Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Réforme des retraites : près de 20 000 manifestants à Strasbourg ce mardi 31 janvier

Réforme des retraites : près de 20 000 manifestants à Strasbourg ce mardi 31 janvier

Selon notre décompte sur place et une estimation par la longueur du cortège, la mobilisation strasbourgeoise contre la réforme des retraites ne faiblit pas.

Un nouveau cortège massif a traversé le centre-ville de Strasbourg. 15h35, ce mardi 31 janvier : la tête de la manifestation contre la réforme des retraites a atteint l’arrêt de tram Porte de l’hôpital. La queue de la procession est encore en train de quitter la place de la République. Le cortège mesure environ 1,7 kilomètre, comme lors de la première mobilisation le jeudi 19 janvier 2023.

Itinéraire différent, mais même longueur de cortège que pour la première manifestation contre la réforme des retraites : 1,7 kilomètres.

Selon notre reporter sur place, Thibault Vetter, la foule est cette fois bien plus dense que le 19 janvier. D’après son décompte, en laissant le cortège défiler devant lui, plus de 18 000 personnes ont manifesté pour cette deuxième journée d’opposition au projet du gouvernement d’Élisabeth Borne.

En utilisant le logiciel Mapchecking, il est possible d’estimer le nombre de personnes à partir d’une surface et de la densité de la manifestation. En augmentant de 25% la densité du cortège par rapport à la première mobilisation contre la réforme des retraites, l’outil en ligne indique que plus de 20 500 personnes ont manifesté ce mardi 31 janvier.

Estimation du nombre de participants à la manifestation du mardi 31 janvier contre la réforme des retraites.
Lorsque la tête de cortège atteignait la porte de l’hôpital, les derniers manifestants quittaient encore la place de la République. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

La CGT « très satisfaite »

De son côté, le secrétaire départemental de l’Union locale CGT Bas-Rhin, Laurent Feisthauer, affirme que les syndicats estiment que 22 000 personnes ont manifesté à Strasbourg. Le syndicaliste se félicite de cette mobilisation :

« Nous sommes très satisfaits de cette deuxième journée de mobilisation. Nous sommes au minimum autant que la dernière fois, c’est très encourageant et nous atteignons des taux de 50% de grévistes dans certains établissements scolaires et certaines entreprises. Beaucoup de personnes ici ont des métiers difficiles physiquement et se sentent très concernés par cette réforme des retraites. »

L’estimation de la préfecture du Bas-Rhin reste strictement la même que pour la première journée de mobilisation le jeudi 16 janvier 2023 : 10 500 personnes auraient manifesté selon la préfecture.

Après un débat sur le budget, le conseil municipal se déchire sur ses propres règles

Après un débat sur le budget, le conseil municipal se déchire sur ses propres règles

Le premier conseil municipal de l’année a été largement dominé par le débat d’orientation du budget. Puis le départ des élus des groupes d’opposition, mécontents de la gestion de la séance par la maire, a soudainement mis fin aux échanges.

Après la pause hivernale, les hostilités reprennent au conseil municipal. La première séance de l’année 2023 a lieu lundi 30 janvier dans l’hémicycle rénové du centre administratif. Dès le début des débats, le conseiller Jean-Philippe Vetter (Les Républicains) donne le ton en interpellant la maire Jeanne Barseghian (EE-LV) pour une question d’actualité refusée. Sombre histoire d’un mail envoyé par le conseiller municipal de droite à une heure jugée trop tardive par l’exécutif écologiste. S’ensuit une cascade de réactions outrées, venant de toutes les oppositions. « La crédibilité d’une assemblée, c’est le respect de son fonctionnement », déclame Catherine Trautmann avec solennité. Agacement manifeste dans les rangs de l’exécutif, qui s’impatiente bruyamment. La séance va être longue.

La séance s’est ouverte par un hommage à l’élu Pierre Roth, décédé le 3 janvier. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc

Montant total des emprunts : 273 millions d’euros

Le débat d’orientation au budget a été un exercice fastidieux pour la majorité. Mais cette discussion est obligatoire avant le vote du budget de la Ville. En 2022, la municipalité s’est endettée de 32,24 millions d’euros supplémentaires. Le montant total des emprunts est ainsi passé de 241 millions d’euros au 1er janvier 2021 à 273 millions d’euros à la même date en 2022. « Vous vous retrouvez dans la situation de la cigale qui, une fois la bise venue, se retrouve fort dépourvue », persifle Alain Fontanel (Renaissance) avec lyrisme.

Si l’ancien premier adjoint de Roland Ries reconnaît un « effet marqué de la crise énergétique », il ne désarme pas : « Vous ne devez votre salut budgétaire qu’à l’État. » En 2022, la dotation globale de fonctionnement versée par l’État sera de 47,9 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 7,2 millions d’euros pour compenser l’exonération de fiscalité locale.

Dans le sillage d’Alain Fontanel s’ensuit une volée de remarques similaires, dans les rangs de la droite et des socialistes, pointant l’absence de rigueur et l’usage excessif de l’emprunt. Agacée, l’élue de la majorité Suzanne Brolly raille la communion dans les rangs de l’opposition. « C’est un scandale, ces insinuations ! », tempête Catherine Trautmann, subitement hors d’elle. 

Syamak Agha Babaei : « Qui a peur de la dette ? »

L’exécutif reste stoïque. « Qui a peur de la dette ? Comme si l’emprunt devait faire peur en soi », réplique le premier adjoint Syamak Agha Babaei. « Oui, nous préférons augmenter notre dette, car nous pensons que la vraie dette est d’abord écologique et sociale. » À titre d’exemple des projets financés, l’élu évoque le projet de végétalisation et de rénovation thermique des écoles, ou l’embauche de nouveaux agents administratifs. 

Après une dernière salve d’accusations en légèreté budgétaire, le débat s’achève ; le vote du budget n’aura lieu qu’au printemps, au plus tard le 15 avril. 

Légère accalmie dans l’hémicycle

Dans un hémicycle amaigri de quelques élus – pause café oblige – les débats s’apaisent subitement. Pour cause : la résolution portant sur la nomination prévue de Strasbourg comme capitale mondiale du livre en 2024 par l’Unesco fait l’unanimité dans les votes. « L’année 2023 sera la rampe de lancement de ce projet », assure Jeanne Barseghian, qui égraine le nom des villes allemandes (Francfort, Stuttgart, Dresde, etc.)  souhaitant s’associer à Strasbourg dans ce cadre. L’élu d’opposition Pierre Jakubowicz (Horizons) propose la création d’un groupe de suivi du projet, un énième comité ad hoc auquel la maire consent.

Après cette parenthèse littéraire, les passes d’armes reprennent vite dans l’hémicycle. Notamment concernant le vote d’une dernière subvention à l’association Les Amis du zoo de l’Orangerie, qui s’occupe des derniers animaux du parc éponyme. Après un imbroglio sur le statut de la structure, la municipalité entérine l’attribution d’une dernière subvention de 5 000 euros pour les frais de renvoi des douze macaques de Tonkean et des six hiboux grands-ducs restants.

