Suite aux révélations de L’Obs en mars 2020, le parquet de Colmar avait ouvert une information judiciaire pour violences volontaires sur mineurs dans deux Centres éducatifs renforcés (CER) alsaciens. En septembre 2022, deux mises en examen ont été prononcées, à l’encontre de deux éducateurs. L’un d’entre eux travaille encore au CER du Climont.
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A la suite de notre article « Alertée, la Dreal découvre des cendres hautement cancérigènes partout dans l’incinérateur de Strasbourg », la société Sénerval a fait parvenir ce droit de réponse à la rédaction de Rue89 Strasbourg. Les intertitres sont de la rédaction.
Un programme de travaux échelonné tout au long de l’année 2022 a été présenté et accepté par la Dreal. Ces travaux sont achevés au 15 novembre 2022.
La gestion des cendres, leur récupération, leur manipulation et leur conditionnement . . .
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Suite à notre article « Après un désamiantage à 200 millions d’euros, il y a toujours de l’amiante dans l’incinérateur », la société Sénerval, exploitante de l’incinérateur, a fait parvenir à Rue89 Strasbourg le droit de réponse suivant.
Dans un article publié le 28 octobre dernier sur votre site internet, vous mentionnez un risque d’exposition à l’amiante de nos salariés.
En 2014, la présence d’amiante a été constatée et depuis lors, entre 2015 et 2018, des travaux de désamiantage ont eu lieu à S . . .
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En décembre, Paye ton Noël c’est trois week-ends de découvertes musicales et théâtrales. Rien n’est évident, il faut y aller avec son âme d’enfant, nimbée de vin chaud toutefois.
C’est décembre et comme chaque année, les chalets envahissent les places du centre de Strasbourg, les touristes bloquent les rues, regardant en l’air, émerveillés qu’ils sont par les loupiotes et abrutis par le vin chaud. Fort heureusement il y a une lumière dans ce cauchemar sans cesse réitéré puisque décembre est aussi le mois de Paye ton Noël, trois rendez-vous décalés proposés par l’association Pelpass, avec leur cortège de spectacles improbables et de concerts mémorables.
Question concerts, ça démarre vendredi 2 et samedi 3 décembre place Grimmeisen à la Petite France, au sein du très couru Marché Off de Noël avec deux soirées qui commencent tôt, et se terminent tôt aussi, ce qui est une gageure pour l’association Pelpass, plutôt habituée à fermer le Molodoï aux premières lueurs du lendemain. Chanson occitane de Sourdure et pop psychédélique de Sathönay pour démarrer puis un concert de The Wooden Wolf (voir tous nos articles ici), l’assurance d’un moment agréable d’instrospection. Question spectacles, le dimanche après-midi sera consacré aux prestations des Sœurs Grenues (voir ici) et des Sœurs Goudron (voir ici) qui, malgré leurs noms, sont des genres très différents de sœurs.
Virilité et amours en question place de Zurich
Le festival se déploie ensuite place de Zurich à la Krutenau, sous des tonnelles parfaites quand il ne fait ni trop froid ni trop humides, ce qui n’arrive jamais et ce qui est devenu du coup une marque de Paye Ton Noël, compensée à grands coups de tartes flambées et de vin chaud. Grâce à ce cocktail de froid, d’humidité et d’alcool anisé, les soirées de Paye ton Noël place de Zurich prennent rapidement une tonalité festive et gaie mais là encore, à minuit tout le monde dehors.
Vendredi à 19h, le festival démarre avec « Danser dans mon petit salon sans me poser de questions », un seul en scène de Maxime Potard, du fantasque collectif Muerto Coco, sur le concept de virilité, questionné jusqu’à l’absurde.
Suivra à 21h une artiste plus classique, La Pietà, qui rénove la chanson française avec des accents tour à tour hip hop (Indécise), pop (Une tempête) ou rock (Tapez)… Brute et écorchée, La Pietà est à voir avant qu’un gros label ne se l’approprie…
Samedi dès 15h, le festival se poursuit avec une leçon impertinente de Zou, il s’agit de la première, sur l’amour carrément. Pour élèves disciplinés uniquement.
À 18h, Emmanuel Gil s’interroge sur sa schizophrénie latente qu’il entretient avec Typhus Bronx, son clown intérieur. Que devient-il lorsque l’acteur n’est pas sur scène ? Le clown a une demande singulière mais peut-il s’émanciper, l’acteur peut-il l’affranchir ? Intenses questions derrière un nez rouge…
À 20h30, nouvelle apparition du collectif Muerto Coco, cette fois avec Bien Reprenons, l’histoire d’un musicien d’aujourd’hui dans sa quête d’identité et de légitimité. « Divagation semi-autobiographique » selon Romain Gigoi-Gary, l’auteur et l’interprète de ce seul en scène qui fera résonner des moments vécus par tous les musiciens.
Et pour terminer cette soirée, du gros sooooon comme dirait Aldebert avec Yolamif, un groupe puissant, tout en guitares et batterie à partir de 22h45, un dispositif ultra efficace capable de faire danser toute une tonnelle, même s’il fait froid, même s’il pleut.
Dimanche dès 14h, Zou revient pour une nouvelle leçon impertinente, la troisième (la deuxième a probablement été programmée dans la nuit), sur la philamatologie, la science du baiser. Une pratique devenue naturelle et remise en question depuis le Covid. Zou propose une leçon pour redonner du sens au baiser, avec travaux pratiques.
