L’Université de Strasbourg et le Syndicat des avocats de France organisent un cycle de tables-rondes sur la souffrance morale au travail. Ouvert à tous, ces rendez-vous visent à améliorer la prise en compte de cette question à travers une approche pluridisciplinaire.
Burn-out, bore-out, de nouveaux mots sont apparus pour décrire certaines souffrances au travail, sans qu’elles relèvent de maladies ou de blessures. Les dégâts sont pourtant bien réels et pour aborder cette question de la souffrance morale au travail, qui touche au droit, à la santé, à la sociologie ainsi qu’à la psychologie, le Syndicat des avocats de France s’est associé à l’Institut du travail de l’Université de Strasbourg, ainsi qu’à plusieurs organismes professionnels pour organiser un cycle de conférences.
L’objectif est de permettre des échanges entre intervenants du monde du travail issus de différentes spécialités (avocats, universitaires, représentants du personnel, managers, médecins du travail, psychologues du travail, etc.). Les cinq tables-rondes sont préparées par les avocates strasbourgeoises Amandine Michaud et Salima Hezzam ainsi que par l’enseignante-chercheure Sabrina Mraouahi de l’Université de Strasbourg.
Acte 1 : La souffrance morale au travail, définition(s) et enjeux, jeudi 13 octobre de 17h à 19h,Acte 2 : La souffrance morale au travail et l’accompagnement dans l’entreprise, jeudi 17 novembre de 17h à 19h,Acte 3 : La souffrance morale au travail et la médecine du travail, jeudi 1er décembre de 17h-19h,Acte 4 : La souffrance morale au travail et le suivi psychologique, en janvier (date à préciser),Acte 5 : La souffrance morale au travail et le droit de la Sécurité sociale, jeudi 2 mars 2023, 17h-19h.
Dans les écoles de Strasbourg, il manque 120 vacataires pour accompagner les enfants à la cantine et les garder en fin de journée. La Ville peine à recruter, les vacataires étant des travailleurs très précaires, ils demandent de meilleures conditions de travail et rémunérations.
À l’école du Neufeld, selon les jours, il manque entre 10 et 19 animateurs périscolaires en cette rentrée 2022 d’après Hülliya Turan (PCF), adjointe à la maire en charge de l’Éducation. « Pour l’instant, il n’y a pas eu d’incident majeur mais les conditions sont réunies », considère Clément (prénom modifié), animateur périscolaire dans cet établissement de Neudorf :
« En élémentaire, chaque classe doit être encadrée par un animateur. En moyenne, une vingtaine d’élèves par classe mange à la cantine. Donc à midi, on se rend à leur salle et jusqu’à 13h50, ils sont sous notre responsabilité. On doit les faire passer à une heure précise à la cantine, s’assurer qu’ils mangent un minimum et les surveiller le reste du temps, parfois proposer des animations. »
La répartition des effectifs se fait à l’échelle des quartiers : le sous-effectif est constaté à Neudorf, à Cronenbourg, à Hautepierre, au centre-ville, au Conseil des quinze ou encore à l’Esplanade, toujours selon l’élue communiste : « En tout, il manque 120 vacataires à Strasbourg. »
« Parfois les enfants doivent manger en 15-20 minutes »
L’école du Neufeld a le plus gros effectif d’enfants qui mangent à la cantine : 500 élèves. Le planning pour les faire manger est donc très serré. « Nous sommes obligés de les faire manger en 15-20 minutes et certains passent après 13h, ils ont faim », détaille Alain (prénom modifié), également animateur périscolaire à l’école du Neufeld. Comme il manque des animateurs, certains doivent prendre en charge deux classes, ce qui double le nombre d’élèves sous leur surveillance.
Il n’y a pas de règle précise concernant le nombre d’enfants par encadrant pour l’accompagnement à la cantine. Dans un accueil de loisir périscolaire, la limite est fixée à un animateur pour 14 enfants de plus de 6 ans, et un animateur pour 10 enfants de moins de 6 ans. La Ville de Strasbourg se fixe l’objectif d’un animateur pour 20 élèves de primaire et d’un animateur pour 10 élèves de maternelle.
Un encadrant pour 20 élèves de maternelle
Dans les faits, on est loin du compte vu le manque de personnel. Selon le personnel interrogé, dans de nombreuses écoles de Strasbourg, on peut atteindre un encadrant pour 20 enfants en maternelle et un encadrant pour 30 enfants en primaire. Alain témoigne des conséquences de ce sous-effectif :
« Quand je vais au travail, je sais que ça va être très difficile, qu’il y aura de la tension. On est constamment aux aguets. Lorsqu’il y a un enfant qui tombe et se fait mal, et ça arrive tout le temps, on doit s’occuper de lui mais du coup on ne voit pas les autres. S’il y en a deux en même temps, on doit prioriser. On nous demande de faire attention au harcèlement, aux mises à l’écart mais c’est impossible ! Notre métier, c’est aussi, en théorie, prendre le temps de discuter avec les élèves, de voir s’ils vont bien. Cela peut prendre du temps de nouer le contact avec un enfant, et d’en parler avec ses parents si nécessaire. Je regrette de ne pas pouvoir faire ça. Là nous sommes surtout concentrés sur leur sécurité physique. C’est un beau métier mais nous n’avons pas les moyens de l’exercer. »
« On recrute des gens dont on n’est pas sûrs »
Clément souligne que de nombreux collègues sont très affectés et stressés. « Des animateurs finissent des services en pleurs après des sessions trop intenses. Ils craquent et partent », révèle t-il. Ce sous-effectif est lié à un problème de recrutement. Yannick (prénom modifié), agent de la direction de l’éducation et de l’enfance à l’Eurométropole, explique qu’il est obligé de donner suite à presque n’importe quel CV déposé :
« Avant la crise sanitaire, on avait quelques candidatures et on pouvait faire un choix. Maintenant, on exploite tout ce qui est possible en terme d’annonce : Pôle emploi, les sites étudiants, Facebook… Les gens ne postulent pas. Certains changent d’avis au dernier moment après l’entretien. Il y en a aussi qui ne donnent pas suite à nos sollicitations. Et s’ils commencent à bosser chez nous, ils peuvent partir du jour au lendemain dès qu’ils trouvent mieux. Le métier est trop précaire. Clairement, on recrute des gens dont on n’est pas sûrs, mais il faut absolument mettre des adultes devant les enfants. »
Métier difficile, petite paie
Clément confirme que certaines personnes « ne sont pas du tout à leur place en tant qu’animateurs et peinent à gérer l’encadrement, ce qui pénalise les collègues » : « Cela arrive que certains s’assoient dans la cour et attendent que ça se passe. On ne leur jette pas la pierre, c’est un métier difficile. » Suzanne (prénom modifié), est vacataire dans une école de l’Esplanade. Elle quittera son poste en octobre :
« J’ai halluciné de comme c’était facile d’être prise pour ce job. Ils m’ont posé deux trois questions à l’entretien comme “si un enfant tombe et ne bouge plus, que faites-vous ?” J’ai répondu comme je pensais et c’était bon. Je suis arrivé le premier jour et on ne m’a rien expliqué quasiment, juste “tu les cherches dans cette salle et tu les fais passer à la cantine à telle heure”. Pourtant, les responsabilités sont énormes. Une fois, on m’a dit que le père d’une petite avait une mesure d’éloignement. Je devais surveiller s’il ne venait pas pour l’emmener discrètement. Mais comment réagir s’il était venu ? Je ne suis pas formée pour ça. C’est très stressant, à 14h, on est rincés. »
La paie ne suit pas non plus. Selon Yannick, les vacataires sont rémunérés 9,72 euros nets de l’heure. Avec les vacances scolaires, le nombre de jours travaillés baisse et des animateurs se retrouvent avec seulement 270 euros certains mois. « La rémunération totale peut monter jusqu’à 800 euros si on cumule la cantine avec des heures d’accueil périscolaire le soir », poursuit-il. « Au vu de l’investissement, c’est très insuffisant, on ne peut pas vivre avec ça », souffle Suzanne. Beaucoup cumulent donc un autre métier avec l’animation. « Sans de meilleures conditions de travail et rémunérations, la situation restera critique ou empirera », estime Clément.
