Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Peu de risques de coupures d’électricité en raison d’un hiver très doux  

Peu de risques de coupures d’électricité en raison d’un hiver très doux  

Le risque de coupures d’électricité dans le Bas-Rhin s’éloigne pour cet hiver. Strasbourg Électricité Réseaux, gestionnaire régional du réseau de distribution d’électricité estime que les conditions climatiques actuelles et la baisse de consommation des usagers devraient permettre d’éviter les délestages.

Depuis quelques mois, les messages anxiogènes se succèdent à propos de potentielles coupures de courant pour soulager les tensions sur le réseau électrique. Vendredi 13 janvier, Strasbourg Électricité Réseaux, gestionnaire régional du réseau de distribution d’électricité (qui couvre une grande partie du Bas-Rhin), s’est montré rassurant à ce sujet.

 Lors d’une conférence de presse, le directeur général de Strasbourg Électricité Réseaux, Jean-Claude Mutschler, a expliqué que malgré les grosses craintes de la rentrée scolaire 2022, plusieurs conditions étaient réunies pour que l’hiver 2022/2023 se déroule sans coupure d’électricité chez les particuliers. La situation est bien moins catastrophique que ce qui était prévu. 

Les températures des mois d’octobre, novembre et janvier, plutôt douces, ont évité des pics de consommation trop importants. Aussi, les chutes de neige au mois de décembre ont permis de revenir à des niveaux hydrauliques corrects, ce qui a favorisé la fabrique d’électricité. Les niveaux sont quasi normaux, explique le gestionnaire.

« Nous avons aussi remarqué que l’appel à la sobriété a porté ses fruits au plan local. Comparativement à l’an passé, nous avons une baisse de 9% de la consommation. L’effet économique a certainement beaucoup joué. Cela nous permet de véhiculer des messages sur le délestage plus modéré, moins anxiogène. »

Étienne Anselm, directeur adjoint de Strasbourg Électricité Réseaux
Des agents sont en permanence présents dans les locaux de Strasbourg Électricité Réseaux pour surveiller l’état du réseau et résoudre les incidents. (photo EC / Rue89 Strasbourg / cc)

Le gestionnaire estime que si une pointe de consommation devait se produire, causée par un pic de froid par exemple, il sera en mesure de tenir le choc sans coupure d’électricité, grâce à la réunion de toutes ces conditions. Et si des tensions devaient quand même apparaître, d’autres mesures seront prises avant celles-ci, telles que la baisse de tension de 5% sur le réseau pour l’ensemble des clients. « Les usagers ne le ressentiraient pas », assure Étienne Anselm, directeur adjoint de Strasbourg Électricité Réseaux. 

Le maire d’Epernay Franck Leroy élu à la tête de la Région Grand Est

Le maire d’Epernay Franck Leroy élu à la tête de la Région Grand Est

Le président par intérim Franck Leroy (Horizons) a été élu par une large majorité des conseillers à la tête du Conseil régional ce vendredi 13 janvier. Il s’affirme résolument contre une sortie de l’Alsace du Grand Est.

« Il y a quelques semaines encore, personne ne pouvait m’imaginer à cette place. » Depuis la tribune du conseil régional, Franck Leroy (Horizons) résume le sentiment général. Dans une assemblée dissipée, après deux appels très scolaires et quelques remontrances, son élection à la présidence du Grand Est, s’est déroulée sans surprise. À l’issue d’un scrutin l’opposant au conseiller mosellan Laurent Jacobelli (Rassemblement National), le maire d’Epernay – il quittera ce mandat sous peu – a été élu à la tête de l’exécutif régional ce vendredi 13 janvier. Sur les 169 conseillers, Franck Leroy a recueilli 96 voix. Son opposant du RN a rassemblé 34 votes.

Il succède ainsi à Jean Rottner, dont il fut le premier vice-président en juillet 2021. Conforté comme dauphin, Franck Leroy a assuré l’intérim à la suite de la démission surprise de Jean Rottner le 20 décembre 2022. Depuis, le nouveau président est resté dans l’ombre médiatique de son prédécesseur, épinglé pour ses activités de consultant très lucratives et sa reconversion aussi fructueuse qu’étonnante à la direction régionale du groupe immobilier Réalités.

Un mandat qui « s’affirme dans la continuité »

Avant l’élection du nouveau président de Région, le doyen de la séance, Jean Louis Masson (RN et apparentés) n’a pas manqué l’occasion de placer une pique : « Ces départs successifs jettent le discrédit sur l’image de la région Grand Est. […] Espérons que cela facilitera la sortie de la région Alsace et le rétablissement des trois grandes régions. » 

Premier non-Alsacien à la tête du Conseil régional, Franck Leroy n’a pas manqué de rappeler son « attachement au Grand Est, une région qui contribue au rayonnement de notre identité ». Stoïque, il précise : « Je sais que ce point de vue fait encore débat dans quelques secteurs de l’Alsace. » Rendant longuement hommage à Jean Rottner, le nouveau président déclare que son mandat s’inscrira dans la continuité du précédent. Espérons qu’il ne se finisse pas de la même manière…

Hubert Ott, député Modem : « Avec ce ministre, le déstockage est possible à Stocamine »

Hubert Ott, député Modem : « Avec ce ministre, le déstockage est possible à Stocamine »

Hubert Ott est député Modem dans le Haut-Rhin et opposé au stockage définitif des déchets ultimes de Stocamine malgré sa participation à la coalition de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale. Pour lui, le nouveau ministre de la Transition écologique Christophe Béchu pourrait choisir de sortir les déchets. Entretien.

Le tribunal administratif a interdit la reprise des travaux de confinement, sous la nappe phréatique, des 42 000 tonnes de déchets industriels ultimes de Stocamine ce 12 janvier. Hubert Ott député Modem de la 2e circonscription du Haut-Rhin qui va de Guebwiller à Ribeauvillé, se satisfait de cette décision. Malgré sa participation à la coalition Ensemble à l’Assemblée nationale, il défend le déstockage le plus important possible de ces déchets contaminés à l’arsenic, à l’amiante ou encore au cyanure.

