Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

À Stocamine, les premiers travaux de confinement des déchets toxiques suspendus par la justice

À Stocamine, les premiers travaux de confinement des déchets toxiques suspendus par la justice

Le tribunal administratif de Strasbourg a considéré que les premières opérations de remblayage du bloc incendié et des barrages de béton dans les anciennes mines ne peuvent pas se poursuivre.

Les travaux préparatoires au confinement et de blocage définitif du bloc 15 incendié à Stocamine sont suspendus. La procédure d’urgence (en référé) de la Collectivité européenne d’Alsace, l’association Consommation Logement Cadre de vie (CLCV) du Haut-Rhin et d’Alsace Nature contre l’arrêté préfectoral du 28 janvier 2022 a réussi.

Dans leur décision ce mercredi 25 mai, Les juges administratifs ont notamment considéré que cet « arrêté de mise en demeure » allait trop loin dans ses prescriptions. Les opérations de remblayage du bloc 15 et de préparation des barrières de confinement en béton ont bien un aspect définitif et irréversible pour les magistrats. Or, de tels travaux de confinement des déchets toxiques ne sont pas autorisés pour le moment.

Le stockage interdit sans autorisation environnementale

Annulé une première fois par la justice, le stockage total et illimité nécessite désormais une autorisation environnementale et une enquête publique. Une procédure qui pourrait prendre environ un an. Depuis le mois de mars, une enquête pénale de la gendarmerie est également en cours pour mettre au jours d’éventuelles dissimulations sur les déchets entreposés dans le sous-sol alsacien.

Seuls les arguments juridiques d’Alsace Nature ont été retenus. Les juges ayant estimé que la CLCV n’avait pas d’intérêt à agir. L’État doit verser 1 000 euros à Alsace Nature. Une somme qu’elle avait perdu lors d’un précédent référé en mars.

Un déstockage toujours possible ?

Lors de l’audience, la Préfecture et la société des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA) avaient notamment présenté ces premiers travaux « à titre conservatoire » comme une nécessité pour déstocker d’autres blocs, qui contiennent plus de 40 000 tonnes de déchets, à rebours de la volonté du gouvernement (lire notre article). Sans déstockage et malgré les barrages, ces déchets contamineront la nappe phréatique d’Alsace, ressource d’eau potable en Alsace, en Allemagne et en Suisse.

Les coulées de béton dans la mine ne sont pas autorisées. Photos : leonmul68 / Flickr

L’avocat d’Alsace Nature, Me François Zind, est très satisfait de cette décision :

« C’est la deuxième victoire après la suspension du 15 octobre. Elle redonne du crédit à l’idée qu’un déstockage est toujours possible et que cette option sera vraiment soumise. On avait peur d’être devant le fait accompli avec des barrières de confinement déjà construites lors de l’enquête publique à venir. Cette victoire redonne l’opportunité à la CeA et la Région de refaire des propositions pour le déstockage. On espère que l’État va les autoriser à descendre dans la mine. »

Dans un communiqué, le ministère de la Transition écologique a « pris acte » de la décision et « examine l’opportunité d’un pourvoi en cassation » devant le Conseil d’État sous 15 jours. Il a réaffirmé « l’importance de procéder rapidement aux travaux de confinement », après avoir défendu l’inverse, à savoir un potentiel déstockage dans cette procédure. Candidat pour la majorité présidentielle dans le Haut-Rhin, Hubert Ott (Modem) s’est au contraire félicité de cette décision. « La ministre Barbara Pompili avait confirmé lors de sa venue en 2021 que 96% des déchets encore stockés peuvent être techniquement retirés et que les galeries resteront praticables jusqu’en 2025 », affirme-t-il. Loin d’être bouclé, le dossier attend donc la nouvelle ministre Amélie de Montchalin.

Piscine mobile et concerts place du Château : des nouveautés dans les animations de l’été 2022 à Strasbourg

Piscine mobile et concerts place du Château : des nouveautés dans les animations de l’été 2022 à Strasbourg

Comme chaque année, la Ville de Strasbourg propose des événements culturels pour la période estivale. Mardi 24 mai, les élus ont annoncé la programmation 2022, avec quelques nouveautés.

La Ville de Strasbourg a dévoilé, mardi 24 mai, sa programmation pour la période estivale 2022, lors d’une conférence de presse. La fête de la musique le 21 juin, sera l’événement du lancement des festivités. Le spectacle d’illumination de la Cathédrale sera de retour tous les soirs à partir du 8 juillet, jusqu’au 28 août.

Comme ces dernières années, un spectacle d’illumination de la Cathédrale sera proposé tous les jours.
Photo : Passe Muraille & AV Extended / Document remis / cc

Des nouveautés pour cette année 

Les illuminations des vendredis et samedis soirs seront enrichies par plusieurs concerts du groupe « Les Percussions de Strasbourg » et d’autres artistes qui se produiront sur une scène place du Château. Owusu Tufuor, l’adjoint à la maire en charge des sports, a aussi annoncé la création d’une piscine mobile à l’Elsau « pour permettre aux petits d’apprendre à nager ». Le dispositif, encore au stade d’expérimentation, commencera dans ce quartier mais pourra être installé à d’autres endroits.

Jeanne Barseghian (EELV) était présente à la conférence de presse pour annoncer la programmation estivale 2022. Photo : AE / Rue89 Strasbourg / cc

La Ville de Strasbourg lance également le dispositif « Touriste dans ma ville ». Le concept est d’organiser des visites guidées des quartiers pour les habitants des autres quartiers. « C’est surtout destiné à ceux qui habitent dans des zones éloignées, afin de leur permettre de découvrir Strasbourg sous un nouvel angle », précise Guillaume Libsig, adjoint à la maire en charge de la vie associative.

Un budget de 1,3 millions d’euros

Les élus annoncent un budget de 1,3 millions d’euros pour la saison estivale de cette année, avec une programmation destinée aux strasbourgeois et aux touristes. Au jardin des deux rives, du 24 au 26 juin, lors de la « Symphonie des arts », la Ville propose un cinéma karaoké en plein-air, des dj sets, des ateliers de danse, et des concerts. Au Docks Malraux, la plage éphémère et la base nautique seront à nouveau installées, et des spectacles d’arts vivants seront organisés les vendredis à 18h.

Élèves stressés, orientation bâclée, désaffection du métier : des profs de lycée témoignent

Élèves stressés, orientation bâclée, désaffection du métier : des profs de lycée témoignent

Le gouvernement a mené une importante réforme des lycées pendant le précédent quinquennat. Rue89 Strasbourg donne la parole à trois enseignants qui estiment que les conséquences de cette réorganisation majeure sont néfastes pour les professeurs et les élèves. Témoignages.

« Après le mandat de Jean-Michel Blanquer au ministère de l’Éducation nationale, on se sent complètement désabusés, lésés, et on a peur pour l’avenir », résume Arnaud Sigrist, professeur de sciences économiques et sociales au lycée Camille Sée de Colmar. Il est aussi co-secrétaire académique du Snes-FSU à Strasbourg. Pour lui, l’impact du dernier quinquennat se mesure déjà par des chiffres :

« Depuis la rentrée 2017-2018, on a perdu 134 postes de profs de lycée dans l’Académie de Strasbourg, à cause des non remplacements de départs à la retraite. Mais, et c’est nouveau, les démissions ont augmenté, il y a entre 30 et 40 demandes de ruptures conventionnelles par an. Cela n’existait pas avant, les profs finissaient leur carrière dans l’Éducation nationale. Nous observons une désaffection sans-précédent de notre métier. »

Le rectorat de l’académie de Strasbourg n’a pas transmis à Rue89 Strasbourg le nombre de démissions de professeurs de lycée en 2021. Selon les syndicats, 18 enseignants ont démissionné dans le Bas-Rhin en 2021.

« Les élèves jouent leur vie toute l’année »

Jean-Michel Blanquer a changé radicalement l’organisation des filières. Depuis l’année 2020-2021, terminés les bacs scientifique, littéraire, économique et social. Place à des programmes à la carte, où les lycéens choisissent trois spécialités parmi treize. Pour l’année de Terminale, ils ne gardent que deux de ces matières. Place aussi au contrôle continu : les notes de l’année comptent pour le bac. Enfin, avec Parcoursup, le nouveau système de sélection pour les études supérieures, toutes les notes de l’année comptent pour l’orientation.

Sarah enseigne l’anglais dans un lycée du Nord de l’Alsace. Pour elle, ce nouveau fonctionnement a créé énormément de tensions :

« Sur Parcoursup, les lycéens doivent enregistrer 10 vœux sans ordre de préférence, et sont affectés selon leurs notes. Leur orientation est bâclée. Comme chaque note compte, ils sont beaucoup plus stressés au quotidien, ils ont le sentiment de jouer leur vie toute l’année. Il y a beaucoup d’insomnies, de plaques d’eczéma, et d’autres troubles psychosomatiques, avec des absences de longue durée.

J’ai même une élève qui a fait une forme de burn-out. Personne ne devrait être dans cet état là au lycée. Nous, les profs, sommes en première ligne face au mal-être des jeunes, leurs réclamations quand ils ont une mauvaise note, leurs questionnements légitimes. »

Elle évoque l’organisation des épreuves de langues : « On doit évaluer l’expression orale et écrite ainsi que la compréhension orale et écrite, mais il n’y a plus de créneaux banalisés pour ça, on doit le faire sur nos heures de cours », indique-t-elle. En arrêt maladie et non remplacée (du fait de la pénurie de profs remplaçants qui est aussi devenue critique ces dernières années) pendant un mois et demi cette année, ses classes n’ont donc pas eu cours. L’organisation des épreuves a été « très compliquée » et « réalisée à la va-vite », selon elle. Dans son lycée, une enseignante d’allemand était absente pendant trois mois, rendant le contrôle continu très difficile à organiser également pour ses élèves.

Le nombre de professeurs de lycée a fortement diminué dans le Bas-Rhin sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. Photo : GK / Rue89 Strasbourg / cc

Plus de classes à gérer, plus de cours à préparer et de copies à corriger

« Entre les absences des profs, celles des élèves, et la subjectivité des notations, cela pose des questions sur l’égalité des chances », analyse-t-elle. Sarah observe aussi que le nombre d’heures de cours a diminué pour les langues, en passant de quatre heures en Seconde et trois en Terminale avant la réforme, à 2h45 pour les Secondes, 2h15 pour les Premières et deux heures pour les terminales en 2022. « C’est la nouvelle stratégie du ministère : moins de profs et donc mécaniquement moins d’heures de cours », constate Arnaud Sigrist.

