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Dès le début de la manifestation contre la réforme des retraites ce mardi 7 février, nos trois journalistes mobilisés sur place ont eu le sentiment d’une mobilisation affaiblie. Notre première estimation, par la longueur du cortège, a confirmé cette impression : vers 15h20, la tête de la manifestation se situait au niveau du pont Saint-Nicolas quand la queue du cortège se trouvait au niveau du 14 rue de la Mésange. Les manifestants ont ainsi formé une colonne d’un kilomètre de long, moins que lors de deux dernières manifestations contre la réforme des retraites. Les cortèges mesuraient alors 1,7 kilomètres de long.
Thibault Vetter a réalisé son comptage en remontant la manifestation depuis la place de la République jusqu’au début du cortège. Il a ainsi estimé à 8 000 le nombre de manifestants contre la réforme des retraites ce mardi 7 février.
En utilisant le logiciel en ligne Mapchecking, il est possible d’évaluer un nombre de personnes en dessinant la surface qu’ils recouvrent et en estimant la densité de population de la manifestation. Naturellement, avec un cortège plus court et légèrement plus dense, on obtient une estimation de près de 9500 manifestants. Pour rappel, la manifestation du 31 janvier avait rassemblé près de 20 000 personnes.
Selon la préfecture du Bas-Rhin, 7 500 personnes ont manifesté ce mardi 7 février. L’estimation préfectorale était de 10 500 manifestants pour les deux premières mobilisations strasbourgeoises contre la réforme des retraites. La CGT a annoncé 16 000 manifestants.
« J’étais fascinée. Tellement heureuse d’avoir des dialogues philosophiques et intelligents. En fait, j’étais hyper flattée qu’un intellectuel s’intéresse à moi. » Julia (tous les . . .
Richard Meyer accueille les élèves dans un corps de ferme, à Lipsheim. L’École européenne de psychothérapie socio et somato-analytique (EEPSSA) existe
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Le conseil municipal de Strasbourg du lundi 30 janvier s’est terminé par le départ théâtral des groupes d’opposition, qui ont quitté la séance avant sa conclusion pour protester qu’une de leur . . .
Le Festival Momix à Kingersheim près de Mulhouse, dédié au spectacle vivant jeune public, a été amputé d’une partie de ses subventions. En juillet 2022, la mairie de Kingersheim a baissé de 100 000€ la subvention qu’elle accorde à l’association du Créa, d’un montant d’un million d’euros annuels, et prévoit d’en supprimer à nouveau 100 000€ en 2023. L’association du Créa gère le lieu socio-culturel éponyme, qui assure une partie de l’animation sociale à Kingersheim, et porte le festival dont le budget oscille autour de 600 000€.
Cette annonce a eu l’effet d’un « coup de massue » sur Philippe Schlienger, directeur du Créa et du festival qu’il a fondé en 1991 :
« C’est une baisse drastique de nos moyens de fonctionnement, sans que nous n’ayons jamais pu faire valoir notre point de vue au maire ou aux services de la Ville, qui ont semble-t-il décidé de sabrer dans l’association la plus subventionnée de Kingersheim… Pour eux, nous devrions pouvoir proposer autant avec moins mais quand j’ai appris ça, la tenue de l’édition 2023 du festival était en question. Cependant, annuler aurait été catastrophique donc on a réduit le périmètre, supprimé deux lieux et donc la venue des 18 spectacles qui y étaient programmés. »
Les compagnies en question, qui viennent de partout en France, et qui comptaient vivement sur le festival pour faire connaître leur nouveau spectacle dans cet « Avignon du spectacle jeune public » qu’est devenu Momix, n’ont guère apprécié leur déprogrammation sauvage. Paul Schirck, qui présentait un « seul en scène » de la Compagnie L’Armoise commune, détaille :
« À Momix, la plupart des spectacles sont joués trois fois, dont deux fois devant un public scolaire. Ces représentations sont suivies par des programmateurs d’autres structures en France et à l’international, ce qui permet ensuite de faire tourner les spectacles ! Pour les compagnies déprogrammées, le coût est donc très important puisqu’elles doivent trouver une autre manière de présenter leur spectacle et vont perdre des dates futures ! »
Philippe Schlienger en est bien conscient. À la retraite en avril, il s’est proposé pour organiser un relais avec le ou la future directrice du festival, afin notamment de programmer en 2024 les compagnies qui n’ont pas pu se produire en 2023. Car pour lui, il y aura bien un Momix en février 2024 :