« Ce dossier engage ma conscience »

Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique lors du dernier mandat présidentiel, avait choisi l’option du confinement en janvier 2021. Le dossier traîne depuis un incendie dans la mine en 2002 qui a mis fin à l’activité sur le site. Pour Hubert Ott, il est urgent de tout mettre en œuvre pour sortir les déchets de la mine. Entretien.

Hubert Ott est le député de la deuxième circonscription du Haut-Rhin. (Photo remise)Photo : Document remis

Rue89 Strasbourg : Concernant Stocamine, vous vous opposez au gouvernement alors que vous participez à une coalition avec la majorité présidentielle en tant que député. Pourquoi ce positionnement sur ce dossier en particulier ?

Hubert Ott : C’est simple, j’étais déjà opposé à Stocamine dans les années 90, au moment où le projet a été présenté. Je suis toujours resté sur cette ligne. Ce dossier engage ma conscience. Stocamine est l’exemple même de ce qu’il ne faut plus faire : la promesse de la réversibilité du stockage non-tenue, l’absence d’écoute du terrain alors que de nombreux riverains sont pour le déstockage, tout comme la Région Grand Est et la Collectivité européenne d’Alsace.

« Le risque lié au déstockage doit être mis en perspective avec le risque de contaminer la nappe phréatique »

Enfin, ce n’est pas acceptable pour moi de laisser une telle bombe à retardement à nos descendants, ça me parait délirant. Il ne faut pas s’étonner que les citoyens ne fassent plus confiance aux élus si on agit de la sorte.

Comment interprétez-vous la position de l’État, qui affirme depuis plusieurs années que la bonne option est le confinement des déchets, car le déstockage est trop risqué pour les mineurs ?

Il y a certainement la peur de prendre une décision risquée, et une difficulté à reconnaître la faute de l’État quand il a défendu ce stockage sous la nappe phréatique. Je pense que le risque lié au déstockage doit être mis en perspective avec le risque de contaminer la nappe phréatique. Ce qui est en jeu, c’est notre ressource en eau potable, qui rend l’espace rhénan vivable. Les sous-sols de Stocamine sont un gruyère, il s’agit d’une ancienne mine. On doit ajouter à cela le caractère sismique de la région, les mouvements tectoniques, et les incertitudes sur les effets cocktails : les potentielles amplifications des effets néfastes de la pollution parce que les molécules toxiques agissent en synergie.

« La France envoie des robots à Fukushima, elle est capable d’envisager une solution à Stocamine »

D’après les études qui ont été réalisées, on a énormément d’incertitudes sur les impacts de la pollution en cas de stockage irréversible. On ne peut pas prendre ce risque. La France est capable d’envoyer des robots pour intervenir dans la centrale nucléaire de Fukushima. Je pense que notre pays peut largement envisager une solution technique à Stocamine. Et là, l’État fait comme si le risque était insurmontable, mais il n’a demandé aucune étude sur la possibilité d’un déstockage, avec l’aide de robots par exemple.

Selon les engagements initiaux de l’État dans les années 90, le stockage des déchets ultimes à Stocamine devait être « réversible » et limité à 30 ans. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg

Est-il encore possible d’obtenir le déstockage selon vous ?

Bien sûr. En particulier depuis la nomination du nouveau ministre de la Transition écologique. Je connais un peu Christophe Béchu (Horizons). Avec lui, je pense que le déstockage est possible à Stocamine. Il est sensible à la question des territoires et incarne le sens des responsabilités. Lorsque je le vois, je lui en parle et il écoute attentivement. Avec Bruno Fuchs (député Modem de la 6e circonscription du Haut-Rhin, NDLR), nous avons un rendez-vous dans les prochains jours avec le ministre pour le convaincre de choisir le déstockage.

Dans des écoles de l’Eurométropole, des enfants étrangers menacés d’expulsion

Dans des écoles de l’Eurométropole, des enfants étrangers menacés d’expulsion

Quatre familles ont reçu mercredi 11 janvier une notification d’assignation à résidence au centre « d’aide pour le retour » de Bouxwiller. Depuis quelques mois, elles résidaient dans un hôtel à Geispolsheim, transformé en hébergement d’urgence en mars 2022. Au sein de ces familles, neuf enfants sont scolarisés à Strasbourg, de l’école maternelle aux études supérieures.

Ils ont entre 6 et 23 ans et sont tous scolarisés dans l’Eurométropole. Ils sont à l’école maternelle de la Musau, au collège Louis Pasteur, au lycée Couffignal ou encore à l’Université de Strasbourg. Neuf jeunes scolarisés à Strasbourg, qui se retrouvent dans une situation extrêmement difficile pour la poursuite de leurs études. Ce mercredi 11 janvier, leurs parents, avec lesquels ils sont logés dans un hébergement d’urgence à Geispolsheim, viennent de recevoir une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

L’OQTF, couplée d’une notification préfectorale, les informe qu’ils doivent quitter l’hôtel où ils sont logés pour se rendre au centre « d’aide pour le retour » situé à Bouxwiller par leurs propres moyens. Ils y seront assignés à résidence, avec 48 heures pour faire appel de cette décision. Il est stipulé qu’une fois là-bas, ils devront se rendre à la gendarmerie de la commune deux fois par semaine, les lundis et jeudis, pour s’assurer que la mesure d’assignation est respectée.

« Cette liste n’est que la partie visible de l’iceberg »

Jusqu’ici, ces familles étaient logées dans un hôtel géré par l’association Coallia, missionnée pour les aider dans leur démarche de retour vers leur pays d’origine ou de régularisation. Un lieu de transition entre les hébergements d’urgence du 115 et les centres de rétention administrative, ouvert au mois de mars 2022. Sabine Carriou, présidente de l’association Les Petites roues, en contact avec une quinzaine de familles de l’hôtel, s’inquiète de situations d’insécurité dans ce foyer : 

« La police intervient chaque semaine. Il n’y a aucun accompagnement social avéré. Il n’y a même pas d’éducateur spécialisé. Il semble que l’accès aux machines à laver ou aux cuisines de l’hôtel est parfois interdit à certains résidents, ce qui fait régner un climat d’hostilité. »

Elle estime à 115 le nombre de personnes qui y résident. Dont plus de 25 enfants. De son côté, Gabriel Cardoen, militant pour les droits des réfugiés, recense 26 élèves scolarisés à Strasbourg dans ce centre de Geispolsheim. « Cette liste n’est pas complète et ne représente probablement que la partie visible de l’iceberg », explique-t-il. 

