C’est la première journée de manifestation contre la réforme des retraites annoncée par le gouvernement d’Élisabeth Borne. Opposition d’une large intersyndicale allant de la CGT à la CFDT, paralysie du trafic TER et grève suivie à la CTS… De nombreux signaux annoncent une manifestation d’ampleur. Notre compte-rendu en direct à suivre ici.
C’est la fin de ce direct. Merci à vous de l’avoir suivi. Les principales informations à connaître concernant la manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg :
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La mobilisation strasbourgeoise est historique. Selon nos estimations, près de 18 000 personnes ont manifesté ce jeudi 19 janvier. La préfecture du Bas-Rhin a évalué 10 500 manifestants tandis que les syndicats estiment que 30 000 personnes se sont mobilisées contre le projet de réforme des retraites.
La manifestation s’est déroulée dans le calme. Nos trois journalistes sur le terrain n’ont constaté aucune dégradation matérielle ni aucun affrontement avec les forces de l’ordre.
D’ici 19 heures, retrouvez le compte-rendu de la manifestation par nos journalistes mobilisés ce jour (Thibault Vetter, Roni Gocer et Eva Chibane) ainsi que le photographe Pascal Bastien.
Laurent Feisthauer, secrétaire départemental du syndicat CGT se félicite : « C’est historique. On n’a jamais vu une telle mobilisation à Strasbourg pour une manifestation sociale. La mobilisation commence très fort. Il va falloir continuer et nous sommes déterminés à faire reculer le gouvernement. »
Alain a 73 ans. Délégué syndical chez Snetaa Force Ouvrière, un syndicat du personnel des lycées professionnels. Il est plus que satisfait de la manifestation :
« Les intersyndicales de ce type sont très rares. Dans ma carrière, j’ai rarement vu cette unité. Ce qui était intéressant c’est que la jeunesse est venue en nombre. Mais malgré cela, le gouvernement va sûrement laisser passer, se dire que ce n’est pas avec une manifestation qu’il va céder. Sachez que nous serons là toutes les semaines. On va tirer le bilan de cette manifestation ce soir et organiser la suite ! «
Selon la préfecture du Bas-Rhin, 10 500 personnes ont manifesté à Strasbourg ce jeudi 19 janvier. Notre journaliste sur place a fait une estimation de 18 000 manifestants.
En utilisant l’application mapchecking.com, on obtient une estimation de 20 000 manifestants. Une évaluation basée sur le nombre d’individus présents par mètre carré (que nous avons estimé en comparant les photographies de l’événement) rapporté à la surface totale qu’ils couvrent. En effet, lorsque la tête du cortège atteignait l’église réformée saint-Paul en milieu d’après-midi, l’arrière du cortège n’avait pas quitté la place de l’Étoile. La manifestation mesurait alors plus d’1,7 kilomètre de long.
Maya est enseignante. Elle a 52 ans. « J’ai travaillé à 28 ans car j’ai fait de longues études et j’ai loupé les concours plusieurs fois. 43 ans à tenir, c’est énorme. Je vais devoir partir à la retraite entre 68 et 70 ans. Je ne peux pas être devant les élèves et leur apprendre des choses nouvelles à cet âge-là. Je ne serai pas un bon prof. C’est se mentir à soi même et aux autres que de prétendre le contraire. »
La manifestation continue au-delà du trajet déclaré. Selon notre journaliste sur place, les syndicats ont réussi à négocier qu’une partie du cortège continue de manifester jusqu’à la place de l’Étoile.
Le cortège arrive place Kléber, lieu de la fin de la manifestation déclarée.
Environ 18 000 manifestants selon le décompte de notre journaliste sur place Thibault Vetter.
Le cortège de la manifestation strasbourgeoise contre la réforme des retraites mesure plus d’1,7 kilomètres de long, selon nos estimations. Lorsque la fin du cortège a quitté la place de l’Étoile, la tête de la manifestation se situait au niveau de l’église réformée saint-Paul.
La tête de cortège se dirige vers la place de la République en entonnant un chant anticapitaliste :
Yolande a 60 ans. Elle est censée partir dans un an à la retraite, normalement. Mais aujourd’hui, elle n’a pas réussi à comprendre si elle pourrait partir comme prévu ou non. Plus que pour elle, elle manifeste pour ses proches : « Je suis technicienne de fabrication, c’est un métier lourd. Je suis usée, fracassée. À 60 ans, on a envie d’autre chose. Je n’ai plus envie de bosser ! »
Le cortège s’allonge encore. Notre journaliste Thibault Vetter vient de quitter la place de l’Étoile il y a quelques minutes en indiquant entre 1500 et 2000 manifestants. La tête de cortège se trouve au niveau de l’église réformée Saint-Paul.
