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Près de 18 000 personnes : notre direct de la manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg

Près de 18 000 personnes : notre direct de la manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg

C’est la première journée de manifestation contre la réforme des retraites annoncée par le gouvernement d’Élisabeth Borne. Opposition d’une large intersyndicale allant de la CGT à la CFDT, paralysie du trafic TER et grève suivie à la CTS… De nombreux signaux annoncent une manifestation d’ampleur. Notre compte-rendu en direct à suivre ici.

C’est la fin de ce direct. Merci à vous de l’avoir suivi. Les principales informations à connaître concernant la manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg :

    La mobilisation strasbourgeoise est historique. Selon nos estimations, près de 18 000 personnes ont manifesté ce jeudi 19 janvier. La préfecture du Bas-Rhin a évalué 10 500 manifestants tandis que les syndicats estiment que 30 000 personnes se sont mobilisées contre le projet de réforme des retraites. La manifestation s’est déroulée dans le calme. Nos trois journalistes sur le terrain n’ont constaté aucune dégradation matérielle ni aucun affrontement avec les forces de l’ordre.
Strasbourg, 19 janvier 2023. Manifestation contre le projet de loi de réforme des retraites. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

D’ici 19 heures, retrouvez le compte-rendu de la manifestation par nos journalistes mobilisés ce jour (Thibault Vetter, Roni Gocer et Eva Chibane) ainsi que le photographe Pascal Bastien.

Laurent Feisthauer, secrétaire départemental du syndicat CGT se félicite : « C’est historique. On n’a jamais vu une telle mobilisation à Strasbourg pour une manifestation sociale. La mobilisation commence très fort. Il va falloir continuer et nous sommes déterminés à faire reculer le gouvernement. »

Laurent Feisthauer, secrétaire départemental de la CGT, promet une mobilisation massive des salariés. (Photo TV / Rue89 Strasbourg)Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Alain a 73 ans. Délégué syndical chez Snetaa Force Ouvrière, un syndicat du personnel des lycées professionnels. Il est plus que satisfait de la manifestation :

« Les intersyndicales de ce type sont très rares. Dans ma carrière, j’ai rarement vu cette unité. Ce qui était intéressant c’est que la jeunesse est venue en nombre. Mais malgré cela, le gouvernement va sûrement laisser passer, se dire que ce n’est pas avec une manifestation qu’il va céder. Sachez que nous serons là toutes les semaines. On va tirer le bilan de cette manifestation ce soir et organiser la suite ! « 

Alain a 73 ans. Il est délégué syndical chez Snetaa Force Ouvrière, un syndicat du personnel des lycées professionnels.

Selon la préfecture du Bas-Rhin, 10 500 personnes ont manifesté à Strasbourg ce jeudi 19 janvier. Notre journaliste sur place a fait une estimation de 18 000 manifestants.

En utilisant l’application mapchecking.com, on obtient une estimation de 20 000 manifestants. Une évaluation basée sur le nombre d’individus présents par mètre carré (que nous avons estimé en comparant les photographies de l’événement) rapporté à la surface totale qu’ils couvrent. En effet, lorsque la tête du cortège atteignait l’église réformée saint-Paul en milieu d’après-midi, l’arrière du cortège n’avait pas quitté la place de l’Étoile. La manifestation mesurait alors plus d’1,7 kilomètre de long.

Maya est enseignante. Elle a 52 ans. « J’ai travaillé à 28 ans car j’ai fait de longues études et j’ai loupé les concours plusieurs fois. 43 ans à tenir, c’est énorme. Je vais devoir partir à la retraite entre 68 et 70 ans. Je ne peux pas être devant les élèves et leur apprendre des choses nouvelles à cet âge-là. Je ne serai pas un bon prof. C’est se mentir à soi même et aux autres que de prétendre le contraire. »

Maya, enseignante de 52 ans. Photo : Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc

La manifestation continue au-delà du trajet déclaré. Selon notre journaliste sur place, les syndicats ont réussi à négocier qu’une partie du cortège continue de manifester jusqu’à la place de l’Étoile.

Le cortège arrive place Kléber, lieu de la fin de la manifestation déclarée.

Environ 18 000 manifestants selon le décompte de notre journaliste sur place Thibault Vetter.

Le cortège de la manifestation strasbourgeoise contre la réforme des retraites mesure plus d’1,7 kilomètres de long, selon nos estimations. Lorsque la fin du cortège a quitté la place de l’Étoile, la tête de la manifestation se situait au niveau de l’église réformée saint-Paul.

Le cortège de la manifestation strasbourgeoise contre la réforme des retraites mesure environ 1,7 kilomètres de long.

La tête de cortège se dirige vers la place de la République en entonnant un chant anticapitaliste :

Yolande a 60 ans. Elle est censée partir dans un an à la retraite, normalement. Mais aujourd’hui, elle n’a pas réussi à comprendre si elle pourrait partir comme prévu ou non. Plus que pour elle, elle manifeste pour ses proches : « Je suis technicienne de fabrication, c’est un métier lourd. Je suis usée, fracassée. À 60 ans, on a envie d’autre chose. Je n’ai plus envie de bosser ! »

Yolande a 60 ans. Elle est censé partir dans un an à la retraite, normalement. Mais aujourd’hui, elle n’a pas réussi à comprendre si elle pourrait partir comme prévu ou non.

Le cortège s’allonge encore. Notre journaliste Thibault Vetter vient de quitter la place de l’Étoile il y a quelques minutes en indiquant entre 1500 et 2000 manifestants. La tête de cortège se trouve au niveau de l’église réformée Saint-Paul.

Le cortège s’étend de la place de l’Étoile jusqu’à l’église réformée Saint-Paul.

Aksal, 36 ans, est artiste. Auto-entrepreneuse, sa carrière est hachurée :

« Compte-tenu de mon statut, il faudrait que je travaille jusqu’à 150 ans. Aujourd’hui, j’ai un statut d’auto-entrepreneur donc je cotise très peu. Mais je viens surtout pour les personnes qui bossent énormément pour une caisse de retraite excédentaire et qui doivent aujourd’hui bosser encore plus longtemps. »

Aksal, 36 ans, est artiste. Auto-entrepreneuse, sa carrière est hachurée. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc

La mobilisation semble bien historique. Le cortège a commencé à quitter la place de l’étoile vers 14h15. Plus d’une heure plus tard, des manifestants continuent de partir de ce point de départ de la manifestation. Notre journaliste Thibault Vetter va remonter tout le cortège en filmant afin de vous donner une estimation du nombre de manifestants.

