dès 9 heures.
Adoption du budget oblige, le conseil municipal du 21 mars débute dès 9 heures. La matinée risque de retomber dans la redite du premier débat de janvier. Alors que les écologistes ont parfois été pointés pour leur manque de lisibilité dans leur action, la majorité semble s’être donnée un « récit ». Pour la maire Jeanne Barsghian (EELV), son deuxième budget vise à « répondre aux crises successives » et à « changer de modèle » pour mieux les atténuer. Elle cite bien sûr le Covid, « pas tout à fait derrière nous » à l’heure où les cas remontent, mais aussi l’accueil successif des réfugiés afghans et désormais ukrainiens. Et en toile de fond toujours, la dégradation climatique.
Le pari de l’habitat « intercalaire »
Pour permettre l’accueil massif de réfugiés, Strasbourg veut miser sur l’habitat « intercalaire », c’est-à-dire les bâtiments temporairement utilisables avant une destruction ou une rénovation. Ainsi 400 000 euros sont dédiés à cette politique, un budget qui pourrait être augmenté en cours d’année. En termes de nombre, « on raisonnait sur quelques centaines de logements, mais il en faudra sûrement plusieurs milliers », avance Jeanne Barseghian, suite à la guerre en Ukraine.
Pour que tout l’effort de création de places ne repose pas sur le patrimoine municipal, la Ville espère une « acculturation » des entreprises de l’immobilier et du BTP. Le premier adjoint Syamak Agha Babaei rappelle l’exemple de l’Odylus à la clinique Sainte-Odile, à l’initiative d’un promoteur privé engagé, qui avait permis la création de 80 places. La municipalité voudrait que cette exception se généralise, ce qui semble délicat puisque rue de Bourgogne à la Meinau, le propriétaire d’un immeuble en voie de destruction, une filiale d’Action logement, assigne les occupants au tribunal en vue d’une expulsion.
Parmi les nouvelles politiques (point 9), la Ville va mette en place un système d’un panier de fruits et légumes par semaine « sur ordonnance » de médecins, afin de réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens des femmes enceintes. L’adjoint à la Santé, Alexandre Feltz (Place publique), compte s’inspirer du système du Sport sur ordonnance qu’il avait initié en 2008 et qui est progressivement monté en puissance. La première année, 800 femmes enceintes devraient êtres concernées (270 000 euros). La Ville compte aussi expérimenter un « revenu de base communal », avec pour 2022 une étude de faisabilité (130 000 euros).
138 millions d’euros d’investissements
Pour l’opposition, le débat devrait surtout être l’occasion de rappeler l’augmentation passée de la taxe foncière en 2021 (elle reste stable en 2022) et la hausse de l’endettement. De quoi s’échauffer pour le débat de vendredi au conseil de l’Eurométropole. Car pour l’agglomération des 33 communes, un quadruplement de sa quote-part de taxe foncière est programmée. Heureusement pour les propriétaires, cela ne veut pas dire que leur fiche d’impôts locaux va quadrupler, car la part de l’Eurométropole est minime en comparaison de celle de la Ville (37,44% à la Strasbourg contre un bond de 1,15% à 4,60% à la métropole). C’est complexe, difficile à suivre, mais ça tombe bien, cela permettra à chaque camp de jouer sur les approximations fiscales.
Aux côtés du fonctionnement (417 millions d’euros ; +3,16%), la Ville prévoit des investissements pour 138 millions d’euros. Conformément au plan d’investissements présenté en fin d’année, le premier poste de dépenses sont les écoles, qui regroupent 27% des sommes consacrées à des travaux. Une vingtaine d’établissements sont concernés pour des « mises en sécurité », la rénovation thermique, un changement que de restauration ou la végétalisation des cours. Deux nouveaux établissements sont en construction, à Koenigshoffen et à la Meinau.
L’Odyssée, une décision enfin assumée ?
Le gros sujet suivant concerne le futur gestionnaire du cinéma de l’Odyssée (point 7). Se retranchant derrière des critères de notation techniques par un jury avec un seul élu, Christian Brassac, qui n’a pas de compétence dans le cinéma, la municipalité n’a pas été capable d’expliquer ce qui va changer. L’équipe du « Troisième souffle » a été sélectionnée, après 30 ans de gestion par l’équipe des Rencontres cinématographiques d’Alsace de Faruk Gunaltay, dont les renouvellements en 2011 et 2016 avaient suscité l’incompréhension (voir nos articles).
Signe de la nervosité ambiante sur ce sujet, la délibération a été envoyée aux élus sous pli « confidentiel ». Les oppositions ne se sont pas davantage exprimées sur cette décision, qui devient majeure compte tenu de l’historique du dossier et de l’interventionnisme du précédent maire, Roland Ries. Le débat serait l’occasion d’avoir enfin quelques éléments transparents et politiques sur le choix retenu. Sauf si les élus continuent d’avoir peur de leurs propres choix.
