Le Parisien a révélé le départ de Jean Rottner, président de la Région Grand Est. L’élu Les Républicains était sous pression depuis l’élection d’Éric Ciotti à la tête du parti LR. Ce dernier est favorable à une sortie de l’Alsace de la grande région.
Il s’est toujours battu pour que l’Alsace reste dans la grande région. C’est finalement Jean Rottner qui sortira du Grand Est. Mardi 20 décembre, Le Parisien révélait l’intention de l’urgentiste de quitter sa fonction de président de région. Une heure plus tard, l’homme politique Les Républicains (LR) envoyait un communiqué de presse dont les premières lignes ont l’air de vers. Un peu de poésie pour dramatiser un moment politique fort. Au-delà de sa fonction régionale, Jean Rottner abandonne la politique, donc sa casquette de premier adjoint au maire de Mulhouse aussi :
« J’ai décidé de quitter la vie publique. Je me retirerai de l’ensemble de mes mandats d’ici la fin de l’année. Cette décision mûrement réfléchie n’a pas été facile à prendre. Elle surprendra. Certainement. Elle sera commentée. Assurément. Des impératifs familiaux animent cette lourde décision. Ce choix est à respecter. »
Franck Leroy président par intérim
Dans ce même communiqué, Jean Rottner annonce que le premier vice-président de la Région Franck Leroy assurera l’intérim à la tête du Grand Est. Le maire d’Épernay (Marne) a rejoint Horizons, le parti d’Édouard Philippe en janvier 2022.
Une décision de Jean Rottner était attendue dans le monde politique. Après avoir caressé le rêve de devenir ministre, l’adjoint au maire de Mulhouse avait perdu les faveurs du président de la République Emmanuel Macron. Il avait commis l’impair de soutenir la candidate LR Valérie Pécresse pour l’élection présidentielle 2022.
Jean Rottner était aussi sous pression au sein même de son parti LR. En novembre 2022, il prévoyait l’explosion de la formation politique, qui s’est donné pour leader le plus radical et identitaire des Républicains Éric Ciotti. Ce dernier n’avait pas attendu longtemps pour exprimer son soutien à la sortie de l’Alsace de la Région Grand Est. Une attaque claire contre son président Jean Rottner, acculé en défense dans son propre parti.
Lundi 19 décembre, des salariées d’une association pour l’accompagnement de personnes handicapées ont entamé une grève pour dénoncer une direction opaque et la mise à l’écart de plusieurs chefs de service pourtant jugés compétents et bienveillants.
Du bois, un four et des tartes flambées. De quoi tenir pour les salariées de l’association APEI Centre Alsace. Elles sont une vingtaine à avoir rejoint le piquet de grève devant le siège de l’association en fin de matinée ce lundi 19 décembre. Aide-soignante, infirmière ou monitrice, elles œuvrent au quotidien pour accompagner des personnes atteintes de handicap physique ou mental. Elles exercent à Sélestat et environs, en Esat, une structure médico-sociale organisée autour du travail des personnes handicapées, ou en foyer d’accueil médicalisé. Elles ont décidé de se mobiliser malgré les températures proches de 0°C. Comme l’indique un tract qu’elles ont toutes lu, elles veulent « que l’APEI Centre Alsace prenne ses responsabilités (…) pour trouver des solutions face à la maltraitance dont nous sommes victimes et revenir au cœur des métiers que nous aimons et qui ont du sens ».
Soutien à un chef de service évincé
Les premières salariées sur place témoignent de leur incompréhension. Une aide-soignante évoque sa frustration au travail « depuis que notre chef de service a été mis à pied. Pourtant, il est à nos côtés et nous soutient au quotidien… » Une de ses collègues aborde le même sujet, décrivant ce même supérieur comme « plus fatigué récemment ». « Il avait repris la cigarette », ajoute-t-elle avant de conclure, avec gravité : « La direction écrème doucement. Ils sortent ceux qui gênent. Mais je ne comprends pas pourquoi. »
Au-delà de ce « sentiment qu’il y a des choses que la direction nous cache », une autre salariée d’un foyer de l’APEI Centre Alsace décrit des décisions arbitraires et incohérentes : « Avant, il nous était interdit d’embaucher des intérimaires. Puis ils ont décidé de préférer l’intérim aux heures supplémentaires. Sauf que ce n’est pas rationnel d’embaucher quelqu’un qui ne connait pas l’établissement pour quelques heures par semaine… »
« Ce n’est pas normal de voir ses collègues à bout de force »
À quelques pas, un salarié de l’Établissement et services d’aide pour le travail (Esat) décrit les deux raisons de sa venue : « la détresse de mes collègues et le manque de transparence et de communication de la direction. » Il décrit une pression excessive sur les équipes, notamment pour organiser le festival Charivari autour de la culture et du handicap. « J’ai vu des collègues travailler jusqu’à deux heures du matin. La directrice de l’Esat est en arrêt maladie depuis. Ça a épuisé bon nombre de salariés, mais c’était une volonté du siège, alors il fallait le faire. »
Bienveillance, compétence, gouvernance… Ce sont trois mots que Jessica Baun et Marie Merckle, deux artistes salariés de l’Esat de l’APEI Centre Alsace, peignent sur une banderole. Ce sont aussi trois éléments dont elles aimeraient bénéficier dans leur travail au quotidien. « Ce n’est pas normal de voir ses collègues à bout de force parce qu’ils ont organisé en deux mois un festival qui nécessiterait une année d’organisation », estime Jessica, bientôt rejointe par une ancienne administratrice de production de l’établissement, Sophie Stein. Cette dernière est amère. La fiche du poste auquel elle avait candidaté évoquait un CDI. Elle a finalement signé un CDD, qui n’a pas été renouvelé. « Ça nous ennuie qu’elle parte, d’autant que ça faisait un an qu’on réclamait ce poste », précise Jessica.
La revendication principale ? Le dialogue
Si l’ambiance est chaleureuse entre collègues, la crainte des représailles se fait vite sentir lors des interviews. Rares sont celles qui acceptent de témoigner en leur nom. « Dès qu’il y a une opposition, les salariés risquent leur poste, peu importe leur degré de compétence », dénonce la représentante de section syndicale CGT Mosaïque Aurore Boby. À ses côtés, des syndicalistes de la CGT Mosaïque, spécialisés dans le domaine de l’action sociale, apportent leur soutien logistique et peut-être même financier. « Si le mouvement social dure, on peut mobiliser nos caisses de grève », affirme Joelle Erdmann, la secrétaire générale de la CGT Mosaïque.
Pour la syndicaliste Aurore Boby, l’objectif principal de cette mobilisation est de pouvoir « exposer nos revendications devant le conseil d’administration de l’association. C’est une demande qui a été refusée par la direction ». Elle voudrait alors dénoncer une situation « intenable » à l’Esat de l’APEI Centre Alsace où la moitié de l’équipe est en arrêt maladie. Elle regrette aussi des « ordres contradictoires » de la direction et la surveillance selon elle abusive des salariés. « On nous a déjà traité de fainéants qui se gargarisent du moindre effort fourni », déplore la salariée de l’Esat.
À la fin de cette première journée de mobilisation, la direction n’a pas réagi auprès des salariés mobilisés. Pour Aurore Boby, c’est clair : « La grève durera jusqu’à ce qu’on obtienne une audience avec le conseil d’administration. On ne bougera pas tant que ce n’est pas le cas. »
Une semaine après le lancement du Réseau express métropolitain européen (Reme), la SNCF diminue son offre de transport dès le 19 décembre et pour au moins deux semaines. La CGT dénonce un projet irréaliste vu le manque de personnel.
« Entre le mot Reme (pour Réseau express métropolitain européen, NDLR) et le mot rêve, il y a juste une lettre de différence », se félicitait Jean-Pierre Farandou, le président de la SNCF, mercredi 7 d . . .
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Strasbourgeois et Alsaciens sont de plus en plus attirés par les Vosges, selon les parcs naturels régionaux. Un afflux localisé sur certains sites, et destructeur pour les écosystèmes, qui oblige à repenser le tourisme de montagne.
Les Vosges sont de plus en plus prisées. Même les célèbres Youtubeurs MacFly et Carlito s’y mettent. Dans une vidéo qui cumule plusieurs millions de vues publiée en mai 2021, on les voit sauter nus dans l’étang de Lieschbach, au milieu du parc naturel régional des Vosges du Nord. « Après ça, on a constaté un attrait pour ce site alors qu’il n’était pas du tout visité avant », indique Michaël Weber, président du parc et maire socialiste de Woelfling-lès-Sarreguemines. Cette mise en scène n’a pas plu à l’Office national des forêts (ONF), qui a rappelé que la baignade était interdite dans ce plan d’eau, classé en réserve naturelle.