A 15h15, des manifestants continuent de quitter la place de l’Étoile. La manifestation a pourtant débuté aux alentours de 14 heures. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Ambiance festive en tête de cortège qui traverse actuellement le quartier de la Krutenau :

Gérard, 60 ans est manutentionnaire pour l’entreprise Ferco international :

« Ma crainte est de ne pas arriver à l’âge légal de la retraite et donc de toucher une toute petite pension. Physiquement, continuer plusieurs années, ça devient très dur. Je soulève tous les jours des charges importantes. Je ne veux pas arriver à la retraite mort ou cassé. Il y a un vrai problème. Je ne suis pas là pour le plaisir. »

Gérard, 60 ans est manutentionnaire pour l’entreprise Ferco international. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

Jamila, 59 ans, conseillère emploi formation en mission locale : « J’ai 59 ans et je vais devoir travailler jusqu’à 67 ans si la réforme passe. C’est impossible pour moi. Je suis déjà épuisée par la charge de travail et les missions qu’on a. Le risque pour moi, c’est que je sois obligée de partir avant et que ma retraite soit très amoindrie à cause de ça Je vais devoir travailler très longtemps jusqu’à l’épuisement et avoir une toute petite retraite. Mais on est déterminé pour faire reculer le gouvernement. On ne voit pas le bout de la manif. À mon travail, on est 15 grévistes sur 80, je n’ai jamais vu ça. »

Jamila, 59 ans, conseillère emploi formation

Pauline, 19 ans, est étudiante en faculté d’anglais : « C’est mon avenir qui est en jeu, et celui de mes parents, de mes amis. J’aimerais faire des études mais comment me projeter dedans avec cette réforme ? C’est impossible. On a tous la frousse de se dire que cette réforme va passer. »

Pauline, 19 ans, est étudiante en faculté d’anglais. Elle incarne cette jeunesse mobilisée par centaines en tête de cortège.

David, 51 ans, travaille depuis 26 ans dans une usine de meubles à Saverne : « Certains pourront tenir jusqu’à 64 ans, pas nous. J’ai déjà été arrêté un an pour un tendon arraché à l’épaule. Si on va jusqu’à 64 ans, on va mourir. »

David, 51 ans, travaille depuis 26 ans dans une usine de meubles à Saverne. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc

Éric Vial, journaliste à France 3, s’est mobilisé aujourd’hui. Il explique : « Cette loi est agressive et insultante. Les Français les plus pauvres sont nombreux à être en mauvaise santé à 64 ans. Il y aurait plein d’autres solutions pour réduire le déséquilibre de notre système de retraite : lutter contre le chômage des préretraités, augmenter les salaires… »

Éric Vial, journaliste à France 3 s’est mobilisé aujourd’hui contre la réforme des retraites du gouvernement Borne.

Le slogan est scandé par la jeunesse qui mène le cortège : « Les jeunes dans la galère. Les vieux dans la misère. De cette société-là, on n’en veut pas ! »

« Les jeunes dans la galère. Les vieux dans la misère. De cette société-là, on n’en veut pas ! » Photo : Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc

Bérénice a 22 ans. Elle travaille dans un centre d’appel :

« Le fait de savoir qu’il y a plein de monde m’a donné envie de venir parce que je suis en colère depuis longtemps contre ce gouvernement. Je suis contre cette réforme des retraites, mais aussi contre la répartition des budgets publics en général ou la précarité étudiante. Ça fait du bien de voir la taille de la foule. Je suis prête à m’investir dans ce mouvement pour peser. »

« Les jeunes devant ! » Un membre du service d’ordre essaye de faire respecter l’ordre de la manifestation. Finalement, le cortège avance avec les jeunes en tête.

Un membre du service d’ordre essaye de faire respecter l’ordre de la manifestation. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc

Sur la place de l’Étoile, les sifflets retentissent à tour de rôle. « Bon allez on y va maintenant ! », hurle un manifestant arborant les couleurs CFDT. Tout le monde s’impatiente. La place est bondée. Le cortège n’est pas encore parti mais se prépare à le faire.

La place est bondée. Le cortège n’est pas encore parti mais se prépare à le faire. Photo : Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc

Interview de Stéphane Beguin, de la CFDT construction bois, qui explique la nécessité d’une mobilisation « pour faire comprendre au gouvernement que ce projet de réforme est complètement injuste. (…) On ne peut pas accepter cette réforme qui nous est imposée. »

La manifestation est sur le point de commencer place de l’Étoile. Pour rappel, le circuit de la manifestation est le suivant : départ de la place de l’Étoile, passage par la Krutenau, devant le Palais universitaire puis place de la République, place Broglie jusqu’à la place Kléber.

A quelques minutes du départ de la manifestation, plusieurs milliers de personnes occupent déjà la place de l’Étoile.

Eva Chibane, Thibault Vetter et Roni Gocer. La fine équipe qui sera sur le terrain cet après-midi pour vous rendre compte en direct de la manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg. La manifestation débute à 14 heures au départ de la place de l’Étoile.

De gauche à droite : Eva Chibane, Thibault Vetter et Roni Gocer, journaliste pour Rue89 Strasbourg. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Au tribunal, Alsace Nature demande « un séisme juridique, la déconstruction du GCO »

Au tribunal, Alsace Nature demande « un séisme juridique, la déconstruction du GCO »

La rapporteure publique a estimé que Vinci avait enfin apporté les études nécessaires pour valider le GCO ce 19 janvier au tribunal administratif de Strasbourg. Mais Alsace Nature estime que l’intérêt public du projet n’est toujours pas démontré et demande aux magistrats de prendre une décision marquante.

« Je suis devant vous, mais j’avoue me demander à quoi cela sert. Ne sommes-nous pas l’illustration de la défaillance de la justice, en matière de protection de l’environnement ?  » François Zind, l’avocat d’Alsace Nature, prend la parole avec émotion au tribunal administratif de Strasbourg, ce jeudi 19 janvier. Une nouvelle audience sur le fond – la deuxième – concernant l’arrêté préfectoral autorisant le chantier du GCO se tient. Plus de 4 ans après le début des travaux. En juillet 2021, les magistrats avaient considéré que les études d’impact de l’autoroute sur l’eau, les sous-sols, l’air, le trafic routier et la santé humaine étaient insuffisantes.

La rapporteure publique confessait que si le chantier n’avait pas commencé, elle demanderait l’annulation de l’arrêté autorisant le GCO. Mais vu l’avancement des travaux, le tribunal a généreusement décidé de laisser 10 mois supplémentaires à Vinci et à l’État pour produire de nouvelles études. Sa décision devait donc être reportée à mai 2022. La procédure a trainé encore plus longtemps et la seconde audience ne se tient que ce jeudi 19 janvier 2023.

« Qui peut se satisfaire de ça ? »

Dans ses conclusions, la rapporteure publique décrète que les études d’impact supplémentaires sont suffisantes. Au vu de la déclaration d’utilité publique du GCO, elle demande aux magistrats le rejet des conclusions d’Alsace Nature, qui demande l’annulation de l’arrêté préfectoral et la déconstruction de l’autoroute. François Zind, de son côté, remet en question les raisons d’intérêt public majeur, prérequis pour que Vinci construise cette autoroute et détruise des zones naturelles :

« Un an après l’ouverture du GCO, on constate que l’impact sur le trafic routier est minime. Si on prend les chiffres de l’État, il y a seulement 6% de véhicules légers et 30% de poids lourds en moins sur la M35. Et surtout, l’impact sur la pollution atmosphérique est faible : pour la plupart des molécules il n’y a pas de diminution. En dehors de quelques diminutions, 2% sur certaines zones. Qui peut se satisfaire de ça ? »

Des dizaines d’opposants au GCO se sont réunis devant le tribunal administratif jeudi 19 janvier. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

« Rarement vous aurez une telle occasion »

L’avocat souligne la présence de « deux anciens grévistes de la faim contre le GCO qui ont mis leur vie en péril pour lutter contre l’autoroute ». Une trentaine d’opposants sont présents devant le tribunal, quelques-uns dans la salle. François Zind met en évidence le décalage entre les conclusions des études fournies par Vinci, l’État et le vécu des riverains du GCO. Il demande au tribunal que le principe de précaution soit appliqué vu le peu de certitudes concernant les impacts réels de l’infrastructure sur le trafic routier et la pollution atmosphérique, invoquant des décisions de la cour de justice européenne en ce sens :

« Peut-être que pour vous c’est impossible, mais je revendique la déconstruction de l’autoroute. Nous le savons, nous vous demandons un séisme juridique. Mais rarement vous aurez une telle occasion, avec un dossier aussi mal ficelé et autant d’avis négatifs d’instances indépendantes. »

François Zind

La décision sera rendue le 23 février.

