La première édition officielle du Festival International du Ried se tient les 29 et 30 juillet à Wittisheim. L’occasion de découvrir les talents locaux dans un petit écrin de verdure à 40 kilomètres de Strasbourg, entre concerts de rock et de rap, DJ sets, ateliers yoga, food trucks et beer pong géant.
D’un anniversaire entre potes du lycée, du collège, du coin… au Festival International du Ried. C’est l’histoire du FIR, qui deviendra ces 29 et 30 juillet un événement public. Comme chaque année depuis plus de dix ans, les festivités ont lieu sur le terrain de Robin Gauckler à Wittisheim, à 40 kilomètres de Strasbourg. Au bord d’un petit étang, sur un terrain agrémenté de mobiliers de récup’, de jolies guirlandes lumineuses et de lanternes, « peu importe qui tu es, tu pourras te déconnecter de la ville pour kiffer la nourriture, les boissons, les activités et la programmation musicale », promet Victoire Bapst, la secrétaire de l’association Cultur’Ried.
Le FIR : un pied de nez à la ruralité endormie
Le Ried, c’est une zone géographique aux frontières un peu floues, située entre Strasbourg et Colmar. Ce territoire est plus connu pour ses prairies, ses champs de maïs et ses villages tranquilles, que pour ses festivals. C’est aussi ça le FIR : un pied de nez à la ruralité bas-rhinoise endormie. L’association Cultur’Ried, constituée d’une équipe locale de huit personnes, se mobilise pour rassembler les talents des alentours et proposer deux jours de concerts et de DJ sets, des activités allant du yoga à un beer pong géant, de la bière et des bons petits plats.
Pour sa première édition, le FIR compte accueillir un maximum de 500 festivaliers par soir. L’entrée du vendredi 29 juillet est à cinq euros, celle du samedi 30 juillet à six euros. Sur place, l’entrée coûtera plus cher, 10 euros le vendredi et 15 euros le samedi. L’organisation recommande aussi de réserver une place de camping pour celles et ceux qui souhaiteraient passer la nuit du vendredi au samedi sur le site.
Une programmation éclectique : rock, rap et électro
La programmation du vendredi 29 juillet oscille entre hip-hop et électro. Les concerts débuteront vers 20h avec la trap du rappeur sélestadien Ruff puis le duo de rappeurs strasbourgeois Hiba. Bearwax, un duo comprenant notamment le DJ originaire d’Erstein Kidwax, prendra ensuite le relai. En fin de soirée, ce sera au tour du chineur de disco/house Myroof de régaler les amateurs de sonorités dansantes et joviales. Le Roi du Ried clôturera les festivités avec un set eurodance qui ne manquera pas d’inclure un petit Darude – Sandstorm pour faire bouger la foule.
Samedi 30 juillet, les premiers concerts sont programmés aux alentours de 16h avec deux performances de chant (Bar&bear et Marie). Pales, la pépite strasbourgeoise de punk rock (aussi programmé aux Décibulles), viendra ensuite cracher des décibels pleins d’énergie. La suite du festival sera plus dansante, avec plusieurs DJ sets allant des styles funk/disco de La Notte à la musique house de Kidwax en passant par la deep house de Walentyn.
« On a voulu proposer une programmation éclectique pour que tout le monde puisse s’y retrouver », explique Victoire Bapst de l’association Cultur’Ried.
Au menu : tartes flambées puis bo buns
Partenaire de Street Bouche, le FIR proposera le vendredi les tartes flambées des Strasbourgeois Les Enflammés. Le lendemain, les festivaliers pourront se régaler des bo buns des cuisiniers colmariens de Ti Haï.
En contact avec le maire de Wittelsheim Christophe Knobloch, l’équipe du FIR espère bien pouvoir « redynamiser un territoire à travers un événement culturel qui fait appel à des acteurs locaux. On espère que nos partenaires seront encore plus nombreux pour l’édition 2023. Ça va venir petit à petit », assure Victoire Bapst.
Ophéa a constaté début juin que des sans-abris occupent des appartements de son immeuble au 15 rue de Provence, voué à la démolition. Le bailleur social a missionné des agents de sécurité pour empêcher de nouvelles arrivées, et bloquer l’entrée si des squatteurs sortent.
Trois vigiles surveillent l’entrée d’un vieil immeuble au 15 rue de Provence, à la Meinau cet après-midi du 4 juillet. Sur les 69 logements du bâtiment, dix accueillent encore des locataires. Ophéa, propriétaire du site, a constaté « des traces d’occupation de neuf autres appartements » depuis début juin, selon Christelle Charvet, responsable communication du bailleur social : « L’immeuble est voué à la démolition et un ensemble de 40 logements privés doit être construit à la place par une société privée. »
Depuis leur balcon, Spartaki et Marika affirment que s’ils sortent, ils ne peuvent plus entrer ensuite. L’un des agents de sécurité confirme :
« Si les enfants sortent juste devant, on les laisse, mais si quelqu’un s’éloigne plus, on doit l’empêcher d’entrer. Pour la nourriture, des gens leur font passer des choses par les fenêtres avec des fils. »
Un immeuble en mauvais état
Christelle Charvet indique que l’objectif de la démarche est d’empêcher l’arrivée d’autres squatteurs et de mettre un terme aux « occupations sans titre » : « Les agents de sécurité sont présents 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. » Les derniers locataires ont dû faire une liste des personnes de leur entourage susceptibles de rentrer dans l’immeuble pour que les vigiles les laissent entrer.
Sans-abri malgré « des appels réguliers au 115 (numéro de l’hébergement d’urgence, NDLR) », Marika assure « ne pas avoir d’autre solution » alors qu’elle a obtenu un titre de séjour en avril. Elle subissait notamment des violences conjugales en Géorgie, son pays d’origine : « Ma fille est malade », ajoute t-elle, la voix étouffée, fatiguée de ses conditions de vie.
En insistant auprès d’Ophéa, Rue89 Strasbourg peut pénétrer dans l’immeuble. C’est un escalier extérieur qui permet d’accéder aux étages. L’eau et l’électricité ne fonctionnent plus dans tous les appartements. La plupart des tableaux électriques sont accessibles depuis l’extérieur. Des sachets noués servent de protection sur des fils dénudés. Certaines des portes anti-squat sont fracturées. D’après Marika et Spartaki, au moins six familles géorgiennes, soit environ 25 personnes, vivent ici illégalement. Spartaki, jeune adolescent, s’ennuie, contraint de rester dans l’immeuble : « Je ne loupe pas le foot heureusement, ça s’arrête en juin et juillet. »
Ophéa projette d’évacuer les derniers locataires pendant l’été. Christelle Charvet indique que le bailleur a mandaté un huissier pour engager la démarche d’expulsion des squatteurs :
« Nous espérons que les occupants illicites trouveront des solutions avant et partiront de leur fait. Nous n’avons pas constaté un risque d’incendie plus important qu’ailleurs, mais le site est vétuste et la plupart des appartements ne sont plus conditionnés pour être habités. »
Les Petites Roues apportent de la nourriture à des familles
Certains logements dont la porte anti-squat a été ouverte sont particulièrement dégradés, avec des murs, des éviers et des vitres cassées. Par endroit, des débris coupants jonchent le sol. Néanmoins, trois appartements squattés, dans lesquels Rue89 Strasbourg a pu entrer, sont en bon état. Par exemple, dans l’appartement de Marika, l’eau et l’électricité fonctionnent.
Elle a installé quelques meubles dans son salon et dort sur un matelas posé au sol dans une pièce. Sabine Carriou, présidente de l’association des Petites Roues, accompagne trois familles géorgiennes qui squattent l’immeuble, et dénonce le dispositif filtrant à l’entrée :
« Comment sont censées faire les personnes pour chercher à manger ou aller à un rendez-vous important ? J’irai apporter de la nourriture le 5 juillet mais je ne sais pas si je pourrai entrer. C’est absolument indigne de devoir choisir entre rester confiné dans un bâtiment ou dormir dehors. »
Environ 300 personnes se sont réunies mardi 5 juillet vers midi devant le Palais Universitaire de Strasbourg pour demander le retrait du gaz et du nucléaire des « activités économiques durables » de l’Union Européenne. Des associations venues de toute l’Europe se sont rendues jusqu’au Parlement européen pour interpeller les députés, qui doivent voter pour ou contre cette classification ce mercredi 6 juillet.
Des militants écologistes d’Ukraine, d’Italie, d’Espagne, de Pologne ou encore de Suède se sont déplacés. Devant le Parlement européen à Strasbourg, les chants et slogans en anglais se succèdent. Vers 13h, les députés sortent du bâtiment sont interpellés par jeunes et moins jeunes manifestants. Dans les haut-parleurs, les organisateurs enchainent les prises de parole.
