Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire du Secours populaire du Bas-Rhin a crû de 60% entre 2020 et 2021. En raison de l’inflation et du prix de l’énergie, l’association voit revenir des publics qu’elle avait aidés à sortir de la précarité.
Le Secours populaire du Bas-Rhin alerte sur l’explosion des demandes d’aide alimentaire : des étudiants et des personnes âgées ont rejoint le public accompagné par l’association caritative, ainsi que d’anciens bénéficiaires qui reviennent en raison de l’augmentation des prix.
Lors d’une présentation du baromètre annuel de la pauvreté du Secours populaire, Camille Vega, secrétaire général de l’antenne bas-rhinoise, a détaillé le défi auquel l’association qu’il dirige doit faire face :
« En 2021, on a accueilli plus de 9 000 personnes pour leur apporter une aide alimentaire directe, c’est 60% de plus qu’en 2020. Et depuis quelques mois, on constate que certaines personnes arrivent chez nous, ou reviennent, parce qu’elles ne parviennent plus à payer leurs factures d’énergie. »
Le Secours populaire du Bas-Rhin peut compter sur 650 bénévoles en capacité d’accueillir ces familles dans le besoin, dans des épiceries solidaires en libre-service, lors d’opérations de distribution ou de permanences. Mais la pression sur ces bénévoles commence à être difficilement supportable, comme le détaille Camille Vega :
« Les portes du Secours populaire ne sont pas faciles à pousser. Quand les gens sont là, c’est qu’ils sont en détresse et qu’ils ont besoin d’une aide immédiate. Il en résulte une certaine tension, qui est accrue lorsque la file d’attente devant nos permanences s’allonge… »
En 2020, un grosse demi-journée de permanence permettait d’accueillir une quinzaine de dossiers. Aujourd’hui, les bénévoles doivent s’habituer à traiter une trentaine de demandes dans le même laps de temps. En tout, plus de 20 000 personnes ont été reçues dans les permanences bas-rhinoises de l’association en 2021, en comptant celles qui demandent une aide alimentaire, un soutien financier pour payer les factures, ou toute autre forme d’accompagnement social.
Le Secours populaire français (SPF) distribue une aide alimentaire issue du programme d’aide européen, de ses propres collectes dans les supermarchés, des partenariats pour récupérer la surproduction de certains industriels et de dons d’agriculteurs. Face à l’ampleur des besoins, le SPF a ouvert une épicerie solidaire dans le quartier du Port-du-Rhin, étendu les horaires d’ouverture pour celle de Mutzig et du Neuhof, et cherche un local près du campus pour aider plus facilement les étudiants.
Incompréhension quant aux camps de sans-abris
Le Secours populaire n’intervient pas systématiquement dans la douzaine de campements de sans-abris qui émaillent le territoire de la ville de Strasbourg, mais l’association assure une distribution alimentaire régulière aux personnes du squat Bourgogne à la Meinau. Quant à l’accompagnement des camps, Camille Vega a du mal à dissimuler une forme de lassitude :
« On regarde avec une certaine incompréhension les pouvoirs publics se renvoyer le dossier des campements, alors que pendant ce temps, ce sont des familles, parfois avec des enfants, qui doivent chaque jour trouver les moyens de leur subsistance… Les discussions sont en cours avec la Ville de Strasbourg, pour qu’une prise en charge globale, coordonnée et régulière des besoins vitaux de toutes ces personnes soit mise en place. On attend. »
Le Secours populaire a interrogé 500 enfants de 8 à 14 ans en juin, et la moitié d’entre eux considèrent désormais la pauvreté comme « présente » dans leur univers, alors qu’elle était perçue comme lointaine ou absente auparavant.
Thibault Vetter a rejoint la rédaction permanente de Rue89 Strasbourg depuis le 1er septembre, suite à la campagne de financement participatif de notre 10e anniversaire. La rédaction est désormais composée de cinq journalistes permanents, avec toujours une dizaine de journalistes indépendants.
Thibault Vetter n’est pas un inconnu pour les lectrices et les lecteurs de Rue89 Strasbourg. Originaire de Strasbourg, Thibault s’est d’abord formé en biologie dans les universités de Strasbourg et de Rennes, puis en journalisme scientifique, toujours à Strasbourg. Il a rejoint l’équipe des pigistes de notre rédaction en 2018. Thibault s’est rapidement spécialisé sur les sujets environnementaux et sociaux, deux thématiques importantes dans notre ligne éditoriale.
Mieux répartir notre charge de travail et l’édition
Cette nouvelle embauche, la cinquième, est aussi permise grâce aux contributions régulières des abonnés. Rue89 Strasbourg est un média local indépendant, nous ne sommes soutenus par aucun milliardaire, ni banque, ni société de télécommunications, toutes nos recettes sont locales (voir le bilan 2021) et le soutien direct de nos lecteurs et lectrices est indispensable.
Cette nouvelle configuration de notre équipe nous permettra de mieux nous répartir la charge de travail, notamment celle de l’édition : une suite de tâches qui consiste à recevoir les articles, les relire, les corriger et en discuter avec les auteurs pour éviter des incompréhensions. Cette responsabilité est confiée à chaque journaliste de l’équipe permanente, qui est en charge d’une édition de Rue89 Strasbourg une fois par semaine. Nous devrions également être plus souvent présents les week-ends, notamment lors de manifestations ou de mobilisations.
Du samedi 10 au mardi 20 septembre, le festival « Dix jours Vert le futur » propose des rencontres, des spectacles et des débats autour du nouveau monde et du rapport à la nature. Né à Kolbsheim en réponse aux traumatismes liés à la construction du GCO, le festival se poursuit après la mise en service de l’autoroute afin de « réfléchir à la suite collectivement ».
Né après la répression du mouvement d’opposition au Grand contournement ouest (GCO), le festival « Dix jours Vert le futur » a survécu à la mise en service de l’autoroute. Alors que les camions traversent désormais Kolbsheim par milliers chaque jour, les habitants proposent de « se rencontrer pour réfléchir collectivement à la suite ».
La suite ? Quelle suite ? Celle qui consiste à vivre dans un monde aux ressources limitées dans un environnement poussant à la consommation illimitée pardi. Sur une dizaine de jours mais surtout lors de deux week-ends, « Vert le futur » propose une série de spectacles, rencontres et débats autour de l’écologie pratique, du changement climatique ou de l’agriculture par exemple.
Ce dernier thème est traité lors de la projection de deux documentaires : « Le Pari d’Esther » mardi 13 septembre à 20h à l’église de Kolbsheim, de la journaliste longtemps strasbourgeoise Camille Andres, raconte la création d’une ferme d’un nouveau genre. « L’Afrique, les OGM et Bill Gates », vendredi 16 septembre à 20h à l’église de Kolbsheim, évoque, lui, les contreparties de la philanthropie de Bill Gates en Afrique.
Extension dans d’autres villes de la métropole
Pour sa troisième édition, le festival a bénéficié d’une aide de l’Eurométropole (10 000€) à condition de s’exporter un peu au-delà de Kolbsheim, ce qui explique qu’un atelier de « land art » ait lieu à la médiathèque d’Hangenbieten ou qu’un débat sur l’architecture et l’urbanisme soit proposé à la Maison citoyenne de Strasbourg par exemple.
« Cette aide permet de payer quelques cachets, même si c’est au tarif minimal », précise Éric Domenicone, l’un des bénévoles organisateurs du festival : « Tout le monde est bénévole dans cette opération mais l’objectif est de continuer à faire grandir le rendez-vous, en proposant à d’autres communes de participer. »
C’est le pianiste Patrick Scheyder qui est invité à enchanter la soirée de clôture, appelée « Des jardins et des hommes« , avec des odes à l’écologie remontant à Léonard de Vinci, Victor Hugo ou Jean-Jacques Rousseau, sur des musiques de Jean-Sébastien Bach, Frédéric Chopin ou Franz Schubert.
