Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Face à la colère des riverains, la Région remet en question le pôle maintenance SNCF à Schiltigheim

Face à la colère des riverains, la Région remet en question le pôle maintenance SNCF à Schiltigheim

Interpellée par des associations, la maire de Schiltigheim Danielle Dambach a organisé une réunion publique mercredi 1er mars au sujet de l’installation d’une zone de maintenance des TER dans sa commune. Face à la colère des habitants, Thibaud Philipps, le vice-président du conseil régional a annoncé remettre en question le projet et vouloir attendre les études d’impact. Reportage.

Après plus de deux heures de réunion publique houleuse à la mairie de Schiltigheim mardi soir, au sujet de l’installation d’un pôle de maintenance des Trains express régionaux (TER) dans la commune, Thibaud Philipps (LR), vice-président de la Région Grand Est chargé des transports, déclare :

« Nous allons réévaluer les impacts pour les habitants. Si cela représente trop de contraintes, je ferai le nécessaire pour trouver un site alternatif qui représente moins de nuisances pour les riverains. »

Thibaud Philipps, vice-président de la Région Grand Est et maire d’Illkirch-Graffenstaden, a finalement indiqué que la Région allait étudier en profondeur les nuisances du projet. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Applaudissements de l’assemblée. La salle est saturée, de nombreuses personnes sont debout, faute de chaises disponibles. Consommation logement cadre de vie (CLCV 67), Mon train j’y tiens, la Cabane des créateurs… Le projet rencontre une ferme opposition de plusieurs associations locales.

De l’activité 24h/24

Censé répondre aux besoins du Réseau express métropolitain (Reme) – une nette augmentation du cadencement des TER autour de Strasbourg-, le pôle de maintenance doit accueillir un atelier, une machine à laver les trains ou encore une station service ferroviaire, avec une activité 24h/24, y compris le week-end. La SNCF estime que l’endroit le plus adapté pour accueillir ces équipements et permettre l’efficacité du réseau est une vaste zone à Schiltigheim, le long de la voie ferrée et rue de-Lattre-de-Tassigny.

La réunion publique a été organisée par Danielle Dambach, maire de Schiltigheim, après des interpellations de riverains. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Au début de l’événement, pendant une petite demie heure, des cadres de la Région et de la SNCF parviennent à présenter leur diaporama. « Vous pouvez aller plus vite ? C’est un fiasco votre truc », lance un homme, faisant référence aux suppressions et dysfonctionnements qui ont suivi le lancement du Reme en décembre. Très remonté, Deny Gass, de la CLCV, prend aussi la parole :

« C’est de l’enfumage. Nous voulons parler de ce qui va se passer pour nous. Le bruit la nuit, les moteurs qui tournent, les odeurs, l’éclairage permanent… »

« Vous êtes face à une opposition formidable »

Plusieurs personnes s’insurgent aussi de la nature de l’événement. « Vous décidez entre vous, et vous venez nous voir aujourd’hui, alors que le projet est déjà ficelé. Nous on peut juste choisir la couleur des portails », lance Raymond Ruck, du collectif Mon train j’y tiens, provoquant les acclamations des autres participants. Alors qu’un représentant de la SNCF tente de reprendre, Jean-Luc Delforge traverse la salle, saisit un micro et se tourne face au public :

« Je suis président du conseil syndical d’une copropriété rue de Sélestat, en lisière du projet. Aujourd’hui, j’entends les oiseaux chanter dans mon jardin. Il y a d’autres zones, par exemple à Cronenbourg, qui peuvent accueillir ce site et qui sont éloignées des habitations. »

Des habitants et membres de collectifs ou d’associations ont adressé une série d’interpellations à la SNCF et à la Région tout au long de la soirée. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Dans la foulée, un homme âgé sort une carte de Strasbourg en s’exclamant que le pôle maintenance pourrait aussi se faire à Reichstett. Quelques minutes plus tard, une femme se lève et souligne un manque d’information sur les nuisances sonores et visuelles concrètes ou les rejets d’effluents. La présentation a effectivement mentionné la nature de ces perturbations, mais pas leur intensité. « Ce soir, vous êtes face à une formidable opposition. Nous demandons à la Région qu’elle coopère avec les habitants, par l’intermédiaire des associations et des collectifs », considère Raymond Ruck.

« L’intérêt général doit primer »

C’est au bout d’une longue série d’interventions de ce type que Thibaud Philipps jette l’éponge. Il annonce que le conseil régional, maitre d’ouvrage du pôle maintenance, va réétudier le projet. Danielle Dambach (EELV), maire de Schiltigheim, se félicite de cette décision, qui a fait suite à la mobilisation des habitants :

« Nous n’avons pas tous les éléments, j’ai encore besoin de réponses, mais la Région va revenir devant nous avec des études nouvelles. »

La salle de l’Aquarium à la mairie de Schiltigheim était pleine pour l’occasion. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Reste à savoir comment la SNCF envisagera les autres emplacements du pôle maintenance, avec ses contraintes financières et logistiques, notamment pour faire fonctionner le Reme. « C’est l’intérêt général qui doit primer, surtout que cette installation coutera des millions d’euros d’argent public. On doit peser les avantages et les inconvénients, mais les nuisances pour les riverains doivent réellement être prises en compte », expose un quinquagénaire au fond de la salle. Danielle Dambach clôt en promettant une nouvelle réunion publique, dés que des informations plus précises sur les nuisances associées à ce projet seront connues.

« Je ne sais rien » : les élus d’Alsace centrale dans le flou sur le projet hôtelier d’Europa Vallée

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Pour éloigner les familles étrangères, la préfecture tente de les confiner à la campagne

Pour éloigner les familles étrangères, la préfecture tente de les confiner à la campagne

Alors que le projet de loi « Asile et immigration » a été présenté en conseil des ministres mercredi 2 février, la préfecture du Bas-Rhin délivre des OQTF assorties d’assignations à résidence dans le village de Bouxwiller, à 45 minutes en voiture de Strasbourg. Des restrictions de circulation parfois contestées par les familles devant le tribunal administratif, qui a déjà estimé pour l’une d’elle que l’État a agi dans la précipitation.

