Une cinquantaine de policiers enquêteurs, soutenus par des magistrats, étaient à nouveau rassemblés lundi vers midi sur le parvis de l’Hôtel de police de Strasbourg. Ils exprimaient pour le deuxième fois leur inquiétude face à la réforme de la police nationale, qui prévoit de placer la police judiciaire sous la même autorité que la sécurité publique.
Avec des écriteaux « Liquidation judiciaire » dans le dos, scotchés à l’aide de rubans à scellés, masques sur la bouche et bras croisés, une cinquantaine de policiers enquêteurs, de personnels administratif et de magistrats se sont rassemblés lundi vers 12h30 sur le parvis de l’Hôtel de police de Strasbourg. Ce nouveau rassemblement, neuf jours après le précédent, veut dénoncer l’absence de dialogue dans une réforme globale de la police nationale. Cette réforme placerait la police judiciaire (PJ) sous la même hiérarchie que la sécurité publique.
Des rassemblements partout en France
Des rassemblements similaires se sont tenus devant la plupart des commissariats de France, à l’initiative de la toute jeune Association nationale de la police judiciaire (ANPJ). Dans un discours commun, lu par un représentant, l’ANPJ a tenu à rappeler le cadre de son action :
« L’association a pour objectif de défendre les intérêts des Français et la spécialisation des enquêteurs. Non seulement le projet de réforme de la police nationale n’améliorera pas le sort de nos citoyens victimes de la délinquance du quotidien, mais en plus, il altérera fondamentalement la capacité des policiers à faire face à la criminalité organisée. »
Depuis cette mobilisation, deux audits sur la police nationale ont été lancés (par l’Inspection générale de la police nationale et l’Inspection générale de l’administration), ainsi que trois commissions d’information parlementaires. Pour les policiers enquêteurs, qui craignaient que cette réforme ne passe sous les radars médiatiques, un premier objectif est déjà rempli.
Quant à la suite, les policiers présents lundi ne se prononçaient pas : « on veut juste un dialogue », rappelle l’un d’entre eux tandis qu’une autre indique :
« On a exprimé notre mécontentement maintenant… c’est au gouvernement d’agir. S’il veut quand même faire passer sa réforme sans nous entendre, grand bien lui fasse. On ne va pas se retrouver sur le parvis chaque semaine non plus. »
Un sentiment de gâchis s’exprime parmi les présents à ce rassemblement, comme le verbalise un gradé :
« À la PJ, je ne dirais pas que tout va bien mais ça fonctionne. Avant cette réforme, il n’y avait pas de revendications catégorielles. Même s’ils prennent du temps, les dossiers sortent. Le risque est de casser cette mécanique complexe et délicate, essentielle pour répondre au crime organisé. »
Des magistrats présents en soutien
Outre les policiers, une douzaine de magistrats du tribunal de Strasbourg avait fait le déplacement. Parmi eux, Vincent Tridon, substitut du procureur de la République et membre du Syndicat de la magistrature, partage les inquiétudes des policiers :
« Il ne s’agit pas d’opposer police et justice, mais on voit déjà que lors de grands événements, comme au soir du 31 décembre, les effectifs de la PJ sont mobilisés pour assurer l’ordre public. Puisqu’il s’agit de faire une réforme à moyens constants, il est à craindre par exemple que les policiers enquêteurs soient de plus en plus mobilisés pour répondre à des trafics de drogue dans la rue, plutôt que contre ceux qui importent la drogue… »
Autre crainte exprimée à mots couverts lundi, c’est pour les policiers enquêteurs d’avoir à participer à la « politique du chiffre. » La police est de plus en plus soumise à une pression statistique sur son activité, pression qui ne s’applique pas sur la PJ, dont les affaires sont le plus souvent discrètement résolues. Les policiers enquêteurs, en raison des spécificités de leurs missions, jouissent en outre d’une relative liberté et craignent que cette réforme ne leur impose les mêmes contrôles hiérarchiques tatillons.
Les subventions régionales de 46 structures culturelles pourraient baisser de 10%. La CGT appelle les professionnels du spectacle à manifester jeudi 20 octobre au matin, devant les sièges de la Région Grand Est à Strasbourg et à Metz.
La Région Grand Est envisage de diminuer de 10% les subventions pour les structures culturelles recevant plus de 100 000 euros ou les festivals recevant plus de 250 000 euros de dotations régionales selon les syndicats de la CGT spectacle. Ils appellent à deux rassemblements à Strasbourg à 9h et à Metz à 8h30, devant les hôtels de la Région.
46 structures sont concernées par ces potentielles restrictions, comme l’Opéra national du Rhin, le festival Musica… Pour Daniel Muringer de la CGT, ce « coup de rabot » sur la Culture aurait de lourdes conséquences :
« Cette mesure entraînerait immanquablement une baisse d’activité conséquente qui pèsera sur l’emploi et les salaires des artistes, techniciens et personnels administratifs, non seulement de ceux et celles directement concernés, mais également, par un effet domino, de l’ensemble des professionnels du secteur, aggravant un contexte de forte inflation. »
« Je crains qu’il s’agisse d’une mesure parmi d’autres contre la Culture »
L’intersyndicale estime aussi que la baisse de ces subventions pourrait entraîner un moindre rayonnement des structures culturelles, ce qui « priverait nos concitoyens les plus modestes de l’accès au service public de la Culture ». Elle souligne que « la Région Grand Est serait ainsi la première région à emboîter peu glorieusement le pas des coupes dans la culture initiées par Laurent Wauquiez (LR), président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ». Ce dernier a par exemple baissé de près de 30% les dotations culturelles en Isère pour 2022.
« Ces mesures permettront l’économie de seulement 1,5 million d’euros sur un budget total de 3,5 milliards », souligne le syndicaliste : « Je crains qu’il s’agisse d’une première attaque parmi de nombreuses autres dans notre secteur. » L’ensemble Stanislas, un quatuor Nancéen loin des 100 000 euros de dotation, a par exemple vu sa subvention régionale baisser de moitié cet été. L’intersyndicale espère faire enterrer ce projet de restriction budgétaire avant même qu’il ne soit soumis au vote des élus régionaux.
Alors que l’immense majorité des communes sont confrontées à l’explosion de leurs factures de gaz et d’électricité, Muttersholtz n’est guère impactée. Depuis 2014, ce village du Ried a réalisé d’importants travaux pour opérer sa transition énergétique, si bien que la commune produit plus d’énergie qu’elle n’en achète. Pratique quand les prix s’envolent.
Mercredi 5 octobre, les maires du Bas-Rhin avaient rendez-vous à Sélestat pour une journée de travail. Lors du discours inaugural, le président de l’association des maires du Bas-Rhin, Vincent Debes (DVD) puis le maire de Sélestat, Marcel Bauer (ex-LR) ont tous les deux réclamé un « bouclier tarifaire » du gouvernement pour les communes face à la hausse des prix de l’énergie.
À quelques kilomètres de là, dans le village voisin de Muttersholtz, ce n’est pas du tout la demande du maire, Patrick Barbier. La hausse du prix de l’énergie ne l’empêche pas de dormir. Pas étonnant, puisqu’en 2020 et 2021 sa commune a produit trois fois plus d’électricité qu’elle n’en a consommée. Et 2022 ne devrait pas déroger à cette tendance.
« Il faut un signal-prix »
Kayakiste sur son temps libre, Patrick Barbier plonge dans ses souvenirs pour expliquer ses convictions :
« Dans ma jeunesse, on pagayait dans l’Ill qui ressemblait à des égouts à ciel ouvert. Aujourd’hui, on s’y baigne. Pourquoi ? Car on a instauré en 1964 le système de pollueur-payeur. Les entreprises étaient doublement incitées à dépolluer avec de fortes redevances d’un côté et des grosses aides de l’autre pour dépolluer. C’est pareil pour l’énergie, il faut un signal-prix. Qu’il y ait des amortisseurs temporaires pourquoi pas, mais ce qu’il faudrait surtout, c’est aider les communes et particuliers à faire la même chose que ce qu’on a fait à Muttersholtz. »
Élu en 2008, Patrick Barbier a consacré son premier mandat à s’occuper des voiries : « On a élargi les trottoirs, ce qui a rétréci la route. La configuration pousse à ralentir quand des voitures se croisent et cela sécurise aussi les vélos ». Réélu en 2014 et 2020 sans liste concurrente face à lui, le maire écologiste (il a quitté EE-LV en 2017 pour des raisons nationales) s’est ensuite occupé de l’énergie. Avec ses collaborateurs, il s’est notamment fait une spécialité de traquer et cumuler les dispositifs d’aides à la transition énergétique locaux ou nationaux.