Fabienne Keller (Agir), à la manœuvre pour la dernière modification de la place de la gare avec l’arrivée du TGV en 2007, met en garde contre le projet de réaménagement qui verrait la place accueillir une nouvelle station de tram. Dans une tribune, l’ancienne maire (2001-2008) plaide pour détourner le trafic automobile et de transports en commun sur l’arrière-gare et privilégier un aménagement paysager et piéton en surface.
À l’occasion du projet de tramway vers le Nord de l’agglomération, l’Eurométropole de Strasbourg envisage d’installer de nouvelles stations place de la Gare. Une occasion unique de repenser l’aménagement global de cette place pour renforcer sa fonction originelle : un lieu d’échanges où se croisent et se côtoient, de manière apaisée, l’ensemble des modes de transport.
Une gare façonnée par les évolutions du temps
Tout au long du XXème siècle, les évolutions successives qu’a connu la place de Gare l’ont rendue progressivement minérale, axée sur le développement automobile et peu accueillante pour les piétons, cyclistes et personnes à mobilités réduites.
C’est au cours des années 2000 que la place de la Gare prend sa physionomie actuelle, avec le projet de l’architecte Jean Marie Duthilleul et du paysagiste Michel Desvignes mis en œuvre en 2007. Leur projet redonne alors toute leur place aux arbres en pleine terre, et à de vastes espaces piétons et ouverts. Malheureusement peu entretenue depuis 15 ans, la place a peu à peu perdu ces avantages, mais le potentiel d’une belle place strasbourgeoise est encore bien présent.
1919 : La place de la Gare est recouverte de pelouses et d’arbres.Dans les années 30 : la place de la Gare sera totalement pavée, puis bétonnée. Dans les années 60-70 : les infrastructures automobiles et bus prennent le pas sur la verdure, le tram et les piétons. 1994. Le retour du tram s’accompagne d’une plus grande place faite aux mobilités douces. Mais la place reste très minéralisée.2007. L’arrivée du TGV Est s’accompagne du retour de la verdure, arbres et pelouses. Les cheminements piétons et cyclistes sont facilités.
Aujourd’hui, les gares et leurs places attenantes, parce qu’elles sont par essence des carrefours et lieux d’échanges, ont vocation à être le cœur de la ville durable. Strasbourg doit repenser l’aménagement de sa gare dans cet état d’esprit.
L’indispensable ouverture à l’ouest
Dès lors, comment concilier les contraintes liées au développement de transports « lourds », tels que les trains et tramways, bus urbains et interurbains, co-voiturage et conserver en parallèle la fonction d’accueil de la place pour les modes doux, piétons, PMR et cyclistes ? Comment faire de la place un lieu agréable pour les habitants comme pour les voyageurs ?
Cela doit passer par l’ouverture de la Gare à 360 degrés. Engager un aménagement de « l’arrière-gare » ou « gare basse » permettrait de fluidifier les circulations, aujourd’hui concentrées sur un point unique, tout en encourageant le développement des transports collectifs vers l’Ouest.
Cette vision, imaginée depuis longtemps, recoupe l’impérieuse nécessité de « recoudre » les quartiers de Strasbourg, historiquement coupée en deux par les axes ferroviaires et routiers. A l’aune de la requalification de l’A35, cela permettrait de mieux connecter les quartiers Ouest (Koenigshoffen, Cronenbourg) avec le quartier Gare et le centre-ville, dans une approche d’urbanisme apaisé et aéré.
Un environnement préparé à cette évolution
La plupart des dispositions techniques sont prêtes pour engager un tel projet. L’Eurométropole est propriétaire de vastes terrains à l’arrière de la Gare (près de 20 hectares) et la rue des Remparts permet d’ores et déjà d’alléger le trafic nord-sud. Sous utilisé aujourd’hui en raison notamment de signalisations insuffisantes, cet axe est disposé à devenir structurant dans le cadre d’un réaménagement général de cette face de la Gare.
De plus, une « réservation » pour une station de tram en surface a été faite il y a plus de vingt ans à l’arrière de la gare par Catherine Trautmann, toujours dans cette vision d’ouverture à 360 degrés.
Définir une vision et un projet
Nombreuses sont les villes de France et d’Europe à avoir mené à bien de tels projets, qui ont souvent mené à la création de nouveaux quartiers connectés, par nature, aux réseaux de transports et parfaitement intégrés au reste de la ville. Les exemples ne manquent pas et sont des sources d’inspiration précieuses. Pour le site de Strasbourg, de multiples études ont déjà été menées ainsi que de nombreux projets étudiants, pouvant servir à nourrir la réflexion pour l’émergence d’un nouveau quartier articulé autour d’un projet d’aménagement global.
Je propose à l’Eurométropole d’abandonner la vision strictement technique d’une place recouverte de lourdes infrastructures de transports, de sas de retournement du tram et de dalles de bitume, pour élargir le regard. Une grande gare, digne d’une ville comme Strasbourg, capitale européenne, doit être le cœur d’un projet global d’interconnexion des modes de transports et de liaison entre les quartiers. C’est selon moi la finalité de la gare du 21ème siècle, adaptée aux exigences climatiques.
Le temps de l’action
Certains de ceux qui liront cette tribune auront sûrement un goût de « déjà lu ». Et pour cause, l’aménagement de l’arrière-gare est loin d’être une idée nouvelle. Longtemps imaginée, souvent débattue, ce projet n’a jamais été mis en œuvre. Aujourd’hui, l’extension du tramway vers le nord conjugué à la requalification de l’A35, est l’occasion à saisir pour engager ce réaménagement qui apparaît naturel. Il est temps de passer à l’action !
Eurodéputée et ancienne maire de Strasbourg (2001-2008), aux affaires lors du dernier réaménagement de la place de la gare en 2007 lors de l’arrivée du TGV.
Quatre associations du quartier de la Neustadt appellent à un rassemblement ce vendredi 9 septembre, devant le Palais du Rhin, afin de demander la réouverture du jardin attenant. Un immense parc arboré aux abords du centre-ville… fermé au public depuis sept ans.
« On veut rouvrir ce jardin, mais c’est un long combat. » Johann Buglnig est secrétaire de l’Association Quartier Vosges Neustadt. Et depuis 2018, son association, ainsi que trois autres, se battent pour la réouverture du jardin du Palais du Rhin au public. Sans succès.
« Je connais bien ce jardin », explique le jeune retraité qui réside avenue des Vosges depuis 25 ans :
« C’est là que j’allais me promener avec mes enfants, c’était là également que les personnes âgées se retrouvaient, l’association du Fossé des XIII y organisait des évènements de quartier en 2014… Et puis un jour, ils l’ont fermé. Aujourd’hui, il est à l’abandon, il y a des détritus le long des grilles, des branches qui tombent et qui ne sont pas ramassées. Il y a même des arbres en train de mourir… »
Un dossier qui piétine depuis trois ans
Mais alors pourquoi l’État – propriétaire de ce magnifique parc arboré et historique, qui jouxte la place de la République, et qui est collé au siège de la Direction des affaires culturelles (Drac) Grand Est – a-t-il décidé de fermer le lieu au public en 2015 ? « À l’origine, on nous a expliqué qu’il était fermé en raison de travaux qui étaient réalisés sur la toiture du bâtiment. Puis, on nous a dit que c’était à cause du plan Vigipirate… Et depuis, plus rien », explique, amer, Johann Buglnig.