Le temps de travail, lui, a augmenté, si l’on en croit les trois professeurs de lycée interrogés. Pour Arnaud Sigrist, il est passée de 40 heures par semaine en 2017 à 50 en 2022. Les profs ont autant d’heures de cours à donner, mais avec plus de classes différentes, donc le temps de préparation est plus important. « Quand j’ai commencé à enseigner, j’avais cinq classes. Maintenant j’en ai 6 parce que je suis agrégée et c’est déjà dur. Les collègues certifiés, qui ont 18 heures de cours par semaine, cumulent 8 ou 9 classes différentes, avec plus de plans de cours à préparer, plus d’évaluations à concevoir et à corriger », assure Sarah.

« On essaye de convaincre les élèves de continuer les maths »

Professeur de mathématique dans un lycée du centre de l’Alsace, Fanny déplore le fait que la matière soit devenue une option parmi les autres spécialités pour les Premières et les Terminales :

« On observe une forte baisse du nombre de lycéens qui pratiquent les maths. Certains arrivent dans les études supérieures, dans des filières qui nécessitent des connaissances, par exemple en statistiques, et sont complètement perdus parce qu’ils ont un niveau Seconde. Ce système met des jeunes en difficulté. Dans notre établissement, 60% des élèves ont continué les maths en Première, en choisissant l’option. Ce n’est pas beaucoup mais des collègues d’autres établissements me disent que cela peut descendre jusqu’à 40%. »

Beaucoup renoncent aussi aux maths entre la Première et la Terminale, au moment de mettre de côté l’une des trois spécialités. Fanny commente :

« Ils constatent qu’ils n’ont pas de très bonnes notes en math et souhaitent arrêter. Nous, on essaye de les convaincre parce qu’on sait qu’ils auront besoin de ces connaissances après le lycée. C’est difficile de sentir que notre matière est rétrogradée comme ça, surtout que c’est au détriment des élèves. »

Pas toutes les spécialités dans les lycées

Dans le tronc commun, les lycéens ont tout de même deux matières qui font intervenir les professeurs de math : enseignement scientifique et science numérique et technique. Fanny détaille :

« On se retrouve à enseigner des matières qui n’existaient pas jusqu’alors, et qui cumulent physique-chimie, SVT et mathématiques. Nous ne sommes pas formés pour ça. Selon le programme, on fait en sorte que le prof qui intervient pour un cours donné soit le plus adapté possible mais j’ai tout de même dû improviser sur des éléments du programme qui ne correspondaient pas à ma matière. »

Après cette catastrophe pour le niveau général des élèves en mathématique, le ministère envisage d’ajouter, aux classes de Première, 1h30 par semaine consacré aux mathématiques dans le cadre de la matière enseignement scientifique. Il a également été constaté que les élèves qui continuent cette matière après la Seconde sont majoritairement des garçons et issus de classes sociales favorisées.

Les personnels de l’éducation avaient manifesté en janvier 2022, pour plus de moyens, notamment face à la pandémie de Covid-19. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Selon Fanny, les lycées n’ont pas les moyens de proposer toutes les spécialités. Elle donne « un exemple parmi d’autres » : dans son établissement, l’année dernière, une petite dizaine de lycéens voulaient faire l’option Langues, littératures et cultures étrangères et régionales (LLCE). « Ils n’ont pas pu parce qu’ils n’étaient pas assez, le lycée a choisi de ne pas ouvrir la spécialité pour ça. Finalement, il y a une dégradation du choix que l’on propose aux élèves, et certains peuvent être vraiment affectés comme ils ne peuvent pas suivre les matières qu’ils choisissent », affirme-t-elle.

Une réforme « déconnectée de la réalité »

Pour Arnaud Sigrist, « les ordres et contre-ordres » prononcés par le ministère de l’Éducation nationale à destination du corps enseignant à cause des réformes et de la pandémie ont été très mal vécus par les enseignants :

« Nous nous sommes retrouvés dans des situations où on expliquait des choses aux élèves, et ces derniers ne savaient pas s’ils devaient en tenir compte comme tout changeait en permanence. C’est nous qui étions face à eux, à leurs doutes, qui étaient justifiés, surtout au vu de l’enjeu pour eux.

Les épreuves des spécialités, a fort coefficient pour le bac, étaient initialement prévues en mars. Fin janvier, Jean-Michel Blanquer a annoncé qu’elles auraient finalement lieu en mai. Sur le coup, les élèves n’étaient pas sûrs du tout de ce qu’on leur annonçait. »

L’enseignant en sciences économiques et sociales conspue « un décalage immense entre les discours de Jean-Michel Blanquer qui prônait une école égalitaire, adaptée à chaque élève, et la réalité du terrain, où les enseignants sont de moins en moins nombreux, les heures de cours rabotées, avec de moins en moins de travaux dirigés, au détriment des lycéens ».

Des professeurs mal payés, pas assez d’admissibles au Capes

Arnaud Sigrist rappelle que les professeurs certifiés sont payés « à peine un peu plus que le Smic en début de carrière, malgré leurs semaines de 50 heures ». Il ajoute : « Avec en plus, la dégradation des conditions d’enseignement et les réformes jugées absurdes, on ne risque pas de créer des vocations. » D’ailleurs, le nombre de personnes admissibles au Capes a fortement diminué en 2022, notamment en math et en allemand, au point que leur nombre est bien inférieur aux postes à pourvoir pour la rentrée 2022-2023. La rentrée de septembre s’annonce déjà très tendue…

#Réforme du bac

Législatives : le Rassemblement national investit à nouveau la candidate pro-russe Tamara Volokhova

Législatives : le Rassemblement national investit à nouveau la candidate pro-russe Tamara Volokhova

Le Rassemblement national a encore investi Tamara Volokhova pour les élections législatives dans la première circonscription de Strasbourg. Selon un chercheur spécialiste des relations entre l’extrême-droite et la Russie, la candidate joue un rôle d’agent d’influence pour le régime de Poutine . . .
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Le tribunal décide de l’expulsion sous 48 heures du squat quai Jacoutot

Le tribunal décide de l’expulsion sous 48 heures du squat quai Jacoutot

Le port autonome de Strasbourg, propriétaire du bâtiment, avait lancé une procédure d’urgence pour expulser les squatteurs. Mardi 24 mai, le tribunal judiciaire a décidé de faire évacuer le site avec un délai de deux jours.

Le bâtiment, vide depuis 2015, était occupé par une vingtaine de personnes mardi 24 mai. Il était investi depuis fin avril par des sans-abris. Le port autonome de Strasbourg avait lancé une procédure d’urgence, prétextant que le site se trouve à l’intérieur d’un périmètre Seveso, c’est-à-dire avec un risque d’explosions en raison des matières entreposées.

Une ligne de chemin de fer passe à quelques mètres du bâtiment. Photo : GK / Rue89 Strasbourg / cc

« On espère que l’État proposera une solution d’hébergement d’urgence »

L’audience a eu lieu le 17 mai. Le juge des contentieux a livré sa décision mardi 24 mai : expulsion sous 48 heures. Me Sophie Schweitzer, qui représente Edson Laffaiteur, seul squatteur assigné à comparaitre dans l’affaire, commente :

« Le juge a estimé que les enfants qui vivent sur place sont en danger à cause d’une ligne de train à proximité. Peut-être que nous allons faire appel. Notre décision n’est pas encore prise. »

Le délai de 48 heures commencera au moment de la signification du jugement, « qui aura lieu le 25 mai en théorie », selon Me Sophie Schweitzer. Donc à partir de vendredi 27 mai, les forces de l’ordre pourraient être mobilisées pour expulser le squat. « Quoiqu’il arrive, on espère que l’État proposera une solution d’hébergement d’urgence à ces personnes », ajoute l’avocate.

squat quai Jacoutot
Avant l’occupation par des sans-abris, le bâtiment était vide depuis 2015. Photo : GK / Rue89 Strasbourg / cc

Dans la circonscription 1, duel à gros enjeux entre Alain Fontanel et Sandra Regol

Dans la circonscription 1, duel à gros enjeux entre Alain Fontanel et Sandra Regol

En l’absence du député sortant, la circonscription strasbourgeoise concentre le plus d’intrigues. L’ancien candidat à la mairie Alain Fontanel tentera d’empêcher l’écologiste Sandra Régol de représenter l’union de la gauche. Pour beaucoup, l’opposant joue plus qu’un siège à l’Assemblée nationale. Rencontre avec les deux candidats.

Des quartiers cossus de l’Orangerie aux mailles de Hautepierre, la première circonscription du Bas-Rhin est « la plus inégalitaire » selon Sandra Régol, candidate écologiste pour la Nouvelle union populaire et sociale (Nupes) aux élections législatives. Candidat Renaissance (ex-LREM) pour Ensemble !, Alain Fontanel la juge « très hétérogène sur le plan social et urbain ». Elle est surtout « la plus incertaine », selon le sociologue du CNRS Sébastien Michon. « Entre Hautepierre, Koenigshoffen, le secteur Gare et centre-ville, et les quartiers Est de l’Orangerie et du Conseil des XV, il y a 5 territoires différents », poursuit-il.

C’est aussi dans cette circonscription, la seule 100% strasbourgeoise, que les résultats des élections législatives des 12 et 19 juin auront le plus d’impact sur la vie politique locale. Bien qu’intéressé pour repartir, le député sortant Thierry Michels (LREM) n’a pas été reconduit par le parti présidentiel, après un mandat dont l’empreinte reste difficile à saisir localement et nationalement.

Les bureaux de vote de la circonscription

La République en Marche, tout juste rebaptisée « Renaissance » a préféré investir Alain Fontanel, ancien premier adjoint (2014-2020) et candidat malheureux à la mairie en 2020. Face à lui, les écologistes ont obtenu de la Nouvelle union populaires écologiste et sociale (Nupes), qui ambitionne de faire de Jean-Luc Mélenchon le Premier ministre d’une cohabitation, l’investiture de Sandra Regol, porte-parole et numéro deux du parti… qui a d’ailleurs participé à la fin des négociations :

« On a piraté la V° République qui ne permet pas de proportionnelle. On s’est mis d’accord sur un accord de gouvernement, ce que font les Allemands ou les Espagnols, mais après le verdict des urnes. LFI aurait certes pu vouloir cette circonscription au vu de ses scores, mais elle a aussi identifié l’ancrage local d’EELV dans plusieurs villes comme Strasbourg, comme cela a été fait avec le PS ailleurs, ou le PCF dans ses bastions ».

