Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Le gouvernement tente de grignoter les deux jours fériés d’Alsace-Moselle

Le gouvernement tente de grignoter les deux jours fériés d’Alsace-Moselle

Le Premier Ministre souhaite que les employés des mairies d’Alsace et de Moselle travaillent autant que ceux des autres départements, en dépit des deux jours fériés issus du droit local. Une menace à terme sur les salariés du privé estiment le sénateur André Reichardt (LR) et le syndicat de la CGT.

Les salariés d’Alsace-Moselle vont-ils devoir travailler un peu plus le reste de l’année en raison de leur deux jours fériés supplémentaires ? C’est une hypothèse probable suite à la mise en œuvre de la loi de « transformation de la fonction publique » votée par la majorité présidentielle en août 2019.

À priori, rien à voir avec les jours fériés issus du droit local. Il s’agit de faire appliquer dans la fonction publique territoriale, partout en France, un temps de travail de 35 heures hebdomadaires, là où parfois des accords ont été signés avec les agents pour un temps de travail moindre.

1607 heures ou 1593 heures ?

Mais là où ça se complique, c’est que le temps de travail est en fait décompté sur l’année. Soit dans le détail, 365 jours dont on retire 104 de week-ends, 8 jours fériés légaux et 25 jours de congés annuels. Soit 228 jours travaillés, avec un temps de travail de 7 heures par jour (35h/semaine), ce qui donne 1596 heures. Un résultat arrondi à 1600, auquel on ajoute 7 heures pour la « journée de solidarité » instaurée en 2004. Et donc un total final de 1607 heures.

Les mairies et communautés de communes ont donc retravaillé la question du temps de travail sur cette base. Mais ces dernières ont objecté qu’en Alsace-Moselle, il y a deux jours fériés supplémentaires, le Vendredi saint avant Pâques et la Saint-Étienne (26 décembre). Soit un total annuel de 1 593 heures, puisqu’on retranche deux jours ouvrés de 7 heures. Elles devaient avoir fini le 1er janvier 2022, mais un délai supplémentaire a été toléré, semble-t-il en raison des ralentissements liés au Covid.

Une circulaire avant Noël

Mais le 21 décembre 2021, la préfète de la Région Grand Est et du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, a adressé une circulaire à tous les maires et présidents d’intercommunalités. Dans ce document, elle rappelle aux élus locaux que le temps de travail annuel est de 1607 heures en France et que le non-respect de ce total serait « susceptible d’entacher d’illégalité », les nouvelles dispositions.

Une circulaire qui a interpellé le sénateur André Reichardt (LR), spécialiste du droit local alsaco-mosellan. Il a écrit au Premier ministre Jean Castex pour attirer son attention, qui dans une réponse en février lui a signifié la même chose, à savoir que « la base d’annualisation du temps de travail reste fixée à 1607 heures ». Suite à cette réponse, André Reichardt a attendu d’avoir une brève explication directe avec Jean Castex, qui n’a rien donné. Suite à cet échec, il a donc fait connaitre la position du gouvernement par communiqué le 29 mars, à quelques jours des élections présidentielles, puis des législatives.

La circulaire de la préfète n’a pourtant pas remis en cause les réformes de plusieurs mairies. La Ville de Schiltigheim a par exemple voté le 22 mars une réorganisation sur la base de 1593 heures annuelles. La Ville et l’Eurométropole de Strasbourg n’ont pas encore délibéré. Fin décembre, ses représentants insistaient sur le fait que ce délai était convenu avec la Préfecture avec qui des échanges réguliers se tenaient. Et qu’il était bien question de 1593 heures.

La circulaire « a mis le feu au poudre », raconte le président de l’association des maires du Bas-Rhin, Vincent Debes (divers droite). Le maire de Hoenheim, qui dans sa commune a également voté un texte sur la base de 1593 heures, a élaboré un texte avec l’institut du droit local (IDL), pour « défendre le droit local » et donc un décompte de 1593 heures avec l’application de cette loi. Un texte transmis aux 526 communes du Bas-Rhin, pour qu’ils puissent voter cette motion. L’association des maires du Bas-Rhin compte à ce jour environ 150 retours selon Vincent Debes, mais s’attend à en recevoir davantage jusqu’au 4 avril, date de son assemblée générale, « car il y a beaucoup de conseils autour des débats d’orientations budgétaires et budgets en ce moment », précise Vincent Debes. Ces votes seront ensuite transmis à la Préfecture avec qui un rapport de force s’engage.

L'équipe de nettoyage n'a pas été renforcée par rapport aux matinées normales... (Photo GK / Rue89 Strasbourg / cc)
Le gouvernement veut égaliser le temps de travail des agents des mairies en Alsace-Moselle et ailleurs en France. Photo : GK / Rue89 Strasbourg / cc

Dans la fonction publique d’État, le temps de travail annuel est de 1607 heures, y compris en Alsace-Moselle. « Ces jours-là sont chômés, mais le temps de travail sur l’année est réparti différemment », décrit le secrétaire général de la CGT du Bas-Rhin, Laurent Feisthauer.

Une remise en cause future dans le privé ?

En revanche, le représentant syndical s’inquiète d’une extension future au secteur privé, où le temps de travail de base est de 7 heures par jour, et les deux jours fériés respectés ou compensés. « Le Medef a toujours été contre ces jours fériés, donc s’il y a une remise en cause, ça ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd »…

Pour Laurent Feitshauer, les syndicats et organismes attachés au droit locale doivent envisager des suites juridiques :

« On va réunir l’intersyndicale pour voir juridiquement ce qu’on peut faire. Les jours fériés d’Alsace-Moselle sont garantis par la Constitution, mais comme ce n’est pas une suppression directe, il faudra trouver d’autres moyens d’agir. Mais là où on a une marge, c’est que la loi indique 8 jours fériés légaux pour son calcul, or en Alsace-Moselle c’est bien 10. C’est une première brèche dans le droit local, si le temps de travail n’en tient plus compte. »

« 3 minutes par jour » défendent les soutiens du gouvernement

Une analyse que partage André Reichardt sur cette « inacceptable remise en cause d’un particularisme important de notre territoire. Pourquoi une disposition valable pour la fonction publique ne s’appliquerait-elle pas demain dans le secteur privé ? ». Alors que la question d’un retour d’une région Alsace a suscité peu de prise de position des candidats, voilà un sujet alsacien encore plus brûlant pour les prétendants à l’Élysée en avril, et ceux qui veulent devenir député en juin.

Les 10 parlementaires et la ministre alsacienne de la majorité présidentielle (LREM, Modem, Agir) ont vite pris la défense de cette mesure dans un communiqué commun en estimant que les jours fériés d’Alsace-Moselle seront ainsi « confortés. Il minimisent l’impact en répliquant que « répartir 14 heures sur 252 jours ouvrés » reviendront à « 3 minutes de travail supplémentaire par jour travaillé » (très précisément, 3 minutes et 20 secondes). Un calcul qui ne tient pas compte du temps de travail supplémentaire pour arriver à 1593 heures.

Emmenées par Ballade, les mamies connaissent la chanson

Emmenées par Ballade, les mamies connaissent la chanson

L’association Ballade anime des ateliers de musicothérapie dans une résidence pour personnes âgées de Cronenbourg. Reportage à la rencontre de Georgette, Liliane ou Monique qui chantent aussi bien Mon amant de Saint-Jean que des refrains ukrainiens et se moquent des barrières de la langue et de l’âge. 

Des notes de guitare s’échappent de la salle d’activités au premier étage de cette résidence de services Abrapa du quartier de Cronenbourg. On a quitté l’agitation de début d’après-midi de la rue Langevin, pour rejoindre une ambiance plus apaisée, les habituées étaient toutes à l’heure et même en avance pour le rendez-vous musical et hebdomadaire animé par l’association Ballade. 

On reconnaît les mesures de Jeux interdits. Jean-Claude, Le guitariste a un chapeau et la plaisanterie qui sort aussi facilement que les accords de sa gratte : « J’ai appris cette musique pour draguer », avoue-t-il à l’assistance qui rigole. On verra qu’au cours de cette séance, l’amour est souvent évoqué : ce n’est pas parce que les dames présentes ont plus de 80 ans pour certaines qu’elles ont lâché la partie. 