Le secrétaire de l’association Quartier Vosges Neustadt raconte pourtant qu’il y a quatre ans déjà, sous la précédente municipalité de Roland Ries (PS), les équipes de la mairie étaient prêtes à signer une convention avec l’État pour prendre en charge la gestion de l’espace vert à partir de 2018, une fois les travaux terminés. En vain. « L’actuelle municipalité suit la même direction et nous soutient également », ajoute le retraité, mais pointe la responsabilité du côté de l’État :
« On piétine carrément. On a contacté le ministère de la Culture, qui nous renvoie à la Drac, qui nous renvoie à la préfecture, qui nous dit : Vigipirate… »
Un rassemblement à 13h, vendredi 9 septembre
Les quatre associations qui portent ce combat ont donc décidé de passer à une action plus visible, en organisant un rassemblement ce vendredi 9 septembre, à 13h, devant le Palais du Rhin. « On a tapé à beaucoup de portes, il est temps maintenant de nous entendre ! »
Le secrétaire de Quartier Vosges Neustadt affirme que la maire Jeanne Barseghian (EE-LV) devrait passer les soutenir, ainsi que l’ancien premier adjoint Alain Fontanel (Renaissance), ou encore Suzanne Brolly, adjointe en charge des Espaces verts.
Selon Johann Buglnig, ce combat rassemble par ailleurs tous les habitants du quartier. « Nous sommes quatre associations qui représentons la mixité sociale de ce quartier. L’Association du Centre socio-culturel du Fossé des XIII est orientée vers la jeunesse, mais il y a aussi l’association Envie de quartier qui milite pour la floraison des quartiers, et ADQIS qui se bat pour le patrimoine et la défense du quartier impérial de Strasbourg ».
Raison majeure de la construction du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg, la pollution de l’air mesurée n’a pas baissé dans la station située le long de la M35. La valeur limite de dioxyde d’azote présent dans l’air fixée par l’Union européenne est régulièrement dépassée.
C’était devenu l’un des arguments phares des pros-GCO, dont Roland Ries (PS), l’ancien maire de Strasbourg. En éloignant des véhicules de Strasbourg, et notamment des camions, l’autoroute de contournement devait permettre d’améliorer à court terme la qualité de l’air respiré dans la capitale alsacienne.
Mais presque neuf mois après le 17 décembre, jour de l’ouverture du GCO (voir tous nos articles), les valeurs des concentrations en dioxyde d’azote (NO2) dans l’air, gaz issu principalement de la circulation routière et ayant des impacts sur la santé, n’ont pas baissé à la station de mesure d’Atmo Grand Est qui se trouve le long de la M35 (ex-A35) entre les quartiers Gare et Montagne Verte.
Le bon air… pendant les confinements
La valeur limite fixée par la réglementation européenne est de 40 microgrammes de NO2 par mètre cube d’air (µg/m³). Depuis 2019, la France est sous le coup d’une amende de la Commission européenne, en raison des dépassements persistants de ce polluant dans plusieurs agglomérations dont Strasbourg. En 2020 et 2021, années dont les émissions de pollution ont été réduites par les mesures de confinement, les couvre-feux et le télétravail, les mesures de cette station sont passées sous ce seuil. Sur l’autre station strasbourgeoise, qui se trouve boulevard Clémenceau, également en dépassement régulier, la moyenne est elle-aussi tombée sous les 40 µg/m³ en 2020 et 2021.
Depuis l’ouverture du GCO, qui coïncide avec la reprise d’un rythme de vie plus normal dans la société, la concentration de NOx est souvent largement supérieure à la valeur de 40 µg/m³, d’après les données d’Atmo Grand Est (voir graphique ci-dessus).
Un peu plus de pollution les mois après l’ouverture
Par exemple, le 24 mars 2022, plus de trois mois après l’ouverture du GCO, la concentration en NO2 mesurée à la station de la M35 était de 78,9 µg/m³. Les 11, 12 et 13 janvier, la concentration était supérieure à 60 µg/m³.
En moyenne, la pollution le long de la M35 est de 36µg/m³, soit un peu plus qu’en 2020 et 2021 (34µg/m³), qui étaient des années exceptionnelles. La pollution moyenne aux NO2 est même plus forte 8 mois après l’ouverture (37), que les 4 mois précédents (33). Les comparaisons à ce stade sont néanmoins à prendre avec prudence, puisqu’il n’y a pas d’année complète d’observation. Or la pollution de l’air doit s’analyser sur les quatre saisons, voire plusieurs années pour que les variations de la météo soient atténuées. Seule certitude, l’ouverture à elle seule de l’autoroute n’entraîne pas d’effet net et drastique clairement visible sur les relevés.
Interprétations prudentes
L’agence chargée de la surveillance de la qualité de l’air, Atmo Grand Est, n’a pas souhaité livrer de conclusions sur l’impact du GCO sur la qualité de l’air. Laurence Martin, en charge de la communication d’Atmo Grand Est, indique cependant :
« Nous attendons de voir les prochains résultats. Tout ce que nous pouvons constater, c’est que les concentrations ne baissent pas à la station de Strasbourg, mais elles baissent à celle de Vendenheim. »
Le docteur Thomas Bourdrel, du collectif Strasbourg Respire, préfère aussi rester prudent :
« Il y a eu moins de circulation en 2020 et 2021 avec les confinements et même au début de l’année 2022, il y avait des incitations au télétravail. Il faudrait pouvoir comparer la courbe journalière avec celle de 2019. En outre, en trois ans, même sans le GCO, il doit y avoir une diminution de la pollution automobile grâce au renouvellement des véhicules et des moteurs. »
Le médecin radiologue rappelle que « les prévisions d’Atmo prévoyaient que la baisse de la pollution serait de toutes façons marginale avec le GCO (voir notre article) ». Ce qui coïncide avec ces premiers résultats partiels.
Une pollution qui baisse l’été
À la station de Vendenheim, ouverte en octobre 2021 et située près des habitations et de la voirie, les valeurs ne dépassent pas, et de loin, les 40 µg/m³ ni avant, ni après l’ouverture du GCO. La moyenne s’établit à 15 µg/m³. C’est par exemple l’équivalent des mesures réalisées en 2019 à la station de la Robertsau à Strasbourg (située dans l’école de la Niederau), assez éloignée des grands axes de circulation.
Depuis avril 2022, les concentrations à Vendenheim ne dépassent que très rarement 20 µg/m³, et restent même souvent en dessous de 10 µg/m³. Il faut dire que la pollution au NO2 est certes très fortement liée au trafic automobile, mais aussi au chauffage des bâtiments. C’est ce qui explique cette baisse de la pollution estivale, alors que la fréquentation d’automobiles sur l’autoroute a augmenté avec les départs en vacances.
Pas de pollution supplémentaire dans le Kochersberg
Enfin, une station mobile a été implantée dans le village de Breuschwickersheim. Elle permet plus de recul puisqu’elle a été ouverte en août 2020. Ses résultats ne sont pas consultables en temps réel sur le site, mais Atmo Grand Est les a communiqué à Rue89 Strasbourg. Ces relevés ne montrent pas d’augmentation, avec une moyenne de 10 µg/m³ contre 9 µg/m³, sur la même période de huit mois entre le 17 décembre 2020 et le 31 juillet 2021.
