Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

« Tu fais quoi dans la vie ? » : au Maillon, temps fort sur le monde du travail du 18 mars au 2 avril

« Tu fais quoi dans la vie ? » : au Maillon, temps fort sur le monde du travail du 18 mars au 2 avril

Spectacles, conférences, rencontres et ateliers : du 18 mars au 2 avril, le Maillon organise plusieurs événements au sujet du travail, son impact sur nos vies et nos corps. Entretien avec la directrice du théâtre Barbara Engelhardt suivi de notre sélection des événements.

« Tu fais quoi dans la vie ? » C’est l’intitulé du « Temps fort » du théâtre du Maillon qui proposera des spectacles, des concerts, des conférences, des ateliers et des rencontres sur le thème du travail du 18 mars au 2 avril. Éclairage sur les intentions de cette programmation avec la directrice du Maillon Barbara Engelhardt.

Rue89 Strasbourg : Qu’est-ce qu’un Temps fort au Maillon ?
Barbara Engelhardt : C’est une activité intense autour d’un sujet qui traverse la société d’aujourd’hui. On choisit toujours un sujet complexe, pour lequel il n’y a pas de réponse simple, qui génère des points de vue différents et donc des dialogues possibles entre générations, approches artistiques, scientifiques et artistiques… On déploie d’ailleurs plutôt des questions que des réponses. Les artistes et les scientifiques invités, les spectacles, les ateliers et les rencontres permettent aux spectateurs de varier les expériences, de se construire des parcours qui vont aiguiser leur curiosité et les faire participer à une réflexion débordante.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’aborder ce sujet ?
C’est un sujet qui nous concerne tous parce que notre identité en dépend. D’où le titre : « Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? », souvent la première question qu’on pose à quelqu’un qu’on rencontre. Le travail est lié à l’idée de notre valeur dans la société, qui nous suit depuis la petite enfance, à travers cette autre question : « Qu’est-ce que tu veux devenir ? »

« Le travail n’est pas qu’un sujet intellectuel »

Avec le Covid et le confinement, le détachement d’un quotidien professionnel habituel, s’est introduit le grand sujet du choix de ce qu’on fait de notre temps. Celui du sens du travail s’est aussi beaucoup aiguisé, avec le besoin d’en faire une question très personnelle, pas seulement systémique.

Comment avez-vous construit cette programmation ?
Ce qui est important, c’est de mettre en avant la notion d’expérience pour les spectateurs, de rendre ce sujet tangible, à travers des formats différents et atypiques, comme 12 Last Songs ou L’Âge d’or (précisions sur ces œuvres plus bas, NDLR). Le travail n’est pas qu’un sujet intellectuel, mais très concret dans nos quotidiens, jusque dans notre sommeil.

La programmation a été conçue avant la mobilisation contre la réforme des retraites : l’actualité risque-t-elle de l’emmener ailleurs ?
Ce thème fait d’autant plus sens aujourd’hui qu’on essaye de redéfinir notre rapport au travail comme priorité, de questionner sa durée et la difficulté de nos conditions de vie. La question du profit est omniprésente dans la programmation, celle du temps et de ce qu’on choisit d’en faire est centrale. Nous invitons les spectateurs à venir passer du temps ici, pour habiter un lieu public, croiser les autres, faire ses choix. C’est peut-être la mission d’un théâtre…

L’Âge d’or, visite guidée théâtrale de Igor Cardellini & Tomas Gonzalez Photo : Michiel Devijver

Notre sélection

L’Âge d’or

Comme deux guides touristiques, Igor Cardellini et Tomas Gonzalez nous emmènent visiter un immeuble de bureaux, en l’occurrence ceux d’AG2R La Mondiale à l’Espace Européen de l’entreprise. Et nous invitent à nous imprégner de l’espace, des rapports entre collègues qu’ils induisent, ainsi qu’une certaine conception du travail et de la société.

