Selon le média d’investigation Disclose, l’oligarque russe Vladimir Lisin, à la tête de Novolipetsk Steel (NLMK) dont une usine est à Strasbourg, n’est pas ciblé par les sanctions européennes alors que son groupe a fourni en acier l’industrie militaire russe.
Disclose révèle dans un article publié le mardi 13 décembre que le groupe NLMK est exclu des sanctions imposées aux actifs russes par la Commission européenne depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février. Parmi ces actifs, l’usine d’acier laminé installée au port du Rhin de Strasbourg.
Cette usine emploie 144 personnes et transforme chaque année 400 000 tonnes d’acier pour l’industrie automobile et le bâtiment. Mais selon Disclose, NLMK a aussi fourni en acier l’industrie militaire russe depuis 2014 tandis que son propriétaire, Vladimir Lisin, 66 ans, pourtant proche de Vladimir Poutine, peut se déplacer librement partout en Europe.
Deux ans pour s’affranchir de l’acier russe
Selon des informations de Rue89 Strasbourg cependant, la filière sidérurgique de NLMK en Europe a deux ans pour trouver une source alternative à l’acier russe. Actuellement, les brames (blocs d’acier brut) proviennent de Russie et sont traitées à l’usine NLMK de La Louvière en Belgique, qui les transforme en bobines. Ces produits sont ensuite envoyés à Strasbourg pour qu’ils soient galvanisés et laqués.
Dans l’entreprise strasbourgeoise, on indique sous couvert d’anonymat ne pas souffrir des sanctions appliquées à l’industrie russe mais plutôt d’autres problèmes d’ordre économique :
« Comme toute l’industrie sidérurgique, nos coûts en énergie ont explosé, c’est plutôt ça qui ralentit la production mais le phénomène est général. À Strasbourg, nos fours fonctionnent au gaz donc il est question de moderniser la ligne de production, afin d’émettre moins de rejets et de consommer moins d’énergie. Un investissement de 35 millions d’euros est programmé… à condition qu’on trouve de l’acier brut ailleurs. »
Disclose révèle que NLMK a noué « au moins dix-huit contrats avec des entreprises du secteur de la défense russes depuis 2014 », notamment pour des « fournitures d’acier inoxydable, tôles d’acier laminées, ruban d’acier électrique, ou acier plaqué ». Le groupe industriel a répondu à Disclose qu’une « quantité négligeable d’acier de production civile » est allée vers l’industrie militaire russe.
Après la révélation d’un scandale de corruption touchant plusieurs membres du Parlement européen, dont la vice-présidente grecque qui a été placée en détention provisoire dimanche, l’ouverture de la séance plénière du lundi 12 décembre à Strasbourg a été marquée par une forte présence médiatique et des réunions de crise en tous genres.
« Vu l’agenda et les évènements, le service presse est un peu débordé », confie d’emblée l’une des attachées de presse du Parlement européen. La séance plénière du mois de décembre, réunion formelle des députés européens qui se déroule dans l’hémicycle strasbourgeois une fois par mois, risque d’être très particulière alors que la police belge fouille l’hémicycle bruxellois.
« Elle enchaîne avec la RTBF juste après France TV »
15h. Dans la vaste salle où sont rassemblés les journalistes qui ont l’habitude de couvrir les actualités européennes, on croise quelques eurodéputés. Il y a encore deux heures à attendre avant la séance inaugurale de la session plénière. Mais chacun a déjà son agenda bien rempli : l’ancienne ministre Nathalie Loiseau (Renew Europe), qui a déclaré « avoir déjà été approchée par des lobbys qataris » enchaîne France Télévisions et la RTBF.
Philippe Lamberts, président belge du groupe des Verts, prend quelques minutes pour défendre son institution en expliquant que « toute structure de pouvoir est perméable à la corruption », et que le Parlement européen « est fait d’êtres humains ». Toutefois, il reconnaît : « On attend de nous de l’exemplarité et les faits avérés sont graves ». Interrogé sur l’ambiance au sein de l’institution strasbourgeoise en ce jour très particulier, Philippe Lamberts glisse avoir « un sentiment très désagréable » :
« Je suis fier d’appartenir depuis 13 ans au Parlement européen, mais voir la réputation de cette institution salie m’attriste. Le risque d’amalgame est grand et les électeurs peuvent désormais croire que tout est permis. »
« Il y a trois semaines, l’attitude de certains socialistes était étrange »
Interrogé sur l’annonce du scandale de corruption et de l’arrestation de la vice-présidente grecque Eva Kaili ce week-end, Philippe Lamberts raconte « sa surprise totale » :
« Certes, il y a trois semaines, lors de la séance de novembre, l’attitude de certains socialistes à l’égard du Qatar était étrange, et on en avait parlé entre nous, au sein du groupe des Verts, mais de là à soupçonner une corruption, et des échanges de billets dans des valises, il y a un immense gouffre. »
Lors de la dernière séance de novembre, comme le raconte la députée européenne strasbourgeoise Manon Aubry, plusieurs députés du groupe socialiste S&D (le groupe auquel appartient Eva Kaili) avaient en effet refusé de voter une résolution condamnant le Qatar, entre autres sur le respect des droits de l’homme.
Mais le président du groupe des Verts tient ensuite à insister :
« Il ne faut pas que le soupçon pèse sur les 705 membres du Parlement européen. Il faut mettre à profit ce choc et prendre des mesures immédiates ».
Une réunion du groupe S&D : caméras et journalistes à l’affût
16h. 1er étage. Devant une petite porte rouge, un attroupement de journalistes. Des caméras, des micros, des carnets à la main. Il doit y avoir une réunion du groupe S&D (Alliance progressiste des socialistes et démocrates) d’une minute à l’autre. Et forcément, c’est l’effervescence médiatique puisque le groupe S&D est le groupe entaché par le scandale (deux des députés visés par l’enquête en sont membres).
Il y a des journalistes italiens, espagnols, allemands, français. Mais rares sont les députés qui acceptent de se livrer devant les caméras. Tous passent rapidement en rasant les murs, têtes baissées et visages fermés, avant de s’engouffrer dans la salle de réunion. Sandir Zsiros travaille pour la chaîne de télé Euronews. Il couvre tous les mois les séances plénières et il confie ressentir, lui aussi, une ambiance particulière aujourd’hui :
« On dirait que les députés vont à un enterrement. On sent que tout le monde est triste. D’habitude, il y a de la légèreté, de la joie. C’est vraiment la crédibilité de l’institution qui est touchée, c’est dommage. »
Et le journaliste hongrois montre le tweet fait quelques minutes auparavant par son président sur le Parlement : « Vous avez vu comme Orban se moque maintenant du Parlement ? ».
