Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous
Variole du singe : trois nouveaux centres de vaccination en Alsace pour les personnes à risque
Le nombre de cas de variole du singe baisse en Europe, mais ils ont tout de même doublé dans le Grand-Est par rapport au mois dernier selon Santé Publique France. Trois centres de vaccination préventive pour les personnes à risque ont ouvert fin août en Alsace pour répondre à une demande croissante.
Malgré une baisse des cas de variole du singe en Europe, les derniers chiffres pour le Grand-Est montrent un doublement des cas depuis le mois dernier, à raison de 90 cas dans le Grand-Est au 29 août, contre 44 cas un mois auparavant. Une vaccination préventive a été mise en place uniquement pour les personnes les plus exposées au virus, à savoir les hommes multipartenaires ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples, les travailleuses et travailleurs du sexe, ainsi que les professionnels des lieux de consommation sexuelle et les professionnels de la santé amenés à prendre en charge les personnes malades.
Trois centres de vaccination supplémentaires
La campagne de vaccination a débuté depuis début juillet au Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) de Strasbourg par le Centre de vaccination internationale, qui assurait déjà les vaccinations contre le Covid-19, ainsi que le Trait d’Union, un établissement qui s’occupe également de l’accompagnement médical pour le virus du Sida. Deux autres centres en Alsace ont ouvert fin juillet et début août au Centre Hospitalier Louis Pasteur de Colmar et au CeGIDD de Mulhouse.
En juillet, tous les rendez-vous du CeGIDD de Strasbourg étaient déjà pourvus jusqu’en septembre. Face à l’afflux de demandes, et bien que la tendance soit globalement à la baisse en Europe, un « vaccinodrome » supplémentaire a ouvert le 29 août, également au CeGIDD de Strasbourg, pouvant accueillir 250 rendez-vous de plus par semaine par rapport aux 70 créneaux proposés précédemment.
Deux autres centres de vaccination ont également ouvert aux centres de vaccination Covid de Sélestat et de Illkirch-Graffenstaden. Le premier assurera 40 rendez-vous à partir de début septembre et a déjà vacciné 20 personnes. Le deuxième assure environ 80 rendez-vous par semaine. Les trois nouveaux centres proposent des rendez-vous directement sur Doctolib.
Pas de personnel en plus
Ces centres ont déjà permis d’alléger le travail dans les centres déjà existants selon Christophe Mulberg, médecin du CeGIDD de Colmar :
« Il y a un mois d’attente chez nous, donc parfois on redirige les personnes vers ces centres proches. On doit déjà intercaler les vaccinations entre les rendez-vous médicaux, puisque nous sommes trois médecins à assurer le service chacun notre tour. Il n’y a pas de plage horaire dédiée donc on intercale entre nos autres rendez-vous. Pour ce soir, j’ai sept vaccinations prévues. »
Dès le début de la vaccination, les centres alertaient sur le manque de personnels pour vacciner. Le 26 juillet 2022, un arrêté relatif à la vaccination contre la variole du singe permettait aux médecins retraités de prescrire et d’administrer les vaccins et aux infirmiers retraités de les administrer sur prescription médicale, ainsi qu’à certains étudiants ayant reçu les formations spécifiques.
« C’est une organisation temporaire qui ne peut pas se pérenniser »
Les services s’adaptent au manque de personnel au gré de la réserve sanitaire et des contacts prêts à aider, comme l’explique le docteur John Lenertz, responsable du centre de vaccination de Sélestat :
« On a un réservoir de personnel à mettre à disposition. Mon adjoint par exemple est retraité. On a aussi des étudiants pour la vaccination. Deux personnes de la mairie sont venues nous aider pour gérer Doctolib et pour l’accueil. C’est supportable pour le moment. »
Au CeGIDD de Mulhouse, ouvert fin juillet, les 30 vaccinations par semaine se font le mercredi. Jakub Kowalczyk, praticien hospitalier du CeGIDD, détaille une situation difficile :
« On essaye d’être au moins deux, une personne à l’administratif et l’autre en vaccination, aujourd’hui nous étions quatre donc ça allait. Mais dès que quelqu’un vient avec suspicion de variole, cela perturbe toute l’organisation. Pour la vaccination Covid tout était prévu en amont, par des appels à volontaires, mais les vaccinations étaient plus importants. Nous n’avons pas eu ces moyens et avons tout de même dû absorber cette campagne à notre activité. On essaye de se détacher nous, par exemple une personne qui est technicienne d’étude clinique au CeGIDD est venue nous soutenir. C’est une organisation temporaire qui ne peut pas se pérenniser. «
« Fin de l’abondance » : les écologistes face à leurs premières mesures d’austérité
Les exécutifs de la Ville et de l’Eurométropole doivent mettre en œuvre des économies urgentes après le quintuplement de la facture de gaz de la collectivité. Parmi les premières pistes : le chauffage, l’éclairage et moins de fêtes.
La rentrée est souvent un moment que l’on tente de rendre joyeux. Les retrouvailles, ainsi que les corps bronzés et détendus des vacances donnent un peu de chaleur à la reprise du travail. Mais à la veille de la rentrée scolaire, ce sont avec des mines graves que la . . .
Lisez la suite pour 1€ seulement
-
Accédez à nos enquêtes et révélations exclusives
Soutenez une rédaction locale qui appartient à ses journalistes
Maintenez une vigie citoyenne sur les pouvoirs locaux
Les musées de Strasbourg fermeront deux jours par semaine et de 13h à 14h
Un communiqué mercredi 30 août aux agents des musées de Strasbourg précise les modalités de fermeture de ces établissements culturels à partir du 3 octobre, pour répondre à la carence en personnels. La Ville a opté pour un deuxième jour de fermeture hebdomadaire, à laquelle s’ajoute aussi une fermeture journalière entre 13h et 14h.
Les représentants du personnel des musées de Strasbourg ont appris le soir du 30 août la décision de la Ville de Strasbourg sur les modalités de fermetures appliquées aux musées dès le 3 octobre 2022. Invoquant la situation actuelle de « crise », le communiqué publié sur le site du syndicat Unsa des agents de l’Eurométropole mentionne la nécessité de « sobriété » et une « décélération » des activités en réduisant les horaires d’ouverture des musées.
La Ville a donc validé le scénario révélé par La Tribune de l’Art début août, selon lequel les musées de Strasbourg seront fermés deux jours par semaine au lieu d’un seul, en plus d’une fermeture à la mi-journée entre 13h et 14h.
Fermetures prolongées, sauf exceptions
Dans le détail, seront désormais fermés les lundis et mercredis :
- Le musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS), le musée Tomi Ungerer, le musée de l’Œuvre Notre-Dame,le musée Historique.
Seront fermés les mardis et jeudis :
- Le musée d’Archéologie,le musée des Beaux arts,le musée Arts décoratifs,le musée Alsacien.
Ces huit établissement seront tous fermés entre 13h et 14h. Le musée de l’Aubette, ouvert quatre jours par semaine, conservera ses horaires normaux d’ouvertures de 14h à 18h. À noter qu’en 2023, le musée zoologique doit rouvrir après de grands travaux de rénovation.
Les expositions temporaires seront quant à elles maintenues six jours sur sept. Ce sera le cas de « SurréAlice » au MAMCS et au musée Tomi Ungerer du 19 novembre au 26 février. Idem pour « Passé, présent, avenir d’œuvres récupérées en Allemagne en 1945 » au palais Rohan du 22 octobre au 15 mai.
Enfin, pendant les quatre semaines du Marché de Noël, du 25 novembre au 24 décembre, le musée Alsacien demeurera ouvert six jours par semaine (la fermeture le mardi est conservée). Le communiqué mentionne que les musées continueront d’accueillir les groupes scolaires et assimilés les mercredis et jeudis de fermeture.