Cette semaine, Mariana a décidé de faire apprendre une chanson de Luciane Delyle Photos : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Tous les lundis depuis l’été 2021, l’association Ballade vient animer le début d’après-midi de Georgette, Liliane, Christiane, Jeanine et Monique, résidentes dans cet établissement pour personnes âgées géré par l’Abrapa. Aujourd’hui l’assemblée ne compte que des femmes, mais parfois des messieurs se joignent à elles.  Aux côtés de Jean-Claude Chojcan, musicien issu du conservatoire, qui a créée la structure il y a 20 ans, Yuliia et Marina, sont là pour faire chanter. Les deux jeunes filles sont ukrainiennes, arrivées à Strasbourg il y a presque 3 ans lors d’un volontariat européen. L’association née à Cronenbourg a toujours eu des liens avec ce pays à l’Est de l’Europe, aujourd’hui déchiré par la guerre. Depuis l’invasion russe fin février, ils se sont encore resserrés. Antonina, 20 ans, de Lviv, a rejoint Strasbourg il y a trois semaines : sa venue pour un service européen, a été accélérée en raison du conflit. 

Chanter en français, en espagnol et en ukrainien

Christiane, 71 ans, a reconnu la musique et se demande si elle ne vient pas d’un film avec Catherine Deneuve, ou avec « une autre actrice, blonde et belle ». Jean-Claude embraye sur l’histoire de cet air mythique composé par un musicien espagnol, Narciso Yepes, et qui a donné envie à des hordes d’ados des années 1960 d’apprendre la guitare. Intervention de Marina, 22 ans : « Mais c’est une musique qui existe chez nous aussi ». Les jeunes Ukrainiennes se lancent dans un refrain : la parenté est bien là.

Frontières et générations ne signifient plus grand chose ici. Le slogan de Ballade, « Des musiques d’ici et des ailleurs qui vivent ici », se moque aussi des différences d’âge. L’association est habituée aux ateliers à destination des enfants et à mettre le feu à la scène, en France, comme lors de tournées européennes, mais dans cette résidence, les musiciens et chanteuses semblent tout aussi à leur aise. Antonina accompagne la guitare avec un ukulélé, Yuliia lui traduit les échanges du français à l’ukrainien. 

Les bienfaits de la musique et du chant sont reconnus et conseillés dans les établissements qui accueillent les personnes âgées. Plus qu’un passe temps, l’activité offre aussi un contact social, facilite les échanges et permet d’exercer la mémoire ou de raviver des souvenirs et moments heureux.

Yuliia aide à retrouver les paroles des chansons Photos : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Les mamies se sont apprêtées pour cette après-midi. Mises en plis soignées, bijoux et foulards élégants sont de sortie. Elles ont aussi à la main un tas de feuilles photocopiées avec des paroles en gros caractères. Des chansons du répertoire français : Piaf, Trenet… mais aussi des morceaux espagnols et ukrainiens, comme « Kolomyka »,  qu’elles commencent à bien connaître ou cet autre refrain qui raconte l’histoire d’une fille qui donne rendez-vous à son amoureux, lundi, mardi, mercredi, etc. et ne vient jamais. Georgette, 84 ans, suit attentivement les paroles transcrites en français avec une loupe.

Chanter en ukrainien

Les jeunes filles font répéter lentement et les dames entonnent avec application et enthousiasme les mots étrangers, l’une d’elle demande « on peut répéter le deuxième couplet ? Il est un peu dur. » À chaque fois, les jeunes Ukrainiennes traduisent et racontent et des discussions suivent. Monique, 67 ans, apprécie vraiment cette activité : 

« Je faisais partie d’une chorale à Schiltigheim, j’aime bien chanter en groupe, je me laisse aller et je participe aussi. C’est un peu difficile les chansons en ukrainien mais quand on lit, ça va. C’est bien aussi de les entendre chanter, les filles. » 

Jean-Claude Chojcan, musicien et professeur au conservatoire, a créé l’association Ballade il y a 20 ans Photos : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

On passe à Mon amant de Saint Jean, puis La vie en rose. Marina et Yuliia, se lèvent pour aider à trouver les paroles parmi les polycopiés. Liliane, 88 ans, n’en a pas besoin, elle connaît couplets et le refrain par cœur. Elle aime les chansons d’amour mais n’aurait rien contre des marches militaires, elle en a souvent écouté avec son défunt époux, militaire de carrière.

La plupart d’entre elles ont perdu leur mari, et elles en parlent souvent. Comme Jeannine qui avait rencontré l’heureux élu à Strasbourg « en bossant pas en me tournant les pouces hein », elle avait rejoint la grande ville pour échapper à la vie étroite d’un petit village dont elle ne veut même pas dire le nom : « dès que j’ai pu, je suis partie : Taiaut, Taiaut ! » 

Sourires et yeux qui brillent

Yuliia, 26 ans, a commencé à animer ces ateliers de musicothérapie en juin. Elle aime partager les mélodies de son pays et d’autres chansons qu’elle a apprises depuis qu’elle a rejoint Ballade, dans des langues qu’elle ne parlait pas. Il n’est pas rare de l’entendre chanter en ukrainien mais aussi en espagnol et en albanais. Ambiance Eurovision à Cronenbourg :

« Ça me plaît de voir les sourires et les yeux qui brillent. Et puis je crois qu’elles aiment vraiment ce que l’on fait ensemble. À Noël, elles nous ont offert un concert de toutes les chansons que nous avons apprises ensemble. Elles s’étaient faites si élégantes, avait appris les paroles, c’était très émouvant. »

Yuliia, 26 ans, originaire de Tcherkassy, au centre de l’Ukraine est aujourd’hui salariée de l’association Photos : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Ces plages musicales sont aussi l’occasion d’échanges, émouvants et drôle, insiste Marina, 22 ans, qui mesure ce que ces visites, au delà des mélodies, représentent pour des personnes isolées : 

« C’est différent des cours de chant que j’ai l’habitude de donner. Ce qui me plaît, c’est l’énorme partage entre nous, j’aime bien leur demander leur avis, leur poser des questions. Par exemple, elles m’ont demandé avec qui je passerai la Saint-Valentin. Quand j’ai répondu mon mari, elles m’ont dit en riant : mais c’est dommage ! Et puis on a commencé à parler de la vie de couple. » 

Aujourd’hui Marina a décidé de faire apprendre Les quais de la Seine de Lucienne Delyle. Les violons et la voix de gouaille aux R roulés s’élèvent du smartphone, les jeunes filles battent la mesure de ce morceau composé en 1947. « Elle est jolie la mélodie », lance Christiane. Aucune des pensionnaires ne connaissait cette chanson de l’interprète du tube planétaire mon Amant de Saint-Jean. Elles l’apprendront au cours des prochaines semaines. Georgette a aussi fait partie dune chorale à Marlenheim, elle dit goûter à cet atelier. Assise juste à côté de Jean-Claude le guitariste, elle échange des blagues avec lui.

Mariana, 22 ans, ici avec Georgette, vient de la ville ukrainienne de Soumy située à l’Est du pays. Elle est engagée avec Ballade depuis près de 3 ans Photos : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Quand on leur demande de qui elle aimerait fredonner les chansons, un nom fuse : « Franck Mickaël ! », l’interprète de Toutes les femmes sont belles, est très apprécié ici. Le crooner belge d’origine italienne a construit sa carrière sur des textes qui célèbrent l’amour, la séduction, la romance et des refrains lancinants. Georgette préfère chanter en français mais sourit : 

« Toutes les musiques sont belles quand elles sont bien jouées. Édith Piaf, c’est de notre temps, c’est sûr que c’est pas récent…  Ici L’ambiance est bonne, ça permet de rompre l’isolement. »

L’atelier le plus suivi

Audrey Muckensturm, responsable de la résidence, qui accueille 30 résidents dans des appartements indépendants mais avec salle, assistance et services communs, explique la genèse de cet atelier :

« On aime bien penser à des activités propices aux échanges. La musique et le chant font partie des demandes qui nous avaient été faites et c’est l’atelier le plus fréquenté. Parfois, Ballade vient aussi avec des instruments, elles apprécient de pouvoir essayer d’en jouer. »

Les ateliers musicothérapie ont été demandés par les résident.es Photos : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Récemment la résidence s’est préparée pour l’accueil de familles ukrainiennes, 120 personnes qui fuient le conflit devraient être accueillies dans les prochaines semaines, surtout des familles avec enfants. Certaines sont déjà arrivées, comme dans l’appartement juste à côté de celui de Georgette ; une maman s’est installée avec son garçon. Elle les a vus par le balcon, a échangé des signes et des sourires.