Quatre familles concernées

Au moins quatre familles avec neuf enfants devront suivre leurs parents à Bouxwiller. Par téléphone, une mère concernée par l’expulsion raconte avoir deux garçons, l’un au collège et l’autre au lycée. Son fils de 16 ans raconte : 

« Nous avons été placés à l’hôtel de Geispolsheim fin août. Le 2 novembre, l’association gestionnaire a commencé à nous menacer pour qu’on parte. Elle nous a interdit l’accès aux machines à laver par exemple pour nous pousser à bout. Le 1er janvier, nous n’étions pas à la maison. Quand nous sommes rentrés, nous n’avions plus d’accès à nos chambres. On nous a dit que nous ne pourrions récupérer nos affaires que lorsque nous aurions trouvé un autre logement. » 

Depuis, ils ont réussi à pénétrer dans leur chambre en passant par une fenêtre et n’osent plus la quitter. Ils n’ont pas été à l’école depuis la rentrée, de peur de ne plus pouvoir rentrer dans l’hôtel. 

« Pourquoi sommes-nous traités comme des criminels ? »

Pour Elen (prénom modifié), l’histoire est similaire. Elle est venue d’Arménie il y a six ans avec ses deux enfants scolarisés dans l’Eurométropole, l’un au collège, l’aînée à l’université. En sanglot, elle indique que la gendarmerie est venue mercredi 11 janvier pour faire signer les notifications préfectorales d’assignation à résidence :

« Mes enfants travaillent bien à l’école. Ils ont des bonnes notes, ils restent sages. Pourquoi sommes-nous traités comme des criminels, à égalité avec ceux qui blessent, tuent, alors que nous ne posons de problèmes à personne ? » 

Depuis Bouxwiller, le trajet jusqu’à l’école de la Musau deviendra impossible. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg

Exilés loin de tout 

C’est la première fois que Sabine Carriou constate l’application de telles mesures. Les procédures de renvoi avec assignations à résidence qu’elle a connues auparavant ne concernaient que des hommes seuls.

Les expulsions de l’hôtel ne l’étonnent pas cependant, l’hébergement d’urgence étant transitoire jusqu’à un départ dans les centres « d’aide pour le retour » :

« Il est probable que d’autres familles soient encore visées par ce même type de procédure dans les prochaines semaines, ou prochains mois. »

Pour tous les enfants et les jeunes scolarisés à Strasbourg, l’installation à Bouxwiller risque d’être un calvaire. La ville est située entre Saverne et Haguenau, à plus d’une heure de bus et de train de Strasbourg. Pour les étudiants, il faudra disposer des moyens de se rendre en cours puisque le trajet coûte entre 10 et 13 euros pour un adulte. Pour les plus jeunes, sans la possibilité de se faire accompagner par le parent assigné à résidence, il leur sera impossible d’aller à l’école ou au collège. 

Gabriel Cardoen essaye de mobiliser les syndicats de l’Éducation nationale et les associations de parents d’élèves. Il leur a transféré le 10 janvier la liste de tous les élèves qui partagent la même détresse :

« Avec ces quatre familles, cela devient urgent d’agir. Mais nous allons aussi nous mobiliser pour tous ceux qui sont encore à l’hôtel pour le moment. Les élèves et les étudiants n’arrivent pas à se projeter, et ne peuvent continuer leur cursus d’études. Il y a tous les jours des bagarres dans cet hôtel, parfois à l’arme blanche… »  

Une première réunion a eu lieu mardi 12 décembre pour mobiliser la communauté éducative. La préfecture du Bas-Rhin, contactée sur les raisons de ces assignations et sur les conditions de vie à l’hôtel de Geispolsheim, n’a pas répondu à nos sollicitations. 

Caroline Guiela Nguyen console et répare l’humain avec Fraternité, conte fantastique au TNS

Caroline Guiela Nguyen console et répare l’humain avec Fraternité, conte fantastique au TNS

Dans un futur pas si lointain, une humanité amputée de moitié, dont le chagrin est tel qu’il fait ralentir la course des astres. Une pièce à l’allure dystopique de Caroline Guiela Nguyen et de la compagnie les Hommes approximatifs à ne pas manquer sur les planches du Théâtre National de Strasbourg du 12 au 20 janvier.

À l’automne 2018, le public strasbourgeois avait pu découvrir Caroline Guiela Nguyen et sa compagnie avec Saigon, présenté dans une quinzaine de pays (Chine, Vietnam, Lituanie, Biélorussie, Allemagne, Australie…) et récompensé du prix Georges-Lerminier du Syndicat de la critique et d’une nomination au Molière. 

De retour à Strasbourg du 12 au 20 janvier, la troupe présente au TNS un récit de science-fiction, genre peu commun sur les planches ; sa mise en scène – longue de trois heures – est qualifié de « virtuose » par le journal diacritik. La pièce s’inscrit dans un décor « poétique et saturé à la fois » comme le décrit la scénographe du spectacle, Alice Duchange.

Extrait de « Fraternité »  de Caroline Guiela Nguyen Photo : Jean-Louis Fernandez / doc remis

Se relever après la fin du monde

Soixante ans après notre ère, l’humanité tente de se remettre d’un cataclysme. Lors d’une éclipse, la moitié des humains ont disparu sans la moindre explication. Ceux qui restent se retrouvent esseulés, abandonnés à eux-mêmes, leurs yeux tournés vers le ciel, dans l’attente de retrouver ceux qu’ils ont perdu.