Une réduction de l’enveloppe des vacataires
Cet arbitrage de la maire de Strasbourg va à l’encontre des propos quelques jours plus tôt de son adjointe en charge de la Culture. Anne Mistler expliquait que s’il devait y avoir un jour supplémentaire de fermeture, il ne se cumulerait pas avec d’autres plages de fermeture. Bertrand Gillig, président de la Société des Amis et des Arts des musées de Strasbourg (Saams) s’inquiétait déjà de la difficulté d’accueil des 550 000 visiteurs annuels avec des horaires restreints.
Lors d’un point presse consacré aux hausses de prix de l’énergie, la maire Jeanne Barseghian (EELV) a confirmé cette décision. Elle la présente comme une mesure « d’adaptation du service public », qui « n’est pas la seule, mais est indispensable » dans le contexte à venir :
« J’ai le choix entre augmenter la tarification des musées comme le font d’autres villes, qui est à 7,5 euros ici mais peut aller jusqu’à 15 euros ailleurs, ou de recourir à un deuxième jour de fermeture. Les plages horaires ont été arbitrées en fonction de la fréquentation. »
La municipalité assure ne pas vouloir réduire la masse salariale du personnel permanent, mais sa situation financière « ne permet pas d’embaucher davantage ». Le but est de réduire le budget consacré aux vacataires, des personnels temporaires embauchés sur de courtes périodes pour compléter les effectifs. La fermeture permettrait de « soulager les équipes » qui ont été « surmenées » avec les réductions d’effectifs (17 postes depuis 2014). Une situation qui expliquerait selon la majorité l’absentéisme élevé et donc le recours de plus en plus fréquent aux vacataires.
Une réunion prévue le 1er septembre avec les agents
Une réunion est prévue jeudi 1er septembre pour présenter ces mesures aux agents des musées de la Ville. Cette décision est annoncée sous réserve du prochain comité d’hygiène, de sécurité et de condition de travail (CHSCT) qui se tiendra le 15 septembre.
Dans la journée du 31 août, la CGT a déposé un préavis de grève pour la journée du samedi 17 septembre. Le syndicat s’oppose à cette fermeture et demande « le remplacement immédiat des personnes parties à la retraite et l’anticipation immédiate de celles et ceux qui vont partir, le renforcement immédiat des équipes présentes, notamment par des vacataires et la remise à plat des conditions de travail de l’ensemble des personnels ».
Pour les livreurs de Fast Despatch, des paies erratiques, une situation bloquée et un espoir au tribunal
Après 12 jours à protester devant les locaux d’Amazon, les livreurs du sous-traitant Fast Despatch Delivery ont été partiellement payés. Poussés à la démission, ils ne sont pas autorisés à travailler ailleurs. Soutenus par le député (LFI) Emmanuel Fernandes, ils espèrent qu’une audience devant le tribunal de commerce de Bobigny débloquera enfin leur situation le 5 septembre.
Douze jours après la première opération de ralentissement du dépôt Amazon à la Meinau, c’était le dernier rassemblement des livreurs de Fast Despatch Delivery (FDL) ce mardi 30 août. Il faut dire qu’Amazon a réagi… en leur signifiant via un huissier de justice que tout rassemblement devant les grilles du dépôt de la Meinau leur était interdit.
Pour rappel, les salariés ont vu l’activité de ce sous-traitant d’Amazon parmi tant d’autres s’arrêter brusquement le 9 août (lire notre article). Leur salaire de juillet n’avait toujours pas été versé et la société FDL n’ayant pas déclaré sa fin d’activité, ses employés ne sont ni autorisés à travailler pour un concurrent, ni à s’inscrire à Pole Emploi. De quoi mettre ces travailleurs dans des situations financières très compliquées.
Des salaires enfin versés
Depuis la première opération devant l’entrepôt d’Amazon, les salariés ont enregistré quelques progrès. Ils ont reçu des paiements pour leur salaire de juillet et les 9 jours d’août. « Certains ont reçu 200 euros, d’autres 2 200 euros, mais on n’a pas reçu de fiche de paie. Ceux qui ont touché beaucoup sont démotivés », raconte Ennes (prénom modifié), l’un des livreur présent au dernier rassemblement.
Surtout, une audience est programmée devant le tribunal du commerce, la juridiction de ressort du siège de la compagnie à Bobigny. Le 5 septembre, l’institution judiciaire pourrait prononcer la liquidation judiciaire de l’entreprise et ainsi libérer les employés de leurs engagements.
Des soutiens politique et syndicaux
Pour ce rassemblement final, le député de la circonscription de Strasbourg-sud Emmanuel Fernandes (LFI – Nupes) était à leurs côtés. « Vous ne demandez pas l’aumône, mais juste à être payés après avoir travaillé. Aujourd’hui, des choses aussi basiques que demander son salaire n’est plus respecté. Ce combat, vous le faites pour vous, mais aussi les autres. Tenez bon, ne démissionnez pas », leur a-t-il lancé lors d’une prise de parole. L’élu strasbourgeois sait que ses leviers de député d’opposition sont limités, mais considère que son rôle est d’exercer « une pression institutionnelle » et médiatique. Pour la secrétaire générale de l’Unsa Grand Est, Chloé Bourguignon, la réaction de l’inspection du travail à la mi-août n’est peut-être pas étrangère aux communiqués du député strasbourgeois et de ceux de Thomas Portes, un autre député insoumis très actif sur le sujet. Mais par la suite, Emmanuel Fernandes estime que ces situations peuvent être traitées par l’Assemblée nationale :
« Avec la Nupes, nous voulons porter une loi qui engagerait la responsabilité sociale d’un donneur d’ordres envers ses sous-traitants. Cela existe déjà avec la responsabilité environnementale et nous voudrions étendre ce dispositif ».
Enfin, la situation de FDL pourrait devenir un cas d’école pour voir la loi de 2017 sur le « devoir de vigilance des maisons-mère et des donneurs d’ordres« , peut s’appliquer.
Côté syndicats, les livreurs sont désormais aidés par l’Unsa. Pour son secrétaire général bas-rhinois Mohamed Sylla, cette situation « est inimaginable au XXIe siècle ».
« Amazon fait 460 milliards de chiffre d’affaires et 35 milliards de bénéfices. Ces salariés ont participé à cette émergence. Cette maltraitance détruit le salariat. Nous lançons un appel aux pouvoirs politiques et judiciaires pour des sanctions fermes et des lois adaptées afin qu’Amazon soit reconnue responsable ».
« Qu’on en finisse »
Après 12 jours de présence, les ex-chauffeurs livreurs de FDL espèrent que cette dernière action donne du retentissement à leur cause, et soit considérée par la justice. C’est le cas d’Ennes, 26 ans et chauffeur depuis ses 18 ans. « J’attends qu’une chose, qu’on en finisse en bien ou en mal ». Après deux ans avec FDL, il ne sait pas s’il retravaillera pour un autre sous-traitant d’Amazon, « c’est le seul endroit où il y a tant de problèmes ». Il imagine suivre une formation pour devenir ambulancier. Pour cela, il faudra que le tribunal de commerce lance les démarches que se refuse de faire Fast Despatch Logistics, qui ne répond plus.
Contre un transfert de moyens, grève illimité à l’informatique de l’académie de Strasbourg
Une partie des agents chargés de l’informatique du rectorat de l’académie de Strasbourg se sont mis en grève lundi, afin de protester contre un regroupement technique au sein du ministère de l’Éducation nationale. Ils craignent une privatisation.
Une dizaine d’agents de la direction des systèmes d’information (DSI) du rectorat de l’académie de Strasbourg se sont mis en grève illimitée lundi, à l’appel de leur section locale CGT-Éduc. À quelques jours de la rentrée, ces agents entendent protester contre le transfert de leurs serveurs, actuellement installés à Strasbourg, au sein d’un centre de données unique géré par le ministère de l’Éducation nationale. Selon un comptage du rectorat, communiqué mercredi, huit agents étaient en grève mardi sur les 33 que compte le service.