« Nécessaire », « améliorable » ou « injuste et brutale » : les députés du Bas-Rhin s’expriment sur la réforme des retraites

« Nécessaire », « améliorable » ou « injuste et brutale » : les députés du Bas-Rhin s’expriment sur la réforme des retraites

Les députés du Bas-Rhin expriment leur position et leurs arguments concernant la réforme des retraites projetée par le gouvernement d’Élisabeth Borne. Sans surprise, les élus de la majorité soutiennent l’ambition gouvernementale tandis que les députés Nupes appellent à s’opposer au projet.

C’est le dossier politique explosif de ce début d’année 2023. La Première ministre Élisabeth Borne a dévoilé le 10 janvier 2023 les grandes lignes de la réforme des retraites : âge légal du départ à la retraite repoussé à 64 ans, passage à 43 annuités pour une retraite complète… Le projet gouvernemental et le manque de concertation avec les partenaires sociaux a braqué les huit principaux syndicats français qui se sont constitués en intersyndicale. Selon un récent sondage de l’Ifop pour le JDD, près de 70% des Français se disent opposés à cette modification en profondeur du système de retraites. La première journée de mobilisation s’annonce importante. Les députés du Bas-Rhin expriment, à Rue89 Strasbourg, leur position sur le sujet.

« Si on ne fait rien, c’est tout le système qui se casse la gueule »

Sur les neuf députés bas-rhinois, cinq appartiennent à la majorité gouvernementale. Aucun d’entre eux ne s’inscrit en frondeur face à la réforme à venir. Appartenant au groupe Renaissance, la députée de la quatrième circonscription Françoise Buffet justifie son adhésion au projet gouvernemental par la croissance du nombre de retraités :

« Le constat est très simple : la population française vieillit. Quand il y avait trois cotisants pour un retraité dans les années 70, il y a aujourd’hui 1,7 cotisants pour un retraité. On a un déséquilibre qu’il faut combler. »

Françoise Buffet, ancienne adjointe à l’éducation de Roland Ries. Elle est aujourd’hui députée apparentée Renaissance. (Photo EJ – BDLR)Photo : EJ / BDLR

La communication est rodée du côté des soutiens de la réforme. Marcheur de la première heure, député Renaissance pour un second mandat, Bruno Studer soutient aussi la nécessité de réformer pour maintenir le système de retraite par répartition : « Je tiens à préserver notre système qui repose sur la solidarité intergénérationnelle. Je ne veux pas d’autres ressources ou d’autres taxes et impôts qui financent nos retraites. » Vincent Thiebaut, député du parti Horizons, aussi membre de la majorité, résume : « Si on ne fait rien, c’est tout le système qui se casse la gueule. » Un discours qui résonne comme l’argument récurrent des politiciens néolibéraux : « There is no alternative » (Il n’y a pas d’alternative).

Bruno Studer, le soir du premier tour des élections législatives de 2022. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

« Je ne soutiens pas une réforme difficile pour le plaisir »

« Je ne suis pas masochiste. Je ne soutiens pas une réforme difficile pour le plaisir », continue Bruno Studer. Du côté des députés de la majorité présidentielle, les arguments positifs et séduisants pour ce projet gouvernemental se font rares… et parfois contradictoires. Bruno Studer soutient que « les femmes seront les gagnantes de cette réforme qui permettra de mieux prendre en compte leur carrière et les congés parentaux ». Vincent Thiebaut émet lui quelques réserves avant d’exprimer un soutien définitif à cette réforme : « Mon vote dépendra quand même des futures modifications du texte. J’espère qu’elles iront dans le sens d’une meilleure prise en compte des carrières hachées. »

Député Modem de la sixième circonscription du Bas-Rhin, Louise Morel se félicite de « l’idée de garantir une retraite minimale à 1200 euros pour les carrières complètes » tout en espérant des avancées à travers le débat parlementaire : « Au sein du mouvement démocrate, nous sommes favorables à ce que cette retraite minimale puisse bénéficier aux retraités actuels. »

« On peut manifester sans paralyser tout le pays »

Face à la mobilisation prévue le jeudi 19 janvier, tous les députés de la majorité appellent à la mesure et à la patience. Louise Morel se dit « assez surprise des manifestations alors que l’on a pas encore le texte dans les détails. Ce dernier sera présenté en conseil des ministres le 23 janvier ». Bruno Studer plaide pour l’amélioration de cette réforme par « la concertation avec les organisations syndicales et les partis politiques ». « On peut manifester sans paralyser tout le pays », rappelle l’enseignant de profession.

Seul député bas-rhinois encore indécis, Patrick Hetzel (LR) estime que « beaucoup d’incertitudes et d’inconnues demeurent ». Son choix dépendra ainsi des amendements qui, selon lui, doivent « aller vers une réforme équitable, qui prendra mieux en compte des étapes de la vie familiale et qui valorise le travail avec une retraite minimale à 1200 euros y compris pour les retraités actuels ».

« La retraite ne doit pas être l’antichambre de la mort »

L’argument de la retraite minimale à 1 200 euros figure parmi l’un des rares arguments concrets et positifs des soutiens de cette réforme. Mais ce point suscite beaucoup d’incompréhensions et d’espoir, il pourrait ainsi se retourner contre les partisans du projet gouvernemental. À ce sujet, la députée de la première circonscription, Sandra Regol (EELV) rappelle tout d’abord que le principe d’assurer aux retraités une pension équivalente à 85 % au moins du Smic est inscrit dans la loi depuis la réforme des retraites de 2003. Puis l’élue écologiste affirme l’importance des retraités dans l’activité associative et la solidarité :

« Aujourd’hui un tiers des retraités sont bénévoles dans le secteur associatif ou celui de l’aide à la personne. Ce sont aussi eux qui assurent le plus de garde d’enfants. Ils gardent autant les enfants que les gardes maternelles. Libérer ce temps c’est un système de solidarité crucial pour le tissu associatif et les familles. »

Député La France Insoumise (LFI) de la deuxième circonscription, Emmanuel Fernandes se veut fidèle à l’esprit du fondateur de notre système de retraite Ambroise Croizat. Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg

Député La France Insoumise (LFI) de la deuxième circonscription, Emmanuel Fernandes se veut fidèle à l’esprit du fondateur de notre système de retraite Ambroise Croizat :