À 16h30, Marc Prépus déploie sa Machine émotionnelle, probablement le spectacle le plus décalé de cette édition de Paye ton Noël, avec « un défilé de mode religieux, une histoire d’amour entre un Panda et son humain, un cirque allemand sadomaso, une distribution de caca arc-en-ciel… »
À 20h, voyage psychédélique avec Hippie Hourrah, singulier groupe electro teinté de sonorités traditionnelles orientales, souvent indiennes, mais surtout formidablement efficace et festif.
Cadeaux pour tout le monde au Molo
Mais le véritable, le cœur de Paye ton Noël, c’est évidemment au Molodoï que ça se passe à partir de jeudi 15 décembre. Chaque soir, une redistribution de cadeaux a lieu pour tous ceux qui contribuent ! Cette première soirée pour ceux qui aiment la musique énervée affiche quatre groupes oscillant autour du rock et du punk. Pelpass reprogramme notamment le très subversif We Hate You Please Die aux côtés de Trip, You Said Strange et W!zard.
Vendredi 16 décembre, le Molodoï est réservé aux amateurs de rap avec pas moins de dix artistes programmés : Mocaris, une auteure / interprète de Strasbourg, Fanny Polly, Eesah Yasuke, Sa Roc, Ben PLG et un mix de Submarine FM & Ocean Flounk pour la nuit.
Samedi, Pelpass ose programmer du jazz, avec le saxophoniste strasbourgeois Hugo Diaz, déjà aperçu en quartet à Jazzdor entre autres. Une formation tirant volontiers vers le free jazz assez rare au Molodoï mais dont les musiciens collectionnent les prix et les recommandations.
La suite de la soirée est plus classique avec les chansons chaloupées et volontiers hypnotisantes de Walter Astral puis les riffs microtonaux de Relaps et les cuivres bien battus de The Brums. Cette nuit se terminera avec Saint Misère, DJ strasbourgeoise particulièrement douée pour remuer les dance floors.
Tout juste constituée, l’association HFx Grand Est se lance officiellement samedi 26 novembre pour œuvrer en faveur de l’égalité entre les genres dans les arts et la culture. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.
En 2006, Reine Prat, inspectrice générale du ministère de la Culture fait un constat accablant de l’inégalité entre les hommes et les femmes dans les arts et les lettres. Dans un rapport rendu public, elle met en évidence la surreprésentation d’hommes aux responsabilités dans le secteur culturel, et les difficultés des femmes pour accéder aux moyens de productions et aux subventions. En 2009, elle rédige un second rapport, qui constate que rien n’a changé d’une part mais surtout, qui met en évidence les blocages auxquels sont confrontées les femmes, notamment au sein de l’Etat.
Des collectifs partout sauf dans l’Est
À la suite de la parution de ce texte, et d’une prise de conscience générale dans la culture, se crée le mouvement « HF France : Agir ensemble pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture. » Plusieurs associations régionales naissent en 2009 mais… pas dans le Grand Est. C’est dans ce cadre que s’est enfin créée l’association HFx Grand Est, comme l’explique l’une des cofondatrices, Juliette Steiner, metteuse en scène :
« Les chiffres d’inégalité entre les hommes et les femmes dans notre domaine sont toujours accablants. Ainsi les cinq théâtres nationaux n’ont accordé que 27% de leur programmation 2020 / 2021 à des metteuses en scène. Mais on manque de chiffres régionaux, c’est l’une des raisons pour lesquelles nous lançons cette association pour le Grand Est. »
Tout le monde peut s’impliquer
L’association HFx Grand Est appelle toutes les bonnes volontés à se signaler et à participer à ses premiers chantiers lors d’une soirée de lancement, samedi 26 novembre de 17h30 à 20h au Théâtre national de Strasbourg, en présence de Reine Prat. L’association rejoindra ainsi la Fédération interrégionale HF, qui compte déjà neuf collectifs en France et un transfrontalier, HF Europe. Un « x » a été ajouté au nom de l’association du Grand Est, afin d’intégrer les minorités de genre à ses combats contre les discriminations.
Les collectifs HF ont trois missions principales :
repérer des inégalités de droits et de pratiques entre les hommes et les femmes dans les milieux de l’art et de la culture, toutes fonctions confondues (artistiques, administratives et techniques),
sensibiliser les professionnels, les responsables institutionnels, les élus et l’opinion publique,
Obtenir des orientations plus égalitaires des politiques culturelles.
Parmi les actions, Juliette Steiner cite en exemple les Journées du matrimoine qui mettent en valeur les réalisations historiques des femmes et rappelle que depuis la création du Festival de Cannes, seules deux réalisatrices ont reçu la Palme d’Or, en 1993 et 2021 – dont une à égalité avec un homme.
Mercredi 7 décembre, Tiken Jah Fakoly sera à la Laiterie pour un grand moment de musique et de conscience politique. Si la musique adoucit les mœurs, la sienne permet de vivre avec le monde actuel et de croire en un futur meilleur.
Tiken Jah Fakoly est de retour à la Laiterie, et même si la salle strasbourgeoise a déjà reçu six fois le musicien ivoirien, il faut en profiter car ses concerts sont toujours de grands moments à vivre. D’abord, parce que malgré les années qui s’empilent, et les problèmes qui s’entassent en Afrique, Tiken Jah Fakoly a ce rare génie de permettre à Blancs et Noirs de chanter, danser sur les malheurs du monde, dans un grand mouvement cathartique et chaloupé.