Ce regroupement des moyens informatiques a été proposé par le ministère et l’académie de Nancy, tutelle de celle de Strasbourg, s’est portée volontaire selon Robert Maire, syndicaliste CGT et représentant des personnels élus au comité technique académique :
« À Strasbourg, on n’a rien demandé d’autant qu’on a récemment réalisé d’importants investissements dans notre salle machines et qu’on n’a aucune garantie sur la sécurité et la sauvegarde des données qui seraient transférées. »
Selon Robert Maire, le système d’archivage des fichiers proposés aux agents et enseignants de l’Éducation nationale en Alsace est plus performant et plus sûr que le service proposé par le ministère. « Si un fichier est supprimé par mégarde, nous disposons de deux sauvegardes quotidiennes qui permettent de le récupérer », précise Robert Maire « alors que l’hébergement du ministère ne permet pas de récupérer un fichier supprimé. »
Un regroupement mal justifié
En outre, indique Robert Maire, « il n’est pas très opportun de mettre toutes les données de toute l’Éducation nationale en France dans un même serveur. Que se passe-t-il si un hackeur parvient à briser les protections de ce serveur unique ? » Au-delà, le syndicaliste craint que ce regroupement est un prélude à une sous-traitance de cet hébergement informatique par un prestataire privé, ce qui aurait pour effet de supprimer plusieurs postes de fonctionnaires au sein de la DSI.
Les agents attendent désormais que le recteur de l’académie de Strasbourg, Olivier Faron, mette fin à ce projet de regroupement des serveurs. Robert Maire indique que la durée de la grève est illimitée et qu’elle durera tant que des assurances n’auront pas été formulées par le recteur. Parmi les agents grévistes, il y a tous ceux qui sont attachés au support informatique des agents, selon le syndicaliste. Une réunion est programmée le 8 septembre avec le directeur des services informatiques du Grand Est.
Selon la préfecture, la M35 est plus fluide et plus rapide depuis la mise en service du GCO
Le Grand contournement ouest (GCO) est fréquenté par 5 000 camions par jour en moyenne, selon des chiffres fournis par Vinci. Selon la préfecture du Bas-Rhin, ces camions retirés de l’ancienne A35 ont permis de fluidifier le trafic à Strasbourg.
La préfecture du Bas-Rhin et Arcos, la filiale de Vinci concessionnaire du Grand contournement ouest (GCO, lire tous nos articles), se sont félicités mardi des chiffres de fréquentation de l’autoroute de contournement mise en service le 21 décembre 2021, lors d’une conférence de presse où Rue89 Strasbourg n’a pas été convié.
Pas de nouveauté : Vinci a pointé environ 5 000 camions par jour sur son autoroute, en moyenne sur un mois, soit 6 à 7 000 camions les jours ouvrés. Le nombre de camions sur le GCO le dimanche et jours fériés chutant drastiquement. Un chiffre cohérent avec les chiffres que le concessionnaire avait déjà communiqués en juin et ceux tirés de la campagne de comptage du collectif GCO Non merci.
Arcos a confirmé que l’autoroute payante était majoritairement utilisée par les véhicules de passage, ainsi les chiffres des véhicules légers augmentent sensiblement lors des vacances scolaires par exemple (voir le graphique ci-dessous).
Afin d’éviter le report du trafic sur la M35, l’ancienne A35 qui traverse Strasbourg, les poids-lourds en transit (qui ne s’arrêtent pas dans l’Eurométropole) ont été interdits et la vitesse maximale a été abaissée à 70 km/h entre la place de Haguenau et la porte de Schirmeck, et à 90 km/h sur la rocade sud (M353) entre Geispolsheim et Fegersheim et la M351 vers Eckbolsheim (voir la carte ci-dessous).
Selon la préfecture, ces mesures combinées ont eu pour effet de délester les autres axes de circulation strasbourgeois. En 2022, il y aurait en moyenne 6% de voitures en moins sur la M35 par rapport à 2019, sans qu’il soit observé de hausse sur l’axe est-ouest d’accès à l’agglomération, la M351 dont la charge baisse légèrement (-3%). Les projections anticipaient plus de trafic sur cette entrée de ville.
La baisse la plus spectaculaire concerne le nombre de camions sur la M35, qui aurait baissé de 33% en moyenne par rapport à 2019 selon les chiffres de la préfecture, voire jusqu’à -35% en juin à Ostwald au sud. Le trafic poids lourd sur l’A5 allemande n’aurait semble-t-il pas été affecté.
En outre, la préfecture estime que le GCO a permis de réduire considérablement le nombre et la fréquence des ralentissements (vitesse inférieure à 40 km/h) sur la M35. Selon des pointages effectués entre janvier et mars 2022, ces ralentissements ne sont survenus qu’une demi-heure sur le tronçon entre La Vigie et la Porte de Schirmeck, alors qu’ils ont existé pendant plus de trois heures sur le même tronçon entre septembre et novembre 2021. Même chose entre Reichstett et la place de Haguenau, où le temps de ces ralentissements aurait fondu de près de trois heures à 14 minutes (voir graphique ci-dessous).
Au final, la préfecture estime que les usagers de la M35 ont gagné 15 à 20 minutes de temps de trajet aux heures de pointe. Selon l’Agence d’urbanisme de Strasbourg (Adeus), à l’origine des résultats sur lesquels s’appuie la préfecture et qui a mis en place un « observatoire de la M35 », cette « amélioration des conditions de circulation est à surveiller dans le temps. En effet, elle pourrait pousser les usagers à davantage utiliser la voiture soit en terme de choix modal, soit en terme de modification des habitudes de territoire de vie. »
La municipalité repousse à 2023 une éventuelle commission indépendante du débat public
Votée sur le principe en mai 2021, la Commission indépendante du débat public ne verra pas le jour en 2022. La municipalité dispose de propositions pour sa création effective mais se donne un délai supplémentaire avant une éventuelle mise en œuvre.
Tram, piétonnisation, rénovations… Les grands chantiers se suivent au gré des majorités politiques mais les concertations publiques se terminent un peu toujours de la même façon : d’un côté les déçus qui estiment que tout était décid . . .
Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Il dénonce la dangerosité des motos sur les trottoirs, La Poste le licencie
Facteur dans l’Eurométropole de Strasbourg, Mohamed a alerté sa hiérarchie et la collectivité de l’usage intempestif des trottoirs par les facteurs utilisant des motos électriques à trois roues. Selon lui, les tournées sont calculées en prenant en compte cet usage illégal. La Poste y a vu un manque de loyauté et l’a licencié.
En 2015, La Poste présente au public le Staby
Lisez la suite pour 1€ seulement
-
Jouez un rôle actif dans la préservation de la pluralité médiatique
Plongez en illimité dans nos articles et enquêtes exclusives
Participez librement à la discussion grâce aux « identités multiples »
La stupeur d’habitants de l’Elsau : leur facture d’énergie a augmenté de 152%
Des habitants du quartier de l’Elsau à Strasbourg ont vu leur facture de chauffage augmenter de 152%. Malgré l’incompréhension des résidents, le fournisseur Strasbourg Énergie ne daigne donner d’explications.
152%. Facture d’énergie en main, Joseph répète, hagard, ce chiffre en boucle. Ce retraité et habitant d’une maison individuelle située dans une impasse du quartier de l’Elsau à Strasbourg, n’en revient toujours pas. Cela fait pourtant deux semaines que la lettre est arrivée. Elle est estampillée « Strasbourg Énergie« , le gestionnaire du réseau de chaleur urbain qui alimente son foyer, et enjoint Joseph à régler un supplément de 1 042€. De 1 768€, sa facture annuelle est passée à 2 781€ hors taxes, sans explication.