Aksal, 36 ans, est artiste. Auto-entrepreneuse, sa carrière est hachurée :
« Compte-tenu de mon statut, il faudrait que je travaille jusqu’à 150 ans. Aujourd’hui, j’ai un statut d’auto-entrepreneur donc je cotise très peu. Mais je viens surtout pour les personnes qui bossent énormément pour une caisse de retraite excédentaire et qui doivent aujourd’hui bosser encore plus longtemps. »
La mobilisation semble bien historique. Le cortège a commencé à quitter la place de l’étoile vers 14h15. Plus d’une heure plus tard, des manifestants continuent de partir de ce point de départ de la manifestation. Notre journaliste Thibault Vetter va remonter tout le cortège en filmant afin de vous donner une estimation du nombre de manifestants.
Ambiance festive en tête de cortège qui traverse actuellement le quartier de la Krutenau :
Gérard, 60 ans est manutentionnaire pour l’entreprise Ferco international :
« Ma crainte est de ne pas arriver à l’âge légal de la retraite et donc de toucher une toute petite pension. Physiquement, continuer plusieurs années, ça devient très dur. Je soulève tous les jours des charges importantes. Je ne veux pas arriver à la retraite mort ou cassé. Il y a un vrai problème. Je ne suis pas là pour le plaisir. »
Jamila, 59 ans, conseillère emploi formation en mission locale : « J’ai 59 ans et je vais devoir travailler jusqu’à 67 ans si la réforme passe. C’est impossible pour moi. Je suis déjà épuisée par la charge de travail et les missions qu’on a. Le risque pour moi, c’est que je sois obligée de partir avant et que ma retraite soit très amoindrie à cause de ça Je vais devoir travailler très longtemps jusqu’à l’épuisement et avoir une toute petite retraite. Mais on est déterminé pour faire reculer le gouvernement. On ne voit pas le bout de la manif. À mon travail, on est 15 grévistes sur 80, je n’ai jamais vu ça. »
Pauline, 19 ans, est étudiante en faculté d’anglais : « C’est mon avenir qui est en jeu, et celui de mes parents, de mes amis. J’aimerais faire des études mais comment me projeter dedans avec cette réforme ? C’est impossible. On a tous la frousse de se dire que cette réforme va passer. »
David, 51 ans, travaille depuis 26 ans dans une usine de meubles à Saverne : « Certains pourront tenir jusqu’à 64 ans, pas nous. J’ai déjà été arrêté un an pour un tendon arraché à l’épaule. Si on va jusqu’à 64 ans, on va mourir. »
Éric Vial, journaliste à France 3, s’est mobilisé aujourd’hui. Il explique : « Cette loi est agressive et insultante. Les Français les plus pauvres sont nombreux à être en mauvaise santé à 64 ans. Il y aurait plein d’autres solutions pour réduire le déséquilibre de notre système de retraite : lutter contre le chômage des préretraités, augmenter les salaires… »
Le slogan est scandé par la jeunesse qui mène le cortège : « Les jeunes dans la galère. Les vieux dans la misère. De cette société-là, on n’en veut pas ! »
Bérénice a 22 ans. Elle travaille dans un centre d’appel :
« Le fait de savoir qu’il y a plein de monde m’a donné envie de venir parce que je suis en colère depuis longtemps contre ce gouvernement. Je suis contre cette réforme des retraites, mais aussi contre la répartition des budgets publics en général ou la précarité étudiante. Ça fait du bien de voir la taille de la foule. Je suis prête à m’investir dans ce mouvement pour peser. »
« Les jeunes devant ! » Un membre du service d’ordre essaye de faire respecter l’ordre de la manifestation. Finalement, le cortège avance avec les jeunes en tête.
Sur la place de l’Étoile, les sifflets retentissent à tour de rôle. « Bon allez on y va maintenant ! », hurle un manifestant arborant les couleurs CFDT. Tout le monde s’impatiente. La place est bondée. Le cortège n’est pas encore parti mais se prépare à le faire.
Interview de Stéphane Beguin, de la CFDT construction bois, qui explique la nécessité d’une mobilisation « pour faire comprendre au gouvernement que ce projet de réforme est complètement injuste. (…) On ne peut pas accepter cette réforme qui nous est imposée. »
La manifestation est sur le point de commencer place de l’Étoile. Pour rappel, le circuit de la manifestation est le suivant : départ de la place de l’Étoile, passage par la Krutenau, devant le Palais universitaire puis place de la République, place Broglie jusqu’à la place Kléber.
Eva Chibane, Thibault Vetter et Roni Gocer. La fine équipe qui sera sur le terrain cet après-midi pour vous rendre compte en direct de la manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg. La manifestation débute à 14 heures au départ de la place de l’Étoile.