Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Cinquième manifestation contre la réforme des retraites jeudi 16 février

Cinquième manifestation contre la réforme des retraites jeudi 16 février

Après une manifestation familiale samedi dernier, les syndicats programment une nouvelle journée de grève ce jeudi 16 février à Strasbourg et en Alsace.

Alors que l’examen du projet de loi de réforme des retraites se poursuit à l’Assemblée, les opposants espèrent maintenir la pression dans la rue. Les huit principaux syndicats s’accordent pour une cinquième journée de manifestation ensemble, le jeudi 16 février. À Strasbourg, le cortège partira de l’avenue de la Liberté, à 14h.

Son parcours sera similaire aux précédentes marches. En passant par la place de la République, puis la place Broglie et la place de L’Homme-de-Fer, le cortège s’avancera ensuite vers la Krutenau, en longeant la rue de la Division Leclerc. Finalement, le défilé finira sa boucle en passant de la place de Zurich, jusqu’à l’avenue de la Liberté.

Maintenir la pression sur l’Assemblée

La précédente marche, le samedi 11 février, avait voulu s’ouvrir à un éventail d’opposants plus large. Reste que le chiffre de la participation était en deçà des chiffres de la première journée de mobilisation, particulièrement réussie. Le rebond de la mobilisation pourrait être crucial pour maintenir la pression sur l’Assemblée, qui devrait examiner cette semaine l’article 7 du projet de loi ; celui-ci consacre le recul de l’âge de départ légal à 64 ans.

Droit de réponse de Michaël Langlois

Droit de réponse de Michaël Langlois

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La course de fond de Leila Ouadah pour les droits des livreurs à vélo

La course de fond de Leila Ouadah pour les droits des livreurs à vélo

Avec d’autres travailleurs de plateforme, la Mulhousienne a contribué à faire adopter la présomption de salariat au Parlement européen. Mais le chemin reste encore long pour faire appliquer les droits des livreurs ubérisés. Portrait d’une livreuse en lutte.

Dans un petit café cozy de Mulhouse, Leila Ouadah n’hésite pas longtemps sur sa tisane. Ni verveine, ni tilleul, « Rien que pour le nom, ce sera « Des lendemains qui chantent » », sourit-elle en pointant la carte. C’est peut-être trop espérer que d’imaginer une résonance avec l’avenir des livreurs à vélo. Mais c’est bel et bien une victoire qui vient d’être obtenue au Parlement européen, selon la jeune femme de 32 ans mobilisée depuis plusieurs années pour la cause des livreurs ubérisés. 

Leila représente les livreurs Deliveroo depuis 3 ans au sein de la plateforme. Photo : SW / Rue89 Strasbourg

En octobre 2022, avec le soutien de l’eurodéputée de la France Insoumise Leïla Chaibi, la livreuse s’invite à une réunion de lobbyistes organisée au Parlement de Strasbourg. Elle est accompagnée de Brahim Ben Ali, représentant des chauffeurs VTC. Le texte est alors en discussion et les défenseurs des travailleurs craignent que les plateformes vident la directive de sa substance. Leila Ouadah s’exprime alors en tenue de livreuse en face de représentants d’Uber et Deliveroo :

« On a jamais été convié pour discuter de notre travail et de nos conditions de travail. Ce serait bien qu’on soit convié parce qu’on investit 70 heures par semaine de notre temps. Moi je suis mère de famille j’ai quatre enfants. Mon travail je l’ai choisi . Mais les conditions de travail on ne les a pas dit dès le départ. S’il y a un lien de subordination, alors il y a présomption de salariat et dans ce cas on aimerait récupérer tout ce qu’il y a derrière, les avantages comme les inconvénients. Mais si on reste indépendants, alors on aimerait pouvoir facturer nos services avec nos tarifs et pas des tarifs imposés. »

Les eurodéputés ont décidé de voter (à 376 voix pour et 212 contre) une directive de la commission qui présume la relation de salariat entre les plateformes (Uber, Deliveroo, Bolt…) et leurs employés. Le texte approuvé le 2 février 2023 va plus loin que celui proposé par la Commission grâce à l’implication du groupe de La Gauche au Parlement européen (GUE/NGL). En effet, les critères établis par Bruxelles pour établir le salariat ont disparu du texte final. Dans le texte adopté par le Parlement, la relation de salariat est présumée sans condition. C’est désormais à la plateforme de prouver le contraire. Leila savoure cette victoire : 

« Le Parlement a ouvert une porte immense. On peut maintenant demander nos droits. Et on est loin de les avoir tous. On espère que les plateformes seront condamnées à requalifier nos contrats pour les années passées car si on est bien indépendant, c’est à nous de fixer librement nos tarifs. Un long combat s’annonce. »

Pouvoir de négociation

La livreuse qui pédale dans les rues de Mulhouse sous casaque Deliveroo est représentante de ses collègues depuis trois ans. Une représentation devenue obligatoire depuis 2022 avec la loi mobilités. Mais ce n’est pas un dialogue qui s’est instauré avec les plateformes comme Deliveroo, selon Leïla Ouadah : « On peut s’exprimer, oui. Mais il n’y a toujours pas de négociations. » La militante s’estime plus efficace au niveau de sa participation à l’autorité des relations sociales des plateformes d’emploi (ARPE) mise en place cette année par le ministère du travail : 

« On avance plus lentement qu’un escargot. Actuellement, on est encore en train de fixer le cadre du dialogue. Mais la présence de responsables du ministère du travail change beaucoup de choses. On sent qu’on a plus de pouvoir. » 

Leila dans les rues de Mulhouse. Il reste encore beaucoup de travail à accomplir pour garantir des droits aux travailleurs des plateformes Photo : SW / Rue89 Strasbourg

Née à Hautepierre, où elle a grandi, Leila Ouadah vient plaider la cause des livreurs au parlement européen et n’hésite pas à s’exprimer sur les réseaux sociaux. Elle raconte cette position parfois difficile :

« Ce n’était pas donné pour moi de m’adresser à tous ces responsables politiques de la bonne manière.  Je suis issue d’une famille pauvre de neuf enfants. Je suis pas de ceux qu’on écoute. Et dans la profession, nombreux sont ceux qui ont peur d’être déconnectés de l’appli s’ils parlent. »  

Un job de « repenti »

