Le groupe La Poste confirme la fermeture de son bureau Strasbourg-Cathédrale à compter du 30 juin 2022. L’entreprise publique prévoit la création de deux points relais dans le centre-ville les 2 et 9 mai et un déplacement d’une partie des services au bureau de Poste situé rue de la Fonderie.
Le 18 mai 2021, la FAPT-CGT du Bas-Rhin appelait les employés du bureau de Poste Strasbourg Cathédrale à manifester contre la fermeture de leur bureau situé 5 place du Château, en face de la Cathédrale. Presqu’un an plus tard, La Poste confirme à Rue89 Strasbourg qu’il sera fermé à partir du 30 juin 2022. Le groupe évoque une baisse de fréquentation de « -38% entre 2017 et 2021 ».
La direction a déjà acté les transferts
Le bureau était déjà fermé temporairement pour travaux depuis début avril et doit rouvrir temporairement lundi 2 mai. Patrick Leroy, délégué syndical de la FAPT-CGT, n’a pas encore été officiellement informé de la fermeture définitive :
« De toute façon, quand un bureau est fermé sur une longue période comme ça, on sait que ça sent la fin. Je l’ai appris par des agents sur place. Le bureau était en manque d’effectif et ça arrange bien la direction. Avant la fermeture temporaire, il y avait dix agents absents pour congés maladie, donc ils ont préféré fermer. »
La communication de La Poste détaille à Rue89 Strasbourg ce qu’il adviendra des services postaux :
« De nouveaux partenaires La Poste Relais se substitueront graduellement au bureau de poste de la Cathédrale, avec un transfert progressif des courriers et des colis en instances (les colis qui n’ont pas pu être distribués par le postier, NDLR). »
Deux Relais à proximité de la Cathédrale
Les Relais sont chargés de récupérer les colis, de stocker ceux en attente et de permettre les envois par des particuliers. Deux Points Relais se substitueront au bureau de poste. Le premier au Tabac Presse « Au Parchemin », 8 rue du Parchemin, où le gérant, Vincent Schneider, a déjà commencé son service depuis le 27 avril. Il y a aussi la boutique « L’in ô sens », 2 rue des Serruriers, qui commence ses services à partir du 9 mai. Son propriétaire, Pascal Rouh, n’en sait pas plus sur ses missions pour le moment :
« J’ai été contacté il y a deux mois par une représentante de La Poste pour devenir Relais. Je faisais déjà un service de retrait et dépose de colis, mais celui proposé par La Poste est plus rentable. On ne m’a pas encore détaillé mes missions. »
Ces deux commerces sont ouverts tous les jours de la semaine, dimanches compris.
Le bureau de Poste Strasbourg Cathédrale fermera le 30 juin 2022. Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc
Plus que trois bureaux dans le centre
Une dernière partie des colis en attente devrait être transférée dans le bureau de Poste situé au 1 rue de la Fonderie, près de la place Broglie.
Patrick Leroy de la FAPT-CGT estime que les agents du bureau de la Cathédrale seront reclassés dans le secteur. Il regrette une énième fermeture :
« Ils ont déjà fermé le bureau de Poste rue de la Marseillaise, il n’en restera plus que trois dans le centre de Strasbourg. Je pense aux usagers qui vont devoir attendre désormais plus longtemps, sous prétexte d’une baisse de fréquentation ailleurs… On avait fait un mouvement l’année dernière pour contester, mais cette année je ne crois pas qu’il y ait quelque chose. À moins que les agents ou les usagers se bougent. Mais pourquoi fermer un service de proximité qui fonctionne ? »
La Ville de Strasbourg est propriétaire des bâtiments. L’usage futur de ce lieu idéalement placé n’est pas connu.
Document confidentiel, le « contrat d’avenir » signé le 18 mars avec l’Agence régionale de santé oblige les Hôpitaux universitaires de Strasbourg à augmenter leur activité sans embaucher de soignants tout en fermant des lits dans certains services et en réduisant le nombre de postes de personnel non-médical jusqu’en 2026 . . .
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Le 1er mai, huit syndicats appellent à manifester à Strasbourg pour la journée internationale des droits des travailleurs. Après la réélection d’Emmanuel Macron, ils se préparent à lutter contre les réformes prévues par le président.
Ce dimanche 1er mai, les syndicats CGT, UNSA, FSU, UNEF, VL, MNL, FIDL, et Solidaires appellent à manifester à Strasbourg pour la journée internationale des droits des travailleurs. Le rassemblement est fixé place Kléber à 10h.
Après des prises de parole, les manifestants emprunteront la rue des Francs-Bourgeois. Ils iront ensuite rue de la Douane, quai des Bateliers, avenue de la Liberté, place de la République, place Broglie et ils finiront place Kléber.
La mobilisation des éboueurs en lien avec les revendications
Cette année, l’intersyndicale exige une hausse des salaires et de meilleures conditions de travail dans les services publics. La grève des éboueurs qui demandent une augmentation « montre l’urgence de ces revendications », dit Laurent Feisthauer, secrétaire général de l’union départementale du Bas-Rhin de la Confédération générale de travail (CGT). Il continue :
« C’est possible que les éboueurs nous rejoignent, mais je ne suis pas sûr. Leur grève est partie en dehors des syndicats. Nous ne savions pas qu’ils se mobiliseraient avant leur premier jour de grève, lundi 20 avril. Néanmoins, nous les invitons à nous joindre bien sûr. »
Les autres revendications des syndicats sont fortement liées à l’élection présidentielle. Ils sont contre la réforme de l’assurance chômage et l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, qui sont « emblématiques du projet capitaliste » d’Emmanuel Macron. Suite à cette manifestation du 1er mai, Laurent Feisthauer attend des « grosses mobilisations » contre « les gouvernements libéraux en France, et en Europe plus généralement, qui détricotent les protections sociales ».
Le communiqué de presse de la CGT consacre une page entière à l’extrême droite, qui a progressé à l’élection présidentielle :
« La situation est grave, l’extrême droite est aux portes de l’Elysée […] Il est de notre responsabilité de dire que la politique de régression sociale, en soutien permanent du patronat, menée durant ce quinquennat comme ceux qui l’ont précédé, porte la responsabilité de la montée de l’extrême droite. »
Les drapeaux de la CGT à la manifestation du 1er mai en 2012. Photo : Rue89 Strasbourg
Laurent Feisthauer est donc soulagé par les résultats de l’élection présidentielle, mais conscient du travail à venir :
« Nous nous réjouissons que Marine Le Pen et l’extrême droite ne soient pas passés. Mais nous avons subi les mesures antisociales d’Emmanuel Macron pendant le dernier quinquennat. Après cette période de régression, nous n’avons aucune confiance en ce qu’il va proposer ces prochaines années. La CGT a appelé à faire barrage contre Le Pen, mais ce n’était pas du tout en soutien pour lui. Nous allons combattre sa réforme des retraites, la modification du paritarisme ou encore nous mobiliser pour conserver le statut des enseignants. »
Photo : Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Kuhbach / doc remis
Depuis 2017, un projet de couvoir à poussins est prévu sur le terrain inondable du Kuhbach près de Saverne. Selon Pascal Irlinger, membre d’un collectif d’opposants, cette future construction, d’une superficie de plusieurs hectares, menace de nombreuses espèces protégées et risque de détériorer d’autant plus la qualité des eaux du terrain.
En octobre 2017, un premier permis de construire a été lancé par les Couvoirs de l’Est pour un projet dans la zone du Kuhbach, près de Saverne, entre Schwenheim et Marmoutier. Cette entreprise est spécialisée dans le domaine de la production de poussins d’un jour. En septembre 2020, les travaux ont débuté sur la zone mais se sont brusquement arrêtés malgré des premiers décaissements de terrain.