L’atelier chant se termine, mais avant de regagner sa chambre, Georgette avait encore quelque chose à demander à Marina. Entre ses mains un papier sur lequel est écrit un message en ukrainien et en français. Elle veut le montrer à sa voisine quand elle l’apercevra sur son balcon. Dessus il est écrit : « Est-ce que vous voulez que nous allions au parc ensemble ? C’est juste à côté. Il y a des jeux pour les enfants. »

Dix raisons de donner à Rue89 Strasbourg : un média qui s’assume engagé

Dix raisons de donner à Rue89 Strasbourg : un média qui s’assume engagé

Votre média d’investigation local a lancé une campagne de financement pour recruter un, voire deux journalistes. Chaque jour jusqu’au 31 mars, nous publions dix bonnes raisons d’y participer.

Raison n°9 : un média qui s’assume engagé

Qu’est-ce que Rue89 Strasbourg en fait ?

Que les choses soient claires : Rue89 Strasbourg assume son rôle de contre-pouvoir. Nous n’avons pas d’étiquette politique, mais nous sommes conscients des diverses oppressions qui traversent la société, des effets pervers du système capitaliste et consumériste.

Nous ne croyons pas au mythe de la neutralité journalistique. Cela n’existe pas. Tous les médias sont positionnés, c’est ce qu’on appelle une ligne éditoriale. La nôtre est résumée sur cette page, nous sommes contre les injustices sociales, les discriminations et les atteintes à l’environnement, pour la transparence en politique.

Nous revendiquons nos impacts, cela implique un positionnement fort

Notre travail est guidé par ces grands principes. Concrètement, en conférence de rédaction, cela défini notre manière de choisir et d’angler les sujets. Voilà certaines des questions que l’on se pose systématiquement avant d’accepter un article : dénonce-t-il une injustice ? Met-il en lumière un phénomène de société néfaste pour une partie de la population ? Démontre-t-il une pollution de l’air, de l’eau ou du sol ?

Nous cherchons même à avoir de l’impact, à ce que les situations s’améliorent suite à notre travail. Cela implique forcément un positionnement fort de notre part. Lorsque l’ancien directeur de la Maison des associations de Strasbourg a été reconnu coupable de harcèlement sexuel et condamné, c’était une issue envisagée suite à nos révélations un an plus tôt. Nous notons qu’une enquête a été ouverte en mars 2022 par le parquet sur la nature des déchets de Stocamine, après l’un de nos articles publié en 2021.

Notre engagement réside aussi dans notre manière d’exercer le journalisme

Nous sommes à l’écoute des Strasbourgeois engagés, des militants progressistes. Régulièrement, dans des articles, nous leur donnons la parole et de la visibilité. Nous sommes sensibles à leurs alertes et leurs discours. Ainsi, nous écrivons de nombreux articles sur les mouvements sociaux, les luttes syndicales, les mouvements écologistes… Rue89 Strasbourg a récemment interviewé SekuOuane, un graffeur politique, Céline Huet, une psychologue engagée contre le harcèlement scolaire, ou encore Pierre-Luc Laemmel, de la Confédération paysanne.

Enfin, notre engagement se situe aussi dans notre manière d’exercer le journalisme : « Nous refusons l’immédiateté, les informations de sources uniques et les effets de buzz médiatiques », dit notre manifeste. Au contraire, nous prenons le temps de l’enquête, nous produisons des formats longs, afin de proposer un contenu de qualité à nos lecteurs et lectrices. Économiquement, ce modèle n’est pas facile à tenir mais il permet d’avoir un espace de pratique d’un autre journalisme, exigeant et valorisant pour nous.

Si vous appréciez la présence d’un média local et engagé à Strasbourg, et que vous souhaitez lui donner un peu plus de force en lui permettant d’engager un ou une journaliste, n’hésitez pas à nous soutenir en participant à notre campagne de financement participatif.

Envolée des cas de Covid dans le Bas-Rhin depuis la fin des restrictions sanitaires

Envolée des cas de Covid dans le Bas-Rhin depuis la fin des restrictions sanitaires

Deux semaines après la levée des restrictions sanitaires, les contaminations au covid-19 sont fortement reparties à la hausse dans le Bas-Rhin. Les hospitalisations pour des cas critiques restent cependant stables.

Depuis la fin du passe vaccinal et du port obligatoire des masques lundi 14 mars, le taux d’incidence de covid-19 dans le Bas-Rhin a augmenté de presque 35% en deux semaines. Dans la période du 16 au 22 mars, 80 709 nouveaux cas ont été confirmés dans le Grand Est, dont 6 701 dans l’Eurométropole de Strasbourg. Aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, il y avait 83 personnes hospitalisées pour des cas graves de covid le 28 mars, dont quatre adultes en réanimation.

Photo : Graphique Germain Forestier

Selon un communiqué de presse de l’Agence régionale de Santé du 25 mars, le taux d’incidence dans le Grand Est a le plus augmenté parmi les adolescents de 10 à 19 ans (1 995 au 22 mars). Ce taux reste élevé dans toutes les tranches d’âge, il est de 1 464 en moyenne du 16 au 22 mars. Cette augmentation de l’incidence est observée dans toutes les métropoles de France mais l’Eurométropole de Strasbourg connaît la troisième plus forte augmentation.

Evolution du taux d’incidence sur une année dans le Bas-Rhin – cliquez pour afficher en grand Photo : graphique Germain Forestier

Selon le Dr Nicolas Lefebvre, infectiologue et chef du services des maladies infectieuses aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, dans une interview aux DNA, cette hausse est « très clairement » le résultat de la levée des restrictions sanitaires.

Malgré cette hausse des contaminations, les hospitalisations baissent légèrement (-7%). Le nombre de décès restent à un niveau de 1,06 pour 100 000 habitants. La couverture vaccinale complète moyenne pour le Grand Est s’établit à 77,4% de la population concernée au 21 mars.

Dix raisons de donner à Rue89 Strasbourg : un média au contact des luttes sociales

Dix raisons de donner à Rue89 Strasbourg : un média au contact des luttes sociales

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Raison n°8 : un média au contact des luttes sociales

Le teaser 2022 de Rue89 Strasbourg (vidéo Les Indépendants)

Quelque fois, des lecteurs nous disent : « vous soutenez cette manifestation » car un article l’annonçant a été publié, une assertion revenue de manière accrue à chaque article évoquant les mouvements d’opposition au passe sanitaire. C’est toujours une remarque, souvent sous la forme d’un reproche, qui nous étonne car Rue89 Strasbourg est produit par une équipe dont les journalistes n’ont pas les mêmes idées sur tous les sujets. Nous n’actons pas de position « pour » ou « contre » du média, comme une association ou un parti politique pourrait le faire, afin de décider s’il faut ou non traiter d’une mobilisation.

Notre travail est de rendre compte des mouvements sociaux, quels qu’ils soient, même lorsqu’ils sont hétéroclites, sans revendication claire ou empoisonnés de complotisme… Nous devons les contextualiser, réfléchir à leur sens et apporter à chaque fois une plus-value journalistique. Et en effet, nous accordons beaucoup d’importance au fait que des personnes prennent sur leur temps pour revendiquer, s’engager et s’organiser en dehors des institutions. Pourquoi ? Déjà parce que c’est souvent la seule manière pour des personnes de se faire entendre, quand on ne détient pas de pouvoir politique ou financier. Ensuite, parce que les mouvements sociaux sont bien souvent annonciateurs des défis qui viennent. En 2018 et 2019 se sont succédées à Strasbourg des marches féministes et pour le climat à Strasbourg, de manière beaucoup plus prononcées que par le passé. Quelques mois plus tard, c’est une femme qui se revendique de l’écologie et du féminisme qui a été élue maire de la ville.

Des questions qui traversent la société

La lutte de longue haleine contre le Grand Contournement ouest (GCO) de Strasbourg est sans doute la mobilisation qui suscité le plus d’articles (relire cet article de 2017 sur les bonnes raisons d’en écrire autant) sur Rue89 Strasbourg. La question n’est pas si les journalistes sont individuellement pour ou contre cette infrastructure. Maintenant que l’autoroute est construite, pro et anti d’hier se retrouvent sur la nécessité d’avoir des mesures pour rendre Strasbourg plus accessible (et de ne pas couper des arbres par centaines). C’est le cas avec le Réseau express métropolitain (REM), une réorganisation du réseau d’autocars régionaux, des réflexions pour déporter du flux de marchandises par le train plutôt qu’en camion. Des éléments qui étaient peu présents dans la réflexion lors de la relance du projet d’autoroute en 2013 et qui ont été mis dans le débat public avec la mobilisation.

La fin d’année 2021 et le début 2022 ont été marquées par beaucoup de mobilisations autour des conditions de travail (au tribunal, à l’hôpital, chez les travailleurs sociaux, à l’usine Kronenbourg, à la CTS etc.). Au-delà de ces actions visibles, la question de la place, du sens et des conditions de travail sont au cœur de nombreuses réflexions individuelles et collectives de notre société, de manière beaucoup plus diffuse.