« Il faut savoir faire le ménage en son propre sein »
Raphaël Glucksman (groupe S&D), lui, prend le temps de s’arrêter et de parler quelques minutes aux journalistes :
« C’est un scandale gravissime et nous devons tout faire pour rétablir la confiance dans la démocratie. Cela fait deux ans et demi que j’alerte sur ces pratiques d’ingérence au sein du Parlement. Le Qatar et la Russie ont assuré les retraites dorées de dirigeants européens depuis des années. Il faut taper du poing sur la table. »
Interrogé sur le fait que le scandale provienne de membres de son propre groupe au Parlement européen, le député de gauche, élu depuis 2019 au sein de l’institution européenne, reste inflexible :
« La lutte contre la corruption est plus importante que n’importe quelle couleur politique. Puisque ce sont des députés de notre groupe, il faut que ce soit nous qui dirigions la lutte contre cette corruption et cette chasse aux corrompus. Il faut savoir faire le ménage en son propre sein, il faut lutter contre le “tous pourris”. »
De gauche à droite : « C’est une situation tragique »
17h. La sonnerie retentit dans tout le Parlement européen. C’est le début de la plénière. La présidente maltaise Roberta Metsola (membre du groupe nationaliste) débute son discours d’introduction en martelant, dès les premières secondes :
« Je viens de vivre les jours les plus longs jours de ma carrière. Et je vous assure, que ma furie, ma colère et ma tristesse sont aussi forts que ma détermination dans cette affaire. Le Parlement européen est attaqué. Et la démocratie européenne est attaquée. »
Au même moment, certains députés retardataires se pressent pour rentrer dans l’hémicycle. Valises à la main, certains arrivent directement de la gare. Marisa Matias est portugaise, membre du groupe de la gauche au Parlement. Sur son visage fermé, on lit de la tristesse et du désarroi :
« Je suis très déçue. Evidemment il faut laisser le temps à la justice et il faut que l’enquête aboutisse, mais quand on regarde en général, sur tous les sujets, il y a une telle ingérence des lobbies sur le Parlement européen, c’est vraiment une situation tragique. Il nous faut des règles bien plus transparentes. »
Du côté droit de l’hémicycle, les députés européens semblent eux aussi secoués par la nouvelle. Anne Sander est députée et questeur européenne depuis 2019, membre du groupe PPE (démocrates chrétiens) :
« L’ambiance d’aujourd’hui est très particulière. Il y a un grand sentiment d’injustice. Ce qui est injuste, c’est que l’ensemble de la classe politique européenne soit éclaboussée par ce scandale. Et c’est l’image du Parlement européen qui est profondément et injustement ternie par cette affaire de corruption. »
Satisfecit général : « la justice a fait son travail »
Globalement, si les députés interrogés semblent tous sous le choc, ils veulent croire que l’institution se relèvera plus forte de ce séisme. Tous ont également souligné l’importance de la justice, qui a pu mener son enquête sans entrave (l’immunité parlementaire n’étant pas valide en cas d’enquête en flagrance). Comme un satisfecit général qui dirait aux citoyens européens : « vous voyez, nous ne sommes pas intouchables ».
Anne Sander affirme ainsi, « je me félicite que les autorités aient pu faire ce travail et que ces pratiques aient été démasquées ». Alors que l’enquête menée par le parquet belge se poursuit, les eurodéputés votent la mise en place d’une commission spéciale sur ces faits de corruption. D’autres jours longs et mouvementés à venir au sein de l’hémicycle strasbourgeois.
Avec les basses températures, la préfecture du Bas-Rhin a mobilisé le gymnase Branly dans le but d’y accueillir des personnes sans-abri. Dans la soirée du lundi 12 décembre, la Croix rouge préparait le site pour sa conversion en centre d’hébergement d’urgence.
Lundi 12 décembre vers 18h30, dans le quartier des Contades, la Croix rouge prépare le gymnase Branly pour y accueillir des personnes sans-abri. La température est glaciale : 4 degrés Celsius sous zéro. Et elle devrait descendre jusqu’à -6°C pendant la nuit.
Un homme et une femme d’une cinquantaine d’années demandent s’ils peuvent entrer. « On a encore besoin d’une heure ou deux pour tout installer », lance un bénévole de l’association, sous contrat avec l’État pour cette opération. Un employé du service des sports de la Ville de Strasbourg est présent également : « On n’est pas certain que le gymnase sera disponible dès ce lundi soir, peut-être que ça ne sera que mardi. On attend les consignes de la préfecture. »
« La situation devenait intenable »
D’après plusieurs personnes sur place, la salle de sport peut accueillir entre 80 et 100 personnes, sur des lits pliables, afin de permettre au Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO, le 115) de les proposer aux personnes sans-abris.
Lundi soir, deux membres du collectif Pas d’enfants à la rue, composé de parents d’élèves et de personnels de l’éducation, s’apprêtaient à passer la nuit en compagnie d’une famille géorgienne, dont quatre enfants de 6, 7, 10 et 13 ans, dans l’école du Hohberg à Koenigshoffen où sont scolarisés les trois plus jeunes : « La situation devenait intenable, dangereuse. Ils dormaient dans une voiture », explique Cecilia Quintiliani, militante du collectif et infirmière scolaire. Le collectif ne se satisfait pas de la situation :
« Soulagés pour cette famille ce soir, nous regrettons par ailleurs qu’il s’agisse d’un hébergement d’urgence dans un gymnase avec tous les problèmes d’insécurité et de promiscuité que cela pose. Nous attendons un geste fort pour une prise en charge immédiate et pérenne de cette famille. »
Le gymnase, mis à la disposition de la préfecture par la Ville de Strasbourg au cours du week-end, devrait rester ouvert cette semaine dans le cadre du « Plan Grand Froid » de l’État, dont les niveaux de vigilance s’activent selon les températures et les prévisions météorologiques. Selon la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EE-LV), des centaines de personnes dorment sans-abri à Strasbourg.
Dans la soirée de lundi, la préfecture du Bas-Rhin a publié un communiqué confirmant la mobilisation du gymnase Branly en précisant qu’en outre, les horaires des maraudes en soirée ont été étendus, et que les accueils de jour verraient également leurs heures d’ouvertures étendues.
Le conseil municipal de décembre devrait entériner une baisse générale des subventions aux structures culturelles. Mais les polémiques sur le campement de migrants de la place de l’Étoile et le financement des cultes vont s’inviter au programme.
Une bonne partie des structures culturelles strasbourgeoises renouvellent leurs conventions de subventionnement lors de ce conseil municipal du lundi 12 décembre. En 2021, la municipalité écologiste avait demandé à ces structures et associations un effort budgétaire dans le cadre d’une économie générale sur les dépenses de fonctionnement. Le budget Culture est le premier de la Ville de Strasbourg avec 86,6 millions d’euros.
Après quelques crispations et négociations, il a été arrêté une baisse générale de 2,5% des dotations annuelles à partir de 2023, ce qui donne 7 502 945€ pour 13 structures :
Deux structures sont exclues de cette baisse générale : la Laiterie parce que la salle doit fermer plusieurs mois pour des travaux en 2024 et les Percussions de Strasbourg. Quatre structures seront par ailleurs aidées par l'Eurométropole pour la première fois, à hauteur de 50 000€ chacune : l'Espace Django, la Choucrouterie, la Maison Bleue et l'Espace K.
À noter l'apparition d'une nouvelle structure, Relatio, dont l'objectif est de créer un festival biannuel autour du livre et de la littérature à Strasbourg et dont le président est l'avocat strasbourgeois Bernard Alexandre. Relatio, formée par 22 personnes "de la société civile" dont les journalistes Serge Hartmann, Pascal Coquis, Françoise Schöller et François Wolfermann des Bibliothèques idéales, a remporté un appel à manifestation d'intérêts pour organiser ce temps fort, qui s'intégrera en 2024 dans Strasbourg capitale mondiale du Livre. Les grands axes de la programmation de Lire notre monde seront dévoilés au printemps 2023, soit un an avant le début de l'opération.