Isolation, production mais incompréhension
Au programme, des rénovations avec l’isolation des nouveaux bâtiments basse consommation (BBC) voire « à énergie positive », et surtout l’installation de trois turbines hydro-électriques le long de deux barrages sur les bras de l’Ill et du Muhlbach local (« le bras du moulin », comme on en trouve dans beaucoup de villages d’Alsace).
Désignée « Capitale de la biodiversité » en 2017, Muttersholtz et ses transformations ont provoqué un intérêt de la part d’élus locaux depuis quelques années, mais aussi beaucoup d’incompréhension se rappelle Patrick Barbier :
« Les autres maires me demandaient toujours si ces investissements étaient rentables… Mais les routes, les gymnases, les salles polyvalentes ne sont de toute façon pas rentables pour les communes, en dehors du lien social qu’ils génèrent. »
Pour construire sa centrale sur l’Ill, Muttersholtz s’est associée à la Région Grand Est en fondant une société publique locale (SPL) détenue à 50% par chacune des deux collectivités. Avec les aides du ministère de l’Écologie, de la Région et du Département, le village n’a finalement réglé que 31% de la somme totale d’un peu plus de 2 millions d’euros.
De la revente à l’autoconsommation
Mise en service en 2020, la centrale hydroélectrique de l’Ill devait être rentabilisée en 20 ans. Mais avec la hausse actuelle des prix, « on va amortir à vitesse accélérée », savoure l’élu local. En plus des économies, la SPL va pouvoir revendre plus cher son surplus. De là à se verser des dividendes ? Le maire sourit : « On va d’abord rembourser, mais on pourrait investir dans un futur projet énergétique, peut-être pour en faire profiter les entreprises qui sont toutes inquiètes », projette-t-il.
Au début, le SPL revendait son énergie à des prix « garantis » et « libres » (13 centimes le kilowattheure (cts/kWh) sur le barrage du moulin et 7 centimes sur celui de l’Ill) et continuait d’en acheter auprès de l’énergéticien Enercoop. Mais lors de l’été 2022, le prix d’achat s’est envolé, passant alors de 7 à 25 cts/kWh. Pour éviter de voir sa facture tripler, la commune a alors basculé le 5 septembre sur « l’autoconsommation » de l’énergie qu’elle produisait. Ce qui génère de nouvelles économies. « On paie encore la Turpe, la taxe qui finance le réseau d’Énédis, mais on n’achète plus d’électricité, et donc pas de TVA, ni de Taxe sur la consommation finale d’électricité (TFCE) ». Soit 43 000 euros à débourser en moins.
Gros avantage de cette énergie renouvelable : elle produit de l’électricité 24 heures sur 24… ou presque. Les turbines restent exposées aux aléas climatiques détaille l’ancien professeur :
« En hiver, il y a généralement trois semaines d’inondation où le niveau est trop haut pour que les turbines tournent, et cet été en 2022, pour la première fois depuis trois étés, il n’y avait pas assez d’eau en août ».
Gênant, mais pas de quoi déséquilibrer le rendement sur l’année.
Des économies sur l’éclairage dès les années 2010
Muttersholtz n’a pas attendu la « fin de l’abondance » pour se convertir à la « sobriété ». Pour Patrick Barbier, ancien président d’Alsace Nature, pas besoin de réduire l’éclairage cet hiver puisque c’était déjà fait, avec à la clé, 13 000 euros par an d’économies :
« On est passé en LED, puis on a éteint un mât sur deux, avec aussi une petite baisse de la luminosité à 22h30, à peine perceptible à l’œil nu. Lors du premier confinement, on a éteint de minuit à 5h. On a consulté la population, les retours ont été très positifs. On a prolongé l’éclairage jusqu’à 2h du matin les vendredis et samedis, car c’est une heure où l’on peut rentrer à pied ou à vélo d’un long dîner. Là, on envisage de décaler l’allumage à 6h car personne ne part à pied entre 5 et 6h du matin. »
À rebours d’une partie des écologistes, l’élu ne tarit pas d’éloges sur les compteurs connectés Linky, qui permettent de traquer les erreurs de consommations.
Dans le nouveau cœur du village, Patrick Barbier affiche « un concentré de notre idée de sobriété ». Pour y accéder depuis l’école, on suit des nouveaux chemins, qui évitent de faire un détour de 10 minutes. Sur les panneaux de signalisation, les temps de parcours, que ce soit à pied (4 minutes) ou à vélo (2 minutes), sont indiqués.
Dans le centre, la commune a bâti en 2015 un gymnase « à énergies positives ». Patrick Barbier reconnaît que « le bâtiment n’est pas très esthétique ». Mais avec ses performances exemplaires, ses panneaux solaires produisent plus d’énergie que ce qu’il est nécessaire pour l’éclairer et le chauffer quelques jours dans l’année. Après quelques années de fonctionnement, la commune a facturé les charges au club de gym : 250 euros… par an, pour un espace de 600 mètres carrés. Coût de l’opération : 3,2 millions d’euros, financés avec 77% d’aides publiques.
Accolé au gymnase, l’ancienne synagogue, devenu une salle des fêtes que partageait jusqu’à récemment la commune avec les gymnastes, est en cours de rénovation. Compte tenu de la configuration de ce bâtiment du XIXe siècle, celui-ci n’est rénové « que » selon les critères BBC (bâtiment basse consommation). Cette fois-ci, la commune a même atteint les 83% d’aides cumulées, soit seulement 56 000 euros à débourser.
À cet ensemble, une salle moderne pour les conseils municipaux et les mariages a été construite. Pour chauffer les deux bâtiments, la commune est passée aux chaudières à bois, une énergie renouvelable. En cette rentrée 2022 Muttersholtz est comme tout le monde confrontée à la hausse du prix du granulé mais celui-ci n’a « que » doublé, bien loin des standards du gaz, dont le prix a été multiplié par dix par rapport à la fin 2019. Pour des salles qui ne sont chauffées que quelques jours dans l’année, le surcoût est absorbable.
Dans ce cœur de village, la municipalité compte encore installer une résidence pour personnes âgées et un grand parc. « Le cœur du village concentre le sport, la politique, la culture et différents âges. Une ville regroupée est moins consommatrice », rappelle Patrick Barbier. Dans cet espace limité, le parking, à l’exception d’une place pour personnes handicapées, est quant à lui relégué à une cinquantaine de mètres. « Les Muttersholtzois comprennent, ceux des autres communes parfois un peu moins ».
L’école maternelle et la mairie, derniers contrats gaz
Reste l’école maternelle, pourtant construite en 2006 / 2007 avec des standards « haute qualité environnementale », mais qualifiée de « passoire thermique » par le maire arrivé aux commandes de la municipalité l’année suivante. Il s’agit de l’un des deux derniers contrats de gaz de la commune. « C’est un hasard mais notre contrat nous couvre jusqu’à la fin 2023 », précise Patrick Barbier. Ainsi, le maire ne prévoit pas particulièrement de baisser la température à 19 degrés. Le chauffage est déjà coupé chaque week-end depuis des années.
L’autre contrat de gaz concerne le bâtiment de la mairie, isolé aux normes BBC avec du triple vitrage. « À l’étage il y avait cinq radiateurs. On en allume parfois un seul quand il fait très froid ». Là encore, avec les diverses aides, Muttersholtz n’a payé qu’un quart de la facture de la rénovation, soit 86 000 euros sur les 360 000. Ainsi, malgré ses nombreux investissements récents, la commune affiche en 2020 un endettement de 665 euros par habitant, soit moins que la moyenne des villages de taille comparable (912€/hab). Elle est bien moins endettée qu’en 2016. « Un maire doit avoir deux qualités : trouver les bons collaborateurs capables de monter des dossiers de financement, et ne pas avoir peur de demander », estime Patrick Barbier.
Écologie à tous les étages
La politique écologiste ne se limite pas seulement à l’énergie. L’école a également été rénovée en BBC, la cour a été « désimperméabilisée » avec un revêtement qui laisse l’eau s’infiltrer dans le sol (comme certaines écoles à Strasbourg). Près des vitres, une mini-forêt limitera les rayonnements du soleil les matins d’été sur les vitres, orientées plein est. Le terrain de sport a été déplacé, mais conservé.
Enfin, la dernière fierté de Patrick Barbier, c’est sa politique foncière :
« En dix ans, on a ajouté 30 logements sans étaler l’emprise communale. Ça correspond à un lotissement. Depuis les années 1950, un nouveau lotissement était construit chaque décennie sur le ban communal ».
