Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Rassemblement pour l’énergie nucléaire samedi à Strasbourg

Rassemblement pour l’énergie nucléaire samedi à Strasbourg

L’association « Les Voix du nucléaire » organise samedi à Strasbourg et dans quatre autres villes un rassemblement pour vanter les mérites de la production nucléaire d’énergie électrique.

Samedi 24 septembre de 11h à 17h, l’association « Les Voix du Nucléaire » organise un rassemblement appelé « Faites du nucléaire », dans l’objectif de mobiliser l’opinion en faveur du renouvellement des réacteurs, alors que la moitié sont à l’arrêt pour des opérations de maintenance. L’événement – c’est la cinquième édition, se déroule pour la première fois à Strasbourg, place Kléber.

L’association prévoit de tenir des stands d’information sur l’énergie nucléaire, indiquant entre autres que cette énergie utilise moins de ressources naturelles que d’autres, produit relativement peu de dioxyde de carbone par rapport aux énergies fossiles, et surtout dispose d’un ratio d’énergie produite par hectare imbattable. La délicate question des déchets n’est cependant pas mise en avant sur le site web de l’association, qui se contente d’une page extrêmement succincte sur ce sujet et qui n’évoque pas leur stockage.

Les voix du nucléaire en 2021 à Lyon Photo : doc remis

Une association proche d’Areva et de Framatome

L’association « Les Voix du Nucléaire » se présente comme « indépendante de toute attache économique, institutionnelle, syndicale ou politique ». Sa présidente et fondatrice, Myrto Tripathi, est une ancienne salariée d’Areva, l’opérateur français du combustible nucléaire (devenu Orano), qui participe à hauteur de 10 000€ au budget de l’association. Le principal contributeur est Framatome, une multinationale de la construction de centrales nucléaires avec 90 500€, selon le registre de transparence de l’Union européenne. L’association était déjà intervenue en juillet à Strasbourg, afin de faire classer le nucléaire dans la liste des « énergies vertes » par l’Union européenne.

Oui, l’État a l’obligation légale de proposer aux étrangers un hébergement d’urgence, même sans titre de séjour

Oui, l’État a l’obligation légale de proposer aux étrangers un hébergement d’urgence, même sans titre de séjour

Dans un commentaire sur l’ouverture du gymnase Heyritz pour héberger les sans-abris du camp de l’Étoile, vendredi 17 septembre, Josiane Chevalier, préfète du Bas-Rhin, a affirmé sur BFM Alsace que l’État n’a pas le devoir d’héberger les personnes sans titre de séjour. Une interprétation de la loi erronée : le droit à un hébergement d’urgence est inconditionnel en France.

En réaction à la proposition de mise à l’abri des personnes installées sous tentes place de l’Étoile, c’est au micro de BFM Alsace que la représentante de l’État estimait qu’en « ce qui concerne l’hébergement d’urgence, l’État se doit d’héberger en fonction de la situation administrative, c’est à dire les personnes ayant un droit au séjour ».

Cliquez pour voir la séquence sur BFM Alsace (troisième vidéo)

Or ce droit à l’hébergement d’urgence, s’il connait des limites, n’est conditionné ni dans la loi ni dans la jurisprudence par la situation administrative des personnes qui le sollicitent. Claude Berry, avocate et présidente de la commission droit des étrangers à l’ordre des avocats de Strasbourg, précise : « Les conditions d’accès à l’hébergement d’urgence sont celles listées par le code de l’action sociale et des familles ». Plus précisément, « [t]oute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence ». Aucune trace donc d’une exigence de titre de séjour pour en bénéficier.

Une interprétation confirmée par les juges

Le 1er avril 2022, le tribunal administratif de Rouen a rappelé que ni les « personnes étrangères faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français exécutoire », ni celles « dont les demandes d’asile ont été définitivement rejetées » ne sont exclues « du droit à accéder à un hébergement d’urgence ». Selon les juges, elles pourraient même « se maintenir dans un tel hébergement ».

Une décision du Conseil d’État de 2016 est venue flouter l’interprétation de la loi. Depuis celle-ci, le juge administratif ne peut statuer en référé – c’est-à-dire en moins de 48 heures – sur une demande d’obliger l’État à héberger quelqu’un uniquement dans certaines situations. « Il faut une vulnérabilité particulière, peu importe que la personne ait ou non des papiers », explique Me Berry.

Les juges estiment donc que le droit à l’hébergement d’urgence est inconditionnel, mais que pour le réclamer devant eux, seules certaines personnes peuvent bénéficier d’une procédure accélérée.

Au sein des structures d’hébergement d’urgence, il est par contre admis que l’État étudie les situations administratives des personnes depuis une décision de 2018, allant à l’encontre de l’avis du Défenseur des droits de l’époque.

L’obligation pour l’État de faire « tout ce qu’il peut »

Le droit à l’hébergement est par ailleurs reconnu comme une « liberté fondamentale » depuis 2012, rappelle Marie Rothhahn, chargée de mission pour la fondation Abbé-Pierre. Mais, souligne-t-elle, c’est une obligation « de moyens, pas de résultat ». Dans la pratique, un juge qui devrait déterminer si l’État a failli à ses obligations légales en refusant d’héberger quelqu’un, va « regarder s’il a fait tout ce qu’il pouvait », précise Me Berry, en exposant par exemple le nombre de places de son dispositif d’hébergement d’urgence.

« La crise du Covid et l’accueil des réfugiés ukrainiens en mars 2022 montrent bien que lorsque la volonté politique est là, c’est possible », estime Me Berry. Avec la fermeture de 1 000 places d’hébergement d’urgence d’ici décembre, le nombre de personnes à la rue augmente mécaniquement à Strasbourg. Si l’État justifie souvent d’un manque de moyens pour ne pas héberger certaines personnes, « il n’est pas sûr que cet argument tienne encore dans ce contexte », conclut l’avocate.

Mais dans la pratique, « ce droit d’hébergement ne s’applique désormais que lorsqu’il y a des pathologies graves, des enfants en bas âge avec problèmes de santé, et encore », écrit Marie Rothhahn. Lorsque le client qu’elle défend n’a pas de titre de séjour, Me Berry reconnaît qu’il est très difficile de réussir à ce que le juge administratif enjoigne l’État à l’héberger.

Les communes de l’Eurométropole face à la crise énergétique : « On ne fera plus rien d’autre pendant le mandat »

Les communes de l’Eurométropole face à la crise énergétique : « On ne fera plus rien d’autre pendant le mandat »

Alors que les températures commencent à baisser, les prix de l’énergie, eux, atteignent des sommets. Fin août, l’Eurométropole de Strasbourg a négocié son nouveau contrat de gaz pour la fin de l’année 2022, 2023 et le premier trimestre de 2024. Bilan : un quintuplement de la facture. Comment les 33 communes de l’Eurométropole s’organisent face à cette hausse inédite ? Petit tour d’horizon des plans de bataille.

Que ce soit dans les plus petites communes de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), ou dans les plus grandes, tous . . .

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David, 13 ans, enfant du camp de l’Étoile : « Mon père a cru que la police allait nous expulser »

David, 13 ans, enfant du camp de l’Étoile : « Mon père a cru que la police allait nous expulser »

La police aux frontières a emmené deux demandeurs d’asile géorgiens, Giorgi et son fils David, dans la soirée du lundi 19 septembre. Le lendemain, ils étaient de retour au camp de l’Étoile avec une « obligation de quitter le territoire français ».

La police aux frontières est intervenue au camp de l’Étoile, où se sont installés une centaine de migrants, lundi 19 septembre en fin de journée. Les policiers ont effectué plusieurs contrôles d’identité des personnes installées sous tentes. À l’issue de l’opération, ils ont emmené Giorgi, demandeur d’asile géorgien et son fils de 13 ans, David.

Les deux géorgiens sont arrivés au centre d’aide pour le retour de l’État, à Bouxwiller, dans la soirée. L’enfant, scolarisé dans un collège strasbourgeois, raconte :

« Mon père a cru que la police allait nous expulser. Une fois à Bouxwiller, ils nous ont reçu dans un bureau et ils ont obligé mon père à signer un document, une obligation de quitter le territoire français (OQTF, NDLR). »

La police aux frontières a procédé à de nombreux contrôles Photo : DNSI / Facebook

Sur le document, il est indiqué que Giorgi doit « quitter le territoire français sans délai » et qu’il est frappé d’une « interdiction de retour d’une durée de deux ans ». Le document, qui date de son entrée en France en 2017, l’accuse notamment d’être « très défavorablement connu des services de police » pour des faits de violence et considère qu’il ne peut pas déposer de demande d’asile en France, ayant séjourné en Allemagne précédemment.

Après une nuit passée à Bouxwiller, la petite famille est revenue s’installer au camp de l’Étoile dès la matinée du 20 septembre car, traduit le fils qui parle couramment français, « mon père doit ramener à manger à ma mère et à ma sœur, qui sont là. Ma mère est malade et elle ne peut rien faire. »

À Strasbourg, après le collège, des dizaines d’élèves sans affectation

À Strasbourg, après le collège, des dizaines d’élèves sans affectation

18 élèves au collège Kléber, 19 au collège Hans Arp… Au 20 septembre, de nombreux élèves, souvent issus de quartiers populaires, n’avaient pas encore d’affectation à la sortie du collège. Des personnels de l’Éducation nationale craignent que certains ne trouvent aucune solution et se perdent.