Son diplôme et son expérience de plusieurs années en hôtellerie restauration ont forgé son caractère. Certainement aussi le fait d’avoir dû jongler très tôt entre sa vie professionnelle et sa vie de maman solo : Leila Ouadah a quatre enfants, le plus âgé a 16 ans et le plus jeune a neuf ans. Invisibles, les travailleurs des plateformes (ils sont estimés à 100 000 en France) ont encore du mal à s’organiser et à se faire entendre :

« Il y a ce cliché du livreur, soi-disant un étudiant qui fait ça pour gagner de l’argent de poche… Mais non, c’est en majorité un job de repenti, de ceux qui sont hors de la société, exclus du marché de l’emploi, soit parce qu’ils n’ont pas de papiers, soit parce qu’ils sortent de prison. Beaucoup de livreurs ne revendiquent pas à cause de cela, car ils risquent de perdre le peu qu’ils ont… Et même plus. D’autres collègues sont aussi désabusés. »

Le déclic : la mort de Mourad, un collègue

Leila a les idées claires et le débit rapide quand elle pointe ce qui ne va pas dans les relations avec les plateformes qui elles ont leurs entrées dans les cercles de pouvoir. Le déclic de son engagement ? C’est la mort de Mourad, un collègue livreur Deliveroo qui a chuté dans les rues de Mulhouse à l’été 2019. Il est décédé quelques mois plus tard. Mais c’est aussi la dégradation importante de leur rémunération en période de pandémie que dénonce Leila : 

« Le nombre de créneaux de livraison ont augmenté. Deliveroo a « recruté » un max. Ca a augmenté la concurrence et nos tarifs ont baissé. En moyenne on a perdu 30 à 50 % de nos revenus par rapport à l’avant covid. »  

Sur son appli, Leila peut remonter jusqu’à avant 2020 et fait constater la baisse des revenus Photo : SW / Rue89 Strasbourg

Les pièges du statut de salarié

Les tarifs ne sont pas remontés depuis. Pour preuve Leila ouvre son appli : le mois dernier pour 28 jours de travail, elle a gagné 1 003 euros. En mai 2020 : pour 27 jours de travail, elle a engrangé 1 600 euros. Pour rappel, une journée de travail équivaut à pédaler plus de dix heures. Il y a quelques jours, pour avoir travaillé de midi à 22 heures, Leila a gagné 58 euros, une somme à laquelle il faudra retrancher 22% de cotisations sociales.

« Le salariat n’est pas non plus la panacée, il faut regarder d’assez près les conditions », insiste Leila qui cite Just Eat, la plateforme de livraison française qui se vantait d’avoir embauché ses livreurs. Depuis cette décision, l’entreprise a évincé un tiers de ses effectifs et ce modèle de salariat ne s’applique plus que dans sept villes françaises. Leila ajoute : « Ce sont des contrats de quinze heures. Les livreurs n’ont pas d’endroit pour se changer ou manger. Ils n’ont pas de prime de risque, d’intempérie ou d’intéressement. Où sont donc les avantages du salariat ? »

« Les droits des femmes livreuses, ce sera le combat d’après »

Attachée à sa liberté, la Mulhousienne préférerait être « vraiment indépendante mais véritablement libre de fixer ses tarifs ». D’autant que des droits restent à conquérir pour les travailleurs des plateformes : ces derniers ne cotisent pas automatiquement pour leur retraite, ni pour le chômage. Seule livreuse à Mulhouse, Leila ronge son frein sur l’absence de congés maternités : 

« Les droits des femmes livreuses, ce sera le combat d’après. Pour nous, la pénibilité et le danger ne sont ni reconnus, ni prévenus. On subit du harcèlement. J’ai déjà failli me faire séquestrer dans une chambre d’hôtel. Mais je n’ai pas le choix d’éviter les horaires nocturnes, à cause des enfants, je bosse de nuit. Mais certaines de mes collègues s’y refusent. Elles ont trop peur. »

Sur ce point, Uber a mis en place pour ses chauffeurs VTC un bouton d’alerte. Leila aimerait que les applis qui pistent facilement les livreurs pour des raisons de rentabilité se préoccupe des indices qui pourraient indiquer une situation de danger ou un accident : 

« Mon collègue Mourad est resté connecté au même endroit pendant 18 heures. En fait il était à l’hôpital en réanimation. C’est moi qui ai dû prévenir la plateforme. »

Leila Ouadah : « Les droits des femmes livreuses, ce sera le combat d’après. » Photo : SW / Rue89 Strasbourg

« Aujourd’hui, mes enfants sont fiers de moi »

Les travailleurs de plateforme, quel que soit leur statut, aimerait accéder aux mêmes possibilités que les salariés : un crédit immobilier, ou un accès à la location d’un appartement. Leila insiste aussi sur les livreurs sans papier qui sous-louent des comptes : selon elle, ils constituent la moitié des livreurs, alors que les plateformes estiment qu’ils constituent 12 %, des effectifs.

Pendant le Covid, Leila, comme les travailleuses de la « deuxième ligne », n’a pas pu mettre ses enfants à l’école. Elle a dû se débrouiller pour compenser les pertes de revenu tout en s’engageant de plus en plus pour faire reconnaître ses droits : « Aujourd’hui mes enfants sont fiers de moi, ils comprennent pourquoi je me suis battue ».

Pour « mettre la direction de Heineken sous pression », l’intersyndicale de l’Espérance appelle à manifester

Pour « mettre la direction de Heineken sous pression », l’intersyndicale de l’Espérance appelle à manifester

Les syndicats CGT, CFDT et FO de la brasserie de l’Espérance à Schiltigheim ne sont toujours pas satisfaits des conditions de départ proposées par la direction de Heineken. Ils appellent à manifester en partant de l’usine schilikoise mardi 14 février.