« Ambroise Croizat disait en 45 que la retraite ne devait pas être une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie. Très clairement, avec cette réforme, on revient à l’idée du travail jusqu’à l’épuisement. On sait par ailleurs que l’espérance de vie en bonne santé est de 62 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes. C’est un curseur morbide qu’on déplace, on va officiellement acter du fait que l’être humain est destiné à produire jusqu’à ce que sa santé se dégrade. »

« On peut faire reculer le gouvernement »

Ingénieur de profession, Emmanuel Fernandes rejette aussi l’idée d’une réforme nécessaire et incontournable :

« Si on taxait de 2% seulement la fortune des milliardaires français on pourrait couvrir l’ensemble des déficits projetés par le COR sur le système de retraite. Je veux dire : on a là très clairement une vision idéologique : le gouvernement préfère sacrifier des années de bonheur pour les Français plutôt que de s’attaquer aux causes de nos malheurs, qui sont l’injustice du partage de la richesse, que les ultrariches s’en mettent plein les poches et les pouvoirs publics ne jouent plus leur rôle de redistribution. »

Les députés Nupes espèrent ainsi une mobilisation massive ce jeudi 19 janvier : « Il y a une unité du pays contre ce projet injuste, injustifié et brutal, estime Emmanuel Fernandes, si on est très nombreux dès jeudi, avec un mouvement dans la durée, qui déplace des masses comme en 95, on pourra faire reculer le gouvernement. »

Géothermie : suite aux séismes, la préfète dépose une plainte contre Fonroche

Géothermie : suite aux séismes, la préfète dépose une plainte contre Fonroche

De 2019 à 2021, une activité de géothermie profonde au nord de Strasbourg a provoqué une série de séismes. La préfète du Bas-Rhin a déposé plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui » contre Fonroche, l’entreprise exploitante du site.

Selon les DNA, Josiane Chevalier, la préfète du Bas-Rhin, et Michèle Kannengieser, maire de la Wantzenau, ont porté plainte contre l’entreprise Fonroche pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Pour rappel, la société exploitante du site industriel de géothermie profonde situé au nord de Strasbourg a causé une série de séismes entre 2019 et 2021 après avoir dépassé les limites de pression et de profondeur autorisées.

Fonroche a provoqué des séismes dont les foyers se trouvaient au nord de Strasbourg. Photo : remise

En janvier 2021, le tribunal administratif avait maintenu un arrêté préfectoral ordonnant la suspension définitive des opérations de géothermie à Vendenheim suite à un important séisme le 4 décembre 2020. Suite à la plainte de la préfète, plusieurs maires du secteurs ont été « auditionnés comme témoins par les gendarmes » d’après les DNA.

La police enquête sur la gestion de l’incinérateur de Strasbourg par le groupe Séché

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Depuis 2014, l’incinérateur de Strasbourg expose régulièrement ses employés, ou des salariés de sous-traitants, à des cendres d’incinération hautement cancérigènes. Le procureur de Strasbourg s’est autosaisi de l’affaire.

La direction de l’usine d’incinération Sénerval a-t-elle délibérément sous-investi dans la maintenance de l’incinérateur au point d’

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Retraites : pour gagner, les syndicats prévoient des grèves longues et paralysantes

Retraites : pour gagner, les syndicats prévoient des grèves longues et paralysantes

Dans tous les secteurs, des travailleurs alsaciens se préparent à la mobilisation du jeudi 19 janvier contre la réforme des retraites. Les syndicats estiment que pour faire reculer le gouvernement, il faudra lui imposer un rapport de force avec des grèves longues et stratégiques pour impacter.

« Les gens doivent le comprendre : certaines grèves seront pénalisantes, mais c’est notre carte à jouer pour que le gouvernement renonce », prévient Laurent Feisthauer, secrétaire départemental du Bas-Rhin de la CGT, à quelques heures du début de la mobilisation des huit principaux syndicats français contre la réforme des retraites, jeudi 19 janvier. Il anticipe déjà la stratégie du gouvernement :

« Il ne faudra pas se laisser enfermer dans le discours des macronistes. Ils essayeront d’opposer les usagers et les grévistes, en nous faisant passer pour les méchants qui pénalisent les autres. C’est leur stratégie. On sait aussi déjà qu’on aura tous les jours des reportages sur des personnes impactées par les grèves.

Mais on ne crée un rapport de force qui peut faire plier le gouvernement que si des secteurs stratégiques sont à l’arrêt dans la durée. Évidemment, une journée de grève c’est une journée de salaire en moins, mais beaucoup de salariés sont déterminés car ils comparent ça avec les années de plus à travailler et la baisse des retraites pour certains. »

Mardi matin, une banderole pour la grève générale était accrochée sur un pont à Strasbourg. Photo : remise

Prêts à s’engager dans un mouvement long

La Première ministre Élisabeth Borne a appelé, le 12 janvier, les syndicats à « ne pas pénaliser les Français » lors de la grève contre la réforme des retraites. « C’est un non sens », pour Laurent Feisthauer : « Le principe de la grève est de faire pression en ayant des conséquences sur l’outil de travail. » Pour lui, il sera nécessaire de ne pas faire reposer le mouvement uniquement sur les cheminots et la RATP comme en 2019, lors de la tentative de réforme des retraites pendant le premier mandat d’Emmanuel Macron. « Cette grève restreinte avait facilité la tâche au gouvernement. Or il y a de nombreux autres secteurs stratégiques, comme les raffineries, l’éducation, les services publics territoriaux ou le transport routier », observe t-il.

Les grévistes dans l’enseignement peuvent avoir un rôle important. Agathe Konieczka, co-secrétaire au Snuipp-FSU, syndicat majoritaire dans les écoles du premier degré, décrit l’impact de la grève du personnel de l’éducation en maternelle et en primaire :

« Quand des écoles ferment, les parents sont obligés de trouver des solutions pour garder leurs enfants. Certains peuvent donc être entrainés dans la mobilisation. Au niveau du Snuipp-FSU, nous avons mis en place un système de caisse de grève car de nombreux enseignants se préparent à un mouvement long.

Dans des tracts et des mails, nous avons envoyé tout un argumentaire pour les profs à destination des parents : nous n’avons pas besoin de cette réforme, il y a d’autres moyens d’être à l’équilibre. Si le gouvernement a reculé en 2019 sur la réforme des retraites, ce n’est pas que grâce au Covid, c’est aussi grâce à la mobilisation. Et d’ailleurs, il ne réessaye pas de faire passer la retraite par points, ce mouvement a laissé des traces. »

« Les gens nous demandent comment faire grève »

D’après Agathe Konieczka, le nombre d’établissements qui n’accueilleront pas d’élèves jeudi n’est pas encore arrêté. Elle peut déjà annoncer que les écoles Eléonore à Hautepierre, Saint-Jean et Saint-Thomas au centre-ville, Wimpfeling à Sélestat ou encore celles de Wolfisheim, Muttersholtz et Scherwiller seront fermées. Le syndicat compte environ 54% de grévistes dans le Bas-Rhin.