« Le festival s’est taillé une réputation à l’échelle de la grande région voire au-delà, et quand Kingersheim a baissé notre subvention, les autres partenaires financiers (Région Grand Est, Collectivité d’Alsace, Direction des affaires culturelles…) ont rapidement mis en place des aides exceptionnelles pour éviter que le festival ne sombre. On a reçu des marques d’intérêts pour que le festival se déroule ailleurs… à Mulhouse notamment. Une mission d’étude débutera après l’édition 2023 pour évoquer les pistes envisageables. »
Anne-Claire Goetz, adjointe à la maire de Mulhouse, confirme que « des discussions sont en cours » mais reste prudente :
« La Ville de Mulhouse avait déjà des liens avec Momix, notamment via la Filature et Les Tréteaux… Le jeune public est une priorité municipale et beaucoup de jeunes mulhousiens profitent de la programmation de Momix chaque année. Donc il y a une cohérence à ce que la Ville de Mulhouse s’engage dans le festival mais tout est encore à discuter. »
De son côté, le maire de Kingersheim, Laurent Riche (DVG), n’entend pas délaisser Momix ni le Créa, mais déplore un transfert de ressources de la collectivité vers des fournisseurs d’énergie privés au dépens de l’action publique :
« L’éducation et l’accès à la culture de la jeunesse sont au cœur de notre politique municipale depuis des dizaines d’années. Il n’est donc pas question de laisser Momix péricliter, ni que le festival parte de Kingersheim. Mais nous ne sommes qu’une ville de 13 000 habitants qui porte un festival qui a bien grandi ! En 2022, la commune a dû faire 500 000€ d’économies sur ses dépenses de fonctionnement pour compenser la hausse des coûts d’énergie, le Créa devait en prendre une part. En 2023, nous devrons atteindre un million d’euros d’économies supplémentaires… Donc oui, nous appelons à l’aide les collectivités voisines pour garder la stature régionale de Momix, parce que nous sommes pris à la gorge. »
« Rien ne justifie une réforme aussi injuste et brutale. Le gouvernement doit entendre le rejet massif de ce projet et le retirer. » Au soir du mardi 31 janvier, après le succès des manifestations contre la réforme des retraites qui ont réuni plus de 2 millions de personnes en France dont près de 20 000 à Strasbourg, les syndicats publiaient un communiqué :
« L’intersyndicale appelle toute la population à se mobiliser par la grève et la manifestation encore plus massivement le mardi 7 février puis le samedi 11 février pour dire non à cette réforme. Elle appelle, d’ici là, à multiplier les actions, initiatives, réunions ou assemblées générales partout sur le territoire, dans les entreprises et services, dans les lieux d’études, y compris par la grève. »
Après deux grandes journées de manifestation espacées de deux semaines, l’intersyndicale souhaite intensifier la mobilisation afin de faire reculer le gouvernement, pour l’instant toujours déterminé à mettre en place sa réforme allongeant la durée minimale de cotisation et repoussant l’âge minimal de départ. Une nouvelle manifestation est donc prévue mardi 7 février à 14h Strasbourg, au départ de l’avenue de la Liberté dans le quartier de la Neustadt.
Le syndicat FSU appelle les personnels de l’Éducation nationale à la grève. Ces derniers ont jusqu’à 8h dimanche pour signaler s’ils souhaitent se mobiliser. Les perturbations dans les écoles maternelles et primaires ne seront estimées que lundi.
L’Unsa, syndicat majoritaire de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), demande aux employé(e)s de l’entreprise de transports en commun d’être « encore plus mobilisé(e)s le 7 février ». Selon les estimations publiées dimanche 5 février de la CTS, le cadencement des trams sera deux fois moins élevé qu’habituellement pour les lignes A à F, soit des trams toutes les 10 minutes environ. Même chose pour les lignes G, H, L1, L3 et L6. Les lignes de bus 12, 22, 27, 31, 41, 42, 43, 44, 45, 60, 62, 63, 64, 71, 72, 73, 74, 75 et 76 devraient fonctionner normalement. Pour les autres lignes, se reporter à la page dédiée de la CTS sur son site.
Pour les cars interurbains de la Compagnie des transports du Bas-Rhin (CTBR), 85% de l’offre devrait être proposée mardi. Les lignes 201, 209, 231, 233, 234, 235, 236, 262, 263, 404,405, 420 , 903, 904, 905, 906, 907, 908, 909, 910, 911, 912 doivent circuler normalement tandis que les lignes 203, 205, 210, 220, 230, 232, 240, 257, 260, 270 subiront des perturbations tout au long de la journée.
Du côté de la SNCF, les cheminots auront jusqu’à dimanche en fin de journée pour se signaler. Pour rappel, lors des journées de mobilisation du 19 et du 31 janvier, aucun TER n’était en circulation en Alsace suite à une grève des agents régulateurs, indispensables à l’ensemble du trafic.
