Interpellée par des associations, la maire de Schiltigheim Danielle Dambach a organisé une réunion publique mercredi 1er mars au sujet de l’installation d’une zone de maintenance des TER dans sa commune. Face à la colère des habitants, Thibaud Philipps, le vice-président du conseil régional a annoncé remettre en question le projet et vouloir attendre les études d’impact. Reportage.
Après plus de deux heures de réunion publique houleuse à la mairie de Schiltigheim mardi soir, au sujet de l’installation d’un pôle de maintenance des Trains express régionaux (TER) dans la commune, Thibaud Philipps (LR), vice-président de la Région Grand Est chargé des transports, déclare :
« Nous allons réévaluer les impacts pour les habitants. Si cela représente trop de contraintes, je ferai le nécessaire pour trouver un site alternatif qui représente moins de nuisances pour les riverains. »
Applaudissements de l’assemblée. La salle est saturée, de nombreuses personnes sont debout, faute de chaises disponibles. Consommation logement cadre de vie (CLCV 67), Mon train j’y tiens, la Cabane des créateurs… Le projet rencontre une ferme opposition de plusieurs associations locales.
De l’activité 24h/24
Censé répondre aux besoins du Réseau express métropolitain (Reme) – une nette augmentation du cadencement des TER autour de Strasbourg-, le pôle de maintenance doit accueillir un atelier, une machine à laver les trains ou encore une station service ferroviaire, avec une activité 24h/24, y compris le week-end. La SNCF estime que l’endroit le plus adapté pour accueillir ces équipements et permettre l’efficacité du réseau est une vaste zone à Schiltigheim, le long de la voie ferrée et rue de-Lattre-de-Tassigny.
Au début de l’événement, pendant une petite demie heure, des cadres de la Région et de la SNCF parviennent à présenter leur diaporama. « Vous pouvez aller plus vite ? C’est un fiasco votre truc », lance un homme, faisant référence aux suppressions et dysfonctionnements qui ont suivi le lancement du Reme en décembre. Très remonté, Deny Gass, de la CLCV, prend aussi la parole :
« C’est de l’enfumage. Nous voulons parler de ce qui va se passer pour nous. Le bruit la nuit, les moteurs qui tournent, les odeurs, l’éclairage permanent… »
« Vous êtes face à une opposition formidable »
Plusieurs personnes s’insurgent aussi de la nature de l’événement. « Vous décidez entre vous, et vous venez nous voir aujourd’hui, alors que le projet est déjà ficelé. Nous on peut juste choisir la couleur des portails », lance Raymond Ruck, du collectif Mon train j’y tiens, provoquant les acclamations des autres participants. Alors qu’un représentant de la SNCF tente de reprendre, Jean-Luc Delforge traverse la salle, saisit un micro et se tourne face au public :
« Je suis président du conseil syndical d’une copropriété rue de Sélestat, en lisière du projet. Aujourd’hui, j’entends les oiseaux chanter dans mon jardin. Il y a d’autres zones, par exemple à Cronenbourg, qui peuvent accueillir ce site et qui sont éloignées des habitations. »
Dans la foulée, un homme âgé sort une carte de Strasbourg en s’exclamant que le pôle maintenance pourrait aussi se faire à Reichstett. Quelques minutes plus tard, une femme se lève et souligne un manque d’information sur les nuisances sonores et visuelles concrètes ou les rejets d’effluents. La présentation a effectivement mentionné la nature de ces perturbations, mais pas leur intensité. « Ce soir, vous êtes face à une formidable opposition. Nous demandons à la Région qu’elle coopère avec les habitants, par l’intermédiaire des associations et des collectifs », considère Raymond Ruck.
« L’intérêt général doit primer »
C’est au bout d’une longue série d’interventions de ce type que Thibaud Philipps jette l’éponge. Il annonce que le conseil régional, maitre d’ouvrage du pôle maintenance, va réétudier le projet. Danielle Dambach (EELV), maire de Schiltigheim, se félicite de cette décision, qui a fait suite à la mobilisation des habitants :
« Nous n’avons pas tous les éléments, j’ai encore besoin de réponses, mais la Région va revenir devant nous avec des études nouvelles. »
Reste à savoir comment la SNCF envisagera les autres emplacements du pôle maintenance, avec ses contraintes financières et logistiques, notamment pour faire fonctionner le Reme. « C’est l’intérêt général qui doit primer, surtout que cette installation coutera des millions d’euros d’argent public. On doit peser les avantages et les inconvénients, mais les nuisances pour les riverains doivent réellement être prises en compte », expose un quinquagénaire au fond de la salle. Danielle Dambach clôt en promettant une nouvelle réunion publique, dés que des informations plus précises sur les nuisances associées à ce projet seront connues.