Pour le maire, les 8% de logements vacants relèvent « surtout de la procrastination », notamment d’héritiers, pas toujours d’accord entre eux, et un peu de « peur des locataires ». Pour remettre des appartements et maisons sur le marché, il active trois leviers : la taxe sur les logements vacants, le dialogue avec les propriétaires et leur orientation vers diverses aides à la rénovation.
L’ancien instituteur, devenu ensuite conseiller pédagogique sur l’Environnement, conçoit que la méthode de Muttersholtz n’est pas généralisable pour toutes les communes. Toutes n’ont pas un bras de l’Ill à exploiter par exemple, mais il remarque : « En Forêt Noire, on voit des villages avec des turbines privées qui n’exploitent les chutes d’eau qu’en hiver, donc ça doit être rentable ».
Résistance aux panneaux solaires sur l’église
Dans sa politique écolo tous azimuts, Patrick Barbier concède néanmoins avoir essuyé un échec. La commune avait soutenu un projet de « coopérative citoyenne » qui avait pour projet d’installer des panneaux solaires sur la toiture de l’église protestante. Au début tout allait bien, jusqu’à une erreur :
« On est peut-être allé trop vite en publiant une image dans le journal municipal… Une personne de la paroisse s’est exprimée contre, et puis il y a eu d’autres personnes qui disaient avoir recueilli 440 soutiens. Ils ont argumenté sur des questions patrimoniales et pas sur des arguments anti-écolo. On aurait peut-être pu passer en force, mais c’était symbolique de ne pas le faire. ».
La municipalité cherche un nouveau lieu d’implantation, probablement les toits de la future halle de marché couverte dans le cœur du village.
Seulement 7% des besoins assurés
La production des installations couvrent les besoins de la commune, mais c’est loin d’être suffisant pour alimenter les foyers muttersholtzois, qui verront leurs factures d’énergie augmenter comme tout le monde. L’énergie produite par les installations de la commune ne correspond qu’à seulement 7% des besoins de l’ensemble de la population.
Avec des entreprises comme la scierie Mathis, une micro-brasserie, une boucherie, une supérette… L’activité économique va être impactée. Pour couvrir les besoins de tout le monde, il faudrait produire 12 gigawattsheure (GWh) de plus. Une énergie produite par des panneaux solaires sur une surface équivalente à sept terrains de football ou par deux éoliennes. Entre les zones d’exclusion et la proximité des habitations, il n’y a de la place que pour « cinq ou six » installations éoliennes à l’arrière du village. Le maire aime bien sûr l’idée, mais il sait le sujet sensible. « En Allemagne, les citoyens sont davantage impliqués dans les projets énergétiques, ce qui fait qu’il y a aussi des gens pour les éoliennes et pas seulement contre ». L’élu attend aussi beaucoup de la future « loi Énergie », afin qu’elle facilite les implantations.
« Le rêve, ce serait de créer une coopérative citoyenne pour de l’autoconsommation collective », projette le maire. Et faire de Muttersholtz, un village complètement indépendant pour son énergie.
Le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye est chargé de la mise en musique du nouveau « pacte » que souhaite signer Emmanuel Macron avec les enseignants, qui consiste à mieux les rémunérer en échange de nouvelles missions. Mais ces « extras » aggravent déjà les inégalités salariales entre les femmes et les hommes dans l’Éducation nationale.
Regarder les politiques publiques sous l’angle du genre, cela fait des années que l’Autriche, l’Australie ou encore l’Islande s’y . . .
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En charge de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, après un passage au service politique et cinq ans passés au sein du pôle social-travail.
Le label strasbourgeois October Tone fête ses dix ans. La structure associative qui accompagne des musiciens doit maintenant se muer en société, sans perdre son identité collaborative, d’indépendance et de rapport au public.
On voit arriver Atef Aouadhi de loin. Ce grand échalas ne passe pas inaperçu avec pourtant l’air de toujours surgir d’une autre dimension. Apparu dans les colonnes de Rue89 Strasbourg il y a huit ans, Atef est à Strasbourg depuis 2005. Il y était venu de Mulhouse pour des études d’informatique de gestion, un conseil d’orientation parce qu’il « aimait bien internet ». C’est raté.
Conquis par le bouillonnement culturel de Strasbourg, Atef a plutôt fait de la musique. Depuis longtemps bercé par Joy Division, The Cure ou Arcade Fire, l’étudiant a rapidement cofondé un groupe de « post-punk » : Hermetic Delight. Puis il a cofondé le label October Tone en 2012. Dix ans plus tard, cette « association de développement d’artistes » rayonne bien au-delà de Strasbourg, avec des groupes devenus des références de la scène indépendante française (Amor Blitz, Bang Bang Cock Cock, T/O…). Pour son anniversaire, le label propose une série de rendez-vous en Alsace et à Paris avec les fameuses October Tone Parties, les 28 et 29 octobre au Molodoï.
Rue89 Strasbourg : comment est né October Tone ?
Atef Aouadhi : On ne sait pas bien quand est née l’idée de s’associer à plusieurs groupes. C’était en 2011 ou 2012 avec 100% Chevalier, Pauwels, Amor Blitz, Spider et Hermetic Delight. On a eu besoin de se vendre, de s’enregistrer, de se proposer aux tourneurs, de publier nos morceaux sur les plateformes, etc. C’est beaucoup de boulot, on n’avait pas l’argent pour payer des gens pour le faire mais on s’était rendu compte que chacun d’entre nous avait une partie des compétences. October Tone est né de cette mise en commun des savoir-faire extra-musicaux. La première October Tone party a eu lieu au Molodoï en octobre 2012, ça au moins c’est sûr.
Un budget d’environ 150 000€
Puis on a créé l’association et ça a bien pris. Plusieurs groupes nous ont rejoint. Les tailles, maturité et styles ont varié mais on veille à n’intégrer que des groupes qui ont un projet professionnel, dont la musicalité nous plait et qui sur scène ont un rapport franc et direct avec le public. En dix ans, October Tone a dû accompagner environ 25 groupes et la sortie d’une quarantaine d’albums. Aujourd’hui, la structure brasse un budget d’environ 150 000€, dont un tiers est redistribué à environ 40 artistes.
À quoi sert October Tone aujourd’hui ?
Alors c’est la grande question. Un label fait tellement de choses ! J’aime dire qu’October Tone est un lien entre l’underground et l’upperground, nous aidons des groupes à émerger. Nous nous sommes constitués en association et on va devoir évoluer, parce que dans l’industrie de la musique, il faut être une société pour accéder à certains financements.
La troisième génération aux commandes
Il faut aussi qu’on se professionnalise et pour ça, je compte beaucoup sur l’équipe actuelle qui est la troisième génération à faire tourner October Tone : Florence Collin à la production générale et à la recherche de financements, Nicolas « bob » Kientzler à l’administratif et comptabilité, Flore Beriel qui touche à peu près à tout, Quentin Asset qui fait tourner les groupes… On est pas loin de cinq équivalents temps-plein désormais à s’occuper des groupes, et ça change parce qu’aux débuts d’October Tone, pour masquer le fait que les musiciens faisaient des relations presse ou du booking, nous mettions des prénoms bidons sur les adresses mails… Ça m’a joué des tours quand un agent a voulu rencontrer Olivier Doffmann qui travaillait soit-disant pour Hermetic Delight : j’étais sur scène en train de jouer !
Aujourd’hui, certains groupes sont presque aussi gros qu’October Tone et on se doit de leur apporter un accompagnement tout azimuts impeccable, même si on sait bien qu’à partir d’un moment, ils seront repris par un label de l’industrie musicale… Ce n’est encore jamais arrivé mais je m’y prépare parce que ce sera forcément dur à vivre. La musique, c’est un business très humain mais cruel.
Qu’est-ce qu’il manque à October Tone pour faire sa place dans la cour des grands labels professionnels ?
Pas grand chose et on y travaille. Outre la forme juridique, qui nous empêche de prétendre à des fonds de répartition de droits d’auteurs par exemple, il nous manque encore une ou un « publisher », c’est quelqu’un qui est en mesure de proposer des morceaux du label dans l’industrie audiovisuelle (cinéma, télévision…). C’est un important segment de revenus pour les groupes que nous ne sommes pas en mesure d’offrir et c’est un problème.
Le délicat business de la musique indé
On a aussi besoin de développer notre puissance de frappe sur les ventes de disques. Pas seulement pour les revenus mais parce que ça génère un meilleur rapport de force avec les distributeurs. Aujourd’hui encore, tous nos artistes sont intermittents du spectacle, aucun ne vit uniquement des revenus de sa musique… On ne reçoit quasiment rien des plateformes d’écoute comme Spotify, ni même de Bandcamp… C’est très difficile à travailler et d’y exister au-delà de son cercle de fans. Comme pour le reste, il faut des pros à plein temps.
