Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

À la Humpafascht, le bon esprit du club de foot de Berrwiller rayonne sur les villages alentours

À la Humpafascht, le bon esprit du club de foot de Berrwiller rayonne sur les villages alentours

« Fêtes d’Alsace », épisode 1 – Dans les vallées du sud de l’Alsace, les feux de la Saint-Jean marquent le début de l’été et des fêtes de village. Mais à Berrwiller, les habitants et ceux des alentours, viennent avant tout à la « Humpafascht » du club de foot pour chercher un esprit festif et familial qu’ils ne trouvent pas ailleurs. Reportage à la soirée de lancement de six jours de fêtes.

À Berrwiller, la Humpafascht n’est pas juste l’histoire d’une fête de village. C’est l’histoire d’un club de foot, l’Association sportive Berrwiller Hartmannswiller (ASBH), devenu une référence dans le Haut-Rhin, autant pour ses performances sur les terrains que son double week-end festif au début de l’été : la Humpafascht qui célèbre sa 44e édition. Un événement que beaucoup d’habitants de l’ancien bassin minier ne rateraient pour rien au monde.

Pour le club fondé en 1965, c’est aussi tout son équilibre économique et social qui repose sur ces six jours de fêtes. « La Humpafascht représente 60 à 70% des recettes annuelles du club », précise Alexis Wintenberger, responsable des sections jeunes. Une manne qui permet de proposer des licences au prix de 150€, survêtement et cotisation à la ligue compris, dans ce club « où il n’y a que des bénévoles et aucun salarié ».

La soirée d’ouverture est la plus intergénérationnelle et rassemble jusqu’à 4 000 personnes, bien plus que la population de Berrwiller et ses 1 200 âmes. Au programme, un grand feu d’artifice, un feu de la Saint-Jean et une « ambiance années 90 – 2000 ».

Parmi les premiers, Tony et Monique, 150 ans à eux deux

Face à l’entrée, Bertrand s’affaire avec un regard concentré pour mettre en marche un deuxième four à tartes flambées arrivé « ce matin ». Ce bénévole cinquantenaire participe chaque année à la Humpafaschst depuis « au moins 25 ans, c’est sûr ». Et même s’il ne tape plus dans les ballons, il est membre du comité des fêtes. Autour de lui, une équipe de huit personnes, « de toutes les générations », cinq hommes et trois femmes, qui vont enchainer jusqu’à 2h30. Ici, on connait la valeur d’une grande équipe de bénévoles, et de son renouvellement. « Une fête de village qui perdure c’est important. Il y en a beaucoup qui ont arrêté, à cause du manque de bénévoles, des bagarres ou tout simplement parce que les organisateurs ne rentraient pas dans leurs frais », relève Nicolas, la quarantaine, à ses côtés.

Bertrand s’active pour mettre en route le four des tartes flambées à 6€ avant l’arrivée des premiers participants. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Tony et Monique, 75 ans, font partie des premiers participants à passer la grille. « On a nos habitudes » explique le mari, une canne à la main. Ce soir-là, il s’agit de commencer avec un crémant « dans un gobelet en carton », ce qui ne satisfait pas complètement l’ancien routier qui avale également quelques frites. « Dans le temps on dansait, mais c’était une autre musique », complète Monique, sandwich à la main.

Le couple domicilié à Wattwiller vient « tous les week-end » à Berrwiller depuis 40 ans. Il faut dire que la famille est très impliquée : la fille est secrétaire générale du club, les petits enfants jouent et les arrière-petits enfants doivent rejoindre U7, les « pitchouns ». Et le gendre, dirigeant-arbitre le reste de l’année, « ce soir, c’est Monsieur frites ! », décrit sa belle-mère. Tony, lui, n’a joué au foot que jusqu’à ses 20 ans, avant de se marier après son service militaire, puis d’être sur les routes de France et d’Europe une bonne partie de ses semaines. Ils resteront jusqu’au bûcher, vers minuit.

À en croire Valérie, épouse d’un des entraineurs et bénévole au bar « la Humpafascht est une institution dans le secteur, les jeunes découvrent vers 15 / 16 ans. » À l’instar de ce groupe de collégiens venus de Soultz une semaine avant de passer le brevet. « On est venus s’amuser. À 5 euros l’entrée, ça a intérêt à être une bonne soirée », prévient Mejdi. Les quatre amis ont peu de lien avec le club. Seul le père d’un des adolescent est un habitué de cette fête.

« Adultes, ils reviennent tous ici »

Vers 15 ans, c’était aussi l’âge de la première Humpafascht de Sandra, aujourd’hui 47 ans et responsable des « Pitchouns », les joueurs de moins de 7 ans. Elle est venue avec deux copines de l’adolescence. Pourtant, la soirée a tout de même des allures de « première » pour les trois amies. Les maris sont partis assister à un concert de Metallica en Allemagne. « Ils étaient dégoûtés de voir que ça tombait le même soir », décrit-elle. Face à elle, Christelle, coiffeuse qui a découvert le club il y a 17 ans, loue le sérieux de l’ASBH :

« Le club a une réputation d’être convivial et très pédago. Mes deux gamins ont ensuite fait sport études à Colmar, même s’ils ne sont pas devenus professionnels. Quand ils sont adultes, les joueurs reviennent tous ».

Un attachement qui n’est pas sans poser des problèmes à l’équilibre conjugal. « À un moment, c’était le foot ou moi ! », avertit Christelle. Le compromis pour ne pas perdre ce lien si fort avec le club ? Entraîner les petits, qui ont moins d’entrainements, des matches plus courts et moins loin.

Les trois amies et mères de joueurs sont venus pour la première fois sans leurs maris, aussi impliqués au club. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Il y a quelques années, c’était au tour de ses enfants de faire découvrir la Humpafascht à des amis adolescents de Paris. « Ça les a un peu décoincés », rigole la mère de famille. Et pour faire dormir les convives, « il suffisait de traverser les champs et d’aller dans les tentes dans le jardin ».

En attendant le tournoi déguisé…

Derrière le bar, Joseph (ou « Seppi » en alsacien) a une mission précise : le ravitaillement ! Il doit veiller à ce qu’il ne manque jamais de fûts de bière ni de bouteilles au bar. Ce grand défenseur de 32 ans est arrivé au club à 18 ans, il n’a raté aucune Humpafascht depuis. « Tous mes potes sont ici maintenant ». Une situation qui l’a convaincu de quitter Cernay pour acheter à Berrwiller, « un village qui bouge ». Mais ce n’est pas le jour le plus important pour lui. Sa grande responsabilité, c’est d’organiser le Grempelturnier, le tournoi de foot déguisé qui clos la Humpafascht le deuxième dimanche :

« Il y a une cinquantaine d’équipes et quatre terrains. Le premier, c’est le folklore total : on a eu une équipe de touristes qui ont ramené les transats et le sable, ainsi que des animations type rugby, le foot-pong, ou ventriglisse, un deuxième pour les enfants et mamans, le troisième où ça joue déguisé mais plus sérieusement, et le dernier où là, ça joue vraiment. On est là dès 6h pour l’installation et le tournoi est de 8h à 19h non-stop ».

Pour se remettre, Joseph a une autre habitude : « À chaque fois, je prends mon lundi ». Ça tombe bien pour ce réparateur-chauffagiste « en été, ce n’est pas là qu’on a le plus de boulot ».

La vie au club a décidé Joseph de s’installer à Berrwiller. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

La soirée débute et les allées du club se garnissent. Chez les plus jeunes, on se regarde, on se jauge, on se drague. Et même si on vient à la cool, beaucoup ont soigné leur apparence, nouvelles coupes, ongles repeints…

La vie sociale du club ne se limite pas à deux week-ends de fête. Il y a aussi les soirées Nouvel an, les soirées moules-frites, les crêpes après les matches… « Le niveau et surtout l’ambiance », c’est ce qui a convaincu Émilien, 20 ans, à quitter le club de Richwiller pour venir à Berrwiller à l’âge de 16 ans. « Je suis arrivé seul, mais on s’intègre vite ici. Et la famille, ça suit ».

À cette soirée, il croise un ancien camarade du CFA de Mulhouse. « Ici il y a des potes, des gens du club, de la famille ». Habitant de Wittelsheim, il travaille comme carrossier en Suisse. « C’est 1h15 de route, mais on a le temps, je suis encore chez mes parents, je profite encore un peu ». Le reste du temps libre, c’est le foot et « la copine à côté ». Même s’il n’est pas dans l’équipe de bénévoles ce soir-là, on le retrouve plus tard à porter des fûts de bière avec Joseph.

L’esprit convivial du club fait venir des joueurs des villes et villages à plusieurs dizaines de kilomètres. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Un blind test sur les films américains

Peu avant 22h, la foule s’anime. Une centaine de personne se presse autour des enceintes pour le blind test : Iron Man, The Mask, Pretty Woman, Jurrassic Park… Seules quelques notes sont jouées et chacun crie le plus fort possible dans l’espoir que la bonne réponse arrive aux oreilles du DJ, qui distribue quelques cadeaux. De grands « oooooh » de déception répondent aux « c’est pas ça » de l’homme au micro.