12 Last Songs, performance collective de Quarantine

12 Last Songs

Après le projet participatif ARK en 2021, le collectif britannique Quarantine est de retour avec une œuvre collaborative format XXL. Pendant 12h, de midi à minuit, 24 Strasbourgeoises et Strasbourgeois de tous les horizons et métiers monteront sur scène pour parler de leur travail, de la place qu’il occupe et occupera dans leur vie, hier, aujourd’hui, demain, de ce qu’ils ont rêvé et imaginent encore, de leur enfance à la fin de leur vie. En répondant à quelques-unes des 600 questions préparées par les artistes, toujours désireux de réagir au cours du monde et à interagir avec la société, ils complèteront de leurs témoignages les points de vue des chercheurs interviewés par Gérard Mordillat et Bertrand Rothé dans la série Travail, salaire, profit, diffusée en parallèle.

Travail, salaire, profit

Où l’on retrouve le prolifique Gérard Mordillat, qui n’a pas son pareil pour creuser les sujets jusqu’à la moelle. Avec la complicité de Bertrand Rothé, et les savoirs de 21 chercheurs de toutes disciplines et toutes contrées, il éclaire les arcanes de l’économie mondiale, souvent obscures pour les simples citoyens que nous sommes.

Le sens du « travail » en chantier

Une conférence de la sociologue Marie-Anne Dujarier, auteure de Troubles dans le travail (PUF, 2021) et Le Management désincarné (La Découverte, 2015), sur le sens du travail et la nécessaire réforme des institutions qui l’encadrent.

Société en chantier

Compagnon fidèle du Maillon depuis 2007, le collectif suisse Rimini Protokoll (qu’on a vu ici avec Cargo Sofia, Mnemopark, ou Bodenprobe Kasachstan) fait monter sur scène des comédiens non-professionnels, mais « expert.e.s du quotidien », qui partagent leur réalité avec le public. Ils évoluent dans des scénographies qui reconstituent leur univers quotidien et le rendent tangible, ici un chantier dans lequel les spectateurs sont aussi invités à circuler.

Société en chantier fait ainsi intervenir un avocat en droit de la construction, un ouvrier, un urbaniste, un entrepreneur, un spécialiste des insectes bâtisseurs, une conseillère en investissements, une travailleuse chinoise et une représentante d’un organisme anti-corruption, pour tenter d’embrasser toute la complexe réalité qui se déploie à partir du secteur du BTP, où la précarité et la pauvreté percute la recherche du profit à tout prix.

Qui se cache sous ce casque ?

Parallèlement au spectacle Société en chantier, les 8-12 ans sont invités par le collectif Rimini Protokoll à découvrir les coulisses d’un chantier, et à endosser tous les rôles nécessaires à son exécution.

Une histoire de l’argent racontée aux enfants et à leurs parents

Sous la houlette de la metteuse en scène Bérangère Jannelle, deux acteurs-conférenciers un peu bizarres déroulent l’omniprésente (et compliquée) question de l’argent, à partir de produits de consommation que tous les enfants connaissent : pâtes, sauces, conserves. Ils remontent dans le temps et entraînent le public dans les rouages de l’économie et du travail, citant volontiers mais sans assommer des théoriciens de tous bords. Un dispositif ludique et éclairant, pour les petits comme pour les grands.

En travaux, le pont de l’Europe sera fermé aux poids lourds, piétons et cyclistes de mai à septembre

En travaux, le pont de l’Europe sera fermé aux poids lourds, piétons et cyclistes de mai à septembre

Le pont de l’Europe nécessite des travaux de réhabilitation qui devraient avoir lieu entre mai et septembre 2023. Seule une voie sur deux sera ouverte et le passage sera interdit aux piétons, aux cyclistes et aux poids lourds.

Construit en 1960, le pont de l’Europe qui relie Strasbourg et Kehl devra subir des travaux de réhabilitation liés à son usure entre mai et septembre 2023 selon un communiqué de la Ville de Strasbourg du 9 mars :

« L’ouvrage présente des pathologies importantes, plus particulièrement au niveau des joints de dilatation ainsi que du revêtement de chaussée et des trottoirs. En plus du renouvellement du revêtement, la protection anticorrosion sera retouchée dans le cadre de ces travaux. Enfin, une partie de l’éclairage public sera renouvelée. »

Pendant la durée de ces travaux, seul des véhicules avec moins de 2,2 mètres de largeur et un poids total inférieur à 3,5 tonnes pourront passer le pont. Les poids lourds devront relier les autoroutes A35 (en Alsace) et A5 (en Allemagne) en passant par le barrage Gambsheim-Rheinau (D2/L87) au nord, ainsi que ou par le pont Pierre Pflimlin (N353/L98) au sud.