« Je suis clairement le challenger », affirme d’emblée Alain Fontanel. Difficile de lui donner tort au regard des scores du premier tour de l’élection présidentielle dans le périmètre. Jean-Luc Mélenchon y a récolté 36,8% des voix. L’addition des bulletins de tous les partis de la Nupes (LFI+EELV+PS+PCF) arrive à 46% des suffrages exprimés. Emmanuel Macron était lui à 30,9%. Pourquoi donc s’engager dans ces conditions ? Alain Fontanel évoque « la menace de Jean-Luc Mélenchon » et le fait que « Strasbourg a besoin d’être défendu » mais aussi « le challenge ».

Pour Sandra Regol et Alain Fontanel, l’enjeu de la participation

Les projections des scores du premier tour sont un bon indicateur, mais à relativiser. Alors qu’une forte abstention était redoutée en avril, la participation a finalement été bonne, de l’ordre de 75%. Or, pour ces troisième et quatrième votes de ce printemps, difficile d’imaginer qu’autant d’électeurs se déplacent. En 2017, la participation aux élections législatives était retombée sous les 50%.

Les quartiers de l’Est, plutôt favorables à Alain Fontanel, se mobilisent toujours fortement, quelle que soit l’élection. C’est globalement aussi le cas au quartier Gare et au centre-ville, davantage propices aux écologistes. C’est en revanche beaucoup moins vrai pour les quartiers plus populaires à l’Ouest. Pour Sébastien Michon, c’est la clé de cette élection :

« La participation de ces bureaux sera-t-elle correcte, autour de 50%, ou rechutera-t-elle à 20% comme on l’a vu à d’autres scrutins récents ? La Nupes a intérêt à faire voter dans les quartiers, car il sont plus disposés à voter pour eux ».

Des projections électorales de Franceinfo estiment aussi que plus la participation est élevée, plus l’élection sera favorable à la Nupes. Alain Fontanel voit les choses un peu autrement : « L’enjeu pour chacun, c’est de mobiliser son électorat ». Ce que les écologistes avaient mieux fait à Strasbourg en 2020 dans un contexte de pandémie et de forte abstention.

Sandra Régol sera-t-elle perçue comme une candidate EELV ou une prolongation de la candidature de Jean-Luc Mélenchon ? L’ancien candidat LFI figure d’ailleurs sur l’un des premiers tracts. « EELV a du mal à percer dans les quartiers », remarque à ce sujet Sébastien Michon.

Dimanche 22 mai, Alain Fontanel et Sandra Régol ont tous les deux fait campagne dans un parc. À l’Orangerie pour le premier et un pic-nic à Hautepierre pour Sandra Régol. Les deux équipes semblent avoir saisi où se situe les électeurs à mobiliser. La mobilisation des forces militantes sera primordiale pour réussir les porte-à-porte, moyen privilégié pour convaincre.

Un duel tout trouvé

Même si une dizaine de candidats sont déclarés sur cette circonscription (voir notre carte pour le détail), le duel est bien planté. « Vous avez vu le tract “5 bonnes raisons de voter Alain Fontanel” ? Il y en a 3 qui me concernent directement », remarque Sandra Régol. En effet, le document cible « une candidate qui soutient le projet inquiétant de prise de pouvoir de Jean-Luc Mélenchon », qui « affaiblira Strasbourg en prônant la désobéissance aux traités » ou encore « une candidate de parti parachutée de Paris ».

Parachutage dont l’intéressée, qui « connait bien Alain Fontanel et a même participé à des manifestations avec lui », se défend :

« Je suis arrivée en 2001, j’ai été candidate en 2012. J’ai ensuite arrêté la politique locale, pour participer à la remontada du parti, mais j’étais toujours là. En 2016, il n’y avait plus personne avec le départ des députés comme François de Rugy et Barbara Pompili pour En Marche. Puis, il y a eu les élections européennes de 2019, les municipales de 2020, les régionales de 2021 où l’on a retrouvé des élus. Les deux ans, où je n’ai pas du tout été à Strasbourg, c’était en 2020 et 2021, où je n’ai pas vu beaucoup de monde avec le Covid ».

Pas de quoi convaincre Alain Fontanel. « On ne peut pas prôner la proximité sans être là. Je ne sais pas si elle s’est inscrite entre temps, mais elle n’était pas sur les listes électorales en avril », rétorque le candidat qui a vérifié.

De toute manière, pour Sandra Regol les enjeux ne sont pas centrés sur Strasbourg :

« On assume que ce soit une campagne nationale. Les députés en Marche n’ont pas de liberté de vote. Faire campagne sur des enjeux locaux, c’est mentir aux électeurs. »

Dans son entourage, on rappelle qu’Alain Fontanel indiquait sur un tract en 2020 qu’il n’a pas toujours habité Strasbourg et n’est revenu qu’en 2008. Pour Sébastien Michon, le choix du candidat reflète aussi un changement de stratégie de Renaissance par rapport à LREM :

« L’investiture d’Alain Fontanel personnalise l’élection, contrairement à Thierry Michels en 2017 qui était inconnu et une prolongation du vote Macron. De manière générale, La République en Marche mise peu sur le renouvellement, avec deux tiers de sortants reconduits en France. Ce n’est pas non plus le message avec les nouvelles investitures : Alain Fontanel a eu deux mandats d’adjoints, dans le Kochersberg, Françoise Buffet a été investie à 69 ans, après deux mandats d’adjointe à Strasbourg et un au Département. »

« On me parle beaucoup du local et de la municipalité écologiste », relate d’ailleurs Alain Fontanel après ses premiers jours de campagne. Parmi les points dont il se fait l’écho, « l’absence incompréhensible de Jeanne Barseghian au Parlement européen qui a snobé non seulement Emmanuel Macron mais surtout la restitution de la Convention citoyenne sur l’avenir de l’Europe ».

Au point sur les programmes et arguments

Question programme, les deux candidats récitent les propositions de leurs partis : blocage temporaire des prix à la pompe, Smic à 1 500 euros, retraite à 60 ans pour Sandra Regol… Retraite à 1 100 euros et indexation sur l’inflation, suppression de la redevance télévisée, des mesures de « testing contre les discriminations » pour Alain Fontanel. S’il devait être élu, ce dernier aimerait notamment s’investir sur la convention citoyenne sur la fin de vie. Pour Sandra Regol ce serait « mieux faire connaitre Strasbourg pour son exemplarité » et « accompagner davantage des politiques » comme la Zone à faibles émissions et le Plan Climat.

Et on attaque aussi l’adversaire. « Élisabeth Borne est l’architecte de la réforme des retraites selon laquelle il faut travailler sept mois dans l’année pour recharger ses droits. Dans les quartiers comme l’Elsau, ça va faire des ravages et pousser des gens à la rue », attaque Sandra Regol. « Notre projet, c’est réparer ce qui a été abîmé, puis anticiper l’avenir », poursuit-elle. Pour Alain Fontanel la « désobéissance » sur les traités européens est le plus problématique et contraire à la ligne d’EE-LV. « La France désobéit déjà quand elle ne respecte pas l’accord de Paris pour le Climat ou la sortie du glyphosate », contre-attaque Sandra Regol. Pas de quoi convaincre Alain Fontanel :

« Les Britanniques qui refusent leur accord de sortie de l’UE ou Orban en Hongrie qui désobéit sur les libertés fondamentales… Ce sont ces attitudes qui font le jeu des adversaires de l’Europe, c’est d’ailleurs ce que disait Yannick Jadot avant l’accord et sa disparition. »

Il y a-t-il un arbitre dans l’élection ?

Quelqu’un peut-il s’immiscer dans ce duel tant annoncé ? Pas le Rassemblement national avec Tamara Volokhova. La circonscription fait partie des moins gagnables de France pour le RN (avec 8,9% puis 19,3% pour Marine Le Pen au 1er et 2e tour). Et ses reports de voix au second tour sont plus qu’incertains.

Il y a certes Éric Elkouby, ancien élu PS strasbourgeois, député entre 2016 et 2017 avant d’être submergé par la vague macroniste en 2017, en dépit de son étiquette « majorité présidentielle ». Puis, après avoir pris ses distances avec la macronie, à nouveau battu d’une courte tête aux élections départementales en 2021. « Il peut affaiblir Alain Fontanel aux Contades, qui est un secteur qu’il a beaucoup travaillé en étant assistant parlementaire d’Armand Jung, qui était plus implanté à Kœnigshoffen. Il peut aussi affaiblir Sandra Regol à Koenigshoffen, où son nom est encore connu », analyse Sébastien Michon. Il a un petit espace chez des électeurs de centre-gauche qui n’apprécient ni la majorité présidentielle, ni l’accord de la Nupes. Mais il n’a en revanche aucune dynamique de campagne nationale, ni de perspective de siéger dans un groupe parlementaire qui lui correspond.

Peut-être Jérémy Govi, animateur connu à Hautepierre (voir notre article) ? Sa présence est redoutée par la Nupes qui redoute un affaiblissement de son score au 1er tour dans ces quartiers, et indirectement une valorisation d’Alain Fontanel. « Ce type de calcul est à double tranchant, car ça peut aussi intéresser des gens à une élection qui pourraient ensuite voter au second alors qu’ils ne l’auraient pas fait sans cela. Or, Hautepierre n’est pas un secteur favorable à Alain Fontanel », tempère Sébastien Michon.

En temps normal, la candidate Les Républicains (LR) Audrey Roznehaft aurait déjà eu fort à faire dans cette circonscription tenue par le PS depuis 1997. Mais après l’abandon subit des deux têtes d’affiches strasbourgeoises, Jean-Philippe Vetter et Jean-Philippe Maurer, le message envoyé par la droite locale est celui d’une campagne à bout de souffle. Son score pourrait néanmoins constituer une petite réserve de voix au second tour pour Alain Fontanel.

Les deux camps ont à perdre

Pour beaucoup de militants, chez LREM – Renaissance et dans les autres camps, Alain Fontanel joue avec cette élection son avenir politique. En cas de défaite, la troisième sur son nom en autant de tentatives, après les départementales de 2015 à la Robertsau (sous l’étiquette PS), les municipales de 2020 et donc ces législatives, il pourrait ne plus avoir sa chance lors des élections municipales de 2026.