Soutenir Rue89 Strasbourg, c’est s’assurer d’être au fait des mouvements sociaux et de leur évolution aujourd’hui. Et des défis de demain.

Des panneaux blancs ajoutés pour contourner les panneaux bleus du GCO

Des panneaux blancs ajoutés pour contourner les panneaux bleus du GCO

Après la bronca, de nouveaux panneaux ont été apposés en amont de ceux indiquant le Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg, afin de signaler l’accès gratuit vers la ville, par le nord et par le sud.

Deux panneaux valent mieux que tomber dedans. C’est la petite morale que l’on pourrait tirer de la curieuse gestion de la signalisation autoroutière à la mise en service du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg.

Plutôt que de changer les panneaux trompeurs (voir notre article), les élus et administrations ont trouvé une autre solution : ajouter des panneaux supplémentaires, apposés ce lundi 28 mars, soit trois mois après la mise en service du contournement payant.

Au sud, entre Krautergersheim et Innenheim, figure un panneau blanc qui indique « Strasbourg-sud suivre Illkirch-Graffenstaden ». Idem en venant du côté de Molsheim à l’ouest. Au nord sur l’A35, à hauteur de Hoerdt, un panneau similaire est apposé avec la mention « Strasbourg-nord suivre Schiltigheim ». Une manière implicite de préciser qu’un peu plus loin, le grand panneau bleu qui surplombe la chaussée au niveau des échangeurs relève de l’entourloupe. En effet, seul « Strasbourg [payant] » figure sur ces derniers, ce qui conduit les automobilistes vers le GCO payant même s’ils veulent se rendre à Strasbourg, en dépit du bon sens.

Le président de la Collectivité d’Alsace, Frédéric Bierry s’est rendu à la pose de l’un des panneaux. Photo : remise / CeA

Pas de changement sur l’A4, autre point trompeur

Mais toutes les inepties de ce feuilleton ne sont pas corrigées. Ainsi, rien ne figure sur l’A4 en venant d’Haguenau ou Brumath, un secteur dont la gestion relève de la société Sanef. Pour que des panneaux soient ajoutés ou modifiés sur cet axe, il faudrait que l’État, via le ministère des Transports, modifie son arrêté initial, pris en novembre 2018. La Sanef indique avoir été saisie d’une demande de la CeA pour apposer des panneaux similaire, qui est « en cours d’étude » et soumise à une validation de l’État.

Au-delà du côté pratique, les automobilistes locaux et les GPS ayant pris leurs habitudes, la question des panneaux a pris un tour symbolique. Beaucoup d’utilisateurs ont perçu cet affichage que comme une volonté déguisée de rabattre un maximum de véhicules vers l’axe payant, plutôt que sur l’accès gratuit, souvent plus rapide et plus court.

Même la société Vinci, exploitante du contournement, n’y était pas favorable ! Dans sa proposition dès 2016, le groupe français autoroutier souhaitait que l’affichage du contournement soit conforme à sa vocation initiale, à savoir un… contournement, plutôt qu’un détour pour devenir entrer dans la capitale alsacienne.

Trois panneaux sur trois accès des routes gérées par la Collectivité d’Alsace, mais pas sur l’A4 gérée par la Sanef. Photo : doc CeA

Des panneaux en plus pour ne vexer personne

Cette solution permet que personne ne perde la face. L’État n’a pas à se déjuger ni à démonter les panneaux que le ministère avait lui-même validé. La Collectivité d’Alsace (CeA), qui s’occupe désormais de la majorité des routes alsaciennes, se pose en recours et porteuse du bon sens. Une manière de rectifier le tir après la proposition initiale de signalisation, puisqu’elle émanait de son ancien directeur des routes lors d’une réunion technique dès le 4 juin 2018, selon un compte-rendu qu’a pu consulter Rue89 Strasbourg.

Quant à l’Eurométropole, qui a changé de majorité politique en 2020, elle a donné un avis favorable à ces panneaux supplémentaires. La même Eurométropole avait certes demandé qu’un accès gratuit soit maintenu en 2017, mais elle ne s’était pas opposée à la solution proposée lors de la réunion interservices du 8 juin 2018, et depuis controversée.

La métropole est dans l’attente d’un schéma directeur de signalisation de l’agglomération. En clair, il s’agirait de se mettre d’accord sur ce qui devrait être signalé au bord des routes… et surtout de ce qui ne le serait plus ! Un sujet hautement sensible comme l’a démontré la question du GCO.

SekuOuane : « Tant qu’il sera dans la rue, le graffiti sera un art politique »

SekuOuane : « Tant qu’il sera dans la rue, le graffiti sera un art politique »

SekuOuane, graffeur strasbourgeois, défend l’acte politique du graffiti, même s’il se sent de plus en plus seul dans une ville dont les murs sont souvent livrés aux œuvres légales.

Le graffiti est un art de rue qui s’est développé à la fin du XXe siècle à New York, en même temps que le hip hop. Né des signatures, le graff a ensuite évolué vers des formes plus complexes. Strasbourgeois, SekuOuane se considère comme un graffeur de la « middle school », c’est à dire celle qui a connu les débuts des années 2000, tout en lettrages, aux graffs récents, qui utilisent de nouvelles techniques, telles que la reproduction d’images.

SekuOuane, qui tient à rester anonyme, reçoit près de la Semencerie, cet espace autogéré de production artistique créé dans un entrepôt du quartier Laiterie en 2008. Il s’agit aussi de l’une des rares friches de la ville où existe du graffiti sauvage, autrement appelé « vandale ».

Un mur graffé de la Semencerie Photo : Evan Lemoine / Rue89 Strasbourg / cc

Rue89 Strasbourg : Pourquoi existe-t-il toujours un graffiti « vandale » alors que le graffiti est très souvent « légal » désormais ?

SekuOuane : Le graff « vandale » est illégal par essence. Considéré comme nuisible par certains, c’est un moyen de communication et d’appropriation de la rue pour ceux qui l’utilisent. Le vandale permet de montrer le courage et les exploits du graffeur, qui est parvenu à réaliser une œuvre dans un endroit pas évident, et sans se faire voir… On se sent exister à travers cet acte. Il peut aussi visibiliser des artistes qui n’auraient pas forcément trouvé leur place dans l’univers légal, dans une galerie d’art, ou qui ne souhaitent pas être exposés dans ce milieu.

Pour ma part, j’ai commencé le graff dans les années 2000 à Strasbourg car il y avait une grosse scène vandale à cette époque. Entre 2004 et 2007, je me suis tourné peu à peu vers le légal. Le graffiti légal a une vocation plus esthétique ou décorative. Il s’adresse au grand public et permet d’exploiter complètement la surface du support, un peu comme une grande toile dans la rue. Le légal me permet aussi de prendre du temps pour réaliser une fresque, explorer d’autres facettes et faire passer plus de messages aux dimensions politiques ou militantes.

Ce mur a été repeint après la pose d’un graffiti antifasciste. En réponse, des graffeurs ont ensuite recouvert le mur de messages politiques. Photo : Evan Lemoine / Rue89 Strasbourg / cc

Le graffiti est-il toujours politique ?

Le fait de « marquer » l’espace public est déjà un acte d’expression politique, qui a traversé les époques. Que ce soit par signe de résistance, comme avec la Rose Blanche en Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, ou bien pour signaler la présence de marginaux, comme avec les sans-abris qui trouvaient refuge dans les trains aux États-Unis dans les années 1920. Cette forme d’écriture murale n’avait pas une vocation artistique, il s’agissait plutôt d’un moyen de transmettre certains messages dans un contexte qui ne permettait pas d’autres modes d’expression.

Graffiti de SekuOuane, dénonçant les « bavures » policières Photo : SekuOuane / doc remis

Dans les années 1950 à 1960, cet art de rue s’est développé dans les quartiers de New York ou de Philadelphie aux États-Unis. Le but était de reprendre ces techniques dans un contexte où la guerre du Vietnam, les gangs et la drogue poussaient les artistes à vouloir trouver un échappatoire. C’était aussi un moyen pour les minorités du quartier du Bronx qui tentaient d’accéder à Manhattan d’être visibles.

Le graffiti tel que nous le concevons s’établit dans les années 1980 en France, avec l’apparition de styles musicaux comme le rap. À cette époque, le graff n’est pas nécessairement partisan.

Peindre dans la rue est « surprenant », dans le sens où un graffeur va interpeller le passant par sa présence, car il impose son art dans l’espace public. Donc que ce soit conscient ou non, le fait de peindre dans la rue reste néanmoins un acte politique.