À gauche, le pont Beatus-Rhenanus, à droite, le pont de l’Europe. Photo : remise

Les piétons et cyclistes seront également déviés vers le pont Beatus-Rhenanus, parallèle au pont de l’Europe. Pierre Hermann, responsable du département d’ouvrage d’art de la Ville, explique que les travaux auront lieu sur une voie sur deux successivement, pour qu’une des deux voies permette le passage des véhicules :

« Les travaux sur une chaussée sur deux ne permettent pas d’avoir la place nécessaire pour accueillir les piétons et cyclistes en plus du trafic. »

Deux millions d’euros de travaux

D’après la Ville de Strasbourg, ce pont de 250 mètres est le point de passage le plus fréquenté entre le Bade-Wurtemberg et le Grand-Est : « Environ 23 000 véhicules traversent quotidiennement cette frontière, dont approximativement 1 000 poids lourds. »

Un premier diagnostic de l’état de l’ouvrage avait été fait en 2019 selon Pierre Hermann, relevant des pathologies « pas suffisamment graves pour s’inquiéter de l’état de l’ouvrage ». Un suivi régulier a été mis en place depuis lors. Les travaux ont pour but de prolonger la durée de vie de l’ouvrage, dont la dégradation a été « accélérée par la corrosion des joints de dilatation ». Le coût de la réfection s’élève à 2 millions d’euros et est assumé conjointement par l’Eurométropole de Strasbourg et la République fédérale d’Allemagne.

Réforme des retraites : à Haguenau, le soulèvement inédit des ouvriers usés

Réforme des retraites : à Haguenau, le soulèvement inédit des ouvriers usés

Des Alsaciens du nord ont manifesté contre la réforme des retraites à Haguenau samedi 11 mars. Dans le cortège, de nombreux ouvriers des usines du secteur, souvent très affectés physiquement par leur travail. Reportage.

Place de la gare à Haguenau, un peu moins d’un millier de personnes se rejoignent sous le soleil samedi 11 mars. « Le 21 février, on était 2 000. C’était la plus grande manifestation de l’histoire de la ville. Aujourd’hui on s’en rapproche », analyse Emmanuel Printz, président de l’union départementale de la CFTC et ouvrier chez Siemens, une usine située à quelques centaines de mètres.

L’un des cortèges les plus fournis de l’histoire d’Haguenau pour une mobilisation sociale a défilé samedi 11 mars. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Anne est venue de Laubach avec une amie : « C’est bien qu’il y ait une manifestation ici. C’est à côté de chez moi donc ça me permet d’éviter de payer trop cher le carburant pour une grande expédition jusqu’à Strasbourg. » C’est la première fois de sa vie qu’elle se mobilise, en se joignant à la lutte contre la réforme des retraites. Agent de voyage dans une petite entreprise, elle explique qu’une participation à la grève serait très mal vue par son employeur :

« Personne ne fait grève chez nous. Je serais trop isolée, donc c’est bien qu’il y ait des rassemblements le week-end, parce que je veux vraiment venir ! En tant que femme, je trouve le gouvernement injuste. J’étais une bonne partie de ma carrière à 80% pour m’occuper de mes enfants. Je ne sais pas si je pourrai arriver jusqu’à 64 ans, donc je risque de me retrouver avec une toute petite retraite. À l’agence, le téléphone sonne en permanence. On a une grande charge de travail. C’est très stressant, je suis déjà fatiguée à 49 ans. »

Anne, habitante de Laubach, tenait à manifester contre la réforme des retraites, « en tant que femme ». Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Les épaules cassées

L’ambiance est plutôt calme. Des klaxons et des sifflets couvrent par moment le bruit des conversations. La foule s’élance boulevard du Maréchal de Lattre de Tassigny. Une vingtaine de personnes scandent des slogans en tête de cortège : « Macron, si tu savais, ta réforme où on se la met. »

