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Au ministère de l’Industrie : aucune garantie sur les emplois à Clestra, la grève se poursuit

Au ministère de l’Industrie : aucune garantie sur les emplois à Clestra, la grève se poursuit

En déplacement au ministère de l’Industrie, la délégation syndicale CGT de Clestra n’a pas obtenu satisfaction quant au maintien des emplois à l’usine d’Illkirch-Graffenstaden. La grève de l’ensemble des salariés de production entre dans son troisième mois.

« Là il y a un dialogue de sourds », constate un syndicaliste CGT de Clestra, au troisième étage du bâtiment Colbert du ministère de la souveraineté industrielle à Paris. Il est environ 11 heures, ce mardi 5 septembre. Dans une pièce cloisonnée, peut-être même fabriquée par Clestra, une délégation syndicale de l’usine d’Illkirch-Graffenstaden sort d’une heure de négociations avec Rémi Taieb, président de la société Unterland, nouveau nom de la société Clestra Metal et, fait rare et obtenu de haute lutte, Alexandre et Romain Jacot, actionnaires du groupe Jestia, repreneur de Clestra en octobre 2022.

Organisée par la Direction interministérielle aux restructurations d’entreprises, la table-ronde devait trouver une issue au conflit social qui dure depuis le 3 juillet, avec la grève de la quasi-totalité des ouvriers alsaciens. Mais rapidement, les échanges se sont tendus et à l’issue, direction et ouvriers sont à nouveau dans une impasse.

Les assurances de la direction pas suffisantes

« La direction affirme que tous les emplois pourront être maintenus dans la future usine. Mais l’usine doit déménager d’un site de 35 000 mètres carrés vers un autre de 10 000 mètres carrés. Pour nous ce n’est pas faisable de maintenir nos lignes de production, ne serait-ce que mathématiquement. Donc on attend un engagement écrit qui certifie que tous les emplois seront maintenus dans la nouvelle usine », affirme le délégué syndical et responsable régional de la CGT Métallurgie Amar Ladraa à la sortie de la table-ronde.

La direction de Clestra et ses actionnaires n’ont donc toujours pas répondu à la première revendication des responsables syndicaux de l’entreprise, soutenus par la grève de 90% des ouvriers. Ce conflit n’a connu aucune évolution depuis le début du mouvement. Après trois mois de blocage total, le groupe Jestia semble incapable d’assurer aux salariés que leurs postes seront maintenus après la deuxième phase de déménagement des lignes de production d’Illkirch-Graffenstaden vers le Port du Rhin à Strasbourg.

Au contraire même : après la réunion, les délégués syndicaux ont le sentiment que des suppressions d’emplois vont être annoncées. Dans un communiqué diffusé dans l’après-midi, la direction de Clestra a déploré que la réunion « n’ait produit aucune avancée » et a rappelé que l’entreprise « fait face à des difficultés financières depuis plus de 10 ans » et que « les prévisions d’activité (…) ont été mises à mal par les semaines de grève ». Pour la direction, le point de blocage est plutôt l’exigence par la CGT que les semaines de grève soient payées.

Amar Ladraa, délégué syndical CGT chez Clestra, devant le ministère de l’Industrie à Paris. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Le nombre de postes maintenus est à l’origine de la grève à Clestra. Après un licenciement jugé injustifié, les ouvriers soupçonnent le groupe Jestia de vouloir réduire petit à petit les missions de l’usine illkirchoise, et donc le nombre d’ouvriers alsaciens, pour les transférer vers d’autres sites du groupe. Depuis le début du mouvement social, Amar Ladraa accuse régulièrement la direction de mener un « plan social déguisé » en mettant en avant le déménagement de l’usine vers un site cinq fois plus petit.

De son côté, la direction avance que le déménagement de l’usine est motivé par un site illkirchois surdimensionné par rapport aux besoins, ce que le syndicat CGT de Clestra reconnaît. Mais les licenciements sans remplacement, les suppressions de postes, et l’opacité de la politique des ressources humaines de Clestra inquiètent les ouvriers, qui questionnent leur direction à ce sujet depuis mars. Comment vont s’aménager les postes liés à la peinture, l’assemblage, le vitrage et l’expédition des cloisons… Combien de postes seront conservés sur le site du Port du Rhin ? Les ouvriers ne parviennent pas à obtenir des réponses à ces interrogations.

Renvoi au 8 septembre

Ce n’est pas la première fois qu’une médiation entre les responsables syndicaux et la direction de Clestra échoue. En juillet, trois réunions à la Direction régionale de l’économie à Strasbourg ont eu lieu, sans qu’un accord puisse être trouvé pour mettre fin au conflit social. Mardi à Paris, la réunion s’est terminée à la demande d’un agent du ministère de l’Industrie qui a proposé, selon nos informations, que chaque partie rédige avant vendredi 8 septembre ses conditions pour conclure la « paix sociale » et reprendre la production. La délégation syndicale CGT doit quant à elle préciser ce qu’elle attend comme garanties de Jestia.

« On va manger quoi ce soir ? »

Interrogés à l’issue de la réunion, le président d’Unterland – Clestra, Rémi Taieb, et les dirigeants du groupe Jestia, Alexandre et Romain Jacot, n’ont pas souhaité répondre aux questions de Rue89 Strasbourg.

Du côté de la délégation syndicale, c’est la déception et la colère qui priment. À la fin de la réunion, l’assembleur au vitrage et délégué syndical CGT Ali Mansouri s’est emporté devant l’agent du ministère de l’Industrie :

« On va manger quoi ce soir ? Vous attendez quoi ? Que quelqu’un se suicide ? Deux mois qu’il n’y a pas un centime qui est rentré dans les comptes des familles ! Heureusement qu’il y a la solidarité. Vous nous dites “reprenez le travail” ? Comment je fais moi, j’habite à 60 kilomètres de l’usine, j’y vais comment avec le prix de l’essence ? »

De gauche à droite : Romain Jacot et Alexandre Jacot, repreneurs de la société Clestra en octobre 2022, et le président de la société Unterland Rémi Taieb. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Mercredi 6 septembre, Amar Ladraa et la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet seront reçus en fin d’après-midi par le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure.

Deux mois après les émeutes, une rentrée scolaire très politique à Cronenbourg

Deux mois après les émeutes, une rentrée scolaire très politique à Cronenbourg

Deux mois après les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel à Nanterre, le quartier Cronenbourg a fait l’objet de toutes les attentions de la classe politique alsacienne pour la rentrée des classes, ce lundi 4 septembre.

À l’école Paul Langevin, dans le quartier de Cronenbourg, deux faunes distinctes se partagent la cour de récréation, ce lundi 4 septembre. L’une paraît studieuse, concentrée, prête pour l’année qui démarre. L’autre est plus dissipée. C’est le groupe d’élus et d’agents de la Ville, de l’Académie ou de la préfecture. Tous accompagnent la visite de leurs « chefs », la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EELV), la préfète du Grand-Est, Josiane Chevalier, et le recteur Olivier Faron.

Cette année, tous les trois se sont accordés pour démarrer leur tournée des visites d’établissements scolaires à Cronenbourg. Deux mois plus tôt, le 27 juin, le quartier avait été particulièrement touché par les émeutes ayant suivi la mort du jeune Nahel à Nanterre. Le collège Sophie Germain et l’école Marguerite Perey ont été la cible d’incendies ; ce dernier établissement restera d’ailleurs fermé pour la rentrée. Les enfants sont notamment redirigés vers l’école Langevin.

Une partie des élèves de l’école Marguerite Perey ira à l’école Langevin, jusqu’aux vacances de la Toussaint (Photo RG / Rue89 Strasbourg / cc).

Après l’incendie, rassurer les parents

« Quels retours avez-vous sur la manière dont les choses évoluent ? » interroge Jeanne Barseghian, dès les premières minutes de la visite. En face, une psychologue scolaire se veut rassurante : « On a terminé l’année assez sereinement. On a vu l’équipe enseignante être très mobilisée, grâce à eux les enfants s’adaptent très bien. Ce sont les parents qui ont peut être le plus besoin d’être rassurés. » Une présence accrue des psychologues scolaires sera assurée au sein de l’établissement.