Contactée, la maire de Breuschwickersheim, Doris Ternoy, disait ne pas avoir les relevés de cette station, malgré plusieurs demandes de sa part. Mais avant même d’avoir les résultats, elle n’anticipait pas de changement majeur pour sa commune située à quelques centaines de mètres de l’autoroute :
« La station étant dans le village, la pollution ne peut pas augmenter. Le GCO, c’est 7 à 8 000 camions par jour à 300 mètres du village. Mais 12 000 véhicules traversent déjà Breuschwickersheim tous les jours et passent par le centre de la commune. C’est cette pollution-là, beaucoup plus proche, qui va être mesurée. Le GCO reste une autoroute inutile pour Strasbourg car trop chère. Si elle avait été gratuite, il y aurait eu un report plus conséquent. »
Malgré ces résultats satisfaisants pour les villages le long du GCO au regard des normes européennes, il reste beaucoup à faire pour baisser la pollution. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a récemment baissé ses « valeurs guides », avec un objectif de 10 µg/m³. Atteindre les valeurs guides de l’OMS est l’objectif du Plan Climat de l’Eurométropole.
Pour une analyse plus complète de l’impact, les spécialistes pensent qu’il faut attendre le début de l’année 2023. Ils attendent le bilan annuel de Météo France, avec notamment le sens du vent. De plus, ils auront les comptages du Sirac de Strasbourg des véhicules passés par les entrées de la ville.
Le pointage communiqué par la préfecture en août donnait 159 000 véhicules par jour sur la M35 à hauteur de Cronenbourg en juin, soit un trafic similaire à l’avant-GCO. Ce qui concorde avec une pollution équivalente de l’air. En revanche, ce même comptage accuse une baisse de 33% du nombre de camions sur l’A35, ce qui reviendrait à un niveau de 2005, soit avant la mise en place de la taxe poids-lourds en Allemagne.
Pascale Gaillot a été reconnue coupable de prise illégale d’intérêts, après avoir voté en faveur d’une subvention de plus de 150 000 euros pour l’association de son mari en 2018. Le tribunal correctionnel de Strasbourg a rendu son délibéré mardi 6 septembre. La présidente de la commission environnement de la région Grand Est est condamnée à payer 10 000 euros d’amende.
Me Jean Deconinck fait part du soulagement de Pascale Gaillot (LR), actuelle présidente de la commission environnement de la Région Grand Est au sein de la majorité de Jean Rottner. L’avocat de la conseillère régionale était présent ce mardi 6 septembre pour entendre le délibéré du tribunal correctionnel de Strasbourg. Il faut dire que la peine prononcée est clémente en comparaison des réquisitions du procureur, qui demandait, lors de l’audience du 5 juillet, huit mois d’emprisonnement avec sursis, dix ans d’inéligibilité et 15 000 euros d’amende pour cette femme politique des Ardennes. La juge, Isabelle Karolak, la condamne à seulement 10 000 euros d’amende.
L’affaire remonte au 23 mars 2018, lorsque Pascale Gaillot (LR) était vice-présidente de la Région Grand Est en charge de l’agriculture. Ce jour là, le conseil régional avait voté une subvention de 156 279 euros en faveur de Terrasolis, association regroupant des entreprises agricoles qui se décrit comme un « pôle d’innovation de l’agriculture bas carbone » sur son site internet.
Joachim Gaillot, vice-président d’un grand groupe sucrier
Le trésorier de l’association n’était autre que Joachim Gaillot, époux de Pascale Gaillot. Il exerçait cette fonction en tant que représentant de Cristal Union, l’un des premiers producteurs européens de sucre et d’alcool dont il est vice-président. Ce dernier était aussi le président de la société de soutien aux cultures Terralab Solutions, dont l’unique actionnaire est Terrasolis.
Au sein de la commission agriculture, Pascale Gaillot s’était même chargée personnellement de présenter, en des termes favorables, l’association Terrasolis à ses collègues élus le 13 mars 2018, en vue de soumettre cette subvention au vote. Rue89 Strasbourg s’est procuré le compte rendu de la réunion. L’élue a ensuite voté en faveur de la subvention dix jours plus tard. Dans ces situations, la loi de 2013 exige que les élus concernés se déportent des votes, mais aussi de tout le processus de décision en amont : « Toute situation d’interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés, de nature à influencer ou à paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif d’une fonction », constitue un conflit d’intérêts.
Pendant l’audience du 5 juillet, Pascale Gaillot a assuré à la juge, Isabelle Karolak, qu’elle n’avait « pas intégré » que cela pouvait poser problème. Elle a dit s’être rendu compte que la « situation était paradoxale » pendant l’assemblée générale de Terrasolis de 2018, après laquelle elle n’a plus voté de subventions en faveur de l’association pendant les trois dernières années du mandat. La Région Grand Est a décidé de ne pas se constituer partie civile, estimant « ne pas avoir subi de préjudice ». Le parquet s’était saisi de l’affaire après une transmission d’information par des citoyens. Fabrice Collinet, directeur juridique de la Région Grand Est, n’a pas souhaité s’exprimer après le rendu du délibéré.
Les peines pour prise illégale d’intérêts récemment allégées
Selon Me Jean Deconinck, l’avocat de Pascale Gaillot, l’élue locale se réserve « la possibilité de faire appel » : « Il n’a pas été fait la démonstration d’une prise d’intérêt », retient-t-il, en l’attente des motivations du jugement.
Les peines concernant les prises illégales d’intérêt ont été allégées fin 2021. La juge a décidé d’appliquer ce nouveau cadre, même si les faits ont été commis en 2018, avant l’adoption de cette nouvelle loi. Le procureur, lui, demandait que les dispositions en vigueur au moment des faits s’appliquent. En attendant un éventuel appel, Pascale Gaillot est autorisée à poursuivre sa carrière politique et à exercer sa fonction de présidente de la commission environnement.
Les Écologistes demandent la démission de Pascale Gaillot
Le groupe des élu-e-s Écologistes à la Région Grand Est a publié un communiqué plus tard dans la journée du 6 septembre demandant à Pascale Gaillot de « remettre la démission de son mandat ». Eliane Romani, la présidente du groupe, estime que « les faits pour lesquels Madame Gaillot a été condamnée sont extrêmement graves et font peser le risque que les citoyens et citoyennes se détournent davantage des urnes et de la vie politique ».
Christophe Dumont et Laurent Dreyfus, membres du groupe des Écologistes et de la commission agriculture insistent sur « l’importance de sortir de l’entre-soi qui existe entre elle, la FNSEA (syndicat agricole connu pour des positions productivistes, NDLR) et des représentants puissants du secteur agroalimentaire ».
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Le tribunal de commerce de Bobigny a démarré la liquidation du sous-traitant d’Amazon Fast Despatch Logistics. Sans activité, les ex-livreurs vont pouvoir reprendre un emploi mais leur indemnisation reste floue, l’entreprise britannique ayant déserté.
C’est un soulagement pour les centaines de chauffeurs-livreurs de Fast Despatch Delivery en France, dont environ 80 à Strasbourg. Les salariés de ce sous-traitant d’Amazon ont vu leur activité s’arrêter brutalement le 9 août (voir notre article). Mais sans nouvelles de leurs dirigeants, partiellement payés, ces ex-employés n’ont pas encore le droit de postuler auprès d’une autre entreprise ni de s’inscrire à Pôle Emploi.
Des licenciements sous trois semaines
Lundi 5 septembre, le tribunal de commerce de Bobigny, le siège français de la société britannique étant situé à Villepinte, a ouvert la procédure de liquidation judiciaire. C’est déjà une petite victoire pour les salariés. « Grâce à nos actions, les syndicats ou les élus de la France insoumise (Emmanuel Fernandes, député LFI de la 3e circonscription de Strasbourg s’est rendu plusieurs fois au dépôt de la Meinau, NDLR), cette affaire a été prise très au sérieux. On va pouvoir avancer maintenant », se satisfait Lucas Nomine, livreur strasbourgeois depuis trois ans qui a fait le déplacement jusqu’à Bobigny.