Apparaissent « Les Centres de Soins et de Consolation », lieux étranges mêlant le recueillement et l’étude scientifique, à la pointe de la technologie, mais sommaires au plan humain. C’est dans ce décor, dispensaire défraîchi aménagé de chaises, de tables recouvertes de nappes en papier, de murs ornés de dessins, que se déroule la pièce.

Des comédiens, professionnels ou non, de tout âge et de toute origine, interprètent les mille visages de cette humanité meurtrie. Ils se succèdent dans une cabine aux parois vitrées, leurs visages projetés sur le fond de la scène et leurs voix amplifiées, pour laisser un message à celui ou celle qu’ils ont perdu. Comme une bouteille à la mer lancée dans le cosmos. 

Cette foule cosmopolite raconte son histoire, la murmure, la crie ou la rappe. Chacun dans sa langue, traduite ou surtitrée. Ils se retrouvent, se soutiennent et apprennent à faire ce deuil nécessaire dans ce monde dystopique, où la technologie reste incapable de combler le vide. 

Extrait de « Fraternité »  de Caroline Guiela Nguyen Photo : Jean-Louis Fernandez / doc remis

Retrouver la Fraternité

En 2018, Caroline Guiela Nguyen et la compagnie les Hommes approximatifs, commençaient ce grand cycle autour de la fraternité, en quatre opus. Ce cycle se compose pour le moment d’un moyen métrage, Les Engloutis, de la pièce Fraternité, conte fantastique et d’une pièce intitulée Kindheitsarchive[Enfance-Archive] créée à la Schaubühne de Berlin en octobre 2022.

La metteuse en scène définit la fraternité comme :

 » Un élan qui lance un regard depuis le présent, vers le passé et vers l’avenir. Il s’agit de reconnaître l’autre comme un frère, sans hésitation et agir avec lui, pour lui, parce que nous faisons partie de la même communauté humaine.  » 

Pour écrire Fraternité, Conte Fantastique, la compagnie est partie à la rencontre de celles et ceux qui incarnent encore cette Fraternité. Parmi lesquels la médecin légiste italienne Cristina Cattanéo, qui s’est donnée pour mission de retrouver l’identité des ossements qui lui sont ramenés. De même que le « Bureau de rétablissement des liens familiaux » de la Croix rouge française, qui depuis la Seconde Guerre mondiale recherche les personnes séparées par les catastrophes. 

Extrait de « Fraternité »  de Caroline Guiela Nguyen Photo : Jean-Louis Fernandez / doc remis

La compagnie a mis deux ans pour réunir ces acteurs issus de tout horizon. À l’orée des répétitions, Caroline Guiela Nguyen leur a distribué un texte regroupant les arcs narratifs principaux du récit, autour desquels ils improvisent. De ce travail libre, naissent des dialogues réalistes, laissant entendre une langue contemporaine, au plus proche de ceux qui la disent et de ceux qui l’entendent. 

Une démarche qui remet la création collective au centre de la scène. Le résultat est porté par des comédiens aux interprétations généreuses. Malgré leurs différences et leurs expériences variables, l’assemblage fonctionne, souligne le journal la terrasse. Poussé à la compassion pour ces âmes déchirées, le spectateur en vient à trouver en lui une réponse à ses propres dilemmes.

Stocamine : le tribunal interdit la reprise des travaux

Stocamine : le tribunal interdit la reprise des travaux

L’État essaye d’obtenir l’autorisation de commencer des travaux de confinement des déchets ultimes à Stocamine, sous la nappe phréatique d’Alsace. Dans une décision rendue jeudi 12 janvier, le tribunal administratif rejette cette demande, donnant raison à l’association Alsace Nature.

Encore un revers pour l’État, dans cette interminable bataille judiciaire. Le chantier de Stocamine à Wittelsheim près de Mulhouse, reste à l’arrêt suite à une décision rendue par le tribunal administratif jeudi 12 janvier. En octobre 2021, la Cour administrative d’appel de Nancy avait déterminé que l’État n’avait pas présenté les garanties financières nécessaires pour confiner à jamais 42 000 tonnes de déchets ultimes, bien que ces derniers pollueraient alors inéluctablement un jour la nappe phréatique, réserve en eau potable des Alsaciens.

L’État doit donc produire un nouvel arrêté préfectoral, avec toutes les démarches administratives et de consultation de la population que cela implique. Ce dernier ne devrait être prêt qu’à l’été 2023. En attendant, l’État a rédigé début 2022 un autre arrêté, autorisant uniquement des travaux présentés comme préparatoires, avec comme argument principal « l’urgence à agir » vu que les galeries se dégradent. Les travaux en question sont notamment la réalisation de barrières de confinement et le remblayage du bloc 15, une galerie de la mine.

L’urgence insuffisamment justifiée

En clair, l’État souhaite commencer le chantier au plus vite, avant un nouvel arrêté permettant le confinement définitif, et donc les études environnementales ou l’enquête publique associées. L’association Alsace Nature a obtenu au printemps la suspension de cet arrêté après un très bref début des travaux. Pour les magistrats administratifs, certaines des opérations prévues avaient bien un aspect définitif et irréversible. Alsace Nature, la Région Grand Est, la Collectivité d’Alsace, et l’association Consommation logement cadre de vie (CLCV) ont milité pour le déstockage d’autant de déchets que possible et mènent le front juridique contre l’État.

Des citoyens se mobilisent régulièrement pour demander le déstockage des déchets ultimes. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg

Jeudi 15 décembre, les juges entendaient les deux parties après une nouvelle requête formulée par l’État pour débuter le chantier au titre de l’urgence, en évoquant une dégradation de l’état de la mine. Mais pour Alsace Nature, justement, cette urgence n’est pas justifiée, et un début des travaux serait « anti-démocratique » car réalisé sans consultation de l’avis des citoyens. Enfin, pour l’association environnementaliste, l’option du déstockage le plus complet possible n’a pas été réellement étudiée. La rapporteure publique avait donné raison à Alsace Nature sur ce point, estimant que l’urgence n’était pas justifiée et que les travaux pouvaient attendre la publication de l’arrêté permettant le confinement définitif quelques mois plus tard.