De gauche à droite, la préfète du Grand Est Josiane Chevalier, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian et l’adjointe chargée de la démocratie locale, Carole Zielinski. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc

Après un premier échange avec les directrices des écoles Langevin et Perey, le cortège d’officiels monte vers les classes. Bouches ouvertes, les enfants de 7 à 8 ans regardent éberlués la maire et la préfète devant leur tableau. Même briefés en amont par la maîtresse, pas sûr qu’ils saisissent tous la situation. Autour d’eux, des élues municipales – Carole Zielinski, Christelle Wieder et Hülliya Turan – le député de la 3e circonscription Bruno Studer (Renaissance) et des dizaines d’agents se pressent, en plus des journalistes. « Je sais pas c’est quoi la politique, moi j’ai envie de travailler », répond le petit Léandro, en se tordant les doigts dans la bouche.

« On a œuvré pour que les enfants soient sereins »

Une heure plus tard, l’inspection s’achève déjà. Alors que la municipalité avait prévu en parallèle cinq autres déplacements dans autant d’écoles différentes, Jeanne Barseghian résume en aparté la raison de sa présence à Cronenbourg :

« C’était indispensable de venir ici ce matin. La rentrée des élèves de l’école Marguerite Perey faisait l’objet de toutes les préoccupations. On a œuvré durant l’été pour que les enfants soient sereins. C’est l’esprit du dispositif renforcé d’aide psychologique, à disposition des enfants comme des parents. […] L’autre intérêt de cette visite, c’était d’assurer la suite des travaux de végétalisation, en constatant qu’ils avancent ici. »

Dans la cour de l’école Langevin, tous les travaux devraient être terminés d’ici la fin des vacances de la Toussaint.

Chez les parents d’élèves interrogés, l’appréciation de la visite est partagée. Pour Betül, mère d’un enfant scolarisé à Langevin, la venue de la maire et de la préfète « est une bonne chose, pour l’attention qu’ils donnent aux problèmes ». Lætitia est beaucoup plus critique :

« Franchement ? On vient pour quoi, un défilé en costard-cravate ? Il n’y a même pas un petit déjeuner de présentation, avec des cafés et un petit discours. D’habitude, on avait au moins un petit speech de la directrice. »

Le recteur de l’Académie de Strasbourg, Olivier Faron, assure que les quartiers de la politique de la ville (QPV) comme Cronenbourg, bénéficient « d’une attention toute particulière. » Photo : RG / Rue89Strasbourg / cc

L’adjointe en charge de l’Éducation, Hülliya Turan, tempère cette critique : « L’objectif, ce n’était pas forcément de déranger les familles pendant la rentrée. C’est un temps important qu’on voulait leur laisser, il y aura d’autres rencontres prévues avec eux au cours de l’année. »

 « C’était important d’envoyer un signal fort »

Quelques mètres plus loin, de l’autre côté du quartier, une nouvelle visite se prépare. Devant les grilles du collège Sophie Germain, le président de la Collectivité européenne d’Alsace, Frédéric Bierry, arrive pour visiter l’entrée rénovée du collège. Avec lui, les mêmes figures reviennent : l’élue référente de quartier Christelle Wieder, le recteur Olivier Faron, le député Bruno Studer (ancien professeur d’EPS dans l’établissement) et la préfète Josiane Chevalier.

Cette dernière justifie sa deuxième visite d’un établissement du quartier dans la même matinée :

« C’était important, pour cette rentrée scolaire, d’envoyer un signal fort. On était déjà là au moment de la crise, quand les deux établissements étaient pris pour cible. On a voulu revenir. À travers notre présence, on voulait montrer notre solidarité avec eux. »

En substance, les mêmes personnes étaient effectivement venues pour inspecter les lieux en juillet. Les visages étaient fermés, le ton de la visite, sévère. Deux mois plus tard, l’ambiance est beaucoup plus légère. « L’entrée avait été très abimée suite aux émeutes, on a réussi dans un délai très court à tout remettre en forme », se félicite Frédéric Bierry. « Si on revient, c’est pour marquer notre soutien à l’ensemble du personnel. Ils ont été exemplaires face aux émeutes. »

Au centre, le président de la Collectivité européenne d’Alsace, Frédéric Bierry. Photo : RG / Rue89Strasbourg / cc

La visite se poursuit alors que les estomacs se creusent. Lorsque l’heure de la pause sonne, des collégiens sortent en petits groupes du bâtiment. Loin du raout médiatique de cette rentrée 2023, deux enseignants s’organisent pour manger devant les grilles du collège. Interrogé sur la visite des politiques, l’un d’eux hausse les épaules. « On est dans un quartier de plus en plus difficile, je crois que les parents d’élèves, comme la population du quartier, attendent des annonces. Moi aussi j’en voudrais, pour qu’on soit à la hauteur de nos ambitions de service public. »

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En soutien aux grévistes de Clestra, la France insoumise mise sur ses députés

En soutien aux grévistes de Clestra, la France insoumise mise sur ses députés

La France insoumise n’entend pas être la dernière formation de gauche à soutenir les salariés grévistes de Clestra, elle mobilise son réseau de députés. Mathilde Panot viendra à Strasbourg mercredi 6 septembre.

Rouge pétant. Dans les allées bétonnées du campus universitaire de Strasbourg, la tonnelle de la France insoumise se distingue de loin avec son rouge criard, son fouillis d’affiches et ses slogans. Autour d’une table garnie de cakes au chocolat, café et jus de pomme, plusieurs militants scrutent patiemment l’arrivée des premiers étudiants, attendus pour la pré-rentrée universitaire. À leur côté, le député de la deuxième circonscription, l’insoumis Emmanuel Fernandes. 

À quelques kilomètres de là, les grévistes de Clestra s’installent eux sur le parvis de la Foire européenne. Depuis le début de leur mobilisation, initiée le 3 juillet, les salariés en grève de cette usine de cloisons de bureaux tentent en permanence de rendre leur combat plus visible, en s’appuyant notamment sur la visite de la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, le 24 août, ou sur celle du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, deux jours plus tard. La France insoumise, elle aussi, tente d’intervenir en soutien aux salariés de Clestra, en mobilisant l’élu de la circonscription et leur relais à l’Assemblée nationale.

Le député Emmanuel Fernandes de dos, avec les Jeunes insoumis sur le campus universitaire de Strasbourg. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc

« De toutes les façons possibles, on sera en soutien des travailleurs »

Quelques semaines à peine après le début de son mandat (en juillet 2022), l’insoumis fraîchement élu Emmanuel Fernandes était déjà sollicité par les salariés de Clestra. À l’époque, la situation de la boîte est critique : la hausse des coûts de production, couplée à une cyberattaque du site industriel, met à mal la santé financière de la société. Elle sera placée en redressement judiciaire au mois d’août 2022 et reprise par le groupe Jestia en octobre. 

« Très rapidement après la reprise, Jestia a commencé une campagne de maltraitance des salariés, pour inciter à des départs et réduire les effectifs sans le dire », raconte Emmanuel Fernandes, en refaisant l’historique du groupe. En tant que député de la circonscription du site de Clestra, il rappelle sa position et celle de son mouvement :

« Notre approche à la France insoumise est simple : de toutes les façons possibles, on sera en soutien des travailleurs qui se mobilisent. J’essaye de faire en sorte que mes contacts et ma position d’élu de la circonscription puissent servir. »

Le député Emmanuel Fernandes a été contacté par les salariés de Clestra, le 29 juillet 2022 pour la première fois. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc

Dialogue difficile avec le ministre de l’Industrie

Le député tente à l’époque le dialogue avec le cabinet du ministre de l’Industrie, Roland Lescure, et entre en contact avec l’ancien maire d’Illkirch-Graffenstaden, le socialiste Jacques Bigot, qui le met en relation avec le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud. En 2012, ce dernier travaillait au côté du ministre en charge du « Redressement productif », Arnaud Montebourg, pour aider Clestra alors que la société était déjà en redressement judiciaire.

« Par le biais de Boris Vallaud, j’ai eu plus d’informations et d’éléments sur la façon dont ils avaient géré le redressement judiciaire de Clestra », raconte Emmanuel Fernandes.