Le grand tétras dérangé par le tourisme, menacé d’extinction
Interrogée par Rue89 Strasbourg, Denise Buhl (LR), vice-présidente de la Région Grand Est déléguée à la montagne, indique qu’aucune statistique ne permet de quantifier cette augmentation de la fréquentation des Vosges pour l’instant, bien qu’elle ait été clairement observée par de nombreux acteurs, mais à des moments et des endroits particuliers. Laurent Séguin, maire divers gauche de Faucogney-et-la-Mer et président du parc naturel régional des Ballons des Vosges (PNRBV), détaille :
« L’affluence se concentre le week-end et pendant les vacances scolaires sur des sites très précis et faciles d’accès : la route des Crêtes, le col de la Schlucht, le Hohneck, le grand ballon, le col du bonhomme ou encore le Lac Blanc. Mais parfois, à 700 mètres de ces lieux, il n’y a plus personne. L’urgence pour nous, c’est de préserver certaines zones de vie des mammifères et des oiseaux protégés. S’ils sont dérangés par les touristes, cela induit une réaction de stress, et potentiellement une fuite qui peut les tuer à cause de la mobilisation d’énergie que cela implique. Le grand tétras des Vosges (oiseau emblématique d’Alsace également appelé Coq de Bruyère NDLR) est menacé d’extinction en partie à cause de ça par exemple. »
Le PNRBV a lancé le programme « quiétude attitude », qui vise à promouvoir auprès du public les bonnes pratiques à adopter dans la nature pour protéger les animaux : éviter certaines zones sensibles, rester sur les itinéraires et être silencieux, tenir son chien en laisse, privilégier les activités en journée. Le parc fournit des outils de communication aux professionnels du tourisme. La démarche s’est aujourd’hui étendue à tout le massif vosgien.
La promotion de pratiques plus douces
« Une vague de touristes alsaciens qui cherchaient la fraîcheur cet été a asphyxié certains sites », abonde Christophe Le Rouge, chef de projet du collectif Massif des Vosges, composé des régions Grand Est, Bourgogne Franche Comté et des six départements que traverse le massif. Son but : « développer le tourisme et la promotion des Vosges comme destination touristique à l’échelle européenne. » Mais il l’assure :
« Aujourd’hui, en tant que professionnels du tourisme, nous avons des injonctions paradoxales : attirer du monde et préserver l’environnement. Nous devons tout repenser, proposer de nouvelles activités, plus douces. Nous travaillons à créer une nouvelle offre, avec par exemple la randonnée naturaliste, des séjours bien-être, l’itinérance à pied avec des hébergements ou encore la découverte du patrimoine culturel comme les châteaux, la routes des arts verriers entre Nancy et les Vosges du nord ou les fermes auberges. Nous souhaitons ainsi répartir les visiteurs sur le territoire pour diminuer la pression sur certains grands sites, et limiter au maximum les nouveaux projets d’aménagement.
On doit également sensibiliser les touristes urbains. Nous avons eu beaucoup de plaintes de fermiers-aubergistes cet été parce qu’ils ont retrouvé des déchets partout, des barrières d’enclos n’avaient pas été refermées, et des personnes dormaient dans des tentes à des endroits non adaptés. »
Piétinement et déchets
« Face à ce phénomène d’arrivée massive de touristes, une réflexion politique pour limiter les effets négatifs sur l’écosystème et les habitants est forcément nécessaire », constate Michaël Weber. Il recontextualise l’augmentation de la fréquentation du massif :
« Depuis le début des années 2010, on a vu apparaître une offre et une demande d’écotourisme, c’est à dire une volonté de s’intéresser au patrimoine naturel. Le Covid a amplifié le phénomène, et des visiteurs urbains, beaucoup de Strasbourgeois, affluent. On appelle ces touristes qui ne viennent pas de loin et pour une courte période des touristes excursionnistes. Ils n’ont pas forcément les codes et peuvent avoir des comportements qui ont des impacts négatifs sur les écosystèmes. »
Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, décrit d’autres impacts négatifs de la sur-fréquentation, outre le dérangement des animaux : la dégradation des écosystèmes par les dépôts de déchets et le piétinement qui endommage le sol et menace des espèces végétales. Aussi, « des élus locaux et des entreprises veulent construire des infrastructures pour accueillir cet afflux de touristes », et donc « détruire ou détériorer fortement des zones naturelles ».
L’attrait vers les sports de montagne
Encore aujourd’hui, plusieurs projets d’aménagement critiqués par les associations environnementales existent. Il y a par exemple la communauté de communes de la Mossig et du Vignoble qui souhaite investir 2 millions d’euros dans la construction de pistes artificielles de VTT dans la prairie du Langacker et les forêts environnantes, au-dessus de Wangenbourg. Alsace Nature s’oppose aussi au projet des élus et acteurs économiques de la vallée de Munster de créer une via ferrata au Tanet, ou une tyrolienne imaginée par l’exploitant du Gaschney. Stéphane Giraud expose :
« Les tyroliennes ne représentent certes pas une grande artificialisation des sols, mais elles impliquent que des personnes hurlent toute la journée dans la forêt, en totale contradiction avec la démarche ”quiétude attitude”. Plus globalement, nous luttons contre le modèle qui vise à construire des sortes de parcs d’attraction en pleine montagne, impliquant forcément beaucoup d’artificialisation, de bruit, de circulation, concentrées à des endroits précis. »
Un autre point de tension est l’explosion de l’intérêt pour les pratiques sportives en milieu naturel, particulièrement redoutée par l’association SOS Massif des Vosges. Son président, Dominique Humbert, pose d’emblée qu’il n’est pas hostile à la pratique du VTT ou de la course à pied, « qui se passent bien dans la majorité des cas », mais contre les pistes sauvages, hors des sentiers dédiés, et la multiplication des courses. Il dénonce les « très nombreux trails » (courses à pied) organisés tout au long de l’année dans les Vosges. Ces événements amènent « parfois des centaines de participants et un public qui piétine les chaumes », ces prairies d’altitude qui portent une grande richesse écologique.
Des collectivités qui disent lutter contre le phénomène
Dominique Humbert, randonneur régulier, affirme observer souvent des VTTistes slalomer entre les arbres, une pratique non autorisée : les cyclistes doivent rester sur des sentiers dédiés. Un phénomène qu’il attribue au « lobby du vélo, les industriels qui veulent vendre du matériel et font la promotion de la pratique ». Pour Stéphane Giraud, la sensibilisation et les contrôles doivent être plus cadencés. Début novembre, deux hommes ont été condamnés à payer 300 euros après avoir été surpris par un agent de l’ONF à VTT sur un sentier non autorisé.
Pour limiter la pression du tourisme sur les écosystèmes, la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), partie prenante des parcs naturels régionaux, certifie s’investir dans les réflexions stratégiques en faveur du tourisme doux ou la promotion de certaines lignes touristiques qui desservent le massif (navette des Crêtes, Champ du Feu etc…), afin de « diffuser autrement les flux » et de limiter le nombre de voitures. La collectivité subventionne aussi le Club Vosgien pour des actions de sensibilisation et la mise en place de sentiers partagés randonneurs/vététistes.
La Région Grand Est insiste sur l’importance de la concertation entre les acteurs : « Tout le monde doit se mettre autour d’une table en prenant en compte tous les enjeux, avec la protection de l’environnement parmi les priorités », déclare Denise Buhl. Dans son schéma régional de développement du tourisme et des loisirs (SRDT) 2018-2023, la Région Grand Est affiche encore la volonté de développer « de nouveaux pôles touristiques, véritables concentrations d’activités touristiques culturelles économiques et patrimoniale ». Dans les Vosges, c’est justement cette vision qui est problématique pour les écologistes.
« Tout est à inventer »
Ce dernier SRDT avait été fixé notamment suite à une consultation des élus alsaciens, qui attendaient majoritairement de la Région qu’elle finance des équipements touristiques. C’était il y a cinq ans. Un nouveau SRDT sera bientôt établi, puisque celui qui court actuellement arrivera à son terme fin 2023. Dominique Humbert est très critique de l’action des collectivités :
« Je suis pour la dissolution des Parcs Naturels Régionaux. Leurs conseils d’administration sont composés d’élus qui ne font que conforter les décisions prises par les communautés de communes. Et leur rôle n’est que consultatif, ils n’ont pas le pouvoir de stopper un projet. En gros, ils jouent le rôle des offices du tourisme. »
Un discours relativisé par Stéphane Giraud : « Beaucoup d’acteurs ont de la bonne volonté et montent réellement des projets touristiques qui font sens aujourd’hui. Le souci c’est qu’il y a un vrai vide culturel sur ce sujet, donc tout est à inventer. » Le directeur d’Alsace Nature relate la fermeture de nombreuses pistes d’escalade dans la région pour protéger le Faucon pèlerin ou le Grand-duc après discussion avec des associations sportives : « Il y a beaucoup d’amoureux de la nature parmi les pratiquants de ces disciplines. »
Pour son exposition « Lewis Carroll et les surréalistes », le musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS) propose un voyage dans une scénographie surréaliste parfaitement réussie. Reportage au pays des merveilles.
Êtes-vous déjà entré dans une exposition par la gueule d’un chat ? Si vous n’avez pas cette chance, alors il faut vous rendre au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS) avant le 26 février 2023. Depuis la fin novembre, l’établissement propose une immersion dans le monde de « Lewis Carroll et les surréalistes ». Le félin qui ouvre les portes de l’exposition, c’est bien entendu le chat du cheshire, le gros matou au sourire malicieux dans le fameux roman de Lewis Carroll. À partir de l’œuvre du romancier britannique, le MAMCS propose une immersion dans le monde fantastique d’Alice et de tous les artistes surréalistes inspirés par les aventures de la jeune fille dans un univers plein de lapin blanc, de bonnet blanc et blanc bonnet ou du chapelier fou.