« On ne peut pas accepter ce legs empoisonné »

Les juges administratifs ont suivi la rapporteure publique dans leur décision rendue jeudi 12 janvier en rejetant les conclusions de l’État et des Mines de potasse d’Alsace. Le tribunal a estimé que « le préfet ne pouvait pas autoriser des travaux de confinement des déchets pour une durée illimitée, notamment par l’achèvement de barrières de confinement et de remblayage du bloc 15 ». Pour les magistrats, « le préfet ne justifie pas d’un motif d’intérêt général pour procéder en urgence à de telles opérations, sans attendre l’instruction d’une nouvelle demande d’autorisation ».

Me François Zind, l’avocat d’Alsace Nature, rappelle qu’il s’agit de la quatrième décision d’une juridiction administrative contre les positions de l’État sur le dossier Stocamine :

« L’État doit prendre acte de ces jugements successifs et arrêter de se positionner pour ce pari technique du confinement qui ne présente aucune garantie, contre l’avis des habitants depuis 20 ans. Il y a des sels dans la mine, qui attaqueront le béton. On ne peut pas accepter ce legs empoisonné pour les générations futures. D’autant plus qu’aujourd’hui, même si certaines zones sont difficilement accessibles, un déstockage robotique est envisageable. »

Jean Rottner : une association anti-corruption porte plainte pour prise illégale d’intérêts

Jean Rottner : une association anti-corruption porte plainte pour prise illégale d’intérêts

L’association Anti-Corruption AC !! a déposé plainte contre X auprès du Parquet national financier pour favoritisme et prise illégale d’intérêts. Le signalement fait suite aux révélations de la presse sur les activités de consulting de l’ancien président de la Région Grand Est Jean Rottner.

Jean Rottner a-t-il favorisé son employeur Hugues Anselin dans l’attribution de contrats de recrutement au cabinet Fursac Anselin ? C’est l’une des questions posées par une plainte déposée auprès du Parquet . . .

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Un rassemblement en soutien aux femmes afghanes, privées d’éducation, samedi à Strasbourg

Un rassemblement en soutien aux femmes afghanes, privées d’éducation, samedi à Strasbourg

Interdites d’éducation secondaire puis d’éducation supérieure en décembre 2022, les femmes afghanes peinent à être entendues. Pour alerter sur leur situation, le collectif Voix des femmes de Kaboul à Téhéran organise un rassemblement samedi à Strasbourg.

Pour se faire entendre. Samedi 14 janvier de 14h à 16h, le collectif Voix des femmes de Kaboul et Téhéran se rassemblera sur la place Kléber de Strasbourg. Cette mobilisation veut alerter les Strasbourgeois sur les discriminations imposées par le régime des talibans aux Afghanes. Depuis le 20 décembre, plus aucune femme ne peut étudier à l’université, après avoir été interdites de se rendre dans les collèges et les lycées.

Cette décision fait des Afghanes les seules femmes au monde à être ainsi complètement privées d’éducation. Afsaneh Cherehgosha, strasbourgeoise franco-iranienne et co-organisatrice du rassemblement, juge que les prises de paroles venues de dirigeants occidentaux ont été trop rares suite à cette discrimination : « On a l’impression que les talibans sont arrivés au pouvoir et qu’il ne faut plus en parler. »

Le collectif voix des femmes de Kaboul à Téhéran organisera des prises de paroles, ce samedi 14 janvier sur la place Kléber.

Un silence d’autant plus pesant qu’il génère un sentiment d’oubli et d’isolement dans la diaspora, dont une partie est très récemment réfugiée, et parmi les membres de ce collectif. Plusieurs prises de paroles et performances sont prévues lors du rassemblement, afin que « les gens viennent nous voir par curiosité, espère Afsaneh Cherehgosha. On pourra ensuite les informer sur ce qu’il se passe en Afghanistan. »

Des filles iraniennes à l’école de Chagcharan en 2007 Photo : Iran Matters / Flickr / cc

Créé en novembre 2022, le collectif vise à alerter sur la situation des femmes en Afghanistan ainsi qu’en Iran. Le collectif envisage de mener d’autres opérations de sensibilisation, à commencer par la projection de films afghans et iraniens.

Le Réseau express métropolitain fonctionne à moitié au mois de janvier

Le Réseau express métropolitain fonctionne à moitié au mois de janvier

Manque de matériel roulant, de moyens humains et de voies de circulation… La SNCF est contrainte de réduire le nombre de trains en circulation. Plusieurs lignes perdent une cinquantaine de trains par jour jusqu’en février.

En gare de Molsheim, le train au départ de Rothau et à destination de Strasbourg, initialement prévu à 5h43, ne circulera pas tout le mois de janvier 2023. Il en est de même pour celui qui devait arriver à 7h12 ou le train planifié à 8h45. Au total, selon nos informations, ce sont près d’une cinquantaine de trains qui ont été supprimés du plan de circulation de la SNCF dans cette station à l’ouest de Strasbourg. Il en est de même pour la gare de Haguenau.

En gare de Molsheim, une cinquantaine de trains ont été supprimés de la circulation. La plupart de ces trains avaient été lancés dans le cadre du Réseau express métropolitain européen. (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc)Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg

La moitié des trains prévus ne circulent pas

La société ferroviaire ne parvient toujours pas à tenir les promesses de la Région Grand Est. Comme l’ont indiqué les Dernières Nouvelles d’Alsace, la SNCF a dû prolonger le plan de transport adapté (PTA) initié le 19 décembre, près d’une semaine après le lancement du Réseau express métropolitain européen (Reme). Cette offre dégradée permet de maintenir en circulation 410 des 800 trains hebdomadaires du REME jusqu’au 3 février.