Au ministère de l’Industrie en revanche, on élude carrément. « On nous a juste répondu que le cabinet était entièrement dévoué à la préparation du projet de loi Industrie verte. » Sous-entendu, il y a d’autres sujets plus importants à traiter. Déçu par le mutisme du ministre, le député invoque une différence de « philosophie » politique :

« Ce n’est pas tant le fait que je sois un député d’opposition qui pose problème, c’est plutôt qu’ils pensent sincèrement que le patron a raison, qu’il connaît la situation et que l’État ne doit pas contraindre une entreprise. C’est leur logique. »

Mathilde Panot viendra à Strasbourg

Comme la CGT et le PCF, la France insoumise souhaite également « nationaliser » la lutte des salariés de Clestra, en s’appuyant sur des figures plus connues du mouvement. Ainsi, jeudi 31 août, le député insoumis Éric Coquerel a usé de ses prérogatives de président de la commission des Finances pour obtenir auprès du ministre de l’Économie l’ensemble des documents relatifs aux aides publiques versées lors de la reprise de Clestra.

Mathilde Panot, présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale, se déplacera quant à elle à Strasbourg, le mercredi 6 septembre. Pour rappeler, à son tour, le soutien de la formation politique à la mobilisation des grévistes.

Samedi 16 septembre, c’est la Rentrée des luttes au Phare citadelle

Samedi 16 septembre, c’est la Rentrée des luttes au Phare citadelle

Rue89 Strasbourg organise avec le Phare citadelle la Rentrée des luttes samedi 16 septembre : une journée de rencontres et de débats pour prendre de la hauteur sur les enjeux politiques, sociaux et environnementaux qui nous occupent.

Une journée pour se rencontrer, échanger et débattre sur des enjeux locaux, ce qui nous inquiète, ce qui nous donne de l’espoir, trouver les moyens de s’engager à Strasbourg et les bons collectifs pour le faire, interroger la place des médias dans le débat public local, évoquer avec eux le travail des journalistes, réfléchir sur les luttes actuelles et à venir face à la catastrophe environnementale, la persistance des discriminations, la montée des idées d’extrême-droite…

Lors de la manifestation du jeudi 19 janvier contre la réforme des retraites Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

Toute l’année, la rédaction de Rue89 Strasbourg est mobilisée sur les enjeux locaux, comme l’hôpital public, la qualité de l’environnement, l’habitat et la justice sociale, dont manquent de trop nombreuses personnes à Strasbourg qu’elles soient migrantes, précaires ou victimes de discriminations.

Nous sommes bien conscients du caractère anxiogène de notre ligne éditoriale, c’est pourquoi il nous semble important de proposer un événement chaleureux et festif autour de ces questions, au moment où de nouvelles personnes s’installent à Strasbourg. Nous remercions vivement toute l’équipe du Phare citadelle pour avoir accepté d’accueillir cet événement et de l’organiser avec nous.

Le programme

La Rentrée des luttes se déroule autour d’un forum de 13h à 19h, où de nombreux collectifs et associations sont présents pour échanger et rencontrer les Strasbourgeois et les Strasbourgeoises (voir ci-dessous la liste des collectifs présents).

À partir de 14h, quatre tables-rondes sont proposées :

    14h – Après l’échec des retraites, quelle place pour la contestation publique ?
    Avec Laurent Feisthauer, secrétaire général de l’Union départementale de la CGT, Raphaël Régis, membre du collectif « On crèvera pas au boulot », un membre d’Action antifasciste Strasbourg et Bettina Winterstein, de l’Union des travailleurs de la métallurgie. 15h30 – Hôpital public : quelles solutions locales pour sortir de la crise ?
    Avec Carole Nomine, infirmière et déléguée CGT, Vincent Poindron, médecin hospitalier et membre de Collectif Inter Hôpitaux, Pierre Wach, secrétaire général du syndicat CGT des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. 17h – Quartiers populaires : comment sortir de l’oubli permanent ?
    Avec Salah Koussa, adjoint à la maire de Strasbourg, Murielle Maffessoli, directrice de l’Observatoire régionale de l’intégration et de la ville, Hamed Ouanoufi, éducateur jeunesse du CSC de la Meinau et Nora Tafiroult, présidente du média Speaker. 18h30 – L’écologie politique a-t-elle failli ?
    Avec Suzanne Brolly, adjointe à la maire de Strasbourg et vice-présidente de l’Eurométropole, Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, Zoé Mary, porte-parole d’Alternatiba Strasbourg et Sébastien Michon, politologue du CNRS de Strasbourg.

À partir de 20h, la Rentrée des luttes continue avec une programmation musicale concoctée par Florian du Phare citadelle. En première partie, nous accueillerons une performance participative menée par Dribble (qui se définit comme tohu-bohu dada-noise suramplifié et totalement improvisé) puis la soirée s’achèvera avec le DJ Low-Bat.

Toute la rédaction sera présente et nous espérons vous retrouver nombreux à cette occasion.

Pour la rentrée 2023, un rectorat enjoué, des syndicats inquiets

Pour la rentrée 2023, un rectorat enjoué, des syndicats inquiets

À quelques jours de la rentrée, Olivier Faron, recteur de l’Académie de Strasbourg, a donné sa conférence de presse annuelle, se montrant enthousiaste et rassurant. Les syndicats craignent pourtant le manque d’enseignants formés ainsi que des classes surchargées.

« Lundi matin, tous les élèves des 745 écoles du Bas-Rhin auront bien un professeur face à eux ». Jean-Pierre Geneviève, Directeur académique des services de l’éducation nationale du Bas-Rhin (Dasen), est catégorique. Dans certaines écoles même, il y aura trop de professeurs selon lui. Côté syndicat pourtant, l’estimation est différente. Un enseignant par classe lundi matin ? « On n’en sait rien », tranche Géraldine Delaye, secrétaire générale du syndicat FSU 67. « En tous cas en 2022, ce n’était pas le cas ».

Entre l’engouement du recteur d’académie et les craintes exprimées par la syndicaliste, l’écart est colossal. D’une part, l’institution affirme être guidée par la réussite de « ses » jeunes et se félicite d’un taux d’inscription au concours de professeur des écoles en hausse de 15%. De l’autre, on parle de l’épuisement des personnels éducatifs, l’impression criante d’un manque de reconnaissance et des démissions de plus en plus fréquentes.

21 postes d’enseignants en moins à la rentrée 2023

« Le ministère estime qu’il y aura 527 élèves en moins dans le Bas-Rhin en 2023, donc 21 postes ont été retirés », poursuit Géraldine Delaye. « Le souci, c’est que les prévisions démographiques ne collent quasiment jamais à la réalité du terrain », conclut-elle. Le nombre définitif de classes pour l’académie sera déterminé au courant du mois de septembre, en fonction du nombre d’enseignants mobilisables.

Pour le moment, le rectorat de l’académie indique que 748 classes seront ouvertes dans le premier degré (maternelle et primaire) et 129 dans le secondaire (collèges et lycées). « Si besoin, huit à neuf classes supplémentaires pourraient ouvrir », précise Géraldine Delaye qui craint des classes surchargées dans des établissements situés à Bischheim ou Schiltigheim.

La carte scolaire se fait en trois temps – janvier, juin et septembre – et permet d’adapter au mieux le nombre de classes pour éviter les effectifs trop importants. « Il faut 29 élèves en moyenne pour ouvrir une classe », précise-t-elle.

L’un des objectifs du ministère pour la rentrée 2023 est d’atteindre en moyenne 24 élèves par classe pour les classes de grande section, CP et CE1. « En moyenne », précise bien Jean-Pierre Geneviève. Ce qui signifie que pour les niveaux supérieurs, l’effectif peut être bien plus élevé.

Liste complémentaire et pacte enseignant

Parmi les problématiques que doit résoudre l’académie, celle des remplacements est redondante. Là aussi, le ministère fait des remplacements de courte durée l’une de ses priorités. Certains enseignants seront recrutés sur la « liste complémentaire », explique le Dasen, ce qui représente 73 personnes, précise Géraldine Delaye.

« Le pacte enseignant, qui est un engagement volontaire, permettra également de répondre à ce besoin de remplaçants en coordination avec les chefs d’établissement », poursuit Olivier Faron, recteur de l’académie. Présenté comme une « opportunité » pour les enseignants, ce pacte prévoit que les personnels de l’éducation nationale, enseignants ou administratifs, puissent ajouter à leurs missions d’autres charges de travail et être rémunérés en conséquence.