Les parents d’élèves du premier degré ont reçu, vendredi 3 février, un mail de la part des services de la direction de l’enfance et de l’éducation de la Ville de Strasbourg leur expliquant que « les cantines scolaires seront fermées et les services périscolaires fonctionneront dans la mesure du possible ». Le message précise que « si au moins 25% des enseignants d’une l’école sont grévistes, la Ville de Strasbourg organisera un service minimum d’accueil (SMA) » dans une école de rattachement.
Charlotte Lagrange et la compagnie strasbourgeoise La chair du monde seront au Taps Scala à Neudorf du 7 au 9 février avec l’une de leurs créations, L’Araignée. Présentée au Off du Festival d’Avignon en 2021, la pièce rencontre un succès critique auprès de Télérama ou de la Terrasse.
ASE, MIE devenus MNA, HCR, Ofpra, Cada… Les acronymes s’empilent comme les dossiers dans la vie de cette « éduc’ spé ». Elle fait bien son travail, elle protège et défend les mineurs qu’elle suit de son mieux, tisse des liens avec eux. Elle sait prendre les décisions difficiles si nécessaire. Pourtant, la voilà mise au placard, à traiter des dossiers au lieu d’aider directement sur le terrain. Trop impliquée pour ça ? Des problèmes avec sa hiérarchie ? Serait-elle devenue trop proche de S., son dernier protégé ? Comment retrouver du sens au milieu de cette bureaucratie ?
Le texte est construit comme un témoignage contre le système déshumanisant qu’est devenu l’aide sociale à l’enfance (ASE), dont les attributions vont du suivi des étrangers mineurs isolés au placement d’enfants en danger.
Avec un jeu chirurgical, Emmanuelle Lafont exprime la colère et le désarroi de nombreux travailleurs sociaux transformés en simili-policiers au service d’une politique sur laquelle ils n’ont aucune prise. Le personnage, comme beaucoup, a rejoint cette administration dans l’espoir d’aider et d’accompagner ceux qui sont seuls. Ici, des mineurs non accompagnés et étrangers. Mais les éducateurs se retrouvent souvent surchargés et dépassés par ces demandes, qui s’empilent sans qu’ils ne puissent faire leur travail.
Devenus rouages dans une machine maltraitante, ils doivent traquer le moindre mensonge et se méfier de tous, y compris de ceux qu’ils sont censés aider. Ces enfants sont-ils même seulement mineurs ? Sont-ils vraiment sans famille ? S’ils mentent, il faudra les renvoyer d’où ils viennent.
« Et je pars chercher Z dans son foyer. Pour l’amener à Besançon en attente de son expulsion vers l’Allemagne. Vu qu’il nous avait menti sur son âge. Il n’était pas question d’attendre un jour de plus. »
Extrait L’Araignée, Charlotte Lagrange.
La comédienne entraîne le spectateur dans les méandres des souvenirs et de sa pensée, essayant de démêler la toile d’araignée où elle est prise au piège. Le décor minimaliste de la scénographe Camille Riquier exprime la froideur de ces lieux où l’on décide du sort d’adolescents livrés à eux-mêmes. Une fontaine à eau, une chaise de bureau, un néon. Et des dossiers empilés jusqu’à ce qu’ils finissent balayés, éparpillés ou finalement détruits par la comédienne. Au devant, un tapis de sol effet miroir dans lequel elle craint de voir son reflet, pris au piège de cette introspection.
L’Araignée est née de la plume de Charlotte Lagrange à la sortie d’une résidence d’écriture pour le Théâtre de Montbéliard. L’idée lui est venue suite à deux années de travail avec des classes de lycéens primo-arrivants, les classes d’UPE2A (Unité pédagogiques pour élèves allophones arrivants). Ces jeunes savent parler leurs langues mais aussi celle de la bureaucratie. Ils apprennent ce langage rempli de sigles, pour naviguer comme ils peuvent au sein des institutions d’accueil. Ils étaient tous suivis par l’ASE. Les encadrants comme les adolescents en parlaient comme une personne à part entière.
L’envie de comprendre et de parler de cette situation a amené l’auteure à rencontrer les concernés, des éducateurs spécialisés, des juristes, des avocats et des responsables administratifs. Ils dénoncent tous un système ravagé par des choix politiques tournés vers la rentabilité. Pour respecter leurs valeurs, ils doivent sortir du cadre imposé par leur fiche de poste. Sinon il ne leur reste plus qu’à baisser la tête pour se protéger.
L’Araignée est un texte documenté et incisif. Un témoignage précieux sur la rudesse du monde du travail social.