Le mégawattheure à 82€
« C’est incompréhensible. On fait très attention à notre consommation ! On était même absent pendant trois semaines en plein hiver, à un moment où d’habitude, on consomme beaucoup », se défend Rosette, l’épouse de Joseph. Les factures en attestent, le couple a moins consommé d’énergie entre 2021 et 2022 comparé à l’année précédente. L’explication est simple : le prix du mégawattheure (MWh) – l’unité de mesure servant à évaluer une consommation énergétique – a bondi de 152%. Pour l’annuité allant de 2020 à 2021, il était facturé 32€. Le prix unitaire du MWh s’élève désormais à 82€.
La stupeur de Rosette et Joseph est partagée par Cédric, leur voisin. Lui aussi habite, avec sa femme et sa fille, dans une maison individuelle d’environ 250 m². Strasbourg Énergie lui demande 3 652€, alors qu’il payait 2 214 € l’année dernière. « Ça fait neuf ans qu’on habite l’Elsau. Notre consommation est stable et les prix l’étaient aussi, jusqu’à aujourd’hui. Mille cinq-cents euros en plus, c’est énorme comme augmentation », s’étonne Cédric. Anne-Marie, une autre habitante du quartier, confirme elle aussi l’augmentation de 152% du prix du MWh.
« Aucune information au préalable »
Daniel Vidot, président de l’association des résidents de l’Elsau (Arel), dit recevoir « tous les jours » des courriels de ces abonnés s’inquiétant de cette hausse des tarifs de l’énergie. Il y a de l’incompréhension surtout. « Strasbourg Énergie s’y est très mal pris. Ils ont envoyé cette facture sans aucune information au préalable », déplore Daniel Vidot.
« On a essayé plusieurs fois d’appeler le numéro qui figure sur la facture mais personne ne répond, ils font le mort », relate Cédric. Nous avons nous même tenté de joindre à trois reprises, sur trois jours différents, ce numéro, sans succès. « S’il y a réellement une justification à cette hausse de 152%, alors nous demandons une explication. Car en l’état, nous contestons le prix unitaire du MWh affiché sur la facture », lance pour sa part Joseph.
Le 24 août, Daniel Vidot a adressé, au nom de l’Arel, un courriel à Strasbourg Énergie, que Rue89 Strasbourg a pu consulter. En voici un extrait :
« Les abonnés sont sidérés et pour une très grande partie ne veulent pas payer tout ou partie et demandent une révision de leur facture assortie d’explications et de justifications crédibles, avant de mettre la main au portefeuille s’ils sont convaincus. »
« Offrir des prix compétitifs »
Les habitants du quartier de l’Elsau sont tous ou presque raccordés au même réseau de chaleur, géré par Strasbourg Énergie. Cette société annonce desservir l’équivalent de 14 000 logements, répartis entre deux réseaux de distribution, celui de l’Elsau et un autre, le réseau de l’Esplanade.
La soudaine hausse du prix du MWh tranche avec la promesse formulée sur le site du fournisseur : « grâce à des chaufferies fonctionnant sur le mode de la multi énergies, les réseaux de chaleur permettent à tout moment d’offrir des prix compétitifs aux utilisateurs. »
Le « mode de la multi énergies » désigne un mix énergétique qui, dans le cas du réseau de chaleur de l’Elsau, est censé être composé à 45% de gaz et à 55% d’autres sources d’énergie (biomasse, chaleur de l’usine d’incinération de Strasbourg) d’après les informations transmises par Strasbourg Énergie à Daniel Vidot.
Du gaz à 227$ le mégawattheure
La hausse du prix du gaz, notamment liée à la guerre en Ukraine, pourrait expliquer en partie l’augmentation de la facture d’énergie des habitants de l’Elsau. Leur période de consommation facturée s’étend du 1er octobre 2021 au 31 avril 2022. Au 1er octobre, le prix du MWh de gaz était de 93$. Au 29 avril, il était de 99$. Entre ces deux dates, le marché de gaz a connu de fortes fluctuations, avec un pic atteint le 7 mars, où le le MWh de gaz se chiffrait à 227$. Le 25 août, le prix du MWh de cette énergie importée en partie de Russie a atteint 321$, un record.
Les habitants de l’Elsau que Rue89 Strasbourg a rencontré sont conscients de ce contexte, mais restent incrédules face à l’ampleur de l’augmentation de leur facture d’énergie. « C’est vrai qu’il y a de l’inflation, mais rien n’a augmenté de 152% », s’interroge Joseph. « Qu’on invoque la guerre en Ukraine pour expliquer cette hausse, je veux bien, mais elle n’a commencé que le 24 février 2022. Pour moi ce n’est pas logique », rappelle Anne-Marie. « Le principe du mix énergétique était d’avoir moins recours aux énergies fossiles comme le gaz justement », lâche Cédric.
Contactée, Strasbourg Énergie, filiale d’Électricité de Strasbourg, n’a pas donné suite à nos demandes d’explications.
Un bouclier tarifaire rétroactif
Les habitants de l’Elsau devraient toutefois bénéficier du « bouclier tarifaire », mis en place par le gouvernement. Un décret du 9 avril étend en effet cette mesure aux usagers alimentés par les réseaux de chaleur urbains. Le texte prévoit un gel des prix du gaz, du mois d’octobre 2021 à juin 2022. Les usagers bénéficieront d’un avoir calculé sur la différence entre ce qui a été réellement payé et ce qui aurait dû l’être si le prix du gaz était resté le même qu’au 1er octobre 2021.
C’est au fournisseur, ici Strasbourg Énergie, de formuler une demande à l’État pour obtenir cette aide. Les usagers « recevront une compensation financière imputée sur leurs charges, avec effet rétroactif au 1er novembre 2022″, apprend-on sur le site officiel de l’administration française. « Strasbourg Energie a envoyé des formulaires à remplir en avril. Ceux qui l’ont rempli et renvoyé devraient bénéficier de la remise prévue par le bouclier tarifaire », indique Daniel Vidot.
Bientôt un nouveau délégataire
Strasbourg Énergie, après plus de vingt ans de gestion du réseau de chaleur de l’Elsau, passera la main le 30 septembre à un nouveau délégataire : la société R-CUA, une société dont les actionnaires sont R-GDS (51%, ex Gaz de Strasbourg) et Primo Energies (49%), une société suisse. R-CUA promet des factures mensuelles à ses futurs abonnés, ce qui devrait éviter les mauvaises surprises.
Le réseau de l’Elsau et celui de l’Esplanade devraient être connectés afin de créer un seul réseau appelé Strasbourg Centre. L’objectif est double : raccorder 100 000 logements d’ici 2030 et porter la part d’énergies renouvelables ou de récupération à 75% alors qu’elle n’est de 43%.
Christophe Agius, ce grand timide de Souffel’, devenu la star mondiale du catch francophone
Habitant à Mundolsheim, Christophe Agius est devenu une star des shows de catch pour le monde francophone. Normal, il connaît tout de cet univers, sur tous les continents et depuis qu’il est tout petit. Mais Paris n’était pas fait pour ce grand timide.
De son propre aveu, Christophe Agius est un feignant. Il travaille deux jours par semaine et ça lui va très bien. Son boulot ? Il se l’est créé à l’âge de 6 ans. Sur l’escalier de sa tata Thérèse, il commentait les combats de deux Playmobils. Trente ans plus tard, il commente les matchs de catch de la WWE (World Wrestling Entertainement) pour les chaînes du groupe Mediawan. Gros muscles, gueules patibulaires et shows imbibés de Coca-Cola, c’est son truc.
Le catch lui est tombé dessus, littéralement, sur le canapé de ses parents à Souffelweyersheim. Chaque samedi, des invités sont à la maison et l’un des enfants, Stéphane qui a 13 ans, est autorisé à regarder les shows de catch sur Canal+. Il en profite pour martyriser le petit Christophe, 6 ans à l’époque, en essayant sur lui les prises : torsion de bras, retournement sur le canapé… Christophe se laisse faire. Ces combats à armes inégales lui permettent de veiller un peu plus tard et, étant un peu timide, il n’ose pas trop dire non. Le rituel parental des samedis cesse mais Christophe continue de regarder Hulk Hogan démonter son ennemi juré d’alors, le français André le Géant pour le titre mondial.