En fin de séance, le débat sur l’abrogation de la résolution sur les dispositifs de financements des associations cultuelles relance les saillies. La préfète Josiane Chevalier avait jugé que cette décision était « entachée d’illégalités manifestes ». Par le vote, la municipalité acte donc de la mort administrative du texte. « J’ai eu le droit à une litanie très longue sur le sujet, commence Jeanne Barseghian, j’assume s’il y a eu des imprécisions dans la décision. (…) Pour éviter d’aller au contentieux, nous préférons abroger le texte. » Frissons de satisfaction dans les rangs de l’opposition. Très vite, l’édile douche leurs espoirs en promettant un nouveau texte avec « certes quelques modifications, mais il ne s’agit pas de tout remettre à plat. »

Furieuse, l’opposition se retire

La tension monte d’un cran au moment d’examiner les résolutions. Lorsque le conseil municipal doit traiter celle de Pierre Jakubowicz – « Rouvrir les musées, une priorité » – le premier adjoint Syamak Agha Babaei annonce qu’elle ne sera pas soumise au vote, arguant que la municipalité « va présenter dans quelques jours une modification des horaires ». Réaction immédiate d’Alain Fontanel : « Durant la réunion des présidents de groupe (le matin même, NDLR) il n’a jamais été question de ça. La résolution était inscrite à l’ordre du jour. Elle doit être soumise au vote. » 

Face au refus de la majorité, une première suspension de séance est réclamée par le groupe Strasbourg Ensemble d’Alain Fontanel. Alors que l’opposition ne décolère pas, une deuxième suspension de séance est décidée par le PS. Pendant ce temps, Alain Fontanel demande à la maire si d’autres résolutions subiront le même sort. Ce sera effectivement le cas pour la motion des communistes sur le soutien à la mobilisation contre la réforme des retraites. À la reprise, les élus de Strasbourg Ensemble et du groupe LR quittent ensemble l’assemblée. Les élus du Parti socialiste suivront dans la foulée. Même si le nombre d’élus présents est suffisant pour poursuivre, Jeanne Barseghian annonce la fin abrupte du conseil municipal.

#budget 2023

« On crèvera pas au boulot » : manifestation des Gilets jaunes samedi pour la retraite à 60 ans

« On crèvera pas au boulot » : manifestation des Gilets jaunes samedi pour la retraite à 60 ans

Les Gilets jaunes de « Strasbourg République » appellent à manifester samedi 4 février. Les organisateurs veulent maintenir la pression sur le gouvernement et fédérer celles et ceux qui ne peuvent pas participer aux mobilisations syndicales.

« On crèvera pas au boulot ! (…) La retraite c’est 60 ans max, en bonne santé ! » La détermination et le profond rejet de la réforme des retraites apparaissent sans détour dans le tract de l’appel à manifester des Gilets jaunes de « Strasbourg République ». Écrit par trois d’entre eux, il a été repris par de nombreux opposants aux politiques d’Emmanuel Macron dans toute la France, comme « les Gilets jaunes du rond-point Près d’Arènes – Montpellier » ou le youtubeur Canard Réfractaire. Le rendez-vous est fixé samedi 4 février à 13h30 place Kléber :

« Ce n’est pas à nous de payer de notre vie, et de notre poche, pour les engraisser davantage ! Nous le savons, une journée ne suffira pas. (…) C’est à nous, maintenant, de montrer à Macron et sa clique, que notre détermination est plus grande que la leur. À nous de nous organiser, de nous rassembler partout où nous le pouvons : discuter, faire des liens entre nous, faire des actions, manifester ! Nous voulons vivre et non survivre ! On lâchera rien ! »

Des Gilets jaunes lors de la manifestation du 19 janvier 2023 contre la réforme des retraites. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg / cc

Déborder, multiplier les manifestations

Isabelle, membre des Gilets jaunes de « Strasbourg République », tient à préciser que cette initiative ne constitue pas un rejet de la mobilisation syndicale :

« L’intersyndicale elle-même appelle à multiplier les actions. Il y a beaucoup de personnes dans notre milieu qui nous disent qu’elles ne peuvent pas faire grève : des précaires qui ne peuvent pas se le permettre financièrement ou des employés de toutes petites entreprises par exemple… on veut leur donner une possibilité de se rendre visible. En plus des grandes manifestations syndicales, je pense sincèrement qu’il faut déborder. Plus on multipliera les mobilisations ou les grèves partout, plus le gouvernement se posera des questions. »

Les Gilets jaunes entendent aussi en profiter pour réaffirmer leurs revendications sur le travail en général, notamment la nécessité d’une augmentation des salaires.

Ni grève, ni manif : ces opposants à la réforme des retraites se mobilisent autrement

Ni grève, ni manif : ces opposants à la réforme des retraites se mobilisent autrement

Manifester et faire grève n’est pas accessible à tous. Rencontre avec celles et ceux qui se mobilisent autrement contre la réforme des retraites lors d’un atelier confection de banderoles à la maison Mimir dimanche 29 janvier.

Sous un ciel bleu et malgré des températures à engourdir les orteils, plus d’une trentaine de personnes se sont rassemblées dans la cour de la maison Mimir à Strasbourg, ce dimanche 29 janvier. Dans ce lieu autogéré en plein cœur de la Krutenau, ils sont venus peindre des banderoles et fabriquer des tambours en amont de la journée de contestation contre la réforme des retraites prévue mardi 31 janvier. Sur fond de musique balkanes, les opposants s’appliquent, les mains recouvertes de traces de peinture fraîche.

L’organisatrice de l’évènement aime les messages qui apparaissent aux fenêtres, « comme pendant le confinement ». Elle a donc ouvert les portes du lieu afin d’offrir d’autres moyens de se mobiliser. Pour certains, cet atelier en amont de la mobilisation compte beaucoup, car tous les participants n’iront pas battre le pavé pour s’opposer à la réforme des retraites.  

« La crainte d’être catégorisé gréviste »

Du côté de Léo (le prénom a été modifié), le problème, c’est sa période d’essai. Dans la pénombre d’une salle adjacente à la cour, le militant s’applique : sur un tissu encore monochrome, il entame la confection d’une banderole – « Il n’y a pas de travailleur magique en pleine forme à 64 ans », y lit-on, tracé au crayon de papier. « J’ai commencé un nouveau boulot récemment donc je ne vais pas tout de suite commencer à faire grève », précise-t-il.

banderoles mimir 29 janvier
Parmi les objets fabriqués dimanche après-midi, des tambours composés de cadres de bois et de scotch épais transparent. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

« Il y a toujours cette crainte d’être catégorisé comme le gréviste quand tu viens d’arriver », poursuit le trentenaire. Pour pouvoir manifester sans crainte de représailles de la part de son employeur, il a trouvé une technique : organiser son temps de travail pour commencer plus tôt, finir plus tôt et rejoindre la marche en cours. « Mais j’ai de la chance de pouvoir adapter mes horaires », estime-t-il. 

Une fois sa période d’essai achevée, il prévoit de se syndiquer pour allier conviction et salariat : « Ce n’est pas un tabou dans notre entreprise. Disons que j’évite juste de me mettre en grève cette fois-ci, par précaution », précise-t-il en reprenant son pinceau. En principe, un employeur privé n’a pas le droit de sanctionner, licencier ou discriminer un salarié gréviste.