Les syndicats espèrent une grande manifestation à Strasbourg le 19 janvier, et organisent des grèves pour imposer un rapport de force au gouvernement. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Bertrand Augé est salarié de l’usine chimique Novares à Ostwald. Il est aussi délégué syndical central de Force ouvrière pour les huit sites français de Novares. Selon lui, si des industriels sont à l’arrêt ou ralentis à cause de la grève, une partie du patronat pourrait aussi être amenée à faire pression sur le gouvernement pour que l’économie reparte. Ce dernier se dit très surpris par l’ampleur de la mobilisation :

« Les gens sont vent debout, y compris les non-syndiqués. Ils nous demandent comment faire grève, pour beaucoup c’est la première fois. Je n’ai pas du tout eu besoin de convaincre. Il y a une grande impatience, tout le monde est dans les starting blocks. Notre préavis est déposé uniquement pour le 19 janvier car nous discuterons en intersyndicale de la suite. Mais nous avons acté que cette journée ne sera que le départ d’une puissante mobilisation. »

L’Unsa CTS favorable à un blocage du réseau bus et tram

Même discours pour Bettina Winterstein, secrétaire départementale de la CGT métallurgie : « Nos élus hallucinent, ce sont les salariés qui viennent à eux et pas l’inverse, pour demander où va partir la manifestation de jeudi. » Elle indique que des bus partiront de plusieurs petites villes en Alsace, comme Saverne, vers Strasbourg :

« Si on croit qu’on va faire plier le gouvernement avec une seule grande manifestation, on rêve. Mais les gens sont déterminés cette année, je n’ai jamais vu ça. Il y a un grand ras-le-bol, une volonté de protester, aussi à cause de l’inflation. Je pense que les grèves vont s’amplifier petit à petit si le gouvernement n’écoute pas les revendications, car cela va énerver tout le monde. »

Du côté de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), Éric Vautherot, délégué Unsa, le syndicat majoritaire, assure que la mobilisation du 19 janvier sera également importante, avec plus de 450 grévistes sur 542 personnes censées être en service :

« Notre grève sera massive. Elle empêchera une bonne partie du trafic. La majorité des salariés, que ce soit les conducteurs, le personnel technique ou les agents de maîtrise, sont concernés par la réforme et y sont opposés. Nous avons beaucoup de retours de personnes qui craignent la réforme, notamment des conducteurs au bout du rouleau à cause des horaires difficiles que nous avons. Nous savons bien que cela impactera des usagers, mais il faudra choisir entre quelques jours de grève et des années supplémentaires à travailler pour tout le monde. »

Laurent Feisthauer, secrétaire départemental de la CGT, promet une mobilisation massive des salariés. (Photo TV / Rue89 Strasbourg)Photo : TV / Rue89 Strasbourg

La CFDT annonce 3 à 5 000 de ses adhérents dans la rue jeudi

Il est évident qu’une forte mobilisation des chauffeurs de camion de transit aurait des retombées importantes. Pascal Vaudin, secrétaire général de la CFDT Transport routier dans le Bas-Rhin en est conscient :

« Imaginez un mouvement qui implique que les stations service ou les denrées alimentaires ne sont pas livrées. Nous sommes déterminés à faire reculer le gouvernement et nous n’hésiterons pas à organiser un grève sur plusieurs jours ces prochaines semaines. Nous remarquons que même certains patrons facilitent la grève de jeudi car ils se sentent aussi impactés. »

Rien que la CFDT du Bas-Rhin estime que ses adhérents seront entre 3 et 5 000 dans la rue à Strasbourg jeudi. Les syndicats interrogés affirment demander à leurs élus de terrain de faire de la pédagogie sur les lieux de travail pour vulgariser ce qu’est la réforme des retraites. Les militants distribuent aussi des tracts devant les commerces, collent des affiches et font du porte à porte pour expliquer l’importance de la mobilisation.

Des grèves stratégiques

« On doit être inventifs, rendre les manifestations festives, aller dans les villes moyennes, faire des opérations escargot », liste Laurent Feisthauer, insistant aussi sur l’aspect stratégique de certaines grèves. Parfois, si quelques travailleurs nécessaires à une activité s’arrêtent, cela peut suffire à avoir un impact important et il est plus simple de les soutenir avec une caisse de grève. Le simple fait que les agents du centre opérationnel de gestion des circulations de la SNCF seront en grève jeudi provoquera la suppression de la totalité des TER en Alsace.

Les syndiqués interrogés espèrent une mobilisation semblable à celle de 1995, quand le gouvernement avait renoncé à une réforme des retraites suite à des grèves dans de nombreux secteurs. Au niveau national, l’intersyndicale se réunit régulièrement pour planifier ces grèves impactantes et imposer un rapport de force au gouvernement. Le projet de loi devrait être présenté à l’assemblée autour du 30 janvier.

Reme : le cadencement des trains promis en décembre ne sera pas atteint avant août 2023

Reme : le cadencement des trains promis en décembre ne sera pas atteint avant août 2023

Pour enfin faire fonctionner le Réseau Express Métropolitain, la SNCF souhaite augmenter progressivement la cadence des trains pendant plusieurs mois. En attendant, à partir de février, elle mettra en place des omnibus supplémentaires. Le niveau de cadencement promis pour décembre 2022 devrait être atteint en août 2023.

Ils sont arrivés le sourire aux lèvres pour une conférence de presse mardi 17 janvier, faisant suite au fiasco du lancement du Réseau express métropolitain européen (Reme). Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg et Thibaud Philipps, vice-président de la Région Grand Est, sortaient d’une réunion avec la SNCF. Selon eux, des solutions ont été trouvées pour contrer les difficultés du REME, censé apporter 800 trains supplémentaires par semaine autour de Strasbourg. En réalité, on en est à seulement 410 trains supplémentaires mi janvier.

Les élus ont annoncé le retour des « omnibus » à partir du 4 février, notamment dans les communes d’Haguenau, de Molsheim ou encore de Limersheim. Haguenau retrouvera 18 omnibus supplémentaires en direction de Strasbourg par exemple. Les Molsheimois auront 16 omnibus supplémentaires vers la capitale alsacienne. Alain Jund et Thibaud Philipps espèrent que ces premiers éléments de réponse permettront de retrouver la confiance perdue des usagers :

« La SNCF a reconnu ses difficultés. Nous avons mis beaucoup de choses sur la table et désormais, ce que nous voulons, c’est de la fiabilité, de la confiance et de la régularité. Nous serons très exigeants. »

Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole en charge des mobilités

Une augmentation progressive du nombre de TER

Les deux élus rappellent la prise en charge de 50% de l’abonnement des usagers du TER Grand Est pour les trois prochains mois (février, mars, avril 2023), annoncés vendredi 13 janvier sur Twitter suite aux dysfonctionnements du Reme. Ainsi que la mise en vente de plus de 1 500 000 billets à petits prix de février à avril.

Ils préviennent que si la SNCF ne tient pas sa promesse d’ici le mois d’avril en réaugmentant progressivement le cadencement, une prolongation des réductions sera demandée à l’entreprise ferroviaire. Thibaud Philipps annonce aussi que la Région ira sur le terrain sans la SNCF, pour contrôler la situation et comprendre où sont les problèmes.

Selon les élus, des réunions avec la SNCF auront lieu régulièrement pour faire le bilan de l’offre TER et déterminer si l’augmentation du cadencement des trains est possible. D’après Alain Jund et Thibaud Philipps, l’offre en TER devrait lentement atteindre les niveaux promis au lancement du Reme en août 2023.