Au final, il est fort possible qu’une nouvelle structure October Tone voit le jour dans les mois qui viennent et tourne sans moi. Je serais presque ok avec ça… J’espère quand même garder la direction artistique de quelques groupes quand même parce que ça j’aime bien ! »
Pour ses dix ans October Tone propose une série de concerts à Mulhouse, Colmar et Paris le 27 octobre. À Strasbourg, les dixièmes October Tone Parties sont programmées les vendredi 28 et samedi 29 octobre mais sans les grandes signatures du label, qui seront présentes en revanche le samedi 5 novembre à la Laiterie (Hermetic Delight, T/O, Amor Blitz). À noter cependant au Molodoï le vétéran des soirées dark-electro, KG, un solide groupe de rock puissant, Pales, et le groupe le plus inclassable du portefeuille, La Flopée, qu’il n’est possible d’écouter qu’en concert – performance.
Le député de la 2e circonscription du Bas-Rhin, Emmanuel Fernandes (La France insoumise) dénonce la politique d’austérité menée par le gouvernement selon lui, à laquelle il attribue des récents faits de l’actualité strasbourgeoise.
Depuis la fin de l’été, Strasbourg est frappée, avec une particulière intensité, par les conséquences de l’incurie gouvernementale et les choix politiques délibérés d’Emmanuel Macron : austérité pour le grand nombre, opulence pour quelques-uns.
Face à l’augmentation des coûts de l’énergie, prétextant la légitime exigence de sobriété, le président de l’Université de Strasbourg a décidé de fermer les bâtiments pendant deux semaines cet hiver. C’est une décision injuste car elle fait reposer les économies d’énergie sur le dos des étudiantes et des étudiants et dégrade les conditions d’enseignement. Les étudiants continueront de se chauffer, ils en assumeront simplement l’entièreté des coûts alors même qu’ils débourseront, en moyenne, 428 euros de plus par an à cause de l’inflation. Pour certains étudiants, la seule possibilité d’accéder à des salles chauffées, c’est d’aller à l’université. N’y a-t-il pas une possibilité d’être sobre et de rester en même temps en accord avec les fondamentaux de l’université que sont l’ouverture et l’apprentissage ?
Les finances des collectivités bridées
Outre son université, Strasbourg voit ses musées fermer deux jours par semaine. C’est un autre service public, celui de la culture, qui est touché. Contribuant au contexte de ces fermetures, on retrouve entre autres l’injuste pacte de Cahors, qui réduit les dotations de fonctionnement de l’Etat si les collectivités dépassent une augmentation de 1,2% de leurs dépenses de fonctionnement, ce qui, en tenant compte de l’inflation, implique une baisse des dépenses. En outre, les évolutions législatives retirent progressivement aux collectivités territoriales leur levier fiscal, auxquels vient s’ajouter l’importante inflation des budgets à consacrer à l’énergie.
Poussant encore plus loin son entreprise de mise en dépendance économique des collectivités, le gouvernement – dans le cadre du projet de loi de finances actuellement en débat à l’Assemblée nationale – souhaite offrir un nouveau cadeau de 8 milliards d’euros aux plus grandes entreprises en supprimant la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) privant à nouveau les collectivités d’une ressource propre. Il est temps de faire sauter le verrou de l’asphyxie budgétaire des collectivités territoriales qui affaiblit leurs moyens d’intervention en imposant un carcan toujours plus restrictif aux budgets de fonctionnement, détruisant à terme les services publics.
Conséquences tragiques dans les hôpitaux
Cette maltraitance en règle des services publics affecte également les hôpitaux, avec des conséquences qui, à Strasbourg, se sont déjà avérées tragiques : il y a six mois, un homme est décédé après être resté douze heures aux urgences avec un délai de prise en charge préjudiciable. Le 1er septembre, un octogénaire est mort au Nouvel hôpital civil (NHC) après avoir passé 22 heures sur un brancard (aucun lit n’étant disponible en aval des urgences), malgré un droit d’alerte déposé 36 heures en amont pour dénoncer la saturation des urgences. Les soignants et les personnels, auxquels j’ai rendu visite à deux reprises cet été, le dénoncent : sans moyens, sans personnels, sans financement à la hauteur, l’hôpital est aux abois, épuisé par l’austérité.
Nous n’acceptons pas que les services publics de notre ville, de notre pays, soient affaiblis, anémiés, attaqués de la sorte par l’idéologie mortifère qui anime le gouvernement d’Emmanuel Macron. Nous avons droit à une université de qualité, à un accès le plus large à la culture, à des services de santé qui ont les moyens de soigner et d’exercer dans la dignité.
C’est l’appartenance au marché unique européen de l’énergie qui contraint le pays à subir de telles hausses des coûts de l’électricité. Avec la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), nous continuerons de nous battre pour le blocage des prix de l’énergie, financé par une taxe sur les superprofits de grandes multinationales qui surfent sur la crise. En effet, elles affichent des bénéfices records totalisant plusieurs dizaines de milliards, pendant que le pays souffre et que ses services publics de l’éducation, de la culture, de la santé, sont exsangues. Emmanuel Macron a jusqu’ici refusé, par idéologie, la mise en place d’un tel mécanisme de redistribution, pourtant déjà en vigueur dans nombre de pays européens et par ailleurs recommandé par le secrétaire général de l’ONU, le FMI et la Commission Européenne.
Dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances à l’Assemblée nationale, la Nupes se bat pour amender le budget de l’État et donner aux collectivités territoriales les moyens de faire face à cette explosion des coûts de l’énergie, et plus généralement, pour sortir de cette logique d’asphyxie budgétaire. Le gouvernement menace l’Assemblée d’user de l’article 49.3 de la Constitution afin d’imposer son budget pour 2023, effaçant toutes les avancées contenues dans des amendements pourtant légitimement votés par les députés. Je dénonce avec force cette manière de piétiner les travaux de la représentation nationale !
Sortir l’hôpital public d’une logique de rentabilité
Par ailleurs, nous défendrons pied à pied l’hôpital public pour lui donner les moyens de redevenir le service public de la santé que le monde nous enviait encore il y a 20 ans. Lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, à partir de la semaine qui vient, les députés de la Nupes défendrons la fin de la vision de « l’hôpital-entreprise » en action depuis deux décennies. Suppression de l’Ondam (Objectif national d’assurance maladie), sortie de la T2A (tarification à l’activité), fin des indicateurs de performance comme la DMS (durée moyenne de séjour) ; autant d’acronymes à bannir qui sont des emblèmes de la logique de rentabilité, imposée aux personnels des hôpitaux qui ne souhaitent qu’une chose : exercer dans des conditions dignes, avec pour seul objectif la qualité des soins.
Université, musées, hôpitaux de qualité : ne nous résignons pas à en être dépouillés. Décidons l’extinction et l’interdiction immédiate des panneaux publicitaires lumineux, appliquons un bouclier tarifaire énergétique également aux collectivités territoriales, lançons un grand plan de rénovation thermique des bâtiments publics, notamment des universités ! Il y a urgence et le gouvernement se contente de conseiller le port de cols roulés pour passer l’hiver.
Ce dimanche 16 octobre à Paris, nous serons des dizaines de milliers à marcher contre la vie chère, l’inaction climatique et l’autoritarisme du gouvernement qui s’apprête à bafouer le travail parlementaire. De Strasbourg, en bus, en train, nous rejoindrons Paris par centaines. Nous soutenons toutes celles et tous ceux qui, dans les jours qui viennent, se mobiliseront pour réclamer une hausse des salaires, pour demander une juste redistribution des richesses. Il s’agit de ne pas se résigner, car c’est par notre nombre et notre détermination que nous pourrons, ensemble, peser sur les choix politiques d’un pouvoir macroniste qui, les faits le démontrent, s’évertue à servir d’autres intérêts que l’intérêt général.
La mobilisation des salariés des raffineries et des dépôts pétroliers pourrait s’étendre à d’autres secteurs. Une intersyndicale CGT, FO, FSU et Solidaires appelle les salariés, fonctionnaires, jeunes et retraités à la grève mardi 18 octobre et à manifester à 11h au départ de la place Kléber.