Aux platines, c’est Ian Kaçara, 34 ans, qui s’occupe de l’ambiance. « Je n’étais pas au club, mais la Humpafascht, c’était l’événement pour les jeunes des alentours », se souvient-il. Ce sont des « camarades de primaire », membres du club, qui l’ont contacté pour rajeunir l’événement il y a six ans et donner « une ambiance discothèque » aux soirées.

Sa nuit est loin d’être finie. À 1h, il laisse les commandes à un autre DJ et fonce vers le Rota, la boîte de nuit de Colmar où il officie chaque week-end. La Humpafascht est la seule fête de village qu’il anime cet été. Mais pour le samedi soir, il a même pris congés. Il reste jusqu’à la fermeture à 3h pour la soirée « Tsunami », à destination des plus jeunes. Au programme, percussions, body painting, show de flammes ou encore gogo danseuses…

Sous le chapiteau justement, c’est encore calme. Une simple musique de fond et de nombreuses tables permettent de se retrouver. En famille, Clément raconte avoir vite décidé d’inscrire son fils Enzo au club après avoir affronté l’ASBH. « On a joué ici avec mon équipe de Bollwiller et on pris une piquette ! » Cet ancien militaire de 30 ans, aujourd’hui électromécanicien, est très satisfait de l’ambiance. « Ils ont de superbes infrastructures. J’ai fait plusieurs gros clubs par le passé, mais il n’y avait pas cet esprit », explique ce natif de Haute-Marne, qui a notamment vécu à Mulhouse et à Brunstatt. L’ASHB, c’est 475 licences au total, ce qui en fait l’un des 5 plus gros clubs du Haut-Rhin. Les inscriptions y sont limitées, car le nombre de terrains et de bénévoles n’est pas extensible.

Attaquant de 11 ans, Enzo fait la fierté de sa famille. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

« Ici, c’est le bonheur »

Il discute avec Bruno, une figure du club. « Ici c’est le bonheur » dit le retraité qui vient « quatre jours par semaine ». Seule inquiétude pour Bruno, la réaction des jeunes qui n’ont pas connu de fête d’ampleur pendant deux ans, pour cause de Covid. D’ailleurs, la Humpafascht dispose d’un imposant dispositif de sécurité avec une quinzaine d’agents de sécurité en coupe vent jaune fluo. Un mauvais souvenir est dans les mémoires : en 2007, une personne exclue de la soirée avait foncé avec son véhicule dans la foule causant un mort et 16 blessés. Tous les ans se tient un match à la mémoire du joueur de 21 ans décédé.

Figure du club, Bruno s’épanouit à passer ses semaines au club depuis sa retraite. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Dans quelques semaines, la famille de Clément va quitter l’Alsace « avec regret ». Il va rejoindre la Haute-Saône, se rapprocher de sa famille. Surtout, il a pu construire une nouvelle maison, pour le quart du prix de leur maison actuelle avec un terrain bien plus grand. « On n’a pas l’accent du coin et à Bollwiller, il y a comme une fracture entre le village et le lotissement, qui est en fait une cité dortoir. On n’a pas été complètement acceptés », regrette un peu le père de famille.

Clément et sa famille participent pour la première fois à la Humpafascht mais vont quitter l’Alsace, malgré cette ambiance qu’ils appréciaient. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

La difficulté de s’insérer en Alsace est un sentiment que comprend Frédéric, originaire du Doubs, et qui découvre aussi la fête :

« C’est vrai qu’il faut faire l’effort, comprendre la mentalité alsacienne et se faire adopter. Avec un bon vivant et amateur de bonne chair, ça se fait vite. C’est sûr que le vegan qui ne boit pas d’alcool est mal barré… »

Fête du cochon à Ungersheim, braderies, défilé de chars à Riquewihr… Avec sa famille de six personnes, Frédéric est un habitué des fêtes de villages. Des sorties à peu de frais pour toute la famille et une manière de « décompresser de la semaine » pour ce gérant en restauration d’entreprises pour qui il est important d’avoir « les week-ends et les vacances ». Ancien footeux, il entraine l’équipe des enfants de 11 ans au FC Buhl, un club du coin « et à quelques troisièmes mi-temps ».

Frédéric et sa famille sortent dès que possible à une fête de village. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Alsace terre de fêtes ?

L’Alsace une terre de fêtes qui s’ignore ? « On est surtout connus pour nos marchés de Noël », estime pour sa part Sandra avec son groupe de copine. Mais à écouter les trois femmes, « l’été on profite bien, ça ne manque pas d’endroits ». Parmi leurs sorties préférées, « la fête de la sorcière » à Rouffach.

Pour Frédéric, la renommée festive de l’Alsace est une évidence :

« Quand j’habitais dans le Doubs, c’était la grosse réputation. C’est dans les villages, pas dans les grandes villes que ça se passe, c’est plus petit mais il y en a partout. On faisait jusqu’à 1h15 de route pour sortir à Altkirch. »

Si le sourire est sur toutes les lèvres pour ce retour de la Humpafascht, la fête n’efface pas le souvenir d’une saison galère, avec le pass vaccinal imposé à la rentrée, puis les nombreux joueurs contaminés lors des vagues Omicron. « Dans notre division, six équipes sur douze ont fait forfait général, on n’a pas beaucoup joué. Il y a aussi des gens qui ont vu que la vie sans foot, ça allait aussi. On a galéré en alignant parfois des équipes sans remplaçant, heureusement que des vétérans sont venus dépanner », raconte Joseph. Tout le monde espère que « ça reparte » normalement pour septembre.

En fin de soirée toute la pelouse du stade est remplie de participants. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Des feux qui se font attendre

Il est 23h. Beaucoup de monde s’est déjà pressé le long du ruban en plastique pour être aux premières loges pour le feu d’artifice et le bûcher dans la nuit noire. On attend. D’autres entament quelques pas de danse sur le fond musical. Au loin, les pompiers s’animent. Pour Marine, venue avec une copine de Wintzfelden, c’est « un peu long ». « On voulait danser, on pensait que la musique démarrerait avant le bûcher ». Les fêtes de villages, « j’ai baigné dedans, c’est un passage obligé », raconte-t-elle : « On cible celles qu’on connait, ça change des boîtes, on y connait du monde et chaque village a son truc ». Les deux amies attendent notamment avec impatience les fêtes du vin en août.

Ce retard n’entame pas la patience d’Amélie et Arthur venus d’Ottmarsheim « fêter leur bac », à près de 30 minutes de route. « On attend la chaleur », explique Arthur qui a vu d’autres bûchers dans la vallée de la Thur. Pour Amélie, c’est une première. Arthur est surtout « étonné de voir autant de monde, beaucoup d’événements ont du mal à reprendre ». Comme une grande partie de sa classe, ils iront en BTS à Fougerolles (Haute-Saône) pour apprendre à gérer des exploitations agricoles. Arthur sait ce qu’il veut, il se voit à la tête d’une entreprise « céréalière et avec des vaches à viande ».

À 23h45, le feu d’artifice démarre enfin. C’est au tour des deux buchers de s’embraser. « Ça nous a pris 4 / 5 soirées avec un gars bûcheron du club », précise Joseph. Les flammes mettent quelques minutes à atteindre le sommet, et diffuser un peu de chaleur. Il éclaire le stade et la foule, happée par cette vision.

Les plus jeunes, eux, ne s’attardent pas face au brasier. Ils font demi-tour, passent devant le four à tartes flambée où l’on continue de s’activer et se pressent sous le chapiteau. Cette fois, les projecteurs multicolores balaient le plafond et le sol. Les tubes des années 1990 et 2000 tournent à plein et Ian Kaçara chauffe la foule. Il n’y a pas de temps à perdre, il reste à peine deux heures de fête.

#Berrwiller

Au collège Jean Monnet, une manifestation contre deux fermetures de classe

Au collège Jean Monnet, une manifestation contre deux fermetures de classe

Des professeurs et parents d’élèves appellent à un rassemblement devant le collège du Neudorf vendredi 1er juillet à 15h. Ils dénoncent la disparition programmée de deux classes, qui surchargeraient les effectifs et pénaliserait les redoublants.

La fin de l’année scolaire est imminente, mais c’est le début d’un autre temps fort dans les établissements : celui des mobilisations contre les fermetures. Après le collège du Parc à Illkirch-Graffenstaden, voici le collège Jean Monnet concerné par la disparition de deux classes.

Jusqu’à 33 par classes

À la rentrée 2022, le collège Jean Monnet pourrait passer de cinq à quatre classes de troisième et de quatre à trois classes de sixième. Magali, professeur et élue représentante des personnels redoute les conséquences :

« On sera 32 à 33 par classe contre 25 à 26 élèves en ce moment. Cela va pénaliser les redoublants et élèves sans affectation que l’on ne pourra pas reprendre à la rentrée. On a même pas la place pour être plus de 30 par classe. En salles de sciences, il n’y a que 30 places. En salle informatique, 15 ordinateurs… »

Des enseignants et parents d’élèves appellent à un rassemblement vendredi 1er juillet à 15h devant l’établissement.