La Région et l’Eurométropole payeront 9 mois un service qui n’a pas été entièrement fourni. Les élus expliquent réfléchir à d’éventuelles pénalités financières ou à un ajustement du budget en 2024, même s’ils estiment que les réductions actuelles sur les abonnements sont déjà une forme de pénalité (puisqu’ils sont entièrement pris en charge par la SNCF).

Thibaud Philipps et Alain Jund ont organisé une conférence de presse le mardi 17 janvier pour expliquer les causes du mauvais fonctionnement du Reme et parler de la suite. Photo : Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc

Des excuses à demi-mot

Du côté de l’Eurométropole comme de la Région, les élus cherchent à remettre en avant les aspects positifs du Reme, qui « fonctionne bien » pour les bus par exemple. Selon eux, « il faut être optimiste car le Reme a permis un cadencement augmenté de 40% sur les premiers week-ends ». Aussi, Thibaud Phillips souhaite insister sur le fait qu’il y a tout de même plus de trains aujourd’hui par rapport à avant le lancement du REME. Alain Jund abonde :

« Cela n’a pas été parfait. Nous sommes conscients que cela n’a pas été tous les jours simple pour les usagers. Ce qui devait être un choc de l’offre a plutôt été un choc des nerfs. Nous sommes désormais dans une démarche modeste, humble. Nous allons tirer des leçons de cela pour avancer. Et nous sommes condamnés à réussir. »

La déception se lit tout de même dans le discours des élus. Ils rappellent à plusieurs reprises que le projet était regardé depuis « les plus hauts sommets de l’État ». Alain Jund rejette la faute sur la SNCF en rappelant qu’il n’y a aucun manque de matériel ou d’infrastructure. Pour lui, le vrai souci a été le manque d’organisation lié au cadencement prévu. Le réseau SNCF a selon lui sous-estimé le Reme en le traitant comme une simple augmentation de TER, là où il aurait fallu le traiter comme un nouveau système de RER.

Thibault Philipps : « Je m’excuse »

Alain Jund l’affirme : ce manque d’anticipation leur a échappé. Pourtant, dans un article des DNA, il affirme que les syndicats l’avaient averti, mais qu’il a tout de même fait confiance à la direction de la SNCF pour le lancement. La CGT prédisait effectivement que le lancement du Reme serait catastrophique à cause d’un manque de matériel, de personnel et du fait que la gare de Strasbourg est trop petite.

De son côté, Thibaud Philipps a joué l’apaisement pour tenter de retrouver la sympathie des usagers :

« Je m’excuse que le Reme n’ait pas fonctionné comme il aurait dû. Maintenant je veux que les choses soient fiables et progressives. Nous ne pouvons plus faire des annonces que nous ne sommes pas capables de tenir. »

Il faudra attendre donc désormais attendre fin août, au mieux, pour espérer retrouver la cadence prévue en décembre 2022.

Le cinéma Cosmos ouvrira en retard

Le cinéma Cosmos ouvrira en retard

Annoncée au départ au tout début de l’année 2023, l’ouverture du Cosmos (ex-Odyssée) est reportée au printemps. Les travaux ont pris du retard et la date précise d’ouverture n’est pas encore connue.


Selon Actu Strasbourg, le cinéma Cosmos, anciennement Odyssée, n’ouvrira pas au tout début de l’année 2023, comme c’était initialement prévu. Les travaux ont pris du retard, prévient Cécile Becker, secrétaire générale du Cosmos. L’équipe fondatrice du Troisième souffle, choisie pour reprendre le cinéma, espère une ouverture au printemps. Début février, une étape importante du chantier doit avoir lieu avec l’arrivée du système de ventilation et de climatisation. Une fois l’installation lancée, Troisième souffle aura plus de visibilité pour déterminer la suite du calendrier, notamment en articulant la programmation des événements hors les murs, qui doit s’étaler sur les derniers mois des travaux. 

La date d’ouverture est conditionnée par la réception de grosses pièces pour terminer les travaux. Elle est attendue au printemps 2023. (Photo Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc)

En attendant, l’équipe avance au niveau administratif. Depuis le 1er janvier, l’association Le Troisième souffle est officiellement une coopérative. Une campagne de souscription sera lancée très prochainement. Pour y être intégré, il faudra s’acquitter d’une part sociale, de 20 euros minimum. Cela permettra d’avoir une voix lors des votes des assemblées générales qui auront lieu chaque année pour déterminer les orientations stratégiques du cinéma.

Interruption totale du trafic TER en Alsace le 19 janvier

Interruption totale du trafic TER en Alsace le 19 janvier

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Trois quinquas face à la réforme des retraites : « J’ai l’impression de trimer dans un système qui n’a plus de sens »

Trois quinquas face à la réforme des retraites : « J’ai l’impression de trimer dans un système qui n’a plus de sens »

Sophie, Chrystelle et Stéphane oscillent autour de la cinquantaine et se demandent avec anxiété de quoi sera faite leur retraite. Ils ont livré leurs craintes, chiffres à l’appui, à Rue89 Strasbourg.

Alors que l’actualité s’emplit de titres et de déclarations sur une nouvelle réforme des retraites, trois Alsaciens ont accepté de livrer leurs sentiments après avoir reçu le relevé de carrière de l’assurance retraite. Ce document liste les trimestres validés (il en faut 171) et ceux qui restent à fournir, et une estimation de la pension à venir.

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L’affaire Quatennens empoisonne la France insoumise strasbourgeoise

L’affaire Quatennens empoisonne la France insoumise strasbourgeoise
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Réforme des retraites : ce bien triste avenir économique que nous promet le gouvernement

Réforme des retraites : ce bien triste avenir économique que nous promet le gouvernement

Austérité budgétaire, faible productivité, bas salaires… En filigrane de sa réforme des retraites, le gouvernement nous présente un futur guère optimiste. 

« Brutal », « injuste », « inutile »… Dévoilé mardi 10 janvier par la première ministre Élisabeth Borne, le projet de réforme des retraites qui acte le recul de deux ans de l’âge légal de départ à 64 ans, et l’accélération de l’allongement de la durée de cotisations, fédère contre lui. Fait rarissime, les syndicats sont unanimes pour dire leur opposition à ce projet. Dans . . .

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Grèves et mobilisations contre la réforme des retraites jeudi à Strasbourg

Grèves et mobilisations contre la réforme des retraites jeudi à Strasbourg

Les syndicats appellent à une large mobilisation en réaction à la réforme des retraites proposée par le gouvernement, jeudi 19 janvier. À Strasbourg, une manifestation intersyndicale est programmée et des perturbations sont attendues dans plusieurs secteurs publics et privés.

Alors que la France est l’un des pays les plus riches et les plus productifs du monde, peut-on encore faire peser plus lourdement la retraite sur les salariés et les travailleurs ? La réponse est « oui » pour le gouvernement installé par Emmanuel Macron, qui propose de faire reculer l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans et d’allonger la durée minimale de cotisation.