« Ma fille est à la maison. Ils ne lui ont pas encore trouvé de solution », constate Déborah. Fiorina, sa fille, était en troisième au collège Kléber à Strasbourg pendant l’année scolaire 2021-2022. Victime de harcèlement dans un autre établissement, elle a eu du mal à raccrocher et n’a pas réussi à avoir son brevet. Déborah raconte :

« Fiorina avait demandé une seconde professionnelle commerce mais elle a été refusée sans brevet. Elle était d’accord pour redoubler sa troisième, mais le collège ne l’a pas acceptée. »

En tout, selon plusieurs parents d’élèves et professeurs du collège Kléber, 51 élèves, soit environ un quart des élèves qui étaient en troisième l’année dernière dans cet établissement, étaient sans affectation pendant les vacances d’été. Fabrice Deparis, professeur d’allemand et membre de Sud Éducation Alsace, remarque que le phénomène a pris « des proportions énormes cette année », alors qu’il était « résiduel auparavant, il s’agissait seulement d’une poignée d’élèves ».

De nombreux élèves qui étaient en troisième pendant l’année 2021-2022 n’ont pas encore d’affectation au 20 septembre. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Entretemps, des élèves se sont inscrits dans des lycées privés. D’autres ont été admis dans l’établissement qu’ils avaient choisi car des places se sont libérées. Certains adolescents ont trouvé des contrats d’apprentissage. Mais selon le pointage du rectorat de l’académie de Strasbourg, il reste au collège Kléber 18 élèves sans affectation au mardi 20 septembre :

« Les élèves en attente d’affectation bénéficient cette semaine d’entretiens d’orientation organisés dans l’établissement. Ils candidateront sur les places vacantes dans la voie professionnelle. Ceux qui n’auront pu obtenir satisfaction seront accueillis en classe de troisième. Aucun élève ne sera lâché dans la nature. »

Méconnaissance du système et manque de mobilité

Au collège Hans Arp de l’Elsau, au 1er juillet, 40 élèves sur 140 en troisième l’année dernière étaient sans affectation pour la rentrée 2022. Mi-septembre, il reste encore 19 élèves sans affectation. Bertrand Pabst, le principal, explique que cette situation anormale n’est pas nouvelle :

« Je suis chef d’établissement de quartier populaire depuis 14 ans. La proportion d’élèves sans affectation à la sortie de troisième a toujours été la même. Beaucoup de jeunes sont dans cette situation car ils ont formulé des vœux pour des filières, comme bac pro gestion et administration par exemple, dans lesquelles ils n’ont pas été admis parce qu’il y avait de la concurrence. Dans les formations pour les métiers du bâtiment, il y a de la place. Mais ces professions ne sont plus valorisées, et les élèves veulent moins faire ça. »

Les milieux défavorisés bien plus impactés

Le principal du collège Hans Arp ajoute que tout au long du mois de septembre, les élèves non affectés sont accueillis dans l’établissement pour des « journées ateliers » au cours desquelles ils peuvent trouver d’autres filières ou des contrats d’apprentissage :

« C’est propre à notre établissement. On veut qu’ils viennent quotidiennement et gardent le rythme parce que le risque, si on les perd de vue, c’est qu’ils se fassent attraper par le quartier. Mais malheureusement, cela arrive presque tous les ans pour une partie d’entre eux. »

Manque de structure pour encadrer les publics de quartiers populaires

Fabrice Deparis, du collège Kléber, constate que son établissement n’est pas adapté à ces problématiques :

« Depuis 2017, le collège accueille des jeunes de l’école des Romains à Koenigshoffen, qui est en réseau d’éducation prioritaire, à l’inverse du collège Kléber. La mixité sociale c’est bien mais nous n’avons pas la structure pour accompagner les jeunes plus défavorisés. Il étaient 46 l’année dernière en troisième, et ce sont eux qui sont majoritairement sans débouché aujourd’hui. En résumé, ce sont surtout des élèves de familles pauvres qui se retrouvent déclassés, sans affectation. On ne sort pas de ce schéma. »

Le collège Kléber accueille de nombreux élèves qui vivent dans le quartier de Koenigshoffen. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Dévalorisation des métiers du bâtiment

D’autres établissements sont concernés mais le rectorat n’a pas voulu détailler à Rue89 Strasbourg l’ampleur et les raisons du phénomène dans l’académie. Secrétaire académique du Snetaa – Force ouvrière (FO), syndicat majoritaire dans l’enseignement professionnel, Nicolas Robert siège au comité technique académique mais il n’est pas plus précis :

« Nous n’avons pas encore les chiffres globaux, qui doivent être communiqués par le rectorat. Selon les retours que nous avons, de nombreux établissements sont concernés. Au niveau des lycées professionnels dans le Bas-Rhin, une centaine de places pour des élèves sont vacantes. Cela montre bien qu’il y a un problème dans les affectations. »

Déborah, la mère de Fiorina, dénonce la difficulté pour trouver un débouché pour sa fille qui est avant tout « victime de la situation » :

« Nous bataillons pour qu’elle ne redouble pas dans son collège de secteur, ou ses harceleuses sont encore scolarisées. La principale adjointe du collège Kléber nous a dit que Fiorina n’avait pas fait les efforts escomptés lors d’un rendez-vous. C’est violent d’entendre ça. »

Dans le reste de la France, d’autres régions sont touchées par les élèves sans affectation, surtout dans les quartiers populaires. Par exemple, Le Parisien a publié une vidéo le 13 septembre révélant que 900 élèves étaient sans affectation dans l’Essonne. Selon des syndicats, une réforme entrée en vigueur en 2019 a dévalorisé la voie professionnelle, dégradé la formation et diminué le nombre d’heures de cours.

Une réforme de 2019 aux effets pervers

Nicolas Robert enseigne les métiers du bâtiment dans un lycée professionnel à Haguenau et accuse aussi la réforme de 2019. Elle aurait une grande part de responsabilité dans le nombre d’élèves sans affectation :

« Dans ma section, nous n’accueillons que huit élèves alors qu’ils pourraient être quinze. En général, dans nos filières, les classes ne sont plus remplies depuis la réforme. Elle a imposé un tronc commun en première année et une spécialisation progressive les années suivantes. Pour le bâtiment, ce tronc commun s’appelle « métiers de la construction durable », à destination de ceux qui veulent faire de la maçonnerie, de la métallerie et du travail du PVC. Ce changement de nom a créé une grande confusion. D’après les retours qu’on a, les familles, les profs et les conseillers d’orientation n’ont pas bien intégré cette réorganisation. Nous constatons aussi une baisse du niveau des élèves, parce qu’ils reçoivent moins d’heures de cours dédiés à l’apprentissage du métier qu’ils veulent exercer. »

18 élèves du collège Kléber n’ont pas encore d’affectation. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Appeler tous les jours pour trouver une solution..

Fiorina est passée en commission pour être admise dans une classe de troisième « Ambition pro », qui vise à lui faire découvrir d’autres métiers, mais elle n’a toujours pas de réponse. « J’appelle des établissements tous les jours. C’est comme ça qu’on trouvera une affectation pour ma fille, sinon on n’aurait rien du tout », conclut Déborah.

Les solutions trouvées dans l’urgence au mois de septembre seront-elles vraiment adaptées aux élèves ? Et combien sortiront définitivement des filières de l’Éducation nationale ? Bertrand Pabst, du collège Hans Arp, indique que les élèves dans cette situation peuvent encore être aidés par des « structures sociales comme l’Arsea, qui parviennent parfois à les orienter vers des contrats d’apprentissage ».

L’Université ferme deux semaines en hiver par mesure d’économies, les syndicats d’étudiants en colère

L’Université ferme deux semaines en hiver par mesure d’économies, les syndicats d’étudiants en colère

L’Université de Strasbourg prévoit de fermer deux semaines supplémentaires ses locaux en janvier et février. Les syndicats étudiants dénoncent une « démocratie interne piétinée » et regrettent une mesure qui renforcera la précarité des étudiants les plus défavorisés.

Le président de l’Université de Strasbourg, Michel Deneken, a annoncé lundi 19 septembre une série de mesures pour économiser l’énergie. Dans une vidéo destinée aux étudiants (voir ci-dessous), M. Deneken indique que le chauffage sera activé « le plus tard possible » pour un objectif de 19°C dans les locaux mais surtout que les bâtiments seront fermés deux semaines supplémentaires.