La Ville invoque le manque de budget
Les personnels périscolaires avaient réalisé plusieurs grèves et manifestations au cours de l’année 2021-2022 et avaient constitué le collectif Strasbourg animation en lutte. Noa (prénom modifié) était très impliqué dans la mobilisation et a aujourd’hui quitté son poste :
« Nous demandions à la Ville de titulariser davantage de personnes et d’augmenter notre rémunération. Le but était aussi d’arriver à des taux d’encadrement qui nous auraient permis d’accompagner les enfants. L’idéal pour nous serait d’un animateur pour 8 élèves de moins de 6 ans, et d’un animateur pour 10 enfants de plus de 6 ans. »
Hülliya Turan se dit d’accord avec les revendications mais plaide un manque de fonds du côté de la municipalité :
« Les animateurs périscolaires sont précaires partout en France. Dans l’idéal, bien-sûr, on pourrait payer plus les animateurs et en titulariser davantage mais le budget ne suivrait pas, en raison des restrictions financières imposées par l’État aux collectivités et des dépenses nouvelles liées à la crise énergétique. Nous essayons donc d’agir différemment. Par exemple, nous allons entamer un dialogue avec l’université pour que les étudiants aient des horaires plus compatibles avec l’accompagnement à la cantine. »
Possible retour des fermetures de cantine
Les réponses de la municipalité ne satisfont pas Alain, aussi membre de Strasbourg animation en lutte :
« C’est facile de botter en touche et de dire “on ne peut rien faire, il n’y a pas d’argent”. Les arguments sont toujours les mêmes pour justifier les restrictions budgétaires. C’est toujours une affaire de volonté politique. Il y a des choix budgétaires à faire et nous n’avons aucune prise là-dessus. »
Parallèlement, il estime qu’il est « urgent d’améliorer la convention collective qui régit la rémunération des animateurs, et cela se fait effectivement à l’échelle nationale ». Alain assure que les animateurs périscolaires relanceront les grèves, probablement dés novembre, si la situation ne s’améliore pas. Les fermetures à répétition des cantines qui avaient impacté le quotidien des parents d’élèves l’année dernière, risquent donc de reprendre.
Inauguré en 2020, le bâtiment de Sciences Po voit ses façades reprises en intégralité à cause de malfaçons. Nouvelle facture : 12 millions d’euros, qui s’ajoutent à de très lourds dépassements et font l’objet d’un contentieux entre l’Eurométropole et le fabricant.
Le nouveau bâtiment de Sciences Po Strasbourg est-il maudit ? Espéré dès 2013 lors de la désignation des architectes, « le Cardo » –
Cet article fait partie de l’édition abonnés. Pour lire la suite, profitez d’une offre découverte à 1€.
74 médias indépendants et organisations de journalistes s’indignent de la décision de justice obtenue par le milliardaire Patrick Drahi et son groupe Altice contre Reflets-info. Au nom du secret des affaires, il est décidé par le tribunal de commerce de Nanterre d’une censure préalable de toute information susceptible d’être publiée sur ce groupe. Du jamais vu qui ne doit jamais se revoir.
Pilier de la République, la loi de 1881 sur la liberté de la presse proclame en son article 1 : « L’imprimerie et la librairie sont libres ». C’est ce principe fondamental que le tribunal de commerce de Nanterre vient de violer, saisi en référé par le groupe Altice, basé au Luxembourg et propriété du milliardaire Patrick Drahi.
Dans une décision rendue jeudi 6 octobre, le tribunal de commerce de Nanterre condamne le média indépendant d’investigation Reflets-info, spécialisé dans les enquêtes sur le numérique, les données open source et les fuites de documents, à verser 4 500 euros au groupe de Patrick Drahi. Surtout, il lui « ordonne de ne pas publier sur le site de son journal en ligne de nouvelles informations » sur Altice (lire ici l’ordonnance de référé).
Un tribunal de commerce installe ainsi une censure a priori d’articles même pas publiés ! Dit autrement, il s’agit d’une interdiction professionnelle. C’est un effarant retour à l’Ancien Régime qui ne peut que rappeler le rétablissement de l’autorisation préalable de publication par le roi Charles X en juillet 1830. Cela provoquera la révolution des « Trois glorieuses » et sa chute…
Fuite interne, punition collective
Le groupe Altice a poursuivi Reflets-info pour une série d’articles réalisés à partir d’informations issues d’une fuite de plusieurs centaines de milliers de documents internes au groupe et mis en ligne sur le web au mois d’août. On y découvre, entre autres, le train de vie somptuaire de Patrick Drahi et de sa famille, dont l’usage immodéré de jets privés (le détail est à lire ici). Altice estime qu’il s’agit d’une violation du secret des affaires quand nos confrères précisent qu’il ne s’agit là que d’informations d’intérêt général.
La décision liberticide du tribunal de commerce de Nanterre s’appuie sur la loi de 2018 protégeant le secret des affaires, alors défendue par Emmanuel Macron malgré les critiques de toutes les organisations, syndicats de journalistes et syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil). Cette loi permet de contourner la loi sur la presse de 1881, ce qu’a fait Altice en saisissant le tribunal de commerce de Nanterre.
Censure d’hypothétiques articles
Mais ce tribunal va plus loin encore, en jugeant que s’il n’y a pas à ce stade « de violation du secret des affaires », celle-ci pourrait survenir si les publications se poursuivaient! Face à ce « danger imminent », mais hypothétique, la censure préalable est donc décidée et l’interdiction de publier édictée.
Dans ces outrances et incohérences – nos confrères de Reflets-Info ont annoncé faire appel -, le tribunal de commerce confirme les dangers majeurs pour l’information que porte la loi de 2018 sur le secret des affaires. Si sa décision venait à prospérer, c’est toute l’investigation économique qui pourrait disparaître. Impossible alors d’informer le public d’affaires telles que les Panama Papers, les Lux Leaks, les Malta Files, les Football Leaks, les Uber Files qui ont révélé d’immenses scandales d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent. Impossible d’enquêter sur la dette EDF, sur les filiales offshore de Bernard Arnault et LVMH, sur l’empire africain de Vincent Bolloré.
Le procès-bâillon intenté par Altice et son propriétaire Patrick Drahi à nos confrères de Reflets-Info frappe durement un média indépendant fragile financièrement. Il ruine le principe démocratique d’une presse libre et indépendante. Au moment où le pouvoir annonce des « états généraux sur le droit à l’information », nous, médias indépendants, demandons que le gouvernement se saisisse d’urgence de cette question.
D’abord en vidant la loi de 2018 sur le secret des affaires de toutes ses dispositions contraires à la liberté d’informer. Elle est une nouvelle attaque contre le journalisme, après les atteintes répétées au secret des sources et la loi séparatisme.
Ensuite, en légiférant pour que la loi de 1881 ne puisse plus être contournée et que les procédures bâillon soient sévèrement sanctionnées. Le débat sur le droit à l’information est légitime. Il ne doit être mené que dans le cadre d’une loi et d’une seule, celle de 1881. Nous redisons notre pleine solidarité à nos confrères de Reflets-info.