Faire garder les enfants

Retour en plein air, au milieu des tubes de peinture multicolores et d’un pot de café en self service. C’est une autre difficulté que devra résoudre Lucie (le prénom a été modifié), 34 ans, d’ici mardi. La fonctionnaire au large sourire est accompagnée par son fils qui aide à peindre et fabriquer les tambours, virevoltant entre les adultes affairés. Elle trace en vert les lettres d’une large banderole qui fera partie du cortège d’Alternatiba Strasbourg.

Lucie compte bien se rendre à la manif. Mais pas ses fils. Pas question d’emmener les enfants dans le cortège, par précaution selon la trentenaire :

« On ne sait pas ce qui peut se passer, vu les violences policières pendant les Gilets jaunes. Je me dis que s’il y a un problème quelconque j’aime mieux qu’ils ne soient pas là ». 

banderoles mimir 29 janvier
Les militants d’Alternatiba Strasbourg ont travaillé à la banderole de tête qui mènera la partie écologiste du cortège. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Sans parent dans les alentours, Lucie n’a pas encore de solution pour les faire garder. La jeune femme compte sur ses amis ou sur son partenaire : « Au pire, il les gardera et j’irai marcher ».

Le couple n’a pas l’habitude de faire grève mais cette réforme des retraites, « c’est la goutte d’eau », estime-t-elle. « Je ne sais pas si j’y crois vraiment, ni si faire grève fera changer les choses. Mais si on n’embête pas le gouvernement, rien ne changera », assène-t-elle en réajustant son bonnet. 

Travailler pour donner aux caisses de grève

Alexandre (le prénom a été modifié) ne manifestera pas mardi. Capuche verte sur la tête et perceuse à la main, c’est lui qui assemble les cadres de bois pour confectionner les tambours. Confiant dans la réussite du mouvement social, il explique sa façon de soutenir l’opposition à la réforme des retraites :

« Je préfère travailler et donner mon salaire à une caisse de grève, dans les secteurs où c’est vraiment utile comme dans les lieux de production stratégiques : les zones névralgiques de la pétrochimie, le frêt SNCF, les ports… Comme ce qui a pu être fait en Angleterre. »

Pour Alexandre, « ce n’est pas au niveau des PME que ça se joue. Si moi j’arrête de travailler, ça ne change rien ». Pourtant, le militant de 26 ans en a fait des manif, « sous Hollande puis sous Macron », avant de se lasser face aux débats parlementaires écourtés par le recours à l’article 49.3 de la Constitution : 

« Je ne crois plus aux effets de masse d’une manifestation, ça ne mène à rien. Celle du 19 janvier était réussie et pourtant le gouvernement ne recule pas. On sait qu’il va falloir amplifier le mouvement. Et ça se passera sur les lieux de production. Les grévistes auront besoin de soutien matériel. »

Alexandre, 26 ans

Malgré tout, Alexandre comprend les gens qui ont décidé de se mettre en grève le 31 janvier. « Ça fait partie du folklore militant. C’est comme une démonstration de force », concède-t-il, avant de se remettre à l’atelier perceuse. 

« Manifester me demande parfois trop d’énergie »

C’est loin du bruit de la perceuse d’Alexandre qu’est assis Masha, sur un petit banc de pierre. Pour lui, manifester constitue parfois un effort insurmontable : « Je n’ai pas toujours assez d’énergie pour sortir dans la rue et être entouré de milliers de personnes ». Diagnostiqué autiste, il compose au jour le jour avec les activités qui lui sont accessibles, en fonction de ses capacités. Son moyen de prendre part à la mobilisation, c’est la confection de banderoles pendant cet atelier ou l’organisation d’évènements comme cette fête militante organisée la veille au Molodoï et dont les dons ont été « reversés à des collectifs en lutte et à des caisses de grève ».

banderoles mimir 29 janvier
Dès lundi, la maison Mimir arbore une banderole flambant neuve en soutient à la mobilisation contre la réforme des retraites. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

« Même si manifester m’est désagréable, j’ai toujours envie de faire quelque chose », poursuit l’étudiant en sociologie en se déplaçant encore un peu plus loin du bruit du rassemblement. Et se mobiliser contre la réforme des retraites fait partie des choses « indispensables » même s’il estime qu’il n’y aura jamais droit. « Je touche l’allocation aux adultes handicapés (AAH) donc je ne cotise pas », précise-t-il. « Mais politiquement c’est important, il s’agit des retraites pour cette fois mais l’AAH ou le RSA pourraient aussi être menacés », estime Masha.

« C’est une autre manière de manifester »

Aux grandes manifestations l’étudiant préfère les rassemblements en plus petit nombre. Militant au sein du Brif (Bloc révolutionnaire insurrectionnel féministe), il affectionne les actions plus discrètes comme se rassembler entre personnes queers dans des endroits, des bars ou des espaces publics, qui a priori ne s’y prêtent pas : « C’est une autre manière de se manifester, au sens premier du terme ».

Il est presque 17 heures à la Krutenau et les participants de l’atelier sont invités à finir leurs banderoles et tambours. Lucie et son fils s’en vont à vélo, Léo finalise sa banderole qui sera finalement bleue, blanche et rouge. Les créateurs de tambours fixent les derniers morceaux de scotch et testent leurs nouveaux instruments. Certains se disent à mardi, et d’autres, à bientôt.

Le budget de crise de la Ville de Strasbourg en débat au conseil municipal

Le budget de crise de la Ville de Strasbourg en débat au conseil municipal

Suivez le conseil municipal de Strasbourg en direct ci-dessous, avec notamment à l’ordre du jour le débat d’orientations budgétaires. Un exercice compliqué alors que le Ville de Strasbourg voit les coûts de ses investissements s’envoler en raison des hausses des matières premières et de l’inflation.

Le conseil municipal de Strasbourg du lundi 30 janvier 2023 sera surtout consacré au débat d’orientations budgétaires, un exercice obligatoire avant le vote du budget de la collectivité. C’est un moment de vérité de la politique locale, prévu au mois de mars ou avril. L’exécutif écologiste a préparé un document à destination des conseillères et des conseillers municipaux, dans lequel il revient largement sur un contexte dégradé entourant les investissements et les financements publics (guerre en Ukraine, inflation, hausses des taux, effets post-Covid…).

Fin 2021, la capacité d’épargne brute de la Ville de Strasbourg (VdS) a été « légèrement infléchie » selon ce document, passant de 43 millions d’euros en 2019 et 41,6 M€ en 2020 à 37,7 M€ en 2021. Une contraction que l’exécutif écologiste met sur le dos de l’augmentation des dépenses de fonctionnement (+7,3 %) et par une hausse moins conséquente des recettes de fonctionnement (+3,6%).

Malgré tout, la Ville de Strasbourg estime maintenir un « niveau soutenu » d’investissement en 2021, avec 91,9 M€, à comparer avec les 93,1 M€ investis en 2020 et correspondant au fin de cycle d’investissement du précédent mandat.

En 2021, la Ville a emprunté 55 M€ de plus, faisant passer l’encourt de dette de 241,4 M€ fin 2020 à 273,6 M€ fin 2021. La capacité de désendettement est estimée à 7,3 ans.