CP rentrée 2023 rectorat
Olivier Faron (au centre), recteur de l’académie de Strasbourg, s’est voulu rassurant lors de la conférence de presse de rentrée vendredi 1er septembre 2023. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Un pacte « très marketing » selon Géraldine Delaye :

« Dans les classes de primaire et de maternelle, les enseignants sont devant leurs élèves toute la journée. S’ils remplacent un collègue, c’est leur classe qui se retrouvera sans professeur. De même au collège, on ne s’improvise pas prof de math si on enseigne l’histoire géographie ! »

Côté académie pourtant, tant le recteur que ses directeurs se montrent optimistes. « On observe une forte mobilisation des enseignants et nous estimons à plus de 30% celles et ceux qui sont volontaires pour une mission ou plus », explique Nicolas Feld-Grooten, directeur académique des services de l’éducation nationale du Haut-Rhin.

Des contractuels pour les cours d’allemand

Selon lui, la seule tension sur le nombre d’enseignants se situe dans les voies bilingues. « Surtout dans les écoles primaires et maternelles », explique-t-il, liant cette carence au faible nombre d’étudiants en langue allemande dans les universités. Pour pallier, là-aussi, au manque de personnel, on a pensé à une autre méthode : embaucher des personnels contractuels, c’est-à-dire des employés en CDD qui n’ont pas passé le concours de professeur des écoles.

« On sait que l’académie a une enveloppe dédiée pour leur embauche », poursuit Géraldine Delaye. « Le problème, c’est qu’ils sont formés pendant trois jours, mais on ne devient pas enseignant en seulement trois jours. »

Selon Olivier Faron en Alsace, 2 à 3% des enseignants sont contractuels dans le primaire, 7 à 8% dans le secondaire. « Nous sommes dans la moyenne nationale », précise-t-il.

Des capsules vidéo en cas d’absence ?

Dernière solution décrite en cas d’absence de professeurs : le recours à des outils éducatifs en ligne, publiés par le Centre national de l’enseignement à distance (Cned). « C’est tout de même le premier lycée de France », lance le recteur, avant de préciser que cette solution devrait être mise en place de façon exceptionnelle.

« Nous avons rencontré les syndicats de parents d’élève pour les rassurer : il s’agit d’une démarche pédagogique et en aucun cas de remplacer les professeurs par des vidéos. »

En cas d’absence « anticipée » ou à cause d’une « contrainte très forte », le recours à des outils numériques sous la surveillance d’assistants d’éducation (AED) pourra donc être mis en place. Mais « uniquement pour des cas très particuliers », souligne à nouveau Nicolas Feld-Grooten.

Aucun chiffre sur les élèves sans abri

Interrogés sur la situation très particulière des élèves sans domicile fixe, que Rue89 Strasbourg estimait à 50 à Strasbourg en juin 2023, après avoir enquêté auprès des directeurs d’école, Olivier Faron et Jean-Pierre Geneviève ont rapidement éludé la question. S’ils trouvent le nombre de 50 « élevé », ils n’ont pas d’estimation à donner, un chiffre qu’ils estiment « difficile » selon eux à établir.

Mais le recteur assure pourtant, « suivre de très près » la situation et « répondre aux sollicitations des chefs d’établissement ». Il évoque également une collaboration avec la préfecture dans certains cas. « Une dizaine d’assistantes sociales travaille par ailleurs avec la Collectivité d’Alsace (en charge de l’aide sociale à l’enfance, ndlr) pour ces situations », précise de son côté Nicolas Feld-Grooten (Dasen du Haut-Rhin).

Le TGV Paris-Berlin passera finalement par Strasbourg selon le ministre des Transports Clément Beaune

Le TGV Paris-Berlin passera finalement par Strasbourg selon le ministre des Transports Clément Beaune

Clément Beaune, ministre des Transports, a déclaré ce 1er septembre que le TGV Paris-Berlin « passera progressivement par Strasbourg ». La SNCF avait pourtant annoncé le contraire en juin.

Passera, passera pas, et finalement… passera ? On s’y perd un peu. Fin juin, on avait finalement enterré le projet d’aller à Berlin à grande vitesse depuis Strasbourg, quand le P-DG de la SNCF lui-même – Jean-Pierre Farandou avait annoncé aux élus locaux que la ligne de TGV reliant Paris à Berlin ne passerait pas par Strasbourg, mais par Sarrebruck.

Cette liaison très attendue, et même annoncée en grande pompe en 2022, devait pourtant à l’origine passer par la capitale européenne. Un projet qui réjouissait absolument tout le monde, de la Région Grand Est, à l’Eurométropole, en passant par la Ville. Même le ministre des Transports, Clément Beaune en personne, défendait ce passage obligé par Strasbourg. Donc, quand fin juin la SNCF dit non, c’est le drame.

Les premiers allers-retours entre Paris et Berlin seront effectués en ICE, le TGV allemand. Photo : Patrick Janicek / FlickR / cc

Le tracé devrait passer par Karlsruhe, puis Strasbourg fin 2024

Et voilà qu’en ce vendredi 1er septembre, invité sur le plateau de nos confrères de France 3 Alsace, Clément Beaune, annonce finalement que oui, la ligne Paris-Berlin passera par… Strasbourg :

« Au début le passage se fera par Karlsruhe, mais le tracé évoluera, progressivement. Et Strasbourg sera bien une étape sur ce tracé, je m’y engage. Il y a des difficultés techniques à surmonter, mais il faut une volonté politique, et cette volonté je l’ai, elle est partagée. Et même si ça prend un peu plus de temps que ce qu’on aurait tous souhaité, le tracé passera, peut être pas dès le début, mais rapidement, progressivement par Strasbourg. »

Clément Beaune, le ministre des Transports, a annoncé que finalement, le TGV Paris-Berlin passera par Strasbourg. Photo : Capture d’écran / France 3 Alsace

Le ministre des Transports aurait-il donc réussi à faire plier la SNCF et la Deutsche Bahn ? Clément Beaune esquive la question. Mais il l’assure, la capitale européenne sera sur le tracé, « car cette ligne est un lien de vie, d’ouverture et on en a besoin à Strasbourg ».

Quant aux tarifs, « ils ne peuvent pas encore être déterminés, mais nous allons faire des efforts », affirme Clément Beaune, « notamment pour les jeunes ».

Conclusion, il sera possible de relier Paris et Berlin en TGV dès cet hiver, dans un train de nuit. Puis, en 2024, les TGV circuleront de jour, et ils devraient s’arrêter à Strasbourg en chemin, à la fin de l’année 2024 selon Clément Beaune… S’il n’y a pas de nouveau revirement.

Contactée, la SNCF n’a pas répondu à la sollicitation de Rue89 Strasbourg au moment de publier cet article.

Les Roms du bidonville de Cronenbourg n’en « peuvent plus de cette vie là »

Les Roms du bidonville de Cronenbourg n’en « peuvent plus de cette vie là »

Près d’une centaine de Roms vivent dans un bidonville infesté de punaises de lit et de rats, à côté de l’autoroute, à l’entrée de Cronenbourg. Leur seul accès à l’eau se trouve à 350 mètres. À la demande de la Ville, un plan de résorption a été initié fin juillet afin de proposer des solutions aux habitants de ces baraquements insalubres.

À l’entrée de Cronenbourg, une quarantaine de cabanes de tôle, de bois et de placo bordent une bretelle d’accès à l’autoroute M35. Des Roms se sont établis dans ce bidonville depuis avril 2019, près du dépôt de la Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS). Au départ, leur nombre variait en fonction des saisons et des allers-retours entre la France et la Roumanie selon Pablo, fondateur des maraudes des Vélos du cœur : « En 2021, après le covid, ils étaient revenus plus nombreux, environ 70 ». Il compte près d’une centaine d’occupants à l’été 2023, dont une vingtaine d’enfants.

Invasion de parasites

En cette fin d’après-midi d’août, un homme sort de sa baraque pour révéler les multiples piqûres qu’il a sur le ventre. De nombreux habitants disent « se gratter en permanence » à cause d’une invasion de punaises de lit. Elvis, un jeune adulte établi à Strasbourg depuis 2008, pointe du doigt une baraque :

« Huit personnes dorment dans cette cabane. Ça fait des mois qu’elle est infestée de ces bestioles. C’est horrible de dormir avec elles, mais c’est toujours plus sûr que de dormir dehors avec les rats. »

Un rongeur d’une trentaine de centimètres illustre les propos d’Elvis en passant près de lui. Les Roms cohabitent avec eux toute l’année mais ils sont plus nombreux lors des fortes chaleurs.