Face à ce programme, les syndicats se sont unis pour organiser une riposte, dans un rare moment d’unanimité sociale. Une journée de mobilisation nationale est programmée jeudi 19 janvier, avec des grèves dans les secteurs privés et publics et des manifestations. À Strasbourg, l’intersyndicale est composée de la CFTC, la CFE-CGC, Force ouvrière, Solidaires Alsace, la CNT, Alternative étudiante, l’Unsa, la CFDT, la FSU, la CGT et l’Unef.

En octobre 2021, Laura, Laurent et Luc manifestaient déjà pour conserver leurs retraites Photo : Rue89 Strasbourg

Manifestation à 14h, départ place de l’Étoile

La manifestation est prévue jeudi à partir de 14h, au départ de la place de l’Étoile selon un trajet passant par la Krutenau, devant le Palais universitaire, place de la République, place Broglie et place Kléber. L’objectif de la mobilisation interprofessionnelle est d’obliger le gouvernement à revoir sa position. Dans un communiqué, l’intersyndicale bas-rhinoise détaille :

« Le système de retraites par répartition n’est pas en danger, rien ne justifie une réforme aussi brutale. Attachées à un meilleur partage des richesses, des organisations syndicales n’ont eu de cesse pendant la concertation avec le Gouvernement de proposer d’autres solutions de financement, à commencer par l’amélioration de l’emploi des seniors. Jamais le gouvernement, arc-bouté sur son projet, ne les a étudiées sérieusement. »

L’ampleur de la mobilisation de jeudi donnera le ton du mouvement contre cette réforme des retraites, perçue comme injuste et dogmatique par les syndicats, y compris les réformistes. À l’issue de la manifestation, les syndicats prévoient des rencontres avec les organisations de jeunesse, afin d’évoquer avec elles la « prolongation du mouvement de mobilisation et convenir d’autres initiatives ».

Perturbations à la CTS et dans les établissements scolaires

Le principal syndicat de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), l’Unsa, a appelé à la grève le 19 janvier, ce qui devrait provoquer des réductions dans le service des bus et des trams de l’Eurométropole. Le 17 janvier, 452 employés de la CTS dont une majorité de conducteurs de tram et de bus ont déjà déclaré qu’ils feraient la grève, sur 542 travailleurs prévus au départ sur la journée de jeudi. Le personnel technique a jusqu’à mercredi pour se déclarer en grève.

D’après la CTS, jeudi 19 janvier, les trams circuleront seulement de 6h à 20h et desserviront les arrêts avec une fréquence amoindrie : toutes les 16 à 30 minutes selon les lignes. Les bus circuleront normalement, exceptés la ligne G, toutes les 10 à 15 minutes environ.

Du côté de la SNCF, une grève très suivie au niveau des agents de supervision de la circulation va entrainer une interruption du trafic TER en Alsace pour la journée du jeudi 19 janvier.

Dans les écoles et les cantines

Dans les écoles, les cantines scolaires de Strasbourg seront toutes fermées jeudi. Un service minimum d’accueil est mis en place par la Ville de Strasbourg dans quelques écoles pour accueillir les élèves des écoles dont plus de 25% des enseignants sont en grève. À noter que la FSU, dont dépendent les syndicats SNES pour les enseignants des collèges et SNUipp pour les enseignants des écoles, a également appelé à la grève pour la journée du mardi 17 janvier. Dans le Bas-Rhin, le syndicat estime à 54% le taux de participation des enseignants.

Les autres perturbations liées à cette mobilisation contre la réforme des retraites seront ajoutées dans cet article au fur et à mesure qu’elles parviennent à la rédaction.

Pop triste mais entraînante jeudi à l’Espace Django avec Derya Yildirim & Grup Simsek

Pop triste mais entraînante jeudi à l’Espace Django avec Derya Yildirim & Grup Simsek

Ambiance électro-orientale à l’Espace Djando jeudi 19 janvier, avec un groupe très remarqué : Derya Yildirim & Grup Simsek. Formé en Allemagne, ce groupe entre Europe occidentale et Turquie dépoussière efficacement le répertoire classique turc.

Jeudi 19 janvier, l’Espace Django accueille à nouveau une formation montante de la scène électro-orientalo-européenne – oui c’est un truc -, Derya Yildirim & Grup Simsek. Née à Hambourg dans une famille turque, Derya Yildirim a rencontré en 2014 les musiciens français de l’orchestre Montplaisant (Antonin Voyant, Graham Mushnik, Andrea Piro) et une batteuse anglaise (Greta Eacott). Bien qu’éloignés, la magie opère et ils enregistrent en 2017 un album de quatre titres très remarqué, notamment grâce à ce titre :

Nem Kaldi, un son traditionnel occidentalisé et un résultat envoûtant…

Nem Kaldi, « Que me reste-t-il ? » en turc, est un morceau classique du répertoire turc signée d’Aşık Mahzuni Şerif (à écouter en version originale ici, ou là par Gülden Karaböcek en 1974). Le Grup Simsek a adapté ce titre aux oreilles occidentales, en le saupoudrant d’arrangements électro tout en gardant le saz (sorte de luth) joué par Derya Yildirim elle-même. Sa voix douce et enveloppée, définitivement orientale, convenant parfaitement à cette complainte sur la solitude anatolienne.

Le groupe a continué d’explorer le répertoire turc. Il l’arrange à sa manière, produisant de nombreuses balades entraînantes à partir de chansons traditionnelles souvent tristes. Puis en 2021, ils sortent ce titre :

Haydar Haydar par Derya Yildirim & Grup Simsek, un titre parfait.

La chanson est, là encore, issue du répertoire classique turc, composée par Ali Ekber Çiçek en 1974. La chanson a depuis été maintes fois reprises en Turquie, comme ici par Müslüm Gürses, mais le Grup Simsek, avec l’ajout d’une batterie sourde, et d’un petit gimmick aux claviers, transforme ce morceau, à nouveau sur la solitude mais après avoir péché cette fois, en un titre parfait.

La discographie du groupe se compose à ce jour de deux albums très similaires, Kar Yagar (La neige va tomber) et Dost 2 (dost en turc pouvant se traduire par « ami » en français). Le groupe s’appuyant sur la voix exceptionnelle de Derya Yildirim et sur les arrangements électro et orientaux proposés par le reste du groupe. Voyage planant garanti.

Bienvenue à Roni, nouveau journaliste de Rue89 Strasbourg

Bienvenue à Roni, nouveau journaliste de Rue89 Strasbourg

Roni Gocer a rejoint la rédaction de Rue89 Strasbourg le 9 janvier, en remplacement de Jean-François Gérard. Il sera donc plus particulièrement chargé de l’actualité politique strasbourgeoise et alsacienne.

Jean-François Gérard, journaliste à Rue89 Strasbourg depuis 2014, a eu des envies de grand air. Il a quitté Strasbourg en décembre pour Toronto, au Canada, où il chronique la vie palpitante des caribous, en allant en reportage en moto-neige habillé avec un stupide pull en grosse laine à motifs.

Bien que Jean-François soit irremplaçable, la rédaction a tout de même recruté depuis le 9 janvier son nouveau journaliste chargé de la politique : Roni Gocer. À 26 ans, Roni est un jeune diplômé de l’Institut pratique du journalisme (IPJ) à Paris, une formation qui l’a mené dans les rédactions de France 3 Champagne-Ardenne et de l’hebdomadaire Politis. Il était depuis fin 2021 journaliste indépendant à Paris, notamment pour Politis, Reporterre et Pays, la revue.