L’avant du cortège a repris de nombreux slogans, dans les rues calmes de Haguenau. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Ici, de nombreux Alsaciens ont trouvé leur emploi dans l’industrie. Plusieurs grandes usines sont implantées autour de Haguenau. Omer et Sukh travaillent à Bischwiller pour Duravit, une entreprise de fabrication de sanitaires. « Je dois soulever des cuvettes en PVC de 25 à 35 kg. J’ai 54 ans et j’ai les épaules cassées à cause d’une rupture des tendons des deux côtés. Ce genre de boulot, c’est impossible de le faire à 64 ans », considère Omer. De son côté, Sukh, 58 ans, a des douleurs au dos, aux coudes, aux pouces et aux épaules. « C’est pas possible ce passage en force du gouvernement. Personne n’est pour cette réforme », souffle t-il.

Christine est actuellement au chômage. Après des emplois en production chez Mars et à l’usine de fabrication de composants automobiles Schaeffler, elle a été licenciée pour inaptitude. L’ancienne ouvrière est atteinte de troubles musculo-squelettiques et ne s’est pas vue proposer des postes adaptés. « J’ai 50 ans, quatre enfants, une carrière hachée… Je vais toucher une toute petite retraite. C’est vraiment difficile », confie t-elle.

Les habitants d’Haguenau sont peu habitués à voir passer des manifestations mais ils semblaient plutôt soutenir les opposants à la réforme des retraites. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

« Pour la coupe du monde, tout le monde sort »

Vers 15h30, la manifestation atteint le centre-ville d’Haguenau. Les badauds, peu habitués à voir passer des cortèges syndicaux, regardent interloqués. « Ne nous regardez pas, rejoignez nous ! », s’exclament certains militants. « Les mobilisations dans les villes étudiantes, c’est bien. Mais il faut aussi venir dans des zones où ce genre de manifestation ne se passent jamais », estime Gautier, employé chez Lemaitre, une société qui produit des chaussures de sécurité à Val-de-Moder. Pour Huseyin, adhérent à la CGT et ouvrier chez Schaeffler, « c’est bien que les gens des petites villes ne voient pas les manifs juste à la télé ». Il regrette qu’il n’y ait pas plus de participants :

« Pour la coupe du monde de foot, ils sont tous dehors. Là, il y a plein de gens qui ne prennent même pas deux ou trois heures pour manifester pour leurs droits et après ils vont se plaindre. »

Husseyin (à gauche) et Morgan (à droite), sont ouvriers à l’usine Schaeffler. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Faire pression sur le député de la circonscription

Morgan est délégué syndical CGT à l’usine Schaeffler. Pour lui, la mobilisation « doit s’éparpiller pour entrainer un maximum de personnes dans la lutte et faire davantage pression sur les parlementaires ». Martial est délégué syndical CFTC France au sein de l’entreprise de fabrication de moteur Sew Usocom à Haguenau. Il s’inquiète du « manque de démocratie dans le fonctionnement du gouvernement ». Pour lui, « ce n’est pas possible d’ignorer la contestation d’autant de gens qui sont dans la rue ». Régis, aussi de la CFTC et électeur d’Emmanuel Macron, affirme sa déception :

« Nos députés doivent prendre en compte notre avis, ils sont censés nous représenter. Vincent Thiébaut (député local du parti Horizons – majorité présidentielle, NDLR), il soutient la réforme des retraites lui. Il se fiche de notre avis. Il ne faudra pas s’étonner quand plus personne ne votera. »

Régis est déçu du manque d’écoute du gouvernement envers les syndicats. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

« Tout est encore possible »

« Thiébaut démissions », crient quelques manifestants. Jean-Michel, de la CGT territoriaux Haguenau, prend la parole au mégaphone :

« Le 19 janvier, le gouvernement disait : “Le mouvement va s’essouffler.” Le 31 janvier, ils disait : “Ils s’essoufflent.” Macron n’a jamais cessé de dire ça. Le 11 mars, nous sommes plus de mille à Haguenau. De plus en plus de députés commencent à douter, certains nous entendent. Vu le comportement du président, une motion de censure est possible. Le gouvernement peut tomber, cela ne serait que justice. »