Selon un article des DNA datant du 27 septembre 2021, le projet de couvoir a mûri dans l’esprit du promoteur, Joseph Scherbeck, raison pour laquelle un nouveau permis a été déposé le 26 juillet 2021, soit quatre ans après le premier. Le nouveau permis concerne quatre parcelles, « pour une surface totale de 48 152 m2. » En réaction à la relance du projet de construction, Pascal Irlinger, habitant de Schwenheim, a repris l’organisation du collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Kuhbach créé en 2017 :
« Nous demandons l’annulation de ce projet car l’emplacement choisi a un caractère écocide. Ce projet va entraîner la destruction d’une aire de nichage d’espèces d’oiseaux menacés, tels que les vanneaux huppés, de nourrissage et de halte migratoire pour espèces protégées, telles que les cigognes, les aigrettes ou les hérons, ainsi que la détérioration de la qualité des eaux du Kuhbach et l’artificialisation de plus d’un hectare de prairies humides. »
Plan du projet de couvoir à poussins. Photo : Extrait de la demande de permis de construire datant du 2 avril 2021
500 000 poussins par semaine
Selon un article des DNA publié en décembre 2017, l’exploitation prévoyait d’abord de construire un bâtiment de 3 000 m2 pour faire un couvoir. Dans le nouveau permis de construire, la superficie sera finalement de 4 000 m2. Le premier permis de construire mentionnait 500 000 poussins par semaine, là où le nouveau ne donne pas de chiffre.
Un couvoir à poussins se consacre en général à la vente de poussins, destinés soit à l’élevage de poulets de chairs, soit à l’élevage de poules pondeuses. Si ces poussins sont attribués à l’élevage de poules pondeuses, ils sont alors triés et « sexés » avant d’être envoyés aux acquéreurs. Bien que le gouvernement ait décidé d’interdire la mise à mort des poussins destinés à la production d’œufs de consommation, notamment par broyage, un décret datant du 5 février 2022 permet aux couvoirs de passer outre cette interdiction jusqu’au 31 décembre.
Multiples rejets d’annulation de projet
Le collectif pour la zone humide du Kuhbach a signalé à la Direction régionale de l’environnement (Dreal) le 16 août 2021 la « destruction à venir d’habitats d’espèces sur liste rouge ». La Dreal a contacté par la suite les propriétaires du terrain, afin de réaliser une analyse de la zone pour identifier s’il s’agit d’un secteur où vivent des espèces protégées de manière permanente. Cette analyse a été exécutée par le bureau d’études Archimède environnement et mandatée par le porteur de projet du couvoir, mais la préfecture du Bas-Rhin a refusé que la Dreal transmette ce rapport à Rue89 Strasbourg.
Dans un mail en réponse au signalement, la Dreal a rejeté le signalement du collectif, en indiquant que « le milieu étudié ne constitue pas un habitat permanent d’espèces protégées ». La Dreal ajoutait dans sa réponse que le site aurait été inondé qu’en 2021, uniquement en raison des conditions météorologiques particulières de cette période, mais qu’il ne s’agirait pas d’une « zone humide » :
« Au moment du constat réalisé par le bureau d’étude, en septembre 2021, les zones en eau étaient à sec [De plus, l’article 3 de l’AM du 29 octobre 2009] porte sur la protection des œufs, sur la vente et le transport. Il ne concerne pas la protection directe des individus et des habitats. Le document précise également que le site n’est pas favorable à la nidification d’oiseaux arboricoles. L’analyse du bureau d’études porte également sur le caractère favorable ou non du site pour les insectes, les chauves-souris, les amphibiens et reptiles et les mammifères terrestres. Elle précise que le site n’est pas favorable pour ces espèces au regard des modalités de gestion en place et de la nature des habitats présents. »
Attroupement de vanneaux huppés – espèces menacées d’extinction – en juillet 2021, revenus en raison des décaissements. Selon Pascal Irlinger, « cela faisait plus de dix ans qu’ils avaient quitté le secteur. Ils étaient 26 et en halte migratoire. » Photo : Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Kuhbach / doc remis
Benoît est membre du groupe local de l’association Alsace Nature. Il explique pourquoi la mobilisation contre ce projet de couvoir industriel est si tardive :
« Il n’y a pas eu d’enquête publique car ce type d’installation n’est pas classée, c’est-à-dire considérée comme dangereuse. C’est donc uniquement lorsque le permis de construire est affiché que le public est informé et peut éventuellement faire un recours. J’imagine que la Dreal part du principe que ces oiseaux pourront nicher ailleurs. »
Attroupement de grues en halte migratoire dans la zone du Kuhbach. Photo : Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Kuhbach / doc remis
Le 2 septembre 2021, le collectif a envoyé un courrier aux élus les invitant à trouver un autre terrain aux Couvoirs de l’Est. Une vingtaine de jours plus tard, le collectif a réalisé un recours gracieux auprès de la mairie de Marmoutier. Il demandait « l’application stricte de la loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la Nature et des paysages qui impose, dans un premier lieu, l’étude de mesures d’évitement ». Le recours a été rejeté par la mairie le 26 octobre 2021 qui précisait dans un mail qu’après réexamen du permis, « il s’avère que le projet est conforme aux dispositions d’urbanisme en vigueur ».
Risques d’inondations de plus en plus importantes
Depuis le nouveau permis de construire datant du 26 juillet 2021, seuls quelques boitiers électriques, du gravier pour l’accès et une digue contre les inondations ont été installés. Pascal Irlinger précise que cette artificialisation va à l’encontre des efforts pour lutter contre le réchauffement climatique :
« Les prairies ont un rôle prépondérant de tempérance climatique. Il s’agit aussi de la dernière zone humide fonctionnelle à l’ouest de Strasbourg. Selon les autorisations délivrées, le terrain semble exploitable, car la Direction départementale des territoires du Bas-Rhin (DDT) se réfère à une crue qui date de 1970 et qui ne semblait pas avoir inondé de manière conséquente le terrain. Aujourd’hui on voit que la zone est facilement inondable en période de grandes pluies. De plus, cette activité risque d’être sensible à la grippe aviaire en raison de la zone colonisée par des oiseaux migrateurs. »
Benoît du groupe local d’Alsace Nature dénonce le caractère inondable de cette zone, sans pour autant remettre en question l’expertise scientifique :
« Si l’on construit ce couvoir, on réduit la surface d’expansion des crues. Elles vont devenir plus conséquentes dans le peu d’espace non aménagé par l’homme. De plus, selon le rapport annuel du Syndicat des eaux et de l’assainissement Alsace-Moselle (SDEA) de 2020, la station d’épuration proche du terrain sature en moyenne un jour sur trois, car la quantité d’eaux usées est trop importante, en raison de fortes pluies et de l’augmentation de la consommation et du nombre de ménages dans la région. Ces excès en eaux usées finissent directement dans la nature. Ce projet de couvoir ne va pas arranger la situation de la qualité des eaux de cette zone. »
Extrait du rapport annuel du Syndicat des Eaux et de l’Assainissement Alsace-Moselle (SDEA) de 2020 démontrant qu’il existe en moyenne une surverse tous les trois jours Photo : Document aux données publiques
Un terrain déjà pollué
Selon trois comptes rendus piscicoles réalisés à Lochwiller, Otterswiller et Schwenheim, puis publiés le 11 juillet 2019, la qualité de l’eau de la zone du Kuhbach semble déjà détériorée. Il existe un faible peuplement d’animaux aquatiques dans la région. Les rapports affirment également qu’une « restauration des habitats aquatiques du secteur permettrait d’augmenter les capacités d’accueil des espèces attendues sur ce secteur. »
Benoît affirme qu’Alsace Nature avait déjà signalé cette pollution aux collectivités locales. Il déplore également la pollution diffuse présente dans le cours d’eau du Kuhbach :
« Personne ne fait rien non plus contre la pollution du Kuhbach. En 2018, il y avait déjà un plan d’investissement et de renaturation de la zone, présenté par le SDEA, afin de redonner au cours d’eau une naturalité en lui façonnant des méandres pour réduire sa vitesse et revégéter la zone, mais il s’agit d’une solution palliative. Il faudrait aussi faire en sorte que les exploitations agricoles arrêtent de déverser des produits polluants dans son lit. »
Malgré de multiples tentatives de prise de contact avec l’entreprise, les Couvoirs de l’Est n’ont pas souhaité réagir ni répondre aux questions de Rue89 Strasbourg. La commune de Marmoutier dit n’avoir aucune information sur la construction, mais a simplement confirmé que le projet de couvoir industriel était toujours en cours.