Simplan, la mère de Dominica, fait aussi face à une invasion de punaises de lit. Sa belle-fille Rebeca est visible dans le reflet du miroir Photo : RM / Rue89 Strasbourg

« Mes enfants font leurs besoins dehors »

En plus des nuisibles, des familles dénoncent leurs difficultés pour accéder à l’eau. Un robinet est disponible pour elles depuis 2021 devant les locaux de l’association les Restaurants du cœur, à 350 mètres du bidonville. Les Roms se disent fatigués de devoir passer sous le pont de la M35 et traverser des routes d’accès au centre-ville très fréquentées. « L’eau part très vite, on doit faire des aller-retours tous les jours », regrette Elvis. Il poursuit :

« Lorsqu’il fait très froid en hiver, ils sont obligés de couper l’eau afin d’éviter que les tuyaux ne gèlent. Dans ces cas-là, on se déplace jusqu’au centre-ville, où l’on peut trouver des points d’eau avec une pompe manuelle. C’est difficile de porter des bidons de 20 litres jusqu’ici. On n’en peut plus de cette vie là. »

Quant aux toilettes, ce n’est que depuis mai que quatre cabines ont été mises à disposition par la Ville. Mais selon Elvis, elles sont souvent hors d’usage :

« Il y a des problèmes d’écoulement. Moi, je n’arrive pas à utiliser ces toilettes, parce qu’elles sont tout le temps bouchées. Des gens viennent pour les nettoyer de temps en temps, mais elles sont à nouveau condamnées très rapidement… Mes enfants font leurs besoins dehors. »

Scolarisation difficile

De part et d’autre du bidonville, de jeunes enfants déambulent au gré des baraques ou des meubles entreposés. Leurs rires se mêlent au bruit intarissable des voitures qui filent sur l’autoroute à quelques mètres. Depuis mars 2023, des familles sont arrivées avec une vingtaine d’enfants, dans le but de les scolariser.

En Roumanie, les Roms sont gravement stigmatisés depuis des décennies, avec un accès au travail et au logement quasi-impossible. Les membres de cette communauté sont donc habitués à vivre dehors, principalement en mendiant. Parfois, des entreprises les emploient pour des missions éparses à la journée.

En septembre 2021, les personnes interrogées dans le bidonville par Rue89 Strasbourg n’exprimaient pas de volonté de trouver un autre hébergement. Deux ans plus tard, avec la dégradation sanitaire du site, Dominica souhaite désormais un habitat plus digne pour sa famille. Elle a obtenu un dossier pour inscrire ses trois filles à l’école primaire pour la rentrée 2023, après de nombreuses allées et venues entre la mairie et la préfecture.

Dominica, 40 ans, pose avec ses deux enfants qu’elle peine à scolariser Photo : RM / Rue89 Strasbourg

Ses longs cheveux noirs ne masquent pas son air préoccupé. En secouant la tête, elle explique avoir été bloquée le matin même – n’ayant pas d’ordinateur à disposition – sur une plateforme internet (« Mon bureau numérique ») qui permet aux parents et aux enseignants d’échanger dans l’Académie de Strasbourg :

« C’est pourtant obligatoire de scolariser les enfants en France, je ne comprends pas pourquoi c’est si compliqué… Ça ne me rassure pas pour la suite, je ne sais toujours pas si mes enfants pourront aller à l’école à la rentrée. »

Plan de résorption

Germain Mignot, chargé de mission à la fondation Abbé Pierre (par ailleurs élu communiste au conseil municipal) l’aide à remplir ses dossiers. Il dénonce les difficultés qu’elle rencontre pour inscrire ses enfants à l’école :

« La Ville (en charge des inscriptions dans les écoles maternelles et primaires, NDLR) ne s’est même pas souciée de savoir si elle savait lire ou écrire. Et elle ne sait pas écrire. Il n’y avait pas de traduction disponible en roumain. Si l’inscription est bien réalisée, les enfants sont scolarisés théoriquement, rien ne s’y oppose. Mais des mineurs peuvent se retrouver sans école à la rentrée à cause du manque d’accompagnement. »

Interrogée par Rue89 Strasbourg, Marie-Dominique Dreyssé, vice-présidente de l’Eurométropole en charge des solidarités, annonce que l’Eurométropole, la Ville de Strasbourg et la préfecture souhaitent mettre en œuvre un démantèlement progressif du bidonville :

« Suite à un signalement du bidonville par la Ville de Strasbourg en septembre 2022 auprès de la Direction interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), des financements ont été débloqués en juillet 2023. Désormais, nous allons engager, avec la préfecture, une maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (MOUS) : cela nous donnera le cadre et le financement pour appréhender les besoins de chaque personne sur le camp et lui proposer une solution. »

Des Roms ont construit une quarantaine de baraquements à côté de l’autoroute M35 (Photo RG / Rue89 Strasbourg/cc).Photo : Roxanne Machecourt / Rue89 Strasbourg

Vers un village temporaire ?

Une telle démarche avait déjà eu lieu suite à l’installation de bidonvilles à Strasbourg au début des années 2010, et avait abouti à la mise en place de villages temporaires rue du Rempart en 2011 et au Fort Hoche en 2013, avec des caravanes et des maisons mobiles. Les personnes y ont été accompagnées pour trouver un emploi et un appartement en location.

Une réponse qui « semble aller dans le bon sens » pour Germain Mignot, même si « rien n’est encore très précis pour l’instant ». Il déplore cependant que la municipalité ait mis autant de temps à réagir et que la Fondation Abbé Pierre ainsi que les Vélos du cœur – organisant régulièrement des maraudes sur le campement – n’aient pas encore été sollicités :

« Il n’y a que Médecins du monde (MDM) qui travaille avec les élus. C’est dommage parce qu’ils s’axent surtout sur les questions de santé, mais ils ne font pas d’accompagnement social. Nous, nous avons davantage de recul sur ce vers quoi les familles peuvent aspirer puisque nous les connaissons mieux. Ça aurait été plus intéressant de se coordonner plutôt que de rester chacun dans son coin. »

« Nous aussi, on aimerait pouvoir travailler »

Au fond du bidonville, Lupu, la cinquantaine, coiffé d’un chapeau panama, retrace sept années de mendicité à Strasbourg depuis 2016. Comme certains de ses voisins, il était déjà présent sur un campement concerné par un plan de résorption rue des Remparts. Ces procédures ne fonctionnent donc pas pour tout le monde. Il explique qu’il était en Roumanie quand le recensement pour intégrer un village temporaire à Cronenbourg a eu lieu :

« Pourquoi est-ce aussi compliqué ? Nous sommes des citoyens européens (le marché du travail est ouvert aux Roumains depuis 2014, NDLR). Tous les jours, je vais jouer de l’accordéon dans le centre-ville. Je suis reconnaissant d’être toujours là, mais j’aimerais juste pouvoir trouver un vrai travail. »

Elvis atteste du même désarroi. « Je ne reviens qu’avec 3 euros aujourd’hui », montre-t-il du creux de sa main :

« Maintenant, je dois choisir entre nourrir mes enfants ou alimenter le groupe électrogène. Évidemment, les enfants sont ma priorité, mais ça veut dire que nous n’aurons toujours pas d’électricité ce soir. Mendier, ce n’est pas une vie, et puis on sent bien que les gens en ont marre de voir nos têtes. Tout le monde va au travail. Nous aussi, on aimerait pouvoir travailler ! »

Chaque baraque du bidonville de Cronenbourg est numérotée à la peinture noire (Photo RM / Rue89 Strasbourg/cc).

La première étape du plan de résorption devrait être des visites de travailleurs sociaux au bidonville. « Aucune date n’a encore été fixée », regrette Marie-Dominique Dreyssé : « Ça fait des mois que je suis dans l’attente d’informations complémentaires. J’espère seulement que ça se fera rapidement. »

Ancienne inspectrice du travail, Angélique Alberti prend la tête de la Direction régionale de l’Économie du Grand Est

Ancienne inspectrice du travail, Angélique Alberti prend la tête de la Direction régionale de l’Économie du Grand Est

Nommée à la tête de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, Angélique Alberti aura pour mission principale d’appliquer le nouveau dispositif France Travail pour concrétiser l’objectif de plein emploi du président Emmanuel Macron.