Pour Sébastien Michon, cette candidature est « une sacrée prise de risque » :

« Après avoir perdu une municipale puis une législative, il est d’habitude difficile de revenir à une élection, il y aura des barrages dans sa propre famille politique. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de députés de 2017 se sont rabattus en 2020 sur des élections municipales (Éric Straumann et Laurent Furst pour LR en Alsace, NDLR), un scrutin qu’ils maitrisaient mieux que des élections législatives où l’on est dépendant du contexte national ».

Le « challenger » Alain Fontanel, lui, se gardera bien de tirer des conclusions du résultat :

« Au regard des dernières élections, le temps long en politique est difficile à prévoir… Qui aurait imaginé Emmanuel Macron réélu après Benalla, les Gilets jaunes ou pendant l’affaire des masques ? Heureusement qu’il y a eu les réponses du Grand débat et le succès de la campagne de vaccination. »

Il fait part d’un état d’esprit différent : « Je n’ai ni stress, ni pression contrairement à 2020. Je me suis ressourcé et je ne suis pas fatigué par les responsabilités que je venais d’exercer. » Alain Fontanel estime aussi qu’il est en partie dépendant des premières semaines du gouvernement (entretien réalisé avant l’affaire Abad).

L’analyse peut aussi se faire dans l’autre sens. Si l’écologiste Sandra Regol, favorite au regard des scores d’avril et de l’union de la gauche venait à être battue dans une ville tenue par une municipalité écologiste, Alain Fontanel pourrait être renforcé par sa victoire acquise de haute lutte. Et la municipalité écolo exposerait la fragilité de son ancrage. La circonscription avait été listée comme parmi « les plus gagnables » par EE-LV, avant-même l’alliance de la Nupes. Là aussi, Sandra Regol reste prudente : « C’est un enjeu national, on demande un mandat collectif », rétorque-t-elle. Mais un peu plus local qu’ailleurs.

La Collectivité d’Alsace augmente les dotations pour la protection de l’enfance

La Collectivité d’Alsace augmente les dotations pour la protection de l’enfance

Nicolas Matt, vice-président de la Collectivité d’Alsace, annonce une augmentation du budget du Foyer de l’enfance du Bas-Rhin en 2022, afin de permettre la création de postes. Plus généralement, dans toute l’Alsace, le département compte créer 208 placements pour les mineurs.

Début janvier, Rue89 Strasbourg révélait comment les insuffisances de l’encadrement au Foyer de l’enfance du Bas-Rhin engendre des violences entre les jeunes et contre les éducateurs. Cette structure en grande tension est chargée d’accueillir en urgence les enfants retirés de leur foyer sur décision de justice. Selon les professionnels interrogés, l’état de certains jeunes se dégrade après leur placement. Nous évoquions aussi qu’en Alsace, au moins 300 mineurs censés faire l’objet d’une mesure de placement ne sont pas pris en charge par manque de moyens dans la protection de l’enfance.

Ce sont les départements, en l’occurrence la Collectivité d’Alsace (CeA), qui sont responsables de l’aide sociale à l’enfance. Interviewé en décembre, Nicolas Matt (LREM), vice-président en charge de la jeunesse, annonçait que la CeA allait créer 71 placements en 2022. Dans le budget primitif 2022, les élus départementaux ont finalement voté, lundi 28 mars, la création de 208 places réparties entre le Bas-Rhin et le Haut-Rhin.

« Nous avons acté les difficultés, nous nous adaptons à cette réalité »

Parmi ces places, 100 font partie des « mesures de placement », une trentaine de places d’internat (Maisons d’enfants à caractère social (Mecs), foyers, etc.), des placements à domicile (suivi régulier par des éducateurs), et des places au sein de familles d’accueil.

Les 108 autres places correspondent à des « mesures en milieu ouvert » : des éducateurs confèrent une assistance éducative aux responsables de l’enfant et passent également à son domicile. Nicolas Matt précise les objectifs de ces nouvelles places :

« Nous voulons avoir de nombreux types de placement différents pour pouvoir offrir des solutions adaptées aux situations individuelles de chaque enfant. »

Nicolas Matt. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Paul Geoffroy, directeur général adjoint à la solidarité de la CeA, explique :

« Nous avons acté les difficultés, qui sont une réalité, notamment le grand nombre de mineurs non pris en charge. C’est lié à une forte augmentation des mesures de placement depuis le Covid. Nous nous adaptons à cette réalité. Nous avons travaillé pour proposer le plus de places possible au vu de ce que peuvent proposer les associations qui porteront les projets et les travailleurs sociaux disponibles. »

Six encadrants et quatre veilleurs de nuit supplémentaires

Le budget du Foyer de l’enfance doit augmenter de 9,15% entre 2021 et 2022, pour passer de 14,7 à 16,1 millions d’euros. Face au sous-effectif dans la structure, le département annonce la création de dix postes : six encadrants et quatre veilleurs de nuit, alors que le nombre de places d’accueil restera stable : 226 places. Éric (prénom modifié), éducateur au Foyer de l’enfance, commente :

« Les syndicats ont alerté Frédéric Bierry (président (LR) de la CeA, NDLR) et la direction plusieurs fois ces dernières années sur le déficit d’encadrement, les risques pour les enfants et les conditions de travail. Rien n’a jamais été fait. Il aura fallu une pression médiatique pour que le département prenne enfin des mesures. »

En France, ce sont les départements qui doivent prendre en charge la protection de l’enfance. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Nicolas Matt annonce également que les encadrants du Foyer de l’enfance, comme tous les éducateurs du département, auront dorénavant la possibilité d’obtenir un téléphone portable professionnel et un accès à un soutien psychologique, via le cabinet Reliance. La CeA compte aussi négocier, auprès du gouvernement, pour augmenter la rémunération des éducateurs spécialisés dans toute la France, et imposer que les assistants familiaux (familles d’accueil) touchent le SMIC dés les premiers enfants accueillis.

Augmentation du budget de la protection de l’enfance en général

Nicolas Matt revient sur l’ambition de la collectivité :

« Entre décembre et mars, j’ai discuté avec mes collègues pour faire de la protection de l’enfance une des priorités du mandat. Les dépenses de fonctionnement augmenteront de 4,6 millions d’euros par rapport à 2021. Elles atteindront 246,7 millions d’euros. »

L’élu, également conseiller municipal d’opposition à la Ville de Strasbourg, souhaite organiser des « assises de la protection de l’enfance en 2022 », une sorte de sommet pour évoquer, « avec les professionnels des structures et de nombreux intervenants », les réalités du terrain et les adaptations nécessaires. En outre, il compte créer cette année un conseil composé d’enfants placés pour que ces derniers puissent aussi s’exprimer sur les politiques en matière de protection de l’enfance.

Trois postes supplémentaires à l’Arsea

Fin septembre 2021, Rue89 Strasbourg avait alerté sur le manque de moyens à l’Association régionale spécialisée d’action sociale (Arsea), où un éducateur s’était suicidé après celui d’une adolescente qu’il suivait. La CeA, qui mandate et finance l’Arsea pour des mesures de protection, prévoit la création de trois postes dans la structure.

Élue de l’opposition écologiste à la CeA, Ludivine Quintallet salue l’effort budgétaire pour la protection de l’enfance :

« La création de places et l’octroi de moyens est une bonne chose et nous le demandions. Cependant, notre groupe s’est abstenu à cause d’un défaut de visibilité. Nous ne sommes pas certains que ces mesures permettront de résoudre les problèmes actuels car malgré nos demandes, nous ne savons pas combien d’enfants ne sont pas placés suite à une décision du juge. »

« On attend de voir les retours du terrain »

Interrogés sur le nombre d’enfants non placés par manque de moyens, Paul Geoffroy et Nicolas Matt prétextent qu’ils n’ont pas ce chiffre « qui varie en permanence », mais ils assurent « qu’il a baissé ». Il doit donc être d’un peu moins de 300 enfants non placés selon eux. D’après Paul Geoffroy, « les enfants censés être placés mais qui n’obtiennent pas de mesure ne sont pas dans les situations les plus urgentes. Les cas graves sont priorisés ». Il estime que le rôle de la CeA n’est pas de « créer autant de places que de mesures de placement non réalisées, mais aussi d’agir en prévention, avec notamment les mesures en milieu ouvert ».

Le site principal du Foyer de l’enfance se trouve au Neuhof. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Ludivine Quintallet considère que le nombre d’enfants non placés malgré une décision du juge devrait tout de même être public :

« C’est une réalité qui illustre un déficit de l’aide sociale à l’enfance à cause d’un manque de moyens. Plus généralement, comment peut-on, en tant qu’élu, prendre des décisions, voter des budgets, si l’on n’est pas conscient des besoins ? »

Les écologistes avaient d’ailleurs demandé une mission d’information et d’évaluation (MIE) sur la protection de l’enfance pour avoir des données précises, mais elle a été refusée par la majorité de droite au département.

Éric, du Foyer de l’enfance, constate :

« Le ton a changé depuis le début de l’année, ça c’est clair. L’intervention de Reliance nous sera présentée début juin. Les téléphones professionnels sont disponibles mais pour l’instant, il n’y a pas de postes supplémentaires, alors qu’il s’agit de la mesure la plus importante. Nous sommes toujours en sous-effectif. »

Été 2022, les piscines strasbourgeoises vont déborder

Été 2022, les piscines strasbourgeoises vont déborder

Les piscines de Kehl et d’Auenheim seront fermées cet été. Fréquentées en majorité par des Français, ces infrastructures soulageaient les neuf piscines strasbourgeoises. Au bord des bassins, le personnel est inquiet face à un été aussi inédit qu’incertain.

« Les agents craignent un afflux d’usagers dans nos piscines cet été. Mais il y a aussi la crainte d’avoir à gérer le public qui a mis le bazar dans les piscines de Kehl. » Guillaume Tricot est délégué syndical CGT pour le personnel de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) affecté aux piscines. Cette année 2022, toutes les piscines de Kehl sont fermées. Les bassins et autres lacs strasbourgeois suffiront-ils pour accueillir la demande de baignade du territoire ? C’est la grande inconnue de l’été.