Un enseignant du Bas-Rhin a été inspecté en février dernier, après que le cabinet de l’épouse du président de la République a saisi de son « cas » le rectorat. Alors que Brigitte Macron rempile à l’Élysée, les questions ressurgissent sur les contours exacts de sa mission, financée sur fonds publics . . .
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En cinq ans, Marine Le Pen a gagné 15% de voix chez les électeurs alsaciens alors qu’Emmanuel Macron a perdu des électeurs, malgré une participation identique par rapport au premier tour ou à 2017. Le Rassemblement national progresse notamment dans des bastions historique de la droite dans le Haut-Rhin . . .
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Ce lundi 24 avril, dès 4h30 du matin, une centaine d’éboueurs se sont réunis au site de l’Eurométropole, rue de la Fédération à Strasbourg, pour débuter une grève de la collecte des déchets. La direction des services et un élu de l’Eurométropole se sont rendus sur place. À l’issue d’une consultation de trois heures où la direction a promis une prime de pouvoir d’achat, les éboueurs ont suspendu le préavis de grève pour dix jours.
Lundi vers 5h du matin, rue de la Fédération à la Meinau, au milieu du brouillard matinal, un agent en chasuble orange escalade les grilles du site de l’Eurométropole de Strasbourg. Il accroche une pancarte avec l’inscription sobre : « en grève ». Une centaine d’agents attend sur les bords de la route, bien décidée à ne pas sortir les camions de ramassage d’ordures aujourd’hui. Les éboueurs de l’agglomération sont en grève pour une durée « illimitée » pour exiger des négociations sur leurs salaires.
Dès 4h30 du matin, une centaine d’agents de collecte des déchets à l’Eurométropole de Strasbourg s’est rassemblée sur leur site rue de la Fédération. Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc
Une première grève spontanée des éboueurs avait démarré mardi 19 avril et s’était poursuivie le lendemain. Le jeudi, trois éboueurs et trois syndicats avaient été reçus à l’Eurométropole par Jonathan Bisot-Lefebvre, directeur général adjoint des services. N’ayant pas obtenu de revalorisation, les agents avaient alors déposé un préavis pour cette grève, d’une durée « illimitée » à partir du lundi 25 avril.
Un manque de reconnaissance pour un métier pénible
David, l’un des instigateurs du mouvement, s’était senti « pris de haut » par les élus :
« Les élus n’avaient pas voulu nous recevoir. Aujourd’hui, on nous a dit que la directrice générale des services viendrait nous voir à 5h45 pour discuter. Si on arrivait à négocier entre 50 et 100 euros d’augmentation nette sur le salaire, ce serait très bien ».
Joe, 25 ans, participe à la grève. Il a commencé comme vacataire il y a six ans, avec 1 200 euros nets par mois :
« Maintenant que je suis embauché, je gagne 100 euros de plus que quand j’étais vacataire, donc ça ne change presque rien. C’est ma santé qui a changé, mon médecin m’a détecté un début d’hernie discale. Je me suis déjà blessé en décembre parce que j’ai descendu une poubelle trop vite, certaines entrées de maison ne sont pas adaptées. Là mon salaire me convient, mais si un jour je veux avoir des enfants avec ma copine, cela va être compliqué. »
Une suspension de la grève pour dix jours adoptée
Vers 5h30, les agents convergent vers le grand réfectoire central du site. Vers 5h45, la direction générale de l’Eurométropole est venue à leur rencontre, afin d’entamer des discussions. Parmi les membres de la délégation, Jonathan Bisot-Lefebvre, Delphine Joly, directrice générale des services, Valentin Rabot, vice-président en charge du personnel, et Sandrine Gauthier, cheffe du service collecte et valorisation des déchets. Trois éboueurs initiateurs du mouvement, Dany, Daniel et David, sont désignés comme porte-paroles.
Roland Siffermann, ancien responsable de l’Unsa Eurométropole, aujourd’hui à la retraite, est venu soutenir le mouvement de grève « inédit » :
« Je n’ai jamais vu de mouvement spontané comme ça chez les éboueurs depuis 2003. Il y a le contexte, avec la hausse des carburants et la baisse du pouvoir d’achat. Cette mobilisation survient parce que les salaires des fonctionnaires de catégorie C n’ont quasiment pas évolué, le point d’indice des agents est gelé depuis 2011. »
Certains agents escaladent les fenêtres du réfectoire où discutent la direction et les agents, pour voir quelque chose. Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc
Jérôme travaille depuis 11 ans à l’Eurométropole. Pour lui, le point de départ a été le pouvoir d’achat :
« Certains agents viennent de villes loin de Strasbourg, comme Obernai, pour travailler et les frais d’essence sont à leur charge. Si l’on rajoute le prix de l’huile, du pain… tout augmente ! Moi j’ai deux enfants en garde partagée avec 1 550 euros nets par mois. Je suis en permanence dans le rouge à moins 150 ou moins 200 euros sur mon compte. »
La direction accepte de discuter avec les agents, mais demande que la grève soit suspendue pour au moins dix jours. Au bout d’une demi heure de discussion avec les trois agents désignés comme porte-paroles, cette exigence de la direction est acceptée par un vote à mains levées, la grève a été suspendue à une large majorité des agents présents.