Roni Gocer à la réunion « Quartiers connectés » à Cronenbourg.Photo : Sahra Lakraa / Rue89 Strasbourg

Notre rédaction est donc toujours dotée de cinq journalistes permanents, et d’une dizaine de journalistes indépendants. Cette force de travail au service de l’enquête et du journalisme strasbourgeois, nous la devons à nos quelques 1 700 abonnés. Leur soutien (5€ par mois) permettent de financer cette rédaction indépendante, unique à Strasbourg et rare dans les métropoles françaises, mais nous avons besoin de plus d’abonnés pour équilibrer nos dépenses.

Médialab, l’entreprise éditrice de Rue89 Strasbourg, est une société établie à Strasbourg et indépendante, c’est à dire non affiliée à un groupe de presse ni à un milliardaire. Toutes les recettes de la société sont investies dans la production d’un journalisme pugnace et coriace.

Roni a grandi à Strasbourg, dans le quartier du Port-du-Rhin, et sera donc plus particulièrement en charge du suivi de la politique strasbourgeoise et alsacienne. Mais il traitera aussi une partie des alertes qui nous parviennent, soit par courrier, par dépôt dans notre boite aux lettres dédiée, par mail ou par notre plate-forme anonyme, et sera au moins une fois par semaine en charge de l’édition de Rue89 Strasbourg, c’est à dire de la relecture des articles et de leur mise en forme.

Sous pression, la Région Grand Est fait un geste commercial pour les usagers excédés par les retards et les suppressions de trains

Sous pression, la Région Grand Est fait un geste commercial pour les usagers excédés par les retards et les suppressions de trains

Suppression inopinée des trains en circulation, retards en cascade et cadence revue à la baisse… Le faux départ du Réseau Express Métropolitain Européen a poussé la Région Grand Est à faire un geste commercial pour ses abonnés du TER.

« J’ai acheté un abonnement mensuel pour finalement être obligée de prendre ma voiture une semaine après. » Vanessa Mikuczanis fait partie de ces déçues du Réseau express métropolitain européen (Reme). Au lancement de ce qui devait être une « révolution » selon l’exécutif de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) et de la Région Grand Est, cette habitante de Soultz-sous-Forêt a cru dans l’augmentation des cadences promise sur le réseau TER autour de Strasbourg. Mais les annonces étaient trop optimistes, le Reme ne propose que la moitié des trains promis, et encore. Et la secrétaire d’une association strasbourgeoise a fini par abandonner le train.

Les voyageurs ont subi des suppressions de trains pendant une semaine après le lancement du REME. Photo : GK / Rue89 Strasbourg / cc

Vanessa Mikuczanis a créé un groupe Facebook pour rassembler les voyageurs mécontents et a lancé une pétition pour exiger un remboursement d’au moins 50% pour les mois de novembre, décembre et janvier. Une juste compensation, selon elle, pour un service extrêmement dégradé depuis le lancement du Reme le 11 décembre 2022.

10% des trains supprimés au lancement du Reme

Les chiffres confirment le ressenti des usagers. Entre le 11 décembre et le 11 janvier, 704 trains prévus à la circulation ont été supprimés sur le réseau du Reme. Les annulations de dernière minute sur la première semaine du réseau express métropolitain ont concerné 10% des trains en circulation dans la semaine du 11 décembre. Le taux de suppression diminue les semaines suivantes… mais cette amélioration de la fiabilité du service a nécessité de réduire l’offre initiale. Dès la deuxième semaine de fonctionnement du Reme, le nombre de trains supplémentaires en circulation est passé de 800 à 410.

L’observation du nombre de trains supprimés quotidiennement sur le Reme donne la même impression de lancement chaotique. A la fin de la première semaine de fonctionnement du réseau express métropolitain, 64 trains ont été supprimés le mercredi 14 décembre et 70 trains ont été annulés le vendredi 16 décembre.

« Quand on paie un service, on est dans le droit de l’attendre »

André Lott est vice-président de la Fédération nationale des associations d’usagers de transports (Fnaut) Grand Est. L’organisation demande un remboursement des abonnés depuis décembre 2022 et reste ouverte sur le montant minimal à obtenir. « On est plus dans une logique de geste financier que de remboursement complet », détaille le vice-président.

Le symbole d’un remboursement permettrait tout d’abord de dédommager les voyageurs touchés par l’inflation. La Fnaut Grand Est cherche aussi à produire un précédent, qui permettrait un nouveau remboursement en cas de nouvelle dégradation du service. Pour André Lott, il s’agirait enfin d’une reconnaissance des erreurs commises : « Ça signifierait que les collectivités sont allées trop vite dans la mise en place du dispositif. »

Du côté des syndicats de cheminots, les revendications sont similaires. Secrétaire régional Unsa ferroviaire Alsace, Ludovic Wintenberger rappelle les difficultés subies par les agents de la SNCF :

« Ils sont en première ligne et face à l’exaspération des clients, ils se retrouvent parfois à gérer des situations de tension. »

Espérant que des moyens seront mis en place pour offrir un service de qualité, Alexandre Welsch, secrétaire régional du syndicat Sud Rail, soutient les demandes des usagers :

« Dans n’importe quel commerce, quand on paie un service, on est dans le droit de l’attendre. Donc je comprends et trouve légitime les demandes de remboursement. »

Un geste commercial décidé par la Région

Face aux nombreuses protestations, l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) ainsi que la Région Grand Est ont annoncé jeudi 12 janvier avoir mis en demeure la SNCF pour ses manquements. L’occasion pour le vice-président de l’EMS en charge des mobilités Alain Jund d’inviter la SNCF à dédommager les usagers. Quelques jours plus tôt, au micro de France Bleu Alsace, la directrice régionale de la SNCF pour le TER Grand Est, Stéphanie Dommange, a renvoyé au conseil régional la responsabilité d’un geste commercial.

50% de l’abonnement pris en charge pour trois mois

Vendredi 13 janvier, en début de soirée, Thibaud Philipps, vice-président de la Région Grand Est en charge des Transports, a annoncé sur Twitter une prise en charge à 50% de l’abonnement des usagers du TER Grand Est pour les trois prochains mois (février, mars et avril 2023). Le maire d’Illkirch-Graffenstaden (LR) évoque aussi 1 500 000 billets à petits prix de février à avril :

« On est en train de finir de caler le dispositif avec la SNCF. Ce sont des billets à des tarifs très attractifs, à moins de 10 euros. L’idée est de pouvoir répondre aux attentes des voyageurs occasionnels qui peuvent aussi subir les difficultés par rapport au trafic régulièrement perturbé. »

Le vice-président de la Région Grand Est Thibaud Philipps envisage encore un autre moyen de pression sur la SNCF :

« La SNCF est notre prestataire. Nous avons passé une convention pour ajouter des trains mais nous nous rendons compte que la SNCF n’est pas en capacité de respecter ses engagements. Donc en tant que financeur, on se pose aussi des questions sur les 14 millions d’euros que l’on cofinance avec l’Eurométropole de Strasbourg sur le Reme à raison de 500 000 euros par mois. »