Mercredi 18 mai, il y avait déjà la queue pour entrer à la piscine du Wacken. Photo : Guillaume Krempp / RUe89 Strasbourg

Fermetures de piscines et projet avorté

En décembre 2021, le conseil municipal kehlois actait la fermeture de la piscine d’Auenheim, une commune associée à Kehl, pour toute l’année 2022. La tuyauterie de l’infrastructure souffre d’importants défauts d’étanchéité. La nouvelle tombait alors comme un nouveau coup dur pour les amateurs de baignade et de natation puisque deux mois auparavant, les élus de Kehl étaient forcés d’acter la fermeture définitive de la piscine de la commune. Il fallait ici remplacer l’installation de dépollution des eaux et régler des problèmes d’étanchéité qui pouvaient occasionner des fuites d’eau de 450 000 litres par jour…

La Ville de Kehl projetait de construire un nouveau centre nautique : le Kombibad devait offrir une piscine couverte et des bassins en plein air pour les Kehlois. Mais le projet à 27 millions d’euros a été repoussé pour faire face aux dépenses importantes liées à la pandémie de coronavirus.

« 70% des usagers de la piscine d’Auenheim venaient d’Alsace »

Pour Guillaume Tricot, l’EMS est coupable d’ignorer les conséquences qu’ont ces fermetures pour les piscines côté français :

« En 2015 déjà, lors d’un comité technique, la CGT questionnait la collectivité sur les raisons qui poussent tant d’usagers français à aller dans les piscines allemandes. On leur a demandé à de nombreuses reprises une étude pour comprendre et quantifier les usagers qui quittaient les piscines de l’EMS. À l’heure actuelle, nous n’avons aucune réponse. »

Les piscines de l’Eurométropole permettront-elles à tous de se baigner cet été ? C’est la grande inconnue. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg

Les piscines d’Auenheim et de Kehl avaient des capacités d’accueil respectives de 3 500 et 3 300 personnes. Selon la directrice de cabinet du maire de Kehl, Annette Lipowsky, 70% des usagers de la piscine d’Auenheim venaient d’Alsace et 80% des clients de la piscine de Kehl étaient Alsaciens.

Les « émeutes » de juin 2019 à Kehl

Aussi responsable de la coopération transfrontalière, Annette Lipowsky rappelle les tensions apparues dans les piscines kehloises en juin 2019. Les températures étaient caniculaires et les bassins remplis. Il a donc fallu refuser tout nouvel usager :

« Des gens se sont regroupés devant l’entrée et ont réussi à rentrer dans la piscine par plusieurs côtés. La tension est tellement montée que les maîtres nageurs ont fini par fermer la piscine. Ce n’est pas propre à Kehl, c’est arrivé à Düsseldorf et à Offenbourg aussi. »

Annette Lipowsky assure que la problématique des « émeutes » n’a duré que deux semaines :

« Ça a commencé mi-juin et c’était fini fin juin. Nous nous sommes rendus compte que nous avions un règlement intérieur plus souple qu’en France. On a donc adapté nos règles à celles de Strasbourg, notamment avec une procédure d’exclusion de plusieurs mois si quelqu’un a eu des comportements inadaptés à plusieurs reprises. »

« Il faudrait une piscine entière »

« S’il y a eu une anticipation, elle est bien cachée : tout est quasiment identique aux années précédentes », souffle le secrétaire général de la CGT de l’EMS. Selon Karim Hadi, « pour rattraper le retard d’offre par rapport à la demande de baignade, c’est une piscine entière qu’il faudrait. » Le syndicaliste évoque une réunion prévue mardi 24 mai qui doit décider des Fréquentations maximales instantanées (FMI) pour chaque piscine de l’Eurométropole :

« On saura à ce moment là si du personnel supplémentaire est prévu pour intervenir et sauver des vies. Si la collectivité ne fait pas d’effort en plus, elle devra endosser la responsabilité s’il se passe quelque chose… »

Pour éviter de faire la queue aux caisses aux piscines municipales, il est possible de prendre un pass avec dix entrées (d’où la file de gauche, vide) Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Du côté de l’Eurométropole de Strasbourg, les estimations de fréquentations françaises des piscines kehloises semblent bien plus basses. Syamak Agha Babaei, vice-président en charge des Finances, estime que « la part d’usagers français des piscines kehloises peut monter à 40%. En 2019, la piscine d’Auenheim a comptabilisé 110 000 entrées totales sur la période estivale et 73 000 entrées pour la piscine de Kehl. »

Une piscine mobile pour passer l’été

Niveau mesure, Syamak Agha Babaei promet « un renforcement de l’information sur l’offre estivale mise en place chaque année, les piscines de l’EMS, les cinq bassins découverts et quatre piscines découvrables, le toboggan, les jeux d’eau extérieurs et des bassins de faible et moyenne profondeur. » Syamak Agha Babaei souligne aussi la « réouverture des Bains Municipaux et l’offre gratuite des quatre plans d’eau surveillés. »

Seule nouveauté pour l’été 2022 : la « caravanage », une piscine mobile qui suivra un itinéraire à travers l’EMS dès le mois de juillet. Mais cet équipement n’accueille que les enfants de quatre à six ans pour qu’ils apprennent à nager.

Une piscine rouvrira à Kehl en 2023

Syamak Agha Babaei n’est pas inquiet :

« On s’attend à un report partiel des usagers des piscines de Kehl. Quant aux Français qui se rendaient à Kehl, ils continueront d’aller dans les piscines allemandes parce que leur modèle correspond plus à leurs attentes. Cet épisode estival nous permettra de cadencer les réponses à venir. »

Le 18 mai 2022, le conseil municipal de la Ville de Kehl a voté des travaux de rénovation pour la piscine d’Auenheim dès la fin du mois d’août. La commune attend la fin du chantier pour mi-février 2023 pour une ouverture dès avril. Les élus kehlois ont cependant temporisé la création d’une nouvelle piscine, demandant une estimation des coûts au regard de l’augmentation du prix des matières premières. La Ville de Kehl espère trouver un partenaire financier pour la construction de cette piscine… et regarde vers l’Eurométropole.

Démonstrations de révoltes au festival de la scène émergente, Démostratif, du 31 mai au 4 juin

Démonstrations de révoltes au festival de la scène émergente, Démostratif, du 31 mai au 4 juin

Questionnant le genre, les relations de domination ou encore les conditions de travail, la cinquième édition du festival Démostratif, organisé en collaboration avec l’Université de Strasbourg, s’installe sur le campus du 31 mai au 4 juin. Pendant cinq jours, de jeunes artistes exprimeront leurs « Inévitables révoltes ».

Pour sa cinquième édition, le festival Démostratif, mettant en lumière les arts scéniques émergents, prend de l’ampleur. Pas moins de 37 spectacles rythmeront les cinq jours de l’édition 2022, du mardi 31 mai au samedi 4 juin, intitulée Inévitables Révoltes. En plus de l’habituel village situé sur le campus, l’événement s’ouvre au reste de la ville avec des représentations à la BNU, à la Pokop et même à l’Eglise Saint-Guillaume.

L’autrice associée est Anette Gillard, dramaturge puis enseignante à l’Université de Strasbourg. Elle a aidé Sacha Vilmar, le directeur artistique du festival, à sélectionner le thème de 2022, comme il l’explique :

« Le thème Inévitables Révolte s’est imposé à nous. Il peut être compris de multiples manière, mais il traduit une même énergie, une même opposition à un système économique et social considéré comme injuste. Et il convient parfaitement au contexte d’élections que nous traversons actuellement. »

Également comédien et metteur en scène, Sacha Vilmar est le directeur artistique du festival,. Photo : Teona Goreci / doc remis

« Mettre en rêve des luttes »

De la création étudiantes aux jeunes troupes, le festival a réuni des artistes strasbourgeois, parisiens, bretons, mais aussi espagnols, canadiens et burkinabés. Toutes et tous se sont reconnus dans une nécessité de se révolter et d’utiliser l’art et la fiction comme outil. Chacun à sa manière, ils dénoncent une partie du système pour en proposer un autre. « Mettre en rêve des luttes », voilà le point central de cette édition pour son directeur artistique. 

Lutte de classes, de genres, de systèmes… Les artistes emporteront les spectateurs dans des histoires au sens multiples. S’emparant du sujet de la domination et du travail, la compagnie Quai n°7 interrogera le rapport des individus aux métiers du tertiaire à travers le travail de cinq techniciennes de théâtre, dans la pièce Services, mardi 31 à 21h à la Pokop. Dans la même ligne, le spectacle La Grève des jus  reviendra sur la grève de laitières d’une entreprise pyrénéenne qui ne veulent plus être corvéables à merci. 

Tous les événements du festival seront accessibles gratuitement. Photo : Teona Goreci

De son côté, Moussa Samaké, originaire du Burkina Faso, proposera samedi 4 juin à 16h au village sur le campus un solo de danse puissant et politique et nourri par son passé d’enfant des rues, il s’insurgera contre une société qui peut bannir et abandonner à leur sort des êtres humains vulnérables. La compagnie Je, Tu, Elle questionnera la notion de consentement dans son spectacle accessible dès 8 ans mercredi 1er juin à 18h la BNU et la compagnie de La gueule ouverte libérera la parole d’un professeur s’adressant à une salle vide pour assumer ce qu’il ne dira jamais à ses élèves, mercredi 1er juin à 19h30 à la Pokop. 

Une programmation queer et inclusive

La programmation 2022 contient de nombreux spectacles queer qui proposent de déconstruire – ou de reconstruire- la question du genre et du regard que la société pose sur lui. Ainsi jeudi 2 juin à 21h30, l’église Saint-Guillaume accueille un événement pour le moins inattendu, puisque la soirée s’articulera autour d’un cabaret Drag-Queen : Les 12 Travelos d’Hercule, chants et sketchs pour évoquer, non sans humour, le ras-le-bol d’une société hétéro-patriciale. 

Ce festival est aussi l’occasion pour les jeunes artistes de se rencontrer, d’échanger de s’entraider dans leur processus de professionnalisation. Photo : Arsene Marquis / doc remis

Jenny Charreton questionnera sa transition de genre au travers d’une performance multimédia intitulée Dans mon Dessin. La Compagnie de théâtre Médusée proposera de Sortir de la nuit avec sa dernière pièce. Elle raconte l’histoire d’une communauté queer et de ses membres, rescapés de thérapies de conversions. 