Pour la dernière fois cet été 2023, les forains installeront leurs attractions dans le quartier du Wacken. Dans un communiqué de presse publié ce vendredi 3 février, la Ville de Strasbourg a annoncé que la Foire Saint Jean déménagera à Hautepierre « dans le secteur Zénith-Plaine des Sports » pour deux sessions consécutives, en 2024 et 2025. La municipalité assure avoir échangé avec « les professionnels forains » sur leurs « conditions d’installation » pour déterminer les emplacements des futurs événements.
À partir de 2026, la fête foraine devrait ensuite avoir lieu à l’entrée de la plaine des Bouchers sur la future « Plaine festive », un site de 7 hectares destiné à accueillir « des manifestations festives évènementielles et culturelles en plein air (festivals, accueil des cirques, retransmissions de grands événements sportifs, concerts en plein air, etc.) ».
Pour l’édition 2023, la Ville de Strasbourg est « en dialogue avec les promoteurs immobiliers d’Archipel II pour concéder une installation sur le secteur du Wacken » et propose aux riverains « une réunion publique le 8 février à 19h, afin de détailler les modalités de la dernière installation de la Foire Saint Jean dans le quartier ». Elle en proposera également une dans les prochains mois à Hautepierre, pour donner des informations sur les deux prochaines éditions.
Quatre jours après la municipalité, l’Eurométropole de Strasbourg ouvre ce vendredi 3 février un débat sur le budget qu’elle présentera pour l’année 2023. La rhétorique sera sensiblement la même, l’EMS justifiant ses dépenses à l’aune d’impératifs écologistes. Dans les rangs des opposants strasbourgeois, la tentation pourrait être forte de jouer le match retour, après un conseil municipal éruptif en début de semaine.
L’exécutif métropolitain dévoilera également un plan de renforcement des compensations financières, pour les foyers touchés par la mise en place de la ZFE. Enfin, ce sera aussi l’occasion d’évoquer un nouveau régime d’aides aux ménages concernant la rénovation thermique.
Premier point à l’ordre du jour, le débat d’orientation budgétaire devrait occuper une grande partie du conseil. Pour l’année 2022, les dépenses de fonctionnement de l’Eurométropole s’élèvent ainsi à 685 millions d’euros (M€), représentant une hausse de +6,8% par rapport aux chiffres de 2021 (641 M€).
« Nous avons eu à intégrer le coût de l’inflation et de la crise énergétique, mais aussi l’augmentation (de 3,5%) du point d’indice des fonctionnaires », justifie la présidente de l’EMS, Pia Imbs. Son effet est sensible sur les charges de personnel, dont le montant progresse de 336,7 M€ à 351 M€ en un an. Pour les frais d’énergie, elle s’illustre par exemple par une augmentation du coût de l’électricité à la CTS de 6 à 12 millions d’euros entre 2021 et 2022.
La dette de l’EMS connaît également une hausse, passant de 631 M€ fin 2021 à 643 M€ à la même période en 2022. Pour assurer la soutenabilité de la dette, Syamak Agha Babaei, le vice-président de l’EMS en charge du budget et des finances, répétera son mantra budgétaire : le recours à un « emprunt maîtrisé » et les bénéfices générés par la sobriété énergétique.
Au cours du Conseil, l’EMS rouvrira également le dossier de la Zone à faibles émissions (ZFE). Afin d’atténuer les effets négatifs de la ZFE sur les foyers modestes qui seraient contraints de changer de véhicule, l’exécutif voudrait accroître le montant de ses aides, pour les trois niveaux de bénéficiaires concernés.
La collectivité compensait déjà l’abandon des véhicules polluants par le biais d’un « compte-mobilité » : une somme d’argent, dédiée à financer toutes les alternatives à la voiture, comme un abonnement aux transports publics, l’achat de vélo à assistance électrique ou l’autopartage. L’EMS proposait également une aide à la reconversion automobile, jusqu’à 3 500€ pour l’achat d’un véhicule Crit’Air 1.
Rien ne bouge dans ce système, si ce n’est l’essentiel : la somme d’argent. Françoise Schaetzel, 7e vice-présidente en charge du cadre de vie, annoncera une augmentation de tous les montants d’aides de 500€, et cela, pour tous les bénéficiaires.
Pia Imbs précise que cette rallonge n’induit pas de dépenses supplémentaires, puisqu’elle serait déjà financée par l’enveloppe de 50 millions d’euros prévue pour le mandat. À demi-mots, elle reconnaît que le dispositif a été bien moins sollicité que prévu par ses bénéficiaires.
En fin de conseil, l’élue d’opposition Rebecca Breitman (MoDem) fera une interpellation concernant l’usine d’incinération de Sénerval et la réaction timide de l’Eurométropole sur le sujet. Notre enquête avait révélée l’exposition de ses salariés à des cendres cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques.