Neuf millions européens bienvenus
Lors d'une présentation à la presse jeudi, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EE-LV) s'est félicitée de l'inclusion d'un "fonds culture" de 9 millions d'euros pour la première fois dans le contrat triennal, un dispositif de 188 M€ de l'État et de la Région Grand Est pour soutenir la vocation européenne de Strasbourg :
"Plus de 40% de ce montant est déjà versé ou fléché... Après 11 dossiers validés pour 411 000€ en septembre, ce sont 27 projets qui seront aidés en décembre pour plus d'un million d'euros. C'est la démonstration qu'il existe à Strasbourg un écosystème dynamique en faveur d'une politique européenne qui s'intéresse au projet européen dans sa globalité."
Parmi ces projets, les programmes de création et de résidence du Centre européen d'actions artistiques contemporaines (Ceaac) et de Central Vapeur qui vont pouvoir s'adresser à des artistes internationaux, ainsi qu'un programme de coopération des écoles d'art européennes. Une partie subventionne la nouvelle saison de la série télévisée Parlement.
Ce fonds culturel à vocation européenne devrait être pérennisé selon Jeanne Barseghian mais l'opposition municipale, par les voix d'Alain Fontanel (Renaissance) et de Pierre Jakubowicz (Horizons) dénonce un "détournement du fonds triennal pour compenser des coupes budgétaires".
Jeanne Barseghian a tenu à rappeler aux journalistes jeudi qu'elle faisait du soutien à la culture un axe fort de sa mandature, ce qui ne va pas de soi après l'émoi provoqué par la fermeture deux jours par semaine des musées de Strasbourg pour des raisons budgétaires, et qu'une partie du secteur culturel peine par ailleurs à se retrouver dans la politique de la municipalité écologiste. Symbole de ces hésitations, le théâtre de Hautepierre, toujours vide et sans gestionnaire malgré plusieurs mois de concertation avec les acteurs culturels et des habitants. Anne Mistler, ajointe à la maire à la Culture, promet sa réouverture avec un projet adéquat avant la fin du mandat (mars 2026).
Le reste de l'ordre du jour du conseil municipal est surtout constitué de délibérations techniques mais il est agrémenté de huit interpellations dont la première, signée Jean-Philippe Vetter (LR) prévoit de revenir sur les jugements du tribunal administratif à propos de la mosquée Eyyub Sultan et de l'évacuation du camp de l'Étoile. Bien que les deux sujets soient très différents, ce sont deux dossiers perdus par la municipalité face à la préfecture du Bas-Rhin, tandis qu'un troisième problème, sur la délibération-cadre des cultes, se profile... La question du conflit entre la préfète du Bas-Rhin et la maire de Strasbourg sera donc inévitablement en débat en fin de ce conseil municipal.
Le Collectif de solidarité avec le peuple iranien appelle à une nouvelle mobilisation dimanche 11 décembre à Strasbourg, alors que le régime a exécuté un premier manifestant.
La révolte engagée mi-septembre en Iran contre les exactions de la police des mœurs se poursuit, malgré la répression du régime religieux. Jeudi 8 décembre, Mohsen Shekari, un manifestant de 23 ans, a été exécuté. Le Collectif de solidarité avec le peuple iranien de Strasbourg (Csapi) appelle à un rassemblement silencieux, dimanche 11 décembre à 15h, place de la République à Strasbourg.
Mohsen Shekari avait été emmené par la police le 25 septembre, une semaine après le soulèvement qui a suivi la mort, le 16 septembre, de Mahsa Amini, 22 ans, arrêtée et battue par la police des mœurs pour un voile « mal porté ». Jugé pour « inimitié à l’égard de Dieu » selon une agence de presse du pouvoir iranien, Mohsen Shekari aurait également blessé un membre des milices des gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime.
Selon plusieurs sources, plus de 18 000 personnes ont été interpellées depuis le début du soulèvement et au moins 80 personnes ont été jugées coupables « d’inimitié à l’égard de Dieu » en Iran et pourraient subir le même sort. Au moins 450 personnes ont été tuées dans les rues lors des émeutes.
Tout au long de la semaine, des mobilisations se sont succédées dans les campus universitaires et des grèves de commerçants ont touché une cinquantaine de villes. À Téhéran, des tentatives de manifestations ont à nouveau été réprimées par les forces de l’ordre.
Fruit d’un partenariat entre La Chambre, le Réseau Diagonal et Kateryna Radchenko, Paysage présage rassemble, jusqu’au 29 janvier, le travail de quinze photographes et collectifs d’artistes ukrainiens. Visite d’une capsule temporelle poignante.
Depuis le déclenchement de l’offensive russe le 24 février 2022, le paysage médiatique occidental est assailli par les images de la guerre en Ukraine. Difficile d’échapper aux clichés de destruction, de corps meurtris et de populations épuisées, tant ils circulent sur les réseaux sociaux et les médias traditionnels. Et bien qu’il soit nécessaire de rendre compte des horreurs commises, ce constat de saturation a fait émerger une envie, un besoin même, de montrer l’Ukraine sous des jours différents.
La tenue d’événements culturels étant compromise sur le sol ukrainien, Kateryna Radchenko, fondatrice et directrice du festival Odesa Photo Days (consacré depuis 2014 à la promotion du travail de photographes ukrainiens) a concrétisé cette envie au-delà des frontières, sur les murs de La Chambre, place d’Austerlitz à Strasbourg. De l’urgence de la situation est née Paysage présage, une sélection de photographies bouleversantes, toutes réalisées avant l’éclatement du conflit, qui évoquent la singularité des paysages ukrainiens, de l’identité et du quotidien de ses populations.
L’exposition se déroule en trois actes qui, à leur manière, tissent les liens étroits entre le lourd héritage historique du pays et sa situation actuelle. Les subtilités culturelles et géographiques ukrainiennes sont ici complimentées par le large panel de sensibilités plastiques et esthétiques dont fait preuve l’ensemble des artistes représentés.
Vestiges du passé soviétique
Les allures post-apocalyptiques de Lviv – God’s Will (2017), œuvre d’introduction de l’exposition réalisée par Via Poliakov, rendent compte de l’état léthargique dans lequel se trouvent une grande partie des villes ukrainiennes. Le fond jaune, qui constitue la seule intervention de l’artiste et rappelle les cieux arides et pollués de certains univers de science-fiction, est pourfendu par les restes d’une statue. Rongée par les êtres et le temps, sûrement soumise à un démantèlement partiel, elle ne laisse entrevoir que son squelette d’acier et quelques figures typiques du réalisme soviétique. Les détails restants font apparaître le buste d’un soldat montant un cheval lancé dans les airs, dans une posture héroïque censée rappeler la « réalité sociale » des combattants et ouvriers soviétiques.
Le mètre cinquante d’envergure de la photographie rend justice à la quête de gigantisme qui animait les commanditaires de tels monuments. Leurs ambitions démesurées sont aujourd’hui confrontées à la réalité et la carcasse flotte toujours dans le ciel, comme un appel à l’humilité.
Le paysage urbain ukrainien porte encore de nombreux stigmates de la domination soviétique. Et si l’effondrement de l’URSS a signifié l’indépendance de l’Ukraine, elle a également signé la dégradation, voire l’anéantissement de ses capacités financières. Les villes se sont vues livrer à elles-mêmes, privées de tout plan d’urbanisme et d’institutions les encadrant, ainsi condamnées au délabrement.
Virage nostalgique
L’exposition prend alors un virage nostalgique grâce au travail de Taras Bychko. L’artiste originaire de Lviv déploie une série de photographies de rue aux tons chaleureux, aux couleurs saturées et aux textures granulées dont seule la photographie argentique détient le secret.