300 œuvres, de Dali, Ernst ou Duchamp
Avec son gros plan sur l’œuvre de Lewis Carroll, le MAMCS permet d’abord d’admirer 300 œuvres de nombreux artistes surréalistes : peintures, photographies, dessins, estampes ou collages. L’occasion d’admirer tout l’absurde des œuvres du peintre belge René Magritte. La chance d’observer une série d’illustrations pour « Alice aux pays des merveilles » par le peintre espagnol Salvador Dali. Il y a aussi le trait fin de Max Ernst, artiste expressionniste allemand qui a produit plusieurs gravures de personnages chimériques et des éditions illustrées du roman de Lewis Caroll.
Traduite pour la première fois en français en 1865, « Alice au pays des merveilles », l’œuvre de Lewis Carroll entre pleinement dans la culture française dans les années 1930. L’exposition du MAMCS explore ainsi l’influence de cette œuvre sur la littérature française. L’absurde comme arme de contestation du régime victorien est une forte source d’inspiration pour les artistes et poètes surréalistes, de Marcel Duchamp à Man Ray en passant par André Breton, Roland Topor ou Dorothea Tanning.
Une scénographie très réussie
À travers une scénographie très réussie, l’exposition du MAMCS parvient à faire vivre l’exposition sur plusieurs niveaux. Les premières pièces sont dotées d’un sol aux couleurs du damier, laissant l’impression de se promener sur un plateau d’échec. Sur les murs, des miroirs déforment les corps et permettent de s’observer au milieu d’œuvres surréalistes. Un peu plus loin, une salle est recouverte d’un bleu ciel et de nuages jusqu’au plafond. L’immersion fonctionne : dès les premiers pas, on se sent immergé dans un espace-temps extraordinaire.
Chaque salle de l’exposition propose des mises en scène originales. Au centre de la deuxième salle, une structure en bois permet d’observer des dessins et autres spécimens du Musée zoologique de Strasbourg. Un peu plus loin, l’on peut s’asseoir sur quelques sièges confortables au milieu des artistes surréalistes français. il suffit d’appuyer sur les boutons disposés sur les accoudoirs pour se laisser bercer par la lecture de poèmes dans une pièce entièrement peinte en rouge.
L’exposition au MAMCS n’est qu’une partie du projet « SurréAlice ». Son autre moitié se trouve au musée Tomi Ungerer – Centre international de l’illustration et se concentre sur l’illustration des récits de Lewis Carroll. L’occasion de se plonger dans l’univers du livre pour enfants, où le thème d’Alice est omniprésent depuis sa création, mais également le registre de l’illustration d’humour et satirique.
GCO Non merci manifestera dimanche matin sur un rond point à Duttlenheim, un après après l’ouverture de l’autoroute de contournement de Strasbourg.
Le 17 décembre 2021, Vinci ouvrait les portes de son autoroute payante de contournement de Strasbourg. Un an plus tard, ce dimanche 18 décembre, les opposants au projet autoroutier qui ont lutté pour certains pendant plus de 20 ans, appellent à se rassembler, de 10h à 12h, sur le rond-point d’accès à l’aire de service de l’A355 à Duttlenheim, proche de Duppigheim. Dans leur tract, ils listent les points noirs qu’ils comptent soulever pendant la manifestation pour faire le bilan de la première année d’exploitation :
« Le couloir à camion que nous redoutions est là. Il existe des projets connectés tel que la liaison GCO-Entzheim qui vont à l’encontre de la zéro artificialisation prônée par le gouvernement. Les nuisances ont augmenté : le bruit, la pollution, l’aire de service… »
Une mobilisation nationale contre le modèle des routes
GCO Non merci a rejoint le collectif national La déroute des routes. Ce dernier vise à dénoncer « les projets routiers qui prolifèrent en France » et demande « un moratoire sur tous les projets routiers » aux députés et sénateurs. Des prises de parole de présentation de la démarche sont prévues, d’autant plus que le rassemblement s’inscrit aussi dans une mobilisation nationale de La déroute des routes :
« Autour du 15 décembre, le Conseil d’orientation des infrastructures (COI) va rendre un rapport très attendu sur le financement des infrastructures de transport pour les années à venir. Le gouvernement fera-t-il le choix du train, des transports en commun et des modes actifs plutôt que d’entretenir le modèle ultra-polluant du tout-routier ?
Plus de 20 collectifs en lutte à travers la France contre des projets routiers destructeurs s’organisent et investissent les ronds-points les 17 et 18 décembre pour des mobilités choisies et non plus subies par la population et contre la dépendance au tout-routier ! »
Extrait d’un tract du collectif La Déroute des routes pour le mobilisation nationale du 17 et 18 décembre
« Les Strasbourgeoises et Strasbourgeois engagés », un podcast de Rue89 Strasbourg. Dans cette série de portraits sonores, des militants racontent leur engagement, leur parcours. Neuvième épisode avec Delphine Bernard, militante du collectif Pas d’enfant à la rue 67.
En novembre 2021, Yaël, une maitresse de l’école élémentaire Langevin, découvre que l’un de ses élèves dort dans une voiture. Elle contacte alors des collègues enseignants et se rend compte que la situation de cet enfant est loin d’être isolée. Ce sera le point de départ du collectif Pas d’enfant à la rue 67. Très vite les signalements affluent et les citoyens se mobilisent.
Le collectif vient directement en aide aux familles, fait le lien avec d’autres associations et souhaite pousser les pouvoirs publics à prendre des mesures d’aide. Pour eux, aucun élève ne doit dormir dehors, tous les enfants doivent être scolarisés et avoir accès aux cantines scolaires. Des revendications loin d’être anecdotiques : en 2019, la fondation Abbé Pierre recensait 30 000 enfants sans domicile fixe en France.
« J’ai toujours baigné dans ces histoires »
Assistante maternelle et mère de deux adolescentes, Delphine Bernard rejoint le collectif dès sa création. Chez les Bernard, l’engagement, c’est une histoire de famille : « J’ai toujours baigné dans ces histoires. Je me souviens de mon grand-père qui hébergeait des enfants de mineurs lors des grèves dans le nord. »
Engagée dans une chorale, représentante de parents d’élèves (FCPE), active dans l’assemblée de quartier de Neudorf, Delphine Bernard se décrit volontiers comme hyperactive. En 2019, elle est percutée par la réalité des parcours de migration quand Ana, une jeune mère angolaise, et ses enfants, membres de la chorale, sont placés en centre de rétention administratif. Mobilisés, les choristes réussiront à les faire sortir et les cacheront le temps de régler la situation administrative de la famille. Un engagement que Delphine Bernard poursuivra au sein du collectif Pas d’enfant à la rue.
L’exécutif aux commandes de l’Eurométropole, soutenu par les écologistes de Strasbourg, fonce pour installer le Réseau express métropolitain. Il cherche en revanche à éviter les effets collatéraux de la Zone à faibles émissions.
Il sera beaucoup question de transports au conseil de l’Eurométropole de Strasbourg du vendredi 16 décembre. Entre autres sujets, la collectivité des 33 communes prévoit d’approuver la convention qui la lie à la Région Grand Est pour la création et le fonctionnement du Réseau express métropolitain, tandis qu’une autre délibération prévoit de nouvelles ressources pour aider les ménages modestes à s’adapter à la Zone à faibles émissions (ZFE).
Concernant le Réseau express métropolitain européen (REME), l’Eurométropole se lie pour trois ans à la Région Grand Est dans le cadre d’une convention d’objectifs et de moyens. Les 33 communes financeront 40% des nouvelles dépenses publiques de fonctionnement pour faire circuler ces trains, soit :
5,3 millions d’euros en 2023 sur 11,8 millions prévus,
6,4 millions d’euros en 2024 sur 13,9 millions prévus,
5,8 millions d’euros en 2025 sur 12,6 millions prévus.
Ensuite, il est question de créer une nouvelle structure pour la gestion du REME, un syndicat mixte dans lequel seront présentes la Région, l’EMS et… d’autres intercommunalités espère la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs (sans étiquette), qui se félicite d’un lancement « réussi » :
« Dès le lundi, le REME fonctionnait bien et il était surprenant de voir à quel point la SNCF a réussi à mettre en place tous ces trains nouveaux en un temps record. Je pense que les gens ne se rendent pas compte du nouveau cadencement, car la SNCF n’imprime plus les fiches horaires… Toutes les 15 minutes en heures de pointe, le “choc d’offre” que nous avons souhaité est bien au rendez-vous. »
« On ne pouvait pas attendre que tout soit parfait »
Certes, cependant la SNCF doit encore progresser sur la fiabilité de cette offre si l’objectif est bien de permettre aux habitants des zones péri-urbaines de délaisser leurs voitures. En fin de journée lundi, plusieurs trains avaient été supprimés, contraignant les voyageurs à attendre entre 15 et 30 minutes le prochain…
Mais l’important, selon Alain Jund (EE-LV), vice-président en charge des mobilités, c’était bien d’aller vite :
« Certes tout n’est pas parfait mais s’il avait fallu attendre que ça le soit, le REME n’aurait existé qu’en 2030 et encore ! On a préféré aller vite, quitte à proposer ensuite à d’autres collectivités de nous rejoindre, et même s’il reste des interrogations sur le financement, notamment en raison du taux de TVA appliqué aux transports collectifs et du déplafonnement du versement mobilités. »
Alain Jund aimerait que le gouvernement autorise les intercommunalités à augmenter le taux de cette taxe pour les transports en commun, appliquées aux entreprises de plus de 10 salariés, et qu’il baisse le taux de la TVA appliquée aux dépenses dans ce domaine.