Il obtient de ses parents l’installation d’une parabole pour suivre d’autres matchs sur des chaînes étrangères. Puis en 1997, son père rapporte un modem à la maison. Voilà Christophe raccordé à Internet. Avec son copain de lycée de l’époque, David alias Naniwa en référence à un catcheur japonais, ils créent une lettre sur Yahoo! Groupes : l’Alternative Wrestling Newsletter. Ils débutent avec une édition par semaine, ils en enverront une par jour à plus de 3 000 personnes deux ans plus tard.
Trafic mondial de cassettes de catch
L’époque est un peu folle. Christophe échange des cassettes vidéos de catch avec des correspondants aux quatre coins du monde, tous aussi passionnés que lui. Catch féminin, catch japonais, catch indépendant, catch hardcore, tout y passe. Au lycée, sa passion indiffère. Christophe est le petit gros vaguement marrant mais que personne n’invite aux boums. Mais le soir et les week-ends, il écrit des pages et des pages à des abonnés reconnaissants, tout en écumant les magasines informatiques pour récupérer des mois de connexion gratuits à Internet via Wanadoo, Infonie ou AOL… À la fin des années 90, Canal+ arrête les diffusions de catch : il n’est plus possible de voir des matchs à la télévision française. L’Alternative Wrestling Newsletter devient le seul média de catch en France.
Christophe l’ouvrier ? Presque…
Au lycée, ses résultats suivent mais à l’université, Christophe se retrouve perdu en sociologie. Toujours feignant, toujours réservé, il décroche et finit par pointer comme ouvrier intérimaire dans une entreprise fabricante de pâte alimentaire à la Meinau.
C’est un message de RTL 9 qui change son destin. La chaîne lui répond qu’elle a bien reçu « toutes les lettres demandant le retour du catch à la télévision, » résultantes d’une campagne qu’il a mené avec l’appui de sa communauté. RTL 9 va diffuser les shows du World championship wrestling. Christophe pourrait-il en faire la promotion auprès de sa communauté ? Bien sûr, sauf que la première diffusion du WCW en France est une catastrophe : les commentateurs ne connaissent rien au catch. Christophe alerte RTL 9 et propose son aide, gratuite !
Le stagiaire repêché in extremis
Voilà l’enfant de Souffelweyersheim à Paris. Même s’il a 19 ans ce 18 février 2000, prendre le train, pendant sept heures parce que c’était de nuit, puis le métro pour se rendre aux studios du Club Dorothée en banlieue… c’était une expédition. Une fois arrivé, tout le monde le prend pour un stagiaire, on lui donne des feuilles pour s’occuper.
Une fois le malentendu levé, on lui propose de s’essayer au commentaire des matchs de catch. Évidemment, Christophe cite les noms de tous les catcheurs, rappelle leur historique, leur progression, qui sont leurs ennemis, etc. Un directeur du groupe AB passe par là, trouve que Christophe « a une voix de merde. » Normal, il n’avait pas encore mué. Mais tous les autres, et notamment son futur acolyte Philippe Chéreau, qui avait déjà quelques années de commentaire sportif à son actif, sont impressionnés. Ses connaissances et son aisance le démarquent.
Pour 800 Francs les deux sessions par mois, le groupe AB profite allègrement de la passion de Christophe pour le domaine, alors que les audiences atteignent très vite des centaines de milliers de téléspectateurs. Porté par un effet de mode en France, le groupe migre le catch sur la TNT et chaîne NT1, qui propose alors les shows les samedis soirs en prime time.
Éphémère vie parisienne
Entre temps, Christophe s’est installé à Paris. NT1 finit par le payer correctement, non sans qu’il ait dû mettre sa démission dans la balance. Le directeur du groupe AB le rattrape en multipliant par trois son salaire. À l’antenne, Christophe joue le méchant un peu bête, volontiers de mauvaise foi. Ça cartonne. Le public se reconnait dans ce rôle d’éternel adolescent qui se révèle quand il éructe au micro à la manière des tonnes de muscles qui s’attrapent sur le ring. « Quand je commence une session, j’oublie tout, précise-t-il. Je ne suis plus timide ni réservé, je parle comme si ma vie en dépendait et je finis trempé de sueur. »
En 2014, Christophe est même envoyé à la Nouvelle Orléans pour couvrir, depuis le bord du ring, les matchs du 30e Wrestlemania, dans un stade surchauffé par 80 000 personnes. Il devra se mordre les lèvres pour ne pas pleurer alors qu’on annonce son entrée au public… qui le salue ! Puis ce sera Dallas, Miami, Brooklyn… Quatre fois par an, NT1 envoie le duo qu’ils forment avec Philippe Chéreau au contact des monstres sacrés du catch le plus impressionnant qui existe.
Mais Christophe ne se fera jamais à Paris, au monde clinquant de la télévision et aux amitiés intéressées… « Au fond de moi, je suis toujours le beauf de Souffelweyersheim », dit-il. De plus, l’étoile du catch pâlit : les shows sont toujours regardés mais les DVD se vendent de moins en moins puis plus du tout.
Choc de maturité
Christophe revient en Alsace, il s’est installé dans une maison de Mundolsheim après avoir eu un enfant en 2020. Un choc de maturité à 42 ans ! « Le catch, c’est toute ma vie », dit-il alors qu’il constate qu’il doit faire une place à sa femme et à son fils. Voilà que celui qui a passé sa vie à suivre le vent doit quand même faire quelques choix. Il y va doucement et il est resté très casanier : quelques potes, les mêmes depuis 20 ans, quelques barbecues, quelques tartes flambées, « ça me va très bien. »
Malgré plus de vingt ans de pratique, il n’est que rarement reconnu dans la rue. La dernière fois, c’était en juillet à Cigoland. « M. Agius, j’adore ce que vous faites », lui a lancé l’amateur de catch. Il est resté interdit. Encore aujourd’hui, Christophe a du mal à accepter un compliment. « Il a fallu que je me rende compte qu’il y a des gens plus nuls que moi, pour que j’accepte l’idée que je me débrouille, » dit-il.
« Il est là l’Arabe ! » Une fête de village vire au lynchage
Un mineur a été agressé après avoir reçu des insultes racistes lors d’une fête de village à Soucht, à la limite du Bas-Rhin et de la Moselle. La victime témoigne, une enquête a été ouverte.
Le week-end du 20 août dans un village voisin de Meisenthal et frontalier du Bas-Rhin, c’était le « Souchter Kirb ». Quatre jours de festivités estivales et une place de choix pour les « conscrits » de la commune, c’est-à-dire celles et ceux qui ont 18 ans dans l’année. Mais ce n’est pas des manèges, de la musique et des danses qu’Amin (prénom modifié), 17 ans et habitant d’une commune voisine, se souviendra. Le lycéen, futur étudiant en musicologie à Strasbourg, a été roué de coups dans un verger, une agression précédée par des propos ouvertement racistes.