Out of Time (Hors du temps, 2018) présente des scénettes de la vie quotidienne, dérobées dans les rues et les commerces des grandes villes du pays. Une enfant remplit une bouteille d’eau devant un camion tout droit sorti des années 1970. Une femme patiente chez le coiffeur, devant un mur à la peinture délavée, la tête logée dans un casque de séchage de la même époque. Enfin, une silhouette traverse une rue du centre de Lviv dans la hâte, pour éviter un tramway dont les lignes rappellent ceux de San Francisco.
La date de prise de vue est confuse. Quelques objets parsemés dans le cadre trahissent notre siècle, mais ces clichés semblent provenir d’un autre temps, comme figés dans une époque révolue. Tout dans les décors, les personnes représentées à l’image, l’architecture des bâtiments respire l’anachronisme et porte encore les traces de l’influence soviétique. Entretenu par la technique employée et l’habileté du photographe à convoquer une esthétique passée, presque réconfortante, ce flou temporel témoigne des contrastes économiques et technologiques qui marquent encore l’Ukraine. Malgré les bouleversements culturels qu’il a connu et l’ouverture au capitalisme au début des années 1990, le pays conserve encore aujourd’hui de nombreux artefacts antérieurs à cette époque. Ce phénomène se reflète justement dans le travail de Taras Bychko.
Foyers et déportations
Feintant l’architecture brutaliste et fonctionnelle des grands ensembles soviétiques, les colombiers de Kiyv, compilés dans la série de Oleksander Navrotskiy, tombent aujourd’hui en désuétude et sont laissés à l’abandon. Les photographies en noir et blanc donnent à voir ces édifices sous toutes leurs formes. Ils occupent généralement le centre du cadre et détonnent avec le fond de l’image tapissé d’immeubles en béton. D’aucuns diront que l’intérêt de l’œuvre est limité, que les qualités plastiques de Dovecotes (2019-2022) sont loin de transcender les canons de beauté et que la série peut sembler répétitive. Mais d’autres choisiront d’y voir une allégorie du peuple ukrainien ayant fui son foyer, en attendant que le calme regagne les rues de Kiyv. Là réside toute la force de l’œuvre.
Le foyer, justement, est au cœur de ce second acte. Régulièrement soumise aux déplacements et aux déportations, la population ukrainienne a connu de nombreuses privations de son propre foyer. Alina Sutko porte un regard empathique et intimiste sur les victimes de persécutions en Crimée. Le portrait de cette femme tenant son enfant, au regard fuyant l’objectif et à qui l’on a retiré son mari, cristallise un déchirement collectif à tous ses pairs. Si le style d’Alina Sutko baigne dans la sobriété, que l’image conserve des tons naturels et n’est quasiment pas soumise à la retouche, New Hybrid Deportation (2016-2019) montre avec finesse les vies chamboulées par les persécutions russes sur les minorités ukrainiennes.
La troisième et plus riche partie de Paysage présage se concentre sur un pressentiment transversal au travail des différents artistes qu’elle intègre. Chacune des séries exposées traduit un besoin de documenter les paysages, urbains et naturels, encore préservés de la guerre. La subtilité intervient lorsque l’on regarde ces différentes photographies avec un œil attentif. Nombre d’entre elles pourraient également avoir été produites ces dix derniers mois. À ce moment précis, l’exposition redouble d’épaisseur. Chacune des photographies peut être scrutée avec attention pour déceler des détails qui en changeraient complètement la perception, suivant le contexte de visionnage.
Kharkiv (2009-2011), présentée par le collectif Shilo (Sergiy Lebedynskyy et Vladyslav Krasnoshchok), entretient parfaitement ce doute. Réalisés à partir de techniques de photographies anciennes, ces tirages enépreuves gélatino-argentiques (un des plus anciens procédés chimiques d’enregistrement de l’image argentique) sont maculés d’un grain épais qui fond les corps et les objets dans la masse de décors offerts par les rues de Kharkiv.
Collectif Shilo (Sergiy Lebedynskyy et Vladyslav Krasnoshchok), Kharkiv, 2009-2011, photographies en épreuve gélatino-argentique, courtesy de Alexandra de Viveiros Gallery. Photo : de Valentin Laurent
Les noirs profonds, les imperfections liées au procédé de fixation de la photo, le flou récurrent instaurent une atmosphère sinistre et un sentiment d’urgence. Kharkiv semble déjà plongée dans la guerre. Sur une des photographies, un homme s’enfuit, son chien dans les bras, pour échapper à un éclair. Le ciel tourmenté qui se dresse derrière lui semble déjà chargé de cendres, alors qu’il ne s’agit que d’un orage.
Sur une autre image, les rues de la ville sont vides, comme si elles avaient été désertées à l’approche des combats. Enfin, vient cette photographie d’un homme maigre faisant mine d’être intimidant. Chaque image interprète à sa façon la grammaire visuelle du reportage de guerre, alors que cette dernière n’était pas encore aux portes de la ville. La démarche artistique est puissante, l’effet produit l’est encore plus.
Collectif Shilo (Sergiy Lebedynskyy et Vladyslav Krasnoshchok), Kharkiv, 2009-2011, photographies en épreuve gélatino-argentique, courtesy de Alexandra de Viveiros Gallery. Photo : Valentin Laurent
Cataclysme imminent
Paysage présage révèle une anxiété latente, retrouvée dans toutes les images, comme si, au fond, tout le monde savait que la catastrophe était proche, malgré le déni des politiques et d’une partie de la population. Les manœuvres militaires, la présence d’arsenal et d’infrastructures fondus dans l’environnement naturel documentées dans la série Location classified (2017-2019) de Mykhaylo Palichak laissent entrevoir des bribes de cette anxiété. La déflagration d’une bombe dans un bassin, représentée dans un très grand format occupant un pan de mur entier, montre que l’Ukraine se préparait, à raison et dans le secret, à toutes les éventualités
Malgré la diversité de techniques et de genres photographiques représentés, Paysage présage parvient à conserver une forte cohérence thématique. À travers cette série d’images capturées avant l’offensive russe, l’exposition reflète des sensibilités distinctes et la multiplicité d’attitudes qu’expriment les Ukrainiens et Ukrainiennes à l’égard de leur identité, leur histoire et leurs paysages. Elle invite à réfléchir à la manière dont la perception des œuvres, leur sens et, enfin, leur appréciation changent en fonction du contexte de visionnage. Paysage présage offre ainsi un regard unique sur un pays dont le visage sera à jamais changé par la guerre. Elle est d’importance capitale.
La préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, estime que la délibération de la Ville de Strasbourg en faveur du financement des cultes est "entachée d'illégalités manifestes" et demande son retrait. Le texte avait pourtant été adopté suite à une large concertation dont faisaient partie des "représentants de l'État" selon la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian.
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Une équipe organise un « théâtre forum » en deux temps au théâtre TJP et au TNS autour de Julian Assange. L’objectif est de sensibiliser le public sur la situation du lanceur d’alerte fondateur de Wikileaks, menacé d’être emprisonné à vie aux États-Unis.
Qui se souvient de Wikileaks et de son fondateur Julian Assange ? Lancée en 2006, la plate-forme a publié des documents bancaires ou judiciaires mais elle est surtout connue pour avoir publié en 2010 les « war logs », une série de rapports de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Depuis cette date, Julian Assange est pourchassé par la justice américaine, qui réclame son extradition du Royaume-Uni où il est emprisonné.