Fast Despatch Logistics (FDL) n’était pas présent à l’audience. Un mandataire financier a été nommé par le tribunal. Les licenciements devraient intervenir sous trois semaines, avec le versement d’indemnités. Grâce à cette procédure, les salaires correspondant à la période entre la fin d’activité (vraisemblablement le 9 août) et le licenciement effectif fin septembre seront versés par l’Assurance de garantie des salaires (AGS), un organisme para-public financé par les cotisations d’entreprises.
Un précédent pour impliquer les donneurs d’ordres ?
Le cas de Fast Despatch Delivery est particulièrement scruté, car des syndicats et des parlementaires de La France insoumise, souhaiteraient que, dans une telle situation, la responsabilité du donneurs d’ordres soit partiellement engagée, soit Amazon dans ce cas. Certaines lois récentes, comme celle sur le devoir de vigilance des sociétés mères et entreprises donneuses d’ordres pourraient être mobilisés dans d’autres procédures. « On en n’est pas là », tempère Me Étienne Colin avocat du Comité social et économique (CSE) de l’entreprise :
« Cette procédure sert à ce que les licenciements soient engagés sous trois semaines et les salaires garantis jusqu’à la fin de la procédure, c’est la loi. Notre travail maintenant va être d’aider le mandataire à reconstituer chaque situation, ce qui s’annonce comme un vaste travail. Même sur le nombre de salariés, on a des chiffres très partiels. Sont-ils 700 ? 1 200 ? On ne sait pas. »
Mais l’avocat note que le dossier pourrait avoir d’autres répercussions juridiques :
« Le parquet a quasiment annoncé l’ouverture d’une information judiciaire, en demandant au greffier de bien prendre en compte chaque élément ».
« Mêmes les camionnettes ne sont plus là »
Reste qu’en raison de la désertion de Fast Despatch Logistics, le contexte juridique et économique demeure flou regrette Me Colin :
« C’est un gros groupe anglais avec des ressources, mais qui est parti. Même les camionnettes ne sont déjà plus en France. Sur le plan indemnitaire, c’est aussi très flou. Depuis les ordonnances Macron, il y a tout intérêt à dissoudre une filiale européenne. »
Après l’invasion russe en Ukraine le 24 février, 831 élèves réfugiés se sont inscrits dans les écoles alsaciennes et ont fait leur rentrée jeudi 1er septembre. Les familles et les professeurs chargés des classes pour les élèves parlant une autre langue sont satisfaits des conditions d’accueil. Mais certains professeurs craignent une surcharge des classes.
Pour la pause de midi, Amina passe rapidement les grilles du collège Jules Hoffmann à la Robertsau. Cette élève de 15 ans fait partie des 831 enfants ukrainiens inscrits dans une école alsacienne jeudi 1er septembre. Elle rentre en classe de troisième et a intégré le collège le 26 mars 2022, après avoir quitté Koupiansk avec sa mère et son frère, une ville de la province de Kharkiv sous occupation russe depuis l’invasion du 24 février :
« C’était une période difficile, on a attendu dehors à la frontière polonaise, il faisait -7 degrés. On a ensuite pris un bus pendant 36 heures jusqu’en France. On connaissait quelqu’un qui vivait à la Wantzenau et qui nous a accueilli, c’est chez lui que l’on vit depuis. Mes grands-parents sont restés là-bas parce que mon grand-père a moins de 60 ans et devait rester pour soutenir les forces armées. J’avais hâte de me scolariser parce que cela me permettait de ne plus penser à tout cela. »
Intégration progressive en classe ordinaire
Ses premiers mois à l’école se sont passés au sein d’une UPE2A (Unité spécialisée pour élèves allophones arrivants), classe spécialisée pour les élèves dont le français n’est pas la langue maternelle. Malgré le choc du départ et l’inquiétude pour ses grands-parents, elle trouve réconfort dans son intégration :
« Les élèves sont majoritairement des réfugiés, et nous sommes huit Ukrainiens au total. On a parfois vécu des choses similaires. Tout le monde a un niveau différent en français, ceux qui parlent le mieux apprennent à ceux qui viennent d’arriver. »
Pour la rentrée, elle intégrera pendant deux semaines et pour la première fois les classes classiques de son collège. Elle retournera ensuite en UPE2A et suivra des cours en classe ordinaire, dispensés entièrement en français. Ce système permet une intégration progressive au cursus et à la pédagogie classique, selon Carole Lostetter, responsable de l’UPE2A du collège :
« On commence par les mettre en classe de mathématiques parce que c’est plus universel. On continue avec de plus en plus de disciplines classiques, jusqu’à une sortie complète du dispositif. Cette période en UPE2A dure dix mois, ou moins selon la progression des élèves. »
Une période d’adaptation pour les professeurs
Pour la rentrée 2022, seize dispositifs UPE2A ont été créés dans l’académie de Strasbourg selon le rectorat, dont cinq en collège, cinq en lycée et six en école primaire. L’une d’entre elles a ouvert à la rentrée au lycée technologique Louis Marchal de Molsheim, une ville à l’ouest de Strasbourg. La classe accueillera douze élèves, tous ukrainiens, comme le précise le proviseur adjoint Daniel Kuhn :
« C’est une proposition faite par la Casnav (une structure de l’éducation nationale spécialisée dans l’accueil des enfants allophones, NDLR) de créer cette classe dans notre lycée. Le lycée avait accueilli cinq ukrainiens l’année dernière, on a fonctionné en les intégrant à nos classes. Un enseignant leur dispensait une dizaine d’heures de cours de français par semaine. Dans cette nouvelle section, nous accueillons sept autres élèves ukrainiens qui étaient dans d’autres lycées de Molsheim et Rosheim. »
Les familles arrivées dans des endroits sans classe spécialisée ont donc dû s’adapter, comme l’explique Stéphanie Sempéré, responsable du syndicat Unsa Enseignants :
« Les UPE2A se situent surtout dans le Bas-Rhin, en milieu urbain. À la campagne, les élèves sont parfois accueillis sans la structure, donc directement dans la classe. C’est minoritaire, mais ce n’est pas forcément adapté pour des élèves traumatisés et qui ne parlent pas la langue. »
Des classes déjà surchargées
Le rectorat ne donne pas de chiffre précis sur les répartitions de classes UPE2A en Alsace. Carole Lostetter du collège Jules Hauffmann constate elle aussi, chaque année, des arrivées d’élèves d’UPE2A dans des classes de 30 élèves, le seuil maximal pour le collège :
« Ils se retrouvent dans des classes surchargées de 31, 32 élèves, voire plus. Même si l’académie a créé plus de dispositifs UPE2A, ce qui est une bonne chose, elle tend plutôt à réduire le nombre de classes ordinaires qu’à créer des places pour les élèves allophones dans ces dites classes. »
Concernant la création de classes supplémentaires accompagnant les UPE2A, Olivier Faron, recteur de l’académie de Strasbourg, explique que celles-ci se feront, de manière générale, « à certains endroits et selon les besoins », mais ces créations ne seront pas forcément liées aux UPE2A. Le syndicat Unsa Enseignants estime qu’une solution pourrait être la création de places réservées pour ces élèves en classe classique, une solution qui n’est pour le moment pas envisagée par le rectorat.
Un avenir incertain pour les élèves
Ces mesures sont d’autant plus compliquées à mettre en place que l’avenir des élèves ukrainiens en France n’est pas déterminé. Certaines familles et leurs enfants ont déjà fait le choix de rentrer en Ukraine pendant l’été, mais elles restent une minorité selon le rectorat. C’était le cas de Bogdan, un adolescent que Jérôme Sénégas, professeur de technologie dans le collège Jules Hoffmann, avait accueilli en mars.