La banderole de tête était tenue presque exclusivement par des femmes. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Les militants accueillent ce discours optimiste avec entrain. « Macron démission », hurlent-ils, malgré la faible mobilisation du jour dans toute la France. Quatre rassemblements ont eu lieu dans le Bas-Rhin, avec, selon les syndicats, 5 000 personnes à Strasbourg, 700 à Sélestat et 165 à Saverne. L’intersyndicale appelle à une nouvelle journée de grève et de manifestations mercredi 15 mars. « Restons déterminés, tout est encore possible », assure Jean-Michel.

Jean-Michel a tenu un discours optimiste bien reçu par les autres manifestants. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Après avoir tué sa mère à coups de couteau, il est condamné à 23 ans de réclusion

Après avoir tué sa mère à coups de couteau, il est condamné à 23 ans de réclusion

La cour d’assises a condamné vendredi Christophe, 50 ans, à 23 ans de réclusion pour avoir tué sa mère à coups de couteau, à Hoerdt en 2020.

Vendredi 10 mars, la cour d’assises du Bas-Rhin a reconnu coupable Christophe, 50 ans, d’avoir tué sa mère à Hoerdt en 2020 (voir notre article). Le jury l’a condamné à 23 ans de réclusion, une peine conforme aux réquisitions de l’avocat général, Fanny Fouquet.

Ce meurtre à coups de couteau avait été commis à la suite d’un différend sur le partage de l’héritage, l’accusé ne supportant pas l’idée de devoir vivre seul un jour. Lors d’une audience étendue sur une journée et demi, la cour d’assises a essayé de savoir si Christophe pouvait éprouver du remord suite à son acte. Citée en tant qu’experte, Valérie Ritzenthaler, psychologue clinicienne, a expliqué aux jurés qu’il n’en avait pas montré les moindres signes : « l’accusé parle de sa mère au présent, il n’a pas encore entamé le travail de deuil. »

Cette mère qui, selon Valérie Ritzenthaler, a toujours cherché à « compenser la dette du handicap de Christophe », un handicap des membres inférieurs l’empêchant de se déplacer normalement. Une attitude de déni qui a provoqué un rapport « uniquement utilitaire » de Christophe avec toutes les personnes de son entourage.

L’audience s’est tenu au Palais de justice de Strasbourg Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Selon les Dernières nouvelles d’Alsace, Christophe a « encaissé le verdict sans ciller », estimant qu’il « l’accepterai parce que c’est le tarif. » Il avait auparavant confié qu’il avait hâte d’être condamné, afin d’être « enfin » transféré de la maison d’arrêt de Strasbourg vers un centre pour peine…

Louise Fève, de la CGT cheminots : « Seuls, nous n’arriverons pas à faire reculer le gouvernement »

Louise Fève, de la CGT cheminots : « Seuls, nous n’arriverons pas à faire reculer le gouvernement »

Au quatrième jour de grève des cheminots strasbourgeois contre la réforme des retraites, les membres du syndicat CGT se félicitent des nombreux soutiens de leur mobilisation. Ils espèrent néanmoins que la grève s’étendra à d’autres secteurs au niveau local.

Aucun TER en circulation le mardi 7 mars. Puis un quart des TER en circulation en Alsace entre le mercredi 8 et le vendredi 10 mars. À Strasbourg, la contrôleuse et déléguée du personnel CGT Louise Fève se félicite d’une « grève suivie » parmi les cheminots alsaciens. Toutes professions confondues, la direction des lignes TER Alsace a constaté un taux de gréviste de 38% au départ de la grève reconductible appelée par l’intersyndicale pour pousser le gouvernement à retirer son projet de réforme des retraites. Aiguilleur et membre du comité de grève, le cégétiste Clément Soubise est aussi enthousiaste :

« Depuis mon arrivée à la SNCF en 2015, je n’ai jamais connu une telle participation à la grève et aux manifestations. Le 19 janvier, plus d’une centaine de personnes ont participé au cortège des cheminots. »

De gauche à droite : Maxime Kieffer, Louise Fève, Christelle, contrôleuse contractuelle, Mehdi, salarié du sous-traitant Newrest, et Clément Soubise. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg /cc

« Les collègues demandent où sont les autres grévistes ? »

Mais si la mobilisation est forte et la grève reconduite jusqu’au lundi 13 mars (l’Assemblée générale décide chaque jour de la poursuite du mouvement pour le lendemain), les cheminots craignent d’être isolés dans la grève. Interview de Louise Fève, Clément Soubise et Maxime Kieffer, secrétaire général du syndicat CGT cheminots Strasbourg.

