Économies d’énergie et gros chantier sont au programme du conseil du vendredi 30 septembre. L’assemblée des 33 communes va se pencher sur la prolongation du tramway jusqu’à Wolfisheim. Avant cela, elle doit dévoiler ses mesures d’économie pour l’hiver à venir. À suivre en direct à partir de 9h.
Les maires des 32 communes autour de Strasbourg vont avoir l’occasion de découvrir le Palais des Fêtes. Une magnifique salle mythique et rénovée mais qui n’est pas en mesure d’accueillir des spectacles régulièrement. Au menu du jour justement, l’exécutif n’a pas prévu de grandes festivités. La coalition des écologistes et des maires doit présenter le « plan de sobriété » de l’Eurométropole, confrontée à un quintuplement de sa facture de gaz.
Après les mesures d’économie de la Ville lundi, dont les principales actions sont l’abaissement des températures (jusqu’à 14°C dans les gymnases) et la diminution de l’éclairage, y compris pour les illuminations de Noël, celui de l’Eurométropole peut avoir plus d’impacts directs sur le service public. La collectivité, au budget trois fois plus élevé, gère notamment les piscines, les médiathèques ou les transports en commun. Le débat pourrait s’avérer plus nuancé qu’à la Ville, puisque les maires sont confrontés aux mêmes difficultés dans leurs communes.
A priori, un consensus sur le Tram ouest
Après cela, le principal point concernera le tram à l’ouest de Strasbourg. Il s’agit de la prolongation de la ligne F, jusqu’à Eckbolsheim et Wolfisheim (point 5 – lire notre article), soit 9 arrêts et quatre kilomètres de plus. Après les concertations sur le tracé et les aménagements, le dossier va être soumis à une enquête publique en cette fin d’année, dernière étape avant de pouvoir lancer les travaux. L’infrastructure est estimée à 122 millions d’euros, dont 79 pour les travaux.
À Strasbourg, le dossier n’intéresse guère les oppositions, malgré des craintes exprimées par des habitants sur le plan de circulation. Le sujet n’a été relevé par aucun des trois groupes lors du conseil municipal du lundi 26 septembre. Mais au conseil de l’Eurométropole, ce sera l’occasion d’entendre les maires des deux communes concernées.
De Wolfisheim à Eckbolsheim, des maires favorables mais pas forcément confiants
En bout de ligne, Wolfisheim, dont le maire Éric Amiet (LR) est l’un des principaux opposants de Pia Imbs et de son équipe. Mais sur ce point, il soutient la majorité. « Sur ce sujet, je n’ai pas d’observations négatives à formuler », explique-t-il à Rue89 Strasbourg. « Je me bats pour ce tram depuis 20 ans, sur ce dossier, il y a désormais une volonté d’avancer », se satisfait-il. Il reste néanmoins prudent sur la réalisation du chantier. « Les procédures administratives sont tellement complexes et soumises aux revirements politiques », relève-t-il encore échaudé par l’abandon du tram sur pneus en 2013, ou l’extinction à petit feu de la VLIO (Voie de liaison intercommunale ouest), une rocade de 11,7 kilomètres votée à la fin du mandat précédent.
À Eckbolsheim, le maire André Lobstein (LR) siège aussi dans l’opposition. Et si l’élu est « absolument favorable » au tram lui aussi, il est moins satisfait que son voisin de l’évolution du dossier. Selon l’élu local, « le plan de circulation ne convient pas » et redoute un grand encombrement pour les trajets nord/sud en voiture. L’arrivée dans Strasbourg, où la route des Romains sera mise à sens unique, sera plus compliqué en voiture.
André Lobstein s’agace par ailleurs que les travaux vont engendrer un coût de près d’un million d’euros pour sa commune. Son adjoint Ghislain Lebeau développe :
« On a appris en août que nous devions participer aux installations d’éclairage (650 000€ HT) et aux espaces verts (150 000€ HT). C’est un montant estimé dans les études, mais qui part à la hausse avec l’inflation. Nous contestons cette méthode de répartition pour un projet qui ne concerne pas seulement la commune. Pour une zone d’activité, l’Eurométropole paie tout l’investissement et la commune l’entretien. On nous répond que par le passé d’autres commune ont payé pour ces dépenses pour le tram, mais c’était Schiltigheim ou Illkirch qui ont 30 000 habitants et plus de moyens. Notre budget annuel n’est que de cinq millions d’euros. »
Lundi en conseil municipal, les élus ont refusé de voté un avis favorable ou défavorable au tram, mais adopté une délibération qui acte les « points positifs » et « points négatifs ». Le 13 octobre, en guise de protestation, la municipalité va installer des sens interdits tels que proposés par l’Eurométropole pour démontrer aux automobilistes comment la circulation va se compliquer à l’avenir.