Wangenbourg : début imminent du chantier d’un énorme complexe de VTT dans la forêt

Wangenbourg : début imminent du chantier d’un énorme complexe de VTT dans la forêt

La communauté de communes a publié le 27 décembre 2022 un appel d’offre pour trouver le constructeur d’une grande infrastructure dédiée au VTT, avec notamment 17 kilomètres de pistes dans la forêt. Un collectif écologiste local y voit un projet démesuré destiné au tourisme de masse et dangereux pour la nature.

Un bâtiment de 450 mètres carrés, des bosses goudronnées, un tapis roulant ainsi que des obstacles sur huit hectares. Et surtout 17 kilomètres de pistes artificielles de vélo tout terrain (VTT). C’est ce qui attend la prairie du Langacker et sa forêt avoisinante, en aval de Wangenbourg-Engenthal, à moins d’un gros rebondissement. La communauté de communes de la Mossig et du Vignoble (CCMV), porteuse du projet, a publié l’appel d’offre pour trouver le constructeur du bâtiment le 27 décembre. Il est clôturé depuis le 31 janvier.

Si tout se passe comme prévu, les travaux devraient débuter au printemps et durer environ un an : l’ouverture est prévue en 2024. Les élus locaux ont choisi d’ignorer l’opposition d’Alsace Nature et du collectif nature et cadre de vie Wangenbourg, qui y voient une artificialisation des sols, la destruction de milieux naturels et des perturbations pour l’écosystème à cause du bruit et de la fréquentation que provoquera la structure.

La prairie du Langacker, que les élus locaux souhaitent aménager. Photo : remise par Alsace Nature

« Un projet destiné au tourisme de masse »

Rue89 Strasbourg publiait en décembre une enquête au sujet de l’afflux des visiteurs sur certains sites et la nécessité de repenser le tourisme dans les Vosges, en évitant notamment les grandes infrastructures qui concentrent les nuisances et menacent particulièrement les animaux. Le Collectif nature et cadre de vie Wangenbourg-Engenthal a écrit un courrier, daté du 22 décembre, aux élus de la communauté de communes :

« Notre collectif s’est formé contre ce projet démesuré destiné à un tourisme de masse, alors que notre commune est inscrite dans un schéma régional de développement du tourisme et de loisirs, compatible avec l’idée d’une station verte à dimension humaine et familiale. »

En bleu, l’emprise du projet de Trail Center, sur la prairie du Langacker et dans la forêt. Photo : Document remis par Alsace Nature

Des millions d’euros d’argent public

Les opposants relèvent également que le terrain serait « pollué par 25 ans d’épandage des boues d’épuration sans traitement préalable sur la prairie, ce qui rend la zone impropre aux activités de loisir ». Ils s’interrogent enfin sur la rentabilité du projet. La CCMV prévoyait d’investir deux millions d’euros pour la construction avant la guerre en Ukraine et l’augmentation des coûts dans le secteur du bâtiment. Notamment interrogé sur ce point, Daniel Acker, président de la communauté de communes et maire de Wangenbourg-Engenthal, n’a pas donné suite à notre sollicitation.

« Investir des millions d’euros d’argent public dans un trail center en 2023, dans un moment où tous les acteurs du tourisme des Vosges estiment qu’il faut arrêter avec ce type d’infrastructure, c’est complètement absurde », estime Frédéric Ichtertz, du Collectif nature et cadre de vie Wangenbourg-Engenthal.

En Alsace, les jeunes soutiens du gouvernement peinent à défendre la réforme des retraites

En Alsace, les jeunes soutiens du gouvernement peinent à défendre la réforme des retraites

Alors que les opposants à la réforme des retraites se mettent bruyamment en ordre de bataille, les jeunes soutiens d’Emmanuel Macron restent discrets sur le sujet. Et révèlent une culture politique bien plus policée que leurs opposants.

Ni le bruit, ni la fureur. Quand certains jeunes rêvent barricades et occupations politiques, eux campent les salons de thé et les arrière-salles de bistrots. À rebours de leur génération, les jeunes militants alsaciens soutenant le gouvernement semblent avoir du mal à être audibles face

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Mise en scène féministe de La Voix Humaine de Francis Poulenc à l’Opéra national du Rhin

Mise en scène féministe de La Voix Humaine de Francis Poulenc à l’Opéra national du Rhin

La voix de la chanteuse soprano Patricia Petitbon va résonner à l’Opéra national du Rhin entre le 18 et le 26 février. Elle interprète seule sur scène, un dernier appel téléphonique pour celui qu’elle aime dans l’espoir d’un retour, avec une mise en scène par la féministe Katie Mitchell.

L’Opéra national du Rhin (ONR) propose, du 18 au 26 février, le spectacle La Voix Humaine, par la célèbre metteuse en scène et féministe britannique Katie Mitchell. Il s’agit de la création de Francis Poulenc, datée de 1959, adaptée d’un monodrame de Jean Cocteau. L’opéra sera accompagné d’Aeriality, une composition de l’Islandaise Anna Thorvaldsdottir.

L’orchestre sera dirigé par Ariane Matiakh qui avait été nommée à la cérémonie des Grammy Awards 2018. Un épilogue vidéo inédit a été tourné à Strasbourg par le réalisateur britannique Grant Gee en collaboration avec la production locale Auguste et Louise. Ce spectacle de 1h10 sans entracte est une bonne occasion pour les néophytes de découvrir l’opéra sans crainte de s’endormir.

Extrait La Voix Humaine, le téléphone sonne Photo : Film Grant Gee / doc remis

La rupture au bout du fil

À la parution de La Voix Humaine en 1930, Jean Cocteau était l’un des premiers à montrer la distance que peuvent créer les appareils de communication pourtant conçus pour rapprocher ceux qui sont loin. La communication peut se brouiller, des mots peuvent se perdre, les yeux ne peuvent parler et l’ineffable devient incompréhensible pour celui à l’autre bout du fil. Une thématique toujours d’actualité à l’ère des smartphones et des réseaux sociaux.

La fable est simple. Elle, seule dans son appartement, attend un dernier signe de celui qu’elle aime encore. La ligne est encombrée, l’appel tarde à venir. C’est enfin lui. La conversation ponctuée de nombreuses coupures n’est qu’un long supplice pour la protagoniste. Il faut rendre les affaires, penser à l’avenir du chien, se montrer courageuse sans jamais accabler l’autre. Mais la digue cède et elle avoue avoir tenté de mettre fin à ses jours. Au bout du fil, les réponses semblent distantes, sans passion et sans tendresse, indifférentes et pragmatiques. Il raccroche et à présent elle est seule.

Extrait La Voix Humaine, le téléphone sonne Photo : film Grant Gee / doc remis

Lorsque Francis Poulenc décide d’adapter ce texte d’une grande sensibilité, il s’identifie lui-même à l’expérience et aux émotions traversées par le personnage féminin. Katie Mitchell relève une « misogynie intériorisée chez ce personnage » : pendant tout le monologue, elle n’hésite pas à s’humilier à plusieurs reprises, s’approprie tous les torts et se rabaisse sans cesse pour un homme manifestement peu intéressé par elle.

Par sa mise en scène, Katie Mitchell est décidée à montrer cette femme plus profonde qu’une simple amoureuse meurtrie, vidée de toute substance suite à cet abandon. L’épilogue inédit sera l’occasion pour elle de passer « de victime du patriarcat à agent de son propre destin ».