Sculpture Graffiti de SekuOuane et Nelson, dans le cadre du projet Trait d’Union 2 Photo : Dorothée Parent / doc remis

Le graffiti se dépolitise-t-il à Strasbourg ?

Le jour où il n’y aura plus du tout de graff vandale, on pourra dire que le graffiti s’est dépolitisé. À Strasbourg, il y a encore beaucoup de graffitis aux messages et aux symboles politiques, notamment dans le quartier de la gare. Mais le vandale est aujourd’hui moins présent. Cela peut aussi dépendre d’une année à l’autre, tu peux avoir beaucoup de graffitis une année, tandis que la suivante plus du tout.

Les autorités nettoient quasiment systématiquement certains endroits, notamment dans l’hypercentre. Cet art devient aussi une formidable pompe à fric qui permet de privatiser l’espace public, comme par exemple avec cette tendance de peindre les boîtiers électriques. Il s’agit principalement d’initiatives privées, ou lancées parfois par les pouvoirs publics. Cela anime les tensions entre graffeurs.

Le street art a aussi créé une forme d’entrisme dans le mouvement. Cet art englobe un ensemble de pratiques qui se sont développées depuis les années 1960. Il peut s’agir d’installations urbaines, comme de pochoirs, de stickers ou encore d’affiches. Il a une esthétique street mais une partie de ses artistes ne vient plus forcément de la rue et ne sont pas prêts à porter un message politique.

Stop Capitalism dans la rue des Grandes-Arcades, militantisme ou privatisation ? Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Quelles sont les solutions pour éviter un embourgeoisement du graff ?

Pour que le graff conserve son authenticité, il serait important de revenir vers son origine populaire. Il faudrait lui accoler une dimension sociale, en incluant plus de graffeurs débutants. Par exemple, si des initiatives sont organisées pour mettre en avant des acteurs locaux, ce serait bien de proposer un appel à candidatures pour une partie des graffeurs conviés. Ce qui compte, ce n’est pas uniquement ce que tu as fait par le passé, mais aussi ta technique, ta créativité ou ta tenacité. Il est important également de créer une forme alternative au discours dominant. Le graffiti doit sans cesse se renouveler pour ne pas finir englouti par le « système », c’est-à-dire le capitalisme et sa capacité à pouvoir englober toute forme de dissidence en son sein.

#SekuOuane

Une élue LR de la Région Grand Est poursuivie pour prise illégale d’intérêts

Une élue LR de la Région Grand Est poursuivie pour prise illégale d’intérêts

En 2018, alors qu’elle était vice-présidente de la Région Grand Est chargée de l’agriculture, Pascale Gaillot a encouragé au moins une subvention de 156 000 euros pour une association regroupant des entreprises agricoles, dont son mari est partie prenante. Désormais candidate aux élections législatives, elle doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Strasbourg le 5 juillet . . .
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Dix raisons de donner à Rue89 Strasbourg : une vigie démocratique

Dix raisons de donner à Rue89 Strasbourg : une vigie démocratique

Votre média d’investigation local a lancé une campagne de financement pour recruter un, voire deux journalistes. Chaque jour jusqu’au 31 mars, nous publions dix bonnes raisons d’y participer.

Raison n°7 : un média vigie démocratique et citoyenne

Le teaser 2022 de Rue89 Strasbourg (vidéo Les Indépendants)

Rue89 Strasbourg n’a pas parlé du foie gras qui n’est plus servi dans les réceptions de la mairie. Ce jour-là nous avons parlé du mal relogement. En plus de son loyer actuel, une famille se retrouvait à payer le loyer de son nouveau logement, mais sans avoir le droit d’y habiter. Un article qui a poussé le président d’Ophéa, Salah Koussa, à s’expliquer et prendre des engagements.

C’était un sujet à notre initiative, suite à une alerte d’habitants, et non pas une réaction à ce qu’a communiqué une association. Nous avions bien reçu le mail initial de l’association PETA comme tous les autres médias. Face aux nombreux articles, même dans la presse nationale, nous avons hésité et débattu de l’opportunité de traiter de ce sujet, y compris avec nos abonnés dans le groupe dédié. Nous avons finalement conclu que ce serait du temps de journalisme mobilisé pour un sujet où tout avait été dit et dont l’impact sur la vie des Strasbourgeois est limité. La passe-d’armes s’est terminée dans une hypocrisie générale, lorsque personne ne s’est souvenu d’avoir mangé du foie gras lors d’une réception à la mairie…

Partir de situations concrètes

Cette séquence est une illustration notre traitement de la politique locale. Partir de situations concrètes, du terrain, de changements sur la vie des habitants… Il ne s’agit pas seulement de courir après chaque communiqué de la majorité, ni d’embrayer sur chaque point soulevé par l’opposition. C’est aussi ça le résultat de notre indépendance.

À chaque conseil municipal, nous proposons de commenter en direct de l’ensemble de la séance (qui peut durer jusqu’à 12 heures d’affilée !). Le but est de décrypter les prises de paroles, relever la mauvaise foi, les approximations et aller au-delà de la langue de bois, qui paraît parfois bien soporifique si l’on ne possède pas les sous-titres… Un exercice que ne propose aucun média local à Strasbourg et à notre connaissance nulle part en France. En suivant, la politique depuis 10 ans, nos journalistes s’attachent aussi à avoir un historique de l’action locale. Une mémoire précieuse pour mettre en perspective les informations.

Enfin notre suivi de la politique, c’est aussi l’enquête. En conseil municipal de Strasbourg, il avait été dit que les élus présidents de l’office du tourisme ne recevaient pas de rémunération, ce qui n’était pas légal. Or, après des investigations, nous avons découvert en 2019 que c’était toujours le cas. Ces rémunérations ont depuis cessé.

Un lien entre journalisme local et corruption

Aux États-Unis, beaucoup de travaux sont menés pour déterminer comment la disparition de journaux locaux augmente la corruption. Une étude a par exemple démontré que les taux d’emprunts des municipalités ont subitement bondi lorsque les médias locaux ont fermé ou réduit leurs effectifs. Ce qui a mené ensuite à des coupes budgétaires et à moins de services publics locaux pour les habitants.

En d’autres termes, le simple fait qu’un média d’alerte existe modifie les comportements des élus, des administrations et des citoyens. Nous passons en revue tous les ordres du jour lors avant les conseils de l’Eurométropole et du conseil municipal. Avec plus de journalistes, nous pourrions davantage suivre des institutions comme la Collectivité d’Alsace, la Région Grand Est, ou traiter davantage de sujets hors de la métropole.

Soutenir Rue89 Strasbourg avec un don, c’est s’assurer que des journalistes veillent et surveillent la conduite des affaires locales. Une manière de réduire les risques de corruption dans sa ville.

Rue89 Strasbourg sensibilise les collégiens à la valeur de l’information

Rue89 Strasbourg sensibilise les collégiens à la valeur de l’information

En résidence journalistique au collège Hans Arp dans le quartier de l’Elsau ou lors d’interventions dans le cadre de la Semaine de la presse à l’école, Rue89 Strasbourg participe à rapprocher la jeunesse des médias en les sensibilisant à la valeur de l’information.

La résidence journalistique au collège Hans Arp a plutôt mal commencé. En novembre 2021, la classe de 4ème G a réalisé un sondage auprès de leur promotion. Dans un petit article, Alexia et Asma en résume les résultats, dont le plus douloureux :

« La question ultime que tout le monde se pose est “Faites-vous confiance aux journalistes ?” Eh bien non, 51,14% d’élèves ne font pas confiance aux journalistes, contre 38,71% d’élèves qui font confiance aux journalistes. »

Objectif : réduire la fracture avec les journalistes

Rue89 Strasbourg tente de réduire la fracture bien réelle entre les populations des quartiers périphériques de la ville et les journalistes. Cette intention s’est concrétisée par l’opération « Quartiers connectés » et de nombreuses réunions avec les habitants de l’Elsau, de Hautepierre, de la Gare et de la Meinau pour connaître leurs préoccupations et ainsi rédiger des articles au plus proche du terrain.

Cet objectif se poursuit aussi à travers nos interventions en milieu scolaire, en premier lieu notre résidence journalistique initiée à la rentrée 2020 au sein de l’école élémentaire Martin Schongauer et du collège Hans Arp. L’année dernière, les élèves de deux classes de ces établissements avaient enquêté, microphones à la main, sur le thème de l’alimentation dans les quartiers de l’Elsau et de la Montagne Verte. Les reportages sont à retrouver dans cet article.