« La quatrième réunion de négociation a été très décevante », affirme Didier Deregnaucourt, délégué du personnel CGT de l’usine Heineken à Schiltigheim. Depuis l’annonce de la fermeture du site de production schilikois le 14 novembre 2022, le cégétiste est au front avec les syndicalistes de la CFDT et de FO pour négocier des conditions de départ protectrices pour les 220 salariés de l’entreprise. Le cégétiste s’oppose notamment à une mesure mise en place par la direction pour « diviser les salariés » :

« Une prime de 400 euros a été mise en place, mais elle n’est accordée que si l’usine a un fonctionnement ‘normal’. Or on ne sait pas ce que ça veut dire un fonctionnement normal. On craint que la prime soit utilisée pour briser la grève. En plus, la direction compte cette prime dans le calcul de l’indemnité de départ. Nous ne sommes pas d’accords avec ces méthodes. »

Les salariés d’Heineken estiment être trahis par leur direction, qui décide de fermer le site de Schiltigheim malgré de gros bénéfices. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg / cc

« Heineken doit accepter les départs anticipés »

Didier Deregnaucourt espère aussi obtenir une prime de licenciement au montant indépendant de l’ancienneté des salariés. Un combat mené pour les jeunes salariés, comme l’explique le syndicaliste : « Heineken a beaucoup embauché les derniers temps, il y a donc une majorité de jeunes avec moins de cinq ans d’ancienneté. Ils vont se retrouver sur le marché du travail et leur indemnité sera faible. »

Vania Brouillard, du syndicat Force Ouvrière, rappelle que l’intersyndicale se bat toujours pour maintenir l’activité du site schilikois :

« On conteste toujours la fermeture du site et on cherche le soutien populaire pour démontrer l’attachement à ce site. Notre deuxième revendication porte sur les départs anticipés. L’entreprise Heineken veut nous faire travailler trois ans et nous licencier. Or nous nous voulons nous reconstruire le plus rapidement possible. Il faut que la direction de Heineken cesse de refuser les départs anticipés en nous disant qu’on qu’à démissionner… »

Manifestation prévue mardi 14 février à 11 heures

L’intersyndicale a lancé une grève illimité depuis le vendredi 10 février. Une cagnotte en ligne a été lancée pour soutenir les grévistes dans leur combat.

Lundi 13 février, en début d’après-midi, un rassemblement de salariés, de leurs proches et de leurs soutiens a eu lieu devant l’usine Heineken de Schiltigheim. L’intersyndicale en a profité pour appeler à manifester pour « mettre la direction sous pression en leur faisant une mauvaise publicité », indique le syndicaliste CGT Didier Deregnaucourt. La manifestation partira de la brasserie schilikoise mardi 14 février à 11 heures pour rejoindre le Parlement européen.

Après le fiasco de Fonroche, une nouvelle entreprise pour relancer la géothermie dans l’Eurométropole

Après le fiasco de Fonroche, une nouvelle entreprise pour relancer la géothermie dans l’Eurométropole

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Tommy, 29 ans : « Sur les chantiers, je vois des travailleurs âgés, toujours en intérim »

Tommy, 29 ans : « Sur les chantiers, je vois des travailleurs âgés, toujours en intérim »

« Les perdants de la réforme » – Épisode 3. Aurélie, Tommy et Joëlle ont manifesté contre la réforme des retraites, samedi 11 février. Tous les trois partagent des parcours professionnels sinueux, ponctués de petits boulots, d’intérims et de périodes d’arrêt. Pour eux, comme pour beaucoup de précaires, les 43 annuités sont inatteignables.

Place Kléber, deux foules cohabitent. La première, désarticulée, agrège un peuple de promeneurs tranquilles, consommateurs bardés de sacs, parfois en quête de brunchs. L’autre forme une colonne gueularde, œuvrant à bousculer les consciences flemmardes et les résignés. Samedi 11 février, pour la quatrième fois, les opposants à la réforme des retraites veulent faire entendre leur colère contre un projet de loi qu’ils jugent inique et cruel. Notamment à l’égard des travailleurs précaires, ceux pour qui la carrière et les annuités ne se suivent pas en ligne droite jusqu’à la retraite.

« Quand j’étais petit, je pensais que c’était simple, qu’on faisait des études et qu’on avait un travail », commence Tommy en trifouillant ses souvenirs. « Mais  mon parcours scolaire est devenu chaotique, et dès le début ma carrière a été hachurée. » Avec un BTS électrotechnique en poche, obtenu en 2017, il entame une série de petits contrats à durée déterminée comme électricien, entrecoupés par des périodes de chômage plus ou moins longues. D’un chantier à l’autre, il additionne les contrats d’intérim :

« Pendant longtemps je ne travaillais qu’avec des boîtes d’intérim. Elles me prenaient pour deux mois, puis me jetaient, avant de me reprendre un mois plus tard. Entre les deux, j’étais au chômage, mais c’était un peu angoissant. Je ne me sens jamais assez serein pour faire des plans à long terme, pour prévoir un achat important par exemple. »

Tommy a 29 ans. Actuellement, il travaille en CDD auprès d’une collectivité. Photo : RG / Rue89 Strasbourg/ cc

En 2022, Tommy a connu une période de chômage de six mois ; dans son parcours, son plus long contrat n’a duré qu’un an. S’il n’ose pas calculer sa retraite, la question le taraude quand même : « Sur les chantiers où je travaille, je vois beaucoup de collègues âgés, fatigués, obligés de bosser encore en intérim. Ça me fait mal au cœur. »

« À part un CDD de six mois, je n’ai connu que du travail alimentaire »

À mesure que le cortège avance, les amplis syndicaux se lancent dans une lutte féroce, à qui crachera le tube de manif le plus ringard. Duel éternel entre Zebda et Trust, sans vainqueur. Derrière le boucan, Aurélie tente désespérément d’entendre la question. «  » »Quoi ? Ma retraite ? C’est simple, ça va être la misère ! » Dans un grand rire, la manifestante désamorce toute gravité. Avant d’avoir son poste de responsable vente dans une boutique de chocolat – en CDD – elle a connu un itinéraire complexe. Après un DUT et une licence, elle finit par obtenir un master marketing-communication à 24 ans, dans une école onéreuse : 

« J’ai payé près de 11 000 euros pour ces deux années, mais je n’ai presque jamais pu travailler dans la branche pour laquelle j’étais formée. À part un CDD de six mois, je n’ai connu que du travail alimentaire, dans la vente et le service. Et du chômage, entre deux boulots. »

Depuis sa sortie d’école, Aurélie a connu trois longues périodes de chômage Photo : rg / rue89Strasbourg / cc

Régulièrement, elle tempère, précisant « qu’il y a pire », pour ne pas s’étendre sur sa situation. Et pourtant, elle ne s’imagine pas travailler jusqu’à 67 ans pour éviter une décote :

« On ne s’en rend pas compte, mais ces métiers demandent aussi de l’énergie physique et mentale. Il faut être toujours là pour les clients, toujours disponible et on finit la journée éreintée. »

Courir derrière les annuités

Vers la fin de cortège, alors que les rangs commencent doucement à désépaissir, un bloc de manifestantes reste soudé. Au centre, Joëlle, 62 ans, flanquée de ses deux filles et de sa sœur, a des airs de cheffe de troupe. « J’ai moi-même eu une carrière hachurée, mais je viens pour mes filles, et pour les autres. » Née dans une famille modeste du Ried, elle a commencé à travailler à 17 ans, après avoir obtenu un diplôme de sténographe.