« J’ai fait 13 ans de ville, vous nous méprisez ! »
Quelques minutes plus tard, la direction, les trois agents désignés et deux représentants syndicaux de FO et de l’Unsa se dirigent vers un petit bâtiment rectangulaire à quelques mètres de là. Sur le chemin, Jonathan Bisot-Lefebvre se fait interpeller par des agents : « J’ai fait 13 ans de ville, vous me bloquez des primes pour trois absences. Je gagne 1 400 euros par mois. Vous nous méprisez ! »
Des éboueurs interpellent Jonathan Bisot-Lefebvre, le directeur général adjoint en charge de l’accompagnement humain, de la transformation et de l’innovation à l’Eurométropole, sur leurs salaires. Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc
Jérémy, qui attend dehors avec quelques autres agents, interpelle sur des conditions de travail difficiles :
« Pour la ville, tout coûte trop cher. On a un métier pénible et on doit toujours se trimballer sur parfois 25 kilomètres avec des chaussures d’un kilo, parce que la direction n’écoute pas nos demandes. »
Des négociations sur les conditions de travail
À 6h15, les négociations commencent vraiment. Elles se termineront à 9h30, après avoir été axées sur les conditions de travail des agents, selon les porte-paroles. Les véhicules ont du mal à circuler au niveau de l’usine d’incinération, où les déchets sont déposés après collecte. Certains agents manquent de matériel, comme de gants à changer quotidiennement ou de tenue adéquate en hiver. Les conducteurs de camions sont obligés de travailler avec des chaussures hautes qui ne sont pas adaptés à la conduite…
Sont aussi évoquées les douches qui ont un débit d’eau trop faible et l’absence de panier repas. À l’issue de la discussion, Dany, l’un des trois agents désigné, se réjouit de la « franchise » de la direction :
« La direction nous a clairement dit ce qui était possible et ce qui ne l’était pas. Par exemple ils nous ont dit que les tickets restaurants coûtaient trop cher. On va leur faire confiance et laisser le temps de trouver des solutions. J’espère que les problèmes d’évolution de carrière seront pris en compte. »
Les syndicats majoritaires absents
Ces négociations se déroulent sans les quatre syndicats majoritaires, CGT, CFDT, CFTC et CFE-CGC. Le préavis de grève a été déposé le jeudi précédent par FO, l’Unsa et Sud. Christian travaille depuis 27 ans au service de collecte des déchets à Strasbourg et il se souvient encore de l’échec d’une grève de trois semaines menée par la CGT et la CFDT en 2003 :
« On demandait aussi une augmentation de salaire. À l’époque, c’était encore la CUS (Communauté urbaine de Strasbourg) cogérée par Fabienne Keller et Robert Grossmann (maire et maire-délégué de droite, NDLR). Après les négociations avec les syndicats, les élus nous ont proposé 50 euros. Sans demander l’accord des agents, la CFDT a dit qu’elle ne négocierait pas en dessous de 100 euros de plus. Au final, on n’a rien eu. »
(Aujourd’hui, la CGT indique qu’aucune proposition d’augmentation n’avait été faîte à l’époque de ces négociations en 2003.)
Dany, un éboueur de 40 ans, était prêt à se mettre en grève. Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc
Une négociation plus globale sur les salaires
À 10h, la plupart des agents sont repartis travailler. Une trentaine d’entre eux se sont installés face à un barbecue sur le trottoir en face du site. Ils espèrent obtenir une augmentation de salaire, de l’ordre de 100 euros nets par mois.
Contactée après les échanges avec les éboueurs, Delphine Joly reste évasive sur le montant de cette prime :
« Il y a plusieurs hypothèses, je ne serais pas sérieuse en estimant un montant. Nous sommes engagés dans une négociation globale pour le pouvoir d’achat des fonctionnaires. Nous attendons surtout une revalorisation du point d’indice au niveau de l’État, car il y a un problème à ce niveau dans toute la fonction publique. Quand on sera au clair sur cette revalorisation, on regardera la question des primes, qui est une infime partie de cette discussion. »
Une trentaine d’agents maintient le piquet de grève toute la journée. Delphine Joly et Jonathan Bisot-Lefebvre ont échangé quelques mots avec les agents mobilisés Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc
Une nouvelle réunion doit se tenir vendredi 29 avril entre les syndicats majoritaires et la direction de l’Eurométropole. À l’issue de celle-ci, les éboueurs pourraient être fixés sur un éventuel montant de la prime qu’ils demandent. Pour Dany, en tout cas, la position des éboueurs est claire :
« Nous attendons de voir quelle augmentation ils vont nous proposer. Si nous n’avons pas de retour avant la fin des dix jours de suspension, ou que la proposition est en-dessous de 100 euros nets par mois, nous repartirons en grève. »
Seuls quelques points séparent Marine Le Pen et Emmanuel Macron en Alsace. L’avance du président de la République tient aux grandes villes, notamment Strasbourg où le barrage républicain s’est opéré. La stratégie des élections législatives doit désormais être tranchée d’ici la mi-mai.
Par rapport à 2017, l’écart s’est resserré partout en France entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le constat est encore plus vrai en Alsace. Marine Le Pen y remporte la moitié des communes et réalise plus de 44% dans trois-quarts des villes et villages, soit mieux que son score national (42,8%). Sans Strasbourg, le score d’Emmanuel Macron en Alsace ne serait que de 54,16%. En incluant la capitale alsacienne, où il réalise son meilleur score (77,6%), il s’établit finalement à 56,54%. Dans le Haut-Rhin, l’écart est encore plus fin, seulement 52,9% pour Emmanuel Macron.
Le barrage a une nouvelle fois tenu
Les grandes villes (Strasbourg, Mulhouse, Colmar, Haguenau…) et le Kochersberg permettent à Emmanuel Macron de remporter la région. Dans les villes, les électeurs de gauche ont donc une nouvelle fois bel et bien participé au barrage républicain. Même si à Strasbourg, qui avait placé Jean-Luc Mélenchon en tête au premier tour, la participation a néanmoins un peu chuté (70% contre 74%). Une exception dans le paysage alsacien, puisqu’autrement la participation est strictement identique à deux semaines plus tôt, à 75%.
Même si le score circulait déjà avant 20h, les partisans d’Emmanuel Macron ont tout de même exulté lorsque les estimations sont apparues à l’écran. Réunis au Tigre comme au premier tour, Anne et Lina, jeunes supportrices d’Emmanuel Macron qui ont pu voter pour la première fois en 2022, apprécient par exemple « le pass Culture » et « les aides » pour les jeunes. Lors de sa venue à Strasbourg, elles ont prises des vidéos avec le candidat pour les poster sur le réseau social Tik Tok.
« Et 1 et 2 et 5 ans de plus », ont scandé les soutiens d’Emmanuel Macron à Strasbourg. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg
Mobilisation pour les élections législatives
Chez les élus, différentes priorités émergent parmi leurs attentes pour le quinquennat. Le député Bruno Studer évoque « la planification écologique », inspirée par Jean-Luc Mélenchon, Alain Fontanel rappelle l’importance de nouvelles mesures pour « le pouvoir d’achat » et Pierre Jakubowicz (Agir / Horizons) veut « du changement et des résultats » sur « l’association des citoyens » aux grandes décisions, par exemple avec des référendums et des conventions citoyenne. Membre du Modem, Rebecca Breitman pointe qu’il faudra « réfléchir à mieux travailler avec les autres forces politiques pour être plus représentatifs des valeurs qu’on a envie d’avoir défendues en France pour ne pas avoir Marine Le Pen ou quelqu’un de sa dynastie dans 5 ans ». (les réactions complètes dans notre direct)
Il faut dire aussi qu’au-delà de cette victoire, les différentes composantes de la majorité se scrutent dans la perspective des élections législatives. Aucune investiture n’a encore été donnée. Le Modem, Horizons, Agir, LREM ou Territoires & Progrès font tous remonter des noms de potentiels candidats et candidates pour chaque circonscription. Et la direction de « La maison commune » devra trancher pour trouver un équilibre entre ces formations et tenir compte de la parité homme-femme. Une priorité sera donnée aux sortants s’ils ont donné satisfaction à savoir Sylvain Waserman et Bruno Studer à Strasbourg, ainsi que Vincent Thiébaut autour de Haguenau. La principale intrigue concerne la circonscription 1 à Strasbourg où Alain Fontanel est pressenti. L’ancien premier adjoint et candidat à la mairie indique qu’il va se décider dans la semaine pour briguer une investiture. Le dépôt des candidatures en préfecture est fixé au 15 mai.
Emmanuel Macron remporte largement le vote du second tour à Strasbourg et pourrait y revenir dès le mois de mai. Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg
Jeanne Barseghian attend une politique différente
L’ambiance était plus fraiche du côté de Kintzheim, où les partisans alsaciens de Marine Le Pen étaient réunis (voir notre reportage). La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EELV), qui avait appelé à voter Macron au soir du premier tour, fait de son côté part de son soulagement. Elle remarque que le RN gagne certes des voix à Strasbourg, mais « de manière nettement moins forte que dans le reste de la France ».