Sous le portrait d’Emmanuel Macron, dans les locaux défraîchis de l’inspection du travail du Bas-Rhin, la nouvelle directrice de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS) du Grand Est s’est présentée à la presse ce jeudi 31 août. Dans la grande région, Angélique Alberti aura la responsabilité du pilotage, de la coordination et de l’évaluation des politiques publiques dans les domaines de l’économie, l’emploi, la concurrence, la consommation, la répression des fraudes et la cohésion sociale. Dans une fière introduction par la préfète du Grand Est, Josiane Chevalier a annoncé le « sujet majeur » de l’ancienne inspectrice du travail Angélique Alberti :

« L’une des priorités du président de la République est la société du plein-emploi. Dans le Grand Est, il faut une mobilisation pour l’emploi sachant qu’il y a des postes vacants dans tous les secteurs. Les difficultés de recrutement sont aussi liées au caractère transfrontalier de la région, avec des travailleurs qui se rendent au Luxembourg, en Allemagne ou en Suisse. »

Angélique Alberti, nouvelle directrice de la DREETS Grand Est. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Un accident du travail marquant

Inspectrice du travail dans la Meuse à partir de 2002, Angélique Alberti a constamment gravi les échelons depuis, devenant en 2012 directrice adjointe du travail au sein de l’unité territoriale de Meurthe-et-Moselle. Interrogée sur le dossier le plus marquant du début de sa carrière, elle évoque « une enquête sur un accident du travail d’une violence inouïe ». Elle assure que l’événement a déclenché une prise de conscience « sur le rôle de l’inspection du travail, de l’accompagnement et la réparation des victimes à la régularisation de la situation et de la prévention des risques au travail pour l’entreprise ». « Un accident du travail mortel est toujours un accident de trop », insiste celle qui promet plus de mesures de prévention, un déploiement plus important du Plan de Sécurité au Travail ainsi qu’une communication plus importante sur les accidents du travail.

De 2017 à 2022, Angélique Alberti occupe divers postes de directrice adjointe ou de responsable d’unité départementale au sein de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. En septembre 2022, elle intègre pour un an le cabinet du ministre du Travail Olivier Dussopt en tant que conseillère chargée du fonctionnement interne et des politiques territoriales. Parmi les dossiers importants de cette année, la fonctionnaire évoque les volets « travail » des Jeux olympiques et le suivi du projet de loi de contrôle de l’immigration.

Priorités emploi et hébergement

Interrogée sur les priorités de son mandat, Angélique Alberti évoque l’application du nouveau dispositif France Travail et les problématiques d’hébergement :

« On sort de la pauvreté par l’emploi. Aujourd’hui, on a des taux de chômage historiquement bas. Il faut donc aller vers ceux qui n’ont toujours pas d’emploi, du fait de problématiques de garde, de logement ou de soins. Sur ce sujet, un premier axe sera le dispositif France Travail. 40% seulement des bénéficiaires du RSA sont inscrits à Pôle Emploi. On a de la marge et il faut voir comment accompagner les gens pour faire mieux. Ensuite, il faut mieux travailler le lien entre hébergement d’urgence et l’insertion par l’activité économique. Nationalement, c’est 6% des personnes qui sont en structure d’hébergement qui bénéficie d’insertion par l’économie. Je pense qu’on a une marge de progression. »

Baptiste Rey, expert de l’observatoire des eaux souterraines d’Alsace : « Le contrôle sanitaire n’est pas à jour sur les métabolites »

Baptiste Rey, expert de l’observatoire des eaux souterraines d’Alsace : « Le contrôle sanitaire n’est pas à jour sur les métabolites »

Reconnaissance tardive de leur toxicité, interdiction relative, stockage dans les sols… Baptiste Rey, hydrogéologue au sein de l’observatoire des eaux souterraines d’Alsace, revient sur les enjeux liées aux métabolites de pesticides présents dans l’eau potable.

En théorie, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (l’Anses) applique le principe de précaution en fixant un seuil réglementaire minimal pour les résidus de pesticides – aussi appelés métabolites – présents dans l’eau potable. Pour maintenir la distribution d’eau, l’Agence de santé est désormais contrainte de le faire sauter et d’appliquer de nouveaux seuils.

Ainsi, en 2022, lorsque l’Alsace était exposée à une concentration trop élevée des métabolites du S-métolachlore, l’Agence décide de rehausser les seuils réglementaires pour faire disparaître le problème. Rebelote un an plus tard : par un arrêté préfectoral du 7 août 2023 concernant des communes de l’ouest de Strasbourg, c’est au tour des seuils concernant les résidus de chloridazone d’être revu à la hausse. Selon l’Agence européenne des produits chimiques, ces herbicides sont tous deux suspectés d’être cancérogènes.

Dans une étude publiée en 2016, l’Observatoire de la nappe phréatique d’Alsace (Aprona) révèle l’ampleur des concentrations de ces métabolites. Entretien avec Baptiste Rey, hydrogéologue en charge de ces questions à l’Aprona.

Rue89 Strasbourg : L’année dernière, les seuils des métabolites du S-métolachlore ont été rehaussés. Cette année, il s’agit des métabolites du chloridazone… Peut-on s’attendre à une amplification de ces dérogations dans les prochaines années ?

Baptiste Rey : L’augmentation de ces dérogations se fera en fonction de l’avancée des connaissances en la matière, de la mise à jour des métabolites que l’on surveille et de leurs classifications (s’ils peuvent ou non engendrer un risque sanitaire pour le consommateur NDLR). Comme les listes du contrôle sanitaire de l’Anses évoluent et ont plutôt tendance à s’allonger, la difficulté d’atteindre une eau conforme augmente de fait.

Si on prend l’exemple du chlorothalonil, des études suisses ont mis en lumière une forte présence de ces métabolites dans les eaux souterraines. On s’en est ensuite préoccupés en France. Le contrôle sanitaire n’est pas à jour sur les métabolites qui poseront problème à l’avenir.

En quoi le contrôle sanitaire n’est pas à jour sur ces métabolites ?

Avant, on ne cherchait pas ces métabolites et on ne savait donc pas qu’ils étaient présents. Et puis, entre la prise de conscience de la contamination, la commande des études jusqu’à leurs analyses et enfin, l’application de mesures correctives, il y a toujours un certain temps de réaction. Sachant que les laboratoires doivent avoir les bons outils pour les analyser, eux aussi ont besoin de temps pour développer des méthodes afin de rechercher ces métabolites de manière fiable. Tout ça est très long. Il faut bien avoir en tête que la prise en compte des métabolites est un phénomène nouveau. On ne s’intéresse à ces substances que depuis quelques années.

On en sait très peu sur la réelle toxicité des pesticides, dont proviennent les métabolites. On sait encore moins de chose en ce qui concerne les métabolites d’ailleurs. Peut-on malgré tout établir une toxicité similaire ?

Justement, c’est exactement ce qui est étudié ! Lorsqu’un métabolite garde un niveau d’activité proche que celui de sa substance d’origine, soit lorsque la molécule chimique conserve les mêmes propriétés ou des propriétés comparables, c’est ce qui va en faire un métabolite pertinent (et donc engendrer un risque sanitaire pour le consommateur NDLR). Lorsque l’Anses manque de connaissances pour évaluer son potentiel toxique, elle le classe également comme pertinent.

Baptiste Rey, hydrogéologue à l’Aprona. Photo : Document remis

Comment se fait-il que l’on retrouve toujours des traces de pesticides déjà interdits d’usage ?

Sur certains secteurs, le sol peut avoir un rôle d’éponge où les métabolites sont stockés pendant un temps avant d’être écoulés. On le voit par exemple pour l’atrazine, la championne de la persistance. Encore aujourd’hui, on en retrouve dans les échantillons que l’on teste, 20 ans après son interdiction. Ça veut bien dire qu’il y a eu ce stock dans les sols et dans la nappe phréatique. Les prélèvements réalisés en Allemagne, qui avait interdit ce pesticide avant nous, révèlent seulement depuis peu des concentrations moins importantes. Mais le processus reste très lent.

Si les autorités sanitaires se réservent une marge aussi considérable entre le seuil réglementaire et le seuil à ne pas dépasser, ne serait-ce pas en définitive pour s’assurer de ne jamais avoir à couper l’eau courante ?

Ce n’est pas impossible, en effet… Une molécule est interdite puis est remplacée par une autre avant que l’on ne se rende compte qu’elle pose les mêmes problèmes. L’histoire se répète finalement. Avec des réglementations de plus en plus strictes dans l’Union européenne (pour l’autorisation de mise sur le marché d’un pesticide NDLR), un effort est fait pour réduire la persistance des pesticides dans nos sols. Mais à côté de ça, leurs molécules se dégradent plus vite en métabolites, donc je ne sais pas si c’est mieux. C’est pour ça qu’on en retrouve de plus en plus et qu’on est à l’ère des métabolites. En fait, le produit ne peut pas ne pas se dégrader, on le retrouve forcément en sous-composés. Comme on dit, rien ne se perd, tout se transforme.