Cette histoire a ému Sahra Datoussaid, comédienne et dramaturge, et Sarah Siré, comédienne et metteuse en scène. Les deux bruxelloises ont créé Assange Odysseia, un objet théâtral entre le documentaire et le tribunal, afin de définir de quoi la tragédie de Julian Assange est révélatrice :
« Nous avons constaté que son histoire tombait dans l’oubli voire s’évaporait dans l’image d’une figure controversée. Il nous semblait pourtant qu’elle interrogeait les limites de nos démocraties. Grâce à Wikileaks, les secrets d’État pouvant être qualifiés de crime de guerre, de torture et de corruption sont parvenus à la connaissance de toutes et tous. Et pourtant ce travail “d’historien du présent” a privé Julian Assange de sa liberté. »
Sahra Datoussaid et Sarah Siré présentent l’objectif d’Assange Odysseia
La séance publique de ce « théâtre forum » ou « théâtre documentaire » est prévue mardi 24 janvier au Théâtre national de Strasbourg tandis que trois sessions de préparation publiques également sont programmées vendredi 9 et samedi 10 décembre au théâtre TJP. Il s’agit d’y réfléchir sur le cas de Julian Assange et à la manière de le raconter au public.
Renaud Herbin, directeur du théâtre TJP, détaille :
« Il y a un symbole fort de programmer cette odyssée à Strasbourg, siège de la Cour européenne des droits de l’Homme. On espère que des citoyens se mobiliseront puisqu’il faut discuter la forme finale que prendra le spectacle, la mise en scène, etc. »
Sahra Datoussaid et Sarah Siré ont déjà intégré plusieurs experts dans la construction de la narration, dont Françoise Tulkens par exemple, juge à la CEDH de 1998 à 2012, ou Rafael Correa, l’ancien président de l’Équateur, qui a accordé l’asile de son ambassade à Londres à Julian Assange, Amnesty international, des juristes pour démêler la saga judiciaire et des journalistes. Leur travail s’inscrit aussi dans les pas de Milo Rau, dramaturge et essayiste suisse, créateur du tribunal d’opinion sur le Congo.
« Parole aux taulards » – Épisode 4. À la maison d’arrêt de Strasbourg, l’accès aux ateliers est un privilège. Jacques en a bénéficié pendant plusieurs années avant de perdre son poste. Il raconte la dureté d’une détention sans le sou.
Depuis janvier 2022, les bouteilles Fischer ont déserté les ateliers de la maison d’arrêt de Strasbourg. Pendant plusieurs années, des prisonniers strasbourgeois ont travaillé chaque jour pour installer la fermeture mécanique emblématique de ces bières au bouchon couvert du petit Hans. Puis le groupe Heineken a décidé d’opter pour la capsule métallique sur les bières Fischer. C’est ainsi que 22 postes de travail ont été perdus dans la prison strasbourgeoise. Ainsi qu’en témoigne un responsable syndical du personnel de la prison qui a préféré garder l’anonymat :
« Il y a 20 ans, il y avait une centaine de détenus qui travaillaient dans les ateliers. Les surveillants faisaient venir des petites boites grâce à leur relation avec ces entreprises. Puis la gestion des ateliers est passée à une entreprise privée. Maintenant ils sont à peine 60 à pouvoir travailler aux ateliers. »
À la prison de Strasbourg, l’accès au travail est un privilège. Photo : Abdesslam Mirdass
À la maison d’arrêt, le travail se fait rare
Selon nos informations, les principaux pourvoyeurs d’emplois en détention strasbourgeoise sont aujourd’hui les entreprises Würth, Cartonnages d’Alsace ou Éco-idée. À cela s’ajoutent les détenus qui travaillent pour la prison. Ils sont par exemple auxiliaires pour le nettoyage ou la distribution des repas. La tendance est clairement à la baisse du travail pour des entreprises privées en prison. En 2015, à la maison d’arrêt de Strasbourg, ils étaient 90 détenus à travailler dans les ateliers.
À la maison d’arrêt de Strasbourg, le travail est une denrée rare. Avec une soixantaine de postes pour plus de 650 détenus, il est accessible à moins de 10% de la population carcérale. Les détenus et anciens prisonniers interviewés pour cette série « Parole aux taulards » en témoignent. « Ils te donnent jamais de retour pour ton inscription au travail en maison d’arrêt, regrette Valentin, moi on m’a interdit le travail au cours de plusieurs incarcérations pour des propos insultants à l’égard d’une surveillante. » Achraf confirme : « J’ai demandé à travailler. Mais je n’ai jamais eu de réponse. Quand j’ai fait ma dixième requête, ça faisait un an et demi que j’étais sur la liste d’attente. »
Dans les ateliers de la maison d’arrêt de Strasbourg. Photo : Abdesslam Mirdass
« J’ai eu le taff par un piston »
Pour Sofiane, il est évident qu’un détenu strasbourgeois n’obtient un poste de travail que par la corruption. Il en témoigne, de sa propre expérience :
« On peut rendre un service à un surveillant par exemple. Ça arrive que les surveillants utilisent un détenu pour faire chier un autre détenu. Certains surveillants demandent de frapper un détenu parce qu’ils ne veulent pas le faire eux-mêmes. Moi, le travail d’auxiliaire qu’ils m’ont donné, pour toutes les peines que j’ai faites, j’ai eu le taff par un piston. »
Jacques connait ce pistonnage. Il a attendu huit mois pour obtenir un poste de travail aux ateliers de la maison d’arrêt de Strasbourg : « Pendant ces huit mois d’attente, j’ai vu des détenus arriver en détention et commencer tout de suite à bosser. » Il a ensuite travaillé pendant plusieurs années au sein de la prison strasbourgeoise :
« J’ai été chef d’équipe. Je sais que les embauches ne se font pas en commission. Elles se font par le bouche à oreille, entre le contremaître et les détenus. Selon la charge de travail, on passe de huit à 25 employés. Quand il y avait un besoin urgent en personnel. On prenait n’importe qui qu’on connaissait, sans regarder la liste d’attente. »
« La paye me permettait d’acheter un peu de viande »
Sans proche pour l’aider financièrement, Jacques a besoin de ce salaire pour améliorer son quotidien en prison : « Je gagnais 1 400 euros bruts par mois, pour un travail de 7h30 à 13 heures tous les jours de la semaine. On faisait l’emballage pour des produits Würth. La paye me permettait de cantiner du café, les aliments du petit-déjeuner, un peu de viande et un peu de pâtes… »
Puis Jacques a perdu son poste. Il parle d’une dénonciation calomnieuse d’un travailleur de l’atelier sans donner de précision, de crainte d’être reconnu dans son témoignage. « Depuis cette décision de m’écarter de l’atelier, je n’ai plus aucun revenu. On vit avec 20 euros par mois. Dans cette situation, impossible d’acheter à manger. Les contacts avec mes enfants sont aussi réduits parce que la cabine téléphonique coûte extrêmement cher, sur un portable 18 centimes par minute, 8 centimes sur un fixe. » Comme l’indique la section française de l’Observatoire International des Prisons (OIP) :
« L’accès au téléphone (en cabine, et depuis peu, en cellule dans une poignée d’établissements) est très onéreux en prison : jusqu’à 110 euros par mois pour 20 minutes d’appel quotidien vers des portables (vers l’étranger ou les collectivités d’outre-mer, un seul appel de 20 minutes sur un fixe peut atteindre 25 euros). »
Lors de sa visite parlementaire, le sénateur écologiste Jacques Fernique avait déploré la vétusté des ateliers de la prison. Photo : Abdesslam Mirdass
Cette perte de revenu constitue une autre source d’angoisse pour Jacques. Comme tout détenu, il espère obtenir une remise de peine. Or cette sortie anticipée de la détention dépend des commissions Réduction de Peine Supplémentaire (RPS), comme l’explique le détenu strasbourgeois : « Sans salaire, je ne peux plus payer les parties civiles. J’ai plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts à payer. Si je ne peux pas le faire, c’est pris en compte par la commission qui ne me donnera pas de remise de peine… »
Les effets contrastés de la réforme du code pénitentiaire
Avec la réforme du code pénitentiaire appliquée depuis mai 2022, le travail en prison a été profondément réformé. Ce changement donne plus de droits aux détenus, comme l’explique Thierry Kuhn, directeur d’Emmaus Mundo et acteur de cette réforme qu’il défend comme « un moyen de sécuriser la sortie avec une vraie activité, la plus proche du contrat de travail, avec un salaire horaire fixe (les détenus étaient souvent payés à la pièce produite, NDLR), un droit à la formation et aux congés… » Du côté de la directrice du centre de détention d’Oermingen, connu pour son taux d’emploi record (70% des détenus y travaillent), on exprimait plutôt l’inquiétude de voir les concessionnaires quitter l’établissement. À la maison d’arrêt de Strasbourg, pour l’instant, aucune entreprise n’a cessé son activité en lien avec cette réforme.