Joëlle a enchainé les petits boulots pour s’occuper seule de ses trois filles. Photo : RG / Rue89Strasbourg / cc

Jusqu’à ses 38 ans, elle n’aura connu qu’une succession de petits jobs, les vignes l’été ou l’intérim le reste de l’année. Avec des périodes de chômage, notamment pour s’occuper de ses trois filles. À partir de ses 38 ans, elle trouve un travail pérenne et travaille désormais comme assistante médicale dans un service de médecine du travail :

« De là où je suis, je vois arriver de plus en plus de vieux travailleurs. Certains sont plus jeunes que moi, et paraissent déjà plus vieux. On voit que le travail les use, ce n’est pas possible de travailler plus longtemps. »

Pendant les vacances de février, notre sélection d’activités pour les enfants

Pendant les vacances de février, notre sélection d’activités pour les enfants

Coincés à la maison avec les enfants pendant les vacances de février ? Voilà quelques idées de sorties et d’activités culturelles pour les enfants ou à faire en famille (et au chaud). 

SurréAlice au musée Tomi Ungerer et au musée d’Art moderne

Dernière ligne droite pour la foisonnante double exposition SurréAlice au musée d’art moderne (MAMCS) et au musée Tomi Ungerer, qui révèle l’influence de l’œuvre de Lewis Caroll (notamment Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir) sur les artistes surréalistes d’un côté et les illustrateurs de l’autre. En tout, près de 250 œuvres aisément abordables par les plus jeunes, qui devraient apprécier la scénographie au MAMCS, avec une tête de chat géante et quelques spécimens des collections du musée zoologique.

Au MAMCS, l’entrée de l’exposition se fait par la gueule d’un chat. (Photo Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg)Photo : Photo Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg

Plusieurs jeux et ateliers sont proposés pour prolonger le voyage dans l’univers surréaliste, dont « Suivez le crayon », qui invite les enfants à réinterpréter les œuvres de l’exposition en suivant des consignes parfois loufoques. Au musée Tomi Ungerer « Grandis rapetisse » les fait jouer sur les échelles et les proportions. 
Les deux musées étant reliés en 11 minutes par le tram B, il est possible d’enchaîner les deux expositions dans la même journée.

Stage de danse pour enfants à Pole-Sud à Strasbourg
Découverte de différents styles de danse, pour enfants à partir de 7 ans. Photo : document remis

Vacances en danse

Pole-Sud et le CIRA proposent de prendre les enfants de 7 à 12 ans en stage du 13 au 17 février pour découvrir quatre pratiques corporelles différentes : ils seront guidés par le chorégraphe congolais Gervais Tomadiatunga et par Yvonnette Hoareau, une des figures historiques de la compagnie de hip hop Mira. Ils s’initieront aussi aux percussions corporelles et au yoga.

Du spectacle

Hiver

C’est l’histoire d’un petit flocon qui descend de son nuage pour découvrir la beauté du monde. Un conte initiatique et musical de la compagnie Bati-son, une ode à la nature interprétée par plusieurs instruments.

Concerto pour deux clowns

Concerto pour deux clowns par la compagnie Les Rois Vagabonds

Ces deux-là sont des virtuoses, de la musique, de l’acrobatie et de l’art du clown. Avec maestria, ils revisitent quelques classiques de la musique (Bach, Vivaldi, Strauss) tout en tentant de faire duo. Et c’est à la fois hilarant et impressionnant. Par Les Rois Vagabonds.

Un festival thématique

Les Enfantines

Le festival “Les Enfantines” se poursuit jusqu’au 18 février, dans le réseau des médiathèques de Strasbourg et de l’Eurométropole, autour du thème de la famille, celle dans laquelle on naît et celle qu’on s’invente. Au programme, contes, spectacles, projections et ateliers parentalité.

À retenir : l’atelier illustration « À quoi penses-tu » avec le génial Laurent Moreau, pour les 7-10 ans, Ti Soon, un spectacle où de petites boules d’argile parlent avec délicatesse de la séparation, par la compagnie Le Vent des Forges et un atelier parents-enfants sur la place des écrans.

Des modèles réduits

My Little world
Le modélisme, on ne sait jamais à qui ça plaît le plus : aux géniteurs ou à la progéniture. L’exposition rassemble des clubs de fanas avec Futuroscope miniature, gare de tri ferroviaire, circuit géant de voitures télécommandées ou meeting de voiliers, chalutiers et péniches. Clou de l’expo : un réseau ferroviaire de 15 mètres de long, par le Club des amis du rail 67. Restauration sur place.

Salon du modélisme My Little world à Ostwald
Modèles réduits des Amis du rail 67 présentés à My Little World. Photo : document remis

Des visites

L’Office de Tourisme de Strasbourg dégaine pour les vacances des visites sur mesure pour les plus jeunes. Au programme : tout ou presque sur la vieille ville et les façades de la cathédrale, avec moult détails, anecdotes et légendes. Les adultes en apprendront autant que les enfants. Le conseil : on peut coupler la visite des façades avec la présentation du grand dessin de la flèche de la cathédrale par Jean Hultz (1419), actuellement au Musée de l’Œuvre Notre-Dame.

Des ateliers médias

Qu’a dit la radio ?

Radio Caddie, c’est un dispositif mobile d’enregistrement et de diffusion radio, en mode performance, qui se déplace à l’occasion d’événements, notamment dans les quartiers de Strasbourg. Son objectif : donner la parole aux citoyens. En l’occurrence aux futurs citoyens, avec une journée de découverte des techniques d’interview et de captation sonore. 

Atelier radiophonique par Radio Caddie au Vaisseau à Strasbourg
Le studio mobile de Radio Caddie. Photo : document remis

Décrypte les fake news

Quelle est la différence entre une information, une fausse nouvelle et une rumeur ? Comment celles-ci sont-elles mises en scène dans les médias ? Et pourquoi ? Introduction théorique, analyse de montage vidéo, réalisation de fausse Une pour un journal et temps de discussion prolongé : l’objectif de cette première approche est surtout de montrer aux enfants pourquoi et comment exercer son esprit critique.