À Strasbourg, un cortège partira de la place Kléber à 11h. L’intersyndicale appelle les salariés, fonctionnaires, jeunes, retraités ou encore chômeurs à y prendre part, pour demander une augmentation générale des revenus. La CGT du Bas-Rhin dénonce :
« Les entreprises de la branche pétrole, en particulier Total ou Exxon, refusent d’accéder, aux exigences des salariés. Ces derniers réclament le rattrapage de l’inflation et une meilleure répartition des richesses créées par les travailleuses et travailleurs, alors que des milliards d’euros de dividendes ont été versés aux actionnaires. »
« La mobilisation gagne des secteurs »
Rue89 Strasbourg avait donné la parole à de nombreuses personnes en grande difficulté financière à cause de l’inflation lors de la manifestation du 29 septembre. Absent du cortège ce jour là, le syndicat FO s’est depuis joint à la mobilisation :
« Pour Force Ouvrière Bas-Rhin, une chose est claire : nous n’accepterons aucune remise en cause du droit de grève ni répression à l’encontre des grévistes ou des délégués syndicaux. Ils ne font qu’user d’un droit conquis de haute lutte et qui reste le seul recours lorsque les revendications des salariés ne sont pas entendues. »
Le syndicat prévient aussi qu’il mettra « tout en œuvre » pour bloquer la réforme des retraites voulue par le gouvernement.
La CGT affirme déjà que « la mobilisation gagne des secteurs de plus en plus nombreux » : les commerces et services, les transports en commun, les centrales nucléaires, la fonction publique. « C’est aujourd’hui qu’il faut se mobiliser pour obtenir des avancées salariales significatives, l’augmentation des pensions et minima sociaux, et l’amélioration des conditions de vie et d’études », assure la CGT.
« Les Strasbourgeoises et Strasbourgeois engagés », un podcast de Rue89 Strasbourg. Dans cette série de portraits sonores, des militants racontent leur engagement, leur parcours. Septième épisode avec François Zind, avocat spécialisé en droit de l’environnement.
Bure, Stocamine, le Grand contournement Ouest de Strasbourg… François Zind est l’avocat de nombreux combats environnementaux depuis plus de dix ans. Pourtant, son premier coup d’éclat fut de claquer la porte de la faculté de droit pour voyager autour du monde. Il en ramena l’envie de s’engager pour les réfugiés et plus tard celle de reprendre des études pour les défendre. Devenu avocat sur le tard, il se spécialise en droit de l’environnement. Ce sont ses rencontres avec les militants, « des gens qui se battent au quotidien, sans que cela se voie et sans envie de notoriété », qui lui ont donné le virus.
François Zind se décrit en « avocat de combat » et se voit comme un boxeur des prétoires. Souvent accusé par ses collègues d’être plus militant que juriste, l’Alsacien persiste et signe : l’engagement est pour lui au cœur de son métier. Malgré les défaites et la lenteur de la justice, l’avocat perçoit tout de même une évolution positive : « J’entends une volonté des magistrats d’être dans une protection plus effective de l’environnement ». Une tendance qui fait espérer à l’homme de loi le développement d’une véritable justice climatique, capable d’imposer aux États et aux entreprises le respect de leurs engagements.
Repéré par Le Monde : deux métabolites contenus dans l’herbicide S-métolachlore, le l’ESA-métolachlore et du NOA-métolachlore ont été discrètement reclassés le 30 septembre de « pertinents » à « non pertinents » par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Conséquence : leurs seuils de tolérance de leur présence dans l’eau potable passent de 0,1 microgramme par litre (µg/l) à 0,9 µg/l. Résultat selon Le Monde : « Le relèvement de ces deux seuils va réduire fortement la proportion de Français concernés, de manière ponctuelle ou régulière, par la non-conformité réglementaire de l’eau qui leur est distribuée. »
20% des Français et 25% d’Alsaciens
Le quotidien avait estimé que 20% des Français de métropole étaient concernés par la présence de métabolites de pesticides dans l’eau au-delà des seuils de tolérance. Dans une série d’enquêtes, Rue89 Strasbourg avait calculé que cette présence de résidus de l’agriculture intensive dans l’eau potable concernait un quart des Alsaciens (voir nos articles).
Le Monde détaille le revirement de l’Anses par la publication de nouvelles études produites par Syngenta, le fabricant de l’herbicide produisant les deux métabolites en question, qui « ne trouvent plus de génotoxicité ». Le quotidien estime cependant qu’une réévaluation aussi rapide de la « pertinence de ces deux sous-produits du S-métolachlore interroge ».
L’association EurOasis organise les vendredi 21 et samedi 22 octobre une projection et des ateliers sur l’engagement professionnel en faveur de l’écologie.
L’association EurOasis, qui a échoué à transformer des friches à la Robertsau en espaces dédiés aux transitions écologiques (voir tous nos articles), n’en continue pas moins de proposer des rendez-vous liés aux transformations nécessaires pour réduire le cataclysme écologique qui se profile.
Le week-end débutera avec la projection du documentaire « Ruptures » d’Arthur Gosset, qui met en scène plusieurs jeunes diplômés qui ont décidé de ne pas poursuivre leur carrière dans des entreprises qu’ils ont jugé destructrices de l’environnement, vendredi 21 octobre à 20h au Cheval Blanc à Schiltigheim. Cette projection sera suivie par un débat avec Maxime et Tanguy, deux protagonistes du film.
Le lendemain, les mêmes Maxime et Tanguy animeront des ateliers pour explorer « les peurs et les freins mais aussi les opportunités et l’enthousiasme que pourrait susciter » un changement professionnel en faveur d’un engagement écologique au quotidien.
La Ville de Strasbourg fait face à une nouvelle polémique, cette fois-ci sur la liste des produits autorisés ou non à la vente au marché de Noël. Engagée dans une réforme concertée de l’événement, et demandée par la population, la municipalité paye encore une erreur de communication et suscite des inquiétudes.
Pour la Ville de Strasbourg, le mois d’octobre sent déjà le sapin. Lundi 10 octobre, les Dernières Nouvelles d’Alsace révélaient le contenu d’un mail des services municipaux envoyé aux exposants, commerçants et autres artisans du marché de Noël. Le courriel contient plusieurs listes de produits classés en trois catégories : autorisés, autorisés sous réserve ou interdits. Depuis des années, la municipalité fait la liste des produits autorisés à la vente sur le marché de Noël, les autres produits étant considérés comme interdits par défaut, mais ceux-ci ne figuraient pas nominativement sur une liste.
Parmi les nouveautés : la tartiflette, la raclette, le pop corn et le champagne seraient interdits. Les tapis de souris, les samossas, les boules de Noël et les crucifix sont autorisés « sous réserve ». Des interdictions ou des précautions qui ont fait bondir autant de communautés : les fromagers savoyards s’étranglent en chœur avec les producteurs de champagne rémois, les vendeurs de boules de Noël s’indignent aux côtés des défenseurs de l’identité chrétienne de l’événement qui soupçonnent une tentative de laïcisation du Marché de Noël.
« C’est une erreur de communication »
En conférence de presse jeudi 13 octobre, l’adjoint en charge des événements, Guillaume Libsig (Labo citoyen, divers gauche) a plaidé l’erreur de communication. Ainsi, « ces listes sont des documents de travail qui n’avaient pas vocation à être publiés » dans la presse. L’élu a aussi expliqué que les autorisations « sous réserve » signifient que les vendeurs concernés recevront une visite des services de la Ville cette année, en 2022. L’échange devant le cabanon permettra de déterminer l’autorisation ou non du produit l’année suivante, en 2023. Parmi les critères, toujours en discussion, la qualité du produit, son aspect local et son lien avec la tradition de Noël.
Les listes communiquées avaient vocation à préparer la définition du cadre réglementaire pour les produits qui seront mis en vente lors de l’édition 2023 du marché de Noël et non celui de cette année, pour lequel certains commerçants ont déjà constitué leurs stocks, à six semaines de l’ouverture.
Pourtant, le mail à l’origine de toutes ces réactions, mis en ligne par les DNA jeudi 13 octobre dans la soirée, mentionne bien « l’édition 2022 », sans parler de liste provisoire ou de document de travail. De quoi faire douter des explications embarrassées et du rétropédalage de la municipalité. En revanche, la signification des produits « sous réserve », est quant à elle bel et bien expliquée, quoique succinctement.