Archipel 2, Semencerie et Robertsau dans les sujets d’urbanisme
Ensuite, les points 9 à 22 concernent l’immobilier et l’urbanisme. Ces délibérations montrent que les écologistes commencent à avoir la main sur les projets qui sortiront de terre dans les prochaines années.
Dans le quartier dit Archipel 2 au Wacken, la municipalité vote à nouveau des « lots » qui avaient déjà été attribués par la précédente municipalité. Mais entre l’abandon des grands sièges par la Caisse d’Épargne et le Crédit mutuel, suite à la pandémie de Covid, et les aspirations des écologistes, les projets ont été retravaillés. On retrouvera comme prévu une halle gourmande et des parkings silo mutualisés (363 places en tout). La Ville acte aussi la promotion de six immeubles pour 270 logements et trois autres consacrés aux bureaux, avec du coworking et de l’hôtellerie. Les plus hautes tours aligneront jusqu’à 17 étages.
Adjointe en charge de l’urbanisme, Suzanne Brolly détaille les premières modifications :
« Nous avons pu avoir des berges plus généreuses pour créer une continuité écologique le long de la ceinture verte et inverser la proportion de bureaux et logements. Sur la forme des bâtiments en escaliers pour limiter les ruptures. La hauteur de 17 étages était déjà programmée, mais j’assume d’aller aussi haut afin de limiter l’artificialisation au sol. »
La partie centrale du futur quartier, qui n’avait pas encore été attribuée, fait l’objet d’un « Appel à manifestation d’intérêt » (AMI), qui devrait être attribué en cours d’année. L’opposition a jusque-là surtout questionné le manque de dimension « européenne » de cette deuxième phase du quartier d’affaires.
Une délibération acte aussi l’acquisition par la Ville (via l’établissement public foncier d’Alsace) des ateliers d’artistes de la Semencerie dans le quartier de la Laiterie pour un montant de 2,9 millions d’euros. Suite à la vente à un promoteur, ce lieu atypique depuis une quinzaine d’années, et régulièrement menacé, se serait arrêté sans l’intervention publique.
La fin du feuilleton du foyer Saint-Louis
Enfin, une délibération vise à clore le feuilleton du foyer Saint-Louis à la Robertsau, qui mêlait la Ville, la paroisse du quartier et des promoteurs immobiliers. À ce sujet, Emmanuel Jacob, membre du collectif « Un cœur pour la Robertsau » parle volontiers d’une « sortie de crise » sur un dossier enlisé depuis 10 ans, qu’il qualifie de « naufrage de la démocratie locale, où l’intérêt des Robertsauviens n’était pas possible ». Plusieurs habitants, dont Marc Hoffsess devenu élu en charge du quartier, demandaient que la Ville intervienne dans la vente souhaitée par la paroisse pour éviter une opération immobilière massive. De nombreux recours avaient été déposés. Ainsi, la municipalité qui a rouvert le dossier a choisi d’acquérir la cour à l’arrière du bâtiment. Cette parcelle de 11 ares où un immeuble devait être construit deviendra un espace vert public. Quant au foyer, un lieu accessible pour des fêtes ou réunions publiques, sa rénovation et son maintien avaient été engagés à la fin du mandat précédent.
Par ailleurs, le lieu dit du « jardin du curé« , à côté du presbytère ne sera pas construit. La paroisse récupère cette parcelle anciennement constructible via un bail emphytéotique de 50 ans, qui prévoit d’en faire « un aménagement d’un espace vert et paysager, protégé et sanctuarisé comme ilot vert ».
Et le promoteur choisi lors de la dernière séance du mandat de Roland Ries obtient aussi une porte de sortie, puisqu’il réalisera une opération à la place du bailleur social Ophéa un peu plus loin, rue Mélanie.
Le nouveau carnaval parmi les nombreuses interpellations
La séance compte au total 57 points. Elle devrait s’étirer sur toute la journée puisqu’en plus des questions d’actualité, les oppositions déposent 7 interpellations. Parmi eux, les deux candidats LR aux élections législatives de juin, Jean-Philippe Maurer et Jean-Philippe Vetter. Au lendemain du Carnaval, l’ancien candidat interroge sur la fin de la grande cavalcade à Strasbourg, remplacé par un moment festif place du Marché à Neudorf. L’occasion de tirer un premier bilan de ce changement dans la la politique événementiel. Jean-Philippe Maurer, lui, demande un marché au Port-du-Rhin, à la limite de la circonscription qu’il brigue pour la quatrième fois d’affilée.
Il sera plusieurs fois question de marchés, puisque c’est aussi le sujet choisi par Pierre Jakubowicz (Horizons) qui demande à « construire ensemble l’avenir », lui qui est membre de la commission dédiée. Parmi les autres dossiers abordés, les critères de subvention aux associations ou l’accessibilité des bureaux de vote aux personnes handicapées.