Selon elle, « les votes massifs sont des votes barrage et en aucun cas des votes d’adhésion » et « en aucun cas il ne peut reconduire un quinquennat comme il a pu le faire ». Elle qui espérait « des gages » pour l’électorat de gauche et écologiste qui « se sent méprisé » estime n’avoir pas vus « de signaux forts » dans l’allocution du président. Elle attend une politique différente « dans les actes et les moyens » pour que l’écart avec le RN cesse de se réduire. Elle redoute des économies demandées aux collectivités locales : « si on va vers ça, je considèrerais que rien n’a changé », dit Jeanne Barseghian. Pour les élections législatives à Strasbourg, la maire EELV se dit favorable à une union qui inclut La France insoumise. « Accordons nous sur le fond, y compris sur nos différences, ce n’est pas grave qu’il y ait des nuances à gauche cela fait partie de la démocratie. Mettons nous d’accord sur notre socle en commun ».
Signe que le quinquennat s’annonce contesté, dès 20h une cinquantaine de personnes se sont réunies place Kléber pour exprimer leur mécontentement sur l’affiche de ce second tour et manifester dans la ville. Leur banderole arbore « On mérite mieux que ça, avec ou sans papiers », en listant les « travailleurs, chômeurs, jeunes et retraités ».
Quelques dizaines de personnes ont scandé « Strasbourg soulève toi ! » après la réélection d’Emmanuel Macron ! Photo : Millie Brigaud / Rue89 Strasbourg
Emmanuel Macron pourrait être de retour dans la capitale alsacienne le lundi 9 mai pour la Fête de l’Europe, comme l’année dernière, quelques semaines après son meeting mitigé.
Réunis dans une salle du parc des cigognes, à Kintzheim, élus et militants du Rassemblent national croyaient en la victoire de leur candidate. Une fois la défaite actée, les éléments de langage sur le pouvoir d’achat ont vite laissé place aux discours nationalistes et xénophobes.
Dans une salle privatisée du parc des cigognes, à Kintzheim, Marine Le Pen est placardée sur tous les murs en cette soirée du dimanche 24 avril. QG éphémère du RN en Alsace, la pièce a été mise au goût des militants du parti d’extrême-droite pour la soirée du second tour. Plusieurs drapeaux français, un drapeau rot und wiss, dans un coin. Daniel Schreiber vient d’arriver avec sa femme et un couple d’amis. Gilet jaune de la première heure et militant RN « depuis le père (Jean-Marie Le Pen, NDLR) », il exprime son optimisme à 20 minutes du résultat de l’élection présidentielle. L’ancien chauffeur poids lourd en Suisse, aujourd’hui retraité, évoque les « formidables tournées avec le bus Marine Le Pen sur les ronds-points de Burnhaupt-le-Haut, à Cernay, à Bollwiller ou Colmar, où l’on avait beaucoup de gens qui nous saluaient, qui étaient contents de nous voir. »
Pour le second tour de l’élection présidentielle, élus et militants RN se sont réunis dans une salle du restaurant du parc des cigognes, à Kintzheim. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
Le pouvoir d’achat, vitrine parfaite pour la dédiabolisation
L’habitant de Wittelsheim décrit ainsi sa formation politique comme proche des Gilets jaunes, ce mouvement né de la hausse des prix de l’essence et des fins de mois de plus en plus difficiles. Derrière lui, scotchée sur une vitre, une affiche de Marine Le Pen, souriante, promet de « Rendre aux Français leur argent ». Le pouvoir d’achat offre au RN une vitrine parfaite pour la dédiabolisation de l’ex-FN, fondé par Jean-Marie Le Pen. Interrogée sur la première mesure qu’elle souhaiterait voir appliquée par Marine Le Pen, l’élue régionale Nathalie Aubert évoque « l’amélioration du pouvoir d’achat des Français par une baisse de la TVA. » Militant du RN depuis un an, Noa Grebil, 19 ans, récite les mêmes éléments de langage :
« Ce que j’attends, sur le pouvoir d’achat notamment, donc rendre aux Français leur argent, de baisser la TVA de 20% à 5,5% parce qu’aujourd’hui il y a des Français qui n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois, ils n’arrivent plus à vivre, ils ne font que survivre. »
Xénophobie ordinaire et discours anti-UE
Mais le vernis social du RN ne tient pas longtemps. Peu après l’annonce du résultat, une fois les larmes essuyées, un homme s’exclame dans la foule d’une trentaine de personnes : « Là c’est bon, ils doivent faire la fête dans les quartiers où ils vivent des aides sociales ! » Continuant d’évoquer sa tournée avec le bus de Marine Le Pen, Daniel Schreiber se félicite d’avoir rencontré « une jeune femme qui s’est arrêtée sur un rond-point pour nous dire qu’elle était arabe et qu’elle voterait Marine Le Pen. Ca nous a étonné venant d’une musulmane. Et on a pas eu le temps de lui dire : « Mais vous êtes Française ! » Elle n’avait pas le voile c’est sûr. Elle était d’une gentillesse… »
Peu après 20 heures, le délégué départemental du RN en Alsace, Christian Zimmermann, prend la parole pour remercier les militants et se féliciter de représenter « la principale force d’opposition de manière décisive à Emmanuel Macron ». Puis il salue la présence d’un député du parti d’extrême-droite AfD au parlement allemand. Norbert Kleiwächter entame alors une diatribe contre « Bruxelles et sa politique dirigée contre le peuple » et vante un couple franco-allemand nationaliste « pour une coopération de nations souveraines avec un respect pour la démocratie et pour le peuple ».
Peu après l’annonce du résultat de l’élection, Marine Le Pen prend la parole. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
Le député allemand est interrompu lorsque Marine Le Pen apparaît à l’écran derrière lui. La déception se lit sur les visages, certains ont le regard vide, d’autres ont du mal à retenir leurs larmes. Le public applaudit lorsque la candidate RN exhorte ses troupes à se mobiliser pour les élections législatives de juin. « Nous présenterons des candidats dans toutes les circonscriptions », assure la conseillère régionale RN Nathalie Aubert.
Retrouvez ci-dessous tous les résultats de l’élection présidentielle à Strasbourg, par bureau de vote, au fur et à mesure de leur dépouillement.
Les électeurs strasbourgeois n’ont pas laissé beaucoup de place à Marine Le Pen et se sont largement reportés sur Emmanuel Macron selon les premiers résultats de ce second tour. Au premier tour, ils avaient placé Jean-Luc Mélenchon en tête dans la majorité des bureaux de vote.
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵
Retrouvez ci-dessous tous les résultats de l’élection présidentielle en Alsace, au fur et à mesure de leur dépouillement.
D’après les premiers résultats, l’Alsace reste divisée entre les partisans d’Emmanuel Macron (en jaune) et ceux de Marine Le Pen (en noir) entre les territoires ruraux et ceux plus proches des centres urbains. La carte ci-dessous se met à jour au fur et à mesure des résultats.
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Selon les premières estimations à la sortie des urnes, Emmanuel Macron a été réélu président de la République. Retrouvez ci-dessous le compte-rendu en direct du second tour de l’élection présidentielle. Points sur la participation et le déroulé du scrutin en journée puis dès 20h, les résultats en Alsace et à Strasbourg, ainsi que les premières réactions des élus et des militants.
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25 avril 2022, 2h01
Fin du live !
C’est la fin de ce direct marqué par la réélection d’Emmanuel Macron et une avance plus maigre en Alsace (56%) que la moyenne nationale. Les cartes des résultats par communes d’Alsace et par bureau de vote à Strasbourg sont en accès libre toute la nuit.