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵
Des collectifs d’aide aux sans-abris demandent à la municipalité écologiste de contourner la préfecture, pourtant en charge de l’hébergement d’urgence. La collectivité tente d’établir des partenariats mais les dispositifs tardent à être fonctionnels et risquent de ne pas suffire à répondre à la demande. En région parisienne, la Ville de Montreuil a mis en place plusieurs politiques pour réduire le nombre de personnes à la rue.
La tension liée au sans-abrisme augmente dans la capitale alsacienne, où de nombreux campements sont apparus ces derniers mois. Très visible, celui de la place de l’Étoile face au centre administratif capte le plus d’attention, mais d’autres, plus petits, se sont formés ailleurs dans la ville. L’État a pourtant, en théorie, l’obligation légale de proposer un hébergement d’urgence à toute personne vulnérable qui le demande, quelle que soit sa situation administrative. Des collectifs et associations militantes demandent à la municipalité écologiste, élue à Strasbourg en 2020, d’endosser cette responsabilité à la place de l’État et de réquisitionner ou mettre à disposition des bâtiments pour les sans-abris.
Trouver des financements autres que la préfecture
Une demande à laquelle la municipalité répond que son budget n’est pas prévu pour ça. Elle a tout de même créé 500 places (les 100 dernières sont en cours d’attribution) avec l’Eurométropole. Lors du mandat précédent, le maire Roland Ries (PS, passé chez LREM) avait accepté de créer 100 places à la mi-mandat, suite aux réclamations de Syamak Agha Babaei (Strasbourg écologiste et citoyenne), devenu premier adjoint de Jeanne Barseghian (EE-LV), la maire de Strasbourg.
Concrètement, de quels leviers d’action dispose une municipalité pour loger les sans-abris ? Pour la Ville de Montreuil (majorité communiste), située dans l’est parisien, un responsable du service communication donne des éléments de réponse :
« Ce dont disposent les municipalités, c’est du foncier. Il est envisageable de proposer des bâtiments, même provisoirement. À Montreuil, nous avons par exemple cédé, à un prix très bas, un immeuble à Caritas Habitat pour créer un centre d’hébergement d’urgence. Il a ouvert ses portes en mai 2022 et accueille aujourd’hui 60 personnes. Outre le bâti, il faut payer l’accompagnement social, le fonctionnement de la structure. Là, les financeurs sont la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement, Caritas Habitat, l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat et la Banque Postale. Tout la difficulté consiste à nouer des partenariats. »
Ce type de montage financier permet de ne pas dépendre de la préfecture. « Mais c’est beaucoup d’effort pour loger quelques dizaines de personnes. Comparé au nombre de sans-abris à loger, c’est dérisoire. Vues les échelles, on ne peut pas entièrement se passer de l’État », poursuit-on à la mairie de Montreuil.
Pour les élus municipaux strasbourgeois, investir trois millions d’euros pour créer 500 places d’hébergement est un gros effort. Le budget total de la Ville de Strasbourg est d’environ 417 millions d’euros et la situation financière de la collectivité se complique avec la crise énergétique. À titre de comparaison, la préfecture consacrait 49 millions d’euros en 2021 pour 10 000 places d’hébergement dans le Bas-Rhin.
Des dispositifs prévus en 2023
« On fait avec les moyens qu’on a, et bien-sûr ce n’est pas à la hauteur de l’urgence. Nous ne pourrons jamais nous substituer à l’État », estime Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des solidarités. Elle liste les futures actions que la Ville compte mettre en œuvre :
« Nous avons réalisé un inventaire des bâtiments dans lesquels il serait possible de loger des sans-abris, sans nécessiter trop de travaux pour la mise aux normes. En décembre, nous communiquerons sur les résultats finaux de cette étude. Ainsi le foyer du jeune homme, avenue Jean Jaurès, accueillera 20 à 25 personnes isolées d’ici cet hiver. En 2023 et 2024, nous mettrons à disposition trois autres sites pour loger plusieurs centaines de personnes supplémentaires. Les montages financiers pour les investissements et le fonctionnement des structures sont encore à déterminer, mais nous souhaitons collaborer notamment avec la préfecture. »
L’hôtel de la rue, un hébergement d’urgence à bas coût
Véronique Brom était membre de l’association La Roue Tourne, association gérante de l’Hôtel de la rue. Ce squat reconverti en lieu d’hébergement d’urgence temporaire grâce à une convention d’occupation a accueilli entre 150 et 200 personnes à bas coût de août 2019 à septembre 2021. Véronique Brom estime que l’hébergement intercalaire, soit le fait d’investir des bâtiments entre deux phases d’utilisation, peut être une solution :
« Certains locaux restent vides plusieurs années. Une petite mise aux normes et les charges peuvent être payées par la collectivité, ça ne représente pas grand chose vu le nombre de personnes bénéficiaires. On ne peut pas refaire l’Hôtel de la rue, il y avait des problèmes de sécurité. Mais on peut s’en inspirer. On peut imaginer d’aller chercher des fonds européens gérés par la Région, récemment débloqués pour la lutte contre le sans-abrisme. Ces nouveaux dispositifs ne sont pas encore entrés dans la culture des acteurs locaux. »
« Les outils juridiques existent »
D’après Floriane Varieras, pour l’Hôtel de la Rue, la Ville a dû payer environ 150 000 euros pour les charges et une subvention à Caritas, qui est intervenu sur place. Véronique Étienne, directrice de l’agence Grand Est de la fondation Abbé Pierre, affirme que « de nombreux outils juridiques existent » :
« La loi Mobilisation pour le logement de 2009 encadre la mise à disposition de bâtiments, publics comme privés, pour un opérateur et les conventions d’occupation. Reste à monter les projets. Les contraintes sécuritaires existent mais les coûts peuvent être limités pour les respecter. Tout dépend du site. La régularisation du refuge des oubliés (un ancien squat à la Robertsau, NDLR) avait juste nécessité de petits travaux sur les circuits électriques et le chauffage. »
La Ville de Montreuil a internalisé de nombreux corps de métier. Des électriciens ou des plombiers sont des agents de la Ville : « Cela facilite beaucoup les petites interventions sur des bâtiments, c’est un atout non négligeable. La sous-traitance rend les processus plus longs et plus chers », évoque la municipalité francilienne.
Les immeubles HLM en instance de démolition
Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au logement, pointe par exemple les nombreux appartements du parc social vides et en attente de démolition. Une phase qui peut durer plusieurs années. « Ils peuvent aussi représenter une solution temporaire », analyse-t-il. « C’est clairement quelque chose qu’on négocie », dévoile Floriane Varieras :
« Les bailleurs sociaux craignent de ne pas pouvoir démolir les bâtiments à la date prévue, car le programme du renouvellement urbain est serré. Pour l’instant, aucun projet n’est prévu mais c’est possible à moyen et long terme. »
Jean-Baptiste Roussat est membre de Caracol, une association qui crée justement des colocations sociales dans des immeubles en instance de démolition :
« Nous devons beaucoup travailler pour que les riverains et les anciens locataires acceptent cette situation. Ces derniers doivent partir et ils voient arriver de nouvelles personnes juste après. Ils peuvent se sentir lésés. Mais grâce à de la médiation, ils comprennent. La période est bien définie à l’avance, ce qui rassure aussi les bailleurs. C’est ainsi que nous avons lancé une colocation de 36 habitants rue Watteau à l’Elsau en septembre 2021. Elle durera jusqu’en mars 2023. Ensuite, l’immeuble sera détruit. »
La réquisition de bâtiment par le maire
Des militants sont d’avis que la Ville de Strasbourg pourrait réquisitionner des bâtiments vacants. Le pouvoir de police des maires leur confère ce droit, mais ils doivent justifier d’une situation d’urgence. En 2019, Montreuil a réquisitionné un bâtiment vide appartenant à l’État pour y loger des migrants qui vivaient dans un foyer insalubre. Une manière de gagner du temps, détaille-t-on du côté de la municipalité de l’Est parisien :
« Nous avons perdu devant le tribunal administratif qui a annulé notre arrêté de réquisition, mais nous assumons cette action radicale face à des situations intenables, et le temps que le tribunal juge, cela a fourni une solution de logement pendant quelques mois pour ces familles. »
Ainsi, la Ville de Strasbourg aurait le pouvoir de réquisitionner un bâtiment qui ne lui appartient pas, mais le tribunal administratif annulerait très probablement l’arrêté tôt ou tard. La problématique du financement reste donc la même qu’ailleurs et la durée de l’occupation est plus incertaine. De plus, la Ville prend un risque juridique et pour son image.