Michel Deneken annonce la contribution de l’Unistra à la sobriété énergétique (vidéo Unistra / Youtube)

La fermeture des bâtiments accessibles aux quelques 57 000 étudiants de Strasbourg sera donc étendue jusqu’au 9 janvier 2023 (soit une semaine de plus que prévue, la rentrée était prévue le 3 janvier); tandis qu’en février, ils seront fermés une semaine supplémentaire avec des cours qui n’auront lieu qu’en distanciel. Dans une interview à France Info, le président de l’Université indique que « les gestes écologiques sont réclamés très fortement par nos étudiants. »

Une « démocratie interne piétinée » selon l’Afges

Mais l’Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg (Afges), qui avait soutenu Michel Deneken lors de son élection à la présidence de l’Université, fustige une « démocratie interne piétinée » avec cette annonce « dans les médias et sur les réseaux sociaux » et prévient qu’elle se positionnera contre cette mesure. L’Afges, qui siège au conseil d’administration de l’Unistra, a critiqué ses choix dans un communiqué publié le 20 septembre :

« Bien que l’intention soit louable face à la crise climatique, ces mesures vont durement toucher les conditions d’études et rompre gravement l’égalité entre les étudiants. Cette fermeture fait peser sur la population étudiante le poids de l’augmentation du prix de l’énergie puisque leurs dépenses de chauffages augmenteront mécaniquement lorsqu’ils étudieront chez eux. »

Tous les syndicats étudiants opposés à la fermeture

Avec cette décision sans concertation, le président de l’Unistra a réalisé le tour de force de mettre d’accord une Afges d’ordinaire plutôt conciliante avec la présidence de l’université et des syndicats plus radicaux, comme Solidaires Etudiant·e·s et Sud éducation Alsace. Ces deux formations syndicales bien ancrées à gauche ont publié un communiqué dans la soirée du 19 septembre. Le texte dénonce l’enseignement à distance provoqué par la fermeture de l’Université pendant la semaine des examens :

« Nous connaissons les conséquences de l’enseignement à distance : rupture d’égalité pendant la période d’examens, dégradation des conditions d’études et de travail, et isolement des étudiants et étudiantes et du personnel dans une situation critique et précaire. »

« Ce sont encore une fois les étudiants qui payent la crise »

Présidente de la section strasbourgeoise de l’union syndicat et associative Alternative, Éléonore Schmitt réagit à cette mesure découverte en cours, à 13 heures, grâce à une enseignante. L’étudiante en deuxième année de master à l’Institut d’Étude Politique (IEP) de Strasbourg souligne les contradictions du président d’université Michel Deneken :  

« La décision de passer une semaine de cours en visio, c’est assez marrant sachant que le président de l’Université, pendant le confinement, avait fait des lettres ouvertes pour demander la réouverture des facs. Maintenant c’est le premier président qui annonce qu’il ferme ses locaux. »

Pour la responsable syndicale, « ce sont encore une fois les étudiants qui payent la crise. La précarité étudiante a déjà augmenté à la rentrée avec l’inflation et le refus du gouvernement de revaloriser nos bourses à la hauteur de cette inflation. En plus maintenant on porte encore atteinte à nos conditions d’étude, c’est difficile à avaler… »

Après onze années à sa tête, Renaud Herbin prêt à transmettre un TJP transformé

Après onze années à sa tête, Renaud Herbin prêt à transmettre un TJP transformé

Renaud Herbin s’apprête à boucler onze années à la tête du théâtre TJP. La structure a évolué d’un théâtre jeune public en un centre dramatique national, en recherche autour de l’objet et du vivant. Dans un entretien accordé à Rue89 Strasbourg, Renaud Herbin revient sur ces transformations et son obsession à faire coexister les disciplines et les publics, tout en renforçant les collaborations avec d’autres scènes strasbourgeoises. 

Riche de son expérience d’artiste formé à l’École supérieure nationale des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières, Renaud Herbin est devenu directeur du Théâtre jeune public en 2012, qu’il a renommé très rapidement après en « Théâtre TJP » en référence à son histoire, accolé de la distinction Centre dramatique national (CDN). Il a choisi d’y développer des spectacles pluridisciplinaires mêlant théâtre d’objet, chorégraphies et arts visuels selon une relation corps-objet-image qu’il a lui même développé au sein de ses spectacles. Il laissera la place à son successeur en janvier. Entretien.

Rue89 Strasbourg : Vous allez quitter la direction du TJP – CDN Strasbourg dans quelques mois. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Renaud Herbin : Ce n’est pas une décision inattendue, mais un processus naturel pour les centres dramatiques nationaux dirigés par des artistes. Nous pouvons faire trois mandats maximum, prolongeables d’un an éventuellement (ce qu’il a fait, NDLR). J’ai donc eu le temps de me préparer à ce départ. Mon successeur est en train d’être nommé par un conseil constitué de représentants de l’État, de la Ville de Strasbourg, de la Région Grand Est et de la Collectivité d’Alsace, les financeurs de la structure. Cette personne devrait ensuite prendre ses fonctions au 1er janvier. Le but est que la transition se passe en douceur et qu’elle ait le temps d’arriver et d’élaborer son propre projet pour la suite. C’est donc encore moi qui me suis occupé de toute la programmation 2022 / 2023, de cette rentrée juqu’à juin. 

Dans ses spectacles et sa programmation, Renaud Herbin aime ouvrir les horizons de l’art de la marionnette en le mêlant avec d’autres disciplines. Photo : Benoit Schupp / doc remis

Le TJP va fêter ses 48 ans. Vous l’avez dirigé pendant onze ans : quel bilan tirez-vous ?

Je suis en train de faire de l’ordre dans les archives pour préparer la place pour la future directrice ou le futur directeur. C’est assez vertigineux de se poser et de voir qu’en onze ans, nous avons accueilli près de 500 représentations et accompagné les créations d’artistes locaux, mais également de tous horizons. Pour cela, nous avons déployé une énergie formidable qui a été saluée par un public toujours présent. Nous avons eu la possibilité d’essayer beaucoup de choses. 

« Ne pas s’enfermer sur la question de l’âge »

Certaines n’ont pas très bien marché, d’autres ont été de magnifiques expériences. Je repense en particulier aux Rencontres internationales corps-objet-image, dont nous avons organisé quatre éditions. Chaque fois, près de 80 étudiants d’écoles d’art se sont retrouvés pendant cinq jours pour créer ensemble. De très belles rencontres ont eu lieu à ce moment-là et certains ont continué par la suite à travailler ensemble !

Pendant vos trois mandats, le TJP, auparavant dédié aux spectacles jeune public, a beaucoup évolué vers des productions plus hétéroclites. Avez-vous souhaité vous libérer de certaines contraintes ?

Chaque nouvelle direction amène sa propre sensibilité et ses projets. En arrivant en 2012, j’ai souhaité continuer à parler au jeune public, sans m’enfermer pour autant dans la question de l’âge. Je pense que les mélanges générationnels et sociaux sont très importants dans les salles de spectacle. De la même manière je n’aime pas enfermer une discipline – comme les marionnettes ou la danse par exemple – mais les mélanger. 

Bien sûr, nous continuons à proposer des spectacles pour les plus jeunes et nous faisons un travail de recommandation en indiquant toujours à partir de quel âge nous conseillons une œuvre, en fonction de sa durée et de son contenu. Et nous sommes très heureux de toujours accueillir beaucoup de publics scolaires. 

En onze ans, le TJP a programmé près de 500 représentations et accompagné les créations d’artistes de tous horizons lors de résidences. Photo : Benoit Schupp / doc remis

Qu’en est-il de la relation corps-objet-image que vous mentionnez comme étant le fil conducteur de vos programmations ?

La relation corps-objet-image est un point de départ pour qualifier les arts de la marionnette de manière très large. En 2022, quand on parle de marionnettes, il n’est plus uniquement question de sa forme figurative et articulée, mais bien d’une discipline qui déborde sur l’art chorégraphique et le théâtre d’objet. C’est une manière de questionner les fils qui relient les êtres et les choses, la manière dont les énergies circulent et se répondent dans la vie et sur scène. Ce concept permet aux arts de se rencontrer. C’est devenu une des missions du TJP : être un centre de création qui accueille et permet la rencontre entre les artistes de cirque, de danse, de théâtre… et, bien sûr, avec le public. 

Au sujet du public justement : votre dernier mandat a été marqué par la fermeture des espaces culturels à cause du Covid. Comment avez-vous maintenu puis reconstruit cette relation avec les spectateurs ?

J’ai toujours eu à cœur d’impliquer un maximum le public, l’amener à investir les espaces de création. Pendant la période Covid, le public, mais aussi les artistes et toute l’équipe du théâtre a été très touchée par de longues périodes de fermeture. C’était une étape très frustrante, mais qui nous a aussi forcé à nous poser certaines questions : À quoi doivent servir les centres dramatiques ? Quelle place l’art prend-il dans une société dans laquelle il est jugé « non-essentiel » ?

Des « chantiers » pour approfondir le rapport à l’art

Pour garder le lien avec le public, nous sommes sortis du théâtre, avons organisé des randonnées, des repas avec le public et les artistes. Aujourd’hui, le fonctionnement du théâtre revient peu à peu à la normale et nous proposons aux spectateurs de tout âge de se lancer dans nos Chantiers – des ateliers accessibles en famille ou aux adultes organisés en parallèle de certains spectacles afin d’approfondir son rapport à l’œuvre et à l’art. 

Renaud Herbin Photo : Benoit Schupp / doc remis

Quelle place a pris le TJP sur la scène strasbourgeoise selon vous ?

Nous avons beaucoup de chance car Strasbourg possède une très belle offre artistique et une grande densité de théâtre. En arrivant, il m’a paru essentiel de travailler à articuler tous ces projets. Loin d’un climat concurrentiel, nous avons chacun des forces complémentaires. Au fur et à mesure, nous avons pu développer de beaux partenariats sur certains événements. Par exemple, n’ayant pas de salle assez grande pour accueillir le spectacle de Marion Collé, Traverser les murs opaques en mai, nous le présentons au Maillon. Nous nous faisons également mutuellement découvrir des artistes, ou nous accueillons un même artiste sous plusieurs formes. 

Quels projets avez-vous pour la suite ?