Des dizaines de familles sont à Strasbourg depuis plusieurs années et résident dans des hôtels d’hébergement d’urgence, orientées par le Service d’accueil et d’orientation, le 115. Ces familles, souvent en attente d’une décision quant à leur titre de séjour ou d’une audience pour contester un refus de régularisation ont pourtant reçu des obligations de quitter le territoire français (OQTF). Et dans le même temps, des assignations à résidence à Bouxwiller, un village du Bas-Rhin de 4 000 habitants, abritant un centre d’aide pour le retour.

Assignés, mais pas logés

C’est le cas d’Adana (le prénom a été modifié) par exemple. Originaire du Kosovo, elle est en France depuis sept ans avec son conjoint et leur fils de 17 ans, scolarisé à Strasbourg. Lorsque la famille a reçu une OQTF en décembre 2022, c’est à Bouxwiller qu’ils ont été assignés à résidence alors qu’ils étaient logés dans un hôtel de l’Eurométropole tandis qu’aucune proposition de logement ne leur a été faite dans le village.

Comme le 4 février, des personnes du collectif « Familles exilées, insérées, engagées pour les papiers » manifestent régulièrement place de la République pour demander des papiers pour toutes et tous. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

En raison de cette assignation à résidence, le père de famille s’est rendu trois fois à Bouxwiller pour émarger auprès de la gendarmerie, avec des proches. Cette contrainte peut être exigée jusqu’à quatre fois par jour en fonction des situations. Un trajet coûteux pour une famille sans ressource – au moins six euros, en bus, pour un aller simple entre Strasbourg et Bouxwiller.

Puis la famille prend peur, quitte l’hôtel d’hébergement d’urgence et cesse de se rendre à la gendarmerie. « Ils se cachent depuis et craignent d’être renvoyés dans leur pays alors que ça fait sept ans qu’ils se construisent une vie en France », confie un proche, dépité, à Rue89 Strasbourg. Se soustraire à une assignation à résidence est passible de trois ans d’emprisonnement.

Des assignations en lot

Avocate à Strasbourg, Claude Berry représente plusieurs familles dans cette situation. Selon elle, ces assignations à résidence, même loin du lieu de vie des personnes, ne sont pas nouvelles. Ce qui est nouveau en revanche, ce sont des décisions préfectorales prises le même jour, pour plusieurs familles en même temps, logées au même endroit.

Me Berry a obtenu l’annulation d’une assignation, parce que la préfecture n’avait pas suffisamment examiné la situation des personnes et avait agi dans la précipitation. Mais dans une autre affaire, les juges ont considéré que le « détournement de pouvoir » de la préfecture, l’obligation de quitter leur hôtel pour se rendre à Bouxwiller, n’était « pas caractérisé ».

« Ce ne sont pas les mêmes juges qui s’occupent de tous les dossiers » poursuit l’avocate qui constate qu’il n’y a pas de « vision d’ensemble » des magistrats administratifs sur ces dossiers. En outre, les demandes d’annulation de l’assignation à résidence s’accompagnent parfois d’une demande d’annulation d’OQTF, faisant varier les délais légaux d’examen des dossiers par la justice.

Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Selon une résidente de l’hôtel d’hébergement d’urgence géré par l’association Coallia à Geispolsheim, à deux reprises « avant les vacances » plusieurs familles logées au même endroit ont reçu, toutes en même temps, des OQTF et pour certaines des assignations à résidence à Bouxwiller. « On a l’impression que cet hôtel, c’est un piège : comme s’ils savaient où nous trouver pour nous renvoyer dans notre pays », théorise la demandeuse d’asile.

Un acharnement administratif sans effet concret

Malgré les OQTF, les assignations à résidence et les refus de titre de séjour, les familles « ne partiront jamais », estime Gabriel Cardoen, militant pour la liberté de circulation et d’installation. Il en suit certaines depuis plus de six mois :

« Ces familles sont arrivées en France il y a longtemps, ne parlent certes pas toutes un français parfait mais ont la ferme intention de ne jamais retourner dans leur pays d’origine où elles sont menacées malgré les difficultés administratives. »

Claude Berry avoue son incompréhension :

« Je ne sais pas quel est le but de la préfecture. Les décisions qu’elle prend ne sont jamais exécutées et [les demandes d’annulation] ajoutent une activité peu intéressante et chronophage au tribunal administratif ».

Certains de ses clients se rendent à la gendarmerie pendant le délai imparti (45 jours, renouvelable une fois), mais ne sont pas pour autant renvoyés dans leurs pays d’origine. D’autres prennent peur et se cachent, « sortent du circuit » pendant la durée de l’obligation.

Samedi 4 février, plusieurs femmes étrangères prises dans cet étau administratif depuis des années ont pris la parole lors d’une manifestation organisée à Strasbourg. « En France depuis quatre ans, je n’ai pas le droit de travailler » ont exposé ces mères de familles qui se maintiennent sur le territoire, déterminées à rester avec leurs enfants

Quant au centre d’aide pour le retour de Bouxwiller, il sonne comme une menace aux oreilles des demandeurs d’asile à Strasbourg. « Je suis en contact avec un couple qui a accepté d’y aller et qui ne semble pas recevoir de pression pour rentrer dans leur pays », nuance Gabriel Cardoen. En revanche, les familles refusent d’y séjourner car elles « ne peuvent pas scolariser leurs enfants à l’école, » selon le militant.

À Schiltigheim, une réunion publique sur le Réseau express métropolitain mercredi 1er mars

À Schiltigheim, une réunion publique sur le Réseau express métropolitain mercredi 1er mars

La Région Grand Est, l’Eurométropole et la SNCF prévoient de s’expliquer sur le déploiement chaotique du Réseau express métropolitain européen (Reme), lors d’une réunion publique mercredi 1er mars à Schiltigheim.

Plus de deux mois après le lancement rocambolesque du Réseau express métropolitain européen (Reme), ses principaux instigateurs vont à la rencontre du public. Thibaud Philipps, vice-président Transports de la Région Grand Est, sera présent avec des représentants de l’Eurométropole et de la SNCF à une réunion publique avec la maire de Schiltigheim, Danielle Dambach (EE-LV) mercredi 1er mars à 18h30 à la mairie de Schiltigheim.