Pour certaines personnes, « la seule solution est le squat »
Jean-Baptiste Eyraud, de l’association Droit au logement, prône aussi la « réquisition citoyenne, le squat, lorsque les pouvoirs publics sont déficients ». « Malheureusement, cela devient la seule solution parfois », considère t-il. À Montreuil, la Ville assume une grande tolérance vis à vis des squats :
« Quand des personnes occupent des bâtiments municipaux, nous n’expulsons pas, à part si les personnes ne sont pas en sécurité. Il y a 40 à 50 propriétés de la Ville squattées à Montreuil. »
À Strasbourg, Ophéa est bien moins tolérant. Le bailleur social de la Ville a mandaté des vigiles cet été pour bloquer l’entrée de squatteurs s’ils sortaient d’un bâtiment occupé en instance de démolition rue de Provence à la Meinau.
Nouveau durcissement de la politique d’accueil prévu cet automne
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin prépare une nouvelle loi asile immigration, qui devrait durcir les conditions d’accès à certains titres de séjour et simplifier les reconduites à la frontière. Elle devrait être adoptée, avec les votes probables des députés Les Républicains et Rassemblement National en plus de ceux de la majorité. La position assumée par la préfecture depuis l’évacuation du camp de Montagne verte en septembre 2021 est de ne loger que les personnes en cours de demande d’asile, avec un titre de séjour, ou tout simplement des papiers français, donc en « situation régulière ».
Mais même ces dernières restent souvent sans solution d’hébergement. Les déboutés du droit d’asile sont envoyés à Bouxwiller dans un centre où ils sont incités à retourner dans leur pays d’origine. De nombreuses personnes qui vivent aujourd’hui au camp de l’Étoile ont déjà vécu cette expérience. Elles refusent catégoriquement d’être conduites à leur point de départ. Beaucoup témoignent y être « persécutées ou menacées de mort », et préfèrent dormir dehors en France.
« C’est donc principalement pour loger les personnes en situation administrative irrégulière qu’il s’agit de court-circuiter la préfecture et de trouver d’autres financements », estime Anne-Véronique Auzet, ancienne présidente de La Roue Tourne, qui encadrait le squat de l’Hôtel de la rue : « Les seules solutions pour elles sont les ouvertures de structures non financées par la préfecture, ou les squats. » Autrement dit, la Ville peut continuer à inciter la préfecture à loger toutes les personnes en situation régulière tout en trouvant des solutions pour les autres, en espérant qu’ils ne soient pas trop nombreux.
Le parcours étonnamment sobre de Reliques des jours, l’exposition personnelle d’Anaïs Boudot, ouvre la saison 22/23 de la galerie. Sans volonté de sensationnalisme dans leurs sujets, les images de l’artiste convoquent la plasticité de la matière photographique et sa capacité mémorielle. Point remarquable de cette exposition, la présentation de sa série Les Oubliées, une déclaration pour la visibilisation des femmes.
Aux murs de La Filature à Mulhouse sont accrochées des photographies qui brouillent la distinction entre argentique et numérique par la texture qui s’en dégage. L’auteure des clichés, Anaïs Boudot, trouble cette frontière dans une exposition préparée par Smith et Nadège Piton, artiste-chercheur et performeuse réunis pour ce projet.
Sans prise de risque scénographique, toutes les œuvres sont à la hauteur du regard. Le rythme est permis grâce aux différents formats d’images et par l’alternance du noir et du blanc avec l’or. Nombreuses sont les pièces de cette exposition à être des orotones, ces épreuves doublées d’or à la brillance si spécifique.
Si les sujets des clichés varient, les travaux de l’artiste sont reliés entre eux par son attachement aux modes d’apparition des images et par la question de leur statut, entre documents et œuvres d’art. Au-delà de la composition du cliché, le support qui le fait exister a sa propre importance dans le travail final. En artisane de ses photographies, Anaïs Boudot les modèle de ses gestes.
Des techniques anciennes sans être anachroniques
La pratique photographique d’Anaïs Boudot ne se résume pas au moment de la prise de vue. Au contraire de « l’instant décisif » cher à Henri Cartier-Bresson, l’artiste étire le temps de ses images par des expérimentations sur la matière. Ses œuvres renvoient au passé des techniques photographiques, dont il serait hâtif de désigner la réutilisation contemporaine comme désuète. Si la photographie numérique a des avantages techniques indéniables, l’artisanat argentique convoque d’autres imaginaires. Parmi ceux-ci, le savoir-faire optico-chimique, la tactilité, ou encore la fragilité.
Herbier, l’une des deux projections présentées dans l’exposition, prend la forme d’un diaporama montrant la fusion de chimies et d’éléments végétaux. Un simple dédoublement numérique les transforme en des figures de Rorschach, ce test psychologique aux tâches d’encre. Cette collection de diverses espèces de plantes, baignée de fluides réactifs, fait écho aux célèbres herbiers réalisés par Anna Atkins au XIXe siècle. Grâce à la technique par contact du cyanotype, les silhouettes des espèces végétales y étaient imprimées dans le bleu cyan qui donne ce nom à la technique.
Support mémoire numérique ou galerie portable ?
Rappelant les prémices de la photographie et ses chambres (appareils de grand format à soufflets), Anaïs Boudot utilise des plaques de verre préalablement enduites de gélatine photosensible. Rien d’archaïque non plus dans l’utilisation de ce procédé, car les images migrent de support en support, en passant par un état numérique.
Dans la série Jour le Jour, des images extraites de la galerie du téléphone de l’artiste sont tirées sur des plaques de verre, découpées selon la forme d’écrans de smartphones. Bribes de vie, pages de livres, captures d’écrans, plusieurs natures d’images cohabitent. Habituellement hiérarchisées entre elles, classées selon leur valeur esthétique et l’intention qui les a portées, elles sont ici remises au même niveau, celui d’une annexe de la mémoire. Qui n’a jamais utilisé la caméra de son smartphone en tant que bloc-note visuel ? Sans jugement de valeur, l’artiste considère ces clichés comme des objets dignes d’intérêt.
Chez Anaïs Boudot, le risque d’une nostalgie stagnante, liée à son travail des techniques anté-numériques, est contré par la fluidité de ses images. Voyageant de pixels en grains d’argent, elles parviennent à s’extraire de leur contexte d’origine pour résonner différemment.