Le collège à Neudorf est concerné par des fermetures de classes. Photo : roland burckel / Archi wiki

Les professeurs mobilisés ont obtenu un entretien avec la recteur Olivier Faron mercredi 29 juin, accompagné d’inspecteurs et de son directeur de cabinet. « Il nous a dit qu’il était arrivé en mars, qu’il présenterait un projet à l’automne et qu’il n’avait pas les mêmes chiffres que nous sur les prévisions », relate Magali. Elle espère qu’une mobilisation puisse encore faire changer la décision.

Après un passage au quartier d’affaires de Strasbourg, Adidas quitte définitivement l’Alsace

Après un passage au quartier d’affaires de Strasbourg, Adidas quitte définitivement l’Alsace

Adidas a confirmé sa décision de quitter l’Alsace, après une soixantaine d’années de présence sur le territoire. Environ 140 salariés du siège français sont concernés par ce regroupement des activités à Paris.

L’entreprise allemande a décidé, le 30 juin, de lâcher son siège social flambant neuf dans le quartier d’affaires de Strasbourg pour rejoindre le 9ème arrondissement de Paris. L’objectif d’Adidas est de rassembler tous ses collaborateurs dans un seul et unique siège social afin de « renforcer la culture d’entreprise », a indiqué la direction générale du groupe. 

Mathieu Sidokpohou, directeur général du secteur Europe du Sud pour Adidas détaille dans ce communiqué :

« Notre but est de permettre aux collaborateurs à Strasbourg de continuer leur carrière chez Adidas tout en renforçant notre culture d’entreprise avec un site unique dédié à tous. Nous prendrons le temps d’accompagner ces évolutions ces deux prochaines années pour que chacun se retrouve dans le projet d’entreprise. »

140 salariés sont concernés par le déménagement du siège social de l’entreprise allemande vers Paris. Photo : Achraf El Barhrassi / Rue89 Strasbourg

Le siège social strasbourgeois de l’entreprise fermera en juin 2024. Les salariés devront se plier aux conditions de mobilité fixées par la direction, indiquent les représentants syndicaux. En fonction du poste, l’entreprise pourrait faire preuve d’une « flexibilité inédite » en termes de télétravail. « Il serait ainsi question de trois à huit jours par mois sur site à Paris », indique Adidas dans son communiqué.

Un déménagement déjà envisagé en 2015

Le regroupement des salariés d’Adidas à Paris était déjà envisagé par le groupe début 2015, quand son siège français était encore basé à Landersheim près de Saverne. La direction alsacienne avait alors cherché une porte de sortie, craignant à l’époque un plan social déguisé car trop de salariés en fin de carrière n’auraient pas suivi. Il avait fallu une intense mobilisation des collectivités locales, pour « faciliter » un déménagement vers le nouveau quartier d’affaires de Strasbourg « Archipel » et trouver une nouvelle activité pour le siège historique, devenu une académie autour du vin.

Les pouvoirs publics voyaient là une « locomotive » pour le nouveau quartier d’affaires de Strasbourg, qui n’avait pas encore d’implantation de grands groupes à annoncer. Mais celle-ci s’annonçait déjà provisoire, puisque dès l’origine seul un bail de location de 9 ans avait été signé. (lire notre enquête). Adidas avait installé son siège à Landersheim en 1970.

Les salariés s’étaient brièvement mobilisé le 21 juin contre cette fermeture remise à l’ordre du jour au printemps.

Rassemblement vendredi des travailleurs sociaux devant la CEA pour une meilleure considération de leurs métiers

Rassemblement vendredi des travailleurs sociaux devant la CEA pour une meilleure considération de leurs métiers

Le collectif « Rejoignez l’AEMO en lutte » organise vendredi matin, un rassemblement devant le siège de la Collectivité d’Alsace (CeA) à Strasbourg. Ils revendiquent une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail pour assurer un bon fonctionnement de la protection de l’enfance.

Les travailleurs sociaux de l’Association Régionale Spécialisée d’action sociale d’Éducation et d’Animation (Arsea), organisent un rassemblement devant la Collectivité d’Alsace, vendredi 1er juillet à 8h, pour porter leurs revendications. Ils sont éducateurs, assistants sociaux, secrétaires, psychologues en charge de mesure de protection de l’enfance ordonnées par le juge des enfants ou contractualisées par la famille avec l’aide sociale à l’enfance (lire nos nombreux articles).

Une trentaine d’agents du service de protection de l’enfance manifestaient devant le Conseil départemental dans la matinée du 14 mai. Photo : GK / Rue89 Strasbourg / cc

Dans une lettre ouverte, adressée à Frédéric Bierry (LR), le président de la CeA, les travailleurs sociaux revendiquent la baisse du nombre d’enfants accompagnés par éducateur, en-deçà contre « 31 à 32 enfants aujourd’hui », l’augmentation du prix de journée d’une mesure d’Action éducative en milieu ouvert (AEMO, une mesure de protection décidée par un juge pour enfants), une revalorisation salariale en adéquation avec l’augmentation du coût de la vie, ainsi qu’une reconsidération de leurs frais de déplacement.

Dans leur lettre ouverte, les organisateurs disent ne pas être « enfermés dans la plainte » :

« Nous aimons nos métiers. Nous voulons simplement que ceux-ci soient considérés. Que la difficulté intrinsèque à nos métiers soit reconnue et portée avec nous par les institutions de la protection de l’enfance, par les politiques et par nos financeurs. »

Cinéma en plein air : la programmation de l’été à Strasbourg et alentours

Cinéma en plein air : la programmation de l’été à Strasbourg et alentours

« Le troisième souffle » et « Les films du Spectre » proposent des projections de films en plein air à Strasbourg et dans sept communes de l’Eurométropole durant l’été. Voici la la programmation en détail.

Deux cycles de cinéma en plein air sont programmés cet été. Le premier dans les quartiers de Strasbourg et le second dans sept communes de l’Eurométropole.

Pour les Strasbourgeois, Les films du Spectre (qui organise chaque année le Festival du film fantastique), en association avec Speaker, proposent des séances les vendredis, mais aussi parfois le samedi ou le jeudi, du 1er juillet au 25 août. L’idée est d’installer des cinémas ambulants dans les parcs strasbourgeois, seuls endroits respirables au temps des grandes chaleurs.

Chaque soirée doit débuter aux alentours de 18h avec des animations, des quiz, des karaokés, etc, histoire de s’installer tranquillement. Des jeux en bois ou d’adresse sont également annoncés, et l’ambiance sonore sera assurée par une ou un DJ. Les projections démarrent à la nuit tombée, soit autour de 22h en juillet et 21h en août. Buvette et food-truck sont également prévus.

Bande annonce d’Astérix et Obélix mission Cléopâtre, Un film toujours culte !
La pelouse, meilleure salle de ciné Photo : Thaïs Breton / 3e Souffle / doc remis

Dans les communes de l’Eurométropole, c’est l’association « Le troisième souffle » qui est à la manœuvre d’une opération nommée « Ciné plein air ! » Thème 2022 : « Roulez jeunesse » avec une sélection pour rendre hommage aux thèmes de l’enfance et de l’adolescence.

Les projections sont prévues à partir de 19h, tous les samedis de l’été à partir de mi-juillet, avec en échauffement des concerts, des spectacles ou des jeux. Une restauration sur place est également prévue.

Vice Versa, une jolie histoire qui transperce les coeurs de tous âges, c’est la magie Disney dans ce qu’elle a de meilleur.

L’insertion d’élèves handicapés en milieu ordinaire plombée par le manque de places

L’insertion d’élèves handicapés en milieu ordinaire plombée par le manque de places

Le nombre d’élèves en situation de handicap est en augmentation depuis plusieurs années. Mais les moyens ne suivent pas assez vite. Les classes spécialisées dans leur accueil se retrouvent de plus en plus souvent bondées et en charge d’enfants et adolescents lourdement handicapés.

« Dans ma classe, je m’occupe d’une élève atteinte de trisomie et d’autisme. Elle a 9 ans mais on ne peut pas lui proposer d’activités scolaires, même un puzzle c’est compliqué. Je n’ai pas de solution pour elle », soupire Adèle (prénom modifié), professeure des écoles à Strasbourg dans une classe Ulis (Unité localisée d’inclusion scolaire). Depuis trois ou quatre ans, elle observe une augmentation du nombre d’élèves avec des handicaps lourds dans sa classe, ce qui a comme conséquence de perturber toute la classe.

Le dispositif Ulis sous tension

Le but des classes Ulis est d’accueillir à l’école, au collège ou au lycée des enfants en situation de handicap. Ces enfants sont inclus dans des classes régulières puis se retrouvent face à un « enseignant coordinateur », comme Maya, enseignante dans un collège strasbourgeois :

« En dehors des heures d’inclusion (dans les classes régulières NDLR), je donne surtout des cours de soutien en maths et en français. Je reprends avec les élèves leurs cours et je surveille leurs organisations quotidiennes, notamment leurs devoirs. On travaille beaucoup sur l’estime de l’élève, afin qu’ils dépassent leur handicap et on les pousse à atteindre leurs niveaux scolaires. »

À la rentrée 2021, 451 000 élèves en situation de handicap ont été scolarisés en France dans le premier et le second degré. Parmi eux, 105 909 ont bénéficié du dispositif Ulis, qui octroie notamment un accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH) pour chaque classe. L’Académie de Strasbourg compte 3 723 élèves dans ce dispositif, répartis dans 339 classes Ulis.