Je vais pouvoir me consacrer à nouveau principalement à ma vie d’artiste ! Pendant onze ans, j’ai eu la double casquette de directeur et d’artiste, puisque j’ai continué à créer et à présenter des spectacles. C’est intéressant mais également très chronophage. Je vais pouvoir à nouveau écrire, prendre le temps dont les artistes ont souvent besoin pour nourrir leurs projets. Je vais poursuivre ce bout de chemin au sein de ma compagnie strasbourgeoise L’Étendue. J’ai des envies de créations et de tournées. Pour cela, je suis heureux de pouvoir bénéficier d’une aide financière prévue pour la sortie des directeurs de CND. Je n’exclus pas de revenir un jour à la direction d’un théâtre, car je sens que j’ai encore des choses à faire à cette place. L’avenir nous le dira !

Renaud Herbin présentera sa nouvelle création, À qui mieux mieux, du 6 au 12 octobre, sur le plateau du TJP. Photo : Benoit Schupp / doc remis

Financement des cultes : de nouvelles règles pour « éviter l’instrumentalisation », l’opposition veut les amender

Financement des cultes : de nouvelles règles pour « éviter l’instrumentalisation », l’opposition veut les amender

La municipalité modernise ses règles de financement des lieux de culte à Strasbourg – une spécificité liée au droit local d’Alsace-Moselle. Après la vive polémique en mars 2021 au sujet d’une subvention pour la nouvelle mosquée Eyyub Sultan, le débat actuel pourrait tourner sur l’avancement des projets pour lesquels la Ville peut accorder ses fonds publics.

Ce n’est pas une délibération sur la mosquée Eyyub Sultan, mais l’ombre de l’édifice gigantesque de la plaine des Bouchers plane sur la délibération qu’a concoctée la municipalité écologiste. D’ailleurs, la maire Jeanne Barseghian (EELV) espère que ce « cadre transparent et partagé » permettra désormais d’éviter « l’instrumentalisation politique et la stigmatisation d’une communauté ». Autant dire : ne plus rééditer la crise majeure de mars 2021 lorsque le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait frontalement attaqué le co-financement de la construction de cette mosquée de la Meinau. Une demande depuis abandonnée par l’association Milli Görüs, qui porte cette mosquée.

Dix-huit mois plus tard, le nouveau texte reprend des règles antérieures et les explicite (voir notre article). Jean Werlen (EE-LV), conseiller municipal délégué en charge des Cultes, convient d’ailleurs que pour les travaux de rénovation, « la grille a modestement bougé à la hausse », notamment pour les rénovations énergétiques. Autrement dit, la Ville pourra financer davantage des rénovations de lieux de culte. Jean Werlen ajoute que ces règles ne sont « en aucun cas une remise en question des autres acquis ».

Les 10% maintenus, un plafond ajouté

Mais c’est davantage sur les nouveaux édifices, comme la mosquée Eyyub Sultan, que se concentre l’attention. Sur le plan financier, la municipalité réitère la part de 10% du montant provenant de subvention publique, une manière strasbourgeoise d’étendre le droit local des trois cultes concordataires aux autres cultes, selon le principe « égalité des droits, égalité des devoirs », instauré dans les années 1990.

Une nuance, et de taille, s’est ajoutée avec la mise en place d’un plafond à un million d’euros de subvention maximum tous les 10 ans, justifié par le nouveau contexte budgétaire. Exit donc les demandes à 2,56 millions d’euros comme pour Eyyub Sultan. Jeanne Barseghian précise qu’il est clairement indiqué que le pourcentage de 10% est un « maximum », mais qui n’est « pas automatique » et en aucun cas « un droit à être financé ».

La préfecture impliquée dans le processus

Sur le plan politique, la délibération invoque la récente loi dite contre le séparatisme, promue par Gérald Darmanin, encore lui. Ainsi, la Ville saisira désormais la préfecture du Bas-Rhin qui sera chargée de vérifier la provenance des fonds d’un projet de construction et de déterminer si l’association demandeuse représente une « menace ». « Si l’État fait alerte, le processus est stoppé », appuie Jean Werlen. Un cas de figure qui aurait empêché les critiques sur le dossier Eyyub Sultan.

Jeanne Barseghian complète :

« (Pour le reste de la France, NDLR) la loi fixe déjà certaines situations, lorsque des baux emphytéotiques ou des garanties d’emprunt sont accordés pour des lieux de culte. Nous proposons donc d’aller plus loin, avec une délibération qui permet d’organiser et de systématiser les saisines de l’État pour ce qui relève de sa responsabilité. »

Avec le soutien des communistes…

Membre de la majorité, le groupe des élus communistes compte voter la délibération. Ses élus disent avoir pu faire remonter leurs idées pour l’élaboration du texte. En mars 2021, ils avaient voté contre le financement de la mosquée Eyyub Sultan. Le vice-président, Joris Castiglione, rappelle que son parti n’est pas favorable « sur le principe » au financement des cultes, préférant défendre la laïcité.

Pour autant, « dans le contexte du Concordat qui impose ces financements », la délibération « fixe un cadre, garantit le principe d’égalité et permet d’ouvrir le débat, ce qui n’a pas été le cas jusqu’ici ». En revanche, à l’avenir, « il est hors de question de financer des intégristes ou un mouvement d’extrême-droite comme Milli Görüs ». Si une telle délibération devait revenir, les Communistes comptent s’y opposer à nouveau.

… et les interrogations de l’opposition

Une bienveillance que ne partage pas complètement l’opposition. Cette dernière regrette de ne pas avoir été associée au travail de rédaction du texte. Jeanne Barseghian et Jean Werlen ont certes consulté des représentants strasbourgeois des cultes, comme ils s’y étaient engagés, mais pas les forces d’opposition politique. Le signe peut-être que sur ce sujet sensible, la majorité n’a pas totalement confiance dans ses concurrents.

À défaut d’avoir une délibération transpartisane, le débat devrait porter sur un aspect de forme important, à savoir : jusqu’à quand un projet neuf peut bénéficier d’un soutien public. Président du groupe « Renaissance » (ex-LREM) et ses alliés, Alain Fontanel voit une modification des règles antérieures :

« C’est l’abandon de la clause du coup parti, qui jusque-là empêchait de financer un projet en cours de route. Pour Eyyub Sultan, il y avait un engagement clair de la municipalité précédente, à savoir une mise en conformité du plan d’urbanisme, mais pas de subvention après coup. Le contribuable n’est pas là pour combler les trous d’un projet trop ambitieux et surdimensionné. »

Pour l’ancien premier adjoint, il serait dommage que « ce non-dit » efface par ailleurs « un travail dense et de qualité ». D’ici la séance du 26 septembre, il compte déposer un amendement pour s’assurer qu’il ne soit pas possible de financer un projet amorcé.

Débat à venir sur l’interprétation des anciennes règles

Mais voilà, la municipalité conteste cette interprétation. « Cette règle n’a jamais existé », estime Jeanne Barseghian, prenant l’exemple de la Grande mosquée au Heyritz : une pose de la première pierre en 2004 et un versement des fonds en 2006. « C’est la preuve que les règles étaient insuffisamment claires et créaient de la confusion », ajoute t-elle. Dans ce débat qui devrait convoquer l’histoire politique contemporaine strasbourgeoise, les oppositions pourront rétorquer que des négociations et engagements de principe autour de ces 10% pour la Grande mosquée avaient alors été pris dès le tout début des années 2000, soit bien avant le lancement du chantier.

Trouver le bon ton et positionnement est aussi un exercice périlleux pour les oppositions. La rédaction du nouveau texte a fait l’objet d’un travail de plus d’un an avec une douzaine de représentants des cultes et des associations laïques. Aller contre ce travail, approuvé par les cultes strasbourgeois, pourrait envoyer un message défavorable à leurs communautés de fidèles.

Qui doit contrôler les associations subventionnées ?

Pierre Jakubowicz (Horizons) salue d’ailleurs une délibération « qui va dans le bon sens » :

« C’est à se demander pourquoi il a fallu passer par tant de pertes et de fracas alors qu’elle correspond à ce que nous demandions avant le vote pour la mosquée, à savoir un dialogue interreligieux. Il est regrettable qu’il ait fallu passer par la délibération de mars 2021 (pour la subvention en faveur de la mosquée Eyyub Sultan, NDLR), qui a fait du mal à notre ville. »

Néanmoins, le conseiller municipal s’interroge. En effet avec la loi sur le séparatisme, n’importe quelle association française doit désormais signer un « contrat d’engagement républicain » qui énonce quelques banalités (respect des règles de la République, reconnaissance du caractère laïc de la France, etc.). « Comment la Ville s’assure que l’engagement du contrat républicain est vraiment respecté par un signataire ? », questionne-t-il. Une interrogation que partage… Jeanne Barseghian :

« La loi rappelle des choses qui relèvent de l’évidence, mais il y a des angles morts car elle repose sur le déclaratif. Comment l’État s’assure de la provenance des financements et contrôle le respect des engagements républicains ? La loi ne le dit pas. »

Depuis ce que la municipalité appelle « la polémique » de mars 2021, les dons ont afflué pour la mosquée Eyyub Sultan dont le chantier a avancé avec la construction de la grande coupole et de minarets. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

L’opposant demandera pour sa part un retrait de la délibération de 2021 par un vote symbolique. « L’impression générale est que la subvention de 2021 est annulée, mais seule l’association a retiré sa demande, tandis que la délibération reste toujours valable en droit », redoute-t-il. De ce retrait, et de l’amendement d’Alain Fontanel sur les projets déjà amorcés, devrait donc dépendre le vote du premier groupe d’opposition. Dix-huit mois plus tôt, les Marcheurs n’avaient pas participé au vote concernant la mosquée (ce qui revient à une abstention).