L’objectif de la réunion est d’évoquer les conséquences du Reme sur la gare de Schiltigheim – Bischheim et son impact sur le territoire communal. Mais compte-tenu du déploiement catastrophique du Reme en décembre 2022, et de son fonctionnement à 50% des promesses initiales, les questions risquent de dépasser ce cadre…

Financé par l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) et la Région Grand Est, le Reme devait ajouter 800 trains par semaine et de nouveaux cars express à l’offre de transports en commun reliant Strasbourg aux autres villes du Bas-Rhin. Mais un mois après son lancement, à peine plus de la moitié des nouveaux trains annoncés étaient en fonctionnement. Un échec qui a poussé la Région à prendre en charge 50% de l’abonnement des usagers du TER Grand Est jusqu’en avril 2023 ; pour les usagers ponctuels, plus de 1 500 000 billets à prix cassés ont été mis en vente, également jusqu’en avril.

La gare de Strasbourg est trop petite pour accueillir la cadence des trains du REME selon la CGT. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg / cc

Le fonctionnement optimal du Reme prévu pour août

Le nombre de trains du Reme — dont 40% des dépenses de fonctionnement seront assurées par l’Eurométropole — devrait progressivement augmenter pour atteindre sa cadence promise en août. Lors d’une conférence de presse le 17 janvier, Thibaud Philipps faisait amende honorable :

« Je m’excuse que le Reme n’ait pas fonctionné comme il aurait dû. Maintenant, je veux que les choses soient fiables et progressives. Nous ne pouvons plus faire des annonces que nous ne sommes pas capables de tenir. »

Fermeture d’une unité de l’Inserm après une affaire de violences sexistes et sexuelles

Fermeture d’une unité de l’Inserm après une affaire de violences sexistes et sexuelles

L’unité Inserm U1113 – Irfac, spécialisée en cancérologie et basée au centre hospitalier de Hautepierre, fermera en décembre 2023. En cause : des accusations de violences sexistes et sexuelles à l’encontre du directeur de recherches, qui devait prendre la tête de l’unité.

L’affaire éclate en juin 2022. Une doctorante membre de l’unité Inserm U1113 – Irfac spécialisée en cancérologie, accuse son directeur de recherches de violences sexistes et sexuelles. Les deux tutelles de ce laboratoire . . .

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La Collectivité d’Alsace bloque deux projets d’insertion « Territoire zéro chômeur de longue durée » à Strasbourg

La Collectivité d’Alsace bloque deux projets d’insertion « Territoire zéro chômeur de longue durée » à Strasbourg

Les atermoiements de la Collectivité européenne d’Alsace mettent à l’arrêt deux projets d’expérimentation pour l’emploi « Territoire zéro chômeur de longue durée ». Encore frileux sur le cadre des expérimentations, Frédéric Bierry temporise.

« Zéro chômage de longue durée ! Un objectif impossible ? » Inscrite sur une vieille affiche jaunie, la question reste sans réponse. Sept ans plus tôt, le prospectus annonçait avec entrain un débat sur le sujet au Foyer de l’Étudiant et réunissait, Frédéric Bierry, président . . .

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« Françoise d’Eaubonne, une épopée écoféministe » sur France 3, un destin de femme hors norme

« Françoise d’Eaubonne, une épopée écoféministe » sur France 3, un destin de femme hors norme

Jeudi 2 mars sur France 3, Manon Aubel sort de l’ombre l’écrivaine et activiste Françoise d’Eaubonne. Née en 1920, elle a créé le concept d’écoféminisme, lutté contre le nucléaire, soutenu le combat des homosexuels… Un destin hors-norme enthousiasmant et méconnu.

Françoise d’Eaubonne (1920-2005) a mené un destin extraordinaire: autrice d’une cinquantaine de livres, elle est cofondatrice du Mouvement de libération des femmes (MLF) en 1968, et du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) en 1971. Elle est de tous les combats féministes, écologiques, libertaires, et malgré cela, elle demeure inconnue.

La réalisatrice Manon Aubel fait un travail salvateur en mettant en lumière cette personnalité qui a tout remis en question. Mère de deux enfants, elle déclare : « J’ai été un très bon père » car elle a choisi son indépendance et son travail. Dans son essai Le féminisme ou la mort, paru en 1974, elle dénonce la violence du patriarcat sur les femmes, les gays, la Terre et crée le concept d’écoféminisme : un humanisme dont l’objectif est la « gestion égalitaire d’un monde à renaître ». Idée qu’elle met en scène dans un roman, Les Bergères de l’apocalypse, qu’elle qualifie de « roman de science-fiction post-patriarcal ». En 1975, elle participe aux nombreuses manifestations anti-nucléaires en Alsace et à un attentat sur le chantier de la centrale de Fessenheim. Il s’agit, selon elle, de « visibiliser la violence de l’État et du capitalisme ».

Françoise d’Eaubonne dans les années 1970 Photo : document remis

Face à cette effervescence d’idées et d’actions, Manon Aubel livre un documentaire à l’image de Françoise d’Eaubonne : extrêmement riche car les archives sont foisonnantes et féministe, notamment grâce aux témoignages de son fils Vincent, de son petit-fils l’écrivain et réalisateur David Dufresne et au dialogue entre trois femmes passionnées par l’écrivaine : l’éditrice Isabelle Cambourakis, sa biographe Élise Thiébaut et l’historienne Caroline Goldblum.

La journaliste et vidéaste Manon Aubel, à Strasbourg le 23 février. Photo : MC / Rue89 Strasbourg / cc

Rue89 Strasbourg : Comment avez-vous découvert Françoise d’Eaubonne ?

Manon Aubel : En faisant un reportage chez son fils, Vincent d’Eaubonne, je tombe sur les livres de Françoise dans sa bibliothèque et je suis interpellée par les titres comme Le féminisme ou la mort. On est en plein contexte #Metoo et je suis en train de lire Sorcières de Mona Chollet donc forcément je suis intriguée par cette féministe que je ne connais pas. Il se trouve que Caroline Goldblum venait de sortir son livre Françoise d’Eaubonne et l’écoféminisme. Je le dévore et je fais des recherches : je me rends compte qu’il n’existe aucun documentaire sur elle. Dans le même temps, je me rends à Bure, en Meuse, auprès des opposants au centre d’enfouissement des déchets nucléaires et je participe pour la première fois à des réunions en non-mixité, cette force du collectif m’a énormément inspirée.