Une classe bien vide… Les Ulis sont de plus en plus surchargées Photo : Rue89 Strasbourg

Surcharge et mauvaises orientations

Mais selon Adèle, « dans ma classe, quatre élèves sur douze ont un profil IME ». Dans le jargon, un « profil IME » est un enfant avec un handicap trop lourd pour être en école. Ces enfants devraient bénéficier d’un Institut médico-éducatif (IME), qui propose des accompagnements éducatif, médical, en développement de l’enfant et de soutien à la famille. L’Alsace compte 37 IME pour 2 345 places. 

Adèle poursuit :

« On se retrouve avec des enfants qui hurlent, frappent, baissent leur pantalon… Ils mettent parfois en danger eux-mêmes et les autres. Ils passent pour des bêtes de foire auprès des élèves en milieu ordinaire. Dans ces cas-là, l’école devient maltraitante pour eux.  »

Manque de places en instituts spécialisés

Mais alors comment expliquer la présence d’élèves au profil IME dans les Ulis ? En grande partie par le manque de places en IME. Entre 2012 et 2021, les capacités d’accueil en institut sont restées peu ou prou les mêmes dans le Grand Est. En 2018, le média spécialisé sur le handicap « Faire Face » estimait à 30 000 le nombre de places manquantes en IME en France. Les délais d’attente sont aussi une explication à la présence d’élèves au profil IME en Ulis. Il faut en moyenne attendre deux à trois ans pour voir une place se libérer en institut. Maya en atteste :

« J’ai croisé récemment la maman d’une élève que j’ai eue il y a quatre ans. Elle était sur liste d’attente pour aller en IME. Aujourd’hui, elle commence à peine à avoir deux demi-journées par semaine en institut. Sauf que maintenant, elle a 18 ans. »

Une raison à cette saturation et à ces délais pourrait également résider dans « l’amendement Creton« . Cette mesure prise en 1989 permet le maintien en IME de jeunes adultes ayant dépassé l’âge limite, faute de places dans d’autres structures. Environ 6 000 jeunes adultes bénéficient de cette protection, les IME en accueillent 80,8%. Ce qui représente 8,2% de la capacité d’accueil dans ces instituts, sur les 70 000 places en France.

L’aspect financier pour l’État peut aussi expliquer cette situation. Le dispositif Ulis se résume à une prof supplémentaire et une AESH par classe. Tandis qu’en IME, une équipe pluridisciplinaire est déployée autour de l’enfant, avec des médecins, des éducateurs spécialisées, etc. ainsi que les frais de structure.

Les limites de l’école inclusive

Le nombre d’élèves en situation de handicap n’a cessé de croître en France. Entre 2005 et 2020, le nombre d’enfants en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire a augmenté de 202%. Le gouvernement se félicite d’avoir ouvert entre 2017 et 2021 environ 1 300 classes Ulis. Mais entre 2007 et 2018, les IME en France ont perdu 904 places.

La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République de juillet 2013 consacre le principe d’inclusion scolaire. Concrètement, cela signifie que chaque élève a le droit à une scolarisation en milieu ordinaire. Et que l’école doit s’adapter aux besoins de chacun.

Les effectifs des Ulis sont définis dans une circulaire de l’éducation nationale : 12 élèves maximum dans le premier degré et 10 dans le second. Mais la réalité est toute autre. À la rentrée, Adèle devra s’occuper de 13 élèves dans une école élémentaire tandis que Maya explique « tourner entre 13 et 15 enfants par classe au collège ». Ces classes se retrouvent surchargées.

Tous les élèves impactés

« En septembre, trois enfants arrivent avec une notification pour aller en Ulis. Mais seulement deux d’entre eux pourront bénéficier du dispositif. Ça veut dire que le dernier va se retrouver en milieu ordinaire », s’inquiète Adèle.

Pour faire évoluer la situation dans le bon sens, Adèle souhaite « l’ouverture de nouvelles places en IME pour soulager le dispositif Ulis ». L’institutrice insiste également sur « la difficulté à recruter des AESH ». « C’est un métier difficile et très mal payé. Les conditions sont assez précaires. Si on arrive à faire bouger ces deux choses, la situation en Ulis ne peut que s’améliorer », conclut-elle.

Pour les familles hébergées, la gestion du squat Jacoutot a été « traumatisante »

Pour les familles hébergées, la gestion du squat Jacoutot a été « traumatisante »

Expulsables suite à une décision de justice, les occupants du squat Jacoutot ont quitté les lieux depuis début juin. Sautes d’humeur, bagarres, demandes d’argent… Ils racontent les comportements du principal gérant de ce squat qui aura duré un peu plus d’un mois. Témoignages.

Dans l’ancien bureau des douanes, quai Jacoutot à Strasbourg, des fils électriques sont posés par terre, d’autres pendent des murs. Lina (prénom modifié), d’origine géorgienne, tient à garder l’anonymat, comme les autres personnes interviewées, face aux risques juridiques . . .

Abonnez-vous

Cet article fait partie de l’édition abonnés. Pour lire la suite, profitez d’une offre découverte à 1€.

Contribuez à consolider un média indépendant à Strasbourg, en capacité d’enquêter sur les enjeux locaux.

    Paiement sécurisé
    Sans engagement
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné ?

Connectez-vous

L’investigation locale à portée de main.

Abonnez-vous et profitez d’un accès illimité à Rue89 Strasbourg. Annulez quand vous voulez.

Déjà abonné ? Connectez-vous

Choisissez votre formule :

Manifestation samedi à Strasbourg contre l’annulation du droit à l’avortement aux États-Unis

Manifestation samedi à Strasbourg contre l’annulation du droit à l’avortement aux États-Unis

En soutien aux femmes américaines suite à la décision de la Cour suprême des États-Unis d’annuler le droit fédéral d’interrompre une grossesse, l’antenne bas-rhinoise d’Osez le Féminisme organise une manifestation samedi 2 juillet à Strasbourg.

L’association Osez le féminisme 67 appelle à manifester samedi 2 juillet place Kléber à Strasbourg contre la décision de la Cour suprême des États-Unis du 24 juin annulant l’arrêt « Roe versus Wade ». Cette décision a révoqué le droit fédéral à interrompre volontairement une grossesse (IVG), laissant aux États la capacité de légiférer sur ce sujet. Sept États, comme le Missouri par exemple, ont embrayé en interdisant l’avortement, une douzaine d’États devraient suivre…

L’association Osez le féminisme dénonce dans un communiqué cette interdiction du « recours à l’avortement médical, qui risque de mettre la santé de dizaines de milliers de femmes en danger, contraintes d’utiliser des méthodes d’avortement clandestines. » L’association organise cette manifestation pour protester « face à cet affront fait aux droits fondamentaux des femmes » et en soutien à « nos sœurs américaines victimes du fondamentalisme religieux ».

Manifestation d’Osez le féminisme en 2019 pour défendre le droit à l’IVG Photo : doc remis

Après le rassemblement place Kléber, le cortège prendra la direction du consulat des États-Unis, 14 avenue d’Alsace dans la Neustadt. La manifestation passera par la rue des Grandes-Arcades, rue du Vieux-Marché-aux-Poissons, quai des Bateliers, quai des Pêcheurs et le quai du Maire-Dietrich.

La décision de la Cour suprême survient après une série de coups portés aux droits fondamentaux par les ultra-conservateurs américains, devenus majoritaires au sein du Parti républicain et à la Cour suprême durant le mandat de Donald Trump à la présidence des États-Unis. En France, l’Assemblée nationale pourrait inscrire le droit à l’IVG dans la constitution, afin de le protéger d’un changement de majorité. Seuls quelques députés du Rassemblement national sont contre l’IVG.

Rue89 Strasbourg en déficit de 15 000€ en 2021

Rue89 Strasbourg en déficit de 15 000€ en 2021

Médialab, la société strasbourgeoise qui édite Rue89 Strasbourg, a terminé l’année 2021 avec un déficit de 15 000€. Notre chiffre d’affaires a augmenté, notamment grâce aux abonnements, mais pas assez pour couvrir l’accroissement de la rédaction.

En 2020, Rue89 Strasbourg avait terminé l’année avec un bénéfice de plus de 20 000€. En 2021, notre petite entreprise locale de presse, entièrement indépendante, accuse un déficit de 15 000€. Notre chiffre d’affaires a légèrement progressé de 177 723€ à 180 724€ mais nos dépenses en personnel également (+20%), avec l’embauche d’une quatrième personne à temps plein. La masse salariale représente la majeure partie de nos dépenses : 166 898€ soit 87% de nos charges d’exploitation.

Des prix stables pour 2022 encore

Nous le réaffirmons donc ici : nous ne produisons « que » du journalisme. En tant que média indépendant, chaque euro dépensé chez nous sert à produire des articles et des contenus devant améliorer la connaissance des citoyens sur des sujets qui les concernent. Malgré ce résultat qui inciterait à la prudence, nous allons continuer à investir dans le journalisme d’enquêtes puisqu’en septembre, nous créons un nouveau poste de journaliste permanent, comme permis grâce à la campagne de financement participatif des 10 ans de Rue89 Strasbourg.