Rue89 Strasbourg : Au quatrième jour de grève, quel est l’état d’esprit des cheminots mobilisés ?

Louise Fève : Lors de l’assemblée générale du vendredi 10 mars, nous avons justement évoqué le moral des troupes. Plusieurs collègues ont demandé « où sont les autres grévistes ? ». Ils espèrent ne pas être les seuls mobilisés dans la grève reconductible.

Il y a une attente de voir des signaux de mobilisation d’autres entreprises. C’est normal, la grève c’est aussi une question de moral. C’est pour ça qu’on mène des opérations de tractage, pour sensibiliser les voyageurs sur la réforme des retraites et appeler à participer à la manifestation. C’est aussi dans ces moments qu’on est encouragé à maintenir la mobilisation. Et puis en manifestation, on entend des dizaines de personnes nous dire « Heureusement que vous êtes là. » Mais c’est certain que les cheminots ne veulent pas être seuls. Car seuls, on n’arrivera pas à faire reculer le gouvernement.

« Continuer de se mobiliser pour faire converger les luttes »

Maxime Kieffer : Oui, il y a des doutes sur cette grève générale mais on est clairement pas les seuls mobilisés. Ailleurs en France, le secteur automobile, les dockers et les enseignants sont aussi entrés en grève. Donc on est loin d’être résigné.

En manifestation, on a vu des salariés d’entreprises privées qui n’avaient jamais fait grève. Il y a une vraie contestation de ce projet, par l’immense majorité de la population, il faut maintenant continuer de se mobiliser pour faire converger les luttes.

Quel est votre regard sur la mobilisation au niveau local ?

Clément Soubise : J’éprouve beaucoup d’enthousiasme face à la solidité du mouvement chez nous. Bien sûr, tout le monde n’est pas en grève reconductible localement. Mais lors de la dernière manifestation, j’ai rencontré des salariés du secteur du BTP, où il est plus difficile de se mobiliser. Et pourtant, ils étaient une petite équipe à manifester et faire grève pour la première fois. Ils étaient prêts à convaincre leurs collègues de se joindre à la lutte. Cela témoigne d’un enracinement profond de la contestation. C’est ce que je choisis de voir.

Pour rappel, lors du dernier mouvement social comparable à la SNCF, en 2019, nous avons fait deux mois de grève sans aucun autre secteur en grève reconduite en Alsace. Ce premier projet de réforme des retraites avait quand même fini par être retiré.

« Le meilleur moyen de nous soutenir, c’est de faire grève »

La mobilisation actuelle suffira-t-elle à mettre fin à ce projet de réforme des retraites ?

Louise Fève : Seules des grèves étendues, notamment au secteur privé, pousseront le patronat à demander au gouvernement de renoncer à sa réforme. C’est pour cela que nous sommes attentifs à ce qui se passe dans les entreprises.

Maxime Kieffer : Il faut se mobiliser au plus proche du terrain, c’est à dire auprès des travailleurs, dans les entreprises. Il faut absolument convertir ce soutien à la grève des cheminots en participation à la grève.

Comment soutenir les cheminots en grève ?

Louise Fève : Retrouvez nous en manifestation intersyndicale samedi 11 mars à 10h30 au départ de la place de la gare de Strasbourg. Nous n’avons pas mis en place de caisse de grève, parce qu’à Strasbourg comme à Mulhouse, le meilleur moyen de nous soutenir c’est de faire grève avec nous.