En Alsace, l’archevêque Luc Ravel a installé des missionnaires qui veulent « évangéliser les musulmans »

En Alsace, l’archevêque Luc Ravel a installé des missionnaires qui veulent « évangéliser les musulmans »

Monseigneur Luc Ravel a mis en place des missionnaires de la Miséricorde divine dans deux églises, à Strasbourg et Colmar. Leur mouvance cherche notamment à « évangéliser les musulmans » et à appliquer des rituels anciens, comme la messe en latin. Des catholiques locaux s’indignent de cette décision.

« Tout s’est fait dans notre dos », dénonce Sandrine (prénom modifié), paroissienne historique de Saint-Joseph à Colmar. Le 7 juin 2020 . . .

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Réouverture six jours sur sept des musées de Strasbourg en mars

Réouverture six jours sur sept des musées de Strasbourg en mars

La Ville de Strasbourg va rouvrir ses musées six jours sur sept à partir du 18 mars, revenant sur une décision polémique d’août 2022. En attendant d’autres recrutements, le budget de fonctionnement a été augmenté de 250 000€, afin de faire appel à plus de vacataires.

Face à la presse, Jeanne Barseghian, vante ce jeudi 9 février une décision « prise à la suite d’une large concertation avec les représentants du personnel » : les musées de Strasbourg seront ouverts six jours sur sept à partir du 18 mars, avec une pause entre 13h et 14h en semaine, en continu les week-ends.

En août 2022, la maire de Strasbourg avait choisi de fermer deux jours par semaine les onze musées de la Ville par mesure d’économie, autant sur les frais de personnel que pour les factures d’énergie. Il s’en est suivi une polémique nationale, impliquant jusqu’à la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak, « heurtée » par ce choix.

Les musées de la Ville de Strasbourg ont accueilli 576 000 visiteurs en 2022, 15% de moins qu’en 2019 dernière année de référence Photo : Nicolas Cossic / Rue89 Strasbourg / cc

Cette fois, la municipalité a soigné son narratif. L’exécutif assure que la mesure d’août avait été prise en urgence, car l’ouverture des musées ne pouvait plus être assurée en raison d’un manque de personnel permanent et de remplacement. Le maintien de ces horaires en mars se fera grâce au prix d’une rallonge de 255 000€, permettant le recours à plus de vacataires. La mairie assure également qu’une réflexion est engagée sur l’amélioration des conditions de travail dans les musées.

Selon Syamak Agha-Babaei, premier adjoint à la maire en charge des questions de personnel, la situation était intenable :

« Il y avait un décalage entre les ambitions d’ouverture qui étaient affichées et la réalité des moyens mis en face, ce qui a provoqué une utilisation excessive des crédits alloués aux vacataires et une souffrance du personnel. Lors de notre concertation, plus de 150 problèmes ont été relevés. Nous espérons les adresser progressivement mais il est clair qu’il faut poser la question de l’accès à la culture et du coût social induit par des permanences les week-ends. »

140 agents en souffrance

En 2022, le budget alloué aux vacataires pour qu’ils remplacent ponctuellement les 140 agents dédiés à l’accueil dans les onze musées de Strasbourg était de 756 000€ et doit donc passer à 1,011 million d’euros. En 2017, les musées avaient dû faire face à la suppression de 17 postes d’agents d’accueil selon l’équipe municipale (un chiffre contesté par Alain Fontanel, ancien adjoint de Roland Ries à la culture). En septembre 2019, l’équipe d’accueil du Musée zoologique, fermé pour trois ans de travaux et de rénovations, a été redéployée, permettant notamment l’accueil du 5e Lieu, inauguré en décembre 2019.

L’équipe municipale n’en a pas fini avec la question des moyens humains alloués à l’accueil des musées, puisqu’en 2024, elle devra rouvrir le Musée zoologique… Et donc engager de nouveaux agents, permanents cette fois. Syamak Agha Babaei assure que ce chantier intégrera des évolutions qui permettront de réduire notamment l’absentéisme dans ce domaine, qui atteint 15% du volume horaire (contre 7% dans le reste de la fonction publique territoriale).

Jeanne Barseghian en a profité pour rappeler que ces mesures s’inscrivaient dans le volet culturel du « bouclier écologique et social » porté par la municipalité face à la crise énergétique. En précisant au passage que le budget alloué à la Culture – 86 millions d’euros – est le deuxième plus important de la Ville. La municipalité espère ainsi réussir à réchauffer ses relations avec le monde culturel strasbourgeois, refroidi par les annonces de fermeture et les baisses des budgets culturels.

Extension du tram Ouest : ouverture d’une enquête publique, prochaine étape vers le début des travaux

Extension du tram Ouest : ouverture d’une enquête publique, prochaine étape vers le début des travaux

Avec du retard, l’Eurométropole lance la seconde enquête publique concernant l’extension du tram F vers l’Ouest de Strasbourg du 20 février au 27 mars.

« L’Ouest se sentait un peu orphelin. » Face à un quarteron de journalistes frigorifiés, Alain Jund a le sourire aux lèvres. Le sixième vice-président de l’Eurométropole, chargé des mobilités, annonce le début de l’enquête publique sur le tram Ouest. Il s’agit d’une étape légalement obligatoire avant d’entamer les travaux pour l’extension de la ligne F, qui doit rapprocher Koenigshoffen, Eckbolsheim et Wolfisheim du centre-ville de Strasbourg. L’enquête commence le 20 février et dure jusqu’au 27 mars 2023. L’extension du tram F devrait être achevée d’ici novembre 2025, pour un coût estimé à 80 millions d’euros.

Cliquez sur l’image pour consulter les huit stations supplémentaires qui s’ajouteront aux douze existantes de la ligne F. Photo : Document remis, Eurométropole de Strasbourg

Concertation sur des enjeux secondaires

Cette enquête publique a été annoncée pour novembre 2022 dans un premier temps. Son lancement trois mois plus tard surprend par son retard. Depuis la première première réunion publique datant du 18 janvier 2021, et la dernière du 12 juillet 2022, le temps de concertation n’a cessé de s’étirer.

Le chef du service tramways et grands projets, Gilles Brochard, justifie ce délai en assurant qu’un « deuxième temps de concertation, plus long, était nécessaire ». Il estime que cette attente a permis d’augmenter le nombre de participants aux débats autour de l’extension du tram Ouest. Il cite par exemple la création d’une zone « rue-école » proposée pour la rue des Capucins, ou l’instauration d’une circulation à sens unique rue Virgile. Nous relevions, dans un précédent reportage, les doutes de nombreux habitants concernés sur la démarche.