Il faut le vivre, se trouver bien dans une salle comble et mixte, entraîné par le reggae impeccable de Tiken Jah alors que ses textes sont sans équivoque sur la misère, l’exploitation de l’Afrique, la complicité des dictateurs… C’est notre monde et il est moche oui, mais qu’est-ce qu’on y peut ? Pas grand chose, mais on peut déjà en être conscient, ensemble, et c’est déjà beaucoup. Tiken Jah Fakoly, qui regarde l’histoire de France, dit « toujours croire au réveil démocratique de l’Afrique. »
C’est pourquoi Tiken Jah Fakoly ne lâche pas, il ne se laisse pas submerger par les mauvaises nouvelles. Cette tournée suit la sortie de son onzième album, Braquage de pouvoir. Une gemme de reggae root d’abord, mais aussi hip hop, avec des inserts de cuivres très jazz, d’instruments traditionnels et les claviers électros de Maël Loeiz Danion : un cocktail foisonnant et généreux que Tiken Jah maîtrise à la perfection et qui le singularise sur toute la scène musicale depuis vingt ans.
Album après album, méthodiquement, il marque, relève, chante dans la tradition des griots et des troubadours des faits réels : l’absurdité de la quasi-guerre civile qui a secoué la Côte d’Ivoire au début des années 2000 par exemple, est résumée dans le titre Le Pays Va Mal de l’album Françafrique.
Autre exemple, l’un des singles de son dernier album est Où est-ce que tu vas ?. Il s’adresse à la jeunesse africaine qui lorgne vers le nord au risque d’y perdre la vie, pour répondre immédiatement : « Toi même tu ne le sais pas. »
La musique de Tiken Jah Fakoly, en français et en dioula – sa langue maternelle, voire en bambara du Mali, s’adresse aussi bien aux Africains qu’aux Européens. Et il vaut mieux réserver sa place pour son passage à Strasbourg : les quelques 900 places de la grande salle de la Laiterie risquent fort de ne pas suffire pour le public strasbourgeois et alentours.
Pas assez d’infirmières scolaires pour prendre en charge les élèves suicidaires ou harcelés, recours à de nombreux contractuels sans formation d’enseignant, démissions… Le syndicat FSU a désigné des points de tension dans l’académie de Strasbourg lors d’une conférence de presse vendredi 25 novembre.
« Les élèves ne vont pas bien, et on ne peut pas suffisamment les prendre en charge », résume Valérie Wolff, infirmière scolaire et membre de FSU, syndicat majoritaire dans l’éducation qui fait le bilan de la rentrée 2022 ce 25 novembre. Les chiffres qu’elle donne sont éloquents : « On est 150 dans le Bas-Rhin et 100 dans le Haut-Rhin. Il faudrait 1 100 postes de plus en Alsace pour arriver à un encadrement satisfaisant, avec à minima un poste d’infirmière à temps plein par établissement. »
Un mal-être psychologique croissant chez les élèves, et trop peu de personnel pour y répondre
Selon elle, depuis la crise sanitaire, les élèves sont de plus en plus nombreux à demander des consultations pour des problèmes psychologiques : « Au collège Bugatti de Molsheim, sur 650 élèves, j’en suis une vingtaine pour des idées suicidaires, des questions liées au genre, du harcèlement, ou des difficultés familiales. Les jeunes viennent nous voir de plus en plus tôt. Ils sont presque une dizaine en primaire à être concernés sur notre secteur », indique t-elle.
Arnaud Sigrist et Agathe Konieckza, respectivement co-secrétaires FSU pour le premier et le second degré, dénoncent le manque d’effectif :
« Depuis le début du premier mandat d’Emmanuel Macron en 2017, le nombre d’enseignants dans le second degré n’a cessé de baisser. Dans l’académie de Strasbourg, on a 150 élèves de plus pour 169 professeurs en moins, soit l’équivalent du corps enseignant d’un gros lycée de 1 500 élèves. »
Arnaud Sigrist, co-secrétaire FSU pour le second degré
De grosses inégalités entre les hommes et les femmes
« Le rectorat ne veut pas nous donner les chiffres précis. Rien que dans le Bas-Rhin, on en était à 18 classes sans enseignant dans le premier degré le jour de la rentrée », ajoute Géraldine Delaye, secrétaire départementale de FSU. Selon les représentants du syndicat majoritaire, lors de l’année scolaire 2021-2022, 18% des enseignants étaient contractuels dans l’académie : « Ce sont des personnels précaires, souvent en grande difficulté car embauchés sans formation », explique la secrétaire départementale.
FSU profite de l’occasion pour poser la question des inégalités de genre dans l’éducation nationale. Florence Fogelgesang, co-secrétaire départementale, explique que les femmes représentent 73,4% des personnels, mais que leur part est bien plus importante dans les postes les moins bien payés : dans l’académie de Strasbourg, elles sont 84,5% dans le personnel administratif et de santé, contre seulement 52,8% dans le personnel de direction et d’inspection. Jacky Dietrich, qui porte la parole du personnel administratif dans le syndicat, insiste :
« Dans les métiers administratifs, la rémunération moyenne des femmes est de 1 911 euros contre 2 469 euros pour les hommes. 61% des femmes occupent des postes de catégorie C, soit les moins bien payés. »
« Ce n’est pas ça l’éducation nationale. On n’est pas là pour s’adapter à ce que veulent les patrons, et les jeunes ne sont pas une main d’œuvre bon marché. Si la réforme passe, il y aura des inégalités régionales dans la carte des formations, moins d’heures de cours pour former les élèves alors qu’ils en ont besoin, y compris pour les filières professionnelles, et moins de postes d’enseignant. »
D’après Géraldine Delaye, en raison du manque de moyens, de la difficulté du métier et des rémunérations faibles, le secteur connait une crise d’attractivité sans précédent, d’où les difficultés de recrutement. Sur l’année 2021-2022, 65 enseignants ont démissionné dans le premier degré en Alsace.