« La musique est un langage lié aux émotions »

Lors d’un entretien accordé à Rue89 Strasbourg, la cheffe d’orchestre du spectacle, Ariane Matiakh, rappelle :

« La musique est un langage universel, lié aux émotions. C’est une affaire humaine, les œuvres reflètent leur époque et il n’est pas nécessaire de les changer pour les apprécier. »

Dans La Voix Humaine, la cantatrice Patricia Petitbon, également actrice, brille aussi grâce à l’orchestration de Francis Poulenc. Il lie la musique à la fable en utilisant par exemple le xylophone pour le téléphone ou les timbales pour faire ressentir au spectateur les battements de cœur du personnage.

Si l’art est politique et permet de créer la réflexion, il n’en reste pas moins un lieu de divertissement et d’émerveillement. Le monodrame étant en cours de création à l’Opéra National du Rhin, peu d’éléments supplémentaires sont disponibles, néanmoins la metteuse en scène et la soprano n’en sont pas à leur première collaboration, elles ont déjà séduit le public en 2015 avec le remarqué Alcina, qualifié de déchaînement de fureur, de plaisir et de passion.

La police entre dans des facs et place en garde à vue des étudiants mobilisés sur les retraites

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Sandra Regol : « Derrière l’intervention de la police en AG étudiante, il y a une dérive de l’Université »

Sandra Regol : « Derrière l’intervention de la police en AG étudiante, il y a une dérive de l’Université »

Tribune – Pour Sandra Regol, députée écologiste de la première circonscription du Bas-Rhin, l’intervention de la police pour évacuer une assemblée générale étudiante est révélatrice d’une dérive sécuritaire du président de l’Université de Strasbourg Michel Deneken.

« La récente évacuation d’une assemblée générale étudiante par les forces de l’ordre a posé question bien au-delà de l’Université et de Strasbourg. Je renouvelle mon soutien aux étudiants et rejoins les syndicats, étudiants et enseignants qui questionnent les choix de la présidence.

Une décision inexplicable de Michel Deneken

Le 19 janvier dernier, après la manifestation massive et pacifique contre la réforme des retraites, des étudiants strasbourgeois ont spontanément décidé de se rassembler à l’Université. Ils étaient une centaine à débattre dans le calme des suites de la mobilisation quand plusieurs garnisons de CRS ont envahi l’amphithéâtre pour les expulser. L’intervention a été demandée et assumée par le président de l’Université, Michel Deneken. Cette décision est inexplicable. En l’absence de trouble à l’ordre public, rien ne peut justifier cette décision démesurée et disproportionnée.

Après la manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg, jeudi 19 janvier, une soixantaine d’étudiants ont été évacués d’un bâtiment universitaire, où ils tenaient une assemblée générale. Photo : remise

Mais derrière cette intervention, choquante, c’est une dérive qui se dessine à travers les choix de gestion de l’Université de Strasbourg. Depuis son élection en 2016, le président a de nombreuses fois été mis en cause. En 2020, face à sa possible réélection, des dizaines d’élus des trois conseils centraux de l’Université ont démissionné de leurs mandats pour dénoncer le manque de transparence de la présidence.

Avec Macron, contre les mobilisations étudiantes

Fin 2022, il a défrayé la chronique en choisissant, contre l’avis de toutes les instances représentatives, de fermer l’Université deux semaines pour faire des « économies d’énergie ». Un choix faisant peser la facture énergétique sur les étudiants, pénalisant les plus précaires, dont le nombre ne cesse d’augmenter.

Début 2022 déjà, le président avait renoncé au principe de neutralité qu’impose sa fonction en signant un « appel national à la mobilisation pour la réélection du président de la République Emmanuel Macron ». C’est le gouvernement de ce même Emmanuel Macron qui a fait voter en 2020 la pénalisation des mobilisations étudiantes, prévoyant jusqu’à 3 ans de prison pour l’occupation des campus universitaires. Pour intimider les mobilisations étudiantes, la boucle est bouclée.

Un président qui renonce à l’ « université du bien-vivre »

Pourtant, suite à sa réélection en 2020, M. Deneken déclarait vouloir porter le projet d’ « une université du bien-vivre pour l’ensemble de ses acteurs tant la crise a agi comme révélateur photographique de la précarité étudiante, une université plurielle et ouverte sur la diversité et la société ». Ses choix, depuis lors, sonnent donc le renoncement à cet engagement. L’Université de Strasbourg doit être un sanctuaire de l’enseignement public, de la recherche et des libertés, un lieu apaisé et de dialogue où le droit de réunion et d’engagement des étudiants est garanti.

Le pouvoir des présidents d’université est immense et leur responsabilité tout autant. En tant qu’élue de la République, je mesure le poids de cette charge et demeure vigilante à ce que les droits soient respectés et que notre devise « liberté, égalité, fraternité » demeure une réalité. La jeunesse est notre avenir : il est de notre devoir de lui assurer les moyens d’étudier dans de bonnes conditions et de pouvoir décider de son futur. »

Avec Nazih Kussaibi, Strasbourgeois engagé pour la Syrie

Avec Nazih Kussaibi, Strasbourgeois engagé pour la Syrie

« Les Strasbourgeoises et Strasbourgeois engagés », un podcast de Rue89 Strasbourg. Dans cette série de portraits sonores, des militants racontent leur engagement, leur parcours. Dixième épisode avec Nazih Kussaibi, président de l’association Alsace-Syrie.

Le 15 mars 2011, alors que les dictatures d’Égypte et de Tunisie viennent de tomber sous la pression populaire. La Syrie connait la première manifestation de son printemps. Très vite, le pays tout entier s’enflamme pour demander la fin de la tyrannie. Depuis 1970, la république de Syrie est dirigée par la famille El-Assad, Hafez d’abord, puis Bachar, son fils, à partir de 2000. Alors que le régime baasiste réprime dans le sang les manifestations pacifiques, la révolution syrienne se mue en conflit armé. En plus de dix ans, la guerre civile aurait fait plus de 500 000 morts et 13 millions de déplacés, un quart de la population a quitté le pays. La Syrie est exsangue et la guerre continue.

Une manifestation en soutien au peuple syrien en 2013 à Strasbourg. (Photo association Alsace-Syrie)Photo : Document remis / Alsace Syrie

Dès les premières manifestations en 2011, la communauté syrienne de Strasbourg s’organise pour soutenir les révolutionnaires et réclamer, elle aussi, la chute du régime. Parmi les manifestants, Nazih Kussaibi, un professeur d’arabe installé en France depuis 1976. Il connaît bien la nature du régime et espère voir la Syrie devenir un état démocratique « comme n’importe quel autre pays du monde ». En 2012, il prend la présidence de l’association Alsace-Syrie, créée pour apporter un soutien plus direct à la population sur place. L’intellectuel devient alors logisticien et travaille à faire parvenir de l’aide humanitaire aux Syriens.