Le jeune homme est reparti en juillet pour rejoindre sa famille. L’enseignant le connaissait depuis quelques années par le biais de l’association alsacienne « Les enfants de Tchernobyl », qui propose des vacances de trois semaines aux enfants issus des régions touchées par la catastrophe nucléaire du 26 avril 1986 :
« On échangeait avec la famille par courrier. Quand l’invasion a commencé, on a récupéré le numéro de Bogdan. Le 15 mars 2022, quand les chars russes arrivent dans son village, sa mère nous a dit qu’il fallait qu’il parte. »
Détermination et entraide
Sa mère décide de le ramener en France et effectue des démarches pour déléguer son autorité parentale à Jérôme, lui permettant de scolariser son enfant en France, avant de repartir elle-même en Ukraine. Jérôme se souvient de la détermination de Bogdan pour suivre sa scolarité loin de sa famille :
« Il a suivi quatre mois de cours au sein du collège, pendant l’après-midi. Il était en visioconférence le matin pour les cours de son lycée ukrainien, de même que le mercredi. »
Avec cette même détermination, Amina, l’élève de troisième au collège de la Robertsau, pense continuer ses études en France. Passionnée de littérature anglophone, elle veut partir en Angleterre et devenir diplomate. Les difficultés de son intégration dans les classes classiques n’entament pas sa motivation :
« Les élèves et les professeurs ici sont très accueillants. Je sais que je pourrais toujours compter sur eux pour m’aider à suivre les cours s’il y a des notions difficiles, et j’ai confiance en moi pour la suite. »
Carole Lostetter, la responsable UP2A du collège Jules Hoffmann, commencera ses cours dans deux semaines.
Samedi 10 septembre au soir, plusieurs boites de nuit en une proposeront une expérience sonore et visuelle Salle des Colonnes, à l’invitation du laboratoire Burstscratch. Mardi, une projection 16 mm spéciale est programmée au cinéma Star
Laboratoire de cinéma expérimental, devenu le dernier centre de ressource autour de la pellicule dans le Grand Est, Burstscratch se prépare à rejoindre les archives après plus de trente année d’activisme en faveur du cinéma indépendant argentique. Mais avant, l’association invite plusieurs artistes pour un événement éphémère appelé « Les Boîtes de la Nuit », à la Salle des Colonnes samedi 10 septembre. L’association invite également les amateurs à la projection de « Darkness, Darkness, Burning Bright », un film développé à la main en 16 mm, en présence de la réalisatrice Gaëlle Rouard, mardi 13 septembre à 20h au cinéma Star.
Samedi, les Boîtes de la Nuit mêle plusieurs boîtes de nuit en une, avec des ambiances musicales variées, des corps qui dansent et des mises en scènes lumineuses. Le concept est porté par les DJ Yan Beigbeder, Jérôme Noetinger et Guillaume Laidain, accompagnés des danseuses Marie Cambois et Lottus Eddé Khouri, des projections et interventions lumineuses de Gaëlle Rouard et de Christophe Cardoen.
Dans cette performance aux arts multiples qui questionnera la notion même de dancefloor, où les sons iront de la disco not disco à la no wave en passant par le highlife et toutes les formes de wave (new wave, dark wave, cold wave…), Marie Cambois et Lottus Eddé Khouri seront mêlées au public pour « questionner les époques musicales et en extraire des mouvements de danse. » Les mouvements captés, associés à ceux des clubbers, serviront de matière pour des projections cinématographiques ou lumineuses.
Pas de reprise de Burstscratch
Laboratoire, centre d’expérimentation et de ressource pour les artistes cinématographiques, l’association Burstscratch cesse ses activités. Fondée en 1994 et tenue à bout de bras par ses cofondateurs, Laurent Berger et Silvi Simon, l’association n’a pas trouvé de repreneurs. Le studio situé rue de la Klebsau au Neuhof a été vidé de ses projecteurs et de ses bacs de développement, ces équipements témoins d’une autre époque, dont certaines pièces sont uniques, ont été confiés à d’autres laboratoires en mesure d’en prendre soin.
Artiste travaillant avec la lumière, Silvi Simon s’est résolue à mettre fin à cette aventure de plus de trente ans :
« Certes, les outils numériques ont pris beaucoup de place dans le cinéma, mais la création argentique est encore très active. C’est surtout la lourdeur administrative qui était devenue intenable pour notre association. Chaque demande de subvention nous prenait un temps fou, pour des montants très faibles et ensuite il fallait produire un rapport d’activité… On n’y arrivait plus. Mais Burstscratch a organisé des festivals, proposé des projections, soutenu des artistes et des créateurs uniques… Je suis très fière de tout ce qu’on fait pendant toutes ces années. Si des gens veulent reprendre cette activité, qu’ils ou elles me contactent. »
La rédaction de Rue89 Strasbourg organise, en partenariat avec L’Orée 85, un événement festif pour présenter la diversité du mouvement militant strasbourgeois, vendredi 9 septembre.
Il y a la rentrée scolaire, la rentrée littéraire, la rentrée culturelle, voici maintenant la « Rentrée des luttes ». Rendez-vous vendredi 9 septembre, à partir de 14h, à L’Orée 85 (32 impasse de l’Ecluse, Strasbourg – Meinau). L’objectif de cette journée est de faire connaître et se rencontrer les collectifs, associations et mouvements strasbourgeois, engagés dans les causes sociales et écologiques. Rue89 Strasbourg étant un « média engagé, en défense de l’environnement, contre les injustices et les discriminations« , il nous a semblé important d’organiser un événement chaleureux et festif autour de ces questions, alors que de nouvelles et nouveaux Strasbourgeois s’installent à cette période. Nous remercions tout particulièrement L’Orée 85 pour avoir accepté de l’accueillir.
La journée se déroule en deux temps. Une première partie avec un forum de 13h à 19h, où chaque collectif et associations pourront se présenter, échanger et rencontrer les Strasbourgeois et les Strasbourgeoises désireuses d’en savoir plus (voir ci-dessous la liste des collectifs présents). A partir de 14h, cinq courtes table-rondes sont prévues :
14h – SDF / Migrants et hébergement : on tourne en rond ?
Hillary Contreras Salmen, de l’ONG Médecins du Monde,Sabine Carriou, présidente de l’association Les Petites Roues,Marie-Dominique Dreyssé, vice-présidente de l’Eurométropole en charge des Solidarités,Pascale Adam-Guarino, de l’association Casas. Table-ronde animée par Thibault Vetter.
15h – Journalistes et militants : comment collaborer ?
Robert Schmidt, journaliste du collectif We Report,Pascal Lacombe, du Chaudron des alternatives,Nourredine Alouane, du collectif Agissons 67. Table-ronde animée par Stéphanie Wenger.
16h – Quels sont les contre-pouvoirs et comment les activer ?
Salima Hezzam, avocate, coprésidente de la section strasbourgeoise du Syndicat des avocats de France,Chloé Bourguignon, secrétaire générale de l’Unsa Grand Est, Table-ronde animée par Camille Balzinger.
17h – Comment militer dans un monde verrouillé ?
Rémi Verdet de Stop Transports – Halte au nucléaire,Françoise Poujoulet, directrice de La Cimade Strasbourg,Léa Chemardin, de Résistance à l’agression publicitaire Strasbourg,Émilie Lajoux, vice-présidente de Ru’Elles Strasbourg, Table-ronde animée par Anne Mellier.