À l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le Planning familial du Bas-Rhin appelle à marcher samedi 26 novembre contre toutes les violences sexistes et sexuelles, à Strasbourg. Le rendez-vous est fixé à 14h, sur le parvis de la Faculté de droit.
« Nous marcherons contre le sexisme (et tout système d’oppression), contre le silence collectif face aux violences sexistes et sexuelles, contre l’inversion de la culpabilité, contre la justification et la banalisation de toute forme de violences. Nous marcherons pour honorer les mortes et les morts du système sexiste et pour la fin des violences. »
Ce sont les mots écrits sur la page Facebook de l’évènement, organisé par le Planning Familial 67, ce samedi 26 novembre 2022, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Nombreuses associations participantes
Si l’appel à manifester est lancé par le Planning Familial 67, de nombreuses associations sont cosignataires de la tribune, comme Support Transgenre Strasbourg, NousToutes 67, le Brif, Collages Féministes Stras ou encore DisBonjourSalePute.
La liste de leurs revendications est longue et détaillée. Les associations demandent pour commencer « la formation de tous les professionnels susceptibles d’accompagner les personnes victimes de violences sexistes et sexuelles dans leur parcours judiciaire et de soin », mais aussi « un meilleur dépistage des violences sexuelles et sexistes et un meilleur accompagnement des personnes victimes », ou encore « le respect des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle dans chaque établissement scolaire ».
À l’heure où l’IVG est de plus en plus menacé aux États-Unis, le Planning Familial 67 – qui défend justement le droit à l’avortement et à la contraception – réclame « la gratuité et le réel accès à la contraception et à l’IVG sur l’ensemble du territoire. »
Un viol ou tentative de viol toutes les 7 minutes en France
Dans son appel à manifester, le Planning Familial 67 égrène également des chiffres glaçants sur les violences sexistes et sexuelles dont sont victimes les femmes. Et rappelle ainsi qu’au moins 213 000 femmes sont victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année en France, qu’un féminicide a lieu tous les deux jours dans le pays, ou encore qu’un viol ou une tentative de viol a lieu toutes les 7 minutes.
Pour lutter, dénoncer, et marcher contre ces violences, les associations appellent donc à marcher, samedi 26 novembre à partir de 14H.
L’assemblée de quartier de la Meinau du mardi 22 novembre ne s’est pas déroulée comme prévu. Les objectifs des ateliers thématiques semblent dérisoires face aux problèmes quotidiens auxquels font face beaucoup de Meinauviens.
« Voilà, au bout de 20 minutes, on aborde les sujets qui préoccupent vraiment les gens ici. L’insécurité, les rats, le manque de services publics », s’exclame une femme au micro. L’ordre du jour de l’assemblée de quartier de la Meinau du mardi 22 novembre est en train de voler en éclats. Des mains se lèvent dans toute la salle pour demander la réouverture de la mairie et du poste de police de proximité, des contraventions contre les incivilités ou encore davantage de rigueur des bailleurs sur l’entretien des espaces communs.
À cet instant de la soirée, les ateliers de quartier auraient dû être présentés. Il s’agit d’une partie du nouveau processus de démocratie participative à Strasbourg, mis en place par la municipalité écologiste. Lors d’assemblées de quartier, les habitants doivent déterminer des groupes de personnes qui se consacrent à une thématique précise et se réunissent régulièrement pour aboutir à une réalisation concrète. René Leboedec et Vincent Leport, deux retraités de la Meinau, sont donc censés proposer deux ateliers : « Mémoire de quartier », visant à réfléchir à l’évolution urbaine dans le contexte des rénovations, et « Cadre de vie », pour évoquer diverses problématiques liées à l’environnement comme la propreté urbaine.
Mais la plupart des 75 personnes présentes n’ont pas l’intention d’être studieuses ce soir. Et pour cause, les solutions à leurs problèmes passeront difficilement par la démocratie participative organisée par la Ville. Quand ils demandent un commissariat de proximité, on leur répond qu’il faut aller voir la police nationale. Des bâtiments en mauvais état ? Tournez-vous vers votre bailleur. Abdelkarim Ramdane, l’élu de quartier, est assailli d’interpellations… sur des éléments de la vie publique qui ne sont pas toujours du ressort de la municipalité.
« On a peur que tout s’écroule »
Monir Rahel évoque par exemple le cas des balcons de la rue de Provence, où il habite, qui menacent de s’effondrer. Son bailleur est Ophéa, une structure contrôlée par l’Eurométropole, donc où la municipalité a son mot à dire. « On veut savoir quand les choses s’amélioreront, on est venus pour ça », souffle le Meinauvien. Il dénonce aussi ne pas avoir accès aux expertises sur son bâtiment :
« On a peur que tout s’écroule comme c’est déjà arrivé. Les immeubles voisins, qui étaient comme le nôtre, ont été rénovés parce qu’il y avait de l’amiante. Chez nous, Ophéa dit qu’il n’y a rien, mais on n’a aucun document qui nous le prouve. J’aimerais avoir les preuves. »
Grâce à son insistance, il apprend finalement qu’il doit attendre la rénovation du bâtiment qui commencera au mieux fin 2023.