Lors d’une conférence de presse à Paris mercredi 7 décembre, des élus alsaciens ont présenté l’augmentation des cadencements de trains prévue autour de Strasbourg à partir du lundi 12 décembre. Mais des dysfonctionnements sont à prévoir, étant donné le manque de personnel à la SNCF selon des associations d’usagers et des syndicats de cheminots.
À partir de ce lundi 12 décembre, les usagers des transports en commun bas-rhinois découvriront le réseau express métropolitain européen (REME). « 800 trains supplémentaires par semaine, avec de plus grandes amplitudes et une intensification le week-end dès ce mois de décembre. En septembre 2023, on augmentera encore pour arriver à 1 000 trains en plus », résume Jean Rottner (LR), président de la Région Grand Est. L’élu haut-rhinois est fier de présenter le REME, « une première nationale », à Paris, à la Maison de l’Alsace ce mercredi 7 décembre. Le ministre des Transports Clément Beaune est présent pour l’occasion.
Le projet est issu d’une collaboration entre la Région et l’Eurométropole de Strasbourg, dont la présidente Pia Imbs (sans étiquette), rappelle les investissements des deux collectivités :
« Le REME, c’est 15 millions d’euros supplémentaires par an, répartis équitablement entre la Région et l’Eurométropole. Il répond à trois objectifs : réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports, donner plus possibilités de déplacement alternatives à la voiture du fait de l’augmentation du prix du carburant, et améliorer la qualité de l’air à Strasbourg, en synergie avec la mise en place de la ZFE. »
Jean Rottner a présenté le REME en présence du ministre des Transports, à Paris, mercredi 7 décembre. Photo : Jean-Luc Stadler / Région Grand Est
Manque de personnel
Les élus locaux insistent : le REME concerne aussi les bus et les cars, dont la fréquence et la rapidité des lignes seront aussi augmentées. Un beau projet sur le papier, salué par le ministre et le P-DG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, qui participe aussi à l’événement, « un jour de fête », dit-il.
Le REME a vocation a structurer les transports régionaux de tout le Bas-Rhin Photo : carte Région Grand Est
Pas sûr que les syndicats des cheminots apprécient, même si sur le principe, ils soutiennent le projet. Ils étaient en grève le 25 novembre pour dénoncer une augmentation des cadencements irréaliste et diffusaient un tract pour l’occasion, demandant « les moyens de travailler » :
« À l’heure actuelle, de nombreux trains sont supprimés. Prétendre augmenter le plan de transports alors que nous n’avons déjà pas les moyens de tenir la charge actuelle est une arnaque. […] Plus de retards, plus de suppressions, moins d’informations… C’est malheureusement à cela que risque de ressembler le REME 2023. »
Jean Rottner : « Encore cinq ans de travail »
Les associations d’usagers ASTUS et Bruche-Piémont Rail font la même observation : il manque du personnel et du matériel. Elles s’inquiètent aussi d’une dégradation quasi-automatique du service des TER au-delà de l’étoile strasbourgeoise, à cause d’une concentration des efforts localisée autour de l’Eurométropole. Interpellé sur ces sujets, Jean Rottner a concédé que des dysfonctionnements risquent d’avoir lieu au lancement : « Le rail, c’est du temps long, on travaille depuis quatre ans sur ce projet, et on a encore cinq ans de travail. »
À son lancement, le REME risque de pâtir de suppressions de trains. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg
Concernant le manque de moyens, le P-DG de la SNCF a rapidement répondu que sa société travaillait pour « résoudre ces problèmes de fond ». La direction de l’entreprise ferroviaire expliquait à France Bleu que 37 conducteurs ont été recrutés (sur 83 nécessaires pour le fonctionnement du REME) et seront opérationnels avant le 12 décembre, et que les cheminots d’autres régions et des retraités pourront aider. Pas évident, vu la pénurie générale de conducteurs de trains en France. La SNCF ne parvient plus à recruter suffisamment, dans un contexte où certains avantages des cheminots ont été supprimés par le gouvernement, alors que les horaires difficiles et les gros déplacements persistent.
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Avec Nos frangins, Rachid Bouchareb revient sur l’homicide du jeune étudiant Malik Oussekine par des policiers français en 1986, et celui – beaucoup moins connu – d’un autre jeune, la même nuit : Abdel Benyahia. Rencontre avec le réalisateur d’Indigènes.
Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, Malik Oussekine meurt sous les coups de policiers – les tristement fameux voltigeurs motorisés (ou PVM) – censés disperser des manifestations étudiantes à Paris. Malik, qui sortait d’une boîte de jazz et a été battu à mort dans le hall d’un immeuble, devient le symbole des violences policières et du racisme qui touchent les immigrés nord africains. « Plus jamais ça! », clament alors des milliers d’étudiants.
Le réalisateur Rachid Bouchareb souhaite revenir sur cette affaire que la jeunesse d’aujourd’hui ne connaît pas, mais aussi rappeler la mort d’un autre jeune Algérien, la même nuit : Abdel Benyahia. En montant en parallèle ces deux drames, il trace le portrait de deux familles qui n’ont pas les mêmes armes pour affronter la violence d’État, et met en lumière cette face très sombre de l’histoire de l’immigration en France. Combien de Malik, et combien d’Abdel morts et passés sous silence? questionne le réalisateur d’Indigènes et de Hors-la-loi.
Rue89 Strasbourg : Pourquoi parler de l’histoire de Malik Oussekine aujourd’hui ? Est-ce que cela a un rapport avec les manifestations des Gilets jaunes que vous citez à la fin du film ?
Rachid Bouchareb : Cela fait 25 ans que je veux faire ce film, mais je me devais d’en faire deux autres très importants pour moi avant : Indigènes et Hors-la-loi. Finalement, ces trois films racontent une histoire entre l’Algérie et la France sur 50 ans. La Seconde guerre mondiale avec Indigènes, la guerre d’Algérie avec Hors-la -loi, et la mort de Malik en 1986. Je cite les Gilets jaunes parce que Macron a réintroduit des unités de policiers à moto pour intervenir dans les manifestations, qui rappellent les voltigeurs des années 1980… On a le sentiment que rien n’avance. Mais je voulais raconter cette histoire de toutes façons.