C’est un témoignage rare. Une ancienne chargée de supervision des travaux du groupe Séché a accepté de décrire
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Le vendredi 27 janvier vers 9h30, une femme traversant un passage piéton route d’Oberhausbergen a été renversée par un poids-lourd et tuée sur le coup, ont rapporté les DNA. Le drame s’est produit à proximité de l’angle avec la rue des Renards, devant la pharmacie.
La dangerosité de cette route qui traverse le quartier de Cronenbourg est régulièrement dénoncée par les habitants et l’association de quartier, ACROciation, qui relaie l’organisation spontanée d’une marche publique vendredi 3 février à 18h afin d’interpeller les pouvoirs publics. La marche est prévue route de Mittelhausbergen, avec un départ en face de la pâtisserie Helterlé.
Jeanne-Claire Bauer, de l’ACROciation, précise :
« Ça fait des années, et même plusieurs mandats, que nous alertons sur les dangers induits par la route de Mittelhausbergen et la route d’Oberhausbergen, qui sont toutes droites et sur lesquelles les limitations de vitesse à 30 km/h ne sont absolument pas respectées. »
Jeanne-Claire Bauer rappelle qu’il y a deux écoles dans ce périmètre et que l’association demande depuis longtemps un réaménagement du plan de circulation du quartier, « avec des systèmes contraignants pour ralentir les véhicules, comme des bacs à fleurs alternés par exemple, » ou l’instauration de sens uniques sur ces deux artères du quartier. Ces deux routes ne disposent pas non plus de pistes cyclables, or, dit-elle « les cyclistes ont trop peur et empruntent les trottoirs, provoquant des gênes pour les piétons… »
Arides, les questions budgétaires ? Dans la salle Marcel Marceau au Neudorf, quarante personnes attendent le début de la réunion publique proposée par la municipalité, ce jeudi 26 janvier. Il est 18h et malgré la garde d’enfants proposée pendant l’événement, les jeunes actifs sont – beaucoup – moins nombreux que les sexagénaires.
Sur scène, personne. Un panneau blanc destiné au rétroprojecteur surplombe les élus assis au même niveau que les Strasbourgeois. Intitulé « Budget local, parlons en ! », ce rendez-vous organisé, à quatre reprises, aux quatre coins de la ville, du 19 janvier au 9 février, s’adresse cette fois-ci aux résidents du Neudorf, de l’Esplanade, de la Krutenau et du Port du Rhin.
Micro à la main, Carole Zielinski ouvre la rencontre en prenant soin de se défaire de sa « casquette d’adjointe à la maire en charge de la participation citoyenne » pour se présenter en simple animatrice. Bref rappel du double objectif de la soirée : expliquer comment fonctionne le budget de la collectivité et détailler les contraintes auxquelles il est soumis pour échanger sur les orientations envisagées. À la présentation succèdera un temps d’échanges dont les règles sont posées d’emblée : si les interventions peuvent être « ouvertes » et « critiques », l’élue insiste sur le fait que les prises de parole doivent être « respectueuses, sereines » et alternées entre les femmes et les hommes.
Expliquer simplement un sujet technique, c’est l’exercice auquel se prête le premier adjoint, également en charge des Finances, Syamak Agha Babaei. Il se lance dans le détail des dépenses de fonctionnement et d’investissement. Les premières regroupent les salaires des personnels (50%), les charges courantes (30%), les subventions versées aux différentes associations (12%), le paiement des intérêts des emprunts contractés par la Ville (1%) et l’épargne dégagée (7%). L’investissement comprend le financement des équipements, des travaux d’aménagement (80%) et le remboursement des emprunts (14%).
En 2022, le budget primitif de la commune s’élevait à 417,3 millions d’euros, dont 189,8 millions d’euros pour les investissements. Des ordres de grandeur difficiles à saisir. « Si l’on ramène cela au nombre de Strasbourgeois et Strasbourgeoises, la Ville dépense environ 2 000 euros par an et par habitant », poursuit le premier adjoint. Premier poste de dépense pour la collectivité : l’éducation et la petite enfance. Suivent la culture, le sport et la solidarité. Les recettes, elles, proviennent essentiellement de la fiscalité locale et des dotations de l’État.