Les activistes veulent convaincre une majorité d’eurodéputés à rejeter la nouvelle classification européenne, dite « taxonomie », des énergies gazières et nucléaires. La Commission européenne propose de flécher ces deux modes de production comme des énergies « de transition », c’est-à-dire incompatibles avec une économie neutre en carbone, mais nécessaires pour atteindre cet objectif en 2050.
Les militants s’inquiètent des répercussions sur la guerre en Ukraine
Jule Pehnt, militante allemande de Fridays for future (FFF) s’insurge qu’une telle décision puisse être envisagée : « Cela montre une fois de plus une fois de plus à quel point nous sommes coincés dans des récits fossiles, préoccupés par le profit pour les plus grandes entreprises et non par la vie des gens. » Les lobbys du nucléaire et du gaz sont pointés du doigts. Pour ces mouvements, voter en faveur de cet acte est hypocrite et favoriserait le « greenwashing ».
Wiktoria Jedvoskoszkowiak, militante polonaise de la même organisation s’inquiète de l’influence de ce vote sur la guerre en Ukraine.
« Si la proposition de la Commission est adoptée par le Parlement, cette décision renforcera la dépendance à l’égard de l’État agresseur (la Russie ndlr), qui devrait être réduite. Alors que les sanctions actuelles laissent déjà des échappatoires aux géants russes de l’énergie, inclure le gaz et le nucléaire dans la taxonomie de l’UE leur ouvrira la porte et prolongera le financement de la guerre en Ukraine. »
Wiktoria Jedvoskoszkowiak, militante polonaise de FFF
Un texte réfléchi pour atteindre l’objectif de neutralité carbone de l’Union Européenne
Adopté en 2020, la première version du règlement « Taxonomie » adopte des critères pour favoriser les investissements durables, et prévenir le greenwashing. À l’époque, il n’incluait pas le gaz, ni le nucléaire.
Ce mercredi 6 juillet à 12h, un « acte délégué » à ce règlement, validé par la Commission européenne début 2022, est présenté devant les députés. Il permet donc désormais d’inclure le gaz et le nucléaire dans les activités de transition, ce qui suscite cette opposition à travers l’Europe.
Concrètement, si le texte est adopté, les investissements dans les centrales nucléaires pourraient être classés comme « durables », à condition de présenter des garanties pour le traitement des déchets et le démantèlement des installations. Pour les investisseurs privés, il ne s’agit que d’une manière de tracer l’impact environnemental de leurs choix. En revanche, les aides européennes pourraient ainsi ne concerner que les activités rentrant dans le cadre de cette taxonomie.
Si les protestations contre le texte vont se multiplier jusqu’à mercredi matin, les partisans de cette mesure comptent aussi s’exprimer. Deux manifestations sont prévues par « Les voix du nucléaire », mardi soir, puis mercredi matin devant le Parlement. Pour cette association, l’énergie nucléaire représente le seul moyen d’atteindre l’objectif de l’UE en 2050. Avec le contexte de la guerre en Ukraine, le vote est annoncé comme serré.
Vendredi 1er juillet, la municipalité a inauguré un kiosque à seringues dans le quartier de l’Elsau. Quant à la salle de shoot, elle propose depuis juin 2021 des places d’hébergement.
Un kiosque à seringues à l’entrée de l’Elsau. Ce dispositif a été inauguré par la Ville de Strasbourg vendredi 1er juillet. Il fournit aux toxicomanes du matériel d’injection neuf, avec tout le nécessaire pour se droguer sans risquer de contracter une infection de type hépatite C ou VIH. La machine grise, située à l’angle des rues de la Montagne-Verte et des Imprimeurs, s’active lorsque l’on y insère un petit jeton. Ce dernier s’obtient soit en rendant une seringue usagée dans le « Distribox », soit en se rendant dans les locaux des associations de réduction des risques comme Ithaque ou l’Association lutte toxicomanie ou à la salle de consommation à moindre risque.
« Ce sera aussi une bonne chose pour les habitants »
Adjoint à la maire en charge de la Santé, le médecin et addictologue Alexandre Feltz précise la vision de la municipalité écologiste :
« En France, la consommation de drogues est toujours illégale et les usagers sont toujours considérés comme des personnes malades. Nous préférons parler de personnes fragiles. Avec ce kiosque, il s’agit d’être au plus près des lieux de consommation à Strasbourg. Il s’agit aussi d’offrir du matériel neuf même la nuit et même pour ceux qui n’osent pas en demander en pharmacie. »
À quelques mètres, Lucie fait la promotion de la Distribox. Elle bénéficie du dispositif Tapaj, qui aide les jeunes confrontés à des problématiques d’addiction à se resocialiser à travers le travail. Crête rouge et côtés rasés, vêtue d’un blouson en cuir noir, elle exprime l’intérêt d’un tel dispositif :
« Les usagers auront moins de chance d’avoir des maladies. Mais ce sera aussi une bonne chose pour les habitants puisque les usagers sont incités à ne pas jeter leur seringues par terre afin d’en obtenir des neuves. »
« Face aux détracteurs, on explique que plus on sera en relation avec les usagers, plus on sera en capacité de résoudre les problèmes liés à la toxicomanie. »
Christophe Bronn, responsable de l’OPI Arsea à l’Elsau
Responsable de l’équipe de protection de l’enfance OPI Arsea à l’Elsau, Christophe Bronn travaille au quotidien avec les Elsauviens. Il estime que ce dispositif sera bien accueilli dans le quartier :
« Il y a eu des réunions pour expliquer tout le dispositif aux habitants. Les habitants de la rue de l’Oberelsau subissaient la consommation de drogues et trouvaient des seringues dans leur jardin. Aujourd’hui ils sont contents de voir qu’une solution est apportée. Face aux détracteurs, on explique que plus on sera en relation avec les usagers, plus on sera en capacité de résoudre les problèmes liés à la toxicomanie. »
Au même endroit, un camping-car d’Ithaque stationne depuis plusieurs années les lundis et vendredis soirs pour sensibiliser les usagers et leur distribuer du matériel d’injection. « Le kiosque à seringues, c’est un outil parmi d’autres. Ithaque met aussi en place un travail de rue pour rencontrer les usagers et les inciter à se rendre à la salle de consommation à moindre risque », ajoute Gauthier Waeckerlé, directeur d’Ithaque. L’association distribue sur l’Eurométropole de Strasbourg 250 000 kits d’injection chaque année (près de 700 par jour).
Salle de consommation et hébergement : un an d’une expérience avant-gardiste
Ouverte en 2016, la salle de consommation à moindre risque Argos a placé Strasbourg à l’avant-garde des politiques de réduction des risques. Avec Paris, c’était alors la seule ville française à mettre en place une telle structure où l’usage de produits illicites était autorisé. Alexandre Feltz tient à se démarquer encore plus :
« Le dispositif strasbourgeois est le seul vrai modèle, puisqu’il est adapté au territoire de l’Eurométropole. Ce qui n’est pas le cas de la salle de Paris qui est sous-dimensionnée. »
Cinq ans plus tard, Argos s’est doté de 20 places d’hébergement inconditionnelles. Les usagers peuvent en bénéficier tout en pouvant consommer sur place. Ils peuvent aussi venir avec leur chien. Alexandre Feltz précise le caractère inédit de cette expérimentation :
« L’un de mes patients a entamé ici, de sa propre initiative, un traitement de substitution à la méthadone. Pour beaucoup d’usagers, la salle de consommation est un premier pas vers un parcours de soin ou de réinsertion sociale. »
2 675 actes infirmiers, 214 entretiens avec un soignant…
Les premiers toxicomanes hébergés à l’étage de la salle de shoot sont arrivés en juin 2021. Un an plus tard, la structure a logé temporairement 23 personnes dont quatre femmes sur une durée moyenne de six mois. La moitié des personnes accueillies vivaient dans la rue avant d’être prises en charge par Ithaque.
Cette dernière recense 2 675 actes infirmiers réalisés (pansements, prises de sang, délivrances de traitements ou entretiens infirmiers) en un an, 214 entretiens avec un psychologue, psychiatre ou médecin ou 21 orientations vers un traitement de substitution à la méthadone. « 1 892 entretiens sociaux ont été réalisés », indique une brochure d’Ithaque, dont 220 entretiens pour la recherche de logement, 30 entretiens d’aide pour obtenir un papier d’identité ou 33 domiciliations postales.