D’autres surprises seront au rendez-vous au village, comme la déambulation Il.elle.iel qui vise à déconstruire la sociabilisation différenciée des petits garçons et petites filles. Des projections, du cirque, des concerts et des DJset rythmeront également le festival. Un bar, des foodtrucks, une librairie éphémère, et un chapiteau Magic Mirror accueilleront les participants au village.

L’édition 2021 avait pu être maintenue, avec une obligation de porter un masque chirurgical. Cette année, les participants pourront à nouveau respirer librement. Photo : Teona Goreci

Stocamine : pour confiner les déchets, l’État défend au tribunal… leur futur déstockage

Stocamine : pour confiner les déchets, l’État défend au tribunal… leur futur déstockage

Dans les galeries de Stocamine, les premières opérations pour condamner le bloc 15 incendié et les opérations préparatoires d’un confinement total débutent. Pour convaincre les juges de ne pas donner suite aux demandes de suspension de la Collectivité d’Alsace, de la CLCV et d’Alsace Nature, l’État a mis en avant la possibilité de déstocker les autres blocs de déchets toxiques… ce qui n’est pas du tout la position du gouvernement.

Une drôle d’audience s’est tenue devant le tribunal administratif de Strasbourg jeudi 19 mai au sujet du dossier Stocamine (voir tous nos articles). D’un côté l’État, partisan de la fermeture totale de l’ancienne mine qui renferme 42 000 tonnes de déchets toxiques, et de l’autre des associations locales et la Collectivité d’Alsace (CeA). Ces dernières demandent de remonter à la surface ces fûts et big bags pour éviter qu’ils ne contaminent un jour la nappe phréatique. Une pollution de la principale source d’eau potable de 9 millions d’Alsaciens et d’Allemands reconnue comme inéluctable à très long terme par l’État. « On n’a pas de solution pour curer la maladie », a tenté d’imager Pascal Lajugie, directeur de la Direction régionale de l’Environnement, de l’aménagement et du Logement (Dreal) du Grand Est.

Le recours en référé (procédure accélérée) visait plus particulièrement un récent arrêté du 28 janvier 2022. Il prévoit de condamner les blocs vides, ce qui n’est pas contesté, mais surtout d’injecter du béton dans le bloc 15 incendié en 2002, ainsi que « la préparation de l’ensemble des barrières de confinement » et « l’achèvement de six barrières sur douze ». Pour la Collectivité d’Alsace (CeA), la CLCV de Wittelsheim et Alsace Nature ces premiers travaux visent, en plus de condamner les 1 629 tonnes de déchets du bloc 15, à rendre le confinement total encore plus nécessaire et à rendre le site encore moins accessible.

Pour le compte du gouvernement, la préfecture du Haut-Rhin et les Mines de Potasse d’Alsace (MDPA) qui gèrent les galeries, ont adopté une défense surprenante. Ils ont martelé que cet arrêté « de police » n’implique en rien le confinement définitif des autres déchets. Suite à la décision de la Cour administrative d’appel de Nancy du 15 octobre 2021, la procédure de confinement doit être relancée et soumise à une autorisation environnementale, ainsi qu’une enquête publique.

Défense juridique contraire à la volonté politique

Une procédure démocratique qui aboutirait au plus tôt en « mars / avril 2023 », selon Pascal Lajugie de la Dreal. Les représentants de l’État ont donc justifié de « l’urgence » à réaliser ces travaux pour consolider la mine. « Plus tôt on les fera, mieux on pourra déstocker », avance Pascal Lajugie. Même argument chez Céline Schumpp, la liquidatrice des MDPA : « le remblayage n’empêchera pas de déstockage ». Puis « les premiers barrages n’empêchent pas le déstockage des blocs si c’est la décision qui est prise », en réponse à une question.

Une défense juridique en contradiction totale avec la volonté politique du gouvernement. La ministre de l’Écologie Barbara Pompili a demandé à ce que tous les déchets soient laissés au fond de la mine. Lorsqu’elle était ministre de l’Écologie entre 2019 et 2020, la nouvelle Première ministre Élisabeth Borne n’a pas pris de position sur ce dossier, une nouvelle étude sur le déstockage étant à en cours. Si le président Emmanuel Macron dispose d’une majorité à l’issue des élections législatives en juin, les chances que son nouveau gouvernement change d’attitude sur ce dossier sont minimes.

Nombreuses questions et incertitudes sur le contenu des fûts

Les trois juges administratifs ont posé beaucoup de questions, montrant un intérêt pour les détails du dossier. Les interrogations ont notamment porté sur l’état de dégradation du bloc 15, haut de 2 mètres et long de 220 mètres, dont le toit peut s’effondrer. Pour les MDPA, le sort du bloc 15 ne doit plus faire l’objet de débat, rappelant par exemple qu’en 2003 « un juge d’instruction avait interdit l’accès ». Les juges doivent néanmoins s’appuyer uniquement sur des descriptions orales. « Les caméras qu’on essaie de passer ne permettent pas d’avoir des images, car elles se bloquent dans les forages », indique Céline Schumpp.

Le stockage des déchets ultimes à Stocamine devait être « réversible » et limité à 30 ans. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg

L’État et les MDPA n’ont guère été convaincants sur leur connaissance du contenu des fûts et barils entreposés, alors qu’une enquête judiciaire pour dissimulation a débuté en mars 2022. « J’entends qu’il y a des doutes, effectivement… », déclare Céline Schumpp. Elle reconnait que si « nous exploitants, on n’a pas de doute », ce n’est « qu’une déclaration d’une liquidatrice », car elle se base sur les formulaires remplis et elle n’est arrivée qu’en 2009. Or, des falsifications ont déjà été avérées par le passé. « On sait relativement bien ce qu’il y a au fond » défend aussi une représentante de la préfecture, une manière en substance de dire que tout n’est pas clair. « Une autorité judiciaire serait fondée à stopper les travaux », poursuit-elle.

Les débats ont aussi tourné sur l’avancée des techniques robotisées de déstockage qui permettraient de remonter des fûts, en limitant la mise en danger de mineurs.

Un incident lors du déstockage ?

Le ton est un peu monté sur un point assez anecdotique pour la procédure juridique, mais qui peut marquer les esprits des juges. L’avocat d’Alsace Nature, Me François Zind venait de déclarer « qu’aucun incident majeur n’a eu lieu lors du déstockage partiel » (93% des déchets mercuriels soit 2 000 tonnes sur 44 000) entre 2014 et 2017. La liquidatrice des MDPA Céline Schumpp a rebondi :

« Il y a des allégations qui deviennent des vérités. On a frôlé la catastrophe avec un épanchement d’arsenic et une vaporisation d’air. On a arrêté les travaux et renoncé à déstocker des déchets. »

Un affirmation qui surprend et agace les parties adverse. « En comité de suivi de site (CSS), on ne nous a jamais mentionné un accident majeur », s’étonne à l’issue de l’audience Josiane Kieffer, présidente de la CLCV à Wittelsheim et membre du collectif Destocamine. Même réponse pour l’ancien mineur et syndicaliste CFTC Jean-Marie Dubel, qui a fait le déplacement. « À chaque fois, on nous avance autre chose », se lassent les partisans du déstockage.

Après près de deux heures d’échanges, François Zind synthétise les enjeux de la décision à venir :

« Soit les juges sont convaincus par les arguments avancés sur la sécurité de la mine et le côté inéluctable du confinement. Soit le tribunal va considérer que le confinement ou non des déchets est soumis à une autorisation environnementale et donc demander d’attendre jusque-là. »

La décision est attendue mercredi 25 mai en fin de journée, sauf si d’ici là des éléments transmis aux juges par les deux parties les poussent à repousser leur jugement. Il interviendra dans tous les cas avant les coulées de béton dans le bloc 15, prévues à la mi-juin selon les MDPA.

Europa-Park a déposé la marque « Europa Vallée », un projet de complexe touristique sur 150 hectares

Europa-Park a déposé la marque « Europa Vallée », un projet de complexe touristique sur 150 hectares

Une filiale du groupe Europa-Park a demandé la propriété sur la marque « Europa Valley » auprès de l’office allemand des brevets et des marques. Une façon d’avancer un peu plus vers la réalisation d’un projet touristique sur une surface de près de 150 hectares de terres agricoles.

Un pas de plus vers l’Europa Vallée ? Selon le média spécialisé ParkErlebnis.de, la société « Mack Media & Brands GmbH & Co KG », filiale du groupe Europa-Park, a demandé la propriété de la marque « Europa Valley » auprès de l’office allemand des brevets et des marques. Cette demande permet de protéger le nom du projet pour qu’il ne soit pas utilisé par une autre entreprise. Europa-Park acte ainsi sa volonté d’amener le projet à terme. Par le passé, cette même filiale avait déposé la marque « Traumatica » concernant l’événement d’Halloween du parc d’attractions allemand.

La demande a été déposée dans les catégories prévues pour « l’exploitation d’un camping, la location de maisons de vacances, les services relatifs aux loisirs et la réservation de voyages », toujours selon Park Erlebnis.

La volonté du groupe Mack de s’implanter en France

Pascal Lacombe fait partie du collectif « Le chaudron des alternatives » qui lutte notamment contre le projet « Europa Vallée ». Il explique avoir pris connaissance de ce dépôt de marque par Europa Park via un collectif allemand basé à Rust. Selon lui, cette démarche « montre clairement la volonté du groupe Mack de s’implanter en France ».

Le parc allemand à succès poursuit son projet « Europa Vallée » Photo : Europa Park

En mars 2020, Rue89 Strasbourg avait révélé une lettre signée par l’ancien préfet de la région Grand Est ainsi que par les responsables du Département et de la Région datant de novembre 2019. Dans ce courrier, les trois hommes montrent leur enthousiasme vis-à-vis de l’idée de construire un complexe touristique côté français :

« Votre projet est de nature à la fois économique, culturel et commercial. Il comporte un village de loisirs, dans lequel des produits traditionnels seront vendus. Il propose aussi une nouvelle offre hôtelière et de nouveaux logements sous le signe de la nature, de nouvelles liaisons de transport et de mobilité douce, de même que le développement d’un nouveau centre de loisirs, durable et inspiré des traditions alsaciennes. Avec ce projet vous proposez à l’Alsace centrale une occasion extraordinaire de concevoir son territoire naturel et agricole de manière durable. (…) Nous sommes convaincus que votre initiative donnera un élan décisif pour la construction d’un partenariat transfrontalier concret. (…) Ce projet sera à la hauteur des différents défis économiques, sociétaux et écologiques qui sont particulièrement riches et sensibles dans le Taubergiessen et au bord du Rhin. (…) Ce projet devrait être un exemple de la transition énergétique et écologique, à laquelle travaillent l’Allemagne et la France ensemble avec les partenaires européens. Nous soutenons pleinement Europa-Park dans la construction d’un nouveau centre de développement franco-allemand. »

Projeté entre les communes de Sundhouse et Diebolsheim, « Europa Vallée » s’étalerait sur une surface de 150 hectares de terres agricoles. Un projet critiqué et contesté en Alsace pour son impact sur les espaces agricoles et l’environnement en général. 