18h – Après l’été caniculaire, quelle stratégie pour l’écologie militante ?
Tom Baumert, de Alternatiba Strasbourg,François Zind, avocat en droit de l’environnement,Yoav Shemer, président de Koenigs Au Vert. Table-ronde animée par Adrien Labit.
À partir de 19h, la Rentrée des luttes continue avec une programmation musicale concoctée par Lola de L’Orée 85. Toute la rédaction sera présente et nous espérons vous retrouver nombreux à cette occasion.
Une jeune ethnologue alsacienne a passé trois ans à observer et à participer à la vie de la Maison Mimir, un lieu alternatif et autogéré de Strasbourg. La « Mimirienne » relate dans un livre son expérience et son observation de ce lieu qui défend la culture pour tous, et le soutien aux personnes sans domicile.
Ouverte au public en 2010 à Strasbourg, la Maison Mimir a été pour la jeunesse de l’époque un haut lieu de sorties marqué par les fêtes et les événements culturels alternatifs, mais aussi un espace refuge pour les plus précaires. Après la régularisation du squat par la mairie en 2013, l’équipe s’est résolue à fermer les lieux au public en 2015, débordée par son succès et décidée à mettre aux normes le bâtiment.
S’en est suivi un long chantier de rénovation de deux ans, qui a permis de rouvrir le rez-de-chaussée aux événements, mais qui continue encore aujourd’hui dans les étages. L’une des Mimiriennes, Ophélie Meyer, a mené entre 2015 et 2018 une étude ethnologique sur cette aventure humaine et vient de sortir un livre, Les Petits riens d’une société en mouvement – Maison Mimir, espace social autogéré. Interview.
Rue89 Strasbourg : On imagine plutôt l’ethnologie dans une contrée à l’autre bout du monde, comment en êtes-vous arrivée à étudier les Mimiriens à Strasbourg ?
Ophélie Meyer : Ça a été un long processus. J’ai mis les pied pour la première fois à la Maison Mimir en 2011. J’y venais pour assister à des concerts et voir les copains. L’ambiance était festive. J’étais à l’époque étudiante à la faculté d’ethnologie de l’Université de Strasbourg. En 2015, à mon retour d’un voyage d’études au Congo, j’ai commencé à m’investir. La Maison n’était plus un squat. Après sa régularisation en 2013, plein de gens engagés étaient partis. Ils avaient gagné un combat, mais un autre commençait.
La Maison venait de fermer et revoyait son projet. Après l’effervescence, il y avait autre chose à créer. L’équipe entamait des travaux. Il y avait du travail. J’ai été invitée à une assemblée générale et je me suis inscrite dans des commissions. Je travaillais à Strasbourg pour financer la suite de mes études. Je devais donc trouver un sujet de mémoire ici. Alors je me suis dit qu’il y avait matière à faire de l’ethnologie urbaine.
Mon implication entrait dans la méthodologie de l’observation participante, du « faire avec » : tu vis ton terrain dans le corps et tu écris tes notes le soir. Je posais des questions. Je faisais des temps d’observation thème par thème, par exemple sur le chantier de fabrication des meubles de la bagagerie pour les personnes sans-abris.
« Un entre-soi et en même temps le groupe t’accueille »
J’ai rencontré très peu de méfiance. Les gens que je cite dans mon livre n’ont même pas souhaité être anonymisés. Je suis restée investie dans le collectif jusqu’en 2018. Après mon mémoire, l’idée d’en faire un bouquin est venue. En tout, ce travail s’étale sur sept ans.
Comment vous décririez votre objet d’étude ?
Je parlerais d’une micro-société un peu protégée. J’ai eu l’impression d’entrer dans une famille. Il y a un entre-soi et en même temps le groupe t’accueille. On le rejoint par de la cooptation. C’est à la fois très ouvert et aussi fermé, mais avec des gens qui viennent tous de l’extérieur. La Maison Mimir fonctionnait, et fonctionne encore, sur le principe de l’auto-gestion. On gère tous ce qu’il y a à faire par soi-même, en acceptant que ça puisse prendre plus de temps qu’avec des services extérieurs. On avance sans chef, avec les envies de chacun et de manière horizontale.
L’idée était de retaper une maison avec des gens qui ne savent pas forcément le faire. Durant cette période de fermeture au public, la Maison Mimir était dans un temps de rénovation mais aussi dans un temps d’accueil, avec des couchettes à l’étage pour accueillir jusqu’à quinze personnes parfois dans l’urgence. Il y avait aussi le « barakawa », une petite buvette quotidienne pour les passants. Le contrat social était tacite. Les membres se sont finalement entendus sur une charte écrite : « La raison d’être de la maison. »
Ce texte fixait des principes d’ouverture, de non-discrimination et une approche a-partisane. On ne fait pas de politique chez Mimir. Les prix sont libres : chacun donne ce qu’il peut et ce qu’il veut. Beaucoup de personnes venaient de la classe moyenne et se questionnaient car ils ne trouvaient pas leur compte dans notre société. Ils avaient envie d’un autre monde que celui qu’on nous proposait, après s’être confrontés à des institutions qui les bridaient. Ils n’étaient pas dans la transgression, mais plutôt dans la subversion. Mais on comptait aussi des personnes à la rue dans la collégiale, l’organe de gouvernance de l’association. Des sans-papiers aussi ont géré le quotidien.
Boeuf-bouffe et bagagerie, incarnation du « fais toi-même »
On ne faisait vraiment pas de politique à la Maison Mimir ?
On ne faisait pas de politique, mais on ne faisait que ça ! On n’était pas partisan. Beaucoup ne voulaient pas entendre parler de partis politiques. On ne collait aucune affiche, même de gauche. Mais on vivait politique. On était dans un truc social. On n’était pas là pour capitaliser. On était dans la dynamique de faire avec peu, mais faire quand même. On appliquait la simplicité volontaire : le « fais toi-même ». Je pense aux fameux bœuf-bouffe qui se tenaient tous les mercredis soir : cuisine à partir d’ingrédients récupérés le matin, pas d’alcool. Un bon gros repas avec zéro argent et une effervescence qui se crée. Les gens jouent de la musique, même s’ils ne sont pas musiciens : c’était la cacophonie !
Pour le projet de bagagerie, nous n’avions pas les moyens d’acheter des meubles. Ce n’était que de la récup’ et du bricolage. Du coup, on avançait beaucoup plus lentement, en fonction des moyens humains et financiers. Ça demandait du temps à tous ceux qui s’investissaient.
Au-delà du temps, quels sont les autres coûts d’un tel engagement ?
L’autogestion en permanence, c’est terrible. Il s’agit toujours de trouver le juste milieu entre l’individu singulier et le collectif. Cela questionne l’engagement. Tu es attendu tout le temps par le groupe. Il y a tout le temps des demandes. Et puis c’est pas évident de s’accueillir. Maintenant, il y a des formations pour ça…
« Une école du travail avec la précarité »
C’est aussi une école du travail avec la précarité. Un tel projet rassemble des gens plein de bonnes intentions, mais c’est aussi la porte ouverte à des personnes qui, sous couvert d’une casquette anarchiste, viennent titiller ce que tu essaies de construire. C’est le collectif qui est là pour dire stop. Dans un tel moment, on le voit soudé. On a rarement porté plainte contre quelqu’un.
Comment se dessinent les rapports de pouvoir dans ce fonctionnement horizontal ?
À partir de 2017, un collège de dix co-présidentes et co-présidents a été mis en place, qui permettait de questionner des endroits qui ne l’étaient plus. Mais c’est l’assemblée générale qui prenait les décisions, pas le bureau de l’association. Tout le monde avait son mot à dire. Même si on ne veut pas de hiérarchie en étant horizontal, d’autres rapports de pouvoir se révèlent.