En prenant l’exemple du S-métolachlore, les consignes d’utilisation recommandait de ne pas utiliser ce pesticide dans des secteurs où l’on se sert de la nappe phréatique pour produire de l’eau potable. Mais dans les faits il était impossible de respecter cette recommandation. À partir du moment où l’on met des substances chimiques dans l’environnement, dans les eaux profondes ou superficielles, elles nous échappent.

La solution la plus utilisée aujourd’hui est de diluer l’eau avec une eau non-contaminée afin de rentrer dans les seuils réglementaires. Peut-on s’attendre à une contamination généralisée d’ici les prochaines années ?

On a longtemps pensé que les couches profondes de la nappe phréatique étaient un sanctuaire. C’est d’ailleurs pour ça que les forages utilisés pour produire de l’eau potable sont généralement assez profonds, où l’eau est moins contaminée. Au fil du temps, une diffusion de ces métabolites s’établit quand même. Il y a un voyage à l’horizontale de ces substances mais aussi à la verticale. Qui plus est, pomper en profondeur crée une aspiration et modifie l’écoulement local de la nappe, siphonnant en quelques sortes ces composés chimiques, à l’origine retrouvés en surface.

Avec l’Aprona, nous avons réalisé des campagnes de mesure en profondeur. Certes, il y a une gradation de la contamination : plus on est en surface, plus c’est contaminé. Mais on a aussi relevé qu’il y avait des métabolites qui commençaient à être présents dans les zones plus souterraines. Si l’interconnexion (permettant la dilution NDLR) utilise des eaux de forage profond – qui à l’origine étaient préservées mais ne le sont plus aujourd’hui – fatalement, on risque de réduire la disponibilité qualitative de nos ressources en eau potable.

Comment peut-on protéger la nappe phréatique de ces contaminations ?

Il faut comprendre que l’Aprona n’est pas une structure qui est à même de se positionner sur des solutions. Notre rôle est d’observer pour sensibiliser et soumettre derrière aux autorités compétentes les problèmes que nous identifions dans la nappe phréatique. Après, c’est du bon sens et c’est loin d’être un secret : restreindre les usages et interdire les molécules responsables de la production de ces métabolites demeurent les solutions les plus efficaces.

Et puis derrière, il ne faut pas que la substitution d’un pesticide interdit engendre la même problématique. L’atrazine a été remplacé par l’acétochlore, qui a ensuite été remplacé par le S-métolachlore… On baigne dans ce cercle vicieux depuis des années, et on voit bien que la substitution ne résout rien. La solution serait de ne pas utiliser des substances problématiques à proximité des systèmes aquifères vulnérables, soit favorables à la pénétration d’intrants du type pesticides ou de leurs métabolites. Idéalement, il faudrait raisonner en fonction de ça.

L’Aprona est en train de réaliser une nouvelle étude, d’autres métabolites sont ils pris en compte ?

Oui, nous allons prendre en compte d’autres métabolites en plus des 24 testées pour l’étude de 2016. Par exemple, nous avons rajouté le chlorothalonil qui a été largement retrouvé dans les eaux souterraines suisses.

Nous comptons également faire de l’analyse non ciblée, ce qui permettrait de détecter davantage de molécules au sein d’un même échantillon. Une analyse ciblée restreint le nombre de molécules identifiables dans un même échantillon, alors que cette méthode permet de détecter nettement plus de molécules. Ça nous donnera une idée du chantier qui est derrière et une perspective sur la réalité de la contamination de nos ressources en eau.

Pour l’instant, nous ne voyons peut-être que la partie émergée de l’iceberg. On ne trouve que ce que l’on cherche finalement.

Les bourses aux vélos reprennent le dimanche 3 septembre au Neudorf

Les bourses aux vélos reprennent le dimanche 3 septembre au Neudorf

Les bourses aux vélos redémarrent avec la rentrée. Tout se déroule en une journée : les ventes auront lieu le matin et les achats l’après-midi, à la halle du marché du Neudorf.

Après la période de vacances, la première « bourse aux vélos » de l’année scolaire se tiendra le dimanche 3 septembre à la halle du marché de Neudorf. L’événement est organisé par le CADR 67 en partenariat avec Vélostation.

Le dépôt de vélo pour la vente a lieu de 9h à 12h. Chaque bicyclette sera contrôlée avant l’enregistrement et 2€ seront demandés au moment du dépôt. Une fiche sur l’état du vélo et les éventuelles réparations à faire sera réalisée dans la foulée. « On ne récupérera que les vélos en état de fonctionnement. Le but est qu’une personne puisse repartir avec l’après-midi », explique Fabien Masson, directeur de CADR 67.

Les vélos alignés dans la halle du marché du Neudorf. Photo : remise par CADR67

Deux-roues bradés en fin de journée

Chaque année, près de 400 vélos sont déposés, principalement des vélos de ville, mais également des VTT, vélos de route et bicyclettes pour enfants. « Le choix des vélos dépend de ce qu’on nous a apporté le matin même. Depuis quelques années, on reçoit des vélos à assistance électrique ou même des vélo-cargos, mais c’est plus rare », raconte le directeur de CADR 67.

La vente aura lieu de 14h à 17h par chèque, espèces ou carte bancaire. Les derniers vélos invendus seront bradés à -10% ou bien restitués, de 17h à 18h.

La deuxième bourse aux vélos de la rentrée est prévue le 24 septembre. « Les prochaines éditions auront lieu en mars ou avril mais la date n’est pas encore définie », précise Fabien Masson.

Rassemblement évangélique en Moselle : les chasseurs s’invitent dans le dispositif de sécurité

Rassemblement évangélique en Moselle : les chasseurs s’invitent dans le dispositif de sécurité

Mercredi 23 août, la Fédération départementale des chasseurs de Moselle a annoncé que la gendarmerie nationale « souhaitait associer » les chasseurs à la surveillance du rassemblement évangélique tzigane prévu la première semaine de septembre. Pourtant, 400 gendarmes sont attendus sur les lieux et la préfecture nie avoir fait appel à la fédération.

lI y a le bon chasseur et le mauvais chasseur. Le bon chasseur, il voit quelque chose et il tire. Le mauvais chasseur, il voit quelque chose et il tire aussi. Mais c’est un mauvais chasseur. En Moselle, à en croire la Fédération départementale, il n’y a que de bons chasseurs. Preuve en est, l’ensemble des pratiquants de cynégétique sont sollicités par leur fédération pour appuyer les forces de l’ordre mobilisées pour le rassemblement tzigane évangélique de début septembre.

Photos : Guillaume Boivin

Les chasseurs locaux associés à la surveillance

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Violences sexistes à la faculté de théologie : trois ans d’interdiction d’enseigner pour le maître de conférences

Violences sexistes à la faculté de théologie : trois ans d’interdiction d’enseigner pour le maître de conférences

La décision disciplinaire à l’encontre de Michaël Langlois, maître de conférences en théologie protestante, accusé par une dizaine d’étudiants de comportements déplacés, a été publiée cette semaine à l’Université de Strasbourg. Il a interdiction d’y enseigner pendant trois ans.

Le dossier « Langlois » avait été signalé à l’Université de Strasbourg dès le 9 décembre 2021 par le Clasches – Collectif de lutte contre le harcèlement sexiste dans l’enseignement supérieur. Après 13 longs mois d’attente et de relances de la part du collectif, l’Université avait enfin décidé de l’ouverture d’une section disciplinaire, le 20 janvier 2023 (soit quelques jours après le premier contact pris par Rue89 Strasbourg avec l’Unistra à ce sujet).

Cette formation juridictionnelle interne, placée sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur, est chargée de juger le comportement d’un employé et d’évaluer l’atteinte qu’il a pu causer au bon fonctionnement de l’établissement, selon le Code de l’éducation et le Code général de la fonction publique mais également en fonction d’une enquête interne et des témoignages collectés par les plaignants (ici le Clasches).