Le chef du service en charge de l’hébergement, Jean Suss, estime qu’un bilan reste encore prématuré :
« C’est encore un espace d’expérimentation. Ce sera plus intéressant quand le dispositif aura trois ans. On découvre encore des besoins, comme un lieu pour les usagers vieillissants ainsi qu’un accompagnement pour les addictions lourdes à l’alcool ou au tabac. Il y a aussi des difficultés pour que les usagers aient accès à un logement après avoir été hébergés chez nous… »
1,25 million d’euros de budget annuel
La salle de consommation et l’hébergement ont nécessité plus de deux millions d’euros d’investissement, majoritairement financés par l’Agence régionale de santé (ARS) et la Ville de Strasbourg. Les Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Ithaque et l’Eurodistrict font aussi partie des financeurs.
Pour fonctionner, la salle de consommation et l’hébergement ont besoin de l’équivalent de 35 personnes à temps plein : infirmiers, travailleurs sociaux, agents de médiation et autres médecins ou psychologues. Le budget de fonctionnement de la structure est de 1,25 million d’euros par an, pris en charge à parts égales entre l’ARS et la Caisse nationale d’assurance maladie.
L’expérimentation prolongée jusqu’en 2025
« La première réussite, c’est l’extension de la dérogation qui permet l’hébergement et la salle de consommation à moindre risque jusqu’en 2025 », se félicite Alexandre Feltz, qui remercie l’ancien ministre de la Santé Olivier Véran, , à l’origine de cette prolongation. Le docteur Feltz se montre bien plus critique du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lequel aurait « bloqué l’ouverture de la salle de consommation à moindre risque à Lille ». Elle devait ouvrir en octobre 2021.
Les députés européens doivent trancher : l’énergie nucléaire peut-elle être considérée comme une « énergie verte » ? Des manifestations sont prévues à Strasbourg, organisées par des mouvements pro ou anti-nucléaire mardi 5 et mercredi 6 juillet. La préfecture a interdit toute manifestation dans un large périmètre autour du Parlement européen.
Une résolution sur la « taxonomie européenne des investissements durables » doit être votée mercredi 6 juillet au Parlement Européen, réuni en session plénière à Strasbourg. Au programme notamment, l’étiquetage du gaz et de l’énergie nucléaire par l’Union Européenne, s’agit-il d’énergies écologiques ou non ? Deux manifestations sont prévues à Strasbourg par « Les voix du nucléaire », mardi et mercredi, pour soutenir cette résolution tandis deux manifestations sont organisées mardi et mercredi par plusieurs associations anti-nucléaire pour s’opposer à ce vote.
La taxonomie européenne représente un enjeu crucial. Elle permet d’orienter des investissements vers des activités vertes, qui ont un impact positif pour l’environnement. Pour être qualifiée de durable, l’activité doit correspondre à au moins l’un des objectifs suivants : atténuer le changement climatique ou s’y adapter, utiliser durablement ou protéger les ressources aquatiques et marines, contribuer à la transition vers une économie circulaire, contrôler la pollution ou encore protéger la biodiversité ou les écosystèmes, selon l’Union européenne.
Classer les centrales nucléaires en investissements durables
Le règlement « Taxonomie » a été adopté en 2020 par l’Union européenne pour plus de 90 activités économiques. Lors de sa création, les spécialistes avaient exclu de leurs recommandations le gaz et le nucléaire. Deux ans plus tard, la Commission européenne propose ce nouvel acte, afin d’y intégrer ces deux énergies. Pour l’institution, elles ont un « rôle à jouer pour faciliter le passage aux énergies renouvelables » et à « la neutralité climatique ». Un objectif en vue : la neutralité carbone en 2050.
Concrètement, si le texte est adopté, les investissements dans les centrales nucléaires pourraient être classés comme durables, à condition de présenter des garanties pour le traitement des déchets et le démantèlement des installations.
Louis Thomas, porte-parole de l’association « Les voix du nucléaire » précise son regret de voir les deux énergies, gaz et nucléaire, combinés dans un même texte. Mais l’association soutient malgré tout l’adoption de ce texte.
« L’énergie nucléaire représente le seul moyen de décarboner la production d’énergie de l’Union européenne, et s’opposer à cet acte favorisera le gaz naturel au lieu de le décourager. »
Louis Thomas, porte-parole Les voix du nucléaire
Côté opposants au nucléaire, plusieurs associations nationales, dont le Réseau Sortir du nucléaire, appellent à une manifestation à Strasbourg dont le départ est prévu mardi 5 juillet à midi de la place de l’Université. Un peu avant, le mouvement politique Diem25 prévoit de sensibiliser le public aux dangers de l’énergie nucléaire, avec bidons de déchets toxiques et combinaisons de protection.
Mercredi 6 juillet dès 8h, les opposants au nucléaire prévoient de « réveiller » les parlementaires européen en organisant une « chaîne humaine » devant le bâtiment strasbourgeois. Les partisans de cette énergie seront également présents avec des objectifs opposés.
Une interdiction des manifestations autour du Parlement
Par arrêté du lundi 4 juillet, la préfecture a interdit toutes manifestations, cortèges et défilés les mardi 5 et mercredi 6 juillet de 8h à 19h autour du Parlement européen (voir le périmètre indiqué en rouge ci-dessous). Des « palpations de sécurité, inspections visuelle et fouilles des bagages » seront mises en place aux accès à ce périmètre (indiqués en vert sur la carte ci-dessous).
Réélu député en juin, Olivier Becht va devenir ministre délégué au Commerce extérieur, à l’attractivité et aux Français de l’étranger. Ce transfuge de la droite alsacienne est un ancien camarade de promotion d’Emmanuel Macron.
Suite au remaniement du gouvernement, il y aura à nouveau un ministre alsacien. Député de Mulhouse et ses environs, Olivier Becht va intégrer le deuxième gouvernement d’Elisabeth Borne. Il sera en charge du Commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger en tant que ministre délégué. Un statut intermédiaire, puisqu’Olivier Becht sera sous l’autorité de Catherine Colonna, la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. À la fin du mandat précédent, Brigitte Klinkert avait également ce titre de ministre déléguée, mais elle s’occupait de l’Insertion.
Ancien élu local et LR
En juin, Olivier Becht avait été largement réélu député (64,63%), avec une abstention de plus de 60% dans sa circonscription. Mais malgré cette nette victoire aux élections législatives, l’ancien maire de Rixheim était en quelque sorte rentré dans le rang.
Élu sous la bannière « Les Républicains » en 2017 face à une candidate LREM, il avait vite rejoint la majorité présidentielle, via le nouveau parti de centre-droit Agir (comme Fabienne Keller ou Antoine Herth en Alsace). Olivier Becht avait accédé au titre de président de ce groupe d’appoint (22 députés) de la majorité d’Emmanuel Macron. Or, ce parti n’a désormais plus assez de député pour constituer un groupe séparé, contrairement à Horizons ou au Modem. Olivier Becht a ainsi rejoint le grand groupe de « Renaissance » (172 députés), le nouveau nom de LREM. En tant que ministre délégué, il succède à Franck Riester, également membre du parti Agir.
Camarade de promotion d’Emmanuel Macron
Comme d’autres élus haut-rhinois, il incarne la « macronisation » progressive de la droite alsacienne qui a permis à la coalition « Ensemble » d’obtenir 11 députés sur 15 en Alsace, bien mieux qu’en 2017 dans un contexte plus favorable. Dans les deux circonscriptions de Mulhouse, la ville de Jean Rottner (le président LR de la Région Grand Est), les candidats de la droite et du centre y ont réalisé des scores faméliques (5,41% et 4,34%).
Olivier Becht a été camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA entre 2002 et 2004. Sa suppléante Charlotte Goetschy-Bolognese, 32 ans et conseillère municipale à Brunstatt-Didenheim, deviendra députée tant qu’Olivier Becht est au gouvernement.
À Mulhouse, il faut se battre pour avoir accès à un médecin généraliste. Une part croissante de la population n’a plus de médecin traitant tandis que les alternatives, comme SOS Médecins ou les maisons médicales de garde, sont débordées.
« À Mulhouse, on ne pourra bientôt plus consulter un médecin librement. C’est catastrophique. » Le docteur Patrick Vogt, médecin généraliste dans le quartier périphérique Bel-Air, observe avec dépit et depuis plusieurs années la ville haut-rhinoise se vider de ses médecins. Lui-même a 66 ans :
« Nous sommes dans le creux de la vague pour les 10 ans à venir. Comme les généralistes sont vieillissants, nous allons assister à une pénurie totale. »
Depuis 2012, 27 médecins généralistes sont partis (d’après le rapport 2020 de l’Observatoire régional de la santé (ORS) Grand Est). Aujourd’hui, ils sont 52% à avoir plus de 55 ans. En 2015, ils étaient 61%, et l’observatoire relevait la fragilité de l’offre de soins comme un « point de vigilance ».