Les bases étant posées, Syamak Agha Babaei rappelle que les prix de l’énergie ont triplé en quelques mois, passant de 11 millions d’euros pour la collectivité en 2021 à une projection de 36,2 millions pour 2023. Le plan de sobriété annoncé en septembre a permis de diminuer la consommation d’énergie de près de 15% au dernier trimestre 2022. Mais pour faire face à « l’ère de l’énergie chère qui s’annonce », il faut accélérer le développement de l’énergie solaire et investir dans la rénovation thermique des bâtiments, détaille l’élu :
« Les économies ainsi réalisées ne suffiront sans doute pas à absorber l’envolée des prix de l’énergie si elle se poursuit, mais elles éviteront que la hausse des dépenses ne suive une trajectoire exponentielle. »
Depuis plusieurs mois, l’inflation pèse elle aussi sur le budget de la collectivité. « Nous avons fait le choix de mettre en place un bouclier social, pour protéger le plus possible les habitants », expose le premier adjoint. Avant de citer en exemple l’ouverture de 500 places d’hébergement d’urgence et la création de l’accueil de jour pour les personnes en situation de vulnérabilité, La T’rêve à Koenigshoffen. Il rappelle aussi l’inauguration d’un nouveau centre socio-culturel au Port du Rhin :
« Nous avons décidé de bloquer le prix des cantines. Mais celui des matières premières, lui, augmente. Ce choix représente un coût supplémentaire de 500 000 euros pour la collectivité. »
Si le tarif le plus important s’élève à 6,80 euros pour un repas scolaire, son coût réel se situe à plus 12 euros pour la Ville. Pour autant, l’élu défend ce type de mesure et les dépenses dans le domaine des solidarités, en rappelant que Strasbourg se classe comme la troisième grande ville la plus pauvre de France : un quart de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Dense, l’exposé a duré moins de 30 minutes. C’est désormais au tour des habitants de s’emparer du micro. Première question sur la taxe foncière : au regard de la situation, sera t-elle plus élevée cette année ? Nouvel exercice de pédagogie pour l’élu qui doit expliquer que l’augmentation de cet impôt local ne dépend pas que de la municipalité. Il rappelle que la taxe foncière se divise en plusieurs parts – dont une pour la Ville, une pour l’Eurométropole et une pour le Département :
« Son montant est le produit d’une multiplication d’une base par un taux. Cette base est fixée par la loi de Finances (à l’échelle nationale donc, NDLR) et indexée sur l’inflation. Elle va augmenter de 7,1% cette année. La Ville a fait le choix de ne pas augmenter son taux multiplicateur. »
Suivent des interpellations sur les projets élaborés dans les ateliers de quartier – pourront-ils voir le jour malgré la conjoncture ? La Ville peut-elle investir ? Réponse en demi-teinte : oui, mais elle est contrainte de supporter le coût des emprunts réalisés lors du mandat précédent. Ce qui charge aussi cette partie du budget, l’emprunt des collectivités locales étant particulièrement encadré. Les questions se font techniques. Elles portent sur les aides fiscales à la rénovation thermique, ou les capacités d’autofinancement de la Ville – la différence entre les recettes et les dépenses de fonctionnement, mise de départ pour tout investissement.
Et finalement arrive une question sur le budget participatif : sera t-il reconduit ? Carole Zielinski remet temporairement sa casquette d’adjointe à la démocratie locale pour expliquer que le dispositif est actuellement en cours d’évaluation :
« Il y a des projets des premières éditions qui n’ont toujours pas vu le jour. Nous réfléchissons à la suite mais nous avons envie d’aboutir à une troisième saison sur ce projet. »
Les interventions se terminent sans récrimination, ni objection quant aux choix opérés.
À la sortie de la salle, les avis sont plutôt positifs quant à l’initiative. « Je m’intéresse pas mal à la politique mais j’ai appris beaucoup de choses », juge Arthur, 28 ans, arrivé au Neudorf en 2022 : « C’est le genre de réunion qui permet de voir la politique en action. »
« C’est aussi intéressant de pouvoir mettre des visages, de l’humain, sur les listes pour lesquelles on vote », rebondit Guillaume, Neudorfois de 37 ans, venu pour la première fois à une réunion publique « par curiosité ». Verdict : « C’est assez didactique. Et ça peut me pousser à me poser plus de questions sur ces sujets. » « Sans langue de bois », la rencontre aurait cependant pu être « un peu plus locale », centrée sur les quartiers ciblés, nuance Michel, retraité du Neudorf.
Une possibilité que n’élude pas Syamak Agha Babaei pour l’avenir. « La question financière n’est pas un sujet très facile à partager, à « vendre », estime t-il, considérant que le budget est un outil à comprendre tant il est nécessaire pour saisir les enjeux des politiques publiques. Reste à trouver le moyen de « susciter de l’intérêt » autour de cela : « Ce soir, il y avait une quarantaine de personnes. Ce n’est pas mal. Mais comment faire pour aller à la rencontre de celles et ceux qui ne viennent pas ? »
La municipalité doit voter le budget de la Ville de Strasbourg avant le 15 avril.