En tout, ce sont 38 conteneurs qui seront envoyés au Proche-Orient depuis l’Alsace. Grâce aux dons qu’elle collecte, l’association finance également l’achat de biens de première nécessité, la construction d’une école pour les orphelins près d’Idleb et vient en aide aux réfugiés en France. « C’est vrai que ce qu’on envoie ne va pas changer la situation de millions de personnes, mais on fait notre part pour aider la population syrienne qui est dans le besoin. »

Nazih Kussaibi, président de l’association Alsace-Syrie. Photo : AL / Rue89 Strasbourg

Consultation citoyenne sur la sobriété énergétique : forte participation, peu de solutions radicales

Consultation citoyenne sur la sobriété énergétique : forte participation, peu de solutions radicales

Le Conseil de développement de l’Eurométropole a présenté ce vendredi 27 janvier les résultats de la consultation citoyenne sur la sobriété énergétique. Plus de 12 000 citoyens se sont exprimés, avec un engouement pour des solutions collectives. En revanche, pour les efforts individuels, il y a encore du chemin.

« Il y a une vraie dynamique positive par rapport à la sobriété », lance, joyeuse, Thérèse Chartier. La retraitée est bénévole au sein du Conseil de développement (CoDev) de l’Eurométropole (EMS), co-animatrice de la commission Énergie. Les trois membres – tous bénévoles – de ce CoDev insistent sur ce point pendant toute la conférence de presse. Il faut dire qu’il y a de quoi être fier : 12 231 citoyens se sont exprimés à travers cette consultation. « C’est d’une ampleur inédite ! » ajoute Anne-Marie Bresch, elle aussi co-animatrice, qui s’empresse d’ajouter : « C’est comparable aux consultations lancées au niveau national ! »

Thérèse Chartier, Anne-Marie Bresch et Jacques Bigot sont membres du Conseil de Développement de l’Eurométropole. Depuis un an, ils travaillent sur la consultation citoyenne au sujet de la sobriété énergétique. Photo : MdC / Rue89 Strasbourg

Selon les trois membres bénévoles du CoDev, la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui touche toute l’Europe depuis maintenant un an est aussi la clé de la forte motivation citoyenne sur cette consultation : « Il est certain que nous avons tous réalisé à quel point nous étions dépendants de la Russie, et qu’il fallait trouver des solutions autres », souligne Jacques Bigot, président du CoDev.

Une majorité de jeunes Strasbourgeois dans les participants

Sur les 12 231 citoyens qui ont pris part à la consultation en ligne (du 17 octobre au 30 novembre 2022), 36% ont entre 16 et 34 ans. « Il s’agit d’une population qui est déjà très engagée dans ce domaine de transition énergétique », reconnaît Anne-Marie Bresch. 56% des participants sont par ailleurs des Strasbourgeois. Là encore, pas de surprise puisque 57% des habitants de l’EMS sont Strasbourgeois.

En revanche, seuls 12% des plus de 65 ans ont donné leur avis, alors qu’ils représentent 26% de la population générale de l’Eurométropole. Peut être un bémol dans le panel des participants. Peut-être aussi la conséquence d’une consultation en ligne, avec une maîtrise des outils informatiques difficile, et une campagne de communication axée sur les réseaux sociaux. Mais Jacques Bigot se défend : « Nous sommes également allés tracter sur les marchés, pour accéder à cette population plus âgée. » Avec un succès relatif donc.

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Des solutions collectives classiques qui motivent les foules…

Les participants n’avaient qu’une seule contrainte pour rédiger leurs propositions : commencer leur phrase par « Il faut … », et faire tenir leur idée en 140 caractères. Alors que proposent finalement ces milliers de citoyens pour atteindre la sobriété énergétique d’ici 2050 ? « Il y a clairement de grands consensus, notamment autour des mesures collectives, c’est-à-dire lorsque c’est à la collectivité de faire les choses », explique Thérèse Chartier.

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La réduction de l’éclairage des villes la nuit, ou l’extinction des enseignes lumineuses ont par exemple recueilli plus de 23 000 votes, avec un taux d’acceptabilité très élevé sur le sujet. Idem pour le développement du train et des transports en commun (les citoyens consultés sont massivement pour « augmenter l’amplitude horaire des trains »), l’isolation des bâtiments publics, la valorisation des déchets dans l’Eurométropole ou encore le développement du photovoltaïque.

Peu d’engagements plus radicaux

En revanche, les propositions plus radicales faites par certains citoyens n’ont pas recueilli d’avis favorables. Elles sont donc définies comme « controversées » par le Conseil de Développement de l’EMS, et figurent tout de même dans le document d’étude.

Il y a par exemple l’idée d’instaurer une journée sans voiture (56% de votes contre), ou celle d’interdire l’accès à l’hyper-centre aux véhicules motorisés sauf livraison, PMR et commerces (48% contre).

De la même façon, si les citoyens qui ont participé à la consultation sont en grande majorité pour « renforcer les aides à l’isolation des logements » (proposer davantage d’aides, aide les propriétaires à bas revenus) ou « mieux maîtriser la chaleur dans les structures commerciales et publiques » (en baissant la température dans les grands magasins commerciaux par exemple), ils sont majoritairement contre les interdictions de climatisations individuelles dans les appartements et maisons (47% contre, 33% pour et 20% ne se prononcent pas). Conclusion de Thérèse Chartier : « Quand on passe aux mesures individuelles, on sent certains points de crispation. »

Une majorité des participants pour que le Racing joue en journée

Certaines propositions faites ont eu le mérite d’être carrément innovantes, comme celle de fermer la patinoire l’été (31% contre), ne plus chauffer les centres sportifs (51% contre), arrêter de chauffer les trams en hiver (37% contre) ou fermer un maximum de piscines en hiver (51% contre).

Des propositions, là encore jugées « controversées » par le CoDev. « Mais les controverses sont intéressantes, souligne Thérèse Chartier. Elles méritent un débat, c’est pour ça qu’on les as retenues également dans ce document de travail. » Comme cette proposition qui a été faite sur l’organisation « des matches de foot en journée pour ne pas avoir à éclairer le stade » : 29% ont voté contre, 48% pour.

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Après la consultation et les propositions, place aux échanges

Désormais, après plus d’un an de travail sur cette consultation et l’élaboration de 1 100 propositions déposées par les citoyens de l’EMS, le CoDev passe à la phase des échanges. Les bénévoles de cette commission vont donc parcourir pendant plusieurs semaines l’Eurométropole, en organisant des réunions avec les citoyens, sur des thématiques choisies.

Après une réunion sur les réseaux de chaleur à Schiltigheim la semaine du 16 janvier, ils animeront un échange sur le solaire, à Ostwald le 10 février. Puis ce sera le thème de la rénovation des bâtiments qui sera abordé à Eschau le 9 mars, et enfin celui de la biomasse et de la méthanisation à Lampertheim le 23 mars.

C’est la thématique de la transition énergétique qui était abordée dans cette consultation citoyenne / Photo liebeslakritze / Flickr / cc.

Forts de ces réunions, et de ces propositions, les bénévoles du CoDev présenteront en juin prochain un avis à l’Eurométropole sur le thème de la sobriété énergétique. Jacques Bigot rappelle la mission du Conseil de Développement dont il est le président :

« Notre rôle n’est pas de dire aux élus : voilà ce qu’il faut faire. C’est de dire : voilà ce qui est accepté, voilà ce qui fait débat. À partir de ces infos, certains élus soutiendront certaines idées. Et peut être que sur d’autres, ils seront plus timorés. Ou bien ils sauront qu’ils doivent davantage travailler pour convaincre. »

Mais quoi qu’il arrive, l’EMS devra faire un retour sur chacune des 1 100 propositions élaborées par le CoDev.