Au collège Hans Arp, cette année scolaire 2021 / 2022, nous continuons de sensibiliser les élèves à la valeur de l’information, à la façon dont elle est produite, ainsi qu’à la nécessité de l’investigation. Au-delà des interventions ponctuelles dans des classes, pour présenter le métier, la façon d’y accéder et ses conditions de travail, notre résidence journalistique se caractérise par un projet principal avec une classe.

Photo prise par un élève de 4G du collège Hans Arp, en reportage sur les activités des Elsauviens dans leur parc.

Cette année, nous avons fait l’acquisition d’appareils photos jetables. En binôme, les élèves ont défini une question à laquelle ils ont répondu par un reportage-photo. Une fois les meilleures photos sélectionnées et développées, une exposition sera mise en place au sein de l’établissement. Mettre des élèves en situation de produire un travail journalistique nous semble être la meilleure méthode pour sensibiliser les plus jeunes aux enjeux de l’information.

Des interventions plus courtes, un objectif à long terme

Il y a d’autres interventions, bien plus succinctes. Dans le cadre de la semaine de la presse à l’école, Rue89 Strasbourg est intervenu dans le collège de l’Esplanade et au sein du gymnase Jean Sturm. Pendant deux heures, nous avons sensibilisé une classe par établissement aux enjeux médiatiques. Qu’est-ce qu’une information ? Qu’est-ce qu’un média indépendant et pourquoi est-ce important ? Comment vérifier la fiabilité d’un site internet ? Comment retrouver l’origine d’une photographie circulant sur les réseaux sociaux ? Voici les questions fondamentales qu’il faut aborder avec un public de 14 ans.

Ceci pour la stratégie à court-terme. À plus long-terme, nous espérons bien évidemment susciter des vocations dans des quartiers où vivent peu, voire aucun journaliste. Dans les rêves de Rue89 Strasbourg, dans 10 ans, un ou une élève du collège Hans Arp serait embauchée au sein de la rédaction. Nul doute que ce ou cette journaliste pourrait proposer des sujets inédits. Journalistes engagés, nous sommes conscients que nos origines, notre parcours et notre situation socio-économique influencent nos idées de reportage, d’interview ou d’enquête. C’est pour cette raison que nous serions ravis de diversifier notre équipe avec un ou une journaliste issue d’un quartier populaire de Strasbourg.

Dix raisons de donner à Rue89 Strasbourg : un média engagé aux impacts concrets

Dix raisons de donner à Rue89 Strasbourg : un média engagé aux impacts concrets

Votre média d’investigation local a lancé une campagne de financement pour recruter un, voire deux journalistes. Chaque jour jusqu’au 31 mars, nous publions dix bonnes raisons d’y participer.

Raison n°6 : soutenir un média engagé qui produit des effets concrets

Teaser 2022 de Rue89 Strasbourg

Enquête ouverte, condamnation, surveillance renforcée… Les impacts de Rue89 Strasbourg sont nombreux. Depuis 2019, à la fin de chaque année, nous vous présentons 10 effets concrets de nos productions, la plupart du temps des enquêtes. C’est une médecin radiée de l’Ordre suite à nos révélations sur ces certificats contre-indiquant le port du masque. C’est un directeur condamné pour harcèlement sexuel. C’est une association subventionnée suite à notre reportage. C’est une enquête ouverte par le Parquet sur les déchets stockés sous la nappe phréatique à Wittelsheim, sur la base de nos investigations. Près d’une trentaine d’exemples sont à découvrir dans nos rapports d’impact 2019, 2020 et 2021.

Média d’investigation, Rue89 Strasbourg révèle des discriminations, des excès de pouvoir au travail, des atteintes à l’environnement ou des injustices locales. En portant ces faits à la connaissance du public, nous poussons les responsables à agir. Il arrive ainsi que des situations de blocages prennent fin. Ce fut le cas pour le policier Haykal Rezgui Raouaji, qui a porté plainte pour racisme au sein de sa brigade et qui a vu sa demande de mutation enfin acceptée après la parution de notre enquête. Autre exemple : en plein covid, la direction du Crédit Mutuel rechigne à autoriser le télétravail pour ses employés. Peu après la publication de notre enquête, les dirigeants du Crédit Mutuel ont finalement accepté de réduire la part des effectifs de sa filiale Euro Information sur le site strasbourgeois à 10%.

Les impacts plus diffus, la « menace Rue89 Strasbourg »

L’impact de Rue89 Strasbourg est parfois plus difficile à saisir. Un inspecteur du travail qui lit notre article et découvre les pratiques douteuses d’une entreprise sur son secteur ; son intervention donnera lieu à un versement de près de 150 000 euros d’heures supplémentaires impayées pour les employés. Un article sur les maltraitances d’un expert-psychiatre auprès du tribunal judiciaire de Strasbourg a aussi permis à ses victimes de se rencontrer. Briser le silence permet souvent de briser la solitude, parfois un premier pas vers une reconstruction. Ces impacts ne figurent pas en Une de votre média en ligne. Ils restent malgré tout bien réels.

Média à l’écoute du terrain, Rue89 Strasbourg a un dernier impact qu’il nous est, par définition, impossible de raconter. Cet effet concret, c’est la pression qu’exerce un journal engagé pour la justice sociale en existant tout simplement. Notre impact commence ainsi avant la rédaction d’un article. Nous l’avons réalisé à plusieurs reprises cette année. Lors d’un reportage auprès des artistes et artisans du quartier Coop, l’un d’eux explique avoir eu des difficultés avec la municipalité au niveau de la qualité des travaux et du respect du calendrier d’ouverture : « On a pensé à vous alerter il y a deux ans. Mais au final, il a suffi qu’on menace d’écrire à Rue89 Strasbourg pour obtenir gain de cause. »

Quelques semaines plus tard, nous avons eu le même retour d’un soignant des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) : dans les services en grande difficultés, médecins ou infirmières n’hésitent plus à alerter Rue89 Strasbourg car ils savent qu’un appel du média d’investigation local à la direction de l’hôpital peut contribuer à trouver une solution plus rapidement.

Des injures racistes ont visé des joueurs de l’AS Neudorf mercredi lors d’un match de football à Scherwiller

Des injures racistes ont visé des joueurs de l’AS Neudorf mercredi lors d’un match de football à Scherwiller

Mercredi 23 mars, des insultes racistes ont été proférées contre des jeunes de l’équipe U15 de l’AS Neudorf lors d’un match de football à Scherwiller. Les deux clubs « enquêtent » mais la présidence de l’AS Neudorf préfère garder ces faits sous silence.

Le match entre les U15 de l’AS Neudorf et ceux de l’US Scherwiller pour les 8ème de finale de la coupe de football du Crédit Mutuel Alsace a été interrompu à quelques minutes de la fin mercredi 23 mars vers 19h30. L’arbitre a sifflé la fin du match après qu’une bagarre ait éclatée sur le terrain entre deux joueurs des équipes opposées.

L’origine de cet affrontement n’est pas encore déterminée mais des insultes racistes ont été proférées contre les joueurs de l’AS Neudorf pendant le match, selon plusieurs témoignages parvenus à Rue89 Strasbourg.

Sur un post Facebook datant du 23 mars au soir, le coach de l’AS Neudorf, Jacky, commente « Mais quelle déception, hormis le match. Des insultes racistes envers les garçons, sales arabes, sales nègres. […] Je suis très déçu. » Ce post a également été relayé par la page Facebook de l’AS Neudorf.

Post Facebook de Jacky dénonçant les injures racistes proférées mercredi 23 mars lors du match à Scherwiller Photo : Capture d’écran Facebook

Un footballeur contacté par Rue89 Strasbourg a pu entendre ces injures racistes :

« Lorsque l’un des membres de l’équipe de l’AS a tiré un coup franc, j’ai pu entendre “bamboula” ou encore “il a de la force parce que c’est un noir”… Après le match, des gens ont traité des joueurs de l’AS de “sale arabe” ou “sale noir”. Il y avait des insultes, mais pas de coups à part durant l’altercation qui a eu lieu à la fin du match. Ces insultes ont continué d’un vestiaire à l’autre… C’était principalement des humiliations, des moqueries générales envers toute l’équipe, mais aussi des injures racistes. »

Selon un parent, certains enfants auraient « pleuré dans les vestiaires ».