Le groupe « Les Républicains », avait pour sa part voté contre le projet de financement d’Eyyub Sultan en mars 2021. Comme la préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier, Jean-Philippe Vetter et ses troupes avaient même déposé un recours devant le tribunal administratif, fait rarissime. Une requête qui n’a pas encore de date d’audience. Sollicité, l’opposant et ancien candidat n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, disant réserver sa première intervention pour la séance du conseil municipal. Idem pour Catherine Trautmann, l’ancienne maire et cheffe de file des Socialistes, dont l’entourage indique qu’elle mène « des consultations » avec les représentants des cultes. Mais le débat sur les réseaux sociaux et par voie de presse interposée pourrait débuter avant le 26 septembre.

Des invitations pour Pamfir au Festival du film fantastique

Des invitations pour Pamfir au Festival du film fantastique

Jusqu’où aller pour nourrir sa famille ? La Festival du film fantastique vous invite à vous poser cette question samedi 24 septembre pour une projection spéciale de Pamfir, en présence du réalisateur Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk.

Le Festival du film fantastique (FEFFS) et Rue89 Strasbourg vous proposent de tenter de gagner une invitation pour deux personnes à la projection spéciale de Pamfir, samedi 24 septembre à 19h45 au cinéma Star Saint-Exupéry, en présence du réalisateur Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk.

Le pitch

Pamfir, colosse ukrainien, voudrait oublier son passé de contrebandier et faire vivre sa famille honorablement. Mais, en tentant de réparer les erreurs de son fils, il va retomber dans ses pires travers. De ce postulat classique, le cinéaste tire un récit aventureux et picaresque sur un truand aussi jubilatoire qu’attachant dans un village d’Ukraine isolé.

La bande annonce

Bande annonce de Pamfir

Le concours

Tirage au sort mercredi 21 septembre à 17h. Seuls les gagnants et les gagnantes seront prévenues.

Comment l’accession sociale à la propriété favorise la spéculation, exemple à Strasbourg

Comment l’accession sociale à la propriété favorise la spéculation, exemple à Strasbourg

Dans la résidence La Saulaie du quartier Danube à Strasbourg, un appartement acquis grâce au dispositif d’accession sociale a été rapidement revendu par son propriétaire… avec une marge de plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Un appartement acheté environ 230 000 euros grâce à des aides publiques… revendu six semaines plus tard pour 370 000 euros. La bonne affaire a eu lieu dans la résidence « La Saulaie », située à côté de la tour Elithis, dans le quartier Danube sur l’axe Deux-Rives de Strasbourg. Le bailleur social CDC Habitat y a fait construire cet ensemble livré en novembre 2020. Il comprend des habitations pour personnes handicapées, plus de 300 mètres carrés de surfaces commerciales et 24 logements en accession sociale.

TVA réduite et prix du mètre carré attractif

Ce dispositif du Prêt Social Location-Accession (PSLA) permet à des ménages aux revenus modestes d’acheter un appartement en profitant d’un tarif réglementé du mètre carré. En zone B de moyenne tension immobilière, comme à Strasbourg, un foyer de deux personnes peut profiter du PSLA si ses revenus sont inférieurs à 33 761 euros par an. Le ménage bénéficiera alors d’un prix de vente plafonné pour l’appartement, 3 861 euros par mètre carré (hors TVA) à Strasbourg. Une affaire pour le centre-ville, mais cette aide publique permet à des foyers modestes de s’installer. En contrepartie, les bénéficiaires du PSLA doivent rester et habiter dans leur bien, qui doit être leur résidence principale.

Le dispositif PSLA offre un autre avantage aux foyers modestes : une TVA réduite (5,5% au lieu de 20%). Pour l’achat d’un appartement à 230 000 euros, la TVA réduite permet ainsi une économie de plus de 33 000 euros.

Sauf qu’un appartement acheté grâce à ces conditions avantageuses en avril a été revendu en mai au prix du marché. L’information, que Rue89 Strasbourg a pu vérifier, a été déposée sur notre plateforme anonyme et sécurisée.

Résidence La Saulaie, construite par le bailleur social CDC Habitat, livré en novembre 2020 avec 14 appartements en accession-location. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Un appartement acheté 233 000 euros revendu 370 000 euros

Après deux ans d’occupation en tant que locataire, Jérôme (le prénom a été changé) a acheté son quatre pièces de 75 m² à la résidence « La Saulaie » pour 233 000 euros soit 3 107 euros du mètre carré (€/m²) grâce au dispositif d’accession sociale. Six semaines plus tard, Jérôme a mis en vente le même appartement sur LeBonCoin avec une annonce titrée « 4 pièces de 2020 début Neudorf ». Prix du bien : 370 000€ pour la même surface (soit plus de 4 900 €/m²), une augmentation de 60% ! Contacté, le propriétaire vendeur n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.

L’un des appartements de la résidence a déjà été revendu, quelques semaines à peine après avoir été acheté. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Sollicité sur cette vente, le bailleur social CDC Habitat a refusé de communiquer sur le cas précis de Jérôme en invoquant le respect de sa vie privée avant d’ajouter : « Une fois le produit vendu, nous ne pouvons légitimement intervenir sur sa cession ultérieure. » En d’autres termes, CDC Habitat n’a aucun moyen de contraindre le propriétaire de l’appartement à vendre en dessous d’un certain prix.

Concernant la TVA réduite associée au dispositif PSLA, le bailleur social a indiqué que le vendeur peut revendre son bien sans rembourser la réduction de TVA à condition de respecter l’une des exceptions énoncées par l’administration fiscale, comme le « décès d’un descendant direct faisant partie du ménage » ou la « mobilité professionnelle impliquant un trajet de plus de 70 km entre le nouveau lieu de travail et le logement en cause ». Sur son profil LinkedIn, Jérôme indique travailler à Porto, au Portugal, depuis juillet 2022.

Une autre revente à prix fort dans la même résidence

Mais le cas de Jérôme n’est pas isolé au sein de cette résidence. Au deuxième étage du bâtiment vert et orange de La Saulaie, un panneau Foncia indique un appartement vendu. De l’autre côté de la bâtisse, un écriteau Century 21 annonce un logement à vendre. Sur LeBonCoin, une offre a été publiée au début du mois de septembre pour un « appartement Quartier Danube ». Prix du bien : 370 000 euros.

Un autre appartement était indiqué à vendre au début du mois de septembre 2022. Une annonce postée sur LeBonCoin a rapidement disparu. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Très vite l’annonce a disparu du site. Sur place, nous avons aperçu un panneau de l’agence immobilière Century 21 accroché à une terrasse du deuxième étage. L’entreprise vend le trois pièces de 62,7 m² à 395 000 euros. Grâce au tarif réglementé de 3 861€/m², l’appartement a été acheté à environ 242 000 euros.

« Le risque d’effet d’aubaine est important »

Les risques liés aux contrats de PSLA sont connus des bailleurs sociaux. Ainsi, un article du magazine Union Habitat, une fédération d’organismes HLM, indiquait en septembre 2018 :

« Dans un contexte de hausse des prix de l’immobilier et de marché tendu, le risque d’effet d’aubaine est plus important et certains vendeurs souhaiteront le limiter, cette situation sera d’autant plus probable que le prix de vente des logements concernés aura été fixé à un montant inférieur à celui du marché, d’où une possibilité accrue de plus-value importante en cas de revente, y compris à court terme. »

Dès septembre 2018, ce même article conseillait les bailleurs sociaux sur « la mise en œuvre d’un dispositif anti-spéculatif » autour des contrats de PSLA.

Directeur interrégional adjoint Nord Est de CDC Habitat, Éric Troussier indique simplement que « si le cadre réglementaire est respecté, nous n’avons pas le droit de poursuite ». Ce dernier parle d’un épiphénomène parmi la cinquantaine d’appartements mis en vente en PSLA par le bailleur dans le Grand Est. Pourtant, sa collègue directrice de développement Cécile Simonin indique « ne jamais avoir été alerté sur ce phénomène ». En fin d’entretien, Éric Troussier finit par admettre : « C’est vrai que ça mériterait des outils supplémentaires, mais charge au législateur de mettre en places des gardes-fous. »

Camp de l’Étoile : malgré l’ouverture d’un gymnase, la municipalité écologiste sous le feu des critiques

Camp de l’Étoile : malgré l’ouverture d’un gymnase, la municipalité écologiste sous le feu des critiques

Près de 80 personnes ont manifesté samedi 17 septembre pour l’hébergement inconditionnel des migrants installés place de l’Étoile. Dans le cortège, l’ouverture d’un gymnase par la municipalité écologiste est décrite comme insuffisante, voire dangereuse pour certains sans-papiers.