La route des Romains en question
Le vice-président aux mobilités Alain Jund (EELV) défend cette longue extension, mais aussi les modifications qui vont en découler. Et justement ce passage de la route des Romains, à Strasbourg – grand axe central de Koenigshoffen – en sens unique sur un tronçon. Une manière de ne plus en faire « un axe de transit », mais de lui donner « une fonction de centralité » dans le quartier.
Ce parti pris est différent de l’aménagement du début de la ligne, achevée en 2020. À l’entrée de la route des Romains, la circulation automobile à double sens a été maintenue au détriment du tram F, réduit à une voie unique (voir la photo ci-dessous).
Une organisation qui empêche les croisements de rames et donc ralentit les fréquences. Réduits à la portion congrue, les trottoirs et pistes cyclables sont exigües. Résultat « personne n’est satisfait » estime Alain Jund.
Trafic divisé par deux à Eckbolsheim ?
À Eckbolsheim aussi, Alain Jund imagine « une nouvelle centralité » pour la commune, autour du tram. Et s’il connaît les critiques d’André Lobstein, il espère que la baisse de trafic sera suffisante pour empêcher des bouchons :
« Avec le tram, le besoin d’aller au centre-ville en voiture va s’évaporer. On les entend peu, mais le tram va également desservir les entreprises de la zone d’activité d’Eckbolsheim qui compte 3 000 salariés. Il est vrai qu’il y a des difficultés de circulation nord/sud, avec beaucoup de bouchons, mais on a travaillé avec un bureau d’études qui conclut que le trafic va être divisé par deux. Il n’est pas évident de se projeter aujourd’hui dans 3 – 4 ans. Pour toute extension de tram, à Neudorf ou la Robsertsau, il y a des interrogations de ce type, et une fois que le tram est là, on se demande pourquoi on ne l’a pas fait avant. Je suis convaincu qu’une fois là, on sera satisfait ».
Des chantiers coûteux, mais « nécessaires »
L’enquête publique doit se tenir en fin d’année 2022, puis les travaux entre 2023 et « fin 2025 ». À moins que la conjoncture économique ne pousse à étaler le chantier dans le temps ? « C’est à l’Eurométropole de répondre. Bien courageux celui qui fixe une date. Je ne fais pas de promesse », tempère pour sa part Éric Amiet à Wolfisheim. Pour Alain Jund, ces chantiers sont nécessaires, car ils sont aussi une réponse à l’inflation :
« En investissant dans les transports, on veut proposer un bouclier de mobilités dans l’ouest, c’est-à-dire la garantie de pouvoir se déplacer à bas coût. Nous prévoyons aussi une amélioration du réseau de bus et le TSPO (voir plus bas). On anticipe les difficultés qu’on risque de subir dans quelques années, avec l’essence à 2 euros. »
La présidente de l’Eurométropole Pia Imbs (sans étiquette) indique pour sa part que les investissements seront revus à l’automne, mais que la priorité serait donnée à la transition énergétique et aux transports. Et le projet vient de recevoir 15 millions d’euros en soutien du gouvernement.
La poursuite du chantier du TSPO, en deux temps
Le tram n’est pas le seul projet pour les transports en commun à l’ouest de l’agglomération. Au point précédent (point 4), il est question de la poursuite du Transports en site propre ouest (TSPO) pour améliorer le temps de trajet en autocar.
Il s’agit d’élargir la bande d’arrêt d’urgence sur l’autoroute M351 le long de Wolfisheim et de Hautepierre, afin d’y créer une voie réservée aux autocars. Comme souvent avec l’amélioration des transports en commun, c’est un dossier qui existe sur plan depuis des années, mais qui n’a guère avancé.
Maintenant que l’État en a transféré en 2021 la charge à l’Eurométropole, cette dernière compte enfin réaliser les derniers kilomètres. La section entre Ittenheim et Wolfisheim (4,5 kilomètres) a été mise en service le 24 septembre.
Pour la suite, l’Eurométropole vise de réaliser un premier tronçon jusqu’à la station de tram Paul Éluard pour la fin 2024, puis une deuxième phase d’ici 2026 sur le reste de l’autoroute jusqu’à Strasbourg et la place des Halles, ainsi que le nouveau terminus à l’arrière de la gare. Le projet était estimé à 23 millions d’euros en 2019.
La séance compte 108 points à l’ordre du jour et débute à 9h.