Qu’est-ce que qui vous plait le plus chez elle ?

Plein de choses ! Je suis impressionnée par le côté foisonnant de sa création, le fait qu’elle soit pionnière sur les questions de genre, mais aussi l’écrivaine de science-fiction, j’adore sa poésie… Elle est très libre et fertile, totalement fascinante ! Elle a questionné la maternité de façon très intéressante. Elle a des enfants mais choisi de les faire élever par d’autres membres de sa famille. Pour elle c’est une responsabilité collective. C’est difficile de créer et d’être mère. Comment fait-on pour travailler, gagner sa vie ? Moi même devant concilier ces contraintes, le mouvement féministe actuel m’a beaucoup aidé pour porter ce film, je me suis sentie soutenue. J’ai l’impression d’apporter une petite pierre à une construction collective intense, à un matrimoine. Nous avons besoin de modèles de femmes, diversifiés. Françoise d’Eaubonne a elle-même écrit beaucoup de biographies sur des femmes, dans cette idée de transmission. Son parcours est extrêmement inspirant. Je crois que ce qui me touche le plus, c’est son courage.

Pourquoi la connaît-on si mal ?

Parce qu’on vit dans le capitalisme patriarcal et que jusqu’à présent on n’a pas accordé aux femmes la place qu’elles méritent ! De plus, ses idées, qui dérangent toujours, dérangeaient encore plus à l’époque… Je suis tombée sur tant d’archives géniales qui n’ont jamais été montrées ! J’ai tenu à faire dialoguer ensemble des intellectuelles qui ne sont pas assez entendues non plus. Caroline Glodblum, Isabelle Cambourakis et Elise Thiébaut ne se connaissaient pas et leur rencontre a été très riche. David Dufresne a pris la parole pour la première fois publiquement sur sa grand-mère, Alain Lezongar, le fils adoptif de Françoise a retrouvé Vincent, etc.

Comment avez-vous rencontré la société de production strasbourgeoise Sancho & Compagnie pour monter le projet ?

J’ai fait une résidence d’écriture à Nantes et c’est quelqu’un sur place qui m’a donné le contact de plusieurs boîtes de production. Laurent Dené, producteur de Sancho & Compagnie, a tout de suite été partant, d’autant plus qu’il connaissait quelqu’un relié à Françoise. Il a l’habitude d’accompagner des premiers films, ce qui m’a rassurée.

Avez-vous eu des difficultés pour contacter des sources ou avoir recours aux archives ?

Les seules archives auxquelles je n’ai pas eu accès sont celles de la police, j’étais très intéressée par ce que les Renseignements généraux pouvaient savoir sur elle, mais ça n’a pas été possible. Je me suis appuyée sur le travail de Caroline Goldblum sur cet aspect. La fille de Françoise n’a pas souhaité témoigné directement, j’ai échangé par mail et par téléphone, mais elle a préféré garder ses distances, ce que je respecte. Le fait d’avoir eu le témoignage de David Dufresne, son fils, la relie quand même à Françoise.

Caroline Goldblum, Elise Thiébaut et Isabelle Cambourakis à l’Institut Mémoire de l’Edition contemporaine Photo : Doc. remis

À part cela, la documentation sur Françoise est incroyable, elle a légué ses archives à l’Institut mémoire de l’édition contemporaine (Imec). Bien sûr, c’est très réglementé et il a fallu âprement négocier pour créer la scène où les trois chercheuses donnent l’impression de fouiller librement dans les archives. Elles sortent des photos et des écrits de tout un tas de boîtes, qui représentent bien le personnage de Françoise qui a brassé tellement de domaines.

Y a-t-il des questions que vous continuez à vous poser sur Françoise d’Eaubonne ?

Je n’ai pas encore exploré le terrain de la spiritualité. Je sais que c’est une question qui lui importait, elle a quand même écrit l‘Évangile selon Véronique ! Dans son rapport à l’écriture aussi : quand on écrit, on entre dans une sorte de transe… Dans les mouvements écoféministes d’aujourd’hui, on interroge beaucoup les croyances et ce en quoi on peut croire pour construire un avenir souhaitable.

Où et comment jouer aux échecs à Strasbourg

Où et comment jouer aux échecs à Strasbourg

Strasbourg est l’un des berceaux des échecs en France, avec un club régulièrement primé qui compte près de 500 membres et propose des rendez-vous réguliers.

Avec 498 joueurs et joueuses, le Cercle d’échecs de Strasbourg est le deuxième plus grand club de France après Châlons-en-Champagne. Il est l’héritier d’une tradition des échecs bien implantée dans la ville, qui a hébergé le premier open international d’ampleur avec 15 nations représentées au début des années 70. Le club lui-même aurait une centaine d’années : de nouvelles archives attestent de son existence dans la ville dès 1924. À partir des années 50, le club concourt à la Coupe de France et a obtenu à ce jour 15 victoires sur 25 finales jouées, selon Daniel Roos, maître International et enseignant d’échecs au sein du club.

Daniel Roos est le fils de Michel Roos, champion de France d’échecs en 1964 et de Jacqueline Roos, grande maîtresse internationale d’échecs par correspondance. Ses deux frères, Jean-Luc, Louis et sa soeur Céline sont également maîtres internationaux et tous sont passés par le club, qui compte en outre parmi ses adhérents Jean-Claude Letzelter, trois fois champion de France d’échecs.

Les locaux du Cercle d’échecs se trouvent au 7 rue des Glacières, près de la Petite-France et sont ouverts aux débutants et aux joueurs confirmés les mardis, mercredis et vendredis en fonction des groupes de niveau, tandis que les samedis sont réservés aux tournois. La licence adulte coûte 47 euros, celle pour les jeunes de 13 à 24 euros.

Une dizaine de « Simultanées » par an

Le Cercle organise une dizaine de fois par an les « Simultanées », des compétitions qui opposent un maître international, généralement Jean-Luc Roos, à une douzaine de joueurs placés en cercle autour de lui. Le maître international affronte alors les amateurs, formés aux échecs ou simples passants, en continu pendant toute l’après-midi… et gagne la plupart du temps. Ces « Simultanées » se déroulent place d’Austerlitz ou quai des Bateliers les week-ends d’avril à juin, puis en septembre.