Mulhouse ne peut pas encore être qualifiée de « désert médical » selon l’Agence Régionale de Santé : avec 123 médecins pour 100 000 habitants, sa densité médicale est supérieure à celle de la France (89). Selon ce même rapport, cette densité médicale s’élève à 144 à Strasbourg. Mais l’observatoire lui-même pointe que ce chiffre s’élèverait plutôt à 83 à Mulhouse, car une partie des 123 exercent une activité de médecin spécialisé : régulateur, angiologue, ostéopathe… D’autre part, les habitants n’arrivent plus, dans les faits, à accéder à un médecin.
Se lever aux aurores pour faire la queue dans le froid
« Je suis en errance de médecin traitant depuis quatre ans », explique Pascale, 58 ans, habitante du centre-ville : « Depuis que notre médecin de famille est partie à la retraite, nous allons chez un praticien qui est un des seuls de son quartier, qui est désorganisé et assailli de très nombreux patients ». « Un soir j’avais rendez-vous à 20h, et quand je suis arrivé, il y avait 12 personnes devant moi », renchérit Hervé, son mari, retraité. D’où leur besoin de trouver un autre praticien, surtout pour les semi-urgences.
Quand leur fils a dû transmettre un arrêt maladie au lycée, ils se sont rendus à la nouvelle maison de santé Guillaume Tell, ouverte au centre-ville en 2019. Quatre médecins généralistes y sont installés. Tous les jours, la matinée est dédiée aux arrivées sans rendez-vous. Ce qui a permis à la petite famille d’obtenir un certificat médical le jour-même pour justifier de l’absence du lycéen. « Mais ça, c’était il y a deux ans », nuance Hervé. « Depuis, les gens se sont « refilés le bon plan, et il faut se battre pour avoir une consultation ».
En janvier 2022, se rendant un lundi à 9h dans cette petite rue presque confidentielle, Pascale s’est vue gentiment renvoyée chez elle. « La secrétaire s’est excusée, elle m’a dit qu’il y avait trois heures d’attente », se rappelle-t-elle. Prenant ses précautions quelques semaines plus tard, Hervé s’y est rendu à 7h05 et s’est retrouvé avec déjà 12 personnes devant lui. Il est reparti et a fini par obtenir une consultation en se postant un matin à 6h40 devant les portes… Il était alors en deuxième position dans la queue. « Ce ne sont pas des conditions pour aller chez le médecin ! », s’indigne Pascale.
À force, en venant très tôt le matin, Hervé a réussi à voir un même praticien, trois fois de suite, à la maison de santé. Celui-ci a accepté de devenir son médecin traitant, notamment pour suivre son affection longue durée.
« En fait, il faut faire du forcing. »
Hervé, Mulhousien retraité
Pascale, elle, reste parmi les 8 000 Mulhousiens de 17 ans et plus qui sont sans médecin traitant. Selon l’ORS, c’est 9,4% des patients, un chiffre moins élevé que dans le reste de la France mais plus important que la moyenne du Haut-Rhin et du Grand Est. Pascale jette l’éponge et « songe à trouver un médecin traitant sur Strasbourg », où elle travaille : « Ce sera presque plus simple. »
À Mulhouse, les patients sont tout simplement trop nombreux à demander des soins, alors même que l’offre est plutôt élevée, d’après le rapport 2020 de l’ORS. On y lit que les Mulhousiens sont plus malades qu’ailleurs : « Tous les ans, 94,1% de la population a recours à des médecins généralistes, contre 82,1% en France. Le nombre d’actes est plus élevé : on compte 5,1 actes par bénéficiaire (contre 4,6 en France) ».
Le rapport fait état de la situation sanitaire des Mulhousiens plus précaire que la moyenne française dans une infographie qui relève un plus fort taux de maladies chroniques et une espérance de vie moindre :
« C’est la démerde »
Alors, comment font les Mulhousiens avec ces salles d’attente qui débordent ? Dominique, chargé de mission dans le public, qui souffre de plusieurs affections longue durée, a recours à la « démerde » :
« Mon médecin est parti à la retraite. Il me voyait les samedis, car mon job m’oblige à être en déplacement la semaine. Je me tourne vers les copains, des pharmaciens qui m’aident à obtenir les médicaments mensuels. Et mon cousin cardiologue me suit pour mon cœur. »
Et pour ceux qui n’ont pas de médecins dans leur entourage ? Patrick Vogt alerte sur la situation critique des quartiers populaires :
« Deux médecins de la rue Lefebvre (dans le secteur Vauban-Neppert, un quartier populaire en profonde mutation vers un éco-quartier, ndlr) s’apprêtent à partir. Ce sera 4 000 à 5 000 personnes sur le carreau. Au Drouot, quartier prioritaire de la ville, il n’y aura bientôt plus de praticien du tout. »
Même à Riedisheim, une commune moyenne bordant Mulhouse au sud-est, Élise, une mère de famille, dit qu’elle « part perdante » quand elle a besoin d’un médecin. Elle se prépare au départ à la retraite de son docteur, chez qui elle ne va de toute façon quasiment plus : « Il faut une semaine ou plus pour obtenir un rendez-vous, ça ne sert plus à rien ».
Quand elle est malade, elle va en pharmacie demander des médicaments, ou… à la maison médicale de garde, qui n’est ouverte que les week-ends (elle est installée depuis 2018 au bâtiment annulaire, près de la gare) : « J’avoue, j’y suis allée pour un mal de dos, j’ai attendu le dimanche et j’ai pu y voir un médecin adorable ».
« Ça arrive tout le temps », confirme Bakir Ider, le médecin généraliste fondateur de la maison de garde, qui se partage les week-ends avec de nombreux confrères et consœurs :
« Les gens viennent pour des maux bénins et quand je leur demande pourquoi ils viennent chez nous, ils me disent qu’ils n’ont tout simplement pas de médecin. »
SOS Médecins, seul recours dans les quartiers populaires
En cas d’urgence, par exemple quand son fils « fait des chocs à cause de ses allergies », Élise se tourne vers SOS Médecins, et « tant pis s’il faut attendre et payer plus cher ». Mais ce service commence à devenir de moins en moins accessible : « Quand j’ai appelé il y a quelques mois, parce que j’étais aphone et qu’aucun généraliste ne pouvait me prendre, ils m’ont dit de « rappeler dans trois jours » », témoigne Pascale.
L’association de médecins réfute ce témoignage. Selon son président, le Dr Frédéric Tryniszewski, SOS Médecin dédie en permanence 10 médecins :
« Nous sommes parfois saturés et dans ce cas, les appelants sont invités par un message vocal à rappeler plus tard. Mais quand on décroche, on ne reporte jamais la réponse à trois jours plus tard. »
Selon l’ORS, les appels à SOS Médecins ont augmenté de 32% depuis 2011, et proviennent principalement des quartiers prioritaires. Mais au quartier Nordfeld, qui n’est pas un quartier prioritaire, c’est devenu tout aussi compliqué. Dominique, une habitante, a appelé SOS Médecins un samedi matin pour sa mère âgée, « ils n’ont jamais répondu ». Alors que l’infirmière qui rend quotidiennement visite à sa mère dans sa résidence soupçonnait un zona, Dominique avait passé « 2h40 montre en main » à chercher un généraliste.
Désespérée, elle avait appelé le 15 mais « le régulateur m’a dit d’emmener ma mère aux urgences, mais j’ai refusé de la faire attendre 10 heures sur un brancard ». Dominique avait finit par obtenir, d’un ami d’ami, une ordonnance pour les bons médicaments. Elle déplore ce désert du samedi matin à Mulhouse, quand la maison médicale de garde n’est pas encore ouverte (elle ouvre l’après-midi) et que SOS Médecins relève du mirage.
Pour les semi-urgences ou douleurs non létales mais très inconfortables, c’est donc très difficile de se soigner pour certains Mulhousiens. À noter qu’en semaine, la maison de santé Guillaume Tell assure des consultations supplémentaires « en cas d’urgence », le soir de 18h à 20h.
Les rares médecins restants sont débordés
Ceux qui ont encore un médecin s’y accrochent. Catherine Mock, médecin généraliste à orientation homéopathique, a pris sa retraite en 2019, et se rappelle de « nombreux patients qui ont pleuré » quand elle leur a annoncé son départ :
« Ils savaient qu’ils ne retrouveraient pas facilement quelqu’un. Certains n’en ont toujours pas trouvé d’ailleurs, notamment les personnes âgées avec un gros dossier et nécessitant un suivi important. Plus personne ne veut d’elles. »
« J’ai 5 à 10 appels par jour de gens qui me demandent d’être leur médecin traitant », signale de son côté Bakir Ider. « Je leur dis que je ne peux pas, que je ne peux plus ». Le jeune quadra fonctionne avec des consultations sans rendez-vous, il n’a pas d’horaires limites, « pour voir toutes les personnes qui viennent dans [s]a salle d’attente ». Tout comme Patrick Vogt, lequel explique n’avoir pris que « 15 jours de vacances en deux ans » et terminer « à pas d’heure » pour voir tout le monde.