D’autres habitants s’insurgent parce que l’éclairage public est éteint la nuit dans une partie du quartier depuis plusieurs semaines. « On vit dans le noir », lance une femme. Abdelkarim Ramdane pense d’abord qu’il s’agit du plan d’économie d’énergie, mais la responsable de la direction de territoire, présente également, affirme que l’extinction est liée à une panne. Les participants à l’assemblée relèvent aussi la prolifération des rats à la Meinau. L’élu estime que le phénomène est principalement lié à des comportements individuels de personnes qui laissent des déchets partout. « Il faut les verbaliser », rétorque un homme dans la salle.
Abdelkarim Ramdane explique qu’il est très difficile de retrouver les coupables et que la Ville fait de la prévention. Il reconnaît aussi que dans certains cas, les poubelles sont sous-dimensionnées par rapport aux besoins des habitants. Ces derniers sont donc contraints de laisser leurs déchets à côté. Dans beaucoup de rues, les poubelles ne sont ni enterrées, ni placées dans des abris étanches, et les ordures sont donc de toute façon accessibles aux rats, que les habitants déposent les sacs au bon endroit ou pas.
« Les statistiques, ce n’est pas humain »
L’élu indique aussi que le commissariat de quartier a cessé ses activités après le Covid, car la police nationale constatait que sa fréquentation n’était pas élevée. Même chose pour la mairie de quartier, fermée pendant le précédent mandat, mais que l’actuelle municipalité ne semble pas vouloir rouvrir pour l’instant. « Les statistiques, ce n’est pas humain monsieur. Il y a des personnes âgées qui ne portent pas plainte ou qui n’accèdent pas à certains services à cause de ça, parce que c’est devenu plus compliqué », déclare une dame. Abdelkarim Ramdane assure qu’il comprend les problématiques, mais étant le seul élu présent, il ne s’engage sur rien, surtout dans un contexte où la municipalité essaye de faire des économies pour pallier les hausses de la crise énergétique.
La quasi-intégralité de l’assemblée de quartier consiste finalement en un temps d’échange avec Abdelkarim Ramdane. À dix minutes de la fin, alors que la salle se vide, René Leboedec et Vincent Leport essaient de présenter brièvement leurs ateliers et recueillent quatre adresses mail de personnes potentiellement intéressées. Le scénario de la dernière assemblée, en mars, avait été similaire : les mêmes ateliers de quartier avaient été rapidement proposés, mais n’avaient pas encore démarré, faute de candidats. Leurs instigateurs ont donc dû attendre huit mois, pour finalement revivre la même chose.
Convaincre que la démocratie participative peut être utile…
« C’est un peu frustrant parce qu’on a travaillé pour penser notre présentation… Mais on comprend, les gens ont besoin d’interpeller les élus sur ce qu’ils vivent quand ils les voient », constate Vincent Leport. Louise Guionie, chargée d’animer la participation citoyenne au Neuhof et à la Meinau, admet que la mise en œuvre de la démocratie locale est très compliquée :
« On doit repenser le format de ces assemblées. Beaucoup ont pu interpeller leur élu de quartier, c’est déjà une bonne chose. Ensuite, on doit les convaincre qu’ils peuvent avoir un impact et ça, ce n’est pas évident. Mais certaines des problématiques soulevées peuvent être traitées à travers l’atelier ”Cadre de vie”. »
À l’issue de l’assemblée, Monir Rahel ne cache pas sa déception :
« Tout le monde ici sait où sont les problèmes et quelles sont les solutions, pourquoi ils ne les règlent pas ? L’élu nous dit qu’il ne peut rien faire la moitié du temps. On se sent humiliés par ces réunions, c’est du blabla, ça fait des années qu’on leur parle des mêmes soucis. Comment vous voulez qu’on ait envie de s’investir plus ? »
La prochaine assemblée de quartier aura lieu en avril 2023. « On ne va pas attendre encore six mois avant de lancer les ateliers de quartier. Même si on est cinq, on va commencer, » assure René Leboedec. Deux ans et demi après le début du mandat, la démocratie participative pensée par la municipalité écologiste peine encore à débuter à la Meinau.
La municipalité écologiste poursuit son « plan canopée » avec la plantation de 1 000 arbres cet automne. D’autres arbres sont plantés en plus pour compenser les 115 arbres morts cet été à cause de la sécheresse.
Quai Koch jeudi 24 décembre, des agents du service espaces verts de la Ville de Strasbourg s’attellent à l’installation de 38 jeunes arbres, sur les 1 000 environ qui doivent être érigés dans le cadre de la troisième phase du « plan canopée ». « On ne sait pas encore, à l’unité près, combien seront plantés car il peut toujours il y avoir des problèmes sur un site où l’on se rend compte que le sol n’est pas adapté parce qu’on trouve des tuyaux par exemple », explique une agente du service des espaces verts.
Suzanne Brolly, adjointe à la maire en charge de l’Habitat, indique que la moitié des arbres du plan doivent être plantés dans des espaces verts comme des parcs, et l’autre moitié sur des zones plus minérales, dans des rues :
« Nous avons été critiqués parce que beaucoup d’arbres sont plantés dans des espaces déjà verts, mais cela a un intérêt aussi, notamment pour la biodiversité en ville. Le pouvoir rafraichissant des parcs est très important, mais pour cela il faut aussi y renouveler la végétation. Pour ceux qui sont plantés dans les rues, on essaye d’établir des connexions et des continuités afin de créer des couloirs écologiques, également dans le but de favoriser la biodiversité. »
Déminéralisation des abords de la patinoire
À cause de la sécheresse, 12% des 966 plants sont morts, soit environ 115 arbres. « Tous les arbres morts sont remplacés, autant de fois qu’il le faudra jusqu’à ce qu’ils survivent, et ces plantations ne sont pas comptabilisées dans les arbres des nouvelles saisons », précise Suzanne Brolly.