Autre série, autre ambiance. À l’inverse d’une intrusion du numérique dans l’argentique, les apparentes solarisations (perturbations de l’image lors du tirage qui bousculent les ombres et les blancs) des architectures rurales et éléments végétaux de Jour et Ombre sont uniquement le résultat du maniement d’un logiciel de retouche. L’obscurité présente dans le cadre rejoint celle qui entoure le décodage de cette série. Dans un style documentaire, semblable à un catalogue immobilier alternatif, on y comprend la mise en avant de ce qui est humble. Ce qui n’apparaît pas spectaculaire au premier abord, devient le centre de l’attention : des bâtisses de fermes, des tas de bois, etc. Formant par leur ciel noir des scènes presque oniriques (ou cauchemardesques selon le point de vue), ces images laissent une indépendance dans leur compréhension. Pure contemplation formelle ou œuvre manifeste en faveur de la légitimation esthétique de la ruralité, on hésite encore.
La nécessité d’une attention particulière
Si la force de cette exposition ne se trouve pas dans une scénographie particulièrement audacieuse, on se console à travers les fragments de surprise qui émergent des œuvres. Il faut se rapprocher, regarder en détail, prendre son temps pour déceler les signes du geste de l’artiste dans les objets photographiques présentés. Dans ces petits accidents, traces de pinceaux ou autres aspérités de la gélatine, se niche toute la sensorialité de ces pièces.
Quelques autres évènements interviennent dans le parcours et enrichissent l’expérience. Dans l’air ambiant, une effluve mimant l’association du végétal et du minéral, comme sur les pierres mousseuses que l’on devine dans la série Jour et Ombre. Une fiction poétique écrite par Hélène Giannecchini est discrètement soufflé. Sans en avoir tout de suite les airs, ce texte tisse des liens entre les images, formant un fil qui les replace dans un même récit. Dommage que ces mots n’accompagnent pas tout au long de l’exposition.
Le défi proposé à l’observation des spectateurs et des spectatrices se manifeste tout particulièrement dans la projection qui termine le parcours de l’exposition, The Lake. Face à ce plan apparemment fixe d’une étendue d’eau, il faut se concentrer quelque temps pour apercevoir les modulations du paysage. À la manière d’un morphing (un fondu d’image à une autre), les photographies défilent lentement, se mélangent et font advenir le changement d’aspect du lac d’une manière qui nous est presque imperceptible. Associée à cette œuvre vidéographique, une musique éponyme de Victoria Lukas, hypnotisante et répétitive, renforce cette sensation d’une scène qui s’échappe, étrange. Et là encore, servant d’écran de projection, l’or est présent.
Déstructurer l’image pour réhabiliter les muses
Chargée d’une symbolique plus qu’actuelle, la série Les Oubliées qui ouvre l’exposition, mérite d’être remarquée. Les photographies en négatif donnent à voir des portraits féminins, distinctement marqués par des interventions humaines : coupures, pliures, collages. Tour de force technique dans la minutie requise par le procédé. Ces images sont des agrandissements de plaques de verre anonymes de la première moitié du XXe siècle, qu’Anaïs Boudot s’est appropriée. Inspiré de l’œuvre picturale sur plaques de verre de Pablo Picasso, ce travail l’est tout autant de la mise en lumière de ses agissements toxiques. Car le peintre star, par son comportement destructeur, a étouffé l’indépendance et les carrières artistiques des femmes qui ont partagé sa vie. Parmi celles-ci, Marie-Thérèse Walter, que l’on retrouve sur un écran de la série Jour le Jour (image ci-dessus). Dans Les Oubliées, les visages sont recomposés sinon éclatés et des fractures réarrangent les compositions. Les images sont porteuses de stigmates qui font écho à ceux bien réels des oubliées de l’Histoire de l’art. En usant de silhouettes d’anonymes sur lesquelles nous pouvons projeter de multiples spéculations, Anaïs Boudot insiste sur la position ambivalente de la muse, figure admirée mais passive qui peut masquer le travail d’une vie.
Reliques des jours est une incursion de la mémoire dans le présent. L’exposition navigue habilement dans la matière des images, de même qu’à travers la charge symbolique qu’elles portent. Le caractère tactile qui se dégage du traitement des œuvres aurait mérité un accrochage moins conventionnel. Une présentation qui aurait souligné l’intimité de l’artiste vis-à-vis de ses supports, mais aussi celle naissante entre le public et les objets photographiques d’Anaïs Boudot.
La plupart des policiers de la police judiciaire de Strasbourg ont brièvement manifesté vendredi contre l’éviction d’un de leurs chefs, dont les troupes s’étaient fortement mobilisées contre une réforme en cours. Des manifestations similaires ont eu lieu dans d’autres commissariats de France.
Une quarantaine de policiers de la police judiciaire (PJ) se sont rassemblés vendredi vers 16h sur le parvis de l’Hôtel de police de Strasbourg. Masques sur le visage, mentions « police judiciaire » barrées, ils ont protesté contre l’éviction d’un de leurs chefs, Éric Arella, directeur zonal de la PJ pour tout le bassin méditerranéen.
Si ce limogeage a choqué les policiers enquêteurs, c’est parce qu’il intervient en punition après la visite humiliante jeudi à Marseille du directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux. Ce dernier a été accueilli par une « haie du déshonneur » par les policiers marseillais, en raison d’une réforme de la police qui vise à fondre les effectifs de la PJ et de la Police aux frontières avec ceux de la Sûreté publique. Une réforme dont les officiers de police judiciaire ne veulent pas entendre parler. Ils ont créé en août une Association française de la police judiciaire (AFPJ), en dehors de tout cadre syndical, afin de coordonner la résistance à cette réforme.
Un gradé de la PJ strasbourgeoise est remonté :
« C’est quoi cette histoire ? On ne peut plus exprimer un désaccord sur une réforme qui va nous concerner au premier chef et dont on sait qu’elle aura des effets dévastateurs pour nos métiers, c’est ça ? Le ministre de l’Intérieur et le DGPN voulaient nous faire peur, on leur montre avec cette démonstration que nous n’avons pas peur et qu’en plus maintenant nous sommes en colère. »
Les personnels dédiés à la police judiciaire, environ 5 000 en France, craignent surtout d’être absorbés dans la masse des 140 000 policiers français dont la vaste majorité sont affectés à la sûreté publique. Le même gradé strasbourgeois détaille :
« Ce qui est en jeu, c’est la perte de nos spécialités en tant qu’enquêteurs. La police judiciaire, c’est toute une somme de métiers spécialisés, sur le crime organisé, sur le terrorisme par exemple, qui vont se perdre parce qu’on manquera toujours de personnels pour l’ordre public. »
Les craintes des policiers enquêteurs sont soutenues par une partie des magistrats, et notamment par ceux qui travaillent avec la PJ (procureurs, juges d’instruction…). Ils sont aussi soutenus par les syndicats de policiers, qui tentent de se raccrocher à la contestation. Xavier Dupin, secrétaire départemental d’Unité SGP Police, indique « soutenir les collègues. La méthodologie utilisée jusqu’ici par la direction générale pour faire avancer cette réforme, qui consiste à ne rien entendre de la base, ne peut pas continuer. »
Les policiers mobilisés ont prévu de mener d’autres actions visibles pour alerter et empêcher que cette réforme n’aille à son terme.
Elle était annoncée, la hausse de la taxe foncière s’est affichée sur les avis envoyés aux propriétaires de l’Eurométropole. Résultat : +10 à 20% selon les communes et des réactions variables des contribuables.
Le budget 2022 de l’Eurométropole a intégré dans ses recettes le quadruplement de la part intercommunale de la taxe foncière sur les propriétés bâties, afin de financer le . . .
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Le site d’arnaques qui propose des réductions sur les vélos est à nouveau en ligne, avec une nouvelle adresse fictive dans le Haut-Rhin.
Le mardi 28 septembre, Rue89 Strasbourg publiait un article sur le site « Mon Vélo France » officiellement situé dans une rue de la Krutenau, mais qui n’existait pas. Derrière des promotions alléchantes, se cachaient en fait un site d’arnaques.