La présidente de l’EMS Pia Imbs (à droite) et le vice-président Alain Jund (à gauche), au terminus du tram D « Poteries ». Photo : RG/ Rue89 Strasbourg/ cc

Des débats sur la marge du projet

Des réunions de « concertation » se tiendront durant toute la durée de l’enquête publique. Pas de quoi changer foncièrement le projet : le tracé ne bougera pas, tout comme le nombre de stations (huit supplémentaires) ou le cadencement des trams (six à sept minutes d’attente estimée). Les débats se feront donc sur la marge, prévient Alain Jund :

« Les habitants pourront s’exprimer sur les aménagements entourant l’extension. Par exemple sur la végétalisation, l’accès aux stations pour les piétons ou sur l’équipement public qui pourrait être installé en marge. »

Lorsque cette étape sera achevée, les conclusions de l’enquête seront présentées au courant du mois d’avril. Suivra une présentation du rapport par l’Eurométropole, afin qu’une déclaration d’utilité publique soit annoncée durant le conseil de l’EMS du 28 juin 2023, assure la présidente de l’EMS, Pia Imbs.

« 10 ans de bénévolat partent en fumée » : La maison Mimir a brulé à l’aube

« 10 ans de bénévolat partent en fumée » : La maison Mimir a brulé à l’aube

En début de matinée ce jeudi 9 février, le centre social et culturel autogéré de la maison Mimir a été entièrement détruit par les flammes. Aucune victime n’est à déplorer.

Squat devenu centre social et culturel autogéré, la maison Mimir était un lieu unique dans le centre-ville. Le bâtiment, à l’abandon depuis 1999 et occupé depuis 2010 a été pris par les flammes en début de matinée ce jeudi 9 février. En 2013, les gérants du lieu avaient obtenu un bail emphytéotique avec la Ville de Strasbourg, propriétaire du site.

D’après les Dernières Nouvelles d’Alsace, 37 pompiers et 17 engins ont été engagés au 18 de la rue Prechter. Le bâtiment aux poutres apparentes était entièrement pris par le feu à leur arrivée peu après 7h30. L’adjointe à la maire en charge de la sécurité Nadia Zourgui a indiqué qu’un engin de chantier allait être déployé dans la journée pour détruire complètement la bâtisse. Elle précise que la bagagerie pour permettre aux sans-abris de laisser leurs affaires en sécurité et le lieu où les bénévoles stockent leur matériel n’ont pas été touchés. Les causes de l’incendie sont inconnues à ce stade.

Vers 9 heures, l’intervention des pompiers avait permis de mettre fin à l’incendie. Photo : Document remis

Florian, romancier et bénévole de la maison Mimir a la voix noué lorsqu’il réagit :

« En ce qui me concerne, c’est 10 ans de bénévolat qui partent en fumée. On faisait des travaux depuis des années. C’est un ancien squat qui a obtenu un bail emphytéotique en moins de deux ans, c’est un record. Au niveau de l’activité, c’était un lieu socio culturel alternatif comme plein d’autres. C’était la chorale féministe, des cours d’alsacien, une scène slam tous les mois… C’est un vrai deuil affectif. »

La maison Mimir : des rencontres, des couples et des projets

Cofondateur et ancien membre engagé de l’association Mimir, Renaud Tschudy vit aujourd’hui dans la vallée de Schirmeck. Sous le choc de la nouvelle apprise par message, l’ancien travailleur social se souvient des débuts du lieu : l’envie de donner une autre solution d’hébergement que le 115 aux personnes sans-abri. La recherche d’un bâtiment vide, de préférence propriété d’une collectivité publique, puis la « rencontre » avec la maison Mimir. Jusqu’en 2016, la bâtisse à colombage a pu offrir un toit à une vingtaine de personnes. Puis les rénovations ont commencé dans la partie « habitat » du lieu social et culturel. Mais les maigres moyens de l’association ont ralenti l’avancée des travaux. Les dortoirs n’auront jamais pu rouvrir.

Malgré ces années de bénévolat qui partent en fumée, Renaud Tschudy tient à rappeler ce qui ne peut être détruit :

« La maison Mimir, ce sont aussi des rencontres. Il y a plein de projets notamment artistiques qui sont nés ici. Il y a des couples qui se sont formés, et même des enfants qui sont nés. Personnellement, si je me suis marié en novembre dernier, c’est grâce à une rencontre à la maison Mimir. »

Dans un post Facebook, la maison Mimir donne rendez-vous à 20h30 ce 9 février au Fanfarodoï, l’événement de Pelpass, et assure : « On renaitra de nos cendres. »

À Marckolsheim, un blocage d’écluse contre la réforme des retraites

À Marckolsheim, un blocage d’écluse contre la réforme des retraites

Une cinquantaine de grévistes des industries électriques et gazières ont bloqué la circulation des bateaux sur le Rhin près de 24 heures, du mardi 7 au mercredi 8 février, afin de protester contre la réforme des retraites et la disparition des régimes spéciaux.

Aucune péniche n’a pu passer l’écluse de Marckolsheim, située à 70 km au sud de Strasbourg, du mardi 7 février à 14h au mercredi 8 février à 10h. Une cinquantaine de grévistes, des salariés des industries électriques et gazières, ont bloqué la circulation fluviale pendant près de 24h.

Parmi eux, des ingénieurs en électromécanique, mais aussi des techniciens, des éclusiers ou encore des agents de maintenance. Tous ont en commun de travailler dans les centrales hydroélectriques du Rhin, des Ardennes et des Vosges. Ils en assurent la production et la sûreté. Des métiers dangereux, essentiels, et bien souvent usant physiquement.

Une cinquantaine de grévistes des industries électriques et gazières ont bloqué l’écluse de Marckolsheim les 7 et 8 février, pour protester contre la réforme des retraites / photo document remis.

« Partir à la retraite à 64 ans, alors qu’on meurt à 62 ans, ça n’est pas acceptable »

Philippe Charpentier est délégué syndical CGT pour EDF Hydro Est. Il était présent lors de l’action, et met en avant la lutte contre la disparition des régimes spéciaux :

« Le gouvernement souhaite supprimer le régime des industries électriques et gazières. Pour l’instant, avec la pénibilité maximum, des salariés du secteur peuvent partir à la retraite 5 ans plus tôt que prévu. Parmi nous, il y a des gens qui travaillent sur des poteaux toute la journée, dehors, dans le froid, dans le chaud, il y a des éclusiers qui font les 3X8, il y a des gens qui portent des charges lourdes. Partir à la retraite à 64 ans, alors qu’on meurt à 62 ans, ça n’est pas acceptable. »

Selon le syndicaliste, aujourd’hui en France, 4 000 personnes partent à la retraite dans les IEG (les industries électriques et gazières). « Je pense qu’une bonne moitié bénéficie de ce système d’anticipation de départ au titre de la pénibilité. On nous montre du doigt comme étant des privilégiés, mais on a le droit d’avoir une période de retraite où on est en bonne santé! », s’insurge le délégué syndical.