L’objectif du plan canopée est d’arriver à 10 000 nouveaux arbres à Strasbourg en 2030. Il comprend aussi des déminéralisations : par endroits, la municipalité enlève du béton, revégétalise et plante des arbres. Pour la « saison 3 » du plan canopée, il s’agira notamment des abords de la patinoire à Cronenbourg et du Palais de la musique et des congrès.
Aux habitants de proposer où planter
Sophie Dupressoir, élue référente des quartiers Tribunal et Contades, rappelle les enjeux patrimoniaux à prendre en compte lors des plantations :
« Nous tenons compte de l’avis de l’architecte des bâtiments de France pour la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine. Les plantations quai Koch s’inscrivent dans l’histoire de la Neustadt, conçue par les Allemands pour favoriser le bien-être et la santé des habitants, avec les Bains romains et de nombreux espaces verts comme le jardin botanique. Nous souhaitons offrir un cadre propice à la marche et au vélo, avec des rues ombragées et une continuité de la Grande-Île jusqu’au Parlement européen. »
Les élues affirment que dans certaines zones très minérales, les plantations sont difficiles car elles impliquent de prendre sur la route ou le stationnement, ce que les riverains ne souhaitent pas toujours. Suzanne Brolly précise que la municipalité incite les Strasbourgeois à suggérer les zones de plantation sur le site Strasbourg.eu (page consultable ici). Ainsi, en cette fin d’automne, des arbres seront notamment dressés rue Pauline de Metterne et Amélie de Berckheim à la Robertsau suite à des propositions d’habitants. Les plantations quai Koch ont aussi été suggérées par des riverains.
Des éducatrices chargées de trouver des solutions pour des mineurs en difficulté dans leur famille constatent l’apparition d’une multitude de dysfonctionnements de l’aide sociale à l’enfance. Elles fondent un collectif pour rassembler tous les acteurs du secteur en Alsace, et dialoguer avec les élus.
« Pendant une semaine entière, chaque jour, j’ai vu un autre collègue fondre en larmes. Je me suis dit que ce n’était plus possible », se souvient Anne, éducatrice au service d’action éducative en milieu ouvert (AEMO), géré par l’association Arsea. Avec Mathieu et Marie, elle fait partie des initiateurs du collectif Protection de l’enfance Alsace en lutte, qui a émergé au printemps dernier et organise un premier rassemblement lundi 28 novembre devant l’hôtel du Département. Fin novembre, il compte environ 50 membres et son groupe sur le réseau social Facebook réunit 115 profils.
Anne, Mathieu et Marie effectuent des AEMO. Il s’agit de mesures de suivi de mineurs, suite à une décision d’un juge. Concrètement, l’éducateur se rend au domicile de la famille pour rétablir, avec les parents, de bonnes conditions de vie de l’enfant. Du moins, c’est la théorie. Du fait de leurs rôles, ces travailleurs sociaux sont aux premières loges pour constater les dysfonctionnements de la protection de l’enfance, comme l’explique Marie :
« Nous sommes en charge de trouver des solutions, donc nous devons souvent solliciter d’autres structures ou services pour les mettre en œuvre. Mais dans les foyers, les établissements médico-sociaux, il n’y a pas assez de places et de moyens. Les centres médico-psychologiques proposent des rendez-vous avec des psychiatres ou des prises en charge au bout de presque un an parfois. Les délais de la CAF et de la MDPH sont trop élevés, ce qui augmente les difficultés financières. On manque d’accompagnants d’élèves handicapés (AESH, NDLR), à cause de ça, beaucoup de jeunes ne sont pas encadrés à l’école alors qu’ils en auraient besoin. Il y a juste des défaillances partout, et en attendant, les familles et les enfants sont en détresse, leur état se dégrade. »
« Au bord de la rupture »
Marie donne l’exemple du suivi d’un frère et d’une sœur qui vivent chez leur mère : « L’un des deux a d’importants troubles du comportement suite à des violences intrafamiliales. Sa mère ne parvient plus à lui poser des règles, elle est dépassée par la situation car son enfant devrait avoir un encadrement psychologique. On attendait un rendez-vous chez le psychiatre avec le centre médico-psychologique depuis un moment, on a relancé cet été, pour l’obtenir en janvier 2023 seulement. En plus, elle n’arrive pas à subvenir financièrement aux besoins de ses enfants en raison d’un déménagement pour s’éloigner de son ancien compagnon violent et des délais de traitement de la CAF : elle ne touche à ce jour aucune aide au logement. Elle demande le placement de son fils, ce que le juge a suivi en juin, mais comme il n’y a pas assez de places, dans les foyers ou les familles d’accueil, le jeune est toujours chez sa mère. Elle est découragée, au bord de la rupture. »
Anne, employée au service AEMO depuis 2003, a vu la situation se dégrader au fil du temps. « Aujourd’hui, on se retrouve sans solution à proposer, et on est donc obligés de bricoler pour trouver des issues. Cela augmente fortement notre charge de travail », explique t-elle.
Dialoguer avec tous les élus qui ont un lien avec la protection de l’enfance
Dans le collectif, les fondatrices espèrent accueillir de nombreux acteurs de la protection de l’enfance pour analyser précisément quels sont les différents problèmes, et proposer des solutions. Anne ajoute :
« Nous dialoguerons avec les élus de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA, NDLR), puisque ce sont les départements qui ont la compétence de l’aide sociale à l’enfance. Mais nous avons une approche transversale. Les centres médico-psychologiques sont gérés par l’ARS, donc à l’échelle nationale et pas du département. Nous interpellerons toutes les institutions publiques nécessaires, et nous nous arrêterons quand il y aura une évolution concrète. »
L’une des mesures que les travailleuses sociales du service AEMO demandent, c’est une baisse du nombre de mineurs suivis par éducateur. « On en est à 31 jeunes en moyenne, ça peut monter jusqu’à 35. On aimerait en avoir 24 maximum, pour bien faire notre travail, qui demande du temps de dialogue et de réflexion », expose Mathieu.