À Rue89 Strasbourg, le lycéen témoigne. Il connait l’identité des deux jeunes adultes qui l’ont agressé :
« Ce sont deux frères que je connais parce qu’ils sont souvent présents aux soirées des villages, mais pas personnellement. Le week-end précédent, à une autre fête, l’un deux m’a dit “Les Arabes ce sont tous les mêmes”. Je n’avais pas réagi sur le coup. Puis vendredi et samedi soir à Soucht, ils reviennent me chercher. Je ne réponds toujours pas. Arrive le dimanche soir, j’étais à la fête vers 23h avec des amis et je suis allé chercher des amis dans un champ. Quand je suis arrivé derrière une tonnelle vers 3h, j’ai entendu : « Les arabes c’est des merdes, faut tous les mettre sur des planches et les brûler ». C’était un père de famille, il était très saoul. Je suis allé le voir et le ton est monté. Un des jeunes frères qui était avec lui m’a dit « Encore toi » et « Tu fous encore la merde » et m’a poussé. J’ai donné le premier coup puis le père m’a mis un coup à la mâchoire. On a été séparés. »
Hache et poings américain de sortie
L’altercation aurait pu s’arrêter là mais ce n’était que le début. Témoin de la scène, Driss (prénom modifié), un ancien camarade de classe d’Amin, fait partie de ceux qui sont intervenus pour séparer les parties :
« Ça s’est calmé 15 à 20 minutes puis un véhicule utilitaire a déboulé dans le champ, en roulant très vite, sans faire attention aux gens. C’était le père de famille raciste avec des jeunes adultes, ils sont sortis comme des fous furieux, on voyait qu’ils ciblaient quelqu’un. C’était le chaos, des gens se sont battus, certains étaient par terre. Moi j’étais tétanisé, j’avais le sentiment que si je me trouvais sur leur chemin, j’aurais été agressé en raison de ma couleur de peau. Ils avaient une hache, mais heureusement des gens ont eu le courage de la prendre et de la lancer au loin dans la forêt. Il y avait une dizaine de personnes qui soutenaient le père et les jeunes mais pas tous prêts à se battre et une cinquantaine de personnes qui voulaient arrêter l’altercation et leur disaient de dégager. Les premiers sont finalement repartis. Tout le monde était en état de choc. »
Le jeune homme, qui n’est qu’une ancienne connaissance d’Amin et n’a pas passé la soirée avec lui, note aussi qu’avant cela, il y avait déjà un climat tendu sur le champ. « Vers minuit, avant qu’Amin arrive, il y avait déjà eu des personnes visées par des propos du type « Cassez vous, vous n’êtes pas les bienvenus. Dégagez si vous êtes arabes ».
Amin raconte l’irruption des agresseurs :
« L’un des frères a pointé le flash de son téléphone sur moi et a dit “Ils sont là, il est là l’arabe”. Je leur ai dit d’arrêter et je me suis défendu. J’ai été mis au sol et plusieurs personnes, trois ou quatre, se sont mises sur moi, j’ai été roué de coups. Je ne sais pas si j’ai reçu des coups de poing américain, mais ça a été le cas pour l’un de mes amis, qui est noir. Heureusement qu’il y avait des amis autour de moi et que des gens sont intervenus. Les agresseurs ont fini par partir. »
Trois jours d’interruption de travail et une enquête
Les urgences de Bitche, où Amin a passé la fin de la nuit, ont délivré au néo-bachelier une interruption de temporaire de travail (ITT) de trois jours. La docteure relève six blessures, notamment un hématome de 3 cm de long à la mâchoire, une plaie à l’index ou encore une « cervicalgie avec douleur ». « J’avais mal au cou, j’ai dû porter une minerve », décrit le jeune homme. Encore choqué et traumatisé, il a rendez-vous pour un suivi psychologique. « Physiquement ça va, mais psychologiquement c’est dur. Je revois ces images en boucle ». Appelés, les gendarmes de Bitche se sont rendus sur place selon le Républicain lorrain mais il sont arrivés une heure et demie après la rixe qui n’a duré que quelques minutes.
Amin a porté plainte à la gendarmerie de Bitche contre les deux frères et le père de famille, lundi 21 août. Le parquet de Sarreguemines a confirmé à Rue89 Strasbourg qu’une enquête était ouverte, mais sans préciser si le motif raciste de l’agression était retenu.
Sur Facebook, un message signé « Tous les conscrits de 2004 » et relayé par la commune de Soucht indique « condamner ces agissements et comportements racistes qui sont le fait de cas isolés et dont nos amis ont été victimes ». Les festivités liées aux conscrits prévues le lundi soir ont été annulées et une patrouille de gendarmerie a circulé sur les lieux. La maire de Soucht, Christelle Burgun, a pu échanger avec la famille d’Amin et lui a apporté son soutien. Contactée, la maire ne souhaite pas commenter l’agression et dit « attendre les résultats de l’enquête, qui ne s’annonce pas si évidente que ça, afin que tous les éclaircissements soient faits ». Selon la maire élue en 2020, c’est la première fois qu’une bagarre de ce type se déroule dans sa commune.
« Sans le Rhin, l’Ill serait à sec à Strasbourg »
Maître de conférence en biologie et hydroécologie, réalisateur et plongeur, Serge Dumont alerte dans une tribune sur la baisse du niveau de la nappe phréatique. L’Ill, sans sa connexion avec le Rhin, serait aussi asséchée que les autres cours d’eau de France, dont les images spectaculaires font le tour du pays.
Nous avons battu un triste record le 13 août sans que l’information n’ait été révélée, la nappe phréatique d’Alsace fut au plus bas dans la plaine du grand Ried, mesurée à 157,01m dans la zone dite « Ill aval » au piézomètre de Rossfeld, qui mesure le niveau de la nappe depuis 1965. Mais aussi à Hilsenheim, Guémar et Illhaeusern, avec de nombreuses rivières et zones humides à sec (Langert, Neugraben, l’Andlau sur 10 km, du jamais vu) et une forte mortalité chez les poissons et les invertébrés.
L’année 2022 battra certainement tous les records avec une sécheresse installée depuis l’automne 2021. Avec 9,7 mm de précipitations alors que la normale est de 61,6 mm, il n’y a jamais eu aussi peu de pluie en juillet depuis le début des mesures. Pour ne rien arranger, les températures ont été très élevées, au troisième rang des mois de juillet les plus chauds depuis le début du XXe siècle. Et les records s’enchaînent, il ne s’agit plus d’épisodes rares et exceptionnels mais récurrents. Le dernier niveau bas record de la nappe datait de 2020.
80% de l’eau consommée par l’agriculture
Malgré ce constat, la zone Ill aval est restée en simple vigilance, sans restrictions d’usage de l’eau jusqu’au 12 août. La mise en alerte sécheresse par la préfecture n’est arrivée que le 13 août, beaucoup trop tard et insuffisant, les rivières étaient déjà à sec. De la mi-juin à la mi-août, la palme de la consommation revient à l’irrigation pour l’agriculture, et de loin. Ne pas confondre consommation et prélèvement, l’industrie rejette une grande partie de l’eau prélevée, pour le refroidissement par exemple, alors que l’agriculture consomme toute l’eau prélevée. Entre la mi-juin et la mi-août, la consommation pour l’irrigation en Alsace représente 80% de la consommation en eau avec près de 102 millions de mètres cubes en 2019, selon la Banque nationale des prélèvements en eau, très largement pour le maïs (qui a besoin d’eau quand il n’y en a pas) et principalement dans le Haut-Rhin avec un peu plus de 70 millions de m3 en 2019. Des chiffres « très largement sous-estimés » d’après l’étude GES’EAU’R du BRGM.
L’eau des rivières et des zones humides s’évapore dans les champs de maïs dans une indifférence quasi générale quand ce n’est pas du déni, dans le mythe d’une nappe phréatique inépuisable. Pour le syndicat agricole de la FDSEA, au micro de BFM Alsace par exemple, le phénomène n’est pas inquiétant : « En termes de variations, on parle de 10 à 15 centimètres, sur une nappe qui fait 100 mètres d’épaisseur. Il faut quand même relativiser l’affaire ».
L’Alsace deviendrait comme la Californie
Pourtant, l’étude GES’EAU’R du BRGM a montré que le rabattement (baisse) de la nappe phréatique provoqué par l’irrigation est de 6 à 130 cm selon les endroits. Si l’on perd le premier mètre, on perd toutes les rivières et les zones humides, l’Alsace deviendrait comme la Californie, une zone aride en surface avec une nappe en sous-sol. On en prend le chemin au niveau national puisque les sols n’ont jamais été aussi sec en juillet depuis le début des mesures.