ZFE : Appel pour une solidarité dans l’épreuve au gouvernement
Concernant la Zone à faibles émissions (ZFE), c’est à dire l’interdiction de circuler pour les véhicules les plus anciens selon un calendrier progressif, les élus métropolitains ne sont plus aussi volontaristes. Alors que les véhicules Crit’Air 5 (véhicules diesel de 1997 à 2000, 1% du parc selon une estimation) ne seront plus autorisés à circuler à partir du 1er janvier, la collectivité vote une extension de son aide à la conversion destinée aux ménages les plus modestes. Outre les 50 millions d’euros déjà prévus, l’Eurométropole missionne des associations (Mobilex et Voisins Malins) pour faire du porte à porte auprès des particuliers dans les quartiers populaires, et Crésus pour des prêts à taux zéro.
L’Eurométropole aimerait éviter d’être la seule cible des critiques des particuliers et des professionnels mécontents de devoir changer de véhicule… Françoise Schaetzel (EE-LV), vice-présidente en charge de la qualité de l’air, constate que le gouvernement, pourtant à l’origine de la création de ces ZFE dans les métropoles de France, est resté bien silencieux depuis deux ans :
« Aucune collectivité n’a mis autant d’argent pour aider les habitants à s’adapter. Mais on constate que nous sommes les seuls à communiquer sur la ZFE. Le gouvernement nous a assuré que des campagnes seraient déployées en 2023 et 2024, tant mieux mais on aimerait également un guichet unique pour les aides… qui sont complexes à mettre en œuvre. »
Les aides de l’État étant ciblées sur les nouveaux véhicules, tandis que les aides métropolitaines concernent des personnes ou des entreprises, les logiques et les temporalités sont différentes, ce qui demande beaucoup d’efforts.
Les élus, notamment les écologistes, approuvent cependant la création des ZFE dont l’objectif est de réduire la pollution de l’air et non de soutenir l’industrie automobile comme on pourrait le soupçonner. Françoise Schaetzel, qui a été médecin en santé publique, rappelle que les populations aux faibles revenus sont souvent les plus exposées à la pollution atmosphérique et à ses effets. La dimension sociale de la ZFE « ne nous échappe pas », indique Françoise Schaetzel, sans que la collectivité ne soit cependant en mesure de compenser ses effets économiques sur ces ménages.
Avec l’augmentation du prix de l’énergie, certains n’allument plus le chauffage. Mi-décembre, alors que les températures sont négatives, Rue89 Strasbourg a interrogé des habitants de l’Esplanade qui s’adaptent comme ils peuvent.
« Quand j’ai froid, je bois des tisanes, des trucs chauds. J’ai plein de plaids à la maison », témoigne Deniz. Comme beaucoup d’habitants du quartier de l’Esplanade à Strasbourg, elle limite énormément le chauffage en cette mi-décembre, malgré des températures négatives en Alsace. Animatrice périscolaire dans une école du quartier, elle gagne environ 1 000 euros nets par mois :
« Là, j’ai eu trop froid alors j’ai allumé le chauffage. J’ai peur de la facture qui va arriver mais tant pis, je préfère ne pas tomber malade, je me dis qu’on verra bien. J’allume un peu le chauffage dans les pièces où je suis, mais pas à fond évidemment. On doit choisir entre ça et les autres dépenses… Là on va manger des pâtes certainement du coup. »
Des raisons économiques et écologiques
Les hauts immeubles de l’Esplanade construits dans les années soixante sont souvent mal isolés. Plus de 13 000 personnes vivent dans ce quartier qui jouxte le campus universitaire. Olivier et Lorraine, étudiants, marchent rue d’Oslo. Le premier raconte qu’exceptionnellement cette année, il n’a allumé le chauffage que dans sa salle de bains et que cela suffit pour son studio. La deuxième, n’a même pas touché à ses radiateurs : « Je suis habituée à vivre comme ça depuis longtemps, il n’y a pas de différence cette année pour moi. »
Outre les raisons économiques, les personnes interrogées évoquent quasi-systématiquement la nécessité écologique de ne pas trop consommer. C’est le cas de Noëlle, 76 ans, qui se désole que ce soit le prix de l’énergie qui pousse tout le monde à diminuer le chauffage. Cette année pour la première fois, elle a décidé de ne pas du tout l’utiliser :
« J’additionne les pulls, je profite de la chaleur de la plaque de cuisson quand je cuisine, j’utilise des bouillottes. Je ne sais pas quoi faire de plus. Il fait 14°C dans mon appartement aujourd’hui. C’est froid, mais je supporte pour l’instant. Je n’ai pas non plus de télévision, ni internet… Avec l’augmentation des prix, je dois faire attention à tout. Je m’achetais des livres avant, maintenant je dois aussi limiter ça. »
Certaines personnes âgées ne comprennent pas et risquent de payer cher
Christelle, infirmière à domicile, bien emmitouflée dans une écharpe et un bonnet, ne met quasiment pas le chauffage chez elle, excepté dans la pièce où ses enfants font leurs devoirs. Elle s’apprête à sonner chez un patient. La soignante observe que couper le radiateur peut-être source d’angoisse :
« Des personnes âgées ont l’impression de revenir à l’époque des privations de la guerre. L’isolement lié au Covid les a fait beaucoup souffrir. Et maintenant, elles ne peuvent plus vivre confortablement chez elles. Comme le chauffage est collectif, il est limité dans certains bâtiments. Je n’arrive pas à faire prendre la douche à une dame, parce qu’elle trouve qu’il fait trop froid dans la salle de bains par exemple. Des patients ne comprennent pas bien ce qu’il se passe et risquent de payer très cher parce qu’ils allument le chauffage normalement. J’essaye de leur expliquer, mais c’est compliqué. »
« Nous payons les défaillances en tant que locataires »
Isabelle, secrétaire du syndic d’un immeuble rue de Londres, explique avoir mis dans les boîtes aux lettres des notes pour prévenir les locataires sur le coût de l’énergie : « On veut être sûr que tout le monde soit au courant que le prix s’est multiplié, et allume ses radiateurs en connaissance de cause. » Christine, auxiliaire de vie, constate que le message est passé. Et lorsqu’elle rentre chez certains patients, elle reste habillée comme à l’extérieur : « Il peut faire vraiment frais dans certains appartements. Des habitants mettent leurs vieux tapis contre le bas de leur porte pour se protéger. »
« Aujourd’hui il faut juste payer et fermer sa gueule », s’insurge Philippe, veuf et retraité :
« J’ai travaillé toute ma vie, j’ai commencé comme cuisinier à 15 ans. Maintenant je me retrouve à faire attention à tout. J’ai acheté de grosses chaussettes. Il fait 17°C chez moi. Je chauffe quand même, mais je suis stressé parce que si la facture est trop élevée, je ne pourrai pas demander d’accompte à un patron. »
Philippe estime que les logements devraient être mieux isolés et les systèmes de chauffage rénovés, plus efficaces :
« C’est nous qui payons les défaillances en tant que locataires avec nos charges, et on n’a pas le choix, c’est tellement difficile de trouver un bon appartement à Strasbourg. Mais souvent, les propriétaires se fichent de ça. »
Vivre dans le froid ou payer
Christiane, retraitée également, éteint les radiateurs à chaque fois qu’elle sort d’une pièce. Pour Sonia, sage-femme, « heureusement qu’il y a le chauffage à l’hôpital ». Elle a opté pour des lampes LED qui consomment moins et met le radiateur « au cran 2 ou 3 sur 5, et jamais longtemps ».
Beaucoup n’ont pas attendu les demandes du gouvernement pour limiter leur consommation d’énergie. L’angoisse de trop consommer, le dilemme entre vivre dans le froid et payer plein pot s’installe davantage cette année, bien au-delà du quartier de l’Esplanade.
C’est le cas d’Anne, à Kolbsheim, qui a contacté Rue89 Strasbourg après un appel à témoignages. Au chômage, la quinquagénaire raconte n’avoir quasiment pas de chauffage cette année dans sa maison pour l’instant, car « le mazout est devenu trop cher » et qu’elle « rembourse encore aujourd’hui l’utilisation pendant l’hiver dernier de (son) radiateur électrique d’appoint » :
« Le matin, il y a des fleurs de givre aux fenêtres. Je suis congelée. Je mets trois pulls et des gants à l’intérieur. Je me sens grippée en ce moment. J’allume parfois brièvement mon radiateur pour avoir 12°C dans la pièce où je suis. »
Alexandre, lui, habite dans le quartier du Neudorf à Strasbourg. Température intérieure chez lui : 15-16 °C, « par choix, autant pour le climat que pour le prix » : « J’étais à 18°C l’année dernière. Mon appartement est bien isolé ce qui me permet de ne pas avoir de courants d’air ou de murs froids. C’est une chance que tout le monde n’a pas. »
Lors d’une audience jeudi 15 décembre, l’État a tenté de convaincre le tribunal administratif qu’il y a urgence à reprendre les travaux de confinement des déchets ultimes à Stocamine. Souvent suivie par le tribunal, la rapporteure publique n’est pas de cet avis.