De plus, l’affluence a « changé la pratique des médecins », estiment les patients, comme Dominique :
« Ils ne prennent plus le temps de nous examiner ou de prendre la tension. C’est 10 minutes par patient, top chrono. »
Cédric, habitant de Kingersheim, s’est senti très mal accueilli quand il s’est rendu chez un médecin du quartier des Coteaux, le seul disponible via l’application de rendez-vous médicaux Doctolib pour tout Mulhouse au début du mois de mai :
« Je n’avais pas vu de médecin depuis 4 ans, j’avais une plaie à la jambe et des maux de dos. Quand j’ai voulu également lui parler de mon surpoids, il m’a dit : “Je reçois pour une pathologie, pas 3 ou 4”. Ça faisait 8 minutes que j’étais là. Je n’y retournerai plus, mais je ne sais pas où j’irai. »
Où sont les jeunes médecins ?
Pour les docteurs Vogt et Ider, mais aussi pour Simon Zielinski, à la tête de la Pharmacie Aux Lys au centre-ville, la solution résiderait dans l’arrivée de jeunes médecins. Un vœu pieu pour l’instant : « les jeunes docteurs restent à Strasbourg où il y a les facs », regrette le pharmacien :
« Aussi, leur pratique a changé : ils ne veulent plus s’installer seuls, ils veulent un certain confort, le bon coin de la ville, la patientèle sympa… Je pense aussi que certains ne s’installent pas dans les quartiers car ils ne veulent pas “faire du social” et se retrouver avec un patient sur dix qui n’a pas sa carte vitale à jour. »
Bakir Ider accuse le numerus clausus (le nombre maximal annuel de futurs médecins, NDLR), qui a fait baisser le nombre de médecins en activité. « Avant, on formait 8 000 médecins par an. Puis ça n’a fait que baisser depuis les années 80 et 90 », déplore-t-il (en 1993, les places en études de médecine se limitaient à 3 500, ndlr). Ce numerus clausus ayant été rehaussé (jusqu’à 9 000 en 2019) puis supprimé, le nombre de médecins en France devrait peu à peu remonter.
Patrick Vogt, lui, comprend la jeune génération qui refuse de subir « les contraintes terribles du métier » : « Ils ne veulent pas bosser 50 heures et ils tiennent à leur vie de famille, mais personne ne les écoute. » Pour lui, la balle est entre les mains des autorités et de l’ARS pour rendre le territoire accueillant :
« J’ai déjà interpellé la municipalité. Je leur dis : proposez des habitats corrects, des crèches, des zones d’accueil pour doctorants, et pour d’autres professions que des médecins, pour que ça bouge ! »
Des incitations pour attirer les médecins
L’Agence régionale de santé propose cependant des aides incitatives pour l’installation de nouveaux médecins à Mulhouse, explique Pierre Lespinasse, délégué territorial de l’ARS dans le Haut-Rhin :
« L’assurance maladie propose des aides à l’installation, ce qui permet de lever tous les freins et d’aider à investir et de démarrer. Nous proposons également des aides financières pour les médecins qui s’installent dans des zones d’intervention prioritaire (ZIP) ou dans les zones d’action complémentaire. »
Les ZIP sont les territoires où les habitants ont accès à moins de 2,5 consultations par an et les territoires « fragiles » (entre 2,5 et 4 consultations par habitant et par an). Les ZAC sont des territoires un peu mieux lotis, qui « nécessitent de mettre en œuvre des moyens pour éviter que la situation ne se détériore », selon le zonage de l’ARS. Mulhouse est une ZAC depuis 2020. Elle ne l’était pas encore lors du zonage précédent de l’ARS, en 2018.
De son côté, la municipalité pourrait favoriser l’installation de maisons de santé et d’établissements pluridisciplinaires pour offrir de meilleures conditions de travail. Mais la Ville n’a pas souhaité répondre aux questions de Rue89 Strasbourg pour préciser ses intentions dans ce domaine.
Le généticien strasbourgeois Jean-Louis Mandel a été récompensé par le prix Kavli, une sorte de prix Nobel pour les sciences. Aujourd’hui en « retraite active », le scientifique partage sa vie entre lobbying pour les maladies rares et alertes sur les moyens et le pilotage de la Recherche en France.
La collection des scientifiques primés de l’Université de Strasbourg s’étoffe. Le généticien Jean-Louis Mandel, né à Strasbourg en 1946 et qui a fait l’essentiel de sa carrière à l’Unistra, vient de recevoir le prix Kavli, un prix presque aussi prestigieux que le prix Nobel mais pour les sciences. Ils sont onze à l’avoir reçu en 2022, dont quatre en neurosciences. Jean-Louis Mandel est le seul français.
Il a été récompensé pour ses travaux sur le « X fragile », une mutation dans un gène du chromosome X qui provoque une forme héréditaire de déficience intellectuelle. Avec son équipe, il a mis en évidence à partir de 1991, après huit ans de recherches, qu’une série de répétitions perturbait un gène, impactant le fonctionnement du cerveau. Ce qu’il ne savait pas à l’époque, c’est que cette méthode allait s’avérer utile pour la détection et la compréhension d’une cinquantaine de maladies génétiques rares.
Jean-Louis Mandel a été un discret professeur de génétique de la faculté de médecine de l’Unistra, jusqu’à sa nomination au Collège de France. Il a aussi été directeur de l’IGBMC (Institut de génétique, biologie moléculaire et de cellulaire), un centre de recherche de l’Université de Strasbourg et du CNRS situé à Illkirch-Graffenstaden.
Rencontré dans sa maison du vieux Schiltigheim, Jean-Louis Mandel détaille pour Rue89 Strasbourg ce qui l’anime aujourd’hui, les maladies génétiques et l’agilité de la recherche française.
Rue89 Strasbourg : Pourquoi la Fondation Kavli vous a remis leur prix, et pourquoi si tard ?
Jean-Louis Mandel : Lorsque j’ai pris ma retraite, mon prix le plus prestigieux était le prix Louis-Jeantet de médecine que j’ai obtenu en 1999. Quand l’Académie des sciences norvégienne m’a contacté et demandé de transmettre des éléments pour le prix Kavli, je pensais n’avoir aucune chance, je me disais qu’étant à la retraite, ma période de prix était un peu passée… Mais bon, comme je n’ai jamais vraiment arrêté de travailler, j’ai répondu aux demandes qui étaient à chaque fois un peu plus précises… Jusqu’à ce que je sois finalement sélectionné, même si c’est 30 ans après ces fameuses recherches. Avec mon équipe, j’ai eu beaucoup de chance en fait, car quand nous nous sommes lancés sur le « X fragile », c’était pour comprendre l’origine d’une maladie génétique rare… Nous ne soupçonnions pas à l’époque que nous allions découvrir toute une méthode. C’est peut-être ce que la Fondation Kavli a voulu honorer, j’ai le sentiment qu’elle a voulu saluer une découverte plutôt qu’une carrière.
Vous êtes à la retraite et pourtant toujours très actif. À quoi ressemblent vos journées ?
Je n’ai en fait jamais vraiment arrêté. Je ne vais plus sur les plateaux techniques bien sûr mais je travaille plusieurs heures tous les jours sur mon ordinateur, je lis des revues scientifiques, je participe à des congrès, j’écris des articles… J’envoie aussi beaucoup de mails.
Plaider la cause auprès des représentants politiques
Par exemple, j’essaie de faire progresser les applications thérapeutiques de la génétique… En janvier 2020, je me suis bagarré avec Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, pour faire avancer ce sujet. Pendant deux heures, j’ai parlé avec Jacques Bigot quand il était sénateur (PS) afin de proposer un amendement que la ministre a immédiatement bloqué…
Considérez-vous que les chercheurs devraient plus participer au débat public ?
À part quelques chercheurs médiatiques comme Axel Kahn, qui savent parler dans les médias, les chercheurs sont assez réservés en général. Pour ma part, j’ai signé des tribunes sur mes domaines de compétence quand on m’a sollicité. Mais c’est vrai que je suis resté assez discret. Sur la recherche en génétique, j’ai quand même participé à des commissions parlementaires, envoyé des notes, coécrit une tribune dans Le Monde sur le dépistage néonatal… Bon, je dois dire que si je dois faire le bilan de cette participation au débat public sur la génétique, c’est assez nul. On écoute les chercheurs mais on ne les entend pas.