« Avant, la mairie nous imposait tout sans explication »
La restauratrice Myriam Lefebvre va un peu plus loin. D’ici un mois et demi, elle vendra dans son chalet du vin chaud, des soupes, des knacks artisanales, des bretzels et du jus de pommes. Membre de la commission composée de cinq élus, cinq représentants d’exposants et cinq personnes qualifiées (préfecture, le syndicat hôtelier l’Umih, la chambres de l’Industrie et de l’Artisanat…), l’exposante raconte sa surprise à la réception du mail envoyé par l’ « Équipe Strasbourg Capitale de Noël » le 5 octobre :
« Lors de la dernière réunion de la commission, on n’était pas arrivé au fond du sujet de la liste des produits autorisés. C’est là qu’il y a un problème. On prévoyait une très grosse réunion à ce sujet en janvier 2023. Puis ce tableur qui est sorti. C’est une hérésie. Je ne comprends pas que ce soit sorti pour le grand public. C’est une erreur de communication. »
La restauratrice strasbourgeoise regrette que la polémique qui s’en est suivie masque une transformation souhaitée du Marché de Noël :
« Cette municipalité a fait quelque chose de chouette en nous faisant entrer dans cette commission. Ils ont aussi invité des citoyens dans une seconde commission. Avant, la mairie nous imposait tout sans explication. C’est extrêmement agréable de pouvoir échanger avec tout le monde au même niveau. »
Aujourd’hui plus encore, la stratégie de la municipalité vise à reconquérir les Strasbourgeois, en particulier les habitants de l’hypercentre, lassés par les mesures de sécurité contraignantes, des masses de touristes agglutinées sur quelques places et des produits fabriqués en Chine et vendus dans un marché se voulant traditionnel. Lors d’un débat organisé par Rue89 Strasbourg en décembre 2019, les candidats des listes PS, LREM, EE-LV et LR pour les élections municipales de 2020 s’étaient tous déclarés prêts à vouloir transformer le marché de Noël, pour que ce dernier soit plus authentique et avec plus de produits locaux. (à revoir ici)
La municipalité écolo habituée des erreurs de comm’
Ce n’est pas la première fois qu’une erreur de communication ruine un projet a priori consensuel de la majorité écologiste strasbourgeoise. En septembre 2021, la municipalité souhaitait réduire la place du stationnement dans les rues pour favoriser les alternatives et agrandir l’espace public. C’est alors la prolongation d’une politique engagée depuis des années à Strasbourg. Mais l’attention s’était alors focalisée sur l’annonce d’un potentiel doublement du tarif résident.
De même, au printemps 2022, la municipalité a rappelé que les terrasses déployées avant 11h ne doivent pas bloquer le passage des camions de livraisons. Les écologistes se sont alors vus accusés de vouloir mettre fin aux terrasses le matin alors qu’ils ne font qu’appliquer la réglementation en vigueur. Avant l’été 2021, lorsqu’ils veulent proposer une spectacle d’illuminations à Koenigshoffen, tout le monde comprend que les spectacles projetés sur la Cathédrale seront annulés…
La polémique autour des produits autorisés sur le marché de Noël est particulièrement révélatrice : l’intention répond à une demande des Strasbourgeois (un marché moins touristique, plus authentique) et la méthode vise à inclure les habitants et les premiers concernés (forains, restaurateurs, artisans…). Mais ces conditions favorables n’ont pas empêché la municipalité strasbourgeoise de devoir à nouveau faire face à une polémique…
Une édition 2021 réussie
L’édition 2021, la première sous la majorité écologiste, avait été reconnue de toutes parts comme une réussite. Plus de « checkpoint » de sécurité et surtout des allées plus aérées et espacées, où l’on circule mieux. Seule la question des zones de restauration et des marchés soumis au pass sanitaire avait pu irriter (ou rassurer). Mais sur ce point qui relève des questions sanitaires, la Ville avait bien pris soin de laisser la préfète communiquer. Et Josiane Chevalier n’avait finalement pas mis à exécution sa menace d’annulation du marché de Noël.
Pour les détracteurs de la municipalité, difficile de laisser la majorité écolo capitaliser sur une bonne gestion de cet événement hautement symbolique plusieurs années de suite. Ce qui explique aussi l’intensité des critiques pour exploiter une séquence mal maîtrisée, et imprimer l’idée que les écologistes « dogmatiques » gèrent mal les grands dossiers.
Jeanne Barseghian déplore de « grossières caricatures »
Face à la nouvelle vague de critiques de toutes parts. La maire Jeanne Barseghian (EE-LV), isolée pour cause de Covid, s’est ainsi fendue d’un message aux conseillers municipaux et également à destination de la population sur sa page Facebook :
« Où sont fabriquées les denrées et marchandises, jusqu’où s’étend la notion de local ? Quelles sont les matières premières, par qui et comment sont-elles acheminées jusqu’à Strasbourg, leur consommation fait-elle sens à Noël ? Voici les questions qui animent la commission. Des questions qui ne trouvent pas des réponses simples, immédiates, définitives : mais des avis à discuter, revoir et adapter sans cesse. (…)
Les membres argumentent, débattent, font valoir leurs points de vue et intérêts divergents afin d’arriver à un avis convergent. Je souhaite qu’ils puissent poursuivre sereinement leur travail – ô combien nécessaire – sans être entravés par aucune pression, sans être discrédités par de grossières caricatures. »
Sous pression, reculade sur le champagne
Sous pression, voire copieusement insultée, la municipalité écologiste a déjà reculé sur plusieurs points. Même si l’adjoint en charge des événements Guillaume Libsig assure se « réjouir » de la discussion provoquée par ces listes qui ne devaient pas être publiées, il a finalement dû rétropédaler en particulier sur l’interdiction du champagne, quitte à aller contre l’objectif de plus de produits alsaciens :
« Le débat a déjà permis des avancées. Bien qu’il n’y ait jamais eu de champagne lors de l’événement Strasbourg capitale de Noël, nous avons trouvé un partenariat avec la mairie de Reims et du champagne sera vendu dès l’édition 2023. »
Une première commission de personnes qualifiées rendra son avis sur les produits autorisés au marché de Noël en janvier 2023. Deux mois plus tard, la commission citoyenne donnera aussi ses conclusions. Ce sont ces deux bilans (après celui de l’édition 2021) qui permettront à la municipalité strasbourgeoise de trouver son cadre réglementaire définitif pour le marché de Noël 2023. La municipalité vise d’ici 2025 une certification ISO 20121 qui atteste des efforts « éco-responsables » de grands événements par ailleurs très polluants (congrès, JO, sommets diplomatiques).
Autrice et metteuse en scène de 41 ans, Caroline Guiela Nguyen a été choisie pour diriger le Théâtre national de Strasbourg dès septembre 2023, à la suite de Stanislas Nordey.
Caroline Guiela Nguyen, autrice et metteuse en scène, prendra la tête du Théâtre national de Strasbourg (TNS) et de l’École supérieure d’art dramatique (Esad) dont elle est elle-même diplômée à partir de septembre 2023. Elle devrait succéder à Stanislas Nordey, qui a été prolongé à la tête de l’établissement jusqu’à la fin de l’été 2023.
Télérama rappelle que Caroline Guiela Nguyen est la « fondatrice engagée de la compagnie Les hommes approximatifs depuis 2009, par ailleurs artiste associée au Théâtre de l’Odéon, à la Schaubühne de Berlin, au TNB de Rennes, à la MC2 de Grenoble ou au Piccolo Teatro de Milan, régulièrement invitée du Festival d’Avignon, programmée en Europe et au-delà… » puis l’hebdomadaire esquisse les chantiers qui attendent la dramaturge : avec son budget de 12 millions d’euros, le TNS doit engager des travaux de rénovation et réduire ses dépenses.
La municipalité d’Obernai a investi huit millions d’euros dans un plan vélo lancé en 2020. Tardif, cet investissement montre déjà ses limites dans une commune qui continue d’être pensée avant tout pour les automobilistes.
Au centre-ville d’Obernai, les cyclistes sont rares sur les pavés de la vieille ville. Les piétons doivent se faire tout petits pour franchir certains trottoirs étroits. Ce lundi 10 octobre, en début d’après-midi, une dame âgée avance d’un pas mal assuré avec sa canne, presque collée au mur. Ici, la voiture accapare l’espace. Environ 4 400 véhicules circulent chaque jour dans le centre-ville. L’automobile prend aussi de la place en stationnant, au bord de la voie, sur des parkings, parfois à côté d’un vieux carrousel, au milieu de restaurants et autres commerces. Autant dire qu’en termes de politique vélo, Obernai part de loin.
Un plan vélo, 4 km de pistes pour 8,8 millions d’euros
Pour observer les premiers effets du plan vélo voté par la municipalité d’Obernai en 2020, il faut se diriger vers la sortie de la ville. Joint par téléphone, le maire Bernard Fischer, ne tarit pas d’éloges à l’égard du projet municipal de quatre kilomètres de pistes cyclables à 8,8 millions d’euros. D’ici 2024, la commune sera ainsi dotée de plus de huit kilomètres de pistes cyclables en site propre.
Aux manettes de la commune de 12 000 habitants depuis 2001, l’ancien membre du parti Les Républicains (LR), aujourd’hui divers droite, se félicite tout d’abord des chantiers en cours au niveau des routes départementales D422 et D426. Des pistes cyclables séparées de la voie automobile et du trottoir sont en cours de construction.