La Chambre de commerce et d’industrie s’apprête à quitter son siège historique du centre de Strasbourg, trop cher, pour aller s’établir au pôle de l’entreprise à Schiltigheim. Occupé depuis le XVIIe siècle par les corporations, le Neubau abritera des espaces de travail partagés.
Le Neubau, situé en face de la Cathédrale, place Gutenberg, a été le premier bâtiment tout en pierres de taille à Strasbourg. Construit en 1585, il a abrité les foires strasbourgeoises et a servi de lieu d’échange entre les corporations jusqu’à la Révolution.
En 2022, il ne devrait plus accueillir que des bureaux partagés. La Chambre de commerce et d’industrie (CCI), qui l’occupe depuis le XIXe siècle, s’apprête à s’installer à Schiltigheim, au sein de l’espace européen de l’entreprise.
Qu’est-ce qui a bien pu pousser la CCI à quitter ce magnifique ensemble de 6 500 m² en cœur de ville pour lui préférer les 2 500 m² d’un bâtiment sans âme au milieu d’autres similaires dans l’une des zones les plus tristes de l’agglomération ? « Le Neubau, c’est trop luxueux », répond Jean-Luc Heimburger, président de la CCI Alsace Eurométropole :
« On représente les entreprises et on ne ressemble pas à une entreprise en occupant des locaux aussi spacieux avec 115 personnes. Avec les boiseries, les meubles, les moulures, ça fait trop palais doré. Si on rajoute la poussière, on a l’impression d’être dans un musée. Il en va de notre image auprès des entreprises.
À Schiltigheim, on sera dans des espaces ouverts, tout en verre, avec une kitchenette et un rooftop (une terrasse sur le toit, NDLR). Ce sont des éléments adaptés aux manières de travailler d’aujourd’hui. Nous serons entourés d’entreprises, proches des autres organes consulaires, et nous allons même peut-être mutualiser la restauration avec la Chambre des métiers. »
Gain d’un million d’euros par an
Mais l’opération est surtout financière pour la CCI. Le siège historique coûte 150 à 200 000 euros par an, entre le chauffage, l’isolation et le soin apporté à la façade dans le cadre règlementaire très contraint des Bâtiments de France. Les bureaux à Schiltigheim ne coûteront que 30 à 50 000 euros par an.
En outre, la CCI reste propriétaire du Neubau et prévoit d’en louer 90% des surfaces à un opérateur de bureaux partagés (coworking). La chambre espère en tirer 850 000 euros par an, un accord est sur le point d’être finalisé. Au final, la CCI espère améliorer ses revenus d’un million d’euros par an avec ce déménagement.
Jean-Luc Heimburger détaille pourquoi il était urgent de partir :
« Une baisse des taxes prélevées sur les entreprises en 2020 a considérablement réduit nos recettes : d’un revenu fiscal autour de 20 millions d’euros en 2018, on ne reçoit plus que 8 millions d’euros ! On a réduit nos charges (les effectifs ont fondu de 600 à 115 personnes en dix ans) mais on perd encore 2,5 millions d’euros par an… Je prévois un retour à l’équilibre dans 2 ou 3 ans mais l’État nous encourage à vendre nos actifs, si on ne le fait pas, il se sert dans notre caisse… »
Objectif : plus de réserves
Les CCI ont mal vécu une ponction de l’État dans leurs réserves de 500 millions d’euros en 2015. Pour les trois CCI alsaciennes (Strasbourg, Colmar, Mulhouse ont fusionné en 2016), cette ponction a représenté 10 millions d’euros. Des millions qui ne leur manquent pas, mais les élus de la CCI, en majorité des dirigeants d’entreprises, ne sont pas très enclins à combler le déficit de l’État.
Résultat : Jean-Luc Heimburger ne veut plus garder d’actifs dormants : il a intégralement financé sur les fonds propres de la CCI le nouveau siège à Schiltigheim, soit une somme de 6,5 millions d’euros, et se garde une réserve de « 3 ou 4 millions d’euros ».
Avec ce déménagement qui a valeur d’exemple, Jean-Luc Heimburger amplifie le signal selon lequel aucune entreprise de taille ne peut rester au centre de Strasbourg, suivant le départ de La Poste et précédant celui d’Électricité de Strasbourg. La Ville de Strasbourg refuse de réagir à ce qu’elle considère comme « une affaire privée ».
Commerçants et restaurateurs s’inquiètent mais à mots couverts, la CCI étant leur partenaire. Par exemple, les Vitrines de Strasbourg ont refusé d’exprimer une position publique sur ce déménagement. Conscient de ces critiques, Jean-Luc Heimburger tente de rassurer en rappelant que les personnes qui loueront les futurs bureaux en coworking travailleront et consommeront au centre-ville de Strasbourg.