Le lendemain de la parution de notre article, le site était désactivé et mis hors ligne. Ce vendredi 7 octobre, mon-velofrance.com est de nouveau accessible. Pas d’adresse à Strasbourg cette fois-ci, mais à Mulhouse. Au 59 rue du Sauvage, c’est pourtant une boutique Naf Naf qui décroche. Et ses voisins du centre-ville sont d’autres boutiques d’habillement, pas de vélo.
La société désormais immatriculée au Royaume-Uni
Avec sa nouvelle adresse, la « boutique » de vélo qui n’existe pas n’a aucun avis sur Google. Alors que les commentaires sur le précédent « magasin » fictif faisaient part d’arnaques. « Mon Vélo France » est également référencé depuis 2021 sur signal-arnaques.
Dans les mentions légales, le site et le magasin sont désormais présentés comme une filiale française d’un établissement immatriculé au Royaume-Uni. Jusqu’à la fin septembre, « Mon vélo France » usurpait l’identité d’une boutique de vélo à Six-Fours-Les-Plages, à côté de Toulon. À Rue89 Strasbourg, son gérant Frank Rinaudo prédisait : « De toute façon, le jour où la police fermera le site, ces escrocs en ouvriront un autre. » Au moins, son téléphone ne devrait plus sonner pour recueillir les plaintes d’internautes escroqués.
En grève, près de 200 Bas-rhinois du secteur de la petite enfance sont rassemblés, place de l’Etoile à l’occasion de l’appel national du collectif : « Pas de bébé à la consigne ». Leurs revendications : des mesures immédiates contre la pénurie de personnel, et surtout, le retrait de l’arrêté ministériel adopté cet été, qui autorise l’embauche de non-diplômés dans les crèches. Une possibilité déjà utilisée dans certains établissements à Strasbourg.
8h40, Anaïs, emmitouflée dans sa robe de chambre noire, s’avance avec ses deux jumeaux vers l’entrée de la Maison de la petite enfance du Neuhof (MPEN). “Vous pouvez aller voir s’il est possible de laisser vos enfants, mais je crois que vous allez faire un aller-retour”, lui annonce, avec la plus grande délicatesse, Nathalie, postée devant la porte.
Les jours précédents, cette éducatrice a informé les parents du mouvement de grève, mais Anaïs, comme de nombreux autres parents, espère pouvoir confier ses enfants, car elle doit filer travailler. Elle est serveuse dans un bar, elle commence à 10h. Quelques minutes plus tard, elle ressort, excédée, ses deux petits à la main. Elle ne comprend pas, des enfants sont pourtant à l’intérieur. Ce matin, sur les douze employées qui s’occupent des soixante enfants inscrits à la structure, seuls trois sont présentes. Les autres étant grève, seuls les premiers enfants arrivés ont pu être accueillis.
Le soutien des parents
La colère fait place à l’interrogation, et Nathalie, venue exprès avec trois autres collègues pour sensibiliser les parents, explique :
« Depuis la rentrée, les crèches peuvent employer des personnes sans formation. En plus, elles sont payées comme les accueillantes éducatives qui ont un CAP et touchent le Smic, et juste un peu moins que les auxiliaires de puériculture qui ont la responsabilité de prendre la température ou donner des médicaments. »
Une nouvelle que les parents ne voient pas d’un bon oeil. Adel, bloqué à l’entrée, sa fille dans les bras, soutient le mouvement, et se demande : « En cas de pépin, ces personnes auront-elles les bons gestes ? Surtout qu’avec des enfants aussi petits, il faut redoubler d’attention. » Le comité d’accueil du jour ne peut le rassurer.
Jusqu’à 9h30, le balai des parents continue. Certains font du forcing. Pour beaucoup, il va falloir trouver une solution. Face aux parents, Evelyne, l’infirmière de la MPEN, les invite à appeler l’Association de gestion des équipements sociaux (Ages), qui gère la structure, et la Ville de Strasbourg pour faire part de leur mécontentement. Si les parents s’y mettent, peut-être que des mesures seront prises espère le personnel mobilisé.
Abaisser les exigences face à la pénurie de professionnels
Le recours à des personnes sans diplôme a commencé officieusement, l’année dernière, l’arrêté ministériel de fin août, l’a officialisé. La raison : une pénurie de professionnels qualifiés partout en France. « Rien qu’à la MPEN, l’année passée, seize personnes sont entrées et sorties, et huit, en CDI ont donné leur démission », détaille Evelyne. Elle connait les chiffres et les visages, à la rentrée, sur le panneau des anniversaires, c’est qui elle a enlevé les photos des collègues absentes.
D’après Marjorie, éducatrice au Lieu d’accueil parent-enfant (Lape), rattaché à la crèche du Neuhof, la pénurie a commencé en 2020, après la crise du Covid. « À ce moment, je travaillais à la crèche. À plusieurs, nous nous sommes formées à la pédagogie par la nature, j’ai vu mes collègues partir les unes après les autres, nous n’avons rien pu mettre en place. » Dépitée, elle a décidé de rejoindre le Lape, dans l’espoir de déployer cette nouvelle compétence.
Sa binôme au Lape, justement, Chloé, a tenu à participer à la grève aujourd’hui, car elle aussi voit la situation se dégrader :
« L’année passée, on nous a demandé de remplacer les absentes en section, le temps de trouver de nouvelles recrues, alors que nous sommes là pour accueillir les familles au Lape. »
La faible rémunération, le Smic en début de carrière et moins de 2 000 euros après 30 ans d’ancienneté, y est certainement pour quelque chose, d’après Marjorie, 30 ans :
« J’ai l’impression que jusqu’à présent, les filles restaient dans les crèches, car elles aimaient l’ambiance, le projet d’équipe. Maintenant, dès qu’elles trouvent un salaire un peu meilleur ailleurs, elles partent. Par exemple, une auxiliaire de puériculture gagne 500€ nets de plus à l’hôpital. Et puis, dans les crèches, nous ne bénéficions pas de la prime Ségur de 183€, accordée à certains travailleurs sociaux et médico-sociaux. »
Les salariés convergent place de l’Étoile
Après un petit café et un croissant, les quatre employées se mettent en route pour prendre le tram. À 10h, elles ont rendez-vous place de l’Étoile, pour retrouver d’autres professionnels de la petite enfance du département mobilisés.
De derrière ses lunettes, Evelyne guette les stations. Elle se rappelle quand elle a manifester la dernière fois, à Paris. C’était en janvier 2015 après les attentats contre Charlie Hebdo. À cette époque, elle habitait au Luxembourg, elle ne voulait pas rater ce moment. Aujourd’hui, il y aura bien moins de monde, mais le déplacement est tout aussi important à ses yeux pour améliorer le précieux service qu’elle propose.
« On fait comme si tout allait bien, mais non, ça ne va pas »
Cette brune aux cheveux courts, pleine d’énergie, a d’abord travaillé sept ans en service hospitalier de pédiatrie, avant de rejoindre la crèche du Neuhof en 2021. Elle supervise le groupe des bébés, aux côtés d’une auxiliaire de puériculture, une accueillante éducative, et désormais d’une personne sans diplôme :
« Je ne leur en veux pas à ces personnes non qualifiées, mais le souci, c’est que c’est à nous de les former, en interne. Cela nous prend trois jours, alors qu’elles ne restent souvent que 10 ou 15 jours, car elles ont des contrats de courte durée. On fait comme si tout allait bien, mais non, ça ne va pas. »
En si peu de temps, elle n’a pas le temps de distiller un cours sur l’évolution de l’enfant, comme il le faudrait, elle pare au plus urgent, au plus pratique. Cette situation épuise Evelyne qui, en rejoignant la petite enfance, imaginait plutôt assurer le suivi médical de chaque enfant, et s’attacher aux besoins de chacun d’entre eux.