Quelle importance a pris la mort de Malik Oussekine à l’époque dans votre vie?
J’avais 29 ans à l’époque et comme beaucoup de gens, j’ai été très touché par la mort de Malik. En tant que fils de parents immigrés, habitant dans ma banlieue parisienne, pas loin d’ailleurs de la famille d’Abdel Benyahia, je me sens forcément proche de qu’il se passe alors. Mais ce n’est pas un événement unique qui m’a marqué plus que les autres. Depuis la nuit du 17 octobre 1961 (manifestation parisienne en soutien au Front de Libération Nationale au cours de laquelle un nombre indéterminé d’immigrés algériens ont été tués par balle, frappés à mort ou jetés dans la Seine par la police, NDLR), c’était arrivé tellement de fois!
Le peloton des voltigeurs motorisés est intervenu en France de 1969 à 1986 / doc remis Le Pacte.
Pourquoi avoir centré votre film uniquement sur les trois jours autour de la mort de Malik et Abdel ?
J’aurais pu raconter le combat de ces deux familles durant des années pour obtenir justice, mais j’ai trouvé qu’il y avait déjà quelque chose de très intense sur ces 48 heures, avec les meurtres et l’attente des familles. Quand j’ai travaillé sur les archives, j’ai été emporté par tout ce qu’il se passe au niveau politique avec Chirac, Mitterrand, Pasqua etc. C’était très fort.
Les images d’archives se mêlent étroitement avec les images de fiction, parfois vous avez même filmé des acteurs aujourd’hui comme si c’était des archives. Vous vouliez créer une confusion ?
Non, je ne voulais pas créer de confusion sur les sources. Mais il fallait passer des archives à la fiction par glissement, pour ne pas qu’on sorte de l’histoire. Je ne voulais pas faire un docu-fiction, mais qu’on soit immergé. J’ai donc dû créer les images qu’il me manquait, aller là où les caméras n’entraient pas à l’époque, remplacer une caméra vidéo de la police, reconstruire des archives de mauvaise qualité.
Samir Guesmi et Lais Salameh jouent le père et le frère d’Adbel, assassiné le même soir que Malik Oussekine / doc remis Le Pacte.
La bande originale nous replonge instantanément dans les années 80. Quand vous mettez la Mano Negra sur des images de manifestations, j’ai l’impression que vous les voyez comme des enfants qui s’amusent, quand d’autres risquent leur vie du simple fait de leur origine, est-ce que c’est votre ressenti ?
Pas du tout, j’ai choisi la Mano Negra parce que j’adore ! Ce sont les hasards du cinéma de créer des associations, des impressions qu’on n’avait pas forcément imaginées. C’est comme la chanson de Warda qui accompagne l’arrivée des voltigeurs, c’est très étonnant : avec une chanson d’amour égyptienne, j’ai voulu élargir l’imaginaire et prendre un risque, mais on n’est jamais sûr que ça marche. Warda, c’est la diva algérienne des années 1950. C’est une grande chanteuse du monde arabe, comme Oum Kalthoum.
Est-ce que c’est un film qui a été difficile à financer ?
Pas du tout, il se trouve que les gens qui ont produit « Nos frangins » ont vécu cette histoire, ils étaient étudiants, dans la rue en 1986 et ils se sont montrés très enthousiastes pour faire ce film.
La police nationale a évacué les occupants du camp de l’Étoile au petit matin du mardi 6 décembre. 48 personnes qui dormaient sous des tentes ont été emmenées dans un gymnase. Une vingtaine d’entre eux ont été convoyés vers un foyer à Bouxwiller, où ils seront incités à rentrer dans leur pays d’origine.
« Le problème, c’est qu’ils risquent de se retrouver au centre d’aide au retour de Bouxwiller, de le fuir puis de dormir à nouveau dans la rue à Strasbourg dans deux jours », dénonce Gabriel Cardoen, militant strasbourgeois pour les droits des réfugiés. En fin de matinée, au moins une vingtaine de sans-abris qui dormaient sous des tentes place de l’Étoile ont été effectivement conduits dans ce foyer situé à Bouxwiller, selon des comptages effectués par des militants et des associations. Ce dispositif situé à 45 km de Strasbourg a pour objectif de les accompagner jusqu’à un retour vers leur pays d’origine.
De nombreux fourgons de police se sont massés aux abords du camp à 6h. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg
La nuit est encore noire mardi 6 décembre quand une quinzaine de fourgons de police et quelques véhicules légers se massent autour du campement érigé au pied du centre administratif de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg. L’opération de démantèlement débute. Des agents de police réveillent les occupants de la place pour leur dire de préparer leurs affaires. Tout se déroule dans le calme.
Les forces de l’ordre ont réveillé les sans-abris qui dormaient dans leurs tentes. (Photo Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg)Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg
Une première évacuation avait eu lieu juste avant le feu d’artifice du 14 juillet, mais une partie des personnes s’étaient réinstallées ensuite presqu’immédiatement. Pour cette opération, la préfecture a dû demander au tribunal d’ordonner à la municipalité de demander l’expulsion. La maire Jeanne Barseghian (EE-LV) ne le souhaitait pas, étant donné l’absence de dispositif de relogement pour toutes les personnes concernées.
L’opération s’est déroulée dans le calme. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg L’opération s’est déroulée dans le calme. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg L’opération s’est déroulée dans le calme. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg L’opération s’est déroulée dans le calme. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg L’opération s’est déroulée dans le calme. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg
Une cinquantaine de militants en soutien
À sa plus forte affluence, fin octobre, le site comptait 200 personnes dont 43 enfants et de nombreux malades, quasiment tous migrants, originaires de Géorgie, de Roumanie, de Macédoine ou encore d’Afghanistan. Mardi matin, ils ne sont plus que 45, réveillés par les forces de l’ordre qui secouent doucement les tentes, parfois vides. « Certaines familles sont dans des voitures, des cages d’escaliers, pour se protéger du froid », indique Nicolas Fuchs, de la délégation bas-rhinoise de Médecins du Monde qui assiste à l’événement :
« Ces deux dernières semaines, des familles avec enfants qui appelaient le 115 (numéro de téléphone pour demander un hébergement d’urgence, NDLR) ont été logées. C’est une bonne chose. »
Dès le départ, une quinzaine de membres du collectif D’ailleurs nous sommes d’ici (DNSI) sont présents pour témoigner de leur « solidarité envers les migrants ». D’autres soutiens arrivent peu à peu, ils seront une cinquantaine en tout, derrière un périmètre délimité par de la rubalise, avec notamment cinq élus communistes et le député LFI Emmanuel Fernandes.
Après avoir déposé leurs affaires en soute, les occupants du parc montent dans deux bus affrétés pour l’occasion, direction le gymnase Branly, réquisitionné par l’État, dans le quartier des Contades. Les services de la Ville de Strasbourg prennent ensuite le relais pour nettoyer la zone.
Des militants de DNSI étaient déjà présents à 6h. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg
Direction Bouxwiller
Selon Mathieu Duhamel, secrétaire général de la préfecture qui supervise l’opération, la majorité des personnes sont des hommes isolés. Quelques femmes, certaines plutôt âgées, entrent dans les cars. Leurs situations administratives seront examinées pour les répartir dans les dispositifs dédiés.