C’est pourquoi il est essentiel, plus que jamais, que chaque lecteur et chaque lectrice de Rue89 Strasbourg participe à cette aventure d’un média différent, opiniâtre, indépendant et fouillé, en nous soutenant avec un abonnement. Nos prix sont fixes depuis 2017 (5€ par mois, 50€ par an), malgré le contexte actuel de l’inflation, c’est une bien petite contribution pour qu’existe dans l’Eurométropole un média d’enquêtes.

Fin 2020, Rue89 Strasbourg pouvait compter sur le soutien de 1 138 abonnés. Fin 2021, nous étions à 1 522 abonnés. Environ 550 abonnés permettent de financer un poste de journaliste. Notre point d’équilibre pour une rédaction de cinq journalistes à temps plein et une petite dizaine de pigistes en renfort se situe donc autour de 3 000 abonnés. Il nous faudra de toutes façons progresser encore, puisque nos journalistes permanents sont payés 2 000€ bruts par mois, ce qui n’est pas satisfaisant pour des professionnels qui cumulent des études longues et sélectives, un engagement personnel dans leur travail et une expérience unique.

L’équation économique de Rue89 Strasbourg est la cause la plus probable de l’alopécie précoce du gérant de Rue89 Strasbourg… Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Pour ces raisons, il n’est pas question d’abandonner les autres formes de revenus pour l’instant et notamment la publicité qui représente 39% de nos revenus. Cependant, la frilosité des grands annonceurs et des collectivités vis-à-vis de Rue89 Strasbourg nous fait craindre une stagnation de cette ligne de recettes (voir ci-contre).

Comme chaque année depuis 2018, nous avons bénéficié d’une subvention de 18 000€ du Fonds de soutien aux médias de proximité du ministère de la Culture pour notre opération d’éducation aux médias, Quartiers connectés. Cette opération, qui permet de détecter des sujets absents des thèmes traités par les journalistes grâce à l’écoute d’habitants, a été redéployée en 2022 à la Meinau et au quartier des Écrivains à Schiltigheim, elle se poursuit à l’Elsau.

En 2022, nous avons ajouté deux nouvelles sources de revenus. Rue89 Strasbourg a été habilité à publier les annonces légales et judiciaires, une mesure d’aide à la presse sur le dos des entreprises et des collectivités potentiellement importante mais en réalité assez faible puisqu’elle nécessite que les donneurs d’ordres, principalement les collectivités, les experts-comptables, les notaires et les huissiers de justice changent leurs habitudes… À ce jour, aucune annonce légale n’a été publiée sur Rue89 Strasbourg en provenance des collectivités alsaciennes ou de l’État.

Nous bénéficions aussi d’un partenariat avec Médiapart, dont la société éditrice est actionnaire minoritaire de Médialab depuis 2020. Cet accord annuel rémunère Rue89 Strasbourg pour les reprises de certains de nos articles sur Médiapart.

Les loyers du centre-ville de Strasbourg ont augmenté de 100 euros en cinq ans

Les loyers du centre-ville de Strasbourg ont augmenté de 100 euros en cinq ans

Lisez la suite pour 1€ seulement

    Jouez un rôle actif dans la préservation de la pluralité médiatique Plongez en illimité dans nos articles et enquêtes exclusives Participez librement à la discussion grâce aux « identités multiples »

Je m’abonne 

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné ?

Connectez-vous

L’investigation locale à portée de main.

Abonnez-vous et profitez d’un accès illimité à Rue89 Strasbourg. Annulez quand vous voulez.

Déjà abonné ? Connectez-vous

Choisissez votre formule :

Dimanche 3 juillet, rassemblement à Rhinau contre le projet Europa Vallée 

Dimanche 3 juillet, rassemblement à Rhinau contre le projet Europa Vallée 

Les collectifs « Le chaudron des Alternatives » et « Jetzt Langt’s » organisent le dimanche 3 juillet une manifestation contre le projet Europa Vallée. Le rassemblement est prévu devant la mairie de Rhinau à 11 heures pour ensuite manifester devant le parc d’attractions Europa Park.

Dimanche 3 juillet, les collectifs « Le chaudron des Alternatives » et « Jetzt Langt’s » organisent un rassemblement à Rhinau puis à Rust contre les projets d’expansion économiques et touristique d’Europa Park. Les deux associations militent contre les nuisances produites par le parc d’attraction côté allemand et contre le projet Europa Vallée en Alsace centrale. Le rendez-vous est donné à 11h devant la mairie de Rhinau.

Un pique-nique sera organisé aux alentours de 12h30, toujours à Rhinau. Puis en début d’après-midi, les participants se rendront à vélo de l’autre côté du Rhin, dans la commune allemande de Rust. Objectif : organiser une « vélorution ». Une fois sur place des banderoles seront déployées à Europa Park, sous l’attraction du « Silver Star ». 

Une « vélo’rution » contre Europa Vallée

Les deux collectifs ont des revendications claires. Pour « Jetzt Langt’s », le but est d’exprimer le ras-le-bol d’une partie des habitants de Rust vis-à-vis des nuisances sonores et lumineuses liées à l’activité continue du parc d’attraction. Côté français, ce rassemblement est l’occasion de marquer leur opposition au projet Europa Vallée

Europa Vallée est un projet porté par la famille Mack visant à construire un complexe hôtelier côté français. Localisé entre les communes de Sundhouse et Diebolsheim, le site s’étendrait sur une surface (encore incertaine) de « 50 à 150 hectares » selon nos dernières informations. Le collectif écologiste français voit dans ce projet un risque d’augmentation de la pollution, une destruction de terres agricoles et une mise en péril de la biodiversité en Alsace centrale.

Rassemblement contre le projet Europa Vallée à Marckolsheim, mardi 28 juin Photo : document remis

Un premier rassemblement à Marckolsheim

En amont du rassemblement prévu ce dimanche, une autre manifestation a déjà été organisée mardi 28 juin au matin. L’agence de développement économique d’Alsace (Adira) a organisé ce jour une des deux demi-journées d’ateliers avec différents acteurs des collectivités locales dans le cadre de « l’étude portant sur le développement économique et touristique responsable et durable en Alsace centrale ». Mais ce rapport ressemble beaucoup à une étude de faisabilité d’Europa Vallée, comme l’a analysé Rue89 Strasbourg.

Lors de cette réunion, une trentaine de militants du « Chaudron des Alternatives » ainsi que d’autres collectifs se sont réunis à Marckolsheim dans le but d’afficher leur opposition au projet Europa Vallée. L’idée était également d’interpeller les élus et les acteurs concernés par ce projet. Pascal Lacombe, porte-parole du « Chaudron des Alternatives », raconte :

« On a compté une petite vingtaine de participants à la réunion. Parmi eux, la Chambre de commerce, des représentants de la région et du département, Monique Jung (présidente de l’Adira) ou bien encore Alsace Nature. À nos interpellations nous n’avons eu que des réponses de convenance, sans réel positionnement. Mais on espère voir du monde dimanche prochain, histoire d’envoyer un message fort contre Europa Vallée. »

Au conseil de l’Eurométropole, top départ pour la gare routière des Halles et l’Arena

Au conseil de l’Eurométropole, top départ pour  la gare routière des Halles et l’Arena

Le dernier conseil de l’Eurométropole avant l’été va se pencher sur le déménagement de la gare routière des Halles et les travaux pour l’Arena du club de basket de la SIG. À suivre en direct vidéo à partir de 9h.

Le dernier conseil de l’Eurométropole avant la trêve estivale présente un ordre du jour fourni avec 91 points. Comme à Strasbourg vendredi, la séance de ce mardi 28 juin débutera avec le compte administratif. Il s’agit de l’étude des recettes et dépenses de l’Eurométropole en 2021. La première « année pleine » de la coalition de maires et des écologistes a précédé le quadruplement très contesté du taux d’impôts de l’Eurométropole, soit une hausse de 10 à 15% de la taxe foncière. Ce choix, une ligne rouge pour l’opposition, devrait donc sûrement revenir dans les débats de début de séance.

Débat sur le déménagement de la gare routière

Ce n’est pas le seul point pendant lequel l’assemblée des 33 communes va revenir sur des sujets déjà abordés par le conseil municipal de Strasbourg (prolongation de la ligne G, déménagement du Wagon souk, implantation d’un commerce à l’Elsau, etc…). Ce sera notamment le cas du déménagement de la gare routière à l’arrière de la place des Halles (point 8). Le débat pourrait y être plus intéressant, puisqu’il prendra en compte l’avis des maires de première et deuxième couronne sur cette infrastructure, qui concerne davantage ces habitants que les Strasbourgeois.

En 2020, c’est notamment l’absence de solution sérieuse pour le déménagement de la gare routière, soulevé par différents maires dont l’actuelle présidente de l’Eurométropole Pia Imbs, qui avait amené l’ancien président Robert Herrmann (PS) à retirer le vote sur le déménagement du cinéma Vox à cet endroit.