Pourtant, en 2017, les deux départementales avaient connu des travaux et la loi Laure du 30 décembre 1996 imposait déjà l’installation de bandes cyclables pour toute route en chantier ou en création. « Il y a eu une accentuation de la prise de conscience ces dernières années. Nous n’aurions pas été prêts en 2017 », justifie le maire.
Les axes d’entrée privilégiés, des rues oubliées
Tout en reconnaissant l’effort financier et l’utilité de ces pistes cyclables, Patrick Viry, président de l’association Vélobernai, pose la question du coût de ces infrastructures :
« Des pistes cyclables très chères sont construites sur des axes qui n’étaient pas prioritaires. Sur la D426, la piste s’arrête au bout d’Obernai. Si on continue tout droit on arrive à l’échangeur autoroutier. Avec les départementales en deux fois deux voies, il aurait suffit d’installer des séparateurs pour avoir des pistes presque gratuites. Ça aurait permis d’investir pour des infrastructures à d’autres endroits. »
Située à cinq minutes à bicyclette du cœur de la ville, la rue des Bonne-Gens ainsi que la rue de la Victoire sont toutes deux exclues du plan vélo. « C’est l’axe principal Est-Ouest de la ville, sans possibilité d’évitement, avec un trafic intense », décrit un document de l’association Vélobernai, une analyse de 40 pages du plan vélo de la commune. Sur place, ces deux rues n’offrent aucune piste cyclable, aucun marquage au sol et les automobilistes dépassent régulièrement la limite autorisée.
Rue de la Victoire, le trottoir d’un côté est si étroit qu’un panneau enjoint les piétons à traverser. « La largeur de la rue de la Victoire empêche toute piste cyclable », estime le maire de la commune. Bernard Fischer avance aussi que la rue se situe dans une zone à 30 km/h, qui permet une « circulation apaisée ». Concernant la rue des Bonnes gens, il estime qu’elle sera intégrée dans le prochain plan vélo, de 2025 à 2028.
« Un centre-ville oublié »
Le bilan de l’association Vél’Obernai évoque aussi « un centre-ville oublié » alors que « les rues sont étroites et une grande partie de l’espace est stérilisé par le stationnement ». Au cœur d’Obernai en effet, la voiture semble reine, malgré les dénégations du maire de la commune. Certains trottoirs ne permettent même pas à une seule personne de circuler. D’autres sont impraticables aux poussettes ou aux déambulateurs. À ces mêmes endroits, les voitures disposent d’une large voie de circulation et de places de stationnement… alors que les bâtiments historiques et patrimoniaux affleurent partout.
De même, les zones limitées à 30 km/h n’ont pas la signalétique obligatoire indiquant l’autorisation de circuler dans les deux sens pour les cyclistes. « Depuis 2017, nous l’avons signalé plusieurs fois au maire. Mais sa réponse est toujours la même, il ne veut pas les mettre en place et il a été impossible d’obtenir plus d’explications », indique l’analyse de l’association Vél’Obernai.
Une ville toujours organisée autour de la voiture
Comment rattraper ce retard alors que la ville continue de se construire pour les automobilistes, y compris dans les projets privés. Au bout de l’avenue du Général Leclerc, à la sortie d’Obernai, un supermarché « Fresh » a ouvert récemment, ainsi que son parking d’une cinquantaine de places… contre six places pour garer son vélo. La zone d’activité en chantier tout autour comprend aussi une aire de parking supplémentaire, surmontée d’un toit de panneaux solaires. De même, la rue de Bernardswiller a été refaite en 2019 mais sans y intégrer de pistes cyclables…
Patrick Viry regrette aussi la construction de deux parkings supplémentaires au centre-ville d’Obernai. Un silo à voitures de 212 places doit ouvrir le 7 novembre selon le maire de la ville. Et juste à côté, 265 places de parking en sous-sol sont en cours de construction. « C’est autant de voitures qui circuleront en plus dans le centre-ville. Pour un centre historique d’une petite ville médiévale, c’est énorme, souffle le président de l’association Vélobernai, ces parkings auraient dû être placés aux entrées de la ville, pas au coeur. »
Un objectif sans indicateur clair et des promesses
Interrogée sur ces différentes critiques, Bernard Fischer se défend : « Je ne vais pas chasser des gens par dogme parce qu’ils ont une voiture ! » Le maire promet un plan de réfection des voiries du centre-ville pour élargir les trottoirs et enlever des places de stationnement : « En 2023/2024, ce sera un segment de la rue de Sélestat qui sera refait et les cyclistes auront des couloirs spécifiques avec marquage au sol. » Il promet aussi d’indiquer le double-sens de circulation autorisé dans les zones limitées à 30 km/h, « tout sera fait entre janvier et mars 2023 ». L’élu justifie la construction des parkings au cœur de la commune « pour enlever 35 places de stationnement » et « pour créer deux couloirs pour cyclistes avec pictogrammes au sol ».
Questionné sur la date à laquelle ces décisions ont été prises, le maire évoque le besoin d’une « très large concertation sur ces aspects réglementaires à mettre en place pour la sécurité. » Ces mesures seront seulement présentées en commission urbanisme et environnement « prochainement » avec pour objectif une « mise en place début 2023 ».
Concernant les objectifs et autres indicateurs permettant de faire le bilan du plan vélo, Bernard Fisher reste plus flou. Certes, l’intention est « d’augmenter la part modale du vélo » mais le maire d’Obernai admet qu’il n’a aucun chiffre sur le nombre d’habitants d’Obernai qui utilisent leur bicyclette tous les jours : « On va mettre en place des compteurs sur les pistes cyclables. On en saura plus dans dix ans. »
Plusieurs collectifs appellent à se mobiliser samedi 15 octobre, pour soutenir les populations sans-papiers. Le départ de la manifestation est prévu à 14h, place de l’Étoile.
« Les frontières tuent ! Construisons des ponts, détruisons les murs ! » C’est avec ce slogan que veulent mobiliser l’Action Antifasciste de Strasbourg, le NPA Strasbourg, le syndicat étudiant Solidaires Alsace et le collectif D’ailleurs nous sommes d’ici 67 ce samedi 15 octobre. Les quatre organisations veulent maintenir l’attention sur le camp de l’étoile et ses tentes toujours plus nombreuses à quelques mètres du centre administratif.
La montée de l’extrême droite partout en Europe
Sur la page facebook de l’évènement, les organisateurs résument leur engagement dans un texte qui dénonce d’abord l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en Italie, mais aussi la montée en puissance des idées extrémistes en France :
« En France aussi, l’extrême-droite fasciste et raciste progresse électoralement, faisant de la préférence nationale la pierre angulaire de son programme (pour le RN) ou agitant le danger du « Grand Remplacement » pour Zemmour. Cette polarisation du débat politico-médiatique autour des thèmes et idées de l’extrême-droite est accompagnée législativement par les lois racistes du premier quinquennat Macron (Asile et immigration, loi séparatisme, etc.) lors de son premier quinquennat. »
Un nouveau projet de loi Asile-Immigration qui inquiète
Dans leur manifeste, les quatre organisations expliquent qu’un nouveau projet de loi Asile-Immigration est prévu en 2023 : accélération des procédures d’expulsion du territoire, diminution des voies et des délais de recours, dispersion des réfugiés sur l’ensemble du territoire français… Un avenir qui inquiète et interroge ces militants :
« Cet environnement hostile aux étrangers nous fragilise toutes et tous. En plus d’unir ceux qui devraient être divisés (les travailleurs et les exploiteurs blancs) et de diviser ceux qui devraient être unis, ce régime d’exception fait office de laboratoire pour des arsenaux répressifs, judiciaires, pour des contre-réformes sociales qui pourraient nous affecter toutes et tous. »
Une manif en soutien aux migrants du Parc de l’Etoile
La mobilisation a également pour but de venir en soutien aux migrants du parc de l’Étoile, à Strasbourg :
« Principalement (issus) d’Europe de l’Est, (ils) fuient la pauvreté, le chômage, les discriminations, la corruption ou les persécutions politiques de leur pays d’origine. Depuis plusieurs mois, ils et elles continuent de vivre dehors, dans le plus strict dénuement, dépendant de la solidarité du voisinage et des associations et vivant dans l’angoisse permanente des contrôles de police. Pour la mairie, la situation est un problème politique à régler plus que des vies humaines (dont des dizaines d’enfants) à protéger. »
Par une heureuse coïncidence, Orchestra Baobab sera en concert mardi 18 octobre à l’Espace Django de Strasbourg. C’est une occasion unique d’onduler face à ce groupe africain mythique, tout droit sorti de l’époque bénie du Dakar des possibles.