« On attend trop de l’État »
Je trouve qu’on attend trop de l’État dans notre pays. En France, quand on parle d’application de la génétique dans la population générale, on attend une loi qui va décrire exactement ce qu’on a le droit de faire ou pas dans une totale opacité. On ne sait pas qui signe les décrets et s’il faut les modifier, il faudra attendre six ou sept ans que le Parlement se saisisse à nouveau de la génétique. Aux États-Unis sur cette question, il y a une commission, où chaque membre est identifié, qui publie des préconisations, qui sont soumises à débat critique, modifiées, etc.
Je pense qu’à peu près tous les scandales sanitaires qu’il y a eu en France, l’hormone de croissance, le distilbène, l’amiante, le Mediator… ont survenu parce que les décideurs n’ont pas tenu compte de ce que les chercheurs ont publié à l’étranger, comme si la France était une exception permanente.
Un autre scandale qui me tient à cœur et dont on parle peu, c’est la détection du déficit d’enzyme MCAD. Cette maladie provoque des crises d’hypoglycémie sévères, pouvant aller jusqu’au décès sur des enfants de moins de cinq ans. Dès 2000, une technique de détection a été mise en point. En 2005, cette technique est mise en œuvre dans d’autres pays. En 2011, la Haute autorité de santé publie un pavé s’interrogeant s’il faut généraliser ce dépistage, ce qui permettrait selon ce rapport d’éviter cinq morts d’enfants chaque année, plus deux atteints de troubles neurologiques irréversibles… Donc à ce jour, on aurait pu éviter entre 50 et 75 morts d’enfants, depuis qu’on connait cette méthode de détection !
« Les équipements deviennent obsolètes en cinq ans »
Est-ce que les conditions de la recherche aujourd’hui permettent de tels succès ?
Quand j’ai débuté, les conditions de recherche étaient excellentes. Je travaillais dans le laboratoire de Pierre Chambon, qui est devenu l’IGBMC ensuite. C’était un labo unique en France et en Europe quant aux moyens techniques disponibles. Et puis surtout, la recherche était moins chère à l’époque pas toujours pour de bonnes raisons. Par exemple, les bourses attribuées aux étudiants chercheurs ne payaient pas les charges sociales… Donc j’avais plus de collaborateurs de qualité, on avait aussi plus de techniciens.
Aujourd’hui, les équipements sont devenus très coûteux et deviennent obsolètes en cinq ans… En outre, il faut un technicien ou une ingénieure pour s’en occuper, sinon il ne fonctionne qu’au tiers de ses capacités.
En outre, la compétition est devenue plus féroce et il y a un cercle vicieux. Les financements vont d’abord aux laboratoires qui affichent de bonnes perspectives… Ce qui n’est pas évident dans la recherche. Et dans ce match à l’échelle européenne, voire mondiale, je constate quand je me déplace dans les congrès que le nombre d’équipes françaises est en diminution.
La France a pris beaucoup de retard dans le séquençage de l’ADN, sur les programmes de grandes cohortes… Et puis il y a de moins en moins de postes de recherche, qui se réservent par raréfaction aux chercheurs les plus en vue. En outre, la loi Sauvadet limite les CDD à six ans maximum. Résultat, l’Inserm par exemple se sépare de collaborateurs bien formés et efficaces sur leurs appareils à partir de quatre années d’ancienneté… pour être remplacés par des gens qui débarquent. Dans un programme dont je fais partie, il y a 95% de taux de rotation des personnels ! Comment voulez-vous avancer dans ces conditions ?
Un autre dispositif qui m’inquiète, c’est l’interdiction de poursuivre ses recherches dans un labo où on a fait sa thèse… soit-disant pour favoriser les croisements d’idées. Quand je regarde les prix Nobel à Strasbourg, Jean-Marie Lehn a fait son doctorat à Strasbourg et a été nommé professeur à 24 ans à Strasbourg, Jules Hoffmann pareil, Jean-Pierre Sauvage pareil… Pierre Chambon, qui a reçu des prix aussi prestigieux que le Nobel, a fait toute sa carrière à Strasbourg. Je suis pour que ça bouge dans la recherche, mais pourquoi en faire une obligation absolue ? Quand on recommence tout à zéro, c’est plus compliqué de progresser !
Quel va être votre avenir avec ce prix ?
Je ne m’attends pas à de grands changements. Déjà, l’argent du prix (250 000€) ira à la recherche à l’Université de Strasbourg. Je n’ai pas encore les détails mais c’est mon souhait en tout cas.
Les vallons du Chena, dans le val de Villé, vont de nouveau s’emplir de notes, de chants et de joie pendant trois soirées puisque le festival Décibulles s’y installe à nouveau, du vendredi 8 au dimanche 10 juillet. Revue de détail d’une programmation large, accueillante mais choisie.
Une scène immense en pleine nature vosgienne avec en toile de fond les vallons du Chena, des bières à foison et servies à la minute par des bénévoles rôdés, de larges espaces dédiés aux rencontres et à la papote, c’est le mix du festival Décibulles. D’habitude calé mi-juillet, ce rendez-vous alsacien qui marque le début des vacances démarre un poil plus tôt cette année, du vendredi 8 juillet au dimanche 10 juillet. Après une édition annulée et une édition étalée sur cinq jours, on devine qu’il s’agit là de l’empressement de la part de l’équipe du festival de pouvoir proposer à nouveau la formule complète.
Parmi les nouveautés de sa 28e édition, Décibulles annonce un espace dédié à des animations dans une ambiance de fête foraine déjantée, avec bowling et kermesse, et l’ouverture d’un cinquième bar, particulièrement consacré au service de « bières de caractère ou d’autres boissons originales. »
Côté musique, Décibulles a choisi la sécurité cette année, avec des artistes capables à eux-seuls de remplir les quelques 9 000 places disponibles chaque soir. Citons par exemple Parov Stelar (dimanche), qui emmène les foules sur toutes les scènes majeures grâce à ses mix d’electro-swing, ou en profitant de la tournée des Stranglers, ce groupe britannique presque cinquantenaire, survivant du punk et dont les titres phares, « Always the sun » ou « Golden brown », ont bercé des générations. Il y a cependant des pépites plus rares qui ponctuent le programme 2022.
Vendredi, gros hip hop vs show Vitalic
La soirée de vendredi est probablement la plus hip hop de ce festival plutôt connu pour ses choix électro et rock. Les amateurs de rap attendront probablement le set de Niksa, dont la voix s’exprime rarement sans autotune. Ils pourront utilement patienter avec le rap branché quartiers du Strasbourgeois Larry (plusieurs fois évoqué sur Rue89 Strasbourg ici), et peut-être découvrir le flow nettement plus sophistiqué, mais plus intime aussi, du sélestadien Ruff.
La papesse belge d’un soul berceur Selah Sue est l’artiste la plus consensuelle de la soirée. Il faut dire qu’avec sa voix à la fois claire, chaloupée et puissante, elle est capable de faire l’unanimité dès qu’elle se trouve derrière un micro. Son dernier album comporte même des titres aux accents hip hop :
Mais le clou de la soirée, ce pourrait être le show de Vitalic, qui promet d’être particulièrement spectaculaire alors que l’artiste électro fête ses vingt ans de carrière. Le musicien est revenu à un style plus trash, plus hardcore, ses deux derniers albums proposent des sons plus industriels que les titres qui lui ont valu son succès populaire.
Samedi, entre les Stranglers, Wookid et La Femme
Attention grosse affluence attendue samedi soir ! Avec la programmation des Stranglers, Décibulles s’assure un public prêt à voyager sur 50 ans de musique rock. L’autre star de la soirée, c’est Wookid et son étonnante pop hypnotique. Wookid s’écoute très bien chez soi, mais c’est encore autre chose de constater la puissance de sa voix grave en concert. Et la soirée intègre aussi les talentueux musiciens de La Femme, dont le pop-rock français convainc tout le monde.
A noter ce soir là, la présence de Pales, excellent jeune groupe de post punk strasbourgeois. Pales se retrouve sur la grande scène après avoir remporté le tremplin Décibulles, ce qui n’est pas une surprise étant donné que le groupe accumule les victoires (sélection aux Inouïs du Printemps de Bourges, finaliste du tremplin Rock’n’Folk), grâce à un style qui charrie son lot d’énergie, sans négliger les impératifs mélodiques. Clairement à découvrir samedi en se collant face à la scène. Tout l’air frais du vallon ne sera pas de trop pour oxygéner le public à ce moment-là.
La journée du dimanche est très éclectique, mêlant dès 15h des signatures du reggae, du rap, de la pop et de l’electro. La tête d’affiche est évidemment Parov Stelar et son electro swing sur-entendu mais jamais déplaisant. Décibulles fait revenir les très festifs Dub Inc. et laisse une belle place à Entourloop, un groupe de reggae qui trompe la monotonie du genre par quelques pointes de hip hop.