Les bus continueraient de déposer des voyageurs place des Halles, mais sans y stationner. Photo : doc Eurometropole

Une « gare de passage »

Le nouveau projet prévoit de transformer le terminus actuel des autocars de la CTBR en « gare de passage ». Le détail des aménagements de la place (où s’arrêteront les autobus, les piétons, les vélos, quel agrandissement pour le square, etc.) sera soumis à une concertation du 12 septembre au 8 novembre. Les autocars, eux, auront pour nouveau terminus l’arrière de la gare ferroviaire.

Dans un premier temps, l’Eurométropole va créer quelques arrêts de bus temporaires rue du rempart, du côté nord près de la rue Wodli et de la Grenze. Ces solutions convaincront-elles davantage que celles d’il y a deux ans ? À moyen et long terme, il est question d’aménager une vraie gare routière et ouvrir la gare ferroviaire « à 360 degrés ». Une vielle idée d’urbanisme qui entrainera d’âpres discussions avec la SNCF, qui réinvestit dans son centre d’entretien des trains (28 millions d’euros) à cet endroit. L’exécutif a plusieurs front à mener, car il n’est déjà pas satisfait des évolutions à l’intérieur de la gare. Des travaux prévoient plus de place aux commerces et moins pour les passagers… qui devraient augmenter avec le Réseau express métropolitain à partir de décembre 2022.

Bus, trains, autocars et tram, l’Eurométropole souhaite que le secteur Halles/Gare soit une porte d’entrée de la ville en transports en commun. Photo : doc Eurométropole

Enfin des travaux pour l’Arena de la SIG ?

L’autre gros point à l’ordre du jour concerne l’Arena de l’équipe de basket de la SIG : un agrandissement du Rhenus actuel pour le porter de 6 100 à 8 500 places. À l’instar du stade de la Meinau, c’est un projet que les écologistes ont critiqué lors du mandat précédent, mais qu’ils ont décidé de mener à bien, quitte à reprendre plusieurs aspects.

« C’est un dossier complexe qui ne voyait pas le jour sous l’ancien exécutif », résume le vice-président aux Sports, Vincent Debes (divers droite), déjà partie prenante de la précédente majorité. C’est déjà la deuxième fois que la nouvelle majorité délibère sur ce dossier, dont les prémisses remontent à 2015 (lire nos articles).

Mais cette fois, l’Eurométropole pense avoir trouvé le bon équilibre. Elle a listé les dernières « conditions suspensives » à la signature d’un bail emphytéotique de 50 ans avec le club pour le déclenchement des travaux. Parmi celles-ci, la transmission des derniers contrats de travaux, un pacte d’actionnaire stabilisé et la signature définitive des emprunts avec les banques. La collectivité compte signer ce bail durant l’été. La démolition du Rhenus nord, où sera construit un terrain d’entrainement, a de son côté débuté.

Les ajouts des écologistes pour le projet Rhenus

L’opération vise à créer un grand parvis de plein pied face au Parlement européen. La nouvelle entrée du Rhenus s’y trouvera avec davantage de surfaces commerciales qu’initialement imaginé. Parmi les enseignes envisagées dans le quartier Archipel : une crèche, de la restauration et une salle de sport. La possibilité d’une extension future à 10 000 places a été abandonnée, ce qui facilite les travaux de surélévation de la toiture. Enfin, sur la toiture justement, des panneaux photovoltaïques seront ajoutés.

Côté business, l’Arena ne devra pas accueillir des spectacles et concerts qui peuvent se tenir au Zénith ou du Palais de la Musique et des Congrès. Le lieu pourra en revanche tenir des congrès « en partenariat » avec Strasbourg Événements et le parc des expositions, pour 5 000 à 8 000 personnes, des repas de gala jusqu’à 2000 convives ou des séminaires jusqu’à 500 participants.

Un coût passé de 40 à plus de 46 millions d’euros

Avec le renchérissement des matières premières et les modifications du projet, son coût est passé de 40,2 à 46,1 millions d’euros. Un différentiel supporté par le club, qui va augmenter son emprunt bancaire, pour s’élever jusqu’à 23 millions d’euros. Les subventions des trois collectivités (Eurométropole, Région Grand Est, Collectivité d’Alsace) sont toujours de 17,1 millions d’euros.

Objectif : premiers matchs dans ce nouvel écrin à partir de la rentrée 2024 ou la saison suivante. Pendant quelques mois de gros œuvre, les matches devront d’ailleurs trouver un lieu de repli, qui reste à déterminer.

Agriculture dans les quartiers et aéroports

Parmi les autres points, il sera aussi question d’installer des agriculteurs sur des petites parcelles des quartiers prioritaires de la ville (QPV) : au Neuhof (100 ares), à l’Elsau (80 ares), à la Cité de l’Ill (80 ares) et aux Écrivains (25 ares )à Schiltigheim-Bischheim. Avec le programme des « Cités fertiles », Strasbourg a récupéré des financements à hauteur de 653 250 euros (point 9). Le conseil de l’Eurométropole devra aussi se décider sur une aide à hauteur deux millions d’euros pour permettre à l’aéroport d’investir dans la rénovation des chaussées, la modernisation de l’éclairage, un pavillon d’honneur pour les diplomates, une centrale biomasse, etc (point 23).

Ce long conseil devrait se terminer dans l’après-midi, mais pas trop tard. Car à 16h30, les principaux élus d’Alsace sont tous attendus pour le lancement de la chaîne d’info en continu BFM Alsace.

Deux hooligans de Strasbourg Offender concernés par les perquisitions d’armes dans la mouvance néonazie

Deux hooligans de Strasbourg Offender concernés par les perquisitions d’armes dans la mouvance néonazie

Rodolphe et Alexis C. figurent parmi les cinq cibles des perquisitions dans la mouvance néonazie réalisée en Alsace le 31 mai 2022. Tous deux membres du groupuscule de hooligans néonazis Strasbourg Offender, Alexis est le seul à avoir été mis en examen pour trafic d’armes illégal.

Le soleil ne s’est pas encore levé lorsque des militaires encagoulés investissent la rue des Framboises à Villé dans le Bas-Rhin. Mardi 31 mai, 200 gendarmes de différentes unités appuyées par le GIGN sont déployés . . .

Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous

Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture

Abonnez-vous
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné ?

Connectez-vous

L’investigation locale à portée de main.

Abonnez-vous et profitez d’un accès illimité à Rue89 Strasbourg. Annulez quand vous voulez.

Déjà abonné ? Connectez-vous

Choisissez votre formule :
#trafic d'armes

Un livreur agressé à Strasbourg, Uber Eats lui suspend son compte, Axa refuse de l’indemniser

Un livreur agressé à Strasbourg, Uber Eats lui suspend son compte, Axa refuse de l’indemniser

Un livreur d’Uber Eats a porté plainte pour agression suivie du vol de sa trottinette électrique, le 31 mai, dans le centre-ville de Strasbourg. Depuis, la société américaine lui a suspendu son compte et l’assurance Axa refuse de l’indemniser.

Teddy Samson, un jeune de 24 ans, travaille en tant que coursier pour l’entreprise californienne Uber Eats depuis fin 2019. Il s’est fait agresser, le mardi 31 mai aux alentours de 18h, près de la pharmacie de la Cigogne située Grand’Rue. Le livreur attendait une commande en fumant une cigarette. Puis soudain, le livreur est intimidé et menacé. L’agresseuse va tout d’abord réussir à lui prendre les clés de sa trottinette électrique avant de commencer à le racketter.

Teddy Samson, livreur Uber Eats agressé dans la soirée du 31 mai 2022. Photo : Achraf El Barhrassi / Rue89 Strasbourg /cc

Une agression par une « femme très violente »

Teddy Samson dit avoir été agressé par une femme « de forte corpulence et très violente ». « Elle m’a craché plusieurs fois au visage. Elle m’a demandé 100 euros pour qu’elle me redonne les clés de ma trottinette, sinon elle allait les jeter dans l’eau », raconte le jeune homme. 

Effrayé par la violence de son agresseuse et empêché de prendre la fuite en courant par des problèmes de santé, le jeune livreur accepte de l’accompagner vers un distributeur. « J’ai cédé sous la peur et les menaces. Elle avait des gants de moto coqués. Je ne voulais pas avoir des dégâts physiques et perdre ma trottinette, mon seul outil de travail », indique-t-il. 

Arrivés rue Adolphe-Seyboth, « elle m’a roué de plusieurs coups de poings, dont un énorme coup au niveau de la tempe droite », se souvient Teddy Samson. Il revoit son agresseuse « récupérer sa trottinette, l’allumer et partir avec en direction de la rue du Faubourg-National », le laissant au sol « en pleurs et en sang ». Dans cette petite rue, « plusieurs personnes ont assisté à la scène et ont appelé la police et les pompiers », raconte-t-il.

Transporté aux urgences du CHU de Hautepierre, le livreur présente un hématome à la tempe, côté droit, qui l’empêchait d’ouvrir l’œil. Un certificat d’hospitalisation, que Rue89 Strasbourg a pu consulter, atteste d’une prise en charge de Teddy Samson du 31 mai au 1er juin 2022. En plus des dégâts physiques, s’ajoute la souffrance morale. « J’ai perdu mon travail du jour au lendemain. Je n’ai plus rien. J’avais des idées noires, je voulais en finir », raconte le coursier.