En Alsace, l’irrigation consomme presque autant d’eau en deux mois que l’ensemble des 1,9 million d’Alsaciens en une année pour l’eau potable. Mais pas au même prix ! Pour l’irrigation, les 10 000 premiers mètres cubes sont gratuits, puis facturés 4,71 euros les 1 000 mètres cubes au-delà. En France, les particuliers doivent débourser en moyenne 3,5 euros le mètre cube, un élément important dans la gabegie constatée.
L’Ill aval s’assèche et nous regardons ailleurs
Alors pourquoi la zone Ill aval n’a été placée en alerte sécheresse que depuis le 12 août malgré ce record ? Parce que nous regardons ailleurs, plus précisément à Sundhoffen le long de l’Ill où se trouve le piézomètre de référence pour la très grande zone Ill aval. Mais comme le niveau est soutenu par de l’eau du Rhin en période d’étiage, environ 10m3 par seconde, cela est considérable et le niveau du piézomètre de référence à Sundhoffen est toujours correct.
Sans cet apport en eau du Rhin, l’Ill serait très basse en été, notamment dans Strasbourg, ce qui interpellerait immédiatement la population sur la situation dramatique actuelle comme c’est le cas pour la Loire. Avec le soutien de l’Ill par le Rhin, qui ne résoudra rien à long terme, les Alsaciens sont leurrés et les pompages indirectement encouragés.
Un texte correctif en attente
Un projet de nouvel arrêté cadre a été rédigé au printemps qui corrige cette situation pour le moins ubuesque, avec une sectorisation en cinq parties de la zone Ill aval, chacune avec un piézomètre pertinent. Le texte attend signature à la préfecture, le temps de la consultation des parties impliquées, c’est bien long quand même. La Chambre d’agriculture a déjà donné un avis défavorable au nouvel arrêté, ce qui n’a rien d’étonnant.
Avec les critères du nouvel arrêté, l’Ill aval serait en situation de crise. Pour les scientifiques du BRGM et de l’Unistra, le nouveau texte est un progrès mais à minima, bien en-deçà des enjeux en cours et une incitation insuffisante à la réforme du système.
Le modèle agricole basé sur l’irrigation comme seule réponse
Ailleurs, où des interdictions à l’irrigation ont été publiées, certains agriculteurs avouent continuer d’irriguer « pour ne pas crever ». Leur désarroi est compréhensible, les agriculteurs en difficulté doivent être soutenus, mais la situation actuelle a été prédite par les scientifiques dans de nombreux rapports et rien n’a été anticipé. Si aucun homme ne doit rester sur le bord du chemin, le système agricole productiviste basé sur l’irrigation comme seule réponse au changement climatique doit s’effondrer.
Toute tentative d’acharnement à maintenir ce système moribond par des infrastructures comme les bassines inutiles et coûteuses est un temps précieux de perdu à appliquer les solutions pérennes qui existent, comme l’explique un rapport récent de l’INRAE, notamment l’agroforesterie qui permettrait de réduire la consommation d’eau de 42% où des modifications de l’assolement (rotation des cultures) pour des sols plus riches en matière organique qui absorbent bien l’eau, en finir avec le labour qui détruit la structure des sols. De nombreux paysans s’y sont déjà engagés, ils doivent être soutenus, il en va également du maintien de la fertilité des sols, la création de puits de carbone, le bien-être animal etc. Plus un centime ne doit être détourné de ces objectifs.
Modifier notre rapport à l’eau
Bien sûr, il n’y a pas que l’agriculture qui consomme de l’eau et tout le monde doit modifier son rapport à l’eau. Les toilettes utilisant de l’eau potable (36 litres/jour/habitant) par exemple nécessitent des adaptations, les toilettes sèches devraient se développer partout où cela est possible. Au total, nous buvons seulement 1% de l’eau potable que nous prélevons. Il faut aussi modifier notre régime alimentaire pour un régime moins carné, il faut 13 à 15 fois plus d’eau pour faire un kilo de viande que pour faire 1 kg de végétaux. D’énormes efforts peuvent aussi être réalisés par les collectivités, notamment par l’utilisation de plantes vivaces au lieu d’annuelles pour le fleurissement, la récupération de l’eau, etc..
Tout doit être mis à plat dans un projet commun, une révolution, nous devons surtout penser à long terme. La guerre pour l’eau a déjà commencé, c’est urgent.
Serge Dumont
Maître de Conférence HC à l’Université de Strasbourg
Laboratoire image ville environnement / CNRS
Les musées moins ouverts à la rentrée : les trois options de la Ville
Les horaires d’ouverture des musées de Strasbourg vont être réduits pour pallier le manque d’effectifs. La Ville doit arbitrer entre des jours de fermeture supplémentaire ou une modification des horaires. Les personnels concernés sont laissés dans le flou.
Au milieu de l’été, le 3 août, le site spécialisé La Tribune de l’Art révélait que la . . .
Lisez la suite pour 1€ seulement
-
Jouez un rôle actif dans la préservation de la pluralité médiatique
Plongez en illimité dans nos articles et enquêtes exclusives
Participez librement à la discussion grâce aux « identités multiples »
1 000 places d’hébergement d’urgence en moins dans le Bas-Rhin, les professionnels très inquiets
La préfecture du Bas-Rhin a annoncé aux associations de solidarité la suppression de 1 000 places d’hébergement d’urgence dans le département d’ici la fin 2022. Ces restrictions commencent à s’appliquer, ainsi les personnes déboutées de leur demande d’asile se retrouvent privées de tout hébergement institutionnel.
Le nombre de personnes à la rue risque encore d’augmenter à Strasbourg, au gré des fermetures de places dans les dispositifs d’hébergement d’urgence. Tous les signaux sont alarmants cet été, ce qui inquiète d’autant plus les associations de solidarité pour l’hiver 2022 / 2023.
Le 17 août, 2 316 personnes étaient hébergées dans des hôtels du Bas-Rhin au titre de l’hébergement d’urgence financé par l’État. Or en juin, la préfecture a annoncé aux associations de solidarité avec les sans-abris une importante baisse du nombre de places d’hôtel d’ici la fin de l’année 2022. Deux chiffres reviennent dans toutes les discussions : 700 places de moins dans l’Eurométropole, 1 000 places de moins dans le Bas-Rhin. Ces chiffres n’ont pas été confirmés par la préfecture du Bas-Rhin, qui n’a pas répondu à nos sollicitations.
Cette annonce a été faite au sein de la « veille de coordination sociale » en juin, une réunion régulière entre plusieurs associations et les services de l’État. Lors de la crise du Covid, le nombre de places d’hébergement d’urgence hors foyers est monté jusqu’à 2 900.
Cet objectif de réduction avait été évoqué une première fois en novembre 2021. Alexis Moreau, directeur de la fédération des acteurs de la solidarité Grand Est, qui regroupe 80 associations ou structures, confirme l’information :
« C’est une directive nationale qui est appliquée dans toutes les régions. L’État veut orienter les gens vers des “logements d’abord” plutôt que mettre à l’abri des personnes via un hébergement. Mais cela ne fonctionne pas avec toutes les personnes, certaines n’ont pas les moyens financiers ni même le droit d’accéder à un logement autonome. La très grosse majorité des personnes abritées en hébergement d’urgence sont déboutées de leur demande d’asile, ils n’ont ni titre de séjour, ni travail. On risque donc de retrouver tous ces gens dehors, sous tente, dans des conditions indignes voire dangereuses, surtout cet hiver. Le nombre d’enfants dans la rue est en dangereuse augmentation. »
La préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, a cependant répondu au député (Nupes – LFI) Emmanuel Fernandes (LFI – Nupes) qui l’avait interpellée à ce sujet lors d’une entrevue le 18 juillet. Il raconte :
« La préfète a confirmé qu’elle allait appliquer la politique nationale conduite par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Je n’ai pas eu de réponse favorable à mes demandes d’inflexion de cette politique localement. On a convenu qu’il y avait eu des moyens conséquents pour l’arrivée des Ukrainiens, mais je n’ai pas eu de réponse claire sur ceux alloués pour les autres migrants. Pas plus que je n’ai eu d’éléments sur l’installation d’autres structures. On en revient à cette idée nocive qu’abriter les gens créerait un appel d’air pour d’autres réfugiés, une idée que l’on condamne. »
Le Projet de loi de Finances (PLF) 2021 prévoit la suppression progressive de 10 000 places d’hébergement d’urgence en hôtels en France (sur 73 000 au total) d’ici la fin 2022. Le Bas-Rhin, et en particulier Strasbourg, étant une porte d’entrée pour une partie de l’immigration, la capitale alsacienne se trouve particulièrement concernée par cette politique du gouvernement.