La rapporteure publique a suivi l’association environnementale Alsace Nature ce jeudi 15 décembre, dans le feuilleton judiciaire de Stocamine. L’État et les Mines de potasse d’Alsace (MDPA) souhaitent confiner avec du béton 42 000 tonnes de déchets toxiques dans une ancienne mine, sous la nappe phréatique, à Wittelsheim, près de Mulhouse. Ils estiment que sortir ces déchets, qui sont sur place depuis 20 ans, est trop complexe vu la détérioration des galeries, et qu’il y a donc urgence à couler du béton pour créer une sorte de sarcophage de protection pour limiter la pollution de la ressource en eau potable.
Alsace Nature, la Collectivité européenne d’Alsace, la Région Grand Est et l’association Consommation logement cadre de vie sont au contraire pour un déstockage le plus complet possible. Car malgré l’aménagement voulu par l’État, la nappe phréatique sera inéluctablement polluée un jour par les déchets à cause d’une infiltration de l’eau. On ne sait pas précisément quand et à quel point.
Les tentatives de l’État
Depuis plusieurs années, les MDPA essayent de débuter les travaux. Mais la cour administrative d’appel de Nancy a déterminé en octobre 2021 que les garanties financières accordées par l’État aux MDPA étaient insuffisantes pour réaliser le suivi à long terme de ce stockage irréversible. Un nouvel arrêté préfectoral est donc en cours de réalisation. Une enquête publique doit être réalisée début 2023 pour permettre à cet arrêté préfectoral d’être publié au cours de l’été prochain. En attendant, l’État et les MDPA aimeraient pouvoir commencer les travaux préparatoires, estimant qu’il y a urgence vu la dégradation progressive des galeries dans lesquelles sont stockées les 42 000 tonnes de déchets industriels ultimes.
La préfecture du Haut-Rhin a donc rédigé un arrêté début 2022 autorisant les travaux préalables au confinement et ces derniers ont brièvement commencé au printemps avant d’être suspendus par le tribunal administratif comme le confinement irréversible n’est toujours pas autorisé. L’État et les MDPA ont ensuite formulé une requête au tribunal administratif pour demander la poursuite des travaux préparatoires au titre de l’urgence à reprendre les travaux, rejetée par la justice le 1er août.
« Comment faire confiance à l’État ? »
Jeudi 15 décembre, le tribunal administratif de Strasbourg examinait sur le fond le nouvel arrêté préfectoral visant à autoriser les travaux préparatoires. Pour Alsace Nature, l’urgence à agir n’est démontrée dans aucune étude par l’État. L’association environnementaliste, qui s’oppose à ce confinement et souhaite un déstockage le plus important possible des déchets toxiques pour protéger au maximum la nappe phréatique, dénonce aussi l’absence d’étude de faisabilité du déstockage, notamment à l’aide de robots.
Pendant l’audience, la rapporteure publique, dont l’avis est souvent suivi par les juges en justice administrative, a retenu les arguments d’Alsace Nature dans ses conclusions. Elle demande donc la poursuite de la suspension des travaux. Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, est satisfait des conclusions de la rapporteure publique. Il s’interroge plus généralement sur la confiance que les citoyens peuvent accorder à l’État :
« Dans cette affaire, l’État fait tout pour commencer les travaux le plus rapidement possible, avant l’enquête publique, en assurant que c’est la seule solution, alors que la possibilité du déstockage n’a pas été sérieusement étudiée. Dans ces conditions, comment les citoyens peuvent-ils faire confiance à l’État ? Malgré l’incendie qui a eu lieu en 2002 dans la mine, malgré les doutes sur la nature des déchets… Cette position n’est pas acceptable pour nous. »
Les arguments du Département et de la Région rejetés
Me Zind, l’avocat d’Alsace Nature, rappelle que la seule expertise fournie par l’État censée justifier l’urgence de réaliser les travaux met justement en cause les MDPA sur l’entretien d’une zone de la mine. L’étude de Geos datée de l’été 2022, consultée par Rue89 Strasbourg, indique : « Il n’y a pas eu de maintenance importante depuis plus de sept ans. Cela explique l’état actuellement fortement dégradé de la zone. »
La Collectivité européenne d’Alsace (CeA), la Région Grand Est et l’association Consommation logement cadre de vie (CLCV) étaient associées à Alsace Nature. Mais la rapporteure publique considère que les juges devraient conclure à l’irrecevabilité de leurs requêtes car la pollution de la nappe phréatique n’entrerait pas dans leur champ de compétence. La décision du tribunal est attendue le 12 janvier.
« Parole aux taulards » – Épisode 5. Trois détenus ou anciens détenus témoignent des bienfaits de la zone scolaire de la maison d’arrêt de Strasbourg. Elle permet de rompre la monotonie de la détention, de reprendre confiance et de se former pour trouver un travail à la sortie.
« Pour moi, c’était l’un des meilleurs lieux de la détention. » Valentin (le prénom a été modifié) ne tarit pas d’éloge à l’égard de la zone scolaire de la maison d’arrêt de Strasbourg. Après plusieurs incarcérations dans la prison située à l’Elsau, l’ancien prisonnier se félicite de ces cours « avec des vrais profs de l’Éducation nationale » dans des classes de quelques élèves, souvent deux ou trois. « Ça te donne l’impression d’être utile, se félicite Valentin, t’as un projet autour de ton cours, tu te réinsères déjà en faisant ça. »
« Les profs n’ont pas cette froideur, ce mépris »
La zone scolaire de la maison d’arrêt de Strasbourg est dirigée par le responsable local de l’enseignement Laurent Blanchard depuis septembre 2015. Elle compte six enseignants permanents qui assurent les cours du lycée pénitentiaire de la prison. À cela s’ajoute une trentaine de professeurs de collège, de lycée, de lycée professionnel ou d’université qui donnent quelques heures de cours par semaine en détention. Il y a enfin une quinzaine de professeurs bénévoles, souvent retraités, qui interviennent une demi-journée par semaine.
Adepte de sport de combat, l’ancien détenu se souvient tout particulièrement des cours de physique et de ses échanges avec un professeur sur la nutrition : « On a pu parler des glucides, ça m’a beaucoup aidé pour mes connaissances en sport. » Et Valentin d’ajouter : « En zone scolaire, tu te sens pas comme un détenu. Les profs n’ont pas cette distance, cette froideur et ce mépris qu’on trouve chez le personnel pénitentiaire. »
« À chaque fois j’étais sur liste d’attente »
Kader (le prénom a été modifié) s’estime chanceux. Il a pu intégrer la zone scolaire quatre mois après son incarcération. Mais il évoque rapidement d’autres codétenus, dont certains attendent un an avant de pouvoir assister à un cours. Pour Valentin, l’offre d’enseignement et de formation est insuffisante :
« J’ai fait quatre peines à l’Elsau. À chaque fois j’ai demandé une formation, n’importe laquelle. À chaque fois on m’a dit que j’étais sur liste d’attente. J’ai fait une année pleine entre 2020 et 2021, j’ai rien pu faire de l’année, pas un cours, pas un travail en atelier… »
En moyenne, entre 200 et 240 détenus (soit un tiers de la population carcérale) assistent à des cours ou suivent une formation au sein de la maison d’arrêt de Strasbourg. « Effectivement, il peut y avoir une liste d’attente pour certains groupes, admet le responsable local de l’enseignement, mais entre les libérations et les transferts, avec une moyenne d’incarcération de cinq mois, il y a de nouvelles places qui se libèrent chaque semaine. » Laurent Blanchard ajoute l’impact de la crise sanitaire depuis mars 2020 : « Jusqu’en mai 2022, covid oblige, on était contraints de composer avec des demi-groupes, pour éviter les contaminations qui forcent chaque détenu positif à rester à l’isolement pendant sept jours. »
« Une fois par semaine, on descend pour rien en zone scolaire »
Au-delà des places parfois insuffisantes en zone scolaire, Kader se plaint d’annulations récurrentes des cours, et ce à la dernière minute. Or, les détenus qui assistent aux cours le font souvent au détriment de leur temps de promenade. D’où la lassitude du prisonnier :
« Depuis trois mois, une fois par semaine, on arrive pour le cours et on nous dit que l’activité est annulée. Il y a toujours une raison : travaux dans une salle, manque de personnel pénitentiaire ou absence du professeur. Du coup on descend pour rien en zone scolaire. »
Une autre contrainte peut peser sur les détenus qui souhaitent se rendre en cours. Comme l’a raconté Jacques (le prénom a été modifié) dans le premier épisode de cette série, il souhaitait se rendre en zone scolaire lorsqu’un surveillant l’a insulté et lui a bloqué la porte avant de rappeler qu’il est le seul à décider si le prisonnier peut aller en classe ou non. C’est finalement l’intervention d’un collègue qui permettra à Jacques d’étudier. Ce dernier a porté plainte pour cet abus de pouvoir. La direction de l’administration pénitentiaire a répondu à Jacques en promettant un « examen attentif de la situation évoquée ».