Martine et Nadia, employées de l’usine de matériel électroménager Gaggenau à Lipsheim, marchent ensemble, au milieu du cortège CGT. Mardi 31 janvier, cette deuxième journée de mobilisation à Strasbourg rassemble près de 20 000 personnes. Impensable pour les deux ouvrières de ne pas être présentes, tant elles se sentent concernées par la réforme des retraites. Martine raconte comment son corps est déjà marqué par le travail :
« J’ai commencé à 14 ans, j’en ai 52 aujourd’hui. Je suis cassée, j’ai peur de mon état à 64 ans. Je me suis fait opérer trois fois du dos et une fois du poignet à cause de tendinites à répétition. Je touche 2 000 euros, mais avec des primes, si je tiens jusqu’à 62 ans j’aurai 1 300 euros de pension à peu près. Est-ce que je pourrai profiter de ma retraite ? Je ne sais pas. Hors de question que cette réforme passe. »
Comme Nadia, elle s’est occupée de sa famille en plus de son travail. Son fils est malade et sa mère était dépendante d’elle pendant 12 ans. Nadia a deux enfants. Elle souffre d’une spondylarthrite ankylosante qui provoque des inflammations douloureuses pour ses articulations. À 47 ans, à cause des mouvements répétitifs que son métier lui demande, elle a aussi des tendinites à répétition, ainsi que des douleurs musculo-squelettiques, au dos et aux épaules :
« Comment je vais être dans 20 ans ? Si j’arrête avant 64 ans, combien je toucherai pour ma retraite ? Je suis à 1 700 aujourd’hui. On est en deux huit. Le service du matin commence à 5 ou 6h selon la charge de travail, et dure jusqu’à 13h30. Celui de l’après-midi commence à 13h30 et fini à 21h ou 22h. On fait entre 35 et 40h par semaine, avec des horaires difficiles. Déjà là, parfois, je renonce à voir ma fille parce que je suis trop fatiguée. C’est dur de se dire que ma vie est aussi impactée par mon travail. »
Rue de la Mésange, la foule devient plus dense. Vers 15h30, une marée humaine s’étend de l’avenue de la Liberté à l’arrêt Porte de l’hôpital, en passant par les places Broglie et Kléber. Des fumigènes rouges embaument la rue. Les militants de la CGT Métallurgie jettent pétards et feux d’artifices, alors que le rythme des fanfares et des percussions accompagnent les manifestants. Beaucoup sont surpris par l’ampleur du cortège, qui semble encore plus vaste que celui du 19 janvier, déjà historique.
François est salarié de Daramic, à Sélestat, depuis 40 ans. Son entreprise de plasturgie produit des pièces à destination de l’industrie automobile 24h sur 24. Les yeux rouges, François évoque un ancien collègue mort deux ans après son départ en retraite : « J’en connais aussi qui sont décédés avant », s’inquiète t-il. Âgé de 60 ans, il devrait pouvoir finir sa carrière sans que les effets de la réforme ne se fassent sentir sur lui. À l’usine, il est très exposé au bruit. Son médecin a récemment constaté une importante perte d’audition, en plus des classiques douleurs articulaires :
« Je vois beaucoup de personnes en dépression autour de moi. Quand on travaille de nuit, dans des conditions difficiles, qu’on voit que notre santé se dégrade, c’est très dur. Qu’ils viennent faire notre boulot ceux qui décident de cette réforme, rien qu’un mois, ils changeraient d’avis. »
« Les gens sont déterminés dans cette lutte car l’enjeu est énorme. On sait tous que cette réforme est injuste, qu’ils ont d’autres moyens pour financer les retraites« , souffle François. En tête de cortège, une grande clameur s’élève. Les plus déterminés enchaînent les slogans. Bastien est ouvrier viticole à Blienschwiller. Il montre ses mains, marquées par le bois qu’il a dû tirer ces dernières semaines, malgré la résistance des vrilles qui permettent à la plante de s’accrocher.
« Le plus compliqué c’est au printemps, parce qu’on doit beaucoup se baisser pour entretenir la vigne. Mais l’avantage, c’est qu’il y a moins d’humidité et qu’il fait moins froid ». Du haut de ses 34 ans, il liste déjà des symptômes : douleurs aux genoux, au dos, aux mains… Comme de nombreuses personnes de sa génération, il a commencé à travailler à 26 ans.