Difficile aussi, dans une configuration pareille, de développer des projets pédagogiques. Nathalie, éducatrice référente dans un des groupes de moyens-grands, le regrette. Elle a 56 ans, et vient d’embrasser ce métier, après une carrière dans le monde de l’entreprise. Une vocation née sur le tard, en laquelle elle croyait beaucoup, avant de devoir prendre sous son aile, elle aussi, une personne sans diplôme :
« Cette année, je voulais organiser des sorties à la médiathèque par petit groupe de deux enfants, ce qui implique de partir à deux professionnelles. Mais je n’y pense plus car cela veut dire que je laisse trois collègues avec 21 enfants. Ça marcherait si elles connaissaient toutes parfaitement leur boulot, mais aujourd’hui, je ne partirais pas tranquille, quand je vois le temps que je passe sur des détails, comme chercher des tétines, des chaussettes, repréciser les transmissions, pour que tout soit prêt quand les parents viennent chercher leurs enfants. »
Place de l’Étoile, le quatuor descend. Près de 200 personnes sont déjà là. Sur les lignes de tram, certaines s’allongent pour marquer le coup, avant que les trams ne passent et fassent relever les plus déterminées. Les « y’en a marre » se multiplient sur le refrain du chant révolutionnaire Bella Ciao. Nathalie regarde, un sourire d’étonnement sur les lèvres. C’est la première fois qu’elle fait grève.
Elle croise des employés de micro-crèches, de crèche parentale, de multi-accueil, venus de Benfeld ou encore de Mutzig. Dans 66 villes de France, leur voix résonnent en ce moment. Sophie Luttmann, déléguée syndicale CGT à l’Eurométropole, prend la parole :
« Puisque Jean-Christophe Combe, notre ministre de tutelle, ne veut pas dialoguer, nous avons choisi de nous réunir ici, devant la Ville de Strasbourg, en espérant qu’elle relaie nos revendications au plus haut. »
Cette auxiliaire de puériculture, employée dans l’une des onze crèches municipales de Strasbourg, se sent happée, comme dans une spirale infernale :
« Le problème va au-delà des personnes non-diplômées. À cause de coupes budgétaires, la Ville en vient à remplacer des éducatrices par des CAP, alors que la richesse de la petite enfance, c’est justement cette multiplicité de compétences qui permet d’offrir un accompagnement complet aux enfants. »
Pour toutes les personnes rassemblées, il est donc temps de réagir. Par une revalorisation salariale, et en ouvrant plus de places dans les centres de formation, comme le suggère Nathalie, de la crèche du Neuhof :
« Quand j’ai suivi ma formation, nous étions 100 sur liste d’attente. Il faudrait que le Département (la Collectivité d’Alsace, NDLR) et l’État investissent plus pour organiser deux sessions par an, par exemple. »
Nathalie, Evelyne, Chloé et Marjorie repartent du rassemblement avec plein d’idées en tête pour agir à leur niveau. Raviver le Comité social d’entreprise de l’Ages, qui s’était petit à petit éteint, en est une, afin d’obtenir de meilleures conditions salariales et attirer des recrues diplômées dans leur structure.
La plupart du temps je suis derrière une caméra, et parfois je la troque contre un stylo pour écrire sur des sujets de société qui ont trait au Moyen-Orient ou à la Roumanie.
La préfecture et l’association des maires du Bas-Rhin vont ressusciter un groupe d’échanges réguliers dans l’espoir d’accompagner les communes, plongées dans la crise énergétique.
Appelé de ses vœux par le gouvernement après le premier confinement, le « couple maire-préfet » est-il à la relance ? Président de l’association des maires du Bas-Rhin et maire d’Hoenheim, Vincent Debes (divers droite) a obtenu la relance d’échanges réguliers avec la préfecture du Bas-Rhin. Il ne sera pas question . . .
Accédez à nos enquêtes et révélations exclusivesSoutenez une rédaction locale qui appartient à ses journalistesMaintenez une vigie citoyenne sur les pouvoirs locaux
À Cronenbourg, quatorze producteurs ont été réunis dans une nouvelle halle de vente, afin d’y accueillir le grand public en journée, à côté du marché alimentaire professionnel.
Situé à Cronenbourg, le Marché Gare est le grand marché alimentaire professionnel de Strasbourg, mais où aimaient se glisser discrètement des particuliers, friands de bons produits et de bonnes affaires à condition de venir tôt le matin. Une situation tolérée, mais pas vraiment autorisée. Par le passé, la Ville de Strasbourg avait tenté de réguler cette pratique lors du Marché de Noël, en faisant payer l’entrée en 2016.
Ouvert 6 jours sur 7
Avec l’ouverture de la « Halle du marché du gare », voisine du marché professionnel, cette situation atypique prend fin. Le tout nouvel espace pour les particuliers est ouvert en journée, du mardi au jeudi de 9h à 19h, le vendredi de 8h à 21h, le samedi de 8h à 19h, ainsi que le dimanche de 9h à 14h.
Primeur, boucher, boulanger, poissonnier, fromager, volailler, traiteur, charcutier, pâtissier, caviste, épicerie et fruits secs… Sur 1 000 m², le nouvel espace propose 14 enseignes (voir encadré), dont deux d’entre elles sont déjà installées au Marché gare. Les habitués ne seront pas dépaysés.
En plus de la vente de produits sur les stands, un espace de consommation sur place, pouvant accueillir une soixantaine de personnes, a été aménagé autour d’un bar central. L’établissement, situé à côté de la bretelle d’autoroute de la M35, pourra accueillir des événements privés.
La gestion de cet espace revient au Groupe Géraud, spécialisé dans la gestion des marchés pour les collectivités locales. Implanté dans plusieurs pays d’Europe (Royaume-Uni, Irlande, Suède), la société française signe sa première implantation en Alsace. L’investissement s’élève à deux millions d’euros.
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵
Dans une cartographie de l’offre de soins, l’Agence régionale de santé du Grand Est reconnaît Cronenbourg, Elsau et Port-du-Rhin comme des « zones d’intervention prioritaire », où il est plus difficile qu’ailleurs d’obtenir des rendez-vous médicaux.
Quartier Port-du-Rhin à Strasbourg : 2 000 habitants et une seule médecin, la docteure Nabila Hamza. Après avoir grandi dans le quartier, elle y a installé son cabinet de médecine générale en 2010 « pour qu’il y ait au moins un professionnel de santé ici ». Pendant des années, le Dr Hamza accueillait sans rendez-vous. « Dès mon arrivée à 8 heures, il y avait déjà une file d’attente de dix personnes », raconte la généraliste qui a fini par instaurer des rendez-vous obligatoires tant la salle d’attente était régulièrement bondée et les tensions entre patients fréquentes. Nabila Hamza continue :
« Un médecin ne suffit pas ici. Il faut aider à l’installation et surtout accompagner les médecins qui s’installent dans des quartiers comme celui-ci. »
Trois quartiers strasbourgeois sont « zones d’intervention prioritaire »
Dans une nouvelle cartographie de l’offre de soins présentée mercredi lors d’une conférence de presse au Port-du-Rhin, l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est a comparé le temps d’accès à un médecin généraliste des habitants des quartiers de toute la grande région. À partir des données de l’Assurance maladie et des médecins libéraux, l’ARS a relevé que les quartiers Port-du-Rhin, Elsau et Cronenbourg sont des « zones d’intervention prioritaire ». Délégué territorial du Bas-Rhin pour l’ARS, Frédéric Charles explique cette nouvelle dénomination :
« Lorsqu’une personne a accès à une offre de soins convenable, elle peut bénéficier de quatre consultations chez un médecin généraliste par an. En dessous de 2,5 consultations par habitant et par an, on est dans une zone d’intervention prioritaire (ZIP), où les pouvoirs publics doivent aider à l’installation de médecins supplémentaires. »
Les aides pour les nouveaux médecins
Ces trois quartiers de Strasbourg bénéficient donc de plusieurs aides publiques à l’installation de nouveaux médecins généralistes :
50 000€ d’aide à l’installation versés par l’Assurance maladie,
un revenu mensuel garanti par l’ARS la première année d’installation,
5 000€ par an versés par l’Assurance maladie pour une participation à la coordination des soins,
une aide aux médecins accueillant un confrère nouvellement installé,
ainsi qu’une exonération fiscale sur une partie de l’activité.