Rendez-vous dès 6h pour deux articles, une analyse des scores en Alsace avec des réactions et un reportage chez les partisans de Marine Le Pen à Kintzheim !
Ancienne maire de Strasbourg et présidente du groupe d’opposition des Socialistes au conseil municipal, Catherine Trautmann a réagit par communiqué à la réélection d’Emmanuel Macron :
« L’écart qui sépare Emmanuel Macron de la candidate d’extrême-droite est assez large pour démontrer que les Français attachés à la démocratie et à la République ont refusé la vision identitaire, exclusive et antieuropéenne du Rassemblement national.
Ce résultat honore et engage le candidat élu. Sa réélection est due au soutien de ses partisans mais aussi et surtout au vote de toutes celles et de tous ceux qui ont refusé le chaos de l’extrême-droite avec son cortège d’exclusion, d’injustice et de remise en cause des institutions de la République.
En prenant ses responsabilités, Emmanuel Macron devra tenir compte d’un résultat qui témoigne des divisions qu’il a largement contribué à provoquer, avec un RN qui atteint un score massif, une abstention très haute qui dit le doute, voire le désaveu de sa politique et de la politique.
La gauche se trouve exclue de ce second tour et c’est le RN qui veut se placer en tête de l’opposition.
Ce triste résultat est tout aussi historique et montre qu’aucun des candidats de gauche n’était prêt ou en mesure de proposer le projet et la dynamique qui pouvait rassembler.
Le nouveau mandat du président réélu devra construire pour le pays, les Françaises et les Français un avenir juste, apaisé et solidaire, respectueux de nos différences. C’est la condition d’une France forte et réunie qui pèsera au sein de l’Union Européenne et sur la scène internationale. Égalité de droits, lutte pour le climat, association des citoyens et citoyennes, en particulier des jeunes, aux décisions qui les concernent, notre avenir ne se décidera pas sans nous.
Lors du prochain scrutin législatif, les socialistes avec la gauche devront être présents et fiers des valeurs qu’ils portent et qu’ils proposeront de défendre et imposer à l’Assemblée Nationale au bénéfice de toutes les Françaises et de tous les Français. »
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24 avril 2022, 23h24
Présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, Pia Imbs a fait parvenir sa réaction au second tour de l’élection présidentielle dans un communiqué :
« Je félicite Emmanuel Macron pour sa réélection ; la majorité des Français, en choisissant d’accorder un second mandat à Emmanuel Macron marquent leur attachement aux valeurs de notre République, leur attachement à l’Europe. Mais la tâche est immense. Le président devra engager des réformes profondes pour faire face aux nombreux défis présents et à venir, d’ordre écologique et social.
Surtout, il lui faudra rassembler les différentes sensibilités qui se sont exprimées lors de ce vote.
Je formule le vœu d’une action politique qui prenne en compte les aspirations profondes de notre jeunesse, notamment celle en faveur de la lutte contre le changement climatique.
En ma qualité de présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, je serai vigilante à ce que les collectivités locales, actrices essentielles de proximité puissent prendre pleinement leur part dans cette construction du « mieux vivre ensemble », et conserver leur capacité d’initiatives, en alimentant les politiques nationales de leur expertise en matière de politiques publiques pragmatiques, répondant aux attentes des administrés, et ce sur l’ensemble des compétences. »
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24 avril 2022, 23h20
Nouveau résultat disponible pour Illzach :
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24 avril 2022, 23h15
Réaction de la maire Jeanne Barseghian (EELV) aux résultats
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24 avril 2022, 23h10
Nouveau résultat disponible pour Lingolsheim :
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24 avril 2022, 23h00
Nouveau résultat disponible pour Bischheim :
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24 avril 2022, 22h50
Nouveau résultat disponible pour Sélestat :
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24 avril 2022, 22h43
Réaction de Rececca Breitman (Modem) à l’issue du second tour (vidéo JFG / Rue89 Strasbourg)
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24 avril 2022, 22h40
Rue89 Strasbourg a publié toute sa couverture de la soirée électorale en accès libre. Si vous appréciez notre travail, optez pour un abonnement. C’est 5€ par mois, sans engagement, et chaque abonnement nous apporte énormément. Participez à économie des médias plus juste, prenez le pouvoir sur vos sources d’informations.
Nouveau résultat disponible pour Illkirch-Graffenstaden :
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24 avril 2022, 22h10
Nouveau résultat disponible pour Schiltigheim :
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24 avril 2022, 21h50
Nouveau résultat disponible pour Mulhouse :
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24 avril 2022, 21h40
Nouveau résultat disponible pour Haguenau :
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24 avril 2022, 21h32
Boris, militants LREM, réagit aux résultats du second tour depuis la brasserie Le Tigre (vidéo JFG / Rue89 Strasbourg)
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24 avril 2022, 21h32
Nouveau résultat disponible pour Saverne :
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24 avril 2022, 21h23
Député LREM du nord de Strasbourg, Bruno Studer réagit aux résultats du second tour (vidéo JFG / Rue89 Strasbourg)
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24 avril 2022, 21h20
Nouveau résultat disponible pour Bischwiller :
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24 avril 2022, 21h16
Emmanuel Macron pourrait être de nouveau présent à Strasbourg, le 9 mai pour la Fête de l’Europe.
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24 avril 2022, 21h10
Nouveau résultat disponible pour Saint-Louis :
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24 avril 2022, 21h05
Quelques clichés depuis la manifestation en cours au centre-ville Photos : Millie Brigaud
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24 avril 2022, 21h00
Nouveau résultat disponible pour Molsheim :
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24 avril 2022, 20h59
Depuis la place Kléber, une partie des manifestants est partie en cortège (vidéo Millie Brigaud)
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24 avril 2022, 20h57
Alain Fontanel, conseiller municipal LREM, réagit au résultat de l’élection présidentielle (vidéo JFG / Rue89 Strasbourg)
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24 avril 2022, 20h50
Nouveau résultat disponible pour Illzach :
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24 avril 2022, 20h43
Place Kléber, Marlène Lutz, ancienne Gilet jaune, détaille les raisons de sa colère :
(vidéos Millie Brigaud)
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24 avril 2022, 20h40
Nathalie Aubert, conseillère régionale RN, réagit à la défaite de Marine Le Pen depuis Kintzheim (vidéo GK / Rue89 Strasbourg / cc)
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24 avril 2022, 20h34
Au QG du Front national en Alsace, au restaurant du parc des Cigognes à Kintzheim, Christian Zimmermann, référent départemental du Bas-Rhin pour le Rassemblement national, détaille la suite et sa réaction :
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24 avril 2022, 20h31
Quelques dizaines de personnes sont encore présentes place Kléber, pour protester contre les résultats et les choix qui ont été laissés aux citoyens Photos : Millie Brigaud
L’un d’eux, manifestant anonyme de 27 ans, se présente comme militant écologiste et pour « la justice sociale ». Il a voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour, puis blanc au second. En 2017, il avait voté Macron contre Le Pen et il l’a regretté en raison « de sa politique écologique et sociale ». Il estime que le vote blanc est une manière de montrer que le système démocratique actuel ne fonctionne pas, et qu’il faut changer le mode de scrutin.
Anne (a gauche) et Lina (à droite) soutiens d’Emmanuel Macron réagissent après les résultats… (vidéo JFG / Rue89 Strasbourg)
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24 avril 2022, 20h16
Place Kléber, quelques manifestants sont présents à l’appel « Ni Le Pen, ni Macron ». Parmi eux, Garcia Lun qui n’a pas pu voter.