Fondé en 1970 pour ambiancer la scène du Club Baobab, où se retrouvait la haute société dakaroise dans un Sénégal qui goûtait depuis peu à son indépendance, l’Orchestra Baobab a bâti sa réputation sur l’excellence de ses musiciens, issus pour une bonne part du Star Band de Dakar, déjà culte à l’époque, et l’originalité de leurs sonorités afro-cubaines. Né à une époque d’affirmation identitaire, Orchestra Baobab chante le plus souvent en wolof, la langue majoritaire au Sénégal, et fait appel à des percussions traditionnelles, incluses parmi les guitares électriques, le saxophone ou la clarinette.
Ce mélange révolutionnaire de pop internationale, de rythmes afro-cubains et de tradition griotique va faire d’Orchestra Baobab un groupe unique dans l’histoire de la musique de l’Afrique de l’ouest. Ses morceaux, dont certains sont des « instants de grâce » selon l’écrivain Sylvain Prudhomme, des odes à la révolution tranquille, ont traversé l’époque comme des météorites.
Concurrence entre étoiles à Dakar
Car cette autre étoile de Dakar n’aura duré qu’une grosse douzaine d’années. En 1983, l’ensemble se sépare, dépassé par la vague du mbalax, un genre musical très festif sénégalais, popularisé notamment par Youssou N’Dour. Il faudra les mécanismes de redécouverte des trésors musicaux africains pour que leurs morceaux soient réédités, au début des années 2000. Ces enregistrements aux accents de jazz et de blues, extrêmement précis, étaient encore suffisamment puissants pour permettre la reformation du groupe, qui est reparti en tournée en 2002.
Voir débarquer à l’Espace Django cette troupe mythique, formée d’anciens et de nouveaux musiciens mais tous porteurs et héritiers d’une tradition dorée, a quelque chose de surréaliste. L’Orchestra Baobab, avec sa dizaine de musiciens sur scène à la renommée internationale, ne peut habituellement pas se produire devant moins de 2 000 spectateurs. Comment peuvent-ils dès lors se retrouver mardi devant les 400 Strasbourgeois au maximum que peut abriter la salle du Neuhof ? Le co-directeur de l’Espace Django, Benoît Van Kote, parle d’un « alignement de planètes » :
« On avait réussi à programmer Orchestra Baobab en mars 2022 parce que je travaille beaucoup avec le responsable de leur tournée en France, et qu’ils passaient par Strasbourg entre deux dates pas trop loin. Ça entrait dans les plans de la tournée, ils ont accepté de faire un effort sur ma proposition budgétaire, qui était au maximum de ce que Django pouvait proposer… Puis en raison de problèmes administratifs liés au Covid, la date a été annulée et là j’ai vraiment cru qu’ils ne reviendraient plus jamais. Mais à ma grande surprise, ils m’ont reproposé une date aux mêmes conditions. »
La relève opère puisqu’un nouvel album est sorti en 2017, Tribute to Ndiouga Dieng. Il est plus classiquement africain que les albums de leur période initiale, moins cubain, mais le groupe a gardé les mélanges sonores et toniques qui ont fait leurs succès.
Face aux conséquences de la guerre en Ukraine, la Commission européenne permet, depuis mars 2022, de cultiver des surfaces censées être en jachère, donc non exploitées. La préfecture du Bas-Rhin autorise par ailleurs les agriculteurs à laisser les sols nus cet automne.
Pour compenser la baisse d’exportations de céréales liée à la guerre en Ukraine, la Commission européenne a autorisé les agriculteurs européens à déroger à une règle environnementale. Depuis mars 2022 et jusqu’en 2024, les exploitants ont le droit de cultiver et d’utiliser des produits chimiques sur leurs jachères, les terres censées être en repos entre deux périodes de culture. Malgré cela, ils continueront à bénéficier des aides écologiques de l’Europe.
En Alsace, les jachères représentent environ 1 à 1,5% des terres arables, selon Yohann Lecoustey, directeur de la FDSEA 67 (syndicat agricole majoritaire). Le ministère de l’Agriculture, contacté par Rue89 Strasbourg, estime qu’en Alsace les jachères s’étendent sur 5 600 hectares en septembre 2022, soit l’équivalent de la surface de 7 700 terrains de foot.
Pas d’augmentation des surfaces cultivées en 2022
La préfecture n’a pas répondu à Rue89 Strasbourg sur l’évolution des surfaces en jachère et sur l’utilisation réelle de ces terres sur la saison passée. Selon Yohann Lecoustey, elles n’ont pas été très utilisées dans le Bas-Rhin : « Cela a peut-être été fait chez certains agriculteurs, mais c’était marginal. »
Ces dérogations n’ont pas eu pour effet d’augmenter la surface des terres cultivées en Europe. Elles ont même globalement baissé, de l’ordre de -1,3% en 2022, par rapport à la moyenne des cinq dernières années. En Alsace, ce sont surtout les céréales qui ont perdu des surfaces de culture, de l’ordre de -2% en 2022 d’après le ministère de l’Agriculture.
Des surfaces d’intérêt écologique
En parallèle, les productions de céréales ont baissé à cause de la sécheresse. En Alsace, les rendements de maïs ont diminué entre -7,2% et -16,2% en 2022 par rapport à 2021 selon les productions. Seul le maïs grain irrigué (destiné généralement à l’alimentation animale) a connu des rendements en hausse de 2,1%.
Pour Paul Fritsch, président de la Coordination rurale (un autre syndicat agricole), les jachères sont de toute façon peu cultivables (comme elles ont été trop exploitées, ndlr) : « Le maïs a mal poussé sur ces terres, qui, en général, sont mises en jachère parce que leurs rendements sont mauvais. »
Serge Dumont, hydroécologue à l’ENGEES, souligne l’importance écologique des jachères :
« Elles sont extrêmement importantes car elles permettent au sol de se reconstituer. Les terres exploitées sont en mauvais état, car elles manquent de matières organiques, qui stockent l’eau et empêchent les coulées de boue. Les jachères, ce sont des prairies qui accueillent plantes et insectes, elles sont des réservoirs de biodiversité. »
Pas de couvert obligatoire pour les sols cet hiver
Pour protéger l’eau et les sols, la directive européenne sur les nitrates oblige aussi les agriculteurs à planter de l’herbe, entre deux cultures, pour qu’il y ait un couvert végétal en automne. Celui-ci est obligatoire dans quasiment toute l’Alsace parce qu’il permet de retenir les nitrates des sols (les plantes se nourrissent en partie des nitrates pour leur photosynthèse), et ainsi de préserver l’eau des nappes. Sauf que depuis le 28 septembre, les agriculteurs du département bénéficient d’une dérogation accordée par la préfecture du Bas-Rhin, à la demande de la FDSEA. Yann Lecoustey, de la FDSEA, revient sur cette revendication :
« Vu les conditions climatiques extrêmes de cet été, où rien ne poussait, notre demande était de permettre aux agriculteurs de pouvoir ne pas semer entre deux cultures, surtout que cela risque de ne pas pousser. »
Pourtant, la pluie est revenue en Alsace après un été sec. Paul Fritsch, de la coordination rurale, considère que cette mesure est inutile :
« Ils disent que ça prend du temps, que ça coûte et que cela n’améliore pas grand chose. Moi j’ai toujours considéré que planter en automne, c’est très bénéfique car ensuite, les terres sont en meilleur état. »
Des conséquences pour l’eau difficiles à mesurer
En juin, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) mettait en garde sur ces mesures visant à assouplir les normes environnementales, « au détriment de la durabilité du modèle agricole ». L’hydroécologue Serge Dumont rappelle la situation déjà catastrophique des eaux d’Alsace :
« C’est dramatique, si on ne plante rien, on va accentuer la pollution de la nappe car les produits chimiques seront moins absorbés. 30% des Alsaciens boivent de l’eau avec des normes de pesticides dépassées en métazachlore (Lire notre enquête de cet été, ndlr). C’est un problème d’une part si l’on augmente les surfaces traitées, et d’autre part si on retient moins les nutriments comme l’azote et le phosphore, de même que les centaines de molécules et métabolites. »
Pour Jean-Bernard Lozier, de la Confédération paysanne, les conséquences réelles de ces dérogations restent à mesurer :
« Cela dépend un peu de la météo cet hiver : s’il n’est pas très humide, il n’y aura pas de lame drainante qui emmène les pesticides dans les nappes. Cela ne peut qu’être pire à mon avis, mais pas forcément catastrophique. Souvent, les couverts végétaux sont détruits assez tôt, le 15 novembre, et ne remplissent donc de toute façon pas pleinement leur rôle. Mais quand on a la volonté de semer les couverts végétaux, on peut, agronomiquement c’est intéressant. »