Si la réforme passe, il devra aller jusqu’à 67 ans pour éviter une décote de sa retraite, malgré des emplois particulièrement pénibles :
« J’ai fait une fac d’histoire et ensuite un BTS agricole. Pour moi, c’est impossible d’imaginer continuer comme ça pendant des décennies. Il faudra que je trouve autre chose pour tenir, d’autant que les ouvriers agricoles sont particulièrement mal payés. Et c’est nous qui devons nous sacrifier selon le gouvernement ? C’est absurde quand on voit les cadeaux qui sont faits aux grosses entreprises dans le même temps, avec le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, NDLR) ou le manque de lutte contre l’évasion fiscale par exemple. »
Martine, Nadia, François et Bastien, interrogés aux quatre coins de la manifestation ce mardi, se disent toutes et tous déterminés à poursuivre la mobilisation contre la réforme des retraites ces prochaines semaines. « On va gagner sur ce coup-là », estime Martine, optimiste.
« Si nous sommes ici, ce n’est pas pour le confort. C’est pour nous sauver, nous et nos enfants. » Ces mots sont ceux des familles de migrants qui ont reçu une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) il y a quelques semaines.
Parmi elles, certaines se retrouvent logées par l’association Coallia dans un hôtel de Geispolsheim, depuis août 2022. Les conditions de vie dans l’établissement « sont indignes » selon ces familles qui dénoncent « des chambres trop petites », mais surtout « des bagarres quotidiennes et un personnel qui abuse de notre vulnérabilité et nous humilie ». Au point de préférer dormir dans des voitures, ou dans la rue.
Gabriel Cardoen, membre du collectif « Familles exilées, insérées, engagées pour les papiers », raconte :
« La situation dans l’hôtel, c’est une hémorragie. Les conditions y sont tellement difficiles que les familles préfèrent aller dans la rue. Hier soir, il y a encore eu une bagarre, avec la police, et les gendarmes en masse. »
Selon le bénévole, au moins une dizaine de familles seraient concernées par ces OQTF et vivraient dans la peur quotidienne de se faire expulser et renvoyer dans leur pays d’origine. Mais « il y en a dans toutes les écoles de Strasbourg », glisse-t-il.
Pour lutter contre leur expulsion, et pour dénoncer les conditions indignes dans lesquelles ils sont traités, le collectif « Familles exilées, insérées, engagées pour les papiers » organise ce samedi 4 février une manifestation de soutien à ces familles. Le point de rendez-vous se fera place du Corbeau, avec pour destination la Préfecture.
Dans le communiqué, on peut lire les mots de ces migrants : « Notre seul tort est d’être né dans le mauvais pays. Nous ne demandons pas la charité. Juste retrouver une vie normale et sans danger. »
« Nos enfants ne parlent déjà que le français dans la famille, certains n’ont même aucun souvenir de leur pays d’origine. Ils sont scolarisés, ils font du théâtre, de la musique, ils ont des amis, des hobbies… »
Selon Gabriel Cardoen, « le but de cette manifestation, c’est aussi de donner de la visibilité et de la confiance, pour que toutes celles et ceux qui ne sont pas dans des réseaux de soutien, viennent à nous. »
Un nouveau cortège massif a traversé le centre-ville de Strasbourg. 15h35, ce mardi 31 janvier : la tête de la manifestation contre la réforme des retraites a atteint l’arrêt de tram Porte de l’hôpital. La queue de la procession est encore en train de quitter la place de la République. Le cortège mesure environ 1,7 kilomètre, comme lors de la première mobilisation le jeudi 19 janvier 2023.
Selon notre reporter sur place, Thibault Vetter, la foule est cette fois bien plus dense que le 19 janvier. D’après son décompte, en laissant le cortège défiler devant lui, plus de 18 000 personnes ont manifesté pour cette deuxième journée d’opposition au projet du gouvernement d’Élisabeth Borne.
En utilisant le logiciel Mapchecking, il est possible d’estimer le nombre de personnes à partir d’une surface et de la densité de la manifestation. En augmentant de 25% la densité du cortège par rapport à la première mobilisation contre la réforme des retraites, l’outil en ligne indique que plus de 20 500 personnes ont manifesté ce mardi 31 janvier.
De son côté, le secrétaire départemental de l’Union locale CGT Bas-Rhin, Laurent Feisthauer, affirme que les syndicats estiment que 22 000 personnes ont manifesté à Strasbourg. Le syndicaliste se félicite de cette mobilisation :
« Nous sommes très satisfaits de cette deuxième journée de mobilisation. Nous sommes au minimum autant que la dernière fois, c’est très encourageant et nous atteignons des taux de 50% de grévistes dans certains établissements scolaires et certaines entreprises. Beaucoup de personnes ici ont des métiers difficiles physiquement et se sentent très concernés par cette réforme des retraites. »
L’estimation de la préfecture du Bas-Rhin reste strictement la même que pour la première journée de mobilisation le jeudi 16 janvier 2023 : 10 500 personnes auraient manifesté selon la préfecture.