« Les hommes prennent beaucoup plus la parole »
Il y a ceux qui ont la capacité de parler et ceux qui ne parlent pas. C’est vrai que les hommes prennent beaucoup plus la parole. Il y a la rétention d’information. Il y a la force physique de celui qui peut en faire plus que d’autres, et donc une sorte de pouvoir par le mérite, et aussi basée sur le rapport à l’ancienneté. Et puis il y a ceux qui ont le trousseau de clés…
Qu’est-ce qui permet à un tel collectif de rester soudé dans le temps ?
Les moments conviviaux, les repas surtout, et l’humour sont essentiels. Entretenir des rapports humains légers aide à prendre du recul dans les moments difficiles qui peuvent alors devenir des moments hyper-soudants. On était dans le lien de plaisanterie, avec une large place aussi pour la fantaisie et l’imagination, par exemple la cabane ou les tags dans la cour. Un enfant, ça joue avec un bâton et c’est content. C’est un peu ça Mimir. Et il y avait la fête, comme moment où l’on s’autorise à rêver.
Pendant trois week-ends, du 2 au 18 septembre, les Bibliothèques idéales proposent une soixantaine de rencontres, de lectures et de concerts gratuits autour de thèmes qui interrogent la société d’aujourd’hui. Et ce, dans des lieux symboliques.
Après avoir laissé « les livres prendre la parole » lors de leur précédente édition, les Bibliothèques Idéales déclinent cette fois « Le livre est un royaume ». Et pour cause, le festival est dorénavant auréolé par la récente nomination de Strasbourg en tant que Capitale mondiale du livre 2024. Un titre qui oblige cette édition 2022 aux sommets avec une très belle programmation et l’ajout à ses habituels partenariats avec les médiathèques et les libraires de la ville, un week-end de rencontres au Parlement européen.
Trois week-ends et une soixantaine d’événements
Si les Bibliothèques Idéales se succèdent depuis treize ans avec la même volonté – mettre à l’honneur les mots, les livres et la littérature contemporaine – , ses différentes éditions ne se ressemblent pas. Cette année, les organisateurs ont décidé que les rencontres seraient dispersées sur trois week-ends, du 2 au 18 septembre, explique François Wolfermann, le programmateur et créateur du festival :
« En arrivant début septembre, nous ouvrons la saison culturelle. Mais nous avons eu cette année la volonté d’être présents sur plus de dates, afin que ceux qui font leur rentrée plus tard puissent aussi en profiter. Cibler les week-ends permet également d’être plus facilement accessible pour ceux qui travaillent la semaine et étaient parfois déçus de ne pouvoir se libérer pour une rencontre. »
Comme chaque année, des plumes célèbres seront présentes au festival. Il s’ouvrira avec une lecture musicale de Pascal Quignard, prix Goncourt 2002 pour Les Ombres errantes qui sera accompagné par la pianiste Aline Piboule. Le 11 septembre, on pourra également entendre les paroles engagées de Laurent Gaudé, qui dénonce dans son dernier roman, Chien 51, un monde impitoyable perclus d’injustices sociales. Le désormais habitué Edwy Plenel évoquera ses propres indignations le samedi 17, en partant de son dernier essai L’Épreuve et la contre-épreuve / De la Yougoslavie à l’Ukraine.
Transidentité, genres et littérature
En plus des rendez-vous avec des têtes d’affiche, des rencontres plus inédites se tiendront autour de sujets de société ultra-contemporains. Samedi 3 septembre, à 16h, il sera question de transidentité, de liberté et d’égalité avec l’auteur, journaliste et militant trans Tal Madesta et Marie Cau, première femme transgenre à avoir été élue maire en 2020. Elle reviendra sur le sujet de son livre Madame le maire, son parcours de transition et d’engagement politique.
La semaine suivante, samedi 10 septembre, ce sera au tour de la philosophe et chroniqueuse de France Inter, Aïda N’Diaye, la traductrice Nora Bouazzouni et l’autrice de Vivre fluide, Mathilde Ramadier, de parler à nouveau de genre, de consentement et de bisexualité.
Les questions de multiculturalisme et d’origines seront également abordées à plusieurs reprises dans cette édition. Le premier week-end, l’autrice Halimata Fofana et la philosophe Nadia Yala Kisukidi parleront de leur double culture, puis Leïla Slimani interrogera la place de ses racines alsaciennes et marocaines, notamment dans son travail d’écrivain, le 9 septembre à 17h. Enfin, Yasmina Khadra, auteur des Hirondelles de Kaboul, magistralement adapté en film d’animation, livrera sa vision de l’Algérie d’entre-deux-guerres, dimanche 18 septembre à 14h.
Questionner sa place quand on naît femme
Alors que les droits des femmes sont toujours remis en question, certaines artistes viendront questionner et mettre en perspective la place qui leur est allouée ou celle qu’elles choisissent de prendre. Vendredi 9 septembre, à 17h, la talentueuse Emma Becker reviendra sur son rapport au désir, à son corps et aux mots, notamment en tant que femme, à l’occasion de la publication de sa nouvelle œuvre, L’Inconduite, une autofiction à travers laquelle elle questionne son rôle de mère. Elle avait fait polémique avec son premier livre, La Maison, dans lequel elle revenait sur son expérience de travailleuse du sexe et le plaisir qu’elle avait éprouvé à exercer ce métier.
L’historienne Michelle Perrot et la psychanalyste Laurie Laufer se rencontreront autour du thème Femmes puissantes, puis l’historienne féministe Christelle Taraud livrera un grand entretien sur la question du féminicide, dimanche 11 septembre. Lou Lubie et Blanche Sabbah, respectivement autrices des BD Et à la fin ils meurent et Mythes et Meufs échangeront sur la place des femmes dans les contes et la morale qu’ils véhiculent. Une occasion de rappeler que les romans graphiques, les BD et l’illustration ont toujours toute leur place au festival.
Ces sujets très actuels séduiront certainement un public jeune. Celui-ci est de plus en plus présent aux Bibliothèques Idéales, comme cela a pu être observé lors de l’édition de janvier 2022 aux rencontres avec les autrices du podcast et du livre Kiff ta race et Rose Lamy, créatrice du compte Instagram Préparez-vous pour la bagarre et autrice du livre Défaire le discours sexiste dans les médias.
Finir en beauté au Parlement européen
Pour la première fois, les Bibliothèques Idéales pénétreront dans l’hémicycle du Parlement européen. Une manière de (re)découvrir le lieu comme un espace de vie citoyenne. Il sera même possible d’y prendre son petit-déjeuner lors de la première rencontre du dimanche 18 septembre, à 10h, autour d’un Café Libé. Seront présents l’illustrateur Pochep, les journalistes Marie Colmant et Gérard Lefort pour proposer un retour sur les plus belles années du journal Libération, racontées dans la BD Libération – Nos années folles.
Ce nouvel espace devrait rassurer ceux s’inquiètent de la disparition des réservations – elles avaient été mises en place pendant le Covid. Avec ses plus de 800 places, l’hémicycle devrait en effet être assez grand pour accueillir tous les participants, même lors de rendez-vous avec des têtes d’affiche comme Amélie Nothomb et sa soeur, Juliette Nothomb, le 15 septembre à 17h, Simone Schwarz-Bart le 18 septembre à 11h30, ou encore Emmanuel Carrère, présent pour la clôture du festival à 17h. Les détails de la venue des 80 artistes sont disponibles sur le site de l’événement ainsi qu’en version papier avec le retour du programme imprimé.
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