« Les enfants en pâtissent »
Lors des Assises alsaciennes de la protection de l’enfance, Frédéric Bierry (LR), président de la CeA, a pointé les difficultés de recrutement d’éducateurs comme principal obstacle à l’amélioration de la situation, tout en indiquant que les grilles de salaire des travailleurs sociaux se décident à l’échelle nationale. Pour Marie, le manque d’attractivité des métiers du social est loin d’être lié uniquement à la rémunération : « La perte de sens est particulièrement difficile à vivre. Quand on a la sensation de ne pas avoir de solution, de bâcler notre travail par manque de temps, c’est très difficile. Ceux qui en pâtissent le plus sont les enfants. »
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Les États-Unis comme voie à suivre pour lutter contre l’avortement… C’est le thème d’une conférence prévue ce mercredi 23 novembre au Parlement européen. Plusieurs collectifs féministes ont décidé de protester à 18h, en manifestant au pied de l’institution.
Alors que les députés européens siègent en session plénière depuis lundi et jusqu’au jeudi 24 novembre, l’ONG European Centre for Law & Justice (ECLJ) organise, avec le soutien d’une députée européenne, une conférence anti-avortement au sein même du Parlement européen. Titre de la conférence : « Agir contre l’avortement aux États-Unis et en Europe : Quelle marche à suivre ? ».
Une ONG, une députée d’extrême droite, et l’ancien avocat de Trump
Sur son site internet, l’ECLJ se définit comme une ONG dédiée à « la promotion et la protection des droits de l’homme en Europe et dans le monde ». Fondée en 1998, elle dit « agir dans les domaines judiciaires, législatifs et culturels et défend en particulier le droit à la liberté religieuse, la vie et la dignité des personnes ».
Une ONG « pro-life », qui a donc décidé d’organiser cette conférence anti-avortement, avec comme invités, la députée européenne espagnole Margarita de la Pisa Carrion, élue en 2019 et membre du groupe des Conservateurs et Réformistes Européens (CRE) ou encore Andrew John Ekonomou, ancien avocat dans l’équipe juridique de Donald Trump quand il était président. Il est également présenté sur l’affiche de l’événement comme président du conseil de l’ECLJ.
Plusieurs collectifs féministes se rassemblent pour l’occasion
« Les gens qui organisent cette conférence sont enregistrés comme lobby officiel au Parlement européen, ce qui fait que dès qu’ils invitent des députés, ils ont le droit d’accéder à une salle. »
« Ce n’est pas un hasard », pour Cornélia Schneider, qui explique que « toute la sphère féministe de Strasbourg est mobilisée ». La militante espère également voir, dans les rangs de la manifestation de ce soir, quelques élus : « Nous avons interpellé la délégation aux droits des femmes de la Ville, Christelle Wieder, et nous attendons la venue de la députée Sandra Regol. »
La députée écologiste de Strasbourg a en effet été personnellement interpellée par l’ECLJ, qui lui a envoyé un courrier le 17 novembre dernier, accompagné d’une maquette de fœtus, comme elle le raconte sur son compte twitter.
Reçu aujourd’hui. L’avortement n’est pas en danger en France ? Vraiment ? Jeudi, nous voterons pour que ce droit des femmes à disposer de leurs vies et de leurs corps devienne enfin inaliénable#IVGpic.twitter.com/lTRIPByFrt
La coupe du monde de football a commencé dimanche 20 novembre au Qatar. Pendant le premier match de l’équipe de France ce mardi, un collectif militant et queer a décidé de jouer une partie aspergée de faux sang sur le parvis du palais de justice. Une première action qui en appelle d’autres.
Le premier coup d’œil est trompeur : des maillots de football floqués aux noms d’Eden Hazard et Mesut Özil (des joueurs belges et allemands), des chaussettes jusqu’au tibia et des baskets colorées. Pourtant, il ne s’agit pas, ce mardi soir, d’un banal match de foot urbain. « C’est une partie ensanglantée ! Pour dénoncer les violations des droits de l’homme et les menaces contre les personnes LGBT+ au Qatar », explique Cécile Mourier. Elle est membre des footeureuxses, un jeune collectif de personnes queer (de minorités sexuelles ou de genre) en mixité choisie (sans hommes cisgenres, c’est-à-dire qui se reconnaissent dans le genre assigné à la naissance).
Le noyau dur « d’environ 18 personnes », compte Cécile, se retrouve pour jouer de manière informelle depuis une petite année. « Mais nous sommes en train de nous structurer en association sportive, Olymqueer, dont nous serons la section foot », précise la joueuse arborant maillot et bonnet blancs.