13 témoignages contre Michaël Langlois, un an et demi d’enquête interne

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La municipalité chahutée par les parents de l’école incendiée Marguerite Perey

La municipalité chahutée par les parents de l’école incendiée Marguerite Perey

Partiellement incendiée durant l’été, l’école Marguerite Perey restera close en septembre. Lors d’une réunion publique tumultueuse lundi, les élues et le personnel encadrant ont tenté de rassurer des parents fébriles.

Rien qu’à l’oreille, on peut flairer le succès d’une réunion publique ; celle réunissant les parents d’élèves de l’école primaire Marguerite Perey, lundi 28 août, n’y déroge pas. Tout commence doucement, pianissimo, alors que les familles attendent studieusement les explications sur l’organisation de la rentrée scolaire. Une semaine plus tôt, le mardi 22 août, ils découvraient dans un mail de la mairie que l’établissement de leurs enfants resterait fermé à cause de trois départs d’incendies, provoqués en réaction à la mort de Nahel durant l’été. Nocive pour la santé, la suie imprégnerait encore une partie des murs et du mobilier.

Une heure plus tard, c’est la cacophonie. Entre les indignations du public, les appels au silence venant de l’estrade et le vacarme des enfants, difficile de suivre. L’explication des élues de la Ville, des directrices d’école et du personnel de l’Académie de Strasbourg n’auront pas convaincu l’audience. Plusieurs parents dénoncent le manque de consultation, la communication tardive et les difficultés d’adaptation à l’organisation décidée pour la rentrée. 

Le gymnase de l’école élémentaire Wurtz était rempli par environ 200 personnes. Photo : RG / Rue89 Strasbourg/ cc

Redéploiement tactique des enfants

À l’estrade, la directrice académique adjointe des services de l’Éducation nationale, Valérie Bistos, se voulait pourtant rassurante. « Ce soir, nous voulons que vous soyez rassurés et éclairés dans la réorganisation que nous avons mis en place. » L’adjointe à la maire chargée de l’éducation, Hülliya Turan, renchérit : 

« L’ensemble des partenaires sont présents pour offrir la scolarité la plus agréable possible pour les enfants. Toutes les conditions sont réunies pour que les enfants réintègrent l’école Marguerite Perey après la Toussaint. »

L’élue référente du quartier, Christelle Wieder. Photo : RG / Rue89 Strasbourg/ cc

La directrice de l’école Marguerite Perey, Nathalie Amman, rappelle l’organisation de la rentrée : les quinze classes de l’élémentaire Marguerite Perey vont être réparties entre les écoles Wurtz et Langevin :

« La constitution des classes ne bougera pas, elles resteront les mêmes. Et concrètement, elles s’ajouteront aux classes des autres écoles. Dans une salle, il y aura donc deux fois treize enfants. »

Soit 26 élèves encadrés par deux instituteurs qui feront classe ensemble. « C’est quelque chose que l’on fait régulièrement dans d’autres contextes, comme dans les dernières semaines du CE1, pour habituer les enfants à être plus nombreux dans une pièce, » indique Nathalie Amman.

Cette organisation d’urgence allonge les temps de trajets pour les parents. Suivant l’endroit où ils habitent, cela peut représenter une dizaine de minutes supplémentaires pour déposer leurs enfants. Là aussi, la directrice se veut rassurante : 

« Nous avons pris ça en compte, nous décalons de dix minutes toutes les sonneries. Désormais, les portes s’ouvriront à 8h30 et les enfants démarreront à 8h40, puis ils finiront à 12h10, etc. »

« Je suis déçue de la façon dont vous gérez les difficultés »

Après cette dernière annonce, le public s’agite soudain. Dès que le micro commence à circuler, Aida s’en saisit et n’hésite pas à être directe : 

« On est à quelques jours de la rentrée et vous nous mettez face au fait accompli. J’aurais aimé qu’on soit consulté, on a des délégués pour ça. Et puis, pour les parents qui travaillent le matin, une minute, c’est une minute. Comment on fait, quand on a un enfant qu’on doit déposer à la maternelle Perey (qui reste ouverte NDLR) et d’autres à Wurtz ou Langevin ? Je suis déçue de la façon dont vous gérez les difficultés. »

Une longue acclamation appuie son propos, alors que les encadrants font la moue. La directrice de l’école Perey évoque timidement la constitution d’un « pédibus » – un ramassage scolaire à pied – que les parents pourraient mettre en place eux-mêmes. Hülliya Turan tente un retour au calme : 

« Si on n’a pas le silence, on ne pourra pas se comprendre. Et si cette réunion se tient maintenant, c’est parce que nous étions en plein été, on ne pouvait pas prévenir les parents plus tôt. »

La directrice de l’école élémentaire Marguerite Perey, Nathalie Amman. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc

« Ça compte, ces minutes en plus »

En parallèle, les professeurs accrochent aux murs des affiches avec la composition des classes. Dans les minutes qui suivent, les parents désertent progressivement leurs chaises pour voir ces listes et des enfants commencent à gambader dans le gymnase. Après environ une heure de discussion, dans le brouhaha, la fin de la réunion est actée.

Venue avec sa fille, Myriam reste déçue à la fin de la séance : 

« On était assis derrière, on n’entendait pas tout. Et pour la rentrée, j’aurais aimé qu’on nous demande à quel établissement on souhaite être transférés, pour moi c’est plus rapide d’aller à Langevin. Je commence à bosser à 9h à l’hôpital d’Hautepierre et je n’ai pas de voiture, ça compte ces minutes en plus. »

Myriam travaille à l’hôpital d’Hautepierre et doit déposer sa fille tous les matins. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc

Pour économiser du temps, plusieurs parents auraient souhaité que les enfants soient accompagnés vers l’école. « La Ville aurait pu mettre en place un pédibus, plaide Yasmine. L’église du quartier le fait pour accompagner les enfants qui vont vers l’aide aux devoirs de la paroisse, ça ne me paraît pas si difficile à organiser. Si on avait consulté les parents, on aurait pu leur suggérer. » 

Belinda abonde, en insistant sur la sécurité des enfants : « Il y a un petit qui s’est fait heurter par une voiture à vélo dans la rue devant, juste avant l’été. Pour moi, il y aura deux rues à traverser, je ne peux pas envoyer mon fils seul. »

Aux origines de la grève à Clestra, une reprise opaque et agressive par le groupe Jestia

Aux origines de la grève à Clestra, une reprise opaque et agressive par le groupe Jestia

« Clestra : une résistance ouvrière » – épisode 3. En grève depuis le 3 juillet, les ouvriers de Clestra dénoncent une gestion autoritaire et opaque de leur nouveau propriétaire. Enquête sur les méthodes agressives du groupe Jestia.

Près de deux mois de grève pour les ouvriers de Clestra. Plus le mouvement social dure, plus la lutte est difficile. Employé au pôle assemblage de l’usine d’Illkirch-Graffenstaden, Philippe a dû renoncer à ses vacances au Portugal pour fêter l’anniversaire de sa belle-mère. D’autres salariés de l’établissement s’interdisent désormais toute sortie depuis le début de l’été. Et puis il y a ceux dont le compte en banque a viré au rouge ou s’en approche dangereusement. Ils multiplient les stratégies de survie. Les enfants envoyés chez les grands-parents, c’est une bouche en moins à nourrir comme l’explique Sylvain Fasseur, qui a lancé une banque alimentaire pour les collègues les plus en difficulté. Malgré tout, les ouvriers de Clestra continuent de se battre, pour dénoncer les méthodes opaques et agressives de leur repreneur Jestia et pour sauver leurs emplois.

Jeudi 3 août, les salariés de Clestra manifestaient avec un message clair à l’intention de leur repreneur. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Un projet de rupture conventionnelle collective

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À Strasbourg, les communistes démontent les zones à faibles émissions « antisociales »

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Les universités d’été du PCF sont l’occasion pour les militants de se former à travers les conférences et autres cours magistraux dispensés par des chefs de section thématique, cadres du parti et universitaires. Les débats sur la stratégie et les propositions attendront. 

Depuis vendredi 25 août, les abords de l’Université de Strasbourg reprennent vie, après plusieurs semaines de vacances estudiantines. Pour la deuxième année consécutive, le Parti communiste français (PCF) a choisi d’établir son campus de rentrée dans l’université alsacienne.

Comme en période scolaire, les couloirs de la fac grouillent à chaque intercours de militants, pressés par le temps et ne disposant que de quelques minutes pour trouver leurs amphithéâtres respectifs, rebaptisés pour l’occasion du nom de figures du communisme.

Des universités studieuses

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