Un blocage symbolique et calme

En bloquant l’écluse de Marckolsheim, les grévistes savaient très bien que le message serait symbolique, et vite transmis à la préfecture, qui réagirait – elle aussi – vite. Selon Philippe Charpentier, dix bateaux attendaient sur place, et « probablement bien plus en amont et en aval ».

Mercredi matin, vers 10h, les forces de l’ordre sont intervenues sur les lieux. Les grévistes ont mis fin à leur blocage dans le calme.

Entre Strasbourg et la collectivité d’Alsace, pas de terrain d’entente sur le futur collège des Deux-Rives

Entre Strasbourg et la collectivité d’Alsace, pas de terrain d’entente sur le futur collège des Deux-Rives

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À Strasbourg, la solidarité s’organise après les séismes meurtriers en Turquie et en Syrie

À Strasbourg, la solidarité s’organise après les séismes meurtriers en Turquie et en Syrie

Plusieurs structures s’organisent pour tenter d’assister les victimes d’un séisme meurtrier ayant ravagé les régions à cheval entre la Turquie et la Syrie.

Dès l’aube, les premières images de la catastrophe circulent déjà sur les chaînes d’infos continues et sur les réseaux. Ce lundi 6 février, on apprend qu’un tremblement de terre de magnitude 7,8 a détruit dans la nuit la ville turque de Pazarcik, à 60 kilomètres à peine de la frontière syrienne. Une seconde secousse de magnitude 7,5 suivra en fin de matinée. Sur toute la zone, des deux côtés de la frontière, le séisme laisse dans son sillage des milliers de morts et des ruines. 

Village d’Emiroğlu situé dans le district de Pazarcik, près de l’épicentre du premier séisme, avant le tremblement de terre. Photo : Escubaro / Wikipédia / cc

À Strasbourg, les communautés turques, kurdes et syriennes, mais aussi les grandes structures nationales de solidarité, s’organisent en réaction à la catastrophe pour assister les victimes. Nous releyons ici plusieurs initiatives.

Envoi de vêtements et de biens de première nécessité

L’association Alsace-Syrie a mis en place une collecte de vêtements (neufs uniquement, la douane turque n’acceptant pas de dons usagés) et de nourritures pour aider les habitants des régions sinistrées. Leurs locaux sont ouverts toute la semaine de 9h à 20h pour réceptionner les dons en matériel de soins, les denrées alimentaires et les vêtements (voir les détails pratiques ici).

Collecte d’argent en soutien aux victimes

Les structures d’aides sollicitent également des dons financiers, les transferts d’argent étant plus commodes et plus rapides pour soutenir les victimes. Ainsi la Fondation de France annonce avoir immédiatement mobilisé 100 000 € pour financer l’assistance aux victimes et appelle aux dons, comme le Secours populaire qui envoie également 100 000 € de fond d’urgences. La Croix-Rouge se mobilise de manière similaire.

À la Meinau, le Centre culturel des Alévis organise également une grande collecte de dons à destination d’associations d’aides aux victimes turques. Sa permanence est ouverte de 18h à 20h tous les jours. Dans le quartier de la Laiterie, l’association Actions culturelles intercitoyennes (anciennement Association de solidarité avec les travailleurs turcs) a annoncé mettre en place une initiative similaire dans les jours qui suivent. Nous mettrons à jour cet article au fur et à mesure que des informations sur la solidarité pour les victimes du séisme parviendront à la rédaction.

Caroline, 48 ans : « On est maman, on est aidantes… puis en partant à la retraite, on n’est plus rien »

Caroline, 48 ans : « On est maman, on est aidantes… puis en partant à la retraite, on n’est plus rien »

« Les perdantes de la réforme » – Épisode 2. Moins bien payées que les hommes, plus souvent arrêtées pour des raisons familiales, surreprésentées dans les emplois à temps partiels… Les femmes ont tout à redouter de la réforme des retraites qui s’annonce. Témoignages.

Avenue de la liberté, les cortège s’additionnent en ce début d’après-midi, mardi 7 février. La troisième journée de mobilisation intersyndicale a fait descendre dans la rue près de 10 000 personnes à Strasbourg. La détermination des manifestantes ne faiblit pas. En marge du cortège, quelques unes discutent de la manière dont la réforme va les pénaliser. Elles évoquent les carrières hachées par les congés parentaux et ce nouveau système qui les obligera à travailler encore plus longtemps pour partir à taux plein. Elles discutent des temps partiels pris pour s’occuper des enfants parce que leur compagnon ne pouvait pas s’arrêter ou réduire son temps de travail. Elles estiment les conséquences de ces choix contraints sur le montant de leur pension. Témoigner ? « Non merci », répond la demi-douzaine de femmes interrogées. « De toute façon, je ne suis pas là pour moi, personnellement, mais pour soutenir les femmes de manière générale », glisse l’une d’elles.

« C’est très rare qu’une femme arrive à cotiser 43 années à taux plein »

Sur le côté du cortège elle aussi, Caroline Ferro, 48 ans, accepte d’évoquer sa situation. Au chômage, cette Brumathoise a choisi de s’arrêter pour aider sa sœur, victime d’un accident vasculaire cérébral il y a six ans. Avant, elle a cessé de travailler pendant plusieurs années pour élever ses enfants. Elle a ainsi délaissé un poste d’assistante de direction chez Intermarché pour devenir assistante maternelle.

Caroline Ferro, 48 ans : « Avec la réforme, je partirai à taux plein à 69 ans avec 1030 euros par mois. » Photo : Anne Mellier / Rue89 Strasbourg / cc

« Avec la réforme, je partirai à la retraite à 69 ans avec 1030 euros par mois, expose t-elle. Je ne pourrai jamais acheter des trimestres comme mon mari l’a fait récemment, en déboursant 4 000 euros. Je n’en ai pas les moyens. » « Cette réforme, pour nous les femmes, c’est pas possible, poursuit-elle. Il ne faut pas que ça passe. C’est très rare d’arriver à cotiser 43 années à taux plein. On est maman, on est aidantes… et puis au moment de partir à la retraite, on est plus rien. »

« On sent la contrainte d’être sur tous les fronts »

14h30. La manifestation s’élance dans les rues de la ville. Sage-femme à la clinique Sainte-Anne et déléguée syndicale Unsa, Claudia Martino insiste sur les effets délétères de la réforme. Le report de l’âge légal efface les avantages des trimestres obtenus lors des congés maternités : « Les femmes ont des carrières plus hachées, la réforme va compliquer leurs situations », ajoute-t-elle.