Heineken : une cagnotte Leetchi pour aider les grévistes à sauver leurs emplois

Heineken : une cagnotte Leetchi pour aider les grévistes à sauver leurs emplois

Depuis ce lundi 23 janvier, une dizaine d’ouvriers d’Heineken employés à des postes indispensables à la production, sont en grève et bloquent la brasserie pour protester contre sa fermeture. Les syndicats ont créé une cagnotte Leetchi afin de les soutenir dans leur bras de fer avec la direction du groupe.

La direction du groupe Heineken avait annoncé à ses salariés la fermeture de la brasserie de Schiltigheim le 14 novembre. 220 postes en moins à l’horizon 2025, prétextant que le site industriel est vétuste. Les ouvriers étaient en grève dès le lendemain, sidérés par leur société qui a réalisé 26 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021 – dont 3,3 milliards de bénéfices nets – mais ne daigne pas investir 50 millions d’euros pour sauver leurs emplois. « On est beaucoup à avoir travaillé en trois huit toute notre vie dans cette usine. Ils croyaient qu’on allait juste partir gentiment sans rien dire ? », s’interroge Didier Deregnaucourt, délégué du personnel pour la CGT.

Les syndicats de la brasserie annoncent la création d’une caisse de grève sous forme de cagnotte Leetchi vendredi 26 janvier. Une dizaine de salariés en amont de la chaîne de production de la brasserie schilikoise avaient déjà arrêtée toute l’usine pendant une semaine en se mettant en grève du 2 au 9 janvier. Grâce à cette stratégie, les employés qui ne pouvaient pas travailler avaient donc été mis au repos. Depuis lundi 23 janvier, les mêmes ouvriers sont à nouveau en grève et l’usine est à l’arrêt.

Après plus de trente ans chez Heineken, (de gauche à droite) David, Laurent et Thierry se rappellent avoir beaucoup donné pour leur entreprise. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg / cc

Un grève dans la durée « s’il le faut »

Didier Deregnaucourt indique que la cagnotte permettra d’aider les ouvriers en grève :

« Nous souhaitons évidemment que la direction revienne sur sa décision de fermeture, ce serait l’idéal. Parallèlement, nous participons aux négociations pour les indemnités de départ. Là, ils nous juste proposé de petites indemnités. Ils veulent ajouter deux ou trois mois de salaire, donc 3 à 4 000 euros, selon l’ancienneté, en plus du seuil légal. Nous demandons un plancher minimum, pour tout le monde, y compris les jeunes, à 50 000 euros, juste pour partir dignement, avoir le temps de rebondir, continuer à payer les crédits pour celles et ceux qui en ont. »

Si le groupe reste sur la même ligne, les syndicats envisagent un arrêt de la production dans la durée, « plusieurs mois s’il le faut », assure Didier Deregnaucourt. Et en cas de surplus dans la cagnotte, les salariés prévoient de reverser l’argent à une association caritative. Les prochaines réunions de négociation entre la direction et les syndicats auront lieu le 9 février et le 3 mars.

La répression des fraudes enquête sur les garnitures de tartes flambées de la ferme Adam

La répression des fraudes enquête sur les garnitures de tartes flambées de la ferme Adam

Suite à une alerte, la Direction départementale de la protection des populations enquête sur une potentielle tromperie des consommateurs de tartes flambées, fabriquées à partir des garnitures de la ferme laitière Adam à Wahlenheim.

La Direction départementale de la protection des populations (DDPP) enquête depuis la fin de l’année 2021 sur les garnitures pour tartes flambées du groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) Adam, entreprise plus connue sous le nom de ferme Adam. L’alerte transmise en juillet 2021 au service de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes porte sur une potentielle tromperie du consommateur. Les enquêteurs doivent déterminer si la société Adam a délibérément menti sur la composition de ses fonds de tartes afin de réduire la quantité de lait utilisée. Et donc les coûts de production.

La ferme Adam produit aujourd’hui plus d’1,6 million de litres de lait chaque année. La totalité est transformée sur place. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

« Il fallait rajouter quelque chose qui coûte pas cher »

Selon nos informations, l’alerte transmise à la DDPP porte notamment sur les garnitures pour tartes flambées vendues à la société Pierre Schmidt. Cette dernière commercialisait en supermarché des flammekueches avec un emballage indiquant « crème et fromage blanc de la ferme Adam ».

Or, selon un salarié cité dans l’alerte transmise à la DDPP, « la ferme Adam mettait du fromage blanc dans sa garniture mais il fallait rajouter encore (…) quelque chose qui coûte pas cher pour vendre à un bon prix tout ça. C’est pour ça qu’on avait la « crème légère » ; en fait c’était du lait caillé avec de la poudre de lait et de l’amidon. »

Dans un mail datant de la fin de l’année 2021, que Rue89 Strasbourg a pu consulter, un chef de service de la DDPP évoque « un dossier de grande ampleur ». Dans un autre courriel, le même auteur indique un an plus tard que « l’enquête est en cours actuellement (…) celle-ci s’exerce dans le cadre des pouvoirs de police judiciaire et est donc couverte par le secret de l’enquête ».

Une mention explicite retirée des emballages Pierre Schmidt

Cette mention explicite de la « crème et fromage blanc de la ferme Adam » a disparu des emballages de tartes flambées Pierre Schmidt au courant de l’année 2021. Contacté, le service marketing de l’entreprise explique ce changement de « packaging » par une « diversification des fournisseurs de lait pour sécuriser l’approvisionnement en période de tensions fortes ». La décision aurait été prise en janvier 2021 et appliquée dès septembre. Interrogée sur l’enquête en cours du côté de la DDPP, la société Pierre Schmidt répond seulement que « des audits par des personnes accréditées sont menées auprès de nos fournisseurs tous les deux ans, dont un prochainement qui concerne la ferme Adam ».

L’emballage de la tarte flambée Pierre Schmidt affichait fièrement le fromage blanc et la crème de la ferme Adam. Mais cette mention a disparu fin 2021.

Questionné sur les recettes appliquées, un autre ancien salarié de l’entreprise Adam évoque immédiatement deux recettes distinctes : « Une pour les magasins en vente directe et l’autre pour les supermarchés ». Nicolas (le prénom a été modifié) décrit le passage progressif de la société à une production semi-industrielle pour concurrencer les produits d’Alsace Lait au supermarché :

« Pour la garniture destinée aux supermarchés, ils parlaient de “crème légère”. Au lancement c’était juste une question de tarif. Fallait remplacer la crème par quelque chose de moins cher. »

Christian Adam : « Je n’ai rien à cacher »

Contacté une première fois en juillet 2022, Christian Adam, l’un des deux actuels associés de l’entreprise, avait confirmé l’enquête en cours à la DDPP à Rue89 Strasbourg. Spontanément, il avait réfuté un soupçon qui pèse sur son entreprise :

« En se basant sur une moyenne de production annuelle de 7 500 litres par vache, il nous manquerait du lait (pour produire la crème, le fromage blanc et les yaourts vendus par la ferme Adam, NDLR). Mais nos vaches sont très productives ! Elles font 12 000 litres par an. Je n’ai rien à cacher. »