Dans la supervision des trains en circulation, un agent explique les raisons de ce raté :

« Déjà six mois avant le lancement du REME, on savait que cette augmentation des cadences ne tiendrait pas, parce que personne n’a pensé à ajouter des voies de circulation. Pour combler le manque de conducteurs, il y a bien des formations mais l’une des dernières sessions a vu six personnes partir en cours de route pour ne former qu’un seul conducteur au final. Et il y a enfin un problème matériel. Ils n’arrivent pas à réparer les trains malgré le passage du technicentre Alsace aux trois fois huit heures. »

« On a le personnel et le matériel », selon la SNCF

Dans un entretien à France Bleu Alsace, la directrice régionale du TER Grand Est Stéphanie Dommange évoque plutôt des problèmes techniques, notamment en lien avec le manque de voies en gare de Strasbourg :

« Le personnel et le matériel, on l’a. Mais nous avons à régler des problèmes techniques : toutes les trente secondes, il y a un mouvement technique en gare de Strasbourg. Cela peut vite provoquer des effets boule de neige dans la gare de Strasbourg. On a travaillé pour régler ces sujets par exemple. »

Interrogée sur un retour à la normale, Stéphanie Dommange n’a pas pris le risque d’annoncer une date lors de cet interview accordé le lundi 9 janvier : « On a déjà commencé à s’améliorer. Au mois de janvier, on a ajouté 35 trains sur le REM. On remonte dans les prochaines semaines… »

Syndicats et associations d’usagers sceptiques

Si le plan de transport adapté prend fin le 3 février, y aura-t-il un retour à la normale ensuite ? Rien n’est moins sûr selon le président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports en commun (Fnaut) Grand Est, François Giordanni : « Au vu des dernières promesses non tenues, on ne peut qu’émettre des doutes. On nous parlait de 800 trains supplémentaires par semaine en décembre et aujourd’hui la SNCF se félicite de faire circuler 400 trains de plus. Il devait y avoir encore 60 trains quotidiens supplémentaires dès janvier, mais on n’en entend plus parler… »

Côté syndical, aucune confiance dans un retour à la normale pour le 3 février. Louise Feve, déléguée du personnel CGT Cheminot, n’est pas étonné de cette « désorganisation sans précédent » :

« On savait que les plans de transport adaptés allaient s’enchaîner. Et non, il n’y aura pas de service normal début février. Faire circuler des trains, ça demande une coordination de plusieurs éléments. Or il manque plusieurs dizaines de conducteurs et de contrôleurs, et ça déjà avant le lancement du Reme. Il manque aussi des voies et du matériel roulant… »

Un remboursement partiel envisagé ?

Face à ce service peu fiable et ces promesses non tenues, la FNAUT Grand Est demande un remboursement des usagers depuis décembre 2022. Une pétition a également été lancée pour un retour à un service ponctuel et un remboursement au moins partiel des abonnements TER pour le mois de décembre et janvier. Au micro de France Bleu Alsace, la directrice régionale du TER Grand Est renvoyait la balle au conseil régional : « Je laisse au conseil régional la primeur des annonces pour des gestes commerciaux. Il y aura sans doute un geste vis à vis des abonnés. »

Des usagers de la ligne Strasbourg-Wissembourg, l’union locale CGT de Haguenau et la section CGT Cheminots de Strasbourg organisent une réunion publique à Haguenau mardi 24 janvier à 19h30 à la salle de la Rôtisserie, 115 grand-rue à Haguenau.

200 000 euros : la facture de conseils privés pour la transformation du Marché de Noël

200 000 euros : la facture de conseils privés pour la transformation du Marché de Noël

Elle l’a appelé : « l’an 2 de la réinvention de Strasbourg Capitale de Noël ». Et pour accompagner cette transformation du Marché de Noël dans une version plus participative et durable, la municipalité écologiste a dépensé plus de 200 000 euros en cabinets de conseil. Une promesse de campagne qui coûte cher.

Lors du conseil municipal du 7 novembre, il y a un sujet en particulier qui a questionné Anne-Pernelle Richardot (PS). La municipalité expliquait avoir eu recours à des cabinets de conseil . . .

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Les syndicats des finances publiques mobilisés contre les fermetures d’établissements

Les syndicats des finances publiques mobilisés contre les fermetures d’établissements

Alors que 30 postes de fonctionnaires disparaîtront en 2023 dans le Bas-Rhin, l’intersyndicale de la Direction Générale des Finances publiques (DGFiP) dénonce l’affaiblissement du service public. Entre 2021 et 2023, 25 offres de services ont été supprimées dans le département.

Un service public qui se raréfie. Le comité social d’administration local de la Direction Générale des Finances publiques se tenait ce mardi 10 janvier. Le but : aborder la question des suppressions d’emplois. Un rendez-vous qu’a boycotté l’intersyndicale de l’institution. Une manière d’alerter sur les fermetures régulières d’établissements publics ces deux dernières années. Au nombre de 25, elles touchent trois types de service sur le territoire :

    17 trésoreries : Villé, Barr, Marckolsheim, Truchtersheim, Wasselonne, Obernai, Molsheim, Illkirch, Seltz, Drusenheim, Schiltigheim, Brumath, Schirmeck, Soultz, Niederbronn, Wissembourg, Bouxwiller 5 services des impôts des particuliers : Erstein, Molsheim, Illkirch, Schiltigheim, Haguenau et Sarre-Union 3 services des impôts des entreprises : Sélestat, Schiltigheim et Saverne.
Alors que 25 établissements de la DGFiP du Bas-Rhin ont fermé leurs portes depuis 2021, les syndicats alertent sur une dégradation du service public (Photo Rue89 Strasbourg).

Si les structures concernées sont incorporées à d’autres établissements, le problème d’un accès de proximité aux services se pose. En effet, avec ces fermetures, la présence physique de la DGFiP est maintenue dans seulement dix villes du Bas-Rhin. « Mais jamais pour l’ensemble de ces missions », souligne José-Luis Pereira, responsable départemental FO DGFiP 67. Il ajoute :

« Nous, les syndicats, considérons qu’il y a des personnes en situation de fracture électronique qui sont obligées de se déplacer. »

Pas d’émotion quand on supprime un poste de contrôleur des finances publiques

Ces changements résultent d’une volonté de réduire le nombre de fonctionnaires d’État dans les institutions. Une stratégie dont la DGFiP est la cible idéale, d’après les syndicats. D’une part en raison de son nombre important de fonctionnaires, mais aussi par la représentation négative de leurs fonctions.