Claudia Martino, sage-femme à la clinique Sainte-Anne : « On se sentait déjà prises au piège dans le choix entre carrière et foyer. La réforme n’améliore pas les choses. » Photo : AM/Rue89 Strasbourg

À titre personnel, cette mère de famille de 45 ans se sent aussi concernée. « On se sentait déjà prises au piège dans le choix entre carrière et foyer. La réforme n’améliore pas les choses. Ce qui était rassurant pour moi, au moment de prendre mon congé parental, c’était de me dire que la maternité serait en partie compensée (avec le système des trimestre octroyés pour chaque enfant, NDLR). »

Claudia Martino poursuit en évoquant la pénibilité du domaine hospitalier, un milieu très féminin là où les métiers sont les plus pénibles, et les fins de carrière prématurées qu’elle observe autour d’elle, pour cause d’invalidité ou d’arrêt maladie longue durée : « Au final, ce sont encore les femmes qui trinquent dans un monde du travail que l’on sait déjà inégalitaire. On sent la contrainte d’être sur tous les fronts. »

« On a des charges qui nous pénalisent »

Les sonos et les banderoles poursuivent leur avancée en centre-ville, direction Homme de fer. Au micro de la CGT, on insiste aussi sur les inégalités homme-femmes existantes: « 40% des femmes partent déjà à la retraite avec une carrière incomplète. »

Richarde Clauss, membre du bureau du syndicat des professeurs des écoles SNUIpp-FSU67 : «  »Ma mère est née en 1948 et a pris sa retraite en 2003 à 55 ans. Moi, je suis née en 1973 et je devrai travailler neuf ans de plus pour avoir le droit de m’arrêter à 64 ans. » Photo : AM /Rue89 Strasbourg

Dans un petit groupe de chasubles blancs, Richarde Clauss, membre du bureau du syndicat des professeurs des écoles SNUIpp-FSU67, fait le constat suivant :

« Ma mère est née en 1948 et a pris sa retraite en 2003 à 55 ans. Moi, je suis née en 1973 et je devrai travailler neuf ans de plus pour avoir le droit de m’arrêter à 64 ans. En une génération, c’est énorme. C’est l’allongement de la durée de cotisation qui me pénalise.

Ce qui me chagrine le plus, en tant que femme, c’est que sur la dizaine d’années qui me reste à travailler, je vais devoir m’occuper de mes parents. Peut-être que mon fils aura des enfants… on a quand même des charges en plus de notre travail qui nous pénalisent, qui nous affectent. Des engagements que l’on tient… Je trouve ça encore plus pénalisant pour les femmes car on a nos famille à tenir. Et dans ce cadre, s’arrêter à 62 ou 64 ans ça fait une très grande différence. C’est un âge de la vie où l’on est actifs et où l’on peut aider les aînés. »

« L’épuisement, il est aussi dans la vie quotidienne et familiale »

Un peu plus loin dans le cortège, Julie Rocquin-Pruneta et Christelle Catala, enseignantes et représentantes SE-UNSA, évoquent aussi le poids de la vie familiale sur les carrières :

« C’est une injustice d’être impactées de la même manière (que les hommes, NDLR) sur l’allongement de l’âge de la retraite alors qu’au cours de notre carrière, nous sommes déjà pénalisées par les arrêts pour élever nos enfants. Et la fatigue, elle est aussi générée par toutes les charges qui sont assurées par les femmes au quotidien dans la famille. Elles existent de toute façon. Et elles pèsent sur le fait de travailler plus longtemps. »

Quatrième manifestation contre la réforme des retraites samedi 11 février

Quatrième manifestation contre la réforme des retraites samedi 11 février

Pour donner la possibilité de manifester aux personnes qui ne peuvent pas se mettre en grève en semaine, l’intersyndicale organise un cortège samedi 11 février à Strasbourg et dans d’autres villes alsaciennes.

L’intersyndicale contre la réforme des retraites, discutée depuis mardi 7 février à l’Assemblée nationale, cherche à mobiliser au-delà des publics qui ont déjà participé aux trois cortèges du 19 janvier, du 31 janvier et du 7 février. Une nouvelle manifestation aura lieu samedi 11 février à 11h. Le départ est prévu place Kléber à Strasbourg.

Mardi, l’intersyndicale avait réussi à mobiliser près de 10 000 personnes dans les rues du centre-ville, une performance rare à Strasbourg, mais c’était deux fois moins de manifestants que le mardi précédent. L’objectif de la manifestation de samedi est de permettre aux familles de participer au mouvement revendicatif contre la réforme des retraites, ainsi qu’aux salariés qui ne peuvent perdre une journée de paie, ou parce que leur situation professionnelle ne le permet pas.

Le mardi 19 janvier, la mobilisation avait été exceptionnelle mais les familles n’étaient pas présentes. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

Le parcours proposé à la préfecture du Bas-Rhin doit rejoindre la place du Corbeau en passant par la place Gutenberg puis revenir par le même chemin place Kléber. Ce tracé, en plein centre-ville un samedi (ce qui est rarement permis par la préfecture), pourrait être rallongé selon l’ampleur de la mobilisation car les syndicats ne sont pas en mesure de l’estimer. En outre, les services de police seront également mobilisés pour sécuriser une manifestation des Kurdes.

Perturbations dans les transports

Comme à chaque journée d’action, des perturbations sont à prévoir dans les transports en commun. Selon une estimation de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), les tramways circuleront tous mais avec un cadencement toutes les 10 à 12 minutes. Les lignes G, H, L1, L3 et L6 proposeront des cadencements de 10 à 17 minutes. La CTS a mis en ligne une page détaillée sur son trafic prévisible samedi.

Concernant la Compagnie des transports du Bas-Rhin (CTBR), les liaisons interurbaines 201, 209, 231, 233, 234, 235, 236, 257, 260, 262, 263, 270, 404, 405, 420, 903, 904, 905, 906, 907, 908, 909, 910, 911, 912 circuleront normalement samedi tandis que les lignes 203, 205, 210, 220, 230, 232 et 240 subiront des perturbations tout au long de la journée.