(vidéos Millie Brigaud)
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24 avril 2022, 20h09
La déception des militants RN à Kintzheim (vidéo GK / Rue89 Strasbourg / cc)
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24 avril 2022, 20h06
Explosion de joie au QG LREM à Strasbourg (vidéo JFG / Rue89 Strasbourg)
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24 avril 2022, 20h01
Emmanuel Macron en tête du second tour de l’élection présidentielle
Selon les premières estimations réalisées à la sortie des urnes, Emmanuel Macron a remporté entre 58% et 59% des suffrages exprimés. Si ces estimations sont confirmées, le président de la République a été réélu ce soir pour un nouveau mandat.
Emmanuel Macron lors de son meeting de campagne à Strasbourg Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc
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24 avril 2022, 19h54
Depuis le restaurant du parc des Cigognes, Daniel Schreiber, 73 ans, chauffeur routier retraité, gilet jaune depuis le début du mouvement et militant RN depuis l’époque de MLP (vidéo GK / Rue89 Strasbourg)
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24 avril 2022, 19h47
Une cinquantaine de soutiens locaux d’Emmanuel Macron sont réunis à la brasserie Le Tigre à Strasbourg Photo : JFG / Rue89 Strasbourg
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24 avril 2022, 19h22
Au restaurant du parc des Cigognes à Kintzheim, une trentaine de militants du Rassemblement national se sont donnés rendez-vous pour suivre la soirée électorale Photos : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
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24 avril 2022, 19h05
Les bureaux de vote ont fermé un peu partout, sauf dans les grandes villes, dont Strasbourg où ils sont encore ouverts jusqu’à 20h !
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24 avril 2022, 18h23
Plusieurs personnes ont signalé leur exaspération après avoir voté, en laissant une petite note dans la liste d’émargement Photo : Caroline Reys / Facebook
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24 avril 2022, 18h18
Dans un bureau du Neudorf cet après-midi Photo : Jean-François Gérard / Rue89 Strasbourg / cc
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24 avril 2022, 18h17
Dans un bureau de l’école Saint-Jean cet après-midi Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
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24 avril 2022, 17h07
Participation stable en fin d’après-midi
À 17h, la participation est estimée à 59,35% dans le Bas-Rhin, soit un peu moins que la moyenne nationale (63,23%). Une évaluation similaire à celle du premier tour à la même heure. Dans le Haut-Rhin, elle s’élève à 64,62% (+0,9 point par rapport au 10 avril), tandis qu’à Strasbourg, elle serait de 52,57% (-7 points).
Attention, ces estimations sont à prendre avec prudence. Lors du premier tour, elles indiquaient une nette baisse de la participation par rapport à 2017 dans le Bas-Rhin (-14 points), alors qu’elle a finalement été assez proche de l’élection cinq ans plus tôt (-4 points au final).
Les bureaux de vote sont ouverts jusqu’à 19h et même 20 heures dans les grandes villes comme Strasbourg.
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24 avril 2022, 14h56
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24 avril 2022, 14h43
La démocratie, ça s’apprend tôt ! Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
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24 avril 2022, 14h35
La maire de Strasbourg Jeanne Barseghian a voté et tient un bureau du Neudorf (Photo Alban Hefti / Ville de Strasbourg)
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24 avril 2022, 12h18
Participation stable dans le Bas-Rhin et dans le Grand Est
Selon la préfecture du Bas-Rhin, le taux de participation au scrutin de l’élection présidentielle à midi n’est que de 22,67%. Au premier tour, ce taux était de 20,45%. En 2017, le taux du second tour était de 28,24%.
Dans le Grand Est, le taux de participation au second tour s’élève à 26,94%, légèrement supérieur au premier tour (25,63%) mais inférieur à celui de 2017, établi à 27,60%.
Au bureau de vote Saint-Jean, la participation était normale… Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
Dans le Haut-Rhin, la participation à midi a été de 28,39%, soit quasiment identique à celle du premier tour (28,69%).
En France, la participation moyenne s’établit à 26,41%, quasiment identique à celle de 2017.
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24 avril 2022, 12h07
Participation en légère baisse à Strasbourg
La participation au second tour de scrutin à midi s’établit à 19,71% des votants à Strasbourg. Au premier tour, ce même taux était de 21,50%.
Devant le choix restant aux Français, il est parfois compliqué de se motiver… Photo : Millie Brigaud / Rue89 Strasbourg / cc
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24 avril 2022, 10h52
Les opérations de vote ont débuté sous un temps maussade, comme ici place Sainte-Madeleine Photo : Millie Brigaud
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24 avril 2022, 8h42
10 mn d’ouverture, 10 bulletins dans l’urne. L’équipe du 608, comme celles des 144 bureaux de vote de @strasbourg et comme partout en France, vous attend ! pic.twitter.com/tuFymlQFkq
Bienvenue dans ce compte-rendu en direct du second tour de l’élection présidentielle 2022 !
Au cours de la journée, quelques échos du second tour de scrutin puis dès 19h, nous mettrons en ligne nos cartes pour retrouver les résultats, au fur et à mesure qu’ils seront validés : pour chaque commune en Alsace et pour chaque bureau de vote à Strasbourg.
N’hésitez pas à nous envoyer vos photos du scrutin à redaction@rue89strasbourg.com ! Elles pourraient être diffusées sur cette page.
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵
L’histoire d’une adolescente, confinée dans un appartement avec toute sa famille, victime de discriminations et d’une Europe en guerre. Le témoignage d’Anne Frank revient sur scène avec une actualité déconcertante. Du 27 au 30 avril, le Théâtre des Osses du Centre dramatique fribourgeois s’empare de la scène du Taps Scala pour présenter sa version du journal d’Anne Frank.
Une des preuves de la qualité d’un texte littéraire est sa capacité à traverser le temps et à atteindre une certaine forme d’universalité. Le journal d’Anne Frank en est un parfait exemple. Quatre-vingts ans après avoir été écrit, son témoignage fait encore écho et prend une nouvelle dimension aujourd’hui. Alors que le monde subit des confinements successifs, que l’Europe connaît à nouveau la guerre sur son territoire avec des populations obligées de fuir, de nombreux adolescents et adultes ne peuvent que se reconnaître dans l’histoire de la jeune Anne.
Ce témoignage est celui d’une jeune fille née à la mauvaise époque, le 12 juin 1929, à Francfort. Pour fuir les discriminations et les arrestations, sa famille émigre aux Pays-Bas en 1933. Elle y vit une enfance assez heureuse – bien que chahutée par les tracas du quotidien. Mais à treize ans, comme nombre d’adolescents, Anne se sent seule, à part et regrette de ne pas posséder l’Amie. Celle à qui elle pourrait tout dire. Pour contrer ce manque, elle commence à écrire un journal en s’adressant à Kitty, une confidente imaginaire.
Les réflexions d’une adolescente confinée avec sa famille
Écrit au jour le jour, son histoire est un témoignage majeur de la Seconde guerre mondiale et de ce qu’on pu vivre les familles juives à cette époque. Le 6 juillet 1942, les Frank décident de disparaître en apprenant que la sœur aînée d’Anne, Margot, est convoquée par les SS. Cette décision marque le début d’un confinement forcé, dans « l’Annexe » de l’immeuble du 263, Prinsengracht, au-dessus du magasin dans lequel travaillait son père.
Les Frank et une autre famille, les Van Daan, y resteront cachés 24 mois, avec une interdiction stricte de sortir. L’occasion pour Anne de raconter la vie de personnes forcées à la proximité et de faire part de ses propres états d’âme de jeune fille devenant adulte. Ses réflexions d’adolescente – de la frustration au sentiment d’injustice, en passant par l’amour – et son observation lucide et attentive des mécanismes humains ont gardé leur pertinence et sonnent de manière étrangement familière des décennies plus tard.