Témoin des faits, l’entraîneur a été choqué par les propos tenus et s’en est ouvert sur son profil Facebook Photo : capture d’écran

Contacté par Rue89 Strasbourg, le coach Jacky, témoin de ces faits et choqué par leur ampleur, n’a pas été autorisé à répondre à nos questions par la présidente de l’AS Neudorf, Nathalie Gignac. Cette dernière n’a concédé qu’une réponse écrite envoyée par SMS à la rédaction :

« Cette affaire, s’il y a affaire, sera réglée au niveau des instances du football. Il y aura enquête et on discutera après avoir recueilli tous les éléments. (…) Je suis depuis 20 ans dans le football, je sais très bien comment ça se passe. »

Lors d’une affaire précédente de racisme sur un terrain de foot en Alsace, en mai 2018, la Ligue de football amateur avait fini par sanctionner indistinctement tout le monde, victimes comprises. L’entraîneur du club et la principale victime ont arrêté le foot suite à ce traitement indifférencié et niant le caractère raciste de l’agression.

Un éducateur de l’entente du Haut-Koenigsbourg, dont fait partie l’équipe U15 de Scherwiller, était présent dans le public ce mercredi soir. Il n’a pas entendu d’injures racistes mais se souvient de l’altercation :

« La tension était montée sur le terrain entre les joueurs. Les camarades du Neudorf se sont regroupés autour des deux protagonistes. Les coachs des équipes respectives ont séparé les deux jeunes, puis l’arbitre a mis un carton rouge aux deux adolescents. J’étais trop loin pour entendre lorsque deux jeunes se sont frictionnés avant la bagarre. Après le match, tout le monde était plutôt secoué. Les supporters et les joueurs de Scherwiller comme du Neudorf se sont insultés les uns les autres. Je me suis moi-même fait agresser verbalement par un parent du Neudorf. »

Le racisme dans le football amateur, toujours un sujet tabou… Photo : Markus Spiske / Pexels

L’omerta règne au sein des clubs de sport

Le président de l’US Scherwiller, Éric Fehlmann, affirme que depuis cet événement, le club mène une enquête :

« Nous ignorons toujours l’origine de la bagarre. Nous questionnons les témoins afin de comprendre ce qu’il s’est passé. Nous avions déjà mis en place une charte du joueur pour lutter contre les discours racistes ou de haine. Nous avons décidé qu’à présent, il faudra lire et signer la charte pour devenir adhérent, tout en rappelant les valeurs éducatives. Il faut dénoncer le racisme car ce n’est pas normal si de telles injures ont été proférées. Mais il ne faut pas non plus stigmatiser tout un club pour des propos potentiellement tenus. »

Du côté de l’AS Neudorf, la présidente indique que le club participe à la « journée contre la haine et le racisme », organisée par le district d’Alsace du football amateur dans le cadre d’une campagne nationale, samedi 26 mars. Mais Nathalie Gignac a refusé de dénoncer les faits dont ont été victimes ses joueurs, provoquant en cascade une omerta sur ces comportements racistes. Plusieurs jeunes que Rue89 Strasbourg a contacté ont indiqué qu’ils ne voulaient plus nous répondre tandis que des parents contactés se sont rétractés par peur de représailles du club…

#AS Neudorf#US Scherwiller

Ken Loach, Pier Paolo Pasolini et joyaux restaurés au festival Cinémas d’Europe sans frontières

Ken Loach, Pier Paolo Pasolini et joyaux restaurés au festival Cinémas d’Europe sans frontières

À l’occasion de la présidence française de l’Union européenne et malgré les tensions actuelles, une première édition du festival Cinémas d’Europe sans frontières se déroule du 24 mars au 4 avril dans trois cinémas strasbourgeois. Des dizaines de films allemands, italiens, turcs ou encore hongrois sont programmés. 

Animée par une volonté de renforcer l’identité culturelle de l’Europe, le cinéma Odyssée propose un festival, appelé Cinémas d’Europe sans frontières. Le cinéma municipal, qui va prochainement changer de direction, a été rejoint par les cinémas strasbourgeois Vox UGC Ciné-Cité, ainsi que par le Trèfle de Dorlisheim (qui a été le sujet d’une enquête de Rue89 Strasbourg récemment). Jusqu’au 4 avril, au prix de 5€ la séance, des films de tout le continent sont diffusés en version originale sous-titrée, afin de mettre en valeur la singularité de chaque pays et de chaque langue.

Avec des œuvres allemandes, britanniques, italiennes, irlandaises, turques, ukrainiennes ou roumaines, le festival met en valeur des productions récentes et anciennes, parfois passées sous les radars en France en raison du manque de temps d’écrans disponible, souvent phagocyté par les grosses productions. 

Certaines séances auront lieu en présence d’universitaires, de réalisateurs ou de producteurs afin d’échanger avec le public à la fin de la projection.  Photo : ACC / Rue89 Strasbourg / cc

La dimension internationale du festival se prolonge dans le choix des partenaires. La Deutsche Kinemathek de Berlin, mais également des salles de cinéma de Kehl, Offenbourg et Saarbrücken, et des intervenants européens qui prennent part au projet. 

Douze films en compétition

Le festival s’organise autour d’une compétition à laquelle participent douze films de fiction. Parmi eux, 107 Mothers du réalisateur slovaque Peter Kerekes ou Apples du réalisateur grec Christos Nikou. 

Bande annonce de Apples du réalisateur grec Christos Nikou.

Un jury européen, présidé par le réalisateur et producteur polonais Krzysztof Zanussi, remettra trois prix lors de la soirée de clôture lundi 4 avril. Le Prix cinémas d’Europe sans frontières, doté de 10 000€ et financé par l’Université de Strasbourg, le Prix européen des Droits de l’Homme (10 000€) et le Prix spécial du Jury (5 000€).

Bande annonce de 107 mères de Peter Kerekes.

En parallèle, pour répondre à une volonté d’inclusion, des prix honorifiques seront remis par un jury constitué par des publics de deux centres socioculturels du Neuhof et par un jury constitué d’étudiants de l’université de Strasbourg. 

Revoir des classiques de Ken Loach et de Pier Paolo Pasolini

Quatre autres sélections étoffent l’offre du festival. Deux grands réalisateurs européens sont mis à l’honneur, dont Pier Paolo Pasolini, qui fêterait ses cent ans en 2022. Cinq de ses films seront projetés et une soirée spéciale aura lieu samedi 2 avril, autour du documentaire d’Andrea D’Ambrosio, Le Pays des orages et des primevères, qui revient sur la vie du cinéaste. Le réalisateur de ce film sera présent ainsi que Giovanni Grussu, le directeur de l’Institut culturel italien de Strasbourg. 

Ce sera aussi l’occasion de revoir Le Vent de lèveMoi, Daniel BlakeLa Part des anges ou le plus récent Sorry we missed you, du réalisateur britannique Ken Loach. Connu pour ses œuvres dénonçant la précarité de la société et célébrant la solidarité des individus, Ken Loach occupe une large part de la programmation avec seize de ses films. 

Les films en compétition seront projetés à l’Odyssée, au Vox et au Trèfle. L’UGC n’accueillera que certains films de la rétrospective Ken Loach. Photo : ACC / Rue89 Strasbourg / cc

Des versions restaurées de la Deutsche Kinemathek

Une carte blanche a été donnée à la Deutsche Kinemathek de Berlin qui propose aux spectateurs cinq films dans une version restaurée et inédite en France : Der Katzensteg (Gerhard Lamprecht, 1927), La Tragédie de la Mine (Georg Wilhelm Pabst, 1931), Les Sorcières de Salem (Raymond Rouleau, 1957), Les Neuf vies du Chat (Ula Stöckl, 1968), Laputa (Helma Sanders-Brahms, 1986). Quatre films ont été sélectionnés, dans le cadre d’un temps intitulé L’Europe au miroir de ses cinémas, pour leur capacité à illustrer les problématiques actuelles de l’Europe, notamment l’accueil des réfugiés.

Si les tarifs des séances sont assez attractifs (5€ par film), aucun passe ne permet d’accéder aux projections pendant toute la durée du festival, ce qui est fort dommage étant donnée l’ampleur de la programmation. 

#cinéma trèfle

Dix raisons de donner à Rue89 Strasbourg : un média à votre écoute

Dix raisons de donner à Rue89 Strasbourg : un média à votre écoute

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Raison n°5 : un média à votre écoute

Le teaser 2022 de Rue89 Strasbourg

La plupart de nos enquêtes partent d’alertes, de suggestions, parfois d’un simple message d’un lecteur ou d’une lectrice. Pour certains, c’est devenu un réflexe. Quelque chose vous interpelle et vous nous contactez : « Peut-être que vous voudriez investiguer là dessus ? » Par exemple, notre enquête sur le Foyer de l’enfance est partie de messages envoyés sur Messenger à l’un de nos journalistes.

Nous nous appelons Rue89 Strasbourg parce que nous voulons nous placer au niveau de la rue, à l’écoute des Strasbourgeois et des Alsaciens, et à cause des dates 1789 et 1989, qui correspondent à des mouvements citoyens : la Révolution française et la chute du mur de Berlin.