Avant première de Dalva au cinéma Star Saint-Exupéry lundi, un film sur la reconstruction d’une enfant placée

Avant première de Dalva au cinéma Star Saint-Exupéry lundi, un film sur la reconstruction d’une enfant placée

Retenu dans la sélection 2022 de la semaine de la critique de Cannes, Dalva raconte l’histoire d’une enfant placée dans un foyer. Le film sera projeté en avant première au cinéma Star Saint-Exupéry lundi 13 mars, en présence de la réalisatrice Emmanuelle Nicot et de Frédéric Alvarez, compositeur de la bande originale.

Le film raconte l’histoire de Dalva, une enfant de 12 ans brisée par un père abusif, placée dans un foyer. Bien qu’abordant la thématique lourde de l’inceste familial, « ce n’est pas un film sur la pédophilie », précise Frédéric Alvarez, strasbourgeois et compositeur de la bande originale. L’œuvre retenue dans la sélection 2022 de la semaine de la critique de Cannes aborde surtout la reconstruction de la jeune fille, aidée par un éducateur bienveillant et ses camarades de classe. « C’est un film très solaire », assure Frédéric Alvarez, qui a aussi composé la bande originale de La Troisième guerre réalisé par Giovanni Aloi.

Affiche promotionnelle du film « Dalva » de Emmanuelle Nicot. Photo : remise

Le ton du film se retrouve d’ailleurs dans la musique, décrite par le compositeur comme « lumineuse » et « mélancolique ». Elle est réalisée à partir d’un mélange de sons de souffle à l’aide d’un synthétiseur, et de sons de verres très délicats. Fréderic Alvarez sera aux côtés de la réalisatrice Emmanuelle Nicot pour l’avant première strasbourgeoise du film, au cinéma Star Saint-Exupéry lundi 13 mars.

Protection de l’enfance : des éducatrices se mobilisent, la Collectivité d’Alsace augmente le budget

Protection de l’enfance : des éducatrices se mobilisent, la Collectivité d’Alsace augmente le budget

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La municipalité enterre un projet de végétalisation artistique au Neudorf

La municipalité enterre un projet de végétalisation artistique au Neudorf

Projet phare du premier budget participatif, Les jardins de Babylone voulaient faire de la rue de Thann un nouveau lieu de rencontre, arboré et décoré, au Neudorf. C’était sans compter le conservatisme d’une partie des habitants, de l’administration et la frilosité des élus écologistes.

C’était un projet ambitieux. En 2018, plus de 1 300 citoyens strasbourgeois avaient placé « Les jardins de Babylone » en tête des projets finançables par le budget participatif, doté d’un million d’euros. La Ville de Strasbourg avait alors décidé d’allouer 100&nbsp . . .

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Deux ans après le suicide d’un éducateur, l’Arsea octroie des moyens mais garde le même directeur

Deux ans après le suicide d’un éducateur, l’Arsea octroie des moyens mais garde le même directeur

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Préliminaires, Commune, Salvatore Mundi… Sept Étoiles du documentaire projetés du 11 au 18 mars

Préliminaires, Commune, Salvatore Mundi… Sept Étoiles du documentaire projetés du 11 au 18 mars

Sept films lauréats des Étoiles du documentaire 2022 seront projetés à Strasbourg du 11 au 18 mars. L’occasion de découvrir l’incroyable épopée du dernier tableau de Vinci, de suivre les révolutionnaires de la Commune ou de découvrir les premiers émois amoureux des ados à l’ère des réseaux sociaux.

Pendant une semaine, un documentaire par jour, en présence de leurs auteurs et autrices. C’est l’opportunité offerte par l’association strasbourgeoise Le lieu documentaire (ex-Vidéo les beaux jours) à partir du samedi 11 jusqu’au 18 mars. Le festival Vrai de vrai ! – Les Étoiles du Documentaire propose une programmation constituée de projets récompensés par la Société civile des auteurs multimédias (Scam). Les projections auront lieu dans différents lieux strasbourgeois, de la médiathèque André Malraux à la Maison de l’image, en passant par l’auditorium des Musées de Strasbourg.

Trois projections à ne pas manquer

La réalisatrice Julie Talon a enquêté sur un sujet intime. Dans son moyen métrage « Préliminaires », elle raconte l’amour et les premières relations sexuelles des adolescents à l’ère des smartphones et des