Le rétropédalage des pouvoirs publics

En octobre 2020, l’Agence de développement d’Alsace (Adira) a commandé une étude à 260 000 euros « sur le développement économique et touristique responsable et durable en Alsace centrale ». Objectif indiqué dans le cahier des charges de l’étude : « favoriser la perspective de réalisation du projet Europa Vallée ».

Extrait du Cahier des Clauses Techniques Particulières pour l’étude portant sur le développement économique et touristique responsable et durable en Alsace centrale. Photo : Document remis

Une information écrite noire sur blanc que conteste Monique Jung, directrice de l’Adira, dans un article du 19 mai 2022 sur 20 Minutes Strasbourg :

« C’est fallacieux de réduire le groupement de commandes à Europa Vallée, qui est l’un des 25 ou 40 autres projets concernés par la réflexion, sur un périmètre qui s’étend de Strasbourg à Mulhouse et du versant alsacien des Vosges à la Forêt-Noire. »

La directrice de l’Adira indique que le projet est toujours au statu quo. Il faudra attendre le second semestre de 2022 pour la restitution finale des résultats de l’étude.

Dans un courrier du président de la Collectivité d’Alsace (CeA) à Pascal Lacombe du collectif « Le chaudron des alternatives », l’élu LR assure lui aussi que « l’étude ne porte pas sur un projet opérationnel mais bien sur une prospective de territoire. (…) C’est dans ce cadre que l’adéquation entre le projet du territoire et les axes de réflexion portés par un acteur comme Europa Park sera étudiée. »

Contactée par Rue89 Strasbourg, la direction d’Europa-Park « ne souhaite pas communiquer sur le projet Europa Vallée ». La CeA n’a pas donné suite à notre demande.

Au conseil de l’Eurométropole, des aides en pagaille pour l’économie et l’Agence du Climat

Au conseil de l’Eurométropole, des aides en pagaille pour l’économie et l’Agence du Climat

La séance du 20 mai présente un ordre du jour assez technique avec beaucoup de subventions récurrentes. Les premiers mois de l’Agence du Climat, qui aide les particuliers et entreprises à changer de véhicules avec la ZFE, pourraient susciter le plus de débats. À suivre en direct à partir de 9 heures.

Après le vote du budget en mars (59 voix « pour » ; 31 « contre » et 6 abstentions), le conseil de l’Eurométropole du vendredi 20 mai présente un ordre du jour avec peu de dossiers politiques, à l’instar du conseil municipal de Strasbourg lundi.

Ribambelle d’aides à l’économie

Parmi les 7 principaux points mis à l’ordre du jour en début de séance par la majorité, on retrouve de nombreuses aides à l’économie et à l’enseignement supérieur. Peut-être une réponse aux intenses critiques de représentants d’entreprises et de l’opposition contre la nette hausse de la taxe foncière votée en mars.

La plupart de ces aides s’inscrivent dans des dispositifs déjà amorcés lors du mandat précédent ou relativement consensuels. On retrouve ainsi des subventions :

    À l’enseignement supérieur à hauteur de 29,3 millions d’euros jusqu’en 2027 dans le cadre du Contrat Plan État Région (CPER), notamment en aide aux opérations immobilières, ainsi que 426 623 euros en 2022 en soutien à 5 projets scientifiques, comme l’institut de l’espace ou des recherches autour des séismes près du puits de géothermie de Vendenheim ;À des « projets d’économie verte en entreprises » pour 52 100 euros répartis entre 6 sociétés, par exemple dans la méthanisation, l’isolation ou l’énergie solaire ;À l’innovation pour 792 500 euros pour 10 structures, comme l’incubateur Semia, le pôle « véhicule du futur », des solutions d’économie circulaire pour l’eau, dans la santé (Alsace Biovalley) ;À la « filière image » pour un total de 100 000 euros ;À « l’économie créative » à hauteur de 103 000 euros pour 4 organismes, notamment pour un premier salon du design graphique par Fauteuil vapeur, la création d’un Centre européen de l’imprimerie ou l’aide à une association pour fédérer les acteurs du jeu vidéo.

Premier point d’étape sur l’Agence du Climat

Le sujet le plus débattu (point 7) devrait concerner les aides à l’Agence du Climat pour 925 000 euros en 2022. Car du bon fonctionnement de cette structure, fondée en 2021 par l’Eurométropole, dépend la réussite du projet de transition écologique de la coalition de maires et des écologistes. Même si son champ d’activité concerne tout un pan de politiques comme l’énergie, la rénovation des bâtiments ou la végétalisation, ses équipes (13 personnes au 1er mars) sont intensément mobilisées sur les conseils et aides au changement de véhicule ou de moyen de transport dans le cadre de la Zone à faibles émissions (ZFE). Les premières interdictions dans l’Eurométropole, pour les véhicules sans vignette Crit’air et Crit’air 5, débuteront le 1er janvier 2023.

Pia Imbs devra convaincre de la bonne mise en place de l’Agence du Climat. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Des premiers points de bilan sont donnés à l’occasion de cette délibération : plus de 1 250 ménages et 66 entreprises ont sollicité l’Agence lors de ses 4 premiers mois de fonctionnement et 658 personnes ont été reçues en rendez-vous. Bien plus que pour les aides à la rénovation (137 informations). L’Agence du Climat prévoit d’avoir environ 20 collaborateurs et d’installer son siège place Brant à Strasbourg.

Les conditions de la mise en place de la ZFE obligatoire dans les grandes métropoles est le sujet de débat le plus saillant à l’Eurométropole depuis le début du mandat. L’opposition devrait donc se saisir du sujet, par exemple pour questionner le rythme du déblocage des aides supplémentaires de l’Eurométropole et le public touché. Fin mars, seules 450 attestations d’aides avaient été délivrées, à comparer aux 14 000 véhicules visés par l’interdiction prochaine.

Une interpellation sur la fin de l’aide contre la précarité menstruelle

L’ordre du jour compte 81 points. En fin de séance, l’opposante Rebecca Breitman (Modem) interpelle sur la fin subite de l’aide à l’achat de protections hygiéniques lavables (voir notre article), dont tous les crédits ont été épuisés dès avril.

Le salon Bio&Co va projeter un documentaire anti-vaccins réalisé par un complotiste

Le salon Bio&Co va projeter un documentaire anti-vaccins réalisé par un complotiste

Le salon Bio&Co, qui se tiendra du 20 au 23 mai à Strasbourg, invite un réalisateur complotiste pour projeter un documentaire controversé sur la question des vaccins contre la covid-19. Un choix assumé par les organisateurs qui estiment que « toutes les voix peuvent s’exprimer » dans leur événement.

Le salon Bio&Co aura lieu du 20 au 23 mai au parc des expositions à Strasbourg, avec de nombreux exposants, associations, producteurs et artisans autour de l’alimentation et de la production biologique. Pour son édition 2022, dimanche 22 mai à 16h, le salon proposera aux visiteurs la projection du documentaire « Effets secondaires : la face cachée des vaccins », suivi d’un débat avec Raphaël Berland, le réalisateur.

D’après Conspiracy Watch, un site de veille sur le conspirationnisme fondé par deux universitaires, Raphaël Berland est un complotiste français qui a évolué dans « Dissidence », une « mouvance aux contours flous ayant en commun le rejet de la construction européenne, de l’Alliance atlantique, du « mondialisme », du « sionisme » et de la franc-maçonnerie » selon le site. Le réalisateur a levé plus de 14 000 euros sur la plateforme de financement Leetchi pour réaliser ce documentaire sorti le 11 février.

Des figures anti-vaccins

On y trouve des figures anti-vaccins comme Laurent Mucchielli, sociologue et directeur de recherche du CNRS, mais dans le domaine de la délinquance et des politiques de sécurité. Interpellé par une association, l’organisme universitaire avait déploré « les prises de position publiques de certains scientifiques, souvent plus soucieux d’une éphémère gloire médiatique que de vérité scientifique, sur des sujets éloignés de leurs champs de compétences professionnelles ». Dans ce film, on trouve également la députée européenne Michèle Rivasi (EELV), qui avait fait circuler des fausses informations sur la vaccination.

Il y a également des « parents de victimes » supposées des vaccins contre la covid-19. Frédéric Beltra est restaurateur. C’est le père de Maxime Beltra. Le jeune homme, originaire de Sète était allergique à la cacahuète. Il a reçu sa première dose du vaccin Pfizer le 26 juillet 2021 et il est décédé quelques heures après, à l’âge de 22 ans. Son père insinue dans le film que c’est probablement la première dose du vaccin qui a causé la mort du jeune homme. Mais les premiers éléments recueillis par le centre régional de pharmacovigilance de Montpellier et les résultats du rapport d’autopsie penchent plutôt vers la piste d’une allergie alimentaire.

« C’est un choix complètement assumé »

Interrogé sur la programmation de ce documentaire au sein d’un salon censé promouvoir les pratiques et les savoir-faire bio, Patrick Viot, co-organisateur du salon, affirme :

« C’est un choix complètement assumé. Le salon est très éclectique, toutes les voix peuvent s’y exprimer. Le bio va bien au-delà de sa dimension écologique, c’est également un mode de vie. Nous faisons la promotion d’une alimentation saine pour renforcer son système immunitaire, plutôt que de se faire vacciner tous les 4 mois, surtout avec des pseudo-vaccins. »

Les préparations sont en cours au Parc des expositions de Strasbourg pour l’édition printanière 2022 du Salon Bio&Co. Photo : Achraf El Barhrassi / Rue89 Strasbourg / cc

« La théorie du complot, ça ne veut rien dire »

Interrogé par Rue89 Strasbourg sur le caractère complotiste de son documentaire, Raphaël Berland estime que le complotisme est un terme insignifiant :

« J’ai fait ce film honnêtement, avec une démarche journalistique, en assurant le contradictoire avec des propos de membres du gouvernement. J’ai aussi contacté l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament, NDLR) qui n’a pas donné suite à ma demande.