Une plateforme sécurisée pour nous alerter

Avec notre opération Quartiers connectés, nous organisons des conférences de rédaction ouvertes aux habitants à la Meinau, à l’Elsau et bientôt dans le quartier des Écrivains à Schiltigheim. Les habitants y sont invités pour nous proposer des sujets, discuter de comment les traiter et nous appuyer dans la recherche de sources et de documents.

Ainsi, Guillaume Krempp, l’un de nos journalistes, a écrit depuis début 2018 des dizaines d’articles sur l’Elsau. Fin février, nous avons publié une enquête sur des locataires piégés dans des HLM trop chers pour eux grâce aux informations transmises par des retraités de la Meinau lors d’une de ces conférences de quartier.

Rue89 Strasbourg a aussi installé une plateforme d’alerte sécurisée, pour que vous puissiez nous transmettre anonymement et en toute sécurité des documents et des éléments. Ainsi, une personne nous a adressé des informations qui nous ont permises de révéler un projet de clinique privée près de Moscou voulue par un oligarque russe avec le soutien technique et logistique des Hôpitaux de Strasbourg.

Être à l’écoute des citoyens demande du temps

Conscients des risques que prennent certaines sources, nous accordons beaucoup d’importance à leur protection si elles demandent de ne pas être identifiables. Nos révélations les plus importantes proviennent de personnes qui pourraient être licenciées parce qu’elles nous aident, ou au moins écartées par leurs directions. Nous savons les protéger, nous savons minorer les risques. Cela fait partie de notre expertise particulière grâce à notre démarche de média particulièrement à l’écoute des citoyens.

Malheureusement, et certain d’entre vous l’ont certainement remarqué, nous sommes dans l’impossibilité de traiter toutes les alertes que nous recevons. Nous manquons de temps : chaque alerte doit être étudiée, précisée et ne permet pas toujours la publication d’un article d’ailleurs. Notre équipe ne compte que quatre journalistes permanents, une étudiante en alternance, et cinq à dix pigistes avec parfois des étudiants en stage. C’est la principale raison pour laquelle nous avons lancé cette campagne de financement participatif : elle destinée à permettre le recrutement d’un ou d’une journaliste permanente supplémentaire.

Être à l’écoute des citoyens demande des moyens humains conséquents. Pour que cette démarche continue à exister et s’amplifie à Strasbourg, nous avons besoin de vous.

Au conseil de l’Eurométropole, un budget contesté et deux réseaux de chaleur moins dépendants du gaz

Au conseil de l’Eurométropole, un budget contesté et deux réseaux de chaleur moins dépendants du gaz

L’Eurométropole va débattre de son budget 2022 qui comprend une hausse importante de la taxe foncière, ainsi que du renouvellement de deux réseaux de chaleur de Strasbourg. À suivre ce vendredi 25 mars en direct dès 9 heures.

Le débat s’annonce long et animé. Après la Zone à faibles émissions (ZFE) en octobre, le budget 2022 s’annonce comme l’un des vote les plus difficile à passer pour la majorité des écologistes et de maires à l’Eurométropole, puisqu’il comprend une hausse du taux métropolitain de la taxe foncière. Cette donne fiscale occulte la discussion sur les autres choix budgétaires (recrutements, emprunt, investissements, priorités écologistes). Le pourcentage fait peur, puisqu’il bondit de 300%. Mais comme le taux de l’Eurométropole est minime (il passe de 1,15% à 4,60%) par rapport à celui dans ses 33 communes (de 26,88% à 37,44%), la hausse totale de la fiche d’impôts locaux sera réalité comprise entre 9,9 et 13,5% selon les communes, bases et taux confondus. Elle concerne 220 269 propriétaires, des entreprises et particuliers, ainsi que les organismes publics et associations.

De part et d’autres, de nombreux arguments devraient s’échanger autour du timing de cette hausse, entre l’inflation et la guerre en Ukraine, les trois hausses d’impôts passées dans le mandat précédent, la dette financière ou « écologique et sociale », les « services en plus » comme la gratuité des transports pour les moins de 18 ans ou la collecte des déchets alimentaires, la répartition inégale des propriétaires selon les communes, la hausse des investissements qui profiteront en partie aux entreprises locales, les aides distribuées lors de la crise du Covid, ciblées sur les entreprises les plus impactées par exemple dans le tourisme, les gains de pouvoir d’achat via la suppression de la taxe d’habitation, etc.

Six représentants d’entreprises alsaciennes ont demandé dans un texte commun envoyé aux DNA « à décaler l’augmentation de la fiscalité d’une année ». Pour les opposants à cette hausse, il est important de marquer les esprits autour de cette séquence, car il ne devrait ensuite plus y avoir de hausse d’ici la fin du mandat. À l’heure du bilan en fin de mandat en 2026, l’année 2022 sera-t-elle encore dans les mémoires ?

Ce qui comptera le plus sur le plan politique sera le nombre de voix lors du vote, pour jauger l’étendue de la majorité, qui s’est amenuisée, des écologistes et de maires. En théorie, la présidente Pia Imbs devrait pouvoir compter entre 60 et 65 voix sur 99. Le total s’élevait à 74 en 2021, lorsque les Socialistes, les 5 élus d’Illkirch-Graffenstaden et la maire de la Wantzenau étaient encore dans la majorité.

Deux réseaux de chaleur renouvelés

L’autre point majeur concerne deux réseaux de chaleur de Strasbourg (points 6 et 7), dont les gestionnaires sont renouvelés pour 20 ans.

Dans les plans initiaux lancés il y a quelques années, le réseau de chaleur de Hautepierre, alimenté à 100% par du gaz via sa chaufferie, devait être raccordé au futur puits de géothermie d’Eckbolsheim. Mais comme tous les projets de géothermie, ce dernier est suspendu. L’Eurométropole a dû finalement trouver une solution alternative. C’est la société Engie qui a remporté le marché. Elle s’appuiera toujours sur du gaz, mais à hauteur de 34% d’ici 2034. Si la géothermie devait toujours rester bloquée, la chaufferie, qui sera rénovée, aura recours à de la biomasse, comme au Wacken, en plus de la récupération de chaleur émise par l’hôpital de Hautepierre (27%).

Strasbourg, Hautepierre, cheminée de la chaufferie de Hautepierre Photo : Rue89 Strasbourg

Pour l’autre délégation de service public, l’Eurométropole a réuni les réseaux de chaleur de l’Elsau et de l’Esplanade afin de former un réseau de chaleur unique, appelé Strasbourg-Centre. Cette fois, c’est Réseau de chaleur urbains d’Alsace (RCU-A), une filiale de la société publique R-GDS, qui a remporté le marché. Pour atteindre 83% d’énergies classifiées comme renouvelables, elle s’appuiera sur plusieurs sources comme la récupération de la chaleur de l’aciérie BSW de Kehl, d’autres entreprises du port et de l’incinérateur de Strasbourg, ainsi que de la biomasse, et du gaz (17%).

Côté prix, l’Eurométropole met en avant la stabilité des tarifs sur 20 ans dans le contexte d’incertitudes actuel :

    Sur le réseau de chaleur de Hautepierre, les prix seront entre 67 à 74€ TTC/MWh en moyenne. À comparer aux 79,8€ TTC/MWh en moyenne 2018 ou aux 202€ en janvier 2022Sur le réseau Strasbourg-Centre les prix seront de 89€ TTC/MWh en moyenne. C’est plus que les prix moyens en 2020-2021, où les prix étaient entre 73,68€ et 79,14€ sur les réseaux de chaleur de l’Esplanade et de l’Elsau. Ils ont bondi respectivement à 129,58€ et 152,23€ en janvier 2022.

Les deux réseaux seront agrandis pour passer de 55 à 116 kilomètres au total d’ici 2029 et augmenter leurs capacités énergétiques.

Dans les différentes couleurs, l’extension programmée du réseau de chaleur de Hautepierre, vers les Poteries, le Hohberg et Cronenbourg. Photo : document eurométropole
Les réseaux de chaleur de l’Elsau et de l’Esplanade ont été raccordés. L’ensemble va s’étendre progressivement dans la ville. Photo : document eurométropole

Le dossier n’a pas soulevé de débat majeur au conseil municipal de Strasbourg (consulté pour avis) lundi, ce qui augure d’un débat moins passionné que pour le budget. L’ordre du jour compte 93 points et les échanges devraient s’étirer jusqu’en fin d’après-midi.

Dix raisons de donner à Rue89 Strasbourg : soutenir l’emploi journalistique près de chez soi

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