« Uber Eats refuse de m’indemniser »

Teddy Samson a informé Uber Eats de son agression en leur présentant tous les documents en sa possession, dont la plainte que Rue89 Strasbourg a pu consulter. Mais l’entreprise américaine l’a redirigé vers son assureur partenaire Axa… qui a répondu négativement à sa demande d’indemnisation :

« Nous ne sommes malheureusement pas en mesure de répondre favorablement à votre demande d’indemnisation d’arrêt de travail du 01.06.2022. Votre arrêt de travail doit être supérieur au délai de carence contractuel de sept jours, appliqué pour toute maladie non professionnelle. Or votre arrêt ne respecte pas cette durée minimale. Nous regrettons ce refus contractuel et procédons à la clôture de votre dossier. »

« Uber Eats refuse de m’indemniser. Je me retrouve sans revenu aujourd’hui, déplore le livreur dont le compte a été bloqué depuis sa demande d’indemnisation. Il n’y a aucun soutien de leur part. Ils ne se soucient pas de mon état général et ils me laissent sans rien. », ajoute-t-il. En trois ans, Teddy Samson avait effectué plus de 3000 livraisons pour l’entreprise américaine.

« Nous vous préviendrons quand vous pourrez effectuer des courses », indique l’application UberEats de Teddy Samson depuis qu’il a demandé à être indemnisé pour son agression et le vol de sa trottinette. Photo : Document remis

Au commissariat de Sélestat, Merter Keskin est décédé après avoir subi un plaquage ventral de plus de trois minutes

Au commissariat de Sélestat, Merter Keskin est décédé après avoir subi un plaquage ventral de plus de trois minutes

Dans la nuit du 12 au 13 janvier 2021, Merter Keskin est décédé au commissariat de Sélestat. La version officielle attribue ce décès à un arrêt cardiaque à la suite d’une prise de cocaïne. Mais le journal Libération a publié des images de vidéosurveillance de la cellule qui montrent le gardé à vue subissant un plaquage ventral de trois minutes 30. 

Libération a obtenu des images de vidéosurveillance du commissariat de Sélestat montrant qu’après son interpellation dans la nuit du 12 au 13 janvier 2021, Merter Keskin a subi un plaquage ventral de près de trois minutes trente dans sa cellule. Cette technique d’immobilisation au sol est contestée d’autant qu’elle est mise en cause dans le décès d’Adama Traoré en 2016 ou de Cédric Chouviat en 2020. Décédé au cours de sa garde à vue, la vidéo remet en question la version officielle attribuant la mort de Merter Keskin à une hyperventilation et une prise de cocaïne. 

Le journal détaille qu’à son arrivée au commissariat de Sélestat, l’homme de 35 ans apparaît la bouche en sang. L’autopsie révèle qu’il a perdu une dent tandis que l’incisive adjacente est branlante. Toujours d’après les informations de Libération, les policiers se défendent en décrivant Merter Keskin comme un homme agité, « donnant des coups de téléphone sur le sol, et contre sa tête ».

Le plaquage ventral une fois de plus mis en cause dans un décès suite à une interpellation Photo : Evan Lemoine / Rue89 Strasbourg / cc

Le plaquage ventral mis en cause

Au poste, Merter Keskin se plaint de douleurs au cœur. Il est escorté par deux fonctionnaires de police en cellule. À ce stade, les témoignages des deux policiers divergent, indique l’article. L’un assure que Merter Keskin est agité tandis que le second le trouve toujours calme. Comme l’écrit Libération, « les images de vidéosurveillance de la geôle valident plutôt cette seconde version : l’interpellé ne s’agite pas, il est même immobile, les mains toujours menottées dans le dos, sur la couchette en béton où les deux fonctionnaires l’ont allongé à plat ventre – ce qui constitue un plaquage ventral. » 

Toujours d’après les images de vidéosurveillance, Merter Keskin commence à s’agiter une fois dans la cellule. Deux autres policiers viennent alors en renfort de leurs collègues. « À l’image, la manœuvre parait brouillonne, désordonnée, et surtout interminable », note Libération. Les policiers n’arrivent pas à retirer les menottes de l’interpellé. Plus les secondes passent, moins Merter Keskin se débat. Au bout de ces trois minutes trente de plaquage ventral, le corps du trentenaire est inanimé. Les policiers tentent un massage cardiaque. En vain. Le décès de Merter Keskin est constaté à 5h du matin le 13 janvier 2021. 

Des zones d’ombre à éclaircir

Le parquet de Colmar a ouvert une enquête en février 2021. L’expertise médicale a conclu à une « intoxication potentiellement létale à la cocaïne ». De son côté, la défense de la famille Keskin a fait une demande de contre-expertise. Elle estime « que les gestes exercés par les policiers ont été balayés des premières conclusions », comme l’écrit Libération. 

Un quart des cours d’eau d’Alsace très pollués par les pesticides

Un quart des cours d’eau d’Alsace très pollués par les pesticides

L’Agence de l’eau Rhin-Meuse recense 63 cours d’eau en mauvais état écologique, dont 17 en Alsace. La France a jusqu’à 2027 pour répondre aux normes de qualité de la directive cadre européenne sur l’eau. Mais les obstacles pour atteindre le bon état des cours d’eau sont nombreux.

Les eaux des rivières sont toujours en mauvais état en France. 38% des cours d’eau français sont considérés en mauvais état écologique, c’est-à-dire que la qualité de l’eau est trop mauvaise pour permettre à la vie aquatique (animale et végétale) de s’y développer correctement. 16,2 % d’entre eux sont par ailleurs en mauvais état chimique, c’est-à-dire qu’ils contiennent des substances dans des quantités toxiques pour la vie aquatique.

Ces indicateurs de bon ou mauvais état des cours d’eau ont été définis par la Directive sur l’eau adoptée par l’Union européenne en 2000. Cette directive fixe les règles pour que les eaux soient en « bon état » avant 2027. Pour effectuer ses contrôles de qualité des eaux de surface, les agences de l’eau ont chacune en charge un « bassin », c’est-à-dire un périmètre qui comprend certains cours d’eaux et leurs affluents. L’agence de l’eau découpe ensuite le bassin en des « masses d’eau » pour d’évaluer l’état individuel de chaque bout de rivière, surtout quand celles-ci sont grandes. Le bassin Rhin-Meuse comprend 614 masses d’eau. Parmi celles-ci, 10% d’entre elles sont en mauvais état écologique, et 54% en mauvais état chimique.

23,18% des cours d’eau en mauvais état écologique en Alsace

Un bon état écologique signifie que le cours d’eau permet l’existence d’une vie végétale riche et variée, ne contient pas ou peu de produits toxiques et qu’il y a suffisamment d’eau.

Corinne Grac, enseignante-chercheuse en hydroécologie de l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg (ENGEES), explique :

« Un bon état signifie que l’on a des conditions qui sont proches de l’état naturel du cours d’eau et que l’eau n’a pas ou presque été altérée par les activités humaines. C’est quand l’indicateur est bleu ou vert. Si c’est jaune, orange ou rouge, on s’éloigne de l’état naturel du cours d’eau donc il y a quelque chose d’anormal. Cela peut être parce qu’il y a trop ou pas assez de poissons par exemple, ou que l’eau est trop riche de certaines substances ou trop pauvre en oxygène. »

En Alsace, ce sont 233 morceaux de rivières qui sont actuellement contrôlées sur les deux départements. Près d’un quart, 54 sont en état mauvais ou médiocre.

Des pollutions d’eaux résiduaires urbaines qui asphyxient la vie aquatique

Les rejets d’eaux usées dans le milieu naturel forment les premières causes d’apports des nutriments dans l’eau. Cet apport se fait par des rejets directs. Cela arrive notamment dans les zones rurales où les réseaux d’assainissements sont vieillissants et déversent des eaux usées mal traitées dans le milieu naturel. En Alsace, cela concerne au moins les communes des sept secteurs d’assainissements (Buhl, Waldighoffen, Reichshoffen, Bollwiller, Masevaux, Sentheim, Cernay) sous le coup d’une mesure précontentieuse de l’Union Européenne parce que l’assainissement n’est pas aux normes.

Guillaume Demortier, responsable de pôle à l’agence de l’eau Rhin-Meuse, détaille :

« Dans les grosses stations d’épuration, on va filtrer et réduire les taux de nutriments (nitrates, phosphores) qui sont présents dans les eaux traitées. Là où c’est le plus compliqué, c’est pour les petites collectivités qui n’ont pas les moyens de réaliser les travaux nécessaires pour effectuer ces traitements. Certaines communes ont des habitations qui déversent directement dans les rivières. D’autres dépendent de systèmes d’assainissements qui ne sont pas assez performants. »

Les rejets de matières organiques ont aussi pour conséquence de réduire le taux d’oxygène dans le ruisseau, qui est un paramètre vital pour la plupart des organismes aquatiques, explique Guillaume Demortier :

« La mauvaise oxygénation des cours d’eau est liée à la pollution organique. Les eaux usées des habitations vont être rejetées dans l’eau, à cause des fuites ou bien des déversoirs d’orage. Cela va consommer de l’oxygène dont les organismes aquatiques ont besoin pour vivre. »

En Alsace, 53,67% des masses d’eau sont dans un mauvais état chimique

Un autre état qui permet d’évaluer la qualité des cours d’eau est l’état chimique, une appréciation à partir de la présence de 41 substances pour lesquelles les normes de qualité environnementales (NQE) sont fixées pour tous les pays de l’UE. Sur 233 portions de rivières contrôlées en Alsace par l’agence de l’eau, 125 ne sont pas en bon état chimique et 58 n’ont pas été mesurées.