« Pour nous, la mise à l’abri dans un gymnase est un guet-apens. » Militante de l’association Attac et du collectif D’ailleurs Nous Sommes D’ici, Germaine (le prénom a été modifié) tient une banderole « Un toit, un droit, papiers pour tous » sur la place de l’Étoile en ce début d’après-midi, samedi 17 septembre. Malgré l’ouverture d’un gymnase par la municipalité écologiste la veille, la manifestante ne décolère pas : « On sait très bien qu’une fois pris en charge par la préfecture, les migrants seront renvoyés dans leur pays. » À ses côtés, Martin (le prénom a été modifié) rajoute : « On est en colère, sidéré par la collaboration de la Ville avec la préfecture ainsi que du manque de discussion avec les associations (d’aide aux migrants, NDLR). »

Départ de la manifestation pour un hébergement inconditionnel des migrants. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg/ cc

Hamza : « J’ai déjà été dans le gymnase Branly »

Vers 14 heures, près de 80 personnes ont quitté la place de l’Étoile en direction du centre-ville de Strasbourg pour l’hébergement inconditionnel des migrants. Au sein du cortège, Hamza explique son refus d’intégrer le gymnase du Heyritz :

« J’ai déjà été dans le gymnase Branly (en juillet dernier, NDLR). J’ai ensuite été envoyé au centre d’aide pour le retour de Bouxwiller. Là-bas, on voulait me faire signer un papier pour que je retourne dans mon pays. Donc je suis revenu à Strasbourg, place de l’Étoile. »

Hamza a déjà connu la mise à l’abri dans un gymnase. Cette fois, il l’a refusée. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg/ cc

Hamza fait partie de ces migrants dont la demande d’asile a déjà essuyé un avis négatif. Accompagné de bénévoles strasbourgeois, il tente de faire une nouvelle demande de titre de séjour pour des raisons médicales (il dialyse trois fois par semaine), « mais prendre un rendez-vous à la préfecture est devenu quasiment impossible », explique le militant strasbourgeois Gabriel Cardoen.

Une situation « absurde et insensée »

Fondatrice de l’association d’aide aux personnes sans-abri, Sabine Carriou était présente au camp de l’Étoile lorsque la municipalité écologiste a lancé une mise à l’abri. L’ancienne professeure de mathématiques décrit une situation « absurde, insensée où l’on disait à celles et ceux qui ont épuisé tous les recours de demande d’asile, de ne pas aller au gymnase. »

Dans le cortège, plusieurs manifestants estiment aussi que la municipalité n’est pas allée assez loin avec cette ouverture d’un gymnase. Pour Julien, de l’union locale CGT, la mairie « doit arrêter de se lamenter de l’attitude de la préfecture. On sait que la préfète veut juste expulser les migrants. Donc si l’État n’assume pas ses responsabilité, la mairie doit la prendre. Elle pourrait par exemple réquisitionner des logements vides à Strasbourg afin d’offrir un vrai toit aux migrants. »

Malgré l’ouverture d’un gymnase la veille, plusieurs dizaines de tentes continuaient d’occuper la place de l’Étoile samedi 17 septembre. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg/ cc

Contactée, la Ville de Strasbourg indique avoir ouvert 100 places dans le gymnase Heyritz. Dans la soirée du 16 septembre, seules 27 personnes étaient hébergées dans le bâtiment municipal. Sur la place de l’Étoile, des dizaines de personnes continuent de vivre dans des tentes à quelques mètres de la mairie.

Églises, mosquées et synagogues : la municipalité revoit ses règles de financement des lieux de culte

Églises, mosquées et synagogues : la municipalité revoit ses règles de financement des lieux de culte

Un an et demi après la polémique sur le financement – finalement abandonné – de la mosquée Eyyub Sultan, la Ville de Strasbourg va revoir ses règles. Parmi les modifications, un plafond à un million d’euros. Autre changement : la préfecture sera saisie afin d’étudier les demandes de subventions et d’alerter, en cas de menace « relative à la sécurité nationale » et de « dérives intégristes ».

Selon nos informations, le conseil municipal de Strasbourg du lundi 26 septembre prévoit de voter les règles de financement public des . . .

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Thierry Danet : « L’Ososphère est un baromètre de la vie dans un monde inconfortable »

Thierry Danet : « L’Ososphère est un baromètre de la vie dans un monde inconfortable »

L’Ososphère s’installe dans le quartier Laiterie pour dix jours, dont deux de Nuits électroniques avec des stars de la musique électronique. C’est le retour d’une « édition totale » qui transforme et habite plusieurs bâtiments du quartier, en journée comme en soirée.

Le festival Ososphère transforme le quartier Laiterie, entre la gare et l’autoroute, pendant dix jours, du 23 septembre au 2 octobre, avec des expositions, des rencontres, des « sets conversatoires » et deux « Nuits électroniques » les 23 et 24 septembre où sont programmés notamment Jeff Mills et The Avener.

Cette programmation tous azimuts, qui allie des concerts, des performances d’artistes et des débats veut questionner la ville d’aujourd’hui et la manière de vivre ensemble. Une marotte de Thierry Danet, le directeur artistique de L’Ososphère, qui se félicite de pouvoir à nouveau proposer dans le quartier Laiterie toutes ces fonctions, au même endroit et au même moment.

L’habillage du quartier Laiterie en Ososphère en 2019 Photo : Philippe Groslier / doc remis

Rue89 Strasbourg : Alors ça y est, c’est le retour de « L’Ososphère totale », avec les expositions et les concerts, au quartier Laiterie ?

Thierry Danet : On est très heureux d’avoir pu y arriver, même si ce fut un chantier titanesque ! En 2019, on avait pu proposer une exposition en intérieur, mais pas la déployer sur dix jours ! Cette année, on peut de nouveau « faire de la ville sur la ville », toucher à toutes les fonctions, ce qui rend les choses très compliquées… Dès qu’il faut changer un sens de circulation, ça crée un pataquès pas possible… Autre exemple, ça a été un combat de malade pour rouvrir le jardin du 12-16 rue du Hohwald, alors que c’est un lieu arboré magnifique, le genre d’endroit dont on a bien besoin en ce moment ! On y installe un jardin conservatoire pensé pour les habitants par Gaël Chaillat et Ramona Poenaru. Comme on travaille sur tout un morceau de ville, il faut mettre en musique des gens qui habitent, des gens qui sont habitués et des gens qui y travaillent. Du coup, on active des réseaux, qui eux-mêmes activent des réseaux… Pour que L’Ososphère existe, on a dû boucler des milliers d’accords… Au final, on a rempli toute une page avec les logos des partenaires, c’est absurde et joli à la fois.

Architecture Core de 1024 Photo : Doc remis

Pourquoi maintenir cette obsession d’interroger avec des artistes la cohabitation ?

Pendant dix jours, on propose des gestes et des actes d’artistes qui offrent des clés de perception de l’époque et des contextes dans lesquels on vit. Ces clés sont indispensables pour fabriquer une société qui fonctionne, notamment à l’échelle qu’on comprend le mieux, c’est-à-dire l’échelle de la ville. Quand on ignore ces éléments, on passe à côté de quelque chose de central que j’appelle « le sensible ». Quand on fabrique la ville, cette question n’est jamais abordée dans les diagnostics techniques… Donc cette édition d’Ososphère vise à faire un « diagnostic sensible » de la vie en ville, de manière partagée entre les artistes, les habitants et les habitués du quartier.

« L’Ososphère permet d’interroger un morceau du monde »

C’est pourquoi on creuse cette idée d’habiter un morceau du monde, de cohabiter dans un endroit où on est tous usagers, chacun son tour, de dispositifs interconnectés qu’ils soient de résidence ou d’agréments. L’Ososphère permet d’interroger ça et il est important que ce regard puisse être utile et utilisé.

Thierry Danet, directeur artistique d’Ososphère, cherche à faire bouillonner les questionnements sur la cohabitation Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Est-ce qu’il y a eu des utilisations publiques en provenance des éditions précédentes ?

Alors ça je n’en sais rien, on ne sait pas faire une mesure d’impact des performances qu’on propose. On sait cependant que les grands principes qui sont discutés résonnent un peu partout, quand les villes d’Europe réfléchissent sur elles-mêmes. Ainsi, quand Manchester, ville chère à mon cœur, a réussi à faire exister dans ses politiques publiques des micro-initiatives adossées à des logiques « sensibles », d’autres villes européennes ont suivi. L’écueil de cette politique consiste à créer des quartiers dédiés aux « industries créatives », qui ne sont que des concepts à compétition pour une seule classe de population…

« On sait qu’on vit dans un monde inconfortable »

À L’Ososphère nous sommes là pour produire du « possible ». On sait de plus en plus tôt dans notre vie qu’on est dans un monde inconfortable et L’Ososphère, c’est une manière d’y réfléchir, un baromètre de ça. On essaie de faire en sorte que de plus en plus d’habitués du quartier se considèrent comme des habitants, et que de plus en plus d’habitants soient ouverts aux questionnements que leur existence provoque. D’ailleurs, on reçoit de plus en plus de propositions pour participer à L’Ososphère.

Quelles ont été les lignes directrices de la sélection des artistes ?

On a voulu que l’édition 2022 soit celle d’après les confinements. Je me souviens avoir parlé avec des jeunes d’une vingtaine d’années, qui nous ont dit qu’ils avaient envie de faire des tas de trucs, d’agir mais qu’en même temps, ils se sentaient coupables d’avoir cette envie. C’est un détail, mais on s’est dit bon… Il va falloir discuter de cet état d’esprit dans notre programmation.

Julien Maire, cinéma perpendiculaire Photo : Doc remis

D’une manière générale, on a proposé aux artistes d’investir le carrefour qu’est L’Ososphère, qui se déroule lui-même sur le carrefour de la rue du Hohwald et de la rue du Ban-de-la-Roche. Évidemment, ils ont produit des œuvres qui sont tout sauf des carrefours !

On s’est aperçus aussi qu’il y a une bonne part d’artistes locaux. Ce n’est pas quelque chose qu’on revendique mais on remarque qu’au fur et à mesure des éditions, il s’est créé un écosystème à Strasbourg, avec des artistes ayant une renommée internationale… Donc c’est génial : les artistes participent également comme habitants aux relations qu’on essaie de créer !