Un festival en été

Mi-juillet, le Cercle organise au pavillon Joséphine du parc de l’Orangerie le « Festival d’été de Strasbourg » depuis 2010. Durant trois jours, des amateurs de clubs français et internationaux viennent se défier dans trois tournois selon leur classement pour un premier prix de 1 000€.

Le Festival d’été d’échecs au pavillon Joséphine. Photo : Daniel Roos

En outre, le Cercle participe aux dispositifs proposés aux familles pendant les vacances scolaires, comme la caravane « Passion sports » qui s’installe dans les parcs de Strasbourg. Les parcs de l’Orangerie et de la Citadelle proposent des tables publiques avec des échiquiers dessus.

Dispositif « passion sport » parc de l’Orangerie Photo : Daniel Roos

« Avant, le monde des échecs, c’était dans les cafés »

Daniel Roos

À Strasbourg, quelques bars accueillent les joueurs et les joueuses d’échecs :

    La Taverne Française (av de la Marseillaise dans la Neustadt) accueille un groupe d’échecs qui se réunit souvent les jeudis soirs pour des tournois et le reste de la semaine de manière informelle. La Perestroïka (rue Thiergarten à la Gare), des joueurs d’échecs s’y rejoignent autour d’un verre les mardi soirs à partir de 18h, et se mettent à jouer vers 20h30.

Les bars à jeux (la Barakajeux, le Philibar, le Schluck n’Spiel, les Tricheurs) disposent aussi de plateaux d’échecs.

Pour les étudiants, le Crous organise quelques tournois au cours de l’année en partenariat avec le Cercle d’échecs et ouverts aux débutants. Les étudiants peuvent également s’initier ou pratiquer au sein du Service universitaire des activités physiques et sportives (Suaps) avec des entraînements les mardis de 18h à 20h (Inscriptions sur le site du Suaps).

« Goutte d’or », un film noir et mystique de Clément Cogitore

« Goutte d’or », un film noir et mystique de Clément Cogitore

Pour son deuxième long-métrage de fiction, le réalisateur alsacien Clément Cogitore filme le quartier de la Goutte d’or à Paris, à travers le chemin de croix du solitaire Ramsès, médium de haute voltige, en proie aux rivalités des autres marabouts et à ses propres angoisses. L’artiste, fasciné par l’irrationnel, tente l’expérience de l’au-delà, un pari risqué.

La bande annonce de Goutte d’or

Ramsès, interprété par Karim Leklou (Le monde est à toi, Bac Nord et Pour la France), fait commerce de la peine de ceux qui ont perdu un proche : médium moderne, il surfe vers l’au-delà via internet et s’attire les foudres vengeresses de ses nombreux concurrents du quartier de la Goutte d’Or à Paris.

Son petit trafic commence à dérailler quand une bande d’enfants sauvages débarquant des rues de Tanger s’immiscent dans son appartement et que, lui-même, est en proie à une vision. Comme dans son premier long métrage, Ni le ciel ni la terre en 2015, où des soldats français disparaissaient mystérieusement en Afghanistan, Clément Cogitore mêle une réalité crue et violente, documentée et magistralement mise en scène, à un élément mystique qui fait basculer son personnage. Rencontre avec le jeune cinéaste alsacien et son principal comédien.

Clément Cogitore et Karim Leklou à Strasbourg le 21 février Photo : Pascal Bastien / Divergence

Rue89 Strasbourg: Récurrent dans votre travail, l’irrationnel vient perturber la réalité de vos récits. D’où vient votre intérêt pour le mystique ?

Clément Cogitore: (Moue dubitative) Je ne sais pas ! (Silence)

Karim Leklou : (Rires) Il va mieux répondre à la deuxième question!

Clément Cogitore: La croyance fait partie intégrante de l’expérience humaine. J’en ai besoin. Je trouve que l’irrationnel est trop vite évacué de nos vies mais il résiste : certaines énigmes demeurent. Mais d’où vient mon intérêt, vraiment je ne sais pas…

Karim Leklou: Tu veux rester mystérieux en fait…

Comment est arrivée cette idée que Ramsès, qui dit rentrer en contact avec les morts, ait une vision qui le mène jusqu’à retrouver un corps, ce qui va faire basculer l’histoire ?

Clément Cogitore: Le marabout joué par Karim joue avec l’irrationnel mais lui est plein de certitudes, c’est un bloc de maîtrise et de contrôle, notamment parce que le mysticisme de son père l’effraie. Il veut s’en éloigner. Je voulais qu’il soit secoué par un phénomène irrationnel et que cela endommage son système. Je voulais voir ce que cela dérègle chez lui, quel nouveau rythme cela donne à sa vie et donc au film. C’est un miracle et une malédiction. Pour moi, tout le monde est à la fois rationnel et mystique.

Clément Cogitore : « Tout le monde est à la fois rationnel et mystique. » Photo : Pascal Bastien / Divergence

Dans quel état voulez-vous mettre le spectateur?

Clément Cogitore: J’aime bien que les films en général nous placent dans un état d’inconfort, qu’on ne sache pas sur quel pied danser. Comme Ramsès, à la fin du film, on se demande ce qu’il vient de se passer : est-ce que ça finit bien ou mal ? Comme lorsque nous traversons un choc dans la vie, nous ne savons pas s’il nous a construit ou abimé. Cet endroit instable me passionne. Ce n’est ni facile à faire, ni facile à vendre, mais c’est ce que j’ai ressenti à la fin du montage : j’étais dérangé. Je n’ai pas envie non plus d’essayer de convaincre de quoique ce soit, je voudrais que le spectateur vive une expérience. J’ai envie que le film continue de nous hanter, qu’il nous réveille un peu la nuit.

Comment vous êtes-vous rencontrés tous les deux ?

Karim Leklou: Par la directrice de casting Tatiana Vialle, elle m’a demandé de faire une improvisation, chose que je n’avais jamais faite en casting, autour d’une photo et d’un être perdu. Puis j’ai passé des essais avec Clément et ensuite, j’ai accédé au scénario, qui m’a fortement marqué.