Isabelle Combroux, chercheuse à l’Université de Strasbourg spécialisée en restauration écologique des milieux aquatiques, précise :

« Ce n’est pas simplement l’apport d’un élément chimique qui va déclencher l’apparition ou la disparition d’un organisme aquatique, mais plutôt un ensemble d’éléments. Cela peut aussi être lié à l’infrastructure du ruisseau : si les berges sont bétonnées par exemple, cela va altérer la présence de végétaux dans le cours d’eau et donc la présence d’organismes… »

Des hydrocarbures cancérigènes liés aux voitures

Parmi les substances les plus problématiques pour l’état chimique des cours d’eau, il y a les hydrocarbures polycycliques aromatiques (HAP), extrêmement cancérigènes. Toutes les masses d’eau en « mauvais état chimique » en contiennent, sous forme de benzo(a)pyrène ou de fluoranthène. Ces hydrocarbures sont en grande partie produits par la combustion et sont largement issus des zones urbaines et des usines. Malgré leur toxicité, Corinne Grac de l’Engees explique :

« Ces hydrocarbures sont produits par la combustion, ce que rejettent les moteurs des voitures par exemple. Ils sont naturellement présents dans les combustibles fossiles comme le carburant. Ils vont se retrouver dans l’eau par le lessivage des routes par les eaux de pluies. »

Des métaux liés à l’industrie

On trouve aussi dans les cours d’eaux certains métaux qui proviennent le plus souvent de l’industrie. C’est par exemple le cas du mercure, dont les seuils sont supérieurs à la réglementation dans cinq cours d’eau d’Alsace : La Thur, le Rhin, la Lauch et le canal de Thann-Cernay. Il convient de noter qu’il n’est pas contrôlé partout, mais seulement dans 121 masses d’eau d’Alsace sur 233.

Corine Grac prend l’exemple de la Thur, un affluant de l’Ill, qui contient des taux de mercure supérieurs aux seuils réglementaires. Les rejets provenaient de l’usine chimique Vynova PPC, située à Thann et qui en utilisait dans son processus de fabrication de chlore. Le site a été contraint de changer ce processus de production à partir de 2017, suite son interdiction par l’Union Européenne. L’hydro-toxicologue explique que les métaux issus de l’industrie sont moins rejetés dans l’eau depuis ces réglementations :

« La réglementation sur les rejets de toxiques dans les milieux naturels a beaucoup évolué depuis vingt ans. Les rejets industriels sont maintenant limités par la police de l’eau qui applique les directives européennes. Mais malgré une baisse de ces rejets, certaines de ces substances sont maintenant là de manière persistante, comme le mercure par exemple. »

Des substances chimiques liées à l’agriculture

En dehors des aires urbaines et industrielles, l’agence de l’eau Rhin-Meuse estime que la moitié des eaux superficielles des rivières du bassin Rhin-Meuse sont soumises à des pollutions agricoles. Cela inclue les pesticides mais aussi les nitrates présents dans les engrais.

Des substances interdites mais persistantes

Corinne Grac de l’Engees détaille :

« Il y a eu plusieurs générations de pesticides. Durant le XXe siècle, on utilisait par exemple des DDT organochlorés, qui ont été interdits en 1970 car nocifs pour la biodiversité. Ces premières générations de pesticides sont composés à partir de molécules tellement rémanentes qu’on les retrouve toujours dans les eaux et les sols. »

C’est le cas de l’isoproturon, une substance toxique pour les organismes aquatiques, interdite à l’achat par l’Union Européenne et retirée du marché en 2017. Cette substance est pourtant encore mesurée dans 100 cours d’eau en Alsace, particulièrement dans la rivière du Seltzbach, affluent de la Sauer, dont le seuil est supérieur au seuil réglementaire. Situé dans une zone fortement agricole, le périmètre qui encadre les zones de passage du Seltzbach et de ses affluents comprend 14 installations particulièrement polluantes, notamment des élevages.

Le délétère cycle des réglementations et des nouveaux polluants

L’Union européenne interdit de plus en plus de molécules actives présentes dans les produits phytosanitaire mais l’industrie chimique réplique avec de nouveaux produits, comme l’explique Guillaume Demortier de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse :

« L’isoproturon servait à traiter les céréales en hiver. Après son interdiction, il a été remplacé par diflufénicanil, qui est pourtant considéré comme néfaste pour les organismes aquatiques avec des effets à long terme par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire). »

Le diflufénicanil est présent dans la Souffel, une rivière du Kochersberg dont Rue89 Strasbourg avait déjà évoqué l’état pollué. Cette substance y est présente en quantité trop importante (0,0102 microgrammes par litre), légèrement au dessus du seuil légal (0,01 µg/l). Toujours selon L’Anses en 2018, l’utilisation du diflufénicanil a plus que doublé sur les grandes cultures entre 2009 et 2017, passant de 168,4 tonnes pulvérisées en 2009 à 407,3 tonnes en 2017, juste après l’interdiction de l’isoproturon.

Le glyphosate dans la moitié des cours d’eau alsaciens

Le glyphosate est présent dans 44% des masses d’eau d’Alsace. Cette substance est utilisée pour le désherbage et est considérée comme « probablement cancérigène » par l’Organisation mondiale de la Santé. Elle ne fait pas partie des substances interdites par l’Union européenne, mais ses achats sont contrôlés.

Là encore, Claire Joachim, maître de conférences en droit public spécialisée dans l’environnement à l’Université de Poitiers, pointe une limite dans ces mesures de contrôle des achats de produits phytosanitaires :

« Pour limiter les usages, on va contrôler l’achat en tonnes de produits phytosanitaires effectué sur une année par les agriculteurs. Entre 2018 et 2019, ces achats de substances actives ont baissé de 23,8%. Donc on se dit que c’est bien et qu’on en utilise moins sauf qu’en réalité, ces produits sont progressivement remplacés par d’autres, plus polluants, mais achetés en plus petites quantités. On se base sur les factures mais pas sur l’utilisation réelle. »

Une augmentation des seuils d’interdiction

Corinne Grac de l’Engees dénonce une hypocrisie et des seuils trop hauts :

« La limite de taux de glyphosate dans l’eau était de 2 microgrammes par litre (µg/l) dans l’ancien système d’évaluation de la qualité des cours d’eau appliqué jusqu’en 2004. Au-dessus de ce seuil, on était donc dans le rouge. Avec le guide d’évaluation des eaux de surface de 2019 issu de la directive, il faut dépasser les 28 µg/l d’eau pour être dans le rouge, soit 14 fois plus que 15 ans plus tôt ! »

La rivière de l’Ehn, qui passe à Obernai, était contrôlée en état écologique moyen en 2018 à Bœrsch, trois kilomètres plus haut. Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc

1,7 milliard pour soigner les cours d’eau

Plus concret que l’état chimique, l’état écologique est le principal objectif d’amélioration de la directive européenne sur l’eau. Le 18 mars, l’agence de l’eau Rhin-Meuse a adopté un schéma directeur, appelé Sdage (Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux) qui détaille une série d’actions nécessaires pour atteindre 52% de masses d’eau en « bon état écologique » d’ici 2027. Ce Sdage est financé par 1,7 milliard d’euros en provenance de l’État et des collectivités locales. À ce jour, seules 35% des masses d’eau de surface sont en « bon état écologique ».

Guillaume Demortier de l’Agence de l’eau s’attend à une série de difficultés :

« Améliorer l’état écologique d’un cours d’eau nécessite la mise en œuvre de politiques sur plusieurs plans, mobiliser les maitres d’ouvrage pour qu’ils remettent les cours d’eau dans l’état le plus naturel possible, des travaux sur le réseau… Cela passe aussi par des actions sur le cours d’eau lui-même, comme replanter des végétations qui ont été retirées. »

L’objectif de « bon état chimique » est quant à lui fixé à 67% des masses d’eau mais la stratégie à adopter pour y parvenir est moins claire selon Florence Chaffarod, directrice déléguée à la communication de l’agence de l’eau :

« Pour les industriels qui rejettent encore des substances toxiques à éliminer en priorité, l’agence va encourager les bonnes pratiques pour réduire leur usage. Pour les agriculteurs, il sera demandé de modifier leurs usages de produits phytosanitaires, ou dans la mesure du possible, de passer à l’agriculture biologique, ou d’implanter des cultures à bas niveau d’impact. »

La police de l’eau et la Dreal sont les agents de l’Etat chargés de ces contrôles. Mais la préfecture du Bas-Rhin leur ont interdit de répondre aux questions de Rue89 Strasbourg. Difficile donc de savoir si cette politique de réduction des substances chimiques dans les cours d’eau reposera sur des contrôles stricts ou sur le volontariat des industriels.