« Supprimer un poste de fonctionnaire infirmier, c’est difficile. Cependant, il n’y a pas la même émotion du citoyen quand disparaît un poste de contrôleur des finances publiques. »

José-Luis Pereira

En 2023, 30 suppressions d’emplois sont à prévoir. Elles concernent essentiellement des postes aujourd’hui vacants qui ne seront pas pourvus. « Nous ne sommes plus assez pour assurer les tâches qui nous incombent », alerte José-Luis Pereira. Depuis sa création en 2008, 473 suppressions d’emplois ont eu lieu à la DGFiP du Bas-Rhin.

La majorité des élèves sans affectation après le collège ont finalement trouvé une solution

La majorité des élèves sans affectation après le collège ont finalement trouvé une solution

En Alsace, début 2023, il ne reste plus que 15 élèves sans affectation après avoir quitté le collège en fin de troisième en juin 2022. Rien qu’à Strasbourg, ils étaient une centaine cet été. Des dispositifs mis en place dans les collèges en septembre ont permis à de nombreux jeunes d’intégrer des filières professionnelles, de signer des contrats d’apprentissage ou de redoubler.

À la rentrée 2022, à Strasbourg, au moins une centaine d’élèves n’avaient aucune affectation en sortant de leur classe de troisième. Ils étaient 51 au collège Kléber, 40 au collège Hans Arp à l’Elsau. Les établissements ont mis en place des ateliers d’orientation pour les diriger vers des filières professionnelles, des contrats d’apprentissages ou encore des dispositifs de découverte de la voie professionnelle implantés en lycée. Des élèves qui n’ont pas obtenu satisfaction ont été accueillis en classe de troisième pour des redoublements. Au final, la plupart ont trouvé une solution. Le rectorat de l’académie de Strasbourg précise :

« Dans le Bas-Rhin, une quinzaine de jeunes seraient sans affectation pour l’heure. Les prises de contact des établissements et des centres d’information et d’orientation (CIO, NDLR) restent sans réponse de la part des familles. Dans le Haut-Rhin, aucun élève n’est non affecté au 6 janvier 2023. »

Le collège Hans Arp se mobilise tous les ans pour éviter que les élèves soient sans solution après la troisième. Photo : Rue89 Strasbourg

Des élèves sans solution peuvent être suivis par la mission locale

« Début juillet, 44 élèves de notre établissement étaient non affectés. Mi-octobre, 10 restaient sans solution », annonce Bertrand Pabst, principal du collège Hans Arp. Le directeur d’établissement insiste cependant sur le fait que des élèves non affectés ont pu trouver une place « chez un patron, dans un lycée privé, ou dans le public » sans que cette information ne lui soit relayée. Il ajoute que la mission de lutte contre le décrochage scolaire et la mission locale suivent certains de ces jeunes.

« Aucun élève ne sera lâché dans la nature », promettait le rectorat en septembre dernier, concernant le collège Kléber. L’administration indique qu’au « 6 janvier 2023, tous les élèves ont été accompagnés vers une solution au cours du mois de septembre et tout début octobre. Une seule élève est sans affectation pour l’heure ». Le rectorat précise :

« Elle était accompagnée par le CIO de Schiltigheim, dans le cadre d’un dispositif de préparation et d’accompagnement à l’apprentissage. Malheureusement, elle n’a pas donné suite aux démarches engagées depuis novembre, malgré de nombreuses relances. »

100 places vacantes en filières professionnelles

Par exemple, Fiorina, sans affectation au moment de notre dernier article sur le sujet, a été reprise fin septembre au collège Kléber, le lendemain de la publication, pour un redoublement de sa troisième. C’est ce qu’elle demandait à l’époque.

Nicolas Robert, secrétaire académique du Snetaa – Force ouvrière, syndicat majoritaire dans l’enseignement professionnel, attribuait notamment ce phénomène d’élèves sans affectation à une récente réforme des lycées professionnels :

« D’après les retours qu’on a, les familles, les profs et les conseillers d’orientation n’ont pas bien intégré les nouveaux noms des filières et ce à quoi elles préparent. Par exemple, pour se former aux métiers du bâtiment comme la maçonnerie ou la métallerie, une filière qui accueillait du monde auparavant, les jeunes doivent choisir « métiers de la construction durable », ce qui est illisible pour certains. On a beaucoup moins de monde depuis. Certaines filières deviennent donc très peu attractives, il y a beaucoup de places vacantes. »

En Alsace, « il reste plus de 100 places vacantes en voie pro, qui sont actuellement utilisées dans le cadre du dispositif « Rebondir » pour les élèves qui souhaitent se réorienter en cours d’année », confirme le rectorat. Bertrand Pabst rappelait dans notre article précédent que l’enjeu derrière les affectations des élèves, c’est aussi « qu’ils ne se fassent pas attraper par la rue ou par le quartier, s’ils sont perdus de vue ».

Enquête canonique sur Mgr Grallet : l’évêque de Langres à Strasbourg

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Pour doubler son salaire, Jean Rottner n’a pas eu peur du conflit d’intérêts

Pour doubler son salaire, Jean Rottner n’a pas eu peur du conflit d’intérêts

Rémunéré 2 500 euros la journée de consulting, Jean Rottner a travaillé de 2019 à 2022 pour Hugues Anselin. Le cabinet de recrutement Fursac Anselin a bénéficié de plusieurs contrats avec la Région Grand Est sur cette même période.