Est-ce qu’il vous a déstabilisé ?

J’étais absolument émerveillé d’avoir un tel objet scénaristique entre les mains : profond, puissant, avec une galerie de caractères dingues ! Ramsès était un personnage incroyable à défendre. Et puis, je connaissais le travail de Clément et sa façon de mettre en scène.

Karim Leklou : « Le personnage de Ramsès s’est construit pendant des mois  » Photo : Pascal Bastien / Divergence

Est-ce que vous avez « trouvé » Ramsès dès la lecture du scénario ? Comment avez-vous travaillé la cohérence de personnage qui tient tout le film ?

Karim Leklou : C’est un personnage qui s’est construit pendant un mois de répétition, avec l’ensemble des acteurs. On a travaillé sur cette idée de transmission avec le père (interprété par Ahmed Benaïssa), avec en même temps cette peur de tomber dans ses travers. Il fallait trouver la faille affective du personnage. C’était aussi un plaisir immense de travailler avec Cécile Rodolakis, qui est une des meilleures scriptes de France. Elle est aussi garante de cette cohérence.

Si je vous dis que j’ai trouvé votre interprétation christique ?

Karim Leklou : (Il se tourne vers Clément Cogitore) Pourquoi pas ? Je pense que Clément a voulu aller à l’universel, intégrer toutes les croyances et il fallait un personnage qui puisse incarner cela.

Réunion sur le futur de la Maison Mimir mardi 28 février

Réunion sur le futur de la Maison Mimir mardi 28 février

Une réunion d’information et de soutien à la Maison Mimir est prévue mardi 28 février à Strasbourg. L’association en charge de l’espace autogéré en grande partie incendié début février présentera les pistes pour le futur du projet solidaire et festif.

La Maison Mimir invite ses sympathisants et le public général à une réunion mardi 28 février à 19h au centre Ithaque, 12 rue Kuhn dans le quartier Gare. Après l’incendie qui a détruit la bâtisse alsacienne du XVIe siècle qu’occupait l’association le 9 février, une plainte a été déposée afin de suivre l’enquête de police et les Mimiriens espèrent rester à rue Prechter, puisqu’une partie des espaces sont restés intacts.

La réunion aura pour but dans un premier temps d’informer « Mimiriens et Mimirophiles » de la situation de l’association et des activités depuis l’incendie, et d’examiner les suites de la plainte déposée pour « destruction involontaire du bien d’autrui, dû à la violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence ».

La maison Mimir a été entièrement détruite par un incendie au matin du 9 février (doc remis)Photo : Document remis

Il s’agira également de discuter de la possibilité ou non de rester dans les anciens bâtiments. Une décision qui pose selon Guillaume Libsig, adjoint à la maire en charge de la vie associative, « des questions techniques, de sécurité et de police du bâtiment. » Certaines pistes évoquent un déménagement des activités à Koenigshoffen, où la Ville a ouvert un espace de solidarité (La T’Rêve) mais une partie des Mimiriens y sont opposés, évoquant des proximités nécessaires avec les douches publiques des Bains municipaux et le foyer d’accueil rue Fritz-Kiener.

Avec Marie-Thérèse Freno, Strasbourgeoise engagée pour les ouvriers

Avec Marie-Thérèse Freno, Strasbourgeoise engagée pour les ouvriers

« Les Strasbourgeoises et Strasbourgeois engagés », un podcast de Rue89 Strasbourg. Dans cette série de portraits sonores, des militants racontent leur engagement, leur parcours. Onzième épisode avec Marie-Thérèse Freno, militante syndicale et Gilet jaune.

Du cœur industriel de la Moselle aux manifestations des Gilets jaunes à Strasbourg, Marie-Thérèse Freno aura traversé près d’un demi-siècle de mobilisations sociales le poing levé. Trop jeune pour avoir participé aux événements de mai 1968, elle commence à travailler dans les années 70 alors que les conflits sociaux agitent toujours les hauts-fourneaux de la vallée de la Fensch.

Au cours de l’un d’eux, elle fait la rencontre de militants syndicaux et adhère à la CGT. Quelques mois plus tard, âgée de seulement 17 ans, elle crée une section syndicale dans son entreprise et porte les revendications de la cinquantaine d’ouvrières du site. Au tournant des années 80, les grandes industries mosellanes commencent à fermer et la militante s’installe en Alsace. Tout juste embauchée à la brasserie Fischer, elle se fait remarquer en portant des revendications salariales et devient représentante du personnel. À ce poste, elle croisera le fer avec le géant Heineken jusqu’à la fermeture du site en 2009.

Marie-Thérèse Freno lors de la manifestation contre la réforme des retraites, le 7 février 2023 à Strasbourg. Photo : AL / Rue89 Strasbourg / cc

Licenciée, Marie-Thérèse Freno enchaîne les petits boulots quand éclate la révolte des Gilets jaunes. Cette infatigable de la lutte y trouve un second souffle au sein du « QG Strasbourg République ». « Ça reflétait un peu ce que j’avais connu dans mes entreprises. » Elle manifeste, prend la parole, scande les slogans. Toujours active avec ceux qu’elle considère comme une famille, Marie-Thérèse continue le combat :

« Je n’ai pas envie de m’arrêter maintenant, à 65 ans. Même si je suis à la retraite, j’ai des enfants qui sont encore jeunes et des petits-enfants. Je n’ai pas envie qu’ils aient toute cette merde qu’on a sur le dos. »

Marie-Thérès Freno, militante syndicale et gilet jaune. Photo : AL / Rue89 Strasbourg

Grève des mandataires judiciaires indépendants contre « l’inaction » et « le désintérêt » de l’État

Grève des mandataires judiciaires indépendants contre « l’inaction » et « le désintérêt » de l’État

La Fédération Alsace des mandataires judiciaires indépendants à la protection des majeurs appelle à une grève ce jeudi 23 février. Intervenant en soutien de personnes vulnérables, ils demandent une revalorisation de leurs commissions.