Ensuite, on a essayé d’installer un maximum d’artistes plasticiens, car ils ont vraiment souffert de la pandémie sans pouvoir bénéficier des extensions du régime des intermittents par exemple.

Un gymnase mobilisé pour l’accueil des personnes du camp de l’Étoile

Un gymnase mobilisé pour l’accueil des personnes du camp de l’Étoile

Les services de la Ville de Strasbourg ont mobilisé un gymnase pour abriter les personnes installées sous des tentes place de l’Étoile, avant une prise en charge par l’État. Mais à part les demandeurs d’asile en cours de procédure, de nombreux refugiés craignent trop l’intervention de la police pour s’y rendre.

C’est la fin de ce compte-rendu réalisé en direct par Thibault Vetter. Merci à tous de l’avoir suivi.

Au final, le campement continue d’exister place de l’Étoile malgré l’ouverture du gymnase. De nombreux migrants dont les procédures sont arrivées à échéance et qui ne bénéficient plus de titres de séjour craignent trop l’intervention de la police pour se rendre au gymnase ou dans un centre de l’État.

Hamza et Fako, de Macédoine, prévoient de rester place de l’Étoile Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Plusieurs personnes avouent avoir trop peur de la police pour se rendre au gymnase ouvert par la Ville. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Les services sociaux expliquent que les personnes abritées au gymnase auront un repas dès ce soir et qu’ils peuvent rester pour quelques jours seulement.

Une agente des services sociaux de la Ville précise aux réfugiés que la municipalité ne pourra pas contrôler ce qui se passera quand la préfecture prendra le relais au gymnase. (Photo TV / Rue89 Strasbourg / cc)

Les services sociaux sont arrivés sur place. Des personnes sans-abri craignent pour certaines d’être dirigées ensuite vers le centre d’hébergement de l’État à Bouxwiller. D’autres, primo-demandeurs d’asile, se réjouissent car elles pourraient y trouver un logement, au moins le temps que durera le traitement de leur dossier.

Des militants d’aide aux réfugiés sont arrivés sur place. Certains craignent que cette mise à l’abri permette à la préfecture de renvoyer ceux qui n’ont pas de titre de séjour vers leur pays d’origine.

Discussions entre militants et réfugiés sur ce qu’il peut se passer pour eux après la mise à l’abri Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Hamza est « plutôt content » d’être placé à l’abri mais il ne sait pas ce qui va lui arriver, étant donné que sa demande d’asile a été refusée. Il vient de Macédoine avec un problème de santé qui le contraint à subir une dialyse trois fois par semaine. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Sur place, toujours pas de CCAS ni de police municipale mais Tonio Gomez, du collectif « D’ailleurs nous sommes d’ici » est présent :

« Est-ce que ce gymnase va servir à trier les migrants pour les envoyer vers des centres d’aide au retour ? On ne veut pas de ça. La préfecture supprime 1 000 places d’hébergement d’urgence pour provoquer cette situation. On demandait que ces personnes soient protégées de la police aux frontières par la Ville de Strasbourg, qui est une municipalité de gauche. »

Tonio Gomez de « D’ailleurs nous sommes d’ici »

Demain, une manifestation est prévue, en soutien aux personnes installées sur ce camp de la place de l’Étoile. Les organisateurs ont annoncé son maintien.

La Protection civile précise que le gymnase a une capacité d’accueil d’une centaine de places, avec un espace familles, un autre pour les femmes seules et un dernier pour les hommes seuls. Le camp de la place de l’Étoile compte une centaine d’occupants, il peut y avoir entre deux et trois fois plus de personnes sans-abri dans la ville.

Sur l’action de l’État, qui a reporté l’inaction publique sur le camp de l’Étoile sur la Ville de Strasbourg, Jeanne Barséghian a précisé :

« Il y avait un désaccord sur les modalités d’évacuation. Nous l’avons résolu lors de réunions hier et avant-hier pour arriver à la situation d’aujourd’hui, où nous proposons aux personnes de se protéger puis aux services de l’État de les prendre en charge. Mais évidemment, ce sera la politique du gouvernement actuel qui s’appliquera aux personnes prises en charge par l’État… »

Jeanne Barseghian :

« On sait que les températures baissent, il y a de plus en plus d’humidité place de l’Étoile et la situation ne va pas s’arranger. Il y a des enfants et des personnes malades dans ce camp, il était impensable que ces personnes passent une nuit de plus dehors. Lors d’une réunion avec la préfecture de Strasbourg, il a été convenu que l’État pourrait prendre en charge ces personnes la semaine prochaine. Dès lors, j’ai décidé de transformer le gymnase du Heyritz en centre d’accueil temporaire, avec comme opérateur la Protection civile. »

Au camp de l’Étoile, des agents du Centre communal d’action sociale (CCAS) et des policiers municipaux proposent aux personnes sans-abri de rejoindre le gymnase. Les personnes qui ne voudraient pas partir de la place de l’Étoile peuvent y rester. La municipalité précise qu’il ne s’agit pas d’une « évacuation » du camp.

Le gymnase pourrait permettre la mise à l’abri d’autres personnes sans-abri, s’il reste de la place, indique la maire Jeanne Barseghian.

La protection civile est arrivée au gymnase Heyritz Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Selon la Ville de Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin pourrait prendre en charge ces personnes la semaine prochaine, et les repartir dans différents centres d’hébergement, en fonction de leur situation administrative. La préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, avait refusé de prendre l’initiative d’évacuer le camp en utilisant la force publique :

La maire de Strasbourg au gymnase Heyritz : « il était impensable de ne pas mettre à l’abri ces personnes »

Face aux intempéries qui perdurent, la maire de Strasbourg a réquisitionné le gymnase Heyritz pour mettre à l’abri les personnes les plus vulnérables. Jeanne Barseghian a fait cette annonce à l’instant, devant quelques journalistes.

Face aux prémices d’une 8e vague, la lassitude des parents : « Ça existe encore le Covid ? »

Face aux prémices d’une 8e vague, la lassitude des parents : « Ça existe encore le Covid ? »

Le 14 septembre, Santé Publique France constatait une hausse de 66% des cas de contaminations par le Covid-19 en une semaine. Les chiffres sont là : la 8e vague de l’épidémie débute en France. Ce n’est qu’un frémissement, mais tout de même. Pourtant, les parents que nous avons interrogés sont loin d’être inquiets. Leur objectif : une année sans classe fermée. Quitte à ignorer le Covid…

Zeynep (prénom modifié) ne comprend pas trop la question. « La 8e vague de covid ? Mais ça existe encore ? » lâche cette jeune mère au foyer en riant. Plus sérieusement, la jeune trentenaire, maman de trois enfants âgés de 2 à 8 ans, tient à s’expliquer :

« Nous, on l’a eu deux fois la première année. On a été isolés six semaines au total, puisqu’on l’a eu à tour de rôle. C’était très dur d’être enfermés aussi longtemps avec les trois enfants, je ne veux plus jamais revivre ça. »

Des enfants pas forcément testés

Alors Zeynep l’assume – mais elle ne tient pas à être reconnue par les maîtresses pour autant – elle ne fait pas forcément tester ses enfants. Même s’ils ont été en contact avec le Covid. « Je pense qu’il faut qu’on vive avec cette maladie », dit-elle en jetant un œil sur sa petite dernière en train d’escalader le toboggan. Quand on lui parle du retour de l’épidémie, la seule inquiétude de la jeune femme se porte sur les fermetures des classes :

« Moi, je veux juste que mes enfants aillent à l’école, et que les maîtresses malades soient remplacées. L’an dernier c’était un calvaire, ma fille a eu une dizaine de remplaçants en maternelle. Maintenant ça suffit ! »

Zeynep est mère de trois enfants, elle redoute davantage les fermetures de classe que le covid Photo : MdC / Rue89Strasbourg / cc

Baisse de la vigilance chez certains parents d’élèves

Laure, elle, est infirmière à l’hôpital. Le masque, elle le portait quasi non-stop depuis l’arrivée du Covid en 2020. C’était l’une des mères d’élèves les plus sérieuses devant l’école du Neufeld, dans le quartier du Neudorf. Mais même pour cette soignante, au contact de personnes fragiles et malades, la vigilance s’est amoindrie ces derniers mois. « L’an dernier, j’ai dû me faire tester une vingtaine de fois, mais depuis cet été, c’est vrai que j’ai un peu arrêté. »

Devant l’école du Neufeld, l’affiche sur le port du masque est toujours en place… mais plus vraiment d’actualité. Ici, plus personne ne le porte Photo : MdC / Rue89 Strasbourg / cc

La jeune femme, maman d’un petit garçon de 5 ans et demi, reconnaît qu’elle a également un peu lâché du lest sur le port du masque. « Dans les réunions de rentrée je ne l’ai pas mis. Mon compagnon non plus. Ces derniers temps, on l’a moins porté ». Hasard ou non, Laure a contracté le virus pour la première fois la semaine dernière. « Honnêtement j’ai été hyper surprise quand j’ai vu le résultat. Evidemment on s’est isolés, et on a fait tester notre fils qui ne l’a pas eu. »

D’après Santé publique France, le 14 septembre, 33 575 nouveaux cas de Covid-19 ont été confirmés en France sur les sept derniers jours. C’est 66,7% de plus que la semaine dernière. La 8e vague de l’épidémie, Laure semble donc déjà l’avoir traversée :