Recontacté le 24 janvier 2023, Christian Adam accepte une rencontre à contrecœur. L’éleveur nous attend devant son exploitation en bordure de Walenheim. Il nous mène vers une pièce où son frère Didier termine une discussion avec un commercial. Puis Didier répond à quelques questions : « Oui, une enquête de la DDPP a commencé début 2021 », « On ne sait pas trop pourquoi », « Ils ont posé des questions sur notre litrage de lait et le nombre d’animaux qu’on a… » Le dirigeant d’entreprise agricole reste vague : « On n’a aucune nouvelle de la DDPP donc j’imagine que tout est conforme. »

« L’emballage correspond toujours à la garniture »

Face à lui, Christian s’emporte à plusieurs reprises : « Si vous publiez cet article, vous mettez en danger une entreprise et vous mettrez 35 personnes sur le carreau. » « On a des avocats, je vous préviens, votre article sera suivi d’une plainte en diffamation direct. »

La ferme Adam à Wahlenheim. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Du bout des lèvres, Didier Adam admet « qu’il y a certaines garnitures pour laquelle il n’y a pas trop de crème », avant de justifier : « Il faut que ce soit digeste pour tout le monde et que le fond tienne sur la tarte. » Puis le dirigeant reprend : 

« Nous avons cinq garnitures différentes pour les tartes flambées. L’emballage correspond toujours à la garniture et au taux de matière grasse indiqué. C’est ce taux qui est vérifié par la DDPP. Nous n’avons à ce jour aucun résultat. »

Les réponses à venir du côté de la DDPP

Pour la ferme Adam, l’enquête de la DDPP est « terminée ». Contacté, l’inspecteur principal de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes n’a pas souhaité s’exprimer. En suspens, reste donc les questions d’une tromperie sur les emballages de tartes flambées Pierre Schmitt d’avant 2021, la quantité de lait économisée grâce à ce procédé et donc l’ampleur du bénéfice financier tiré de cette pratique… Si la ferme Adam se satisfait de l’absence de réponse de la DDPP, leurs concurrents qui ont peut-être subi des années durant une distorsion de concurrence, en aimeraient sûrement une…

#ferme adam

Face à la protestation, le directeur marketing de TotalEnergies annule sa venue à Sciences Po Strasbourg

Face à la protestation, le directeur marketing de TotalEnergies annule sa venue à Sciences Po Strasbourg

Dans le cadre d’une conférence sur l’énergie, le directeur marketing de TotalEnergies devait se rendre à l’Institut d’études politiques de Strasbourg ce jeudi 26 janvier. Face à une protestation étudiante réussie, la direction de l’établissement fait marche arrière.

Dès son annonce, la visite de Thierry Pflimlin, à Sciences Po Strasbourg fait grand bruit. Invité pour s’exprimer sur la « géopolitique de l’énergie » ce jeudi 26 janvier, le directeur marketing de TotalEnergies a fini par annuler sa participation, en réaction à une forte protestation.

La venue d’un ponte du groupe Total avait ulcéré une partie des étudiants de l’école, qui s’était organisée pour faire entendre leur mécontentement. « Quand j’ai vu cette conférence inscrite dans l’emploi du temps, je me suis étouffée », relate Lisa Villy, une étudiante mobilisée contre son invitation. Avec d’autres camarades de promotion, elle critique une sollicitation susceptible de faire de l’établissement « la tribune de TotalEnergies ». Une crainte d’autant plus grande que Thierry Pflimlin figure dans la liste des donateurs de Sciences Po Strasbourg.

Annulation de dernière minute

Quelques heures avant le début de l’événement, le cadre finit par jeter l’éponge, comme l’explique Emmanuel Droit, le responsable du master Relations internationales, dans un mail :

Au regard de l’impossibilité de garantir un déroulement serein de ce débat, Thierry Pflimlin a préféré annuler cette conférence, en accord avec la direction de Sciences Po Strasbourg. La direction de Sciences Po Strasbourg déplore qu’un débat contradictoire, avec un représentant d’une multinationale de l’énergie, n’ait pu avoir lieu.

La conférence était prévue à 18 heures dans le bâtiment Cardo (Photo Rue89 Strasbourg / cc)

Si, dans un premier temps, la direction de Sciences Po Strasbourg avait choisi de maintenir la conférence, elle avait accepté de revoir sa copie. Plus de temps devait être accordé au débat entre les étudiants et M. Pflimlin, durant les deux heures de l’évènement. Reste que quarante-cinq minutes de monologue étaient toujours prévues pour ce dernier. Un temps trop long pour les jeunes mobilisés, qui avaient tout de même décidé d’y assister pour débattre, avec pancartes et slogans.

Dans un communiqué, le collectif d’étudiants se félicite de l’annulation de l’évènement, mais se défend toutefois d’avoir voulu couper court au débat :

« Notre action n’avait pas pour but de fermer le débat, mais d’apporter un point contradictoire face à un discours et une rhétorique qui ne tiennent pas compte des enjeux de notre siècle. »

Europa-Park renonce à son projet de téléphérique entre la France et l’Allemagne

Europa-Park renonce à son projet de téléphérique entre la France et l’Allemagne

Mercredi 25 janvier, France Bleu Alsace a annoncé que le projet de téléphérique du parc d’attraction était enterré. Les associations environnementalistes y voient une bonne nouvelle et espèrent aussi un recul sur le complexe hôtelier Europa Valley.

L’idée avait été présentée à Emmanuel Macron lors de sa visite à Strasbourg en novembre 2018. Le président avait ensuite vanté sur Twitter ce téléphérique censé relier Europa-Park, situé en Allemagne, et la France, en passant au-dessus du Rhin, de deux réserves naturelles et dans un des plus importants couloirs de migration des oiseaux en Europe. Des associations de protection de l’environnement, dont Alsace Nature, s’étaient immédiatement opposées au nouveau projet de la famille Mack, propriétaire du parc d’attraction.

Europa-Park avait décidé de mettre son plan en pause en décembre 2018. Plus de nouvelles depuis, jusqu’à ce mercredi 25 janvier. Le service de communication du parc d’attractions de la commune de Rust a annoncé à France Bleu Alsace que le projet de téléphérique était « enterré ». Pour Pascal Lacombe, du collectif Chaudron des alternatives, c’est une bonne nouvelle pour la lutte contre Europa Valley, un autre grand projet de la famille Mack, un complexe hôtelier de 150 hectares côté Français :

« Le téléphérique devait certainement permettre de relier Europa Valley et Europa-Park, il n’avait pas vraiment d’autre raison d’être. La famille Mack semble revoir ses ambitions à la baisse, cela donne de l’espoir. »

Le parc allemand n’a pas communiqué officiellement sur Europa Valley. Photo : Europa Park

Une pétition contre Europa Valley

Avec le collectif allemand de riverains d’Europa-Park Jetz’s Langts, le Chaudron des alternatives a initié une pétition contre Europa Valley mi-janvier et a recueilli près de 2 000 signatures fin janvier :

« Le projet Europa Valley se ferait aux dépens de zones agricoles et d’espaces naturels d’une riche biodiversité. Il n’est plus tolérable de poursuivre l’artificialisation de nos surfaces nourricières et la dégradation de la biosphère, des milieux protégés et du vivant. »

Europa-Park a déposé la marque « Europa Valley » en mai 2022 mais n’a jamais présenté officiellement le projet.