« Je pensais que j’étais vraiment nul »
Incarcéré au quartier pour mineurs de la maison d’arrêt de Strasbourg, Mael a passé six mois en détention entre octobre 2021 et mars 2022. Au départ, il s’est rendu en zone scolaire « parce que sinon il me confisquait la télé ». Puis au fil des dix heures de cours hebdomadaire (anglais, français, mathématiques), le jeune a repris confiance en lui :
« De base, j’étais un très mauvais élève. Je savais juste compter. J’écrivais tout en abrégé. Avant de faire mon premier cours en prison, je pensais que j’étais vraiment nul, que j’avais un petit cerveau. Ensuite j’ai été choqué, parce que j’ai revu plein de choses que je connaissais déjà. C’est là que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire ici. »
Une fois sortie de détention, Mael a bénéficié de cours bénévoles de la part d’un professeur dans l’unité éducative de jour située dans la plaine des bouchers. Il a pu ainsi obtenir la partie théorique de son diplôme de CAP avant l’été 2022. Mael est actuellement à la recherche de stages qui doivent lui permettre de valider la partie pratique d’un CAP mécanique l’année prochaine.
« Notre mission : rendre utile le temps de l’incarcération »
Tous les détenus qui assistent aux cours de la maison d’arrêt n’obtiennent pas de diplôme. Mais chaque diplômé est une victoire pour Laurent Blanchard qui donne les statistiques de diplomation au sein de la maison d’arrêt de Strasbourg :
« Pour l’année scolaire 2021/2022, 29 personnes ont obtenu un diplôme sur leur niveau de langue française. Pour le certificat de formation générale, ce sont 26 détenus qui l’ont obtenu avec 100% de réussite. Il y a aussi des CAP, j’avais huit élèves inscrits en CAP Production Service et Restauration. Six l’ont obtenu grâce à une formation de 25 heures par semaine. Niveau diplôme, on a une élève qui a passé son diplôme d’accès aux études universitaires. Elle est maintenant en première année de licence droit en détention. On a aussi un élève qui est en troisième année de licence de droit après avoir validé son bac ES chez nous en 2020. »
Fier de son équipe enseignante et de leur engagement, le responsable de l’enseignement Laurent Blanchard résume la mission de la zone scolaire :
« Nos missions, c’est d’abord la prise en charge des mineurs pour leur redonner le goût d’apprendre et les aider à construire un projet professionnel. Il y a ensuite l’aide aux personnes en situation d’illettrisme et aux personnes étrangères pour qu’elles puissent acquérir les savoirs de base en langue française. Enfin, il s’agit de rendre utile le temps d’incarcération. Pour ce faire, on valide des compétences et on prépare la sortie. Cette préparation, c’est une lutte contre la récidive. Si une personne a validé des compétences, si elle a obtenu son permis ou une formation, si elle s’est sentie valorisée en classe et qu’elle a pu retisser un lien de confiance avec un enseignant, alors on maximise les chances de réinsertion. »
Loin de la foule et de la cohue du Christkindelmärik, quelques lieux et collectifs strasbourgeois proposent des marchés de Noël avec des productions locales et artisanales. De quoi trouver des cadeaux uniques ou produits en très petite série.
À Strasbourg en décembre, il y a le marché de Noël In, le marché Off et… d’autres marchés nettement moins connus mais tout aussi bien fournis. À condition de s’éloigner du centre-ville, nombre de tiers-lieux et d’ateliers d’artistes organisent des présentations publiques au moment des fêtes. Petite liste non exhaustive.
Declic Declic à la Semencerie
« Le plus beau marché de Noël sous hangar de Strasbourg » existe à la Semencerie, accompagné d’une exposition d’hiver préparée par les membres de cet atelier artistique partagé. Le vernissage aura lieu vendredi 8 décembre 2023 et permettra d’écouter la musique folk de The Houx ou de chanter à tue-tête lors d’un karaoké.
Le marché sera quant à lui ouvert les 8, 9, 16 et 17 décembre. Et accompagné d’animations. Samedi 16 décembre, il s’ouvrira sur un échange qui devrait parler à beaucoup de monde : « Et toi, tu vis comment les fêtes de fin d’année ? » Suivront le concert de synth wave de Jann Ein, la dance music de Autorcar et de Sourire à l’avenir ainsi qu’un DJ set. Dimanche 17 décembre, la musique expérimentale de Musique fonctionnelle ouvrira la soirée avant de laisser place au violon bulgare et au dessin de Le Grand sommeil.
Du côté des stands, pas mal d’idées de cadeaux… à régler en liquide, aucun exposant n’acceptant la carte bancaire.
Le Marché Gruber
À Koenigshoffen, les collectifs installés au parc Gruber organisent leur marché de fin d’année. Une déambulation à opérer entre les structures organisatrices : la Hutte, la Fabrique, le chantier d’insertion Libre Objet, la Maison Rose, la Forêt bleue et les ateliers Bouillons, Imago et Pare-Défaut. L’occasion de parcourir les ateliers ouverts et de discuter avec les artistes qui exposent.
Du côté des étals, nombre de propositions de céramiques, gravures, illustrations, bijoux et objets décoratifs, peintures, dessins, photos, maroquinerie, livre, papeterie, sacoches pour vélo, vélos, savons…
Le Troc’kristkindels’märik
Déjà quatorze éditions au compteur pour le marché de Noël du Troc’afé. Le Troc’kristkindels’märik occupe la brasserie les week-ends du 9 et 10 et du 16 et 17 décembre, avec, à chaque fois, une douzaine d’artisans et graphistes locaux. Différents, d’un week-end sur l’autre. Sur les étals, des bijoux, des affiches et des t-shirts sérigraphiés, du tricot ou encore de la poterie.
Le marché de Noël interculturel du Wagon Souk
Petit marché de Noël intimiste à l’entrée de la rue du Rempart, le Wagon souk a donné rendez-vous à nombre de créateurs et créatrices tout au long des week-ends du mois de décembre. À chaque jour sa liste d’exposants, à découvrir le matin même sur la page Facebook du tiers lieu. À retrouver notamment : des gravures, des bijoux, des livres et des illustrations, des accessoires en wax ou encore des pâtisseries japonaises.
Noël à Cerbère
L’atelier Cerbère, occupé par la créatrice de bijoux Camille Ancelin (Petit Pallas) et l’illustratrice Margot Dancot (Okmakoma) invite des créateurs et des créatrices strasbourgeoises pour une expo-vente de Noël du vendredi 16 au lundi 19 décembre. Sont prévus : les céramiques d’Audrey Sanseigne, des illustrations par plusieurs artistes, des créations textiles et des accessoires et des bougies.
Marché de Noël à la maison
C’est la cinquième édition du Marché de Noël à la maison, organisé par deux habitants de Schiltigheim. Ils accueillent au rez-de-chaussée de leur maison samedi 9 et dimanche 10 décembre, pour découvrir des créateurs et créatrices du coin qui font de l’illustration, de la couture, de la céramique, de la gravure, ou encore de la sérigraphie.
Vous connaissez d’autres marchés de Noël alternatifs ? Signalez-les en commentaires et nous les intégrerons lors d’une prochaine mise à jour de cet article.
Une note de renseignement consultée par le média Europe 1 indique que les hooligans de Strasbourg Offender ont l’intention de « patrouiller » dans le centre-ville après le match France-Maroc.
Après Stras Défense, au tour de Strasbourg Offender de jouer les gros bras pour soi-disant rétablir l’ordre. Dans la soirée du mardi 13 décembre, le média Europe 1 a publié un article issu d’une note des renseignements intérieurs concernant la soirée de la demi-finale France – Maroc de la coupe du Monde de football au Qatar. Le document évoque des débordements possibles ainsi qu’une menace venant de l’ultradroite. Strasbourg est évoquée à plusieurs reprises dans cette note datant du lundi 12 décembre.
Le risque de débordement
La capitale alsacienne pourrait d’abord subir des débordements liés à une victoire du Maroc. Europe 1 cite ainsi la note des renseignements :
« Les débordements pourraient s’intensifier et s’étendre à d’autres secteurs à forte représentation algérienne ou tunisienne, notamment dans des quartiers sensibles qui n’ont pas été concernés lors du précédent match. »
Parmi les villes concernées, les renseignements intérieurs évoquent Lyon, Toulouse, Strasbourg, Lille, Roubaix, Tourcoing et d’autres grandes agglomérations autour de Paris et dans le sud de la France.
À Strasbourg, lors des deux précédents matchs de l’équipe marocaine, la foule en liesse s’était réunie au niveau de la place des Halles tandis que des cortèges de voiture défilaient en ville. De nombreux feux d’artifice ont été tirés lors de ces soirées, et un policier a été visé suite à la victoire en quart de finale du Maroc. Les DNA ont décrit l’audience qui a suivi au tribunal judiciaire de Strasbourg le mardi 13 décembre. Le jeune homme a été condamné à 15 mois de prison avec sursis.
Une menace d’ultradroite
Mais une autre menace est décrite par les services de renseignement : elle vient de l’ultradroite strasbourgeoise. Europe 1 affirme que « plusieurs dizaines de membres du groupuscule de hooligans Strasbourg Offender auraient prévu de descendre dans la rue après le match pour y « patrouiller » et rétablir un ordre qu’ils estiment mal tenu par les forces de sécurité intérieure ».
Pour rappel, le groupuscule de hooligans néonazis de Strasbourg Offender a déjà provoqué une bagarre lors d’une manifestation contre la loi sécurité globale en novembre 2021. Un membre de ce groupe a été mis en examen pour trafic illégal d’armes en mai 2022. Plus récemment, un journaliste de Rue89 Strasbourg spécialisé dans le suivi du hooliganisme strasbourgeois a été reconnu et menacé par les membres de Strasbourg Offender en marge d’un rassemblement.