D’après un bilan des services de l’État, 11 primo-demandeurs d’asile bénéficieront d’une prise en charge de l’OFII. Ils seront probablement dirigés vers des Centres d’accueil des demandeurs d’asile (Cada). 13 étrangers avec des titres de séjour seront logés dans des hébergements d’urgence grâce au SIAO, la structure qui gère le « 115 ». Et 23 migrants en situation irrégulière seront amenés vers des « centres d’aide au retour ». Le cas d’une personne connue des services de police pour des troubles à l’ordre public n’est pas encore fixé.
Une famille qui dormait sur place était hébergée chez une connaissance pour la nuit et est arrivée trop tard pour être prise en charge dans le cadre de cette évacuation. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg
Vers 7h30, toutes les tentes sont vides et les bus partis vers le gymnase Branly, agencé par la Protection civile qui a été mandatée par la préfecture. Devant cette salle de sport, une quinzaine de militants se rassemblent à nouveau. Certains d’entre eux sont en lien avec des personnes déplacées et se renseignent quant à leur destination finale.
Vers midi, tous les anciens occupants du parc ont quitté le gymnase. Au téléphone avec les sans-abris, Gabriel Cardoen apprend qu’au moins un bus avec vingt personnes est arrivé au centre d’aide au retour de l’État à Bouxwiller, une information confirmée par Médecins du Monde.
La terreur de retourner dans le pays d’origine
Gérard Baumgart, militant historique de la solidarité envers les migrants, distribue un texte qu’il a imprimé au nom du Collectif Étoile devant le gymnase :
« Nous demandons qu’une attention soit faite pour les personnes en fin de droits administratifs. L’État ne doit pas fracasser des vies et des destins en s’appuyant sur quelques textes réglementaires. Ces personnes nous ont confié vivre dans la terreur de retourner dans leur pays d’origine, d’où elles ont fui des menaces, des violences de toutes sortes. »
Les sans-abris ont d’abord été emmenés au gymnase Branly. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg
À Strasbourg, des centaines de personnes dorment toujours dehors dans de petits campements installés au bord des routes et des parcs, selon Jeanne Barseghian. Moins visibles, ils risquent bien d’accueillir prochainement d’anciens occupants de la place de l’Étoile, alors que les températures atteignent des niveaux difficilement supportables.
L’opération d’expulsion des occupants du parc de l’Étoile a débuté lundi 6 décembre aux alentours de 6h. Nos journalistes sont sur place pour rendre compte en direct de la situation.
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6 décembre 2022, 8h40
La préfecture du Bas-Rhin communique avoir recensé 45 personnes. Nos journalistes ne sont pas autorisés à rentrer dans le gymnase. C’est la fin de ce compte-rendu en direct. Merci à tous de l’avoir suivi.
Les occupants ont bien été transférés au gymnase Branly, dans le quartier des Contades.
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6 décembre 2022, 7h42
Alors que le jour se lève, tous les occupants ont été déplacés.
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6 décembre 2022, 7h37
L’opération d’évacuation se termine, deux bus sont partis avec les occupants vers un gymnase de Strasbourg mobilisé pour l’occasion.
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6 décembre 2022, 7h27
Le campement est désormais vidé de ses occupants.
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6 décembre 2022, 7h18
Une famille avec des enfants cherche à récupérer des affaires encore présentes dans le périmètre du campement.
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6 décembre 2022, 7h17
Bien que les occupants restants sont en majorité des hommes isolés, ici un couple avec un bébé était à proximité et cherche à bénéficier du dispositif de mise à l’abri.
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6 décembre 2022, 7h15
Présent également avec une partie de l’équipe strasbourgeoise, Nicolas Fuchs de Médecins du Monde déclare :
« Dans un premier temps, on espère que des évaluations médico-sociales seront effectuées avec des prises en charges adaptées aux besoins. Des personnes ici ont des pathologies lourdes. Lors de deux évaluations, on a constaté des cancers, diabètes, handicaps, des personnes à mobilité réduite et en fauteuil… Cette situation doit permettre à l’ensemble des acteurs, État, Ville, de se rassembler et trouver des solutions de fond. Chaque semaine, près de mille personnes appellent le 115 à Strasbourg, les besoins sont énormes et croissants. »
Une partie de l’équipe de Médecins du monde à Strasbourg.
Puis il précise :
« On ne règle pas le problème de l’hébergement d’urgence aujourd’hui, juste la question sanitaire de la place de l’Étoile. On ne peut que constater que de nombreuses personnes ont quitté le site. Certaines familles sont dans des voitures, des cages d’escaliers… »
Selon Médecins du monde, un tiers des « ménages » présents étaient des familles avec enfants lors d’une évaluation menée le 15 novembre.
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6 décembre 2022, 7h01
Député de la 2e circonscription du Bas-Rhin, Emmanuel Fernandes est présent sur le site.
Présent sur le site, le député (LFI) Emmanuel Fernandes déclare :
« Ces gens ne sont pas là pour s’accaparer des richesses ou je ne sais pas quoi, ils sont dans une grande misère, fuient de graves persécutions. Ce camp est visible mais il ne faut pas oublier les autres. »
D’autres élus étaient présents, les quatre élus du groupe communiste de la Ville de Strasbourg, Hülliya Turan, Joris Castiglione, Yasmina Chadli, Aurélien Bonnarel et une élue communiste de la Collectivité d’Alsace, Fleur Laronze.
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6 décembre 2022, 6h59
Certaines personnes sont âgées et emportent quelques affaires dans un sac…
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6 décembre 2022, 6h53
Les occupants sont en majorité des hommes isolés mais des femmes étaient tout de même présentes.
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6 décembre 2022, 6h50
Selon M. Duhamel, secrétaire général de la préfecture du Bas-Rhin, l’opération d’évacuation concerne une trentaine de personnes après un premier décompte. Il s’agit à 90% d’hommes isolés qui sont envoyés par bus vers un gymnase mobilisé par la Ville de Strasbourg.
Il s’agit peut-être du gymnase Branly mais cette précision n’est pas confirmée à ce stade.
Les occupants sont évacués en bus.
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6 décembre 2022, 6h34
Une quinzaine de militants de D’ailleurs nous sommes d’ici sont présents.
Tonio Gomez demande un accueil digne des migrants :
« La mairie qui se dit de gauche doit s’allier avec les associations et créer un rapport de force pour loger les gens. Il y a des bâtiments vides. Il y a beaucoup de personnes ici qui pleurent à l’idée de rentrer dans leur pays. Il y a des histoires de mafia, de persécutions. On sait que la responsabilité est énorme du côté de la préfecture, mais en constatant ça, la mairie doit prendre ses responsabilités. »
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6 décembre 2022, 6h33
Les gens ont le temps d’emporter leurs affaires.
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6 décembre 2022, 6h27
Les policiers secouent légèrement les tentes afin de réveiller les occupants qui ne le seraient pas encore.
Un homme a indiqué en sortant de sa tente qu’il n’était pas stressé, étant donné ce qu’il vit depuis des mois au camp de l’Étoile, les conditions de vie étaient devenues trop difficiles.
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6 décembre 2022, 6h23
Une quinzaine de militants de D’ailleurs nous sommes d’ici sont présents et poussés vers l’extérieur du camp
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6 décembre 2022, 6h18
Un périmètre est délimité autour du camp et les policiers se déploient autour.
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6 décembre 2022, 6h16
Un projecteur a été installé sur un camion à côté du camp. Les occupants sortent de leurs tentes.
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6 décembre 2022, 6h12
Une colonne de policiers est en train d’arriver place de l’Étoile, dans une quinzaine de fourgons.