Dans ce zonage de l’ARS, les quartiers Hohberg, Ampère, Murhof et l’Est de Koenigshoffen sont considérés comme « Zone d’action complémentaire », éligibles à Fonds d’intervention régionaux (FIR). Ce sont des quartiers où l’offre de soins permet à chaque habitant d’avoir entre 2,5 et 4 consultations chez un généraliste chaque année. Les médecins qui souhaitent s’installer dans ces quartiers peuvent bénéficier d’une aide à l’installation de 50 000 euros mais pas d’un revenu garanti.
Mais l’argent n’est pas l’unique solution au problème de la raréfaction des médecins. Frédéric Charles de l’ARS croit beaucoup dans le dispositif « GE m’installe » :
« Dès qu’un projet professionnel émerge chez les étudiants en médecine, nous accompagnons les internes pour trouver des terrains de stage et travailler le compagnonnage par un médecin généraliste de ville et proposer des endroits où l’on a le plus besoin de médecins. »
« Il y a un vrai manque de médecins »
Adjoint à la Ville de Strasbourg en charge de la santé, le médecin généraliste Alexandre Feltz (Place publique) se félicite :
« Nous nous battons depuis plusieurs années pour que les quartiers prioritaires aient l’attention des pouvoirs publics quant aux inégalités de santé. Moins une personne a de revenus, plus elle a de chances de souffrir de pathologies. Nous sommes contents de voir que les aides de l’ARS s’appliquent enfin au manque de médecins au cœur des villes. »
Une maison urbaine de santé doit prochainement accueillir au Port-du-Rhin deux infirmières, deux orthodontistes, deux sages-femmes et deux médecins généralistes. En 2019, la présentation du projet évoquait une ouverture fin 2020… Son ouverture est repoussée au premier semestre 2024. Car le second médecin de la structure se fait toujours attendre. Le Dr Nabila Hamza ne peut que constater la difficulté à résoudre ce problème :
« Il y a un futur médecin intéressé mais il ne passe sa thèse qu’en 2024… Ça ne se bouscule pas au portillon pour venir ici. Mais je ne pense pas que ce soit lié à l’attractivité du quartier, où il y a une vraie mixité sociale désormais. Je pense qu’il y a un manque structurel de nouveaux médecins. Ces derniers choisissent des endroits plus agréables pour s’installer. »
Carte des déserts médicaux du Grand Est
La carte de l’accès aux soins du Grand Est montre les zones qualifiables de déserts médicaux. Pour les quartiers strasbourgeois, il faut passer sur les zones grises des quartiers prioritaires pour voir le détail des situations et des aides publiques.
La clinique Rhéna ne paye ni impôt sur les sociétés, ni taxe sur la valeur ajoutée ni contribution foncière. Pour la Cour des comptes du Grand Est, cette situation risque de créer une distorsion de concurrence.
« La clinique Rhéna réussit à réunir les avantages des deux secteurs d’hospitalisation, publics et privés, sans leurs inconvénients respectifs. » Dans un rapport publié le 7 septembre, la Cour des comptes du . . .
Jouez un rôle actif dans la préservation de la pluralité médiatiquePlongez en illimité dans nos articles et enquêtes exclusivesParticipez librement à la discussion grâce aux « identités multiples »
Quinze bénévoles de Strasbourg action solidarité ont distribué 500 repas à la gare puis 94 repas en maraude mobile mardi 4 octobre. Selon Valérie Suzan, présidente de l’association, il s’agit de la plus grosse distribution en neuf années d’existence.
En septembre 2021, Valérie Suzan, la présidente de Strasbourg Action Solidarité, s’inquiétait de l’augmentation du nombre de repas distribués par son association, qui donnait alors de la nourriture à plus de 300 personnes pendant ses maraudes. Un an plus tard, le nombre de plats distribués a presque doublé. Le « triste record » a été battu mardi 4 octobre dans la soirée : 594 repas. « On a tout donné et à la fin on a du dire à des gens qu’on n’avait plus rien », précise Valérie Suzan, présidente de l’association caritative.
À 19h, une équipe de quinze bénévoles a commencé une distribution à la gare. Valérie Suzan revient sur le déroulé de la soirée :
« Il y avait énormément de monde, on a vite distribué 500 repas. Ensuite, huit d’entre nous avons continué en maraude mobile. Nous avons encore distribué 94 repas supplémentaires jusqu’à 21h45. C’était l’enfer. Ce n’est juste plus possible. On en prend plein la gueule, la situation est dramatique. Je ne pourrais même pas dire pourquoi on a eu autant de personnes, nous n’avons plus le temps de discuter. Il y avait des familles avec des enfants, des personnes isolées, beaucoup de personnes qu’on n’avait jamais vues. »
« Je ne sais pas où on va »
Malgré une saturation du dispositif d’hébergement d’urgence dans le Bas-Rhin, la préfecture du Bas-Rhin supprime 1 000 places d’hébergement dans le département, dont 700 à Strasbourg en 2022. De nombreuses personnes qui étaient dans ces dispositifs sont donc remises à la rue. Valérie Suzan alerte :
« Je ne sais pas où on va. Nous souhaitons que les pouvoirs publics se rendent compte de ce que nous faisons, de l’ampleur de notre travail, et qu’ils nous envoient des signaux de soutien. Les associations de solidarité se sentent abandonnées sur le terrain, avec une surcharge de travail et peu de moyens. »
Elle indique que deux de ses bénévoles ont préparé 100 kg de viande halal pour la maraude de mardi :
« Ce sont des quantités industrielles mais on n’a qu’une plaque de cuisson avec quatre emplacements à casserole et un four pour préparer des centaines de repas. Je vais demander un devis pour installer une plaque triphasée… »
Les bénévoles de Strasbourg Action Solidarité distribuent des centaines de repas à la chaine toutes les semaines. Photo : remise
Les cinémas Star invitent 15 lecteurs de Rue89 Strasbourg à la projection spéciale de Reprise en main samedi, en présence de la co-scénariste et d’un comédien.
Participez à la projection spéciale de « Reprise en main » samedi 8 octobre à 20h au cinéma Star Saint-Exupéry, en présence de la co-scénariste Marion Richoux et du comédien Pierre Deladonchamps. Quinze invitations pour deux personnes sont à gagner en remplissant le formulaire ci-dessous.
Le pitch
Comme son père avant lui, Cédric travaille dans une entreprise de mécanique de précision en Haute-Savoie. L’usine doit être de nouveau cédée à un fonds d’investissement. Epuisés d’avoir à dépendre de spéculateurs cyniques, Cédric et ses amis d’enfance tentent l’impossible : racheter l’usine en se faisant passer pour des financiers !
La bande annonce
Bande annonce de Reprise en main (vidéo Youtube)
Le concours
Ne tardez pas ! Tirage au sort jeudi 6 octobre vers 17h.
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