89% des demandes ne sont pas pourvues
Sur le terrain, la situation dans le Bas-Rhin est catastrophique, à l’image du camp de l’Étoile reformé après le feu d’artifice du 14-Juillet. Plus de 80 personnes y vivent sans autre solution. Dans son rapport du 8 au 14 août, le SIAO (Service intégré de l’accueil et de l’orientation, qui gère l’hébergement d’urgence pour l’État NDLR) indique que le nombre d’appels hebdomadaires est en très forte hausse. Le total dépasse pour la première fois en 2022 les 3 900 appels (soit plus de 550 par jour). Les agents du SIAO ne peuvent répondre qu’à 58% de ces appels.
Et encore : le taux de demandes non pourvues s’élève quant à lui à 89%. Un niveau record, à égalité avec la semaine du 14 au 20 février. Un autre record pour l’année 2022 battu en août concerne les demandes d’hébergement individuelles : 2 214 cumulées sur une semaine.
Cette semaine là, les maraudes du SIAO ont identifié 71 ménages à la rue. Seuls 4% avaient une solution d’hébergement par l’État. Une majorité (59%) dort dans la rue, les autres ayant des solutions de fortune comme des tentes (24%), un hébergement chez des tiers (8%) ou en squat (3%).
Pour Camille Vega, secrétaire générale du Secours populaire du Bas-Rhin, la baisse des places d’hôtels est entamée :
« Depuis juin, on estime qu’environ 400 places en hébergement d’urgence ont été supprimées. On assiste à des remises à la rue sans aucune solution de rechange. La politique d’hébergement n’a plus vocation à la mise à l’abri inconditionnel selon les vulnérabilités mais devient un outil d’éloignement de la politique migratoire. C’est très dangereux pour la sécurité des personnes, en particulier des enfants. »
Lors d’une « aide d’urgence ponctuelle » menée vendredi 19 août au camp de l’Étoile, la Croix Rouge a également fait part de ses constats alarmants dans un communiqué :
« Les volontaires sur place ont pu constater une situation très dégradée du point de vue de l’hygiène comme sur le plan sanitaire, avec la présence de nombreux enfants qui évoluent au milieu des rats ».
Sous couvert d’anonymat, d’autres responsables associatifs voient aussi dans la situation actuelle un changement de politique, depuis l’arrivée de Josiane Chevallier à la tête de la préfecture du Bas-Rhin début 2020. L’un d’eux témoigne :
« Quand de nouveaux préfets arrivent, ils sont toujours surpris du nombre de places d’hébergement d’urgence dans l’Eurométropole. Souvent, ils décident de les diminuer mais se rendent vite compte des conséquences désastreuses ».
Un foyer en projet à Holtzheim…
La politique de mise à l’abri dans des hôtels vétustes et délabrés est critiquée de longue date par les spécialistes de l’hébergement d’urgence, car elle est coûteuse et peu efficace. Les locaux sont souvent insalubres, ils ne permettent pas l’accompagnement social, ni d’autonomie pour les personnes en l’absence de cuisine.
Le député Emmanuel Fernandes explique :
« Lors d’une visite de l’hôtel Victoria à la gare, j’ai rencontré une famille qui y habitait depuis plus de deux ans, ce qui est dramatique car ce n’est pas un lieu de vie pérenne. Il faut distinguer la mise à l’abri d’urgence des lieux plus propices à l’accueil, notamment les bâtiments en voie de démolition ou reconversion. »
La préfecture semble vouloir en effet évoluer dans ses pratiques. Mathieu Duhamel, secrétaire général de la préfecture du Bas-Rhin a expliqué aux Dernières Nouvelles d’Alsace qu’il y a « une forte demande d’hébergements d’urgence dans le Bas-Rhin qui coûte cher et qui n’est pas prise en compte de façon pleinement satisfaisante. »
Dans le même article, le secrétaire général annonce l’ouverture prochaine d’un centre d’hébergement « de 250 lits maximum » à Holtzheim, près du fort Joffre. La gestion de cette structure serait confiée à l’association Adoma pour une mise en service en 2023. La maire de Holtzheim, et présidente de l’Eurométropole Pia Imbs (sans étiquette), a fait savoir dans un courrier à ses habitants que son conseil municipal s’oppose à ce centre « disproportionné par rapport à la commune » qui n’aurait « ni les moyens humains, ni financiers (…) d’accueillir dignement ces personnes ». L’Eurométropole a pourtant voté l’ouverture de 200 places d’hébergement d’urgence, aux cotés des 200 ouvertes par la Ville.
… et un centre d’aide au retour à Geispolsheim
En juillet 2022, une nouvelle structure d’hébergement collectif à destination des familles actuellement accueillies à l’hôtel a ouvert également ses portes début juillet. Elle est gérée par l’association Coallia et se situe à Geispolsheim. Elle se consacre à l’accompagnement des familles au regard de leur situation administrative, dont l’étude des dossiers de régularisation sont en cours ou qui pourraient accepter une aide au retour vers leur pays d’origine.
Ainsi, début août, deux personnes hébergées depuis trois ans dans un hôtel de l’Eurométropole ont été informés de leur « orientation vers le centre d’hébergement collectif géré par l’association Coallia ». L’un d’eux, Fako, sans-abri macédonien a reçu un courrier qui indique :
« Une fois sur place, une équipe de travailleurs sociaux vous accompagnera dans vos démarches administratives, dont l’étude d’une possible régularisation ou la proposant d’une aide au retour volontaire ».
« Mais une fois sur place, témoigne Fako, ils m’ont dit qu’il n’y avait plus de place et m’ont laissé à la rue, je suis donc venu place de l’Étoile ».
Pour les responsables associatifs, ce nouveau lieu s’apparente de centre d’accueil de Bouxwiller », c’est à dire plutôt une structure destinée au départ des personnes qu’un centre d’hébergement destiné à aider ces personnes. Le lieu est isolé dans une zone industrielle, à 25 minutes à pied du terminus de la ligne A.
L’embarras des autorités sanitaires face à l’ampleur des contaminations de l’eau potable par les pesticides
L’Agence régionale de Santé Grand Est se veut rassurante quant à la présence, au dessus des seuils réglementaires, de pesticides dans l’eau potable en Alsace. Pourtant, des incertitudes subsistent, tant sur les risques sanitaires que sur l’ampleur des contaminations, au point que la Direction générale de la Santé a changé les valeurs limite à respecter face aux nombreux dépassements.
En Alsace, plus d’un quart de la population reçoit au robinet, de manière ponctuelle ou récurrente, une eau dont les concentrations en métabolites de pesticides, produits . . .
Cet article fait partie de l’édition abonnés. Pour lire la suite, profitez d’une offre découverte à 1€.
Contribuez à consolider un média indépendant à Strasbourg, en capacité d’enquêter sur les enjeux locaux.
-
Paiement sécurisé
-
Sans engagement