« Pas d’appel, pas de visite, pas d’audition ». Le mot d’ordre de la Fédération nationale des mandataires judiciaires indépendants à la protection des majeurs (MJIPM) est suivi en Alsace comme ailleurs ce jeudi 23 février. Dans un communiqué, les mandataires alsaciens mobilisés annoncent vouloir afficher « l’inaction de l’État, qui témoigne d’un désintérêt de [leur] travail » par la tenue d’une journée de grève.

Profession méconnue du système judiciaire, les MJIPM font office de curateurs, à la place d’un membre de la famille, pour des personnes majeures placées sous une mesure de protection juridique, en raison de leur condition physique ou mentale. Pour eux, les MJIPM remplissent un rôle d’aidant, en faisant de l’accompagnement social, financier ou juridique.

La FMJI Alsace dénonce également l’absence de concertation avec les services de l’État sur leurs pratiques. (Photo GK / Rue89 Strasbourg / cc)Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg

« Quelle profession accepterait cela ? »

Parmi ses revendications, le mouvement insiste particulièrement sur le gel des rémunérations des MJIPM, établie sur la base du salaire minimum de 2014 tandis que leur temps de travail croît en raison « du désengagement des services sociaux et médico-sociaux » ou des « aléas » entourant le versement de leurs émoluments. La présidente de FMJI Alsace, Julie Picard, explique :

« Les conventions de financement ne cessent de vouloir imposer aux MJPMI des clauses conditionnant le versement de notre rémunération à l’octroi de subventions étatiques, c’est-à-dire qu’en l’absence de subventions de l’État, ne nous sommes pas payé même si le travail a été effectué. Quelle profession accepterait cela ? »

En plus de leur mobilisation, la fédération a écrit aux députés et sénateurs alsaciens, espérant les alerter sur leurs conditions de travail.

Le tribunal administratif valide les autorisations délivrées par l’État pour le GCO

Le tribunal administratif valide les autorisations délivrées par l’État pour le GCO

Dans ses décisions rendues ce jeudi 23 février, les juges considèrent que la préfecture du Bas-Rhin a régularisé les textes autorisant le Grand contournement ouest (GCO). L’association Alsace Nature, qui demandait la « déconstruction du GCO », est déboutée.

Le Grand contournement ouest (GCO) ne sera pas déconstruit, afin d’y réinstaller les champs et les forêts qui existaient en lieu et place de ces 24 km d’autoroute avant 2020. Le tribunal administratif de Strasbourg valide, ce jeudi 23 février, les autorisations accordées pour construire le GCO, considérant que les vices relevés par l’association Alsace Nature ont été régularisés par la préfecture du Bas-Rhin.

Il lui aura fallu du temps. En juillet 2021, ces autorisations environnementales avaient été considérées comme insuffisantes par le tribunal administratif. Constatant que les travaux de construction du GCO avaient déjà commencé, les juges avaient cependant reporté leur décision, en enjoignant Vinci, la Sanef et la préfecture du Bas-Rhin à se mettre en conformité avant mai 2022.

En juin 2022, près de 7 000 camions circulaient tous les jours sur le GCO. (photo JFG / Rue89 Strasbourg) Photo : Jean-François Gérard / Rue89 Strasbourg

Le tribunal avait notamment estimé que « l’étude d’impact et les dossiers de demande de dérogation à l’interdiction de destruction des espèces protégées et de leurs habitats étaient entachés d’insuffisances. Il avait en outre relevé des manquements concernant des mesures d’évitement et de réduction des atteintes à l’environnement », selon un communiqué.

Finalement, le délai accordé par le tribunal a été de facto étendu jusqu’à l’été 2022. Des arrêtés complémentaires ont été pris la préfecture du Bas-Rhin en juillet après de nouveaux éléments produits par la Sanef et Vinci. Lors d’une audience en janvier 2023, la rapporteure publique avait fait le constat des régularisations demandées et elle avait recommandé au tribunal de débouter l’association Alsace Nature (voir notre article).

Intérêt public majeur reconnu

Dans un communiqué, le tribunal administratif considère que « l’étude d’impact est désormais suffisante » et que « les mesures destinées à compenser les atteintes à l’environnement ont été suffisamment renforcées ». Il accorde en outre « l’intérêt public majeur » au GCO et notamment dans un « objectif de santé publique. »

À noter que, bien qu’Alsace Nature ait été déboutée de ses demandes, le tribunal a accordé dans ses trois décisions des indemnités de 2 000€ à l’association, reconnaissant par là son rôle de vigie environnementale et citoyenne « à l’origine des régularisations ». L’association étudie la possibilité de faire appel et a réagi aux décisions dans un communiqué :

« Le passage en force de l’Etat et la lenteur de la justice administrative ont conduit, quoi qu’on en dise, à un déni de justice indigne d’un État de droit. La non suspension des travaux en septembre 2018 “à titre exceptionnel”, ainsi que le jugement qui intervient ce jeudi alors que le GCO est en service depuis plus d’un an, illustrent parfaitement ce constat. »

Me François Zind, l’avocat d’Alsace Nature, rappelle en outre qu’il s’agira d’être vigilant quant à la réalité des mesures compensatoires obtenues :

« Nous savons déjà que certaines d’entre elles ne sont toujours pas effectives alors qu’elles auraient dû l’être avant le démarrage des travaux. Les aménageurs ont tendance à se désintéresser des mesures compensatoires une fois l’autorisation accordée… »

Inadaptation de la justice aux enjeux climatiques

Mais l’avocat engagé dénonce surtout « l’inadaptation de la justice au regard des enjeux climatiques et de pertes de biodiversité » :

« La décision intervient après la commission des dommages écologiques et tente de justifier a posteriori ce qu’elle devait analyser avant. En outre, le principe constitutionnel de la participation du public aux aménagements d’intérêts publics n’a pas été respecté : l’avis des experts du Conseil national de protection de la nature (CNPN), de la Commission locale de l’eau, de l’Autorité environnementale, et des trois commissions d’enquêtes publiques ont été purement et simplement niés. »

De son côté, le collectif GCO – Non merci conteste toujours l’utilité publique de cette autoroute, en rappelant qu’à peine « 3% du trafic routier sur la M35 » s’est reporté sur le GCO et qu’aucune amélioration significative de la qualité de l’air à Strasbourg n’avait pu être détectée (voir notre article). Le collectif appelle à un rassemblement public ce jeudi soir.