Contacté, le député local de la France insoumise Emmanuel Fernandes confirme ces éléments après un échange avec la préfecture du Bas-Rhin. Il s’étonne néanmoins qu’aucun dispositif ne soit mis en place pour faire face à la menace d’ultradroite : « La préfète m’a parlé d’un dispositif de sécurité global qui renvoie dos à dos des supporters qui manifestent leur joie, et un groupuscule d’extrême droite qui veut fonctionner ce soir comme une milice. »
Alors que le ministre de l’Intérieur prépare une nouvelle « loi immigration », des militants strasbourgeois organisent une manifestation dans le cadre de la journée internationale des migrants ce 17 décembre.
« Le monde aujourd’hui incarné par Darmanin (ministre de l’Intérieur, NDLR) chasse, agresse, tue, expulse, discrimine, surexploite et divise sur la base de l’origine, la couleur de peau, la nationalité, la religion. » Solidaires, D’ailleurs nous sommes d’ici, Attac, le NPA, l’Action Antifasciste et le Collectif de soutien aux migrant.es de Strasbourg, appellent à manifester samedi 17 décembre à 14h, au départ de la place de l’Étoile pour la journée internationale des migrants.
Cette dernière a été proclamée par l’assemblée générale des Nations unies le 4 décembre 2000 et vise notamment à « commémorer l’adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille ». Dans l’appel à manifester à Strasbourg, les organisations locales écrivent :
« Des centaines de milliers de sans-papiers vivent et travaillent aujourd’hui en France, cotisent, déclarent et paient des impôts sans aucun droit. Au moment où même certains patrons demandent des régularisations, l’unité est plus que jamais cruciale pour gagner la régularisation de toutes et tous les sans-papiers, l’égalité des droits et des revenus et des conditions de travail décentes pour toutes et tous, français·e·s comme étranger·ère·s. […] Dans le monde incarné par Darmanin, l’étranger, l’étrangère, est le problème, l’ennemi. Mais nous sommes des millions d’étrangers, d’étrangères à son monde. »
Bientôt une nouvelle « loi immigration »
Les militants entendent notamment dénoncer la prochaine « loi immigration » voulue par Gérald Darmanin et qui doit être débattue début 2023. Elle est très critiquée par les soutiens des migrants, notamment parce que le ministre souhaite faciliter les expulsions et rendre plus difficiles les recours contre les obligations de quitter le territoire français (OQTF). Il entend aussi créer un titre de séjour « métiers en tension », vu les pénuries de personnel dans de nombreux secteurs.
Deux heures par jour à faire le ménage au supermarché Leclerc d’Obernai. Plus huit heures quotidiennes à travailler dans la charcuterie industrielle Stoeffler. Et pourtant, faute de place en foyer, Mohamed, 50 ans, dort dans sa camionnette. Reportage.
La journée de Mohamed Khelif commence aux alentours de 4h30. Ce n’est pas le réveil qui tire cet homme de 50 ans de son sommeil. C’est le froid mordant de l’hiver qui s’installe. Début décembre, les températures minimales oscillent autour de 2 degrés à Obernai. Les nuits de Mohamed sont donc faites « de siestes, de trente minutes, parfois une heure. »
Algérien venu travailler en France en 1997, il vit dans une camionnette Mercedes, garée devant le supermarché Leclerc, une situation qui ne lui permet pas d’utiliser l’appareil qui le préserve de son apnée du sommeil. « C’est aussi pour ça que je dors presque pas… », décrit Mohammed, sans-abri depuis près d’un an.
« J’ai dû jeter mon matelas »
À l’arrière de sa camionnette, au milieu des vêtements, des couvertures, devant un vélo et à côté d’une pile de papiers administratifs, il dort sur un simple tapis de sol. « J’ai dû jeter mon matelas, il avait pris l’humidité », explique-t-il en se frottant continuellement les mains, à la recherche de chaleur.
Au supermarché Leclerc, il travaille pour une société de nettoyage de 6 heures à 8 heures, du lundi au vendredi. Mohamed y arrive toujours en avance : « Je fais du bénévolat la première heure, pour être au chaud. À l’intérieur, il fait meilleur et quand tu bouges, ça te réchauffe. »
Lorsque l’automne a pris fin, il a tenté de se préserver du froid avec un chauffage portable au gaz. Puis un matin, au réveil, il s’est rendu compte que l’appareil fuyait. « C’est dangereux. Il aurait suffit qu’un mec jette une cigarette et boom », dit-il en associant la parole au geste. Il aurait aussi pu mourir asphyxié. Depuis, l’Algérien préfère laisser le moteur de la camionnette allumé un peu plus longtemps la nuit.
« Au Leclerc, je fais du bénévolat la première heure, pour être au chaud. » Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 StrasbourgPhoto : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg
« Mon problème, c’est la douche »
Dans les toilettes de l’hypermarché, le sans-abri peut se brosser les dents et se rafraîchir un peu le visage. Lorsqu’on l’interroge sur l’aspect le plus difficile de son quotidien, Mohamed répond sans hésiter : « Mon problème, c’est la douche. Ça fait 15 jours que je n’ai pas pris de douche. »
De 13h à 20h, l’agent d’entretien devient ouvrier de l’industrie agrolimentaire, au sein de l’usine de charcuterie Stoeffler. Employé en rôtisserie, il regrette de ne pas pouvoir se doucher dans les vestiaires de l’usine puisque les robinets y sont fermés. « Et moi, je suis intérimaire, je ne peux pas demander à réparer les douches », souffle-t-il sur le ton de l’évidence.
« Mon problème, c’est la douche. Ça fait 15 jours que j’ai pas pris de douche. » « Et moi, je suis intérimaire, je peux pas demander à réparer les douches »
En novembre 2021, Mohamed a quitté son appartement situé place des Halles à Strasbourg. Il évoque un passage difficile, où les missions d’intérim se faisaient plus rares. Le locataire faisait aussi face à l’augmentation du loyer depuis que la gestion du bien avait été confiée à une agence immobilière. « Ma facture a augmenté de 100 euros en un an », jure l’ancien Strasbourgeois. Après avoir fait l’état des lieux, il parvient à éviter la rue grâce à des amis qui l’hébergent quelques semaines, puis quelques mois. C’est à partir d’août 2022 que Mohamed commence à dormir sur le parking du Leclerc d’Obernai.
C’est à partir d’août 2022 que Mohamed Khelif commence à dormir sur le parking du Leclerc d’Obernai. Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg
« Même à Obernai, des gens dorment dehors »
Au départ, la camionnette Mercedes passe inaperçue. Puis un collègue de travail découvre la situation du sans-abri en octobre. Contacté par Rue89 Strasbourg, cet habitant d’Obernai dit avoir « mal au cœur » face à la situation de Mohamed, « un mec sérieux, toujours à l’heure, qui bosse pour réussir sa vie ». Il s’étonne aussi que « même à Obernai il y ait des gens qui dorment dehors… » Alors il a déjà ramené des couvertures et des coussins pour son collègue. L’aide est précieuse. Au quotidien, Mohamed n’a plus tant de soutien. Tout juste a-t-il obtenu l’autorisation de la direction du supermarché pour laisser son véhicule sur le parking. Dans le magasin, un agent de sécurité raconte : « Une fois, je ne l’ai pas vu dans le magasin alors qu’il était 5h45. Je suis allé toquer à la camionnette pour le réveiller. »
Quand il ne mange pas quelques aliments froids du supermarché, Mohamed va chercher un hamburger au Quick ou un kebab. Photo : Mathilde Cybuslki / Rue89 Strasbourg
Avec nostalgie, le sans-abri évoque les plats qu’il aimait cuisiner quand il habitait encore à Strasbourg : les soupes, les couscous et les marmites pleines de plats algériens. Désormais, quand il ne mange pas quelques aliments froids du Leclerc, il va chercher un hamburger au Quick ou un kebab. Chez Stoeffler, il y a une sorte de collation à 17 heures. Mais il n’y mange que du pain et de la confiture avec un café. « Le reste, c’est du halouf dans tous les plats là-bas », dit-il en riant.
Une demande de logement rejetée pour « comportement inapproprié » au téléphone
Le 4 août, Mohamed a fait une demande de logement social au sein du foyer Moulin située dans la commune voisine de Molsheim. Il y a déjà passé trois ans, au début des années 2000 et assure n’avoir jamais posé aucun problème : « Je ne bois pas, je ne fume pas, dès qu’on me donne du boulot, je prends. »
Début novembre, Mohamed reçoit du Centre communal d’action sociale (CCAS) un refus de sa demande d’hébergement. Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg
L’intérimaire raconte les appels hebdomadaires et les mêmes réponses qui lui sont opposées : « Rappelez la semaine prochaine, la commission ne s’est pas encore réunie concernant votre dossier. » À mesure que la température baisse, l’ouvrier s’inquiète et s’énerve d’attendre. Il reconnaît « avoir manqué de respect » à son interlocuteur au téléphone. « Une seule fois, jure-t-il, et je me suis excusé plusieurs fois après… »
Trop tard : début novembre, il reçoit un courrier du Centre communal d’action sociale (CCAS) de Molsheim qui lui indique que sa demande a été rejetée après avoir été placée sur liste d’attente. La lettre évoque « un comportement inapproprié à l’égard de la directrice du CCAS et du personnel de la mairie » de la part du demandeur. Contactée par Rue89 Strasbourg, la directrice du CCAS assure qu’un tel refus est « exceptionnel » et évoque un manque de place au sein de la structure.