Anne Frank est présente mais aussi sa soeur Margot et le fils des Van Daan. Photo : Julien-James-Auzan / doc remis
C’est avec ce regard actuel que les spectateurs du Théâtre actuel et public de Strasbourg pourront découvrir le travail proposé par les deux co-directeurs artistiques du Théâtre des Osses et metteurs en scène, Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier. En se plongeant dans les textes réunis dans le livre Anne Frank, l’intégrale, publié en 2017 avec l’ajout de certains passages traduits pour la première fois en français, ils souhaitent restituer l’essence universelle et intemporelle de cette œuvre qui dépasse le récit de guerre.
Parti-pris étonnant de cette pièce, le texte écrit par Anne Frank est réparti entre trois personnages : Anne, jouée par Judith Goudal, mais également sa sœur Margot et Peter, le fils des Van Daan, respectivement interprétés par Laurie Comtesse et Yann Philipona. Leur point commun ? Ils sont les trois adolescents de la maison.
Un devoir de mémoire pour conjuguer le drame au passé
Reprendre le texte d’Anne Frank est également un devoir de mémoire et de reconnaissance des drames qu’a perpétué l’Allemagne nazie. Toute la puissance de cette histoire se situe justement du passage du quotidien et de la candeur d’une vie d’adolescence à la violence de la guerre qui s’y immisce lentement, par à-coups.
Sur le plateau, un surprenant mélange d’écriture et de rétroprojection permet de jouer avec la surface blanche de la façade de l’annexe, principal décor de la scène. Photo : Julien-James-Auzan / doc remis
Une violence accentuée par les discriminations antisémites, qui sont encore loin d’avoir disparues en Europe et auxquelles s’ajoutent le racisme, l’homophobie et la xénophobie. Les mots d’Anne Frank résonnent aujourd’hui comme une mise en garde, contre des atrocités qui pourraient se répéter si les citoyens ne restent pas vigilants.
En 2022, l’œuvre littéraire et historique qu’est le Journal d’Anne Frank est plus que jamais un important outil pédagogique enseignant le vivre-ensemble, le respect mutuel et la tolérance. Les adaptations, fidèles à cet esprit, permettent de maintenir au goût du jour des leçons tirées du passée.
Churchman trio, un projet blues et folk maturé pendant deux années de pandémie, se dévoile enfin au public à Strasbourg avec deux concerts. L’occasion de découvrir ce condensé de talent, de tradition et d’inventivité.
D’abord « one man band », Churchman a évolué en trio. Porté à l’origine par Stéphane Kirchherr, co-gérant du bar Le Local dans la Krutenau à Strasbourg, la formation s’est étoffée avec Marie Ruby au chant et au banjo et Frédéric Guerrin, également au chant et aux percussions.
Cette croissance a été permise par plusieurs résidences pendant la pandémie de coronavirus, à l’Espace Django, aux Tanzmatten, à Dambach… comme l’explique Stéphane Kirchherr :
« Marie et Fred sont deux musiciens accomplis qui ont accepté de rejoindre le projet. Ils ont apporté tout leur professionnalisme et leur passion pour les chansons en acoustique. Je pensais faire évoluer Churchman en un groupe de cinq musiciens au départ mais finalement, après quelques séances de travail à trois, on a trouvé un son à la fois unique et qui nous correspond. Je suis vraiment heureux du résultat. »
Le trio Churchman avec de gauche à droite Frédéric Guerrin, Stéphane Kirchherr et Marie Ruby Photo : Guillaume Jacquot / doc remis
« Une alternative au tout-numérique dans la musique »
Ce résultat se décline en un premier album de trois titres, appelé « Three odd ballads » (trois ballades étranges), enregistré chez Red Rock Records à Uhrwiller (voir notre article). Une maquette de six titres est prête et d’autres titres également, suffisamment en tout cas pour présenter le trio au public après deux années de maturation. Deux dates sont programmées à Strasbourg au sein d’une tournée française, le vendredi 29 avril à la Péniche mécanique et le samedi 30 avril au Molodoï.
Churchman Trio pourrait rapidement être classé dans les groupes de folk – blues américain. Mais leur répertoire est plus complexe comme le détaille Stéphane Kirchherr :
« On s’inspire des ballades transmises par tradition orale, par les jug bands dans les États-Unis du XIXe siècle, du blues entre gospel et bluegrass. C’est notre base de travail mais nos créations s’agrémentent de rythmes cubains, de chant à la Tom Waits… On fait intervenir des instruments de récupération ou anciens, comme une mandole ou une shruti box… On veut proposer une alternative au tout-numérique dans la musique : synthé, samples et boucles n’ont pas leur place chez nous. »
L’EP de Churchman sur Soundcloud
Les Odd Ballads, Churchman les définit comme des chansons de l’étrange qui « disent des choses terribles sur de mélodies envoûtantes aux rythmes branlants, des histoires d’individus saugrenus, sans époque, sans repères et sans attache. » C’est sans doute pour cette raison que tout l’esthétique du groupe a été travaillé, on se croirait dans une scène du film O’Brother where are thou des frères Cohen…
Désormais engagé sur des rails solides vers une professionnalisation complète, le groupe ne devrait plus rester longtemps accessible aux petites salles. Mieux vaut donc s’y presser pendant que c’est encore possible…
Dans le duel entre l’extrême droite et le président sortant, la droite strasbourgeoise est un peu plus explicite que son parti sur son vote. Sauf Jean-Philippe Maurer qui cultive le mystère, étant donné que le RN a réalisé de bons scores dans la circonscription qu’il brigue . . .
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Juste avant les élections, la ministre de l’Écologie Barbara Pompili a signé un nouveau décret pour démarrer le confinement définitif des déchets toxiques à Stocamine. Ces déchets pollueront la nappe phréatique d’Alsace d’autant qu’une enquête judiciaire est en cours pour vérifier quels ont été les produits entreposés.
Tous les cinq ans, les derniers jours du mandat présidentiel sont propices aux coups fourrés. Le dossier des déchets toxiques de Stocamine n’y fait pas exception, malgré les négociations tentées par Frédéric Bierry (LR), le président de la Collectivité d’Alsace (CeA).
La ministre de la transition écologique Barabra Pompili a signé le 15 avril un décret qui dispense les installations classées de constituer des garanties financières si elles ont une garantie de l’État. Un texte sur-mesure pour la société des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA) qui exploite l’activité de stockage dans l’ancienne mine de Wittelsheim, près de Mulhouse.
Avant sa visite de la mine début 2021, la ministre Barbara Pompili avait déjà décidé de n’en retirer aucun déchet. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg
Une enquête judiciaire pour dissimulations
Ce décret est vu comme la levée du « dernier obstacle » pour permettre l’enfouissement définitif de 42 000 tonnes de déchets industriels qui à terme entreront en contact avec la nappe phréatique d’Alsace. Ce stockage devait être temporaire quand le projet a été accepté dans les années 1990.
Sur le front judiciaire, le dossier Stocamine a pourtant suscité l’ouverture d’une enquête de la gendarmerie nationale spécialisée dans les atteintes à l’environnement pour vérifier la nature des déchets entreposés. D’importants soupçons de dissimulation ont entrainé une plainte suite à des témoignages publiés sur Rue89 Strasbourg et la Badische Zeitung. L’association Alsace Nature espère que des enquêteurs puissent descendre au fond de la mine afin d’inspecter le contenu des sacs et barils avant les premiers barrages en béton, irréversibles, et programmés en juin. Un temps de la justice que le gouvernement n’a visiblement pas envie de respecter.