Pour moi, quand on parle de la théorie du complot, ça ne veut rien dire. (…) Cette appellation est sortie après l’assassinat de Kennedy, c’est la CIA qui a utilisé ce terme et qui l’a popularisé pour discréditer toute personne qui racontait publiquement autre chose qu’un tireur isolé aurait tué J.F.K et tout est documenté. »

Cette programmation montre comment les théories antivaccins parviennent à s’infiltrer dans des milieux de convictions écologistes. Profitant également de cette porte d’entrée, le Rassemblement national parvient à s’immiscer à son tour dans cet univers : sur la page de présentation du documentaire, un lien renvoie vers un groupe Facebook appelé « Ligue nationale pour la liberté des vaccinations » où sont relayés les discours de Virginie Joron, eurodéputée du RN connue pour ses positions anti-vaccins et pro-Poutine. L’élue alsacienne avait aussi été placée sur une liste noire du Parlement européen à cause de son voyage, en 2020, en Crimée occupée pour « observer » le déroulement d’un référendum pro-Poutine.

Le port autonome lance une procédure d’urgence pour faire expulser le squat quai Jacoutot

Le port autonome lance une procédure d’urgence pour faire expulser le squat quai Jacoutot

Des sans-abris occupent depuis fin avril un bâtiment quai Jacoutot, à côté de la déchetterie de la Robertsau. Le port autonome de Strasbourg, propriétaire des lieux, a lancé une procédure d’urgence auprès du tribunal judiciaire afin de faire procéder à l’expulsion des squatteurs. L’audience a eu lieu mardi 17 mai et la décision est attendue mardi 24 mai.

L’ancien bureau des douanes du port de Strasbourg est investi depuis fin avril par des personnes sans-abri. Selon Edson Laffaiteur, l’un des occupants, au mardi 17 mai, une vingtaine de personnes y habitent, dont trois familles en demande d’asile et des hommes isolés. Edson Laffaiteur est le seul à avoir reçu une assignation à comparaitre devant le tribunal judiciaire de Strasbourg vendredi 13 mai, pour une audience mardi 17 mai. Il avait déjà co-fondé l’Hôtel de la Rue (tous nos articles à lire ici) à Kœnighsoffen, un squat qui a existé deux ans et abouti au relogement d’une centaine d’habitants en septembre 2021.

La maison occupée se situe en plein site Seveso, c’est-à-dire à proximité de substances explosives. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

« Nous demandons que les personnes soient relogées »

Le Port autonome de Strasbourg, propriétaire du bâtiment inoccupé depuis mai 2015, demande leur expulsion immédiate. Le lieu se trouve à l’intérieur d’un périmètre Seveso, c’est-à-dire avec un risque d’explosions en raison des matières entreposées. Le Port a déposé un référé d’heure à heure, une procédure d’urgence qui permet d’obtenir une décision rapidement, ce qu’a accepté le juge des contentieux.

Une urgence que conteste l’avocate Me Sophie Schweitzer, qui a représenté Edson Laffaiteur à l’audience :

« Il n’y a pas de voie de fait, rien ne prouve qu’Edson est entré par effraction. Il n’y a pas de danger grave et imminent, le bâtiment n’était protégé par aucune mesure particulière. En outre, des habitations se trouvent à quelques mètres. Nous demandons un délai avant l’expulsion, une évaluation de la situation des personnes et les garanties de l’État qu’elles seront relogées. »

Proximité avec un stockage d’hydrocarbures

Émilie Gravier, directrice du développement et de la promotion du port autonome de Strasbourg, confirme que le squat se situe au 51 quai Jacoutot, et qu’au 53, des personnes habitent dans une maison pour deux familles. Elle revient sur les raisons de la procédure d’urgence :

« Contrairement au 53, le 51 quai Jacoutot se trouve dans une zone Seveso plus restrictive qui interdit complétement l’habitation. C’est lié à la proximité des cuves de stockage d’hydrocarbures. Nous ne pouvons pas laisser ces personnes occuper le site vu la réglementation. »

Le bâtiment doit être démoli mais aucune date n’a été fixée. La décision du tribunal est attendue mardi 24 mai.

Jewly, rockeuse alsacienne indépendante, fête ses dix ans de scène

Jewly, rockeuse alsacienne indépendante, fête ses dix ans de scène

Le 20 mai, Jewly sort un 45 tours limité à cent exemplaires ainsi qu’un clip entièrement filmé par ses fans. Rue89 Strasbourg a rencontré l’artiste pour revenir avec elle sur ces dix années de rock et d’indépendance.

Originaire de Mulhouse, Jewly est rentrée dans la musique via l’alto avant de bifurquer vers le violon. Une éducation au classique qu’elle doit à son grand-père. Vers ses quinze ans, elle se passionne pour la guitare. Après le lycée, elle se lance dans des études de médecine et devient docteure en pharmacie. Parallèlement à sa formation, la chanteuse commence à faire des concerts de jazz. Elle prend goût à l’écriture et en 2011 elle sort son premier EP « No Shoes » sous le nom de Jewly. 

Dix ans, trois albums et des centaines de concerts plus tard, l’artiste au parcours atypique revient avec un titre inédit pour célébrer cet anniversaire. Une date particulière qu’elle partage avec son public à travers une nouvelle tournée en France, la sortie d’un 45 tours collector ainsi que d’un clip entièrement filmé par ses fans. À 40 ans passés, elle revient sur ces dix années de carrière en tant qu’artiste indépendante pour Rue89 Strasbourg. Entretien.

Jewly. Photo : jisays

Rue89 Strasbourg : Qu’est-ce que vous retenez de plus important dans vos dix années de scène ?

Jewly : S’il y a une chose que je retiens dans tout ça, c’est le public. C’est pour ces gens que je continue. Évidemment, ce métier je le fais parce que j’en ai besoin, parce que c’est ce que je suis. J’ai besoin d’être sur scène. Et pour ça, j’ai besoin d’avoir un public en face. Et il répond toujours présent !

Justement, pour cet anniversaire, vous avez prévu beaucoup de choses : la sortie d’un 45 tours limité à cent exemplaires, un nouveau titre, un clip entièrement filmé par vos fans. Vous avez à cœur de mettre votre public au centre de ce projet. Pourriez-vous en dire plus ? 

Le public, je l’ai impliqué sur trois gros points. Sur ce 45 tours collector, j’ai eu envie de lui faire choisir dans ma discographie un titre qu’il avait envie de voir réarrangé. J’ai lancé un appel l’été dernier. Après un vote, ils ont choisi « Melody » de l’album Drugstore. J’avais aussi envie d’être entourée sur la pochette du 45 tours des personnes qui comptent pour moi et qui me soutiennent d’une manière ou d’une autre depuis dix ans. La pochette est constituée de 110 portraits de gens qui ont eu envie de jouer le jeu.

« On a voulu faire un truc qui n’a jamais été fait »

Et puis on a eu l’idée de sélectionner un nombre de personnes pour qu’ils filment avec leurs téléphones le clip du titre inédit. On a voulu faire un truc travaillé, original, un truc qui n’a jamais été fait. Chaque membre du groupe est sur un podium avec les gens autour qui filment. Ça a permis de créer un rendu de fou, avec des effets 360 degrés.  Et comme ça, le public est partie prenante du clip en y apparaissant. Il est avec nous parce qu’après dix ans, je ne considère plus qu’il y a d’un côté le public et de l’autre Jewly. On était tous ensemble et c’était une expérience de dingue !

Pochette du 45 tours réalisé à l’occasion des 10 de Jewly avec 110 portraits. Photo : Jewly

Vous avez également créé votre label. Pourquoi est-ce important pour vous d’être une artiste indépendante ?

C’est le constat de se dire que c’est possible. J’ai choisi de faire du rock, teinté de blues avec un peu d’électro. Je n’ai jamais choisi d’être à la mode mais de rester authentique. Au bout de dix ans, il y a une certaine fierté de se dire qu’en gardant ma ligne de conduite, qu’en faisant la musique qui me parle et en étant la plus sincère possible vis-à-vis du public, je suis encore là.

Clip de Jewly « Plus Fou », sorti le 20 mai 2022 (vidéo YouTube)

Cette indépendance, vous la cultivez en faisant énormément de choses vous-même. Vous cherchez les artistes avec qui vous voulez travailler, vous composez, vous organisez vos tournées… Est-ce un choix de votre part ?

Composer, oui, clairement ! J’ai essayé au début de m’entourer parce que je ne savais pas si j’avais les capacités pour écrire. Et puis je me suis rendu compte que quand je n’écrivais pas, je n’incarnais pas autant la chanson. Alors peut-être que ça va changer d’ici quelques années, mais pour l’instant, j’ai besoin de ça. Le reste, ce n’est pas forcément par choix. Ce n’est pas évident de trouver des gens soit compétents, soit avec qui j’ai envie de travailler. Je fais beaucoup toute seule. J’ai appris énormément de métiers : je suis comptable, attachée de presse, régisseuse, j’organise des tournées… Et encore, il y a des choses que j’essaie de déléguer. J’ai calculé, ça représente une quinzaine de métiers qu’on apprend sur le tas !

Vous êtes originaire de Mulhouse et vivez depuis plusieurs années dans la capitale alsacienne. Chaque année, vous organisez des tournées partout en France et parfois à l’international. Comment combinez-vous votre attache locale à cette envie de sillonner les routes ?

Je nuancerais un petit peu. Alors oui, l’Alsace est ma région de cœur. Ça fait 20 ans que je vis à Strasbourg, donc oui, j’ai un amour pour cette ville. Mais en même temps dès le départ, je me suis dit : « Il faut sortir de sa région. » C’est un petit peu le piège quand on tourne dans sa région, on est vite catalogué artiste local. Au final, je ne joue pas tant que ça en Alsace curieusement. On a un public fort qui nous suit mais pas forcément de Strasbourg. On joue énormément en Bretagne aussi donc on a beaucoup de public là-bas. Et c’est ça qui est génial !

Des projets pour la suite ?

Déjà, continuer à tourner. Et puis oui, il y aura forcément un nouvel album. Mine de rien, le projet des dix ans, ça aura pris du temps. Mais oui, un nouvel album, c’est la suite logique. Rock and roll quoi !

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