« Je ne suis plus inquiète comme avant. Nous sommes tous les trois vaccinés, je sais qu’on peut l’attraper mais dans une forme classique. Et je suis les recommandations dans mon travail, mais c’est vrai que dans la vie de tous les jours, je n’ai pas le courage de recommencer comme l’an dernier. »

« Les plus fragiles doivent se protéger, mais ne vivons pas tous dans une psychose »

Un peu plus loin devant les grilles de l’école, juste après la sortie de 16h20, Floralyne Thery discute avec une amie. Cette maman de cinq enfants, représentante des parents d’élèves au sein de l’Apepa, sourit quand on lui parle de cette fameuse 8e vague de l’épidémie :

« Je ne suis pas du tout inquiète, pourtant je ne suis pas vaccinée. J’ai déjà eu trois fois le Covid et à chaque fois je m’en sors avec une bonne grippe. Après, quand il faut faire tester les enfants, je le fais, j’ai encore plein d’auto-tests chez moi. »

Floralyne Thery ne veut pas revivre la psychose des débuts Photo : MdC / Rue89 Strasbourg / cc

La jeune quadragénaire reconnaît qu’elle est « la plus mauvaise élève pour le masque », mais assure qu’elle le porte avec les personnes fragiles. « Ma belle-mère est très malade, et avec elle je le porte toujours. Les plus fragiles doivent faire attention et se protéger, mais ne vivons pas dans la psychose. »

« Depuis trois ans, il se fait tester tout le temps, maintenant ça suffit ! »

Même sentiment de lassitude chez Raffaella Trivisonne, cheffe de projet à l’Université de Strasbourg et maman d’un petit Augusto, qui a fait sa rentrée en CP :

« Ça devient super lourd pour les enfants. Il a 5 ans et demi, et depuis qu’il est rentré à l’école, il n’a connu que le covid, les tests, l’isolement… Il a beaucoup raté en maternelle à cause de tout ça. Maintenant c’est le CP, c’est un âge important, on ne va pas continuer tout ce cirque pour un rhume ! »

Raffaella, maman d’un petit garçon qui rentre en CP, a décidé de faire tester son fils, seulement s’il a des symptômes. Mais pas s’il est cas contact. Photo : MdC / Rue89 Strasbourg / cc

Et si son enfant est « cas contact » d’une personne qui est malade du Covid-19 ? La jeune italienne n’en démord pas :

« Si mon fils ne présente pas de symptôme, je ne le ferais pas tester. Moi je porte le masque au travail, je continue de faire attention, au pire je fais du télétravail, mais pour nos enfants, ça suffit ! »

« Moins d’angoisse c’est bien, mais restons vigilants ! »

Un relâchement de la vigilance que le chef de pôle des maladies infectieuses et tropicales des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Yves Hansmann, regrette. Pour le médecin, il est normal, et même sain, que la psychose prenne fin :

« C’est bien que les gens ne soient plus angoissés par le Covid-19, parce que les conséquences de ce stress sont importantes. L’autre jour on m’a parlé de quelqu’un qui était en télétravail, et qui ne voulait plus sortir de chez lui. ça, c’est traumatisant. Il faut avoir un discours qui puisse rassurer : oui, on arrive à gérer désormais cette maladie, et oui, on a des traitements. Mais, il faut garder une certaine vigilance. »

L’infectiologue répète qu’il est donc important, selon les contextes, de porter le masque :

« Dans les transports, le masque reste recommandé. Je trouve qu’il y a trop de personnes dans un petit volume. Mais plus ça va, plus je suis seul à le faire. Il n’y a plus cette prudence-là. »

Yves Hansmann chef du service des maladies infectieuses en janvier 2022 Photo : LC / Rue89 Strasbourg / cc

Penser aux enfants des autres

Idem pour les tests de dépistage. Quand on parle de ces parents réticents à faire tester leurs enfants à Yves Hansmann, le médecin insiste, un peu las :

« Quand il y a une suspicion, ou un cas contact, le test est recommandé. Il peut toujours y avoir dans la classe des enfants qui ont des problèmes de santé, et les parents ne sont pas tous au courant. »

Yves Hansmann rappelle que si l’hôpital est mieux préparé qu’il y a trois ans, il y a toujours un nombre insuffisant de lits. Et avec l’automne et l’hiver, vont s’ajouter au covid les épidémies saisonnières de grippe. « Autant éviter d’être en tension permanente. »

« Tout ça pour ça ? » : les anti-GCO pointent les faibles effets bénéfiques de l’autoroute

« Tout ça pour ça ? » : les anti-GCO pointent les faibles effets bénéfiques de l’autoroute

Alors que la préfecture vante la fluidité du trafic liée au GCO, les opposants à l’autoroute dénoncent une communication trompeuse. Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole, indique que le nombre de voitures n’a baissé que de 2% sur la M35 depuis l’ouverture du contournement.

La préfecture a annoncé, mardi 30 août, que l’autoroute du Grand contournement ouest (GCO) avait, depuis son ouverture en décembre 2021, attiré une partie des poids lourds (PL, au dessus de 3,5 tonnes) et donc fluidifié le trafic à Strasbourg. En comparant les périodes de janvier à juin 2019, avant l’exploitation du GCO, et de janvier à juin 2022, après son ouverture, l’État estime que les usagers ont gagné 15 à 20 minutes de temps de trajet aux heures de pointe. Bruno Dalpra, membre du collectif GCO Non merci, conteste cette version des faits :

« Il est impossible d’attribuer cette meilleure fluidité au GCO. De janvier à mars 2022, il y a notamment eu des directives pour maximiser le télétravail, cela fausse leurs chiffres. C’est depuis la crise sanitaire qu’il y a moins de bouchons, parce qu’il y a eu une baisse du trafic. La saturation de l’A35 risque de devenir plus fréquente si le télétravail diminue. Surtout, il n’y a aucun effet bénéfique sur la pollution de l’air à Strasbourg, or c’était l’un des principaux arguments des promoteurs de l’autoroute. De l’autre côté, le GCO provoque des nuisances sonores très importantes pour les riverains, et vraisemblablement une pollution de l’air aux abords du tracé. »

En juin 2022, près de 7 000 camions circulent tous les jours sur le GCO. (photo JFG / Rue89 Strasbourg) Photo : Jean-François Gérard / Rue89 Strasbourg

Alain Jund : « Tout ça pour ça ? »

Alain Jund (EELV), vice-président de l’Eurométropole en charge des transports, objecte aussi l’utilité de l’autoroute de contournement, avec les chiffres du Service d’information et de régulation automatique de la circulation (Sirac) à l’appui :

« En juin 2019, avant l’ouverture du GCO, on avait 162 000 véhicules légers (VL, en dessous de 3,5 tonnes, NDLR) qui passaient à Cronenbourg sur l’A35 tous les jours. En juin 2022, après l’ouverture, on est à 159 000 VL, tous les jours, au même endroit. Cela représente 3 000 voitures de moins seulement, soit une baisse de 2%. Et peut-être que cette très légère baisse est encore liée au télétravail. J’ai envie de dire : tout ça pour ça ? Ce chantier a couté 560 millions d’euros, pour des impacts très limités, à part ceux sur la biodiversité et les terres agricoles malheureusement… »

Alain Jund est un opposant historique au GCO. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

Augmentation globale du nombre de camions

Yves Laugel, directeur du Sirac, explique qu’en moyenne il y a « 7 000 camions de moins tous les jours sur l’A35 », ce qui correspond au nombre de poids lourds qui circulent sur le GCO : « On avait plus de 20 000 camions par jour avant l’ouverture, maintenant on est à 14 000. »

Alain Jund analyse : « Seul un tiers des poids lourds sont donc reportés sur le GCO. Les porteurs du projet avaient pour objectif d’en avoir la moitié. » Bruno Dalpra craint en plus une arrivée de camions de transit supplémentaires en Alsace, qui seraient séduits par la possibilité de contourner Strasbourg rapidement.

Des solutions proposées par les opposants

« Le GCO reste une mauvaise solution à un vrai problème », martèle Bruno Dalpra. Pour réduire les bouchons et les effets néfastes de la circulation routière, GCO Non merci propose depuis de nombreuses années des dispositifs de transport collectif et la mise en place d’une écotaxe en Alsace, pour que le passage dans la région coûte plus cher aux camions, comme c’est le cas en Allemagne. Pour l’instant, les camions sont incités à passer du côté alsacien pour réduire les coûts.

Le collectif GCO Non merci continue à s’opposer à l’autoroute, à répertorier ses nuisances et ses impacts, même après son ouverture. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

C’est également la ligne d’Alain Jund. Le vice-président de l’Eurométropole explique œuvrer pour l’augmentation de l’offre en transport collectif « en lien avec la Région Grand Est » :

« Nous avons longtemps travaillé sur le Réseau express métropolitain européen (REME, une forte augmentation de la cadence de trains, NDLR), qui entrera en service le 11 décembre. Nous voulons améliorer les tracés et les fréquences sur le réseau des bus interurbains. Ce sera le cas, à l’horizon 2025 pour la ligne 220, qui relie le Kochersberg et Strasbourg par exemple.

Le but est aussi de développer des transports en site propre (une voie dédiée uniquement aux bus qui réduit fortement le temps de trajet, NDLR), comme c’est le cas pour la ligne 230 de Wasselonne à Strasbourg. Elle est devenue la plus utilisée du département avec 700 000 voyageurs par an. C’est ce type de solutions que nous avons toujours défendues et que nous mettons en œuvre aujourd’hui, malgré le GCO, pour réduire l’usage de la voiture individuelle et les embouteillages. »

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