Le groupe lauréat du tremplin Décibulles pour ce dimanche, c’est Maeva qui propose une pop soul détendue bien qu’un brin classique. Les amateurs du genre y retrouveront tous les codes du genre, parfaitement maîtrisés.
Les plus curieux rendront visite à Murman Tsuladze, un artiste dont les compositions allient des sonorités orientales traditionnelles avec des orchestrations actuelles. Le mélange fonctionne à nouveau et comme il se présente comme un groupe de « disco de la Mer noire », il peut être utile d’échapper pour un temps à la grande scène, voir si un dance floor se créée devant la petite…
Les députés fraîchement (ré)élus se sont vu attribuer leurs commissions. Parmi les trois strasbourgeois, deux d’entre eux se retrouveront à celle de la Défense, dont Bruno Studer qui quitte la présidence des affaires culturelles et de l’éducation.
Contrairement à 2017, aucun député d’Alsace n’accède à l’une des fonctions de premier plan de l’Assemblée nationale, telles une présidence de commission, de groupe, une vice-présidence de l’Assemblée ou un rôle de questeur… Les quinze députés . . .
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La coopérative d’autopartage Citiz organise une levée de fonds citoyenne à destination des particuliers jusqu’au 15 juillet. L’objectif est de collecter au moins 25 000 euros pour développer le réseau dans de nouvelles communes.
Citiz France a lancé une levée de fonds avec le collectif « Les Licoornes« , avec comme objectif de lancer son service d’autopartage dans de nouvelles communes. Le réseau de coopératives d’autopartage, né à Strasbourg, espère obtenir au moins 25 000 euros de la part de particuliers avant mi-juillet.
Cette levée de fonds fonctionne comme une augmentation du capital social. Les personnes intéressées achètent des « parts sociales » de Citiz France, à 250€ la part, et peuvent dès lors participer aux grandes orientations de la coopérative en votant lors de l’assemblée générale. Une part équivaut à une voix. Si les parts sont gardées pendant cinq ans, elles ouvrent droit à une déduction fiscale de 25% de leur valeur.
Pour Citiz France, cette levée de fonds citoyenne va permettre d’orienter les futurs développements de la coopérative. Selon Jean-Baptiste Schmider, directeur de Citiz France, « les nouveaux sociétaires pourront définir les territoires prioritaires où ils veulent que l’entreprise s’implante. »
500 communes supplémentaires fin 2026
Aujourd’hui, le réseau Citiz national propose plus de 1 700 voitures dans 170 communes. L’objectif est d’arriver à 5 000 véhicules dans 500 communes d’ici fin 2026. La coopérative d’origine strasbourgeoise souhaite s’établir dans toutes les collectivités de plus de 100 000 habitants, ainsi qu’en Île-de-France où elle absente. « Si une collectivité rurale veut proposer l’autopartage à ses habitants, nous pourrons répondre », affirme Jean-Baptiste Schmider.
« Les professionnels et les collectivités viennent quand vraiment un projet très précis et très concret sur leurs territoires, sur une levée des fonds comme celle-ci, il est difficile de les intéresser. On va les approcher dans un deuxième temps »., déclare le patron de Citiz.
Vers le partage de vélos cargos
La coopérative d’autopartage cherche à évoluer vers une solution globale aux besoins en mobilité. À Angers et Lyon, Citiz expérimente le partage de vélos cargos. Il reste à affiner le modèle économique et à sécuriser les véhicules sans rendre leur accès trop compliqué. Mais Jean-Baptiste Schmider l’annonce : « on pense que Strasbourg pourrait être une très belle ville pour développer le partage de vélos cargos ! »
Du festival Demostratif au Pelpass festival, en passant par l’ouverture de la nouvelle salle La Pokop, Strasbourg offre de plus en plus d’opportunités aux jeunes artistes. Des accompagnements et une visibilité qui répondent à l’activité prolifique de la région, tant du côté de la musique, du théâtre que de la danse.
Strasbourg possède une offre culturelle dense à travers des institutions fortes et installées, comme le Théâtre national de Strasbourg (TNS) ou l’Opéra du Rhin. Mais la scène émergente n’y est pas délaissée pour autant. De plus en plus d’espaces lui sont dédiés et de nombreux acteurs n’hésitent pas à prendre des risques pour découvrir les pépites de demain. Depuis février, La Pokop, une nouvelle salle de spectacle dédiée à la jeune création et co-gérée par le Crous et l’Université de Strasbourg a ouvert ses portes. Une fierté pour Juliette Lacladère-Baumgartner, responsable du service culturel du Crous de Strasbourg et membre du comité de direction de la salle :
« C’est un projet qui est dans les rouages depuis 2013, car nous avions identifié un réel besoin. Il y a 70 000 étudiants sur le campus et nous n’avions pas vraiment de lieu à proximité pour accueillir les créations des étudiants et des associations. Avec la Pokop, nous avons enfin une salle consacrée à la jeune création, pensée notamment pour accueillir les tremplins du Crous, mais aussi de jeunes troupes. »
Tremplins, résidences et pépinières
Située au 19 rue du Jura, à quelques minutes du campus de l’Esplanade, cette nouvelle salle peut accueillir près de 500 spectateurs debout ou 204 assis. Elle remplace le gymnase Paul Collomp qui a été entièrement réaménagé dans le cadre du plan campus de rénovation.
« Un service du Crous dédié à la culture a été créé en décembre 2020. Avant, les missions culturelles étaient rattachées à un pôle englobant la communication et le marketing… », rappelle Juliette Lacladère-Baumgartner. La Pokop est une des seules salles de spectacle de France à être co-gérée par un Crouset une université.
Depuis son ouverture, la salle a déjà pu accueillir les finales régionales des tremplins de théâtre et de musique du Crous et la finale nationale de danse. Ces concours proposés aux étudiants leur donnent l’opportunité de se faire connaître, de remporter des contrats pour jouer dans des festivals ou d’obtenir des résidences de création. « Grâce à la nouvelle salle, nous pourrons accompagner non plus un, mais deux gagnants du tremplin théâtre à travers des résidences. L’une aura toujours lieu au TAPS et l’autre sera à La Pokop, » précise Juliette Lacladère-Baumgartner.
Côté musique, le tremplin Pulsation 2022 a notamment permis au jeune groupe Solid Champagne, constitué d’étudiants en licence de musicologie, de décrocher une scène pour le festival de la rentrée, Campus Alternatif et une résidence de pré-production scénique à l’Espace Django.
Cette salle est un autre lieu important de la scène émergente strasbourgeoise. « En tant que lieu culturel implanté dans le quartier du Neuhof, nous devons être attentifs à ce qu’il se passe sur notre territoire et encourager la pratique de l’art à tous les âges », présente Benoit Van Kote, co-directeur et programmateur de la structure. Avec son école de musique implantée dans ses locaux et les ateliers en milieu scolaire autour de la musique actuelle réalisées, l’équipe de Django cherche d’abord à éveiller des vocations.
Django programme aussi régulièrement de jeunes groupes en première partie, réserve des soirées entières à de nouveaux projets et accompagne certains d’entre eux dans le cadre de leur pépinière. Benoit Van Kote présente le projet :
« Nous avons créé ce dispositif d’accompagnement après un diagnostic de ce qui manquait à la scène locale pour se développer, c’est-à-dire un accompagnement plus structurant pour que les artistes aient une meilleure compréhension du milieu professionnel. Nous sélectionnons trois groupes, puis nous travaillons avec eux pendant deux ans, pour faire un travail de fond sur les volets entrepreneurial et artistique. »
De plus en plus de festivals font le pari de la découverte
À Strasbourg, plusieurs festivals dédient une partie, voire l’intégralité, de leur programmation à la scène émergente. C’est le cas de Démostratif, le festival des arts scéniques émergents qui investit, depuis 2018, le campus de l’Esplanade et qui s’est étendu en 2022 avec des spectacles à La Pokop, à la BNU ou encore à l’église Saint-Guillaume.
L’édition 2022, programmée par Sacha Vilmar, a mis à l’honneur la jeune autrice et dramaturge Anette Gillard. Diplômée de l’Université de Strasbourg, elle a été membre du Théâtre universitaire de Strasbourg en 2018 et enseigne à l’Unistra depuis 2021. À ses côtés, plus d’une trentaine d’autres artistes locaux et internationaux, dont le strasbourgeois Logan Person de la jeune compagnie Convergences. Il explique que ce festival lui permet de montrer au public une première partie de son travail :
« Je présente pour la première fois une lecture de la pièce que nous sommes en train de créer et qui revient sur l’histoire d’Iphigénie. C’est une étape de travail, mais, à un moment, il faut se jeter à l’eau et ce festival est une très belle occasion de se confronter et d’échanger une première fois avec des spectateurs. Démostratif offre un cadre bienveillant, inclusif et qui soutient les prises de risques, ce qui est très agréable. »
Ruby est aussi membre de la compagnie. Pour elles, Démostratif offre des pistes pour bien se lancer :
« Les échanges et le réseau sont très importants dans notre métier, notamment pour évoquer les questions plus administratives ou initier des partenariats. C’est top de pouvoir bénéficier de ce type de rendez-vous, avec des artistes d’ici, mais aussi d’ailleurs. Certains viennent de tout le pays et même du Burkina Faso ou du Canada ».