La démission de Jean Rottner et sa

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Une soixantaine de militantes féministes ont bloqué l’accès à une conférence « pro-vie » lundi soir

Une soixantaine de militantes féministes ont bloqué l’accès à une conférence « pro-vie » lundi soir

Un collectif féministe et antifasciste a manifesté contre une « formation en bioéthique » organisée par l’Alliance vita lundi 9 janvier au centre-ville de Strasbourg. Cette association milite contre l’avortement, l’euthanasie ou le mariage homosexuel. Les militantes ont bloqué la porte pendant quasiment tout l’événement, avant une intervention de la police.

« Mon corps, mon choix, et ferme ta gueule ! » Une soixantaine de militantes clament le slogan avec force. Elles font bloc devant la salle polyvalente du foyer paroissial du Munsterhof situé au centre-ville, rue des Juifs. Il est 20h15. La première séance d’un « cycle de formation en bioéthique » organisé par l’Alliance vita doit commencer un quart d’heure plus tard. « Ils se disent pro-vie. Ces personnes sont opposées à l’avortement, l’euthanasie. Ils sont homophobes. Nous voulons leur montrer qu’on les a à l’œil, qu’il y a une résistance », explique Gaby (prénom modifié), l’une des activistes.

Au total, une soixantaine de personnes sont venues. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Vers 20h20, quatre personnes tentent d’entrer mais sont empêchées par la chaine humaine, également composée de militants antifascistes. « Rentrez-chez vous », leur crie un manifestant. Le groupe scande : « Pas d’facho dans nos quartiers, pas d’quartier pour les fachos. » Refoulées, Élodie et Martine se disent choquées : « On nous interdit de participer à un événement. Ce n’est pas normal qu’on nous empêche d’aller à une conférence. On est en France. Où est la liberté ? » Les deux assurent ne plus se rappeler comment elles ont eu connaissance de cette « formation ». Elles sont « juste intéressées par la bioéthique » et préfèrent ne pas donner leur avis sur l’avortement et l’euthanasie.

Les quelques personnes qui souhaitaient assister à l’événement se sont retrouvées face à un blocus féministe. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

« On choisit d’être offensives »

Pour Jacqueline, une participante du rassemblement féministe, « c’est eux, les catholiques réactionnaires, qui interdisent, et pas les féministes. C’est eux qui se mêlent de la vie des autres, qui militent contre nos droits ». Elle ajoute :

« Le droit de mourir si on le souhaite, le droit d’avorter, ce sont des droits humains fondamentaux. Se battre contre ça, ce n’est pas de la liberté d’expression, c’est une offensive réactionnaire dangereuse pour une partie de la population. En ce moment, les idées d’extrême-droite progressent. On ne peut plus être sur la défensive sur ces sujets, au contraire, on choisit d’être offensives face à ce phénomène. »

Jacqueline ne veut plus simplement « rester sur la défensive face à l’offensive réactionnaire ». Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

À l’intérieur, Alliance vita 67 entend diffuser, comme dans d’autres villes en France, une conférence en visio. Anne-Charlotte Rimaud, fervente opposante au mariage homosexuel et présidente de l’association, doit introduire « l’université de la vie », le cycle de formation en bioéthique. Tugdual Derville, l’une des figures de la « Manif pour tous », mouvement d’opposition au mariage homosexuel, doit prendre la parole au sujet de l’euthanasie, qu’il combat également. « L’université de la vie » doit avoir lieu quatre lundis d’affilée. Le 16 janvier, Caroline Roux, opposée à l’allongement du délai pour avorter, est au programme.

Des bénévoles du planning familial étaient présentes. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

« Une association comme ça ne devrait même plus exister »

Christelle Wieder, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des droits des femmes, soutient la mobilisation : « Il y a eu récemment une conférence contre l’avortement au Parlement européen. Or, nous sommes une ville féministe. Nous ne pouvons admettre que ce mouvement soit aussi décomplexé, se sente autant en confiance. » À 20h45, une quinzaine de personnes qui souhaitaient assister à l’événement sont regroupées de l’autre côté de la rue. Certaines ont appelé la police.

Les militantes féministes ont scandé des slogans devant le foyer paroissial rue des Juifs. Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Un homme tente de forcer le passage, ce qui donne lieu à une petite altercation. Il s’insurge ensuite de s’être fait « voler son béret ». Une première voiture de la police nationale arrive aux alentours de 21h et deux agents se postent à 20 mètres de la porte. Estelle, du planning familial, participe pour la première fois à une action de ce type : « Une association comme ça, qui milite contre les droits des autres, ne devrait même plus exister. Ça me donne envie de m’investir à fond. »

Des militants antifascistes se sont associés à la mobilisation et ont participé au blocus. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

La police intervient un peu avant 22h

La pluie tombe sur le pavé. Rien ne se passe pendant de longues minutes. Petit à petit, des véhicules des forces de l’ordre arrivent. La plupart de ceux qui voulaient participer à la conférence leur demandent d’intervenir pour qu’ils dégagent le passage. Les policiers attendent les consignes. Vers 21h45, ils s’avancent et demandent aux militantes de s’écarter.

Vers 21h45, les policiers se sont mis en mouvement. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Sans réelle sommation, une dizaine de policiers interviennent en tirant les activistes et rencontrent peu de résistance. Des manifestantes tentent de rester sur place quelques secondes et se retirent. « On ne veut pas prendre le risque de se retrouver en garde à vue pour rien », lance une militante.

Les policiers ont fait usage de la force pour mettre fin au blocage. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

La porte du Munsterhof est désormais protégée par les policiers. Six ou sept personnes entrent dans le foyer paroissial à 21h50. Les manifestantes, dont les rangs se sont amoindris au cours de la soirée entonnent un dernier chant (« Derrière la police, les fascistes ! ») avant de se disperser. Un policier glisse : « Salut les gauchiasses ! », ce qui provoque de l’agacement chez les militantes. Elles considèrent que la mobilisation est réussie. « Pour une action organisée aussi rapidement, il y avait du monde et leur conférence doit être quasiment finie », estime Jacqueline. Un peu après 22h, les forces de l’ordre quittent les lieux. Seul un sticker « révolte féministe » reste sur la plaque du Munsterhof.

Un stickers féministe sur la plaque du Munsterhof. Photo : TV / Rue89 Strasbourg