Depuis, Mohamed attend des nouvelles du foyer Adoma de Koenigshoffen. Il est actuellement 13e sur la liste d’attente de cet établissement. Son assistante sociale l’a aidé à déposer un dossier « travailleurs » auprès de l’organisme Action Logement. Il attend aussi des nouvelles des bailleurs sociaux de l’Eurométropole, « mais c’est compliqué ils m’ont dit ». En parallèle, il cherche un logement à Obernai et environs. Sur LeBonCoin, il a trouvé quelques appartements intéressants, mais il n’a été retenu par aucun propriétaire : « Quand ils voient mon adresse enregistrée au CCAS, ils préfèrent toujours prendre quelqu’un qui a un CDI… »
Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg
Avant de rejoindre les lignes de production de l’usine, Mohamed ironise en se laissant photographier devant l’entreprise Stoeffler : « Demain, je suis viré ! » Car il pense qu’ici, il vaut mieux ne pas trop faire de vagues. Désespéré, Mohamed aimerait que son témoignage résonne comme un appel à l’aide. À 50 ans, il est fatigué par cette situation.
En sortant de la rôtisserie de Stoeffler, vers 20 heures, il passe une ou deux heures au téléphone, avec sa famille en Algérie, qu’il n’a pas vue depuis plus d’un an : sa femme, ses trois garçons âgés de 15 à 17 ans, et sa fille de 22 ans. « J’ai droit au regroupement familial, mais avec ma situation (il pointe du doigt sa camionnette), ils ne peuvent pas venir ici maintenant. Et le plus dur, finalement, c’est que chaque semaine je leur dis que je trouverai un toit la semaine prochaine… »
Dans la semaine du 12 décembre, les températures minimales atteignaient les -8°C à Obernai.
Lancé la veille, le Réseau express métropolitain a d’abord fonctionné correctement lundi 12 décembre. Mais le manque de personnel et surtout le manque de matériel ont provoqué des retards et des suppressions de trains en début de soirée.
« Si on vous pose une question, vous ne vous arrêtez pas. Vous continuez d’avancer. » La consigne est donnée à trois jeunes employés de la SNCF dans le hall central de la gare de Strasbourg en soirée du lundi 12 décembre. Le Réseau express métropolitain européen (REME) fonctionne pour la deuxième journée mais après un lancement sans grande difficulté, dès lundi soir, le REME rame.
Des dizaines de personnes ont les yeux rivés sur un tableau d’affichage ponctué de plusieurs retards et de suppressions de trains. La foule commence à s’impatienter. Un petit groupe d’agents de la société ferroviaire doit traverser le hall central pour rejoindre le quai numéro 1. À peine ils s’élancent qu’une voyageuse alpague un des jeunes en gilet rouge sans manche : « Excusez-moi monsieur, mon train pour Colmar a été supprimé. Comment est-ce que je fais ? » Un des cheminots s’arrête. Une erreur de débutant sans doute.
Des dizaines de voyageurs, les yeux rivés sur les panneaux d’affichage. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
« Dans 70% des cas, c’était un problème matériel »
Au total, 67 Trains express régionaux (TER) sur 750 prévus en Alsace dans la journée du lundi 12 décembre ont été supprimés selon un comptage interne à la SNCF. La communication de la direction régionale TER Grand Est n’a répondu à notre question sur ce sujet. Secrétaire adjoint du syndicat Unsa ferroviaire Alsace, Ludovic Wintenberger résume :
« Le matin, ça allait au lancement, mais au fur et à mesure, un train en retard en a entrainé d’autres… Dans 70% des cas, c’était un problème matériel, avec des trains au mauvais endroit et un manque de matériel roulant pour remplacer les trains en retard ou supprimés. On se doutait que ça n’allait pas rouler parfaitement le jour même mais on ne s’attendait pas à de telles perturbations. »
Tout avait pourtant bien commencé, ce premier lundi du REME. Sur le trajet vers Molsheim, Valérie n’avait rien à déplorer, à part cinq minutes de retard au départ le matin et le même délai supplémentaire pour son retour à 14h14. La conseillère en assurance a l’habitude : « depuis la rentrée, c’est compliqué, surtout le soir. Il m’est déjà arrivé de voir deux trains de suite supprimés… Je me demandais comment ils allaient faire pour assurer un train toutes les dix minutes chaque soir. »
En gare de Molsheim, pas de perturbation à signaler en début d’après-midi du lundi 12 décembre. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
« La SNCF est allée chercher des rames ailleurs »
Une réponse est donnée au guichet de la gare de Molsheim : « La SNCF est allée chercher des rames ailleurs (en Champagne-Ardenne notamment, NDLR) et j’ai entendu parler de conducteurs à la retraite qui ont été rappelés. »
Côté personnel, la communication de la direction régionale TER Grand Est avance que le lancement du REME a nécessité « une augmentation de nos effectifs de 86 agents dont une majorité de conducteurs et de contrôleurs ». « 22 agents de maintenance ont été recrutés pour renforcer le technicentre de Strasbourg qui fonctionne désormais en 24 heures sur 24 le week-end », indique la SNCF aux Dernières Nouvelles d’Alsace. Elle assure de même que la SNCF dispose « aujourd’hui les ressources suffisantes pour assurer le démarrage de la première phase du REME. » Concernant le matériel roulant, la SNCF a transmis les informations de la Région Grand Est qui affirme avoir injecté neuf nouvelles rames Regiolis dans le REME autour de Strasbourg. « En parallèle, il y a des prêts de matériels de l’Ile de France », indique la communication de la société ferroviaire.
Des trains d’autres régions ont été amenés en Alsace pour réduire le manque de matériel roulant. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
« Le service est pour l’instant quasi-parfait », indiquait lundi en début d’après-midi André Lott, président de Bruche-Piémont Rail. Tout juste arrivé à Molsheim depuis Bischoffsheim, ce militant « pour un transport public de qualité » soulève une difficulté nouvelle pour les habitants de la vallée de la Bruche et du Piémont :
« Dans ces zones, le REME n’offre pas de train supplémentaire. Tandis que les horaires du service ont été complètement réorganisés. Certains habitants, notamment les lycéens, sont pénalisés. Les nouveaux horaires les font arriver en retard en cours… »
À Strasbourg, la gare gronde
En fin d’après-midi, les retards commencent à s’accumuler sur le panneau de la gare de Vendenheim. Sortant du train pour rentrer chez lui, un professeur des écoles se dit « sceptique » sur la capacité de la SNCF à offrir le service REME : « Depuis le covid, ils ont du mal à stabiliser l’offre… » Sur le quai pour rentrer à Strasbourg, Christophe se plaint aussi d’annulations récurrentes. Il attendra une demi-heure dans le froid puisque le train pour Sélestat et passant par Strasbourg a été supprimé.
De retour à Strasbourg, la gare gronde des voyageurs en colère. Les annonces se suivent et se ressemblent : « Le train de 17h58 en direction de Bâle est supprimé en raison de la réutilisation d’un train. » Sur les panneaux des départs et des arrivées, le train pour Niederbronn de 17h57 affiche d’abord cinq minutes de retard, puis il est supprimé. Les trains pour Wissembourg, Bâle et Metz sont aussi affichés avec du retard.
C’est en début de soirée que les difficultés ont commencé… Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
« Le REME, j’y crois pas »
Fabienne, qui habite désormais Colmar, se félicite de ne plus prendre le train tous les jours :
« Pour moi, c’est devenu une banalité les trains supprimés. Alors pour l’instant, le REME, moi je n’y crois pas. »
Un petit groupe de quatre voyageurs de Charente-Maritime, venus pour le marché de Noël, attend depuis 50 minutes qu’un train daigne partir pour Colmar. Un peu plus loin, des lycéens appellent leurs parents pour qu’ils viennent les chercher :
« On vient de nous annoncer qu’il y aurait pas de train pour Haguenau avant une demi-heure, voire une heure. Ça nous arrive deux à trois fois par mois, dans ces cas-là on essaye de se débrouiller… »
Sur toute la Région Grand Est, 394 trains supprimés
Président de la Fédération des usagers de transports du Grand Est, François Giordani résume :
« Pour la journée du lundi, sur le REME, nous comptons 20 trains supprimés, essentiellement sur la ligne vers Haguenau, et 15 retards de plus d’une demi-heure. Mais sur toute la Région Grand Est, ce sont 394 trains qui ont été supprimés, essentiellement avec un motif farfelu de grève SNCF inopinée. »
Cette situation « correspond à l’inquiétude qu’on avait : ils ont mis le paquet sur le REME et ont enlevé des moyens sur d’autres lignes… » Selon nos informations, seuls 30% des trains entre Strasbourg et Nancy sont arrivés à l’heure dans la journée du lundi 12 décembre.
Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
Dans la matinée du mardi 13 décembre, de nouvelles difficultés se sont ajoutées pour la SNCF, qui blâme le givre. Aux alentours de 7h, comme l’a constaté la députée haut-rhinoise Brigitte Klinkert (Renaissance), aucun train ne partait de la gare de Strasbourg. Selon François Giordani, à 8h, une dizaine de trains du REME avaient déjà été supprimés :
« C’est le double par rapport à hier, donc nous allons rester attentifs, d’autant que les mardis et vendredis sont les jours de plus forte fréquentation. »