Une prise de risque
« Faire appel à des artistes amateurs, c’est faire un pari sur la fréquentation. Le public ne les connaissant pas, il peut ne pas vouloir prendre de risque même pour un festival gratuit », précise Sacha Vilmar. D’un autre côté, les jeunes artistes sont souvent moins chers à programmer que les vétérans.
Depuis plusieurs années, le Pelpass festival, qui a tenu sa 5e édition fin mai, mise sur sa capacité à surprendre son public et à lui faire découvrir de nouveaux artistes, comme l’explique son directeur artistique Jérémie Fallecker :
« C’est beau de voir des gens nous faire confiance et venir sans connaître aucun groupe de la programmation. Ils ne savent pas à quoi s’attendre, mais certains vont vivre un concert qui va les marquer. Des festivals comme le nôtre peuvent réellement servir de tremplin à des groupes encore tous neufs. »
Cette année, près 9 000 personnes ont assisté à la trentaine de concerts programmés au festival, ce qui conforte Jérémie Fallecker dans sa volonté de dénicher des talents encore peu connus :
« Réaliser une telle programmation prend du temps et demande beaucoup de travail de recherche. J’assiste à énormément de concerts, de festivals, je suis très à l’écoute de mon réseau pour voir quels artistes sort du lot. Beaucoup de groupes nous contactent également, parfois on reçoit 40 démos par jour et, malheureusement, nous n’arrivons pas à tout écouter. »
En relation plus ou moins étroite, les différentes structures tentent de fonctionner en bonne intelligence pour que l’offre soit diversifiée et la visibilité partagée. Par exemple, il n’y a pas eu d’autre gros événement en même temps que le Pelpass. Pour Benoit Van Kote, programmateur de Django qui a notamment participé au jury du tremplin musical du Crous ou du festival Décibulles, ce maillage gagnerait à s’organiser davantage :
« Il y a beaucoup de bons projets mais les groupes strasbourgeois ont parfois du mal à rayonner au-delà de la région. C’est notamment dû au fait qu’on manque d’entreprises de programmation, qui ont l’habitude de faire tourner les artistes à plus grande échelle. Par contre, nous avons beaucoup de structures de production. »
En partant de ce constat, différents acteurs veulent renforcer le rayonnement des artistes qu’ils accompagnent. Depuis trois saisons, l’Espace Django a rejoint le dispositif transfrontalier Iceberg, initié par les Eurockéennes et la fondation CMA suisse.
Pour la deuxième année de « résidence journalistique » de Rue89 Strasbourg au collège Hans Arp, toute la classe de 4ème G a pu travailler avec des appareils photos jetables pour réaliser des reportages dans leurs quartiers. Les adolescents ont exposé leurs clichés au CDI. Certains d’entre eux ont aussi réalisé des reportages radio et animé une émission lors des portes ouvertes du collège.
L’éducation aux médias par Rue89 Strasbourg, c’est avant tout permettre à des élèves de se saisir des outils journalistiques pour en comprendre les contraintes. Cette année scolaire 2021 / 2022, le collège Hans Arp a accepté de financer l’achat d’une vingtaine d’appareils photo jetables. L’objectif était de permettre à des adolescents de réaliser un photoreportage dans leur quartier (les collégiens viennent pour la plupart de l’Elsau ou du quartier de la Montagne Verte). Depuis fin avril, une sélection des photographies de la classe de 4ème G est exposée au centre de documentation et d’information (CDI) de l’établissement.
L’angle, une notion journalistique incontournable
Avant de partir en reportage, les élèves de la « classe média » ont été invités à définir l’angle de leur reportage. Cette notion essentielle en journalisme peut se résumer à une question à laquelle on cherche à répondre. L’angle donne le cadre indispensable aux journalistes pour ne pas se perdre dans un sujet trop large. Voici quelques exemples de sujets choisis par les collégiens pour un travail sur leur quartier :
Où sont les lieux de squat à l’Elsau ?Quelles sont les sources de nuisance de la route de Schirmeck ?Quelles sont les incivilités commises dans les blocs ?Que peut-on manger dans le quartier de la Montagne Verte ?Quels sont les bâtiments qui seront détruits dans le cadre de la rénovation du quartier de l’Elsau ?
Très vite, les élèves ont compris l’intérêt de la photographie pour transmettre une information et répondre à leur question. Aylin et Nurelhuda ont ainsi photographié différents restaurants et autres pâtisseries de la Montagne Verte. Marouane et Evence se sont rendus dans les espaces verts de l’Elsau pour réaliser des portraits des usagers du parc, entre promenade du chien, petit footing et bagarre. Guillaume et Ali ont arpenté la route de Schirmeck à la recherche d’illustrations des problèmes de pollution atmosphérique, de nuisances sonores et autres conflits d’usage de l’espace public.
Une émission de radio pour les portes ouvertes du collège
Par la suite, les collégiens de la « classe média » se sont entrainés à réaliser des interviews radio. Certains d’entre eux ont interviewé une habitante de l’Elsau, Menouba, sur la question du ramassage des déchets dans le quartier. D’autres ont mené un entretien avec deux salariés de l’association d’insertion Elsau’Net pour mieux comprendre le quotidien d’un agent de nettoyage à l’Elsau.
Cinq élèves ont aussi été formés à l’animation d’un plateau radio, grâce au soutien technique de Speaker. Ce dernier a eu lieu lors des journées portes ouvertes du collège Hans Arp, dans l’après-midi du vendredi 24 juin. Ils y ont présenté l’exposition photo au CDI, les slams enregistrés par les collégiens sur leur quartier, deux reportages radiophoniques.
L’interview de Benjamin Soulet, adjoint à la maire de Strasbourg pour le quartier, était planifié mais il s’est désisté en dernière minute. Les jeunes journalistes ont ainsi découvert un autre aspect du métier de journaliste : les joies du direct et des imprévus !
L’Alsace n’a pas toujours la réputation d’être une terre où faire la fête. Une image erronée tant ses villages regorgent d’énergie et de traditions variées, folkloriques et bien ancrées. Pour sa série d’été 2022, Rue89 Strasbourg va participer aux innombrables fêtes d’Alsace.
L’été 2022 marque le grand retour des fêtes dans les villes et villages d’Alsace. Ces grands moments collectifs semblaient intangibles dans le paysage régional. Il a fallu une pandémie mondiale pour voir ces événements balayés deux étés de suite.
Qu’est-ce que ce plaisir de se retrouver entre voisins, entre habitants d’un même village, entre passionnés d’un même truc ? Pourquoi ce besoin de se retrouver et de faire la queue sous le soleil pour choper une bière et un hot-dog à 4€ s’exprime tant ? Cet été, fini le masque, le passe sanitaire, les jauges, l’ère des barrières et de la « distanciation sociale », cette convivialité retrouvée, on va vous la raconter.
De la Saint-Jean aux fêtes du vin
À chaque recoin son histoire, ses traditions : des feux de la Saint-Jean fin juin aux fêtes du vin en août, nous allons explorer chaque vendredi une petite part de l’identité alsacienne et française… Des reportages qui nous emmèneront des deux côtés du Rhin, ainsi qu’à un bal du 14 juillet ou bien à célébrer le bretzel à Gresswiller quelques semaines plus tôt.
Tous les week-ends, nous partons à la rencontre de celles et ceux qui font vivre l’âme d’une association, d’une histoire, d’une commune, de ce vivre-ensemble si précieux. C’est la vie de stars du quotidien, des nobodys de tous les jours. Le genre de personnage qu’on ne rencontre que trop rarement dans Rue89 Strasbourg.
Cette série d’été représente un investissement considérable pour notre petite rédaction. Chaque reportage est réalisé par un rédacteur accompagné d’un photographe professionnel pour mieux faire ressortir l’intensité de ces festivités. Ces reportages étant disséminés en Alsace, il s’ajoute des frais de déplacements pour nos binômes de choc ! Comme chaque été, les 9 épisodes de la série d’été sont en accès libre. Soutenez cette production estivale et sa diffusion au plus grand nombre en optant pour un abonnement, sans engagement.
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