Enquête préliminaire pour agression sexuelle à la Région Grand Est : « Ce silence est abject »

Enquête préliminaire pour agression sexuelle à la Région Grand Est : « Ce silence est abject »

L’ouverture d’une enquête pour agression sexuelle ciblant le conseiller régional Christian Debève plonge le Conseil régional du Grand Est dans un malaise profond. Au sein de la majorité, le silence est requis.

« Potache », « lourd », « pas subtil ». Derrière une cascade d’euphémismes, les propos évasifs d’élus se ressemblent, lorsqu’il s’agit de décrire l’attitude de Christian Debève (UDI). Le conseiller régional est soupçonné de s’être introduit au domicile d’une collègue et de l’avoir agressée sexuellement. Une enquête . . .

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Des salariés de Castorama campent dans le magasin de Lampertheim pour réclamer une hausse des salaires

Des salariés de Castorama campent dans le magasin de Lampertheim pour réclamer une hausse des salaires

Une dizaine de salariés de Castorama ont passé la nuit de mardi 21 à mercredi 22 février dans le magasin de Lampertheim, avec leurs sacs de couchages et leur gilets CGT. L’objectif est d’obtenir une hausse des salaires.

« Dormir, c’est un bien grand mot. La direction a laissé la musique d’ambiance dans le magasin toute la nuit. » Xavier Gaspard, vendeur du magasin Castorama de Lampertheim et délégué syndical CGT, a installé son sac de couchage dans l’établissement durant la nuit du mardi 21 au mercredi 22 février avec huit de ses collègues, venus d’autres magasins de France. L’objectif de cette action syndicale est d’obtenir 200€ nets d’augmentation pour les salariés.

Une dizaine de délégués syndicaux se sont installés à Lampertheim Photo : doc remis

« Je gagne 1 400 euros par mois après 13 ans d’ancienneté, » s’afflige Xavier Gaspard. « Comment vivre avec ce salaire alors que tout augmente ? » Pour le syndicaliste, cette occupation vise à répondre à « l’urgence vitale » de la situation des salariés de Castorama. La section CGT de l’enseigne spécialisée dans les articles de bricolage réclame de nouvelles négociations sur les salaires. En 2022, les salariés avaient obtenu une une augmentation « de rattrapage de l’inflation », limitée à 50 euros bruts par mois.

Les salariés se sont installés où ils pouvaient dans le magasin Photo : doc remis

D’autres occupations à venir

C’est la deuxième occupation d’un magasin Castorama en France depuis 2019, la précédente avait eu lieu dans le premier magasin historique de Castorama, à Englos près de Lille.

Xavier Gaspard justifie ces occupations par un « contexte différent » :

« L’occupation de 2019 avait permis d’obtenir une “prime Macron » de 200 à 300€ selon les cas. Mais ce ne sont que des mesures pansements. Ce qu’on demande, c’est une hausse pérenne de nos salaires. »

Les grévistes attendent toujours une réponse de leur direction quant à leurs demandes, faute de quoi ils prévoient d’occuper d’autres magasins. Dans la nuit de mercredi à jeudi, ils devraient s’installer dans le magasin de Colmar.

Contactée, la direction de Castorama Lampertheim n’a pas répondu à nos sollicitations. La direction de Castorama a réagi par un communiqué qui « condamne toute action illégale » :

« L’occupation nocturne d’un magasin n’est ni un moyen ni un lieu de dialogue social. Par ailleurs, nous avons à cœur d’offrir une rémunération attractive à nos équipes, intégrant à la fois le salaire de base et des dispositifs qui les associent aux performances de l’entreprise. En 2022, nos collègues ont touché en moyenne plus de 15 mois de salaire. Dans le cadre des NAO 2022, une revalorisation de la grille salariale permettra une évolution de 7,3% entre mars 2022 et mars 2023, avec au minimum de 70€. (…) »

Le ministre de l’Intérieur demande l’interdiction du festival néonazi, la préfecture des Vosges s’exécute

Le ministre de l’Intérieur demande l’interdiction du festival néonazi, la préfecture des Vosges s’exécute

Mercredi 22 février, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé l’interdiction du festival de black metal national socialiste programmé le samedi 25 février dans les environs de Saint-Dié des Vosges. Jeudi, la préfecture des Vosges annonce avoir pris un arrêté d’interdiction.

La « nuit pour le sang » sera-t-elle annulée ? C’est un jeu du chat et de la souris qui commence entre les organisateurs du festival de black metal national socialiste et les préfectures. La localisation des concerts de ces groupes de la mouvance néonazie n’est pas encore connue. C’est pour cette raison que le ministre de l’Intérieur a demandé mercredi 22 février aux six préfectures potentiellement concernées d’interdire l’événement. Selon France Bleu, Gérald Darmanin a « mis à disposition des moyens pour faire respecter cette interdiction ».

Le groupe de rock néonazi Match Retour était en concert ce samedi 14 mai à Sainte-Croix-aux-Mines. Il avait déjà joué en avril 2019 en Meurthe et Moselle pour célébrer l’anniversaire d’Hitler.

Dans un communiqué publié jeudi 23 février, la préfète des Vosges, Valérie Michel-Moreaux, annonce avoir interdit la tenue de ce concert au nom de la préservation de l’ordre public :

« La dénomination des groupes de musique devant se produire à ce festival s’inscrit dans une lignée symbolique nazie. Au regard de ces éléments, ce festival est susceptible de donner lieu à des propos et des gestes incitant à la haine raciale, à la violence et à l’apologie des crimes commis par les nazis durant la Seconde guerre mondiale, propos et gestes répréhensibles au plan pénal. Cet événement constitue, par l’idéologie qu’il promeut, un trouble majeur à l’ordre public en raison de l’atteinte qu’il porte à la dignité humaine. »

Le communiqué précise en outre que « les forces de sécurité intérieure, renforcées durant tout le week-end, seront mobilisées pour faire respecter cette interdiction ».

De son côté, la préfecture du Bas-Rhin a pris un arrêté interdisant tout rassemblement festif à caractère musical de type « Rave party », « Free party » ou « Teknival » du vendredi 24 au lundi 27 février.