« Montrer qu’on existe en tant qu’équipe queer »
Ce mardi soir, le groupe a décidé de jouer sur le parvis du palais de justice pendant le premier match de l’équipe de France au Qatar, pour fustiger « l’inaction de nos dirigeants et l’hypocrisie de la Fédération française de football » et parce que « le sport, c’est politique« . Barbouillée de faux sang, ayant tracé des slogans (« Coupe du monde de la honte », « la FIFA tue ») sur les t-shirts et sur un drapeau français taché, la petite dizaine de personnes présentes veut montrer un autre visage du ballon rond :
« On aurait pu faire un autre genre d’action, mais on voulait jouer. Parce que le foot, c’est trop cool, on adore ça ! C’est le foot de la FIFA qu’on n’aime pas. »
Cécile Mourier, membre des footeureuxses
Cécile ajoute que « l’idée était pour nous de montrer qu’on existe en tant qu’équipe queer, qu’on n’a pas peur d’être là, d’être visible, et de s’approprier l’espace public ». Elle encourage d’ailleurs les personnes « intéressées par une équipe non compétitive, de tout niveau » à les rejoindre.
D’autres contre-actions pendant le mondial et un autre match écarlate samedi
La joueuse insiste sur la vocation militante de la toute jeune association : « on souhaite organiser des événements, des rencontres, nouer des dialogues avec d’autres organisations militantes strasbourgeoises autour d’actions non-violentes ». Avec ses « partenaires », dit-elle, elle a l’idée « d’investir un bar qui boycotte le mondial et proposer autre chose, un documentaire sur le foot féminin par exemple… »
Dimanche après-midi, le premier jour du mondial, les footeureuxses avaient déjà joué au foot sur le même parvis et fait un « die-in » pour représenter les ouvriers morts sur les chantiers des infrastructures de cette coupe du monde. Ce mardi soir, au bout d’une vingtaine de minutes, le score ressemble plus à un match de handball : 10 à 8. Certaines entament « I will survive » à chaque but.
Elles donnent rendez-vous ce samedi à tous les volontaires qui veulent taper du ballon ensanglanté devant le tribunal. Ce sera pendant le match de l’équipe de France contre le Danemark à 17h.
Une centaine de magistrats, greffiers et avocats s’est rassemblée mardi devant le Palais de justice de Strasbourg à l’appel de plusieurs organisations syndicales. Les participants ont dénoncé les trop faibles moyens accordés à la justice et les conséquences délétères qui en résultent, pour tous les professionnels et les justiciables.
Pas d’audience dans les tribunaux mardi 22 novembre. Mises à part les comparutions immédiates, magistrats et greffiers ont tout renvoyé à une date ultérieure, afin de protester contre un état de délabrement de la justice qu’ils jugent incompatible avec l’exercice de leurs missions.
Mobilisés en décembre 2021 à la suite du suicide d’une jeune magistrate et d’une tribune signée par 3 000 juges et procureurs, ils ne constatent aucun changement dans les juridictions un an plus tard, et ce malgré les promesses du gouvernement. Mardi 22 novembre, lors d’un nouveau rassemblement sur les marches du Palais de justice, Isabelle Rihm, juge des libertés et déléguée régionale de l’Union syndicale des magistrats (USM), résume :
« Le ministère de la Justice indique que les problèmes de personnels sont réglés. C’est faux. La réalité, ce sont toujours des audiences surchargées qui se terminent trop souvent au milieu de la nuit, des délais au-delà du raisonnable, des jugements non expliqués, des décisions exécutées plusieurs mois, voire plusieurs années après. Ce sont toujours des tribunaux vétustes et des logiciels des années 90. »
« Aucun plan d’action, aucune perspective »
Judith Haziza, également juge des libertés et déléguée régionale adjointe du Syndicat de la magistrature (SM), reprend :
« Les recrutements prévus pour 2023 sont largement insuffisants. Aucun plan d’action n’a été défini malgré l’urgence de la situation et lorsque des organisations syndicales demandent une expertise sur le risque grave auquel sont exposés l’ensemble des personnels de justice, le ministère répond tout simplement “non”. »
Les responsables du tribunal étaient présents sur les marches, dont le président du tribunal Thierry Ghéra. Plusieurs dizaines d’avocats ont aussi manifesté. L’un d’entre eux, Pierre Rosenstiehl, a évoqué les délais auquel il était soumis désormais : 12 à 18 mois pour tous les contentieux, des convocations 18 à 24 mois après les faits, etc. « Dans une affaire d’urbanisme plaidée en février, le délai du jugement est prorogé tous les deux mois… et tout le monde attend. »
Cercle vicieux
Ces délais qui s’allongent provoquent souvent de nouveaux besoins de justice comme l’explique Frédéric Mauche, juge des affaires familiales, vice-président du tribunal de Strasbourg :
« Quand un couple qui se sépare est forcé par les délais de continuer à vivre sous le même toit, on peut craindre l’apparition de nouveaux faits qui nécessiteront de faire appel à la justice. Actuellement, nous répondons aux urgences mais comme à l’hôpital : le manque de moyens provoque le décalage de tout le reste… avec son cortège de complications. Nous devons retrouver la capacité de juger de manière adaptée, et non plus contrainte. »
« On pratique une justice d’abattage, 15 minutes par dossier »
Frédéric Mauche relève que la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (Cepej) estime que le tribunal de Strasbourg devrait fonctionner avec environ 140 magistrats. Ils sont pourtant deux fois moins. Juge des tutelles au tribunal d’instance de Haguenau et déléguée régionale du SM, Véronique Kretz est plus directe :
« Le tribunal de Haguenau a absorbé l’activité du tribunal de Brumath et de Wissembourg. Il y avait cinq magistrats, nous ne sommes plus que trois. On n’arrive plus à suivre ! On pratique une justice d’abattage, 15 minutes par dossier, avec le sentiment de mal juger. Quand on expédie, on se trompe. La justice, c’est écouter les gens et pour ça il faut du temps. »
Véronique Kretz remarque que de plus en plus de magistrats démissionnent, ce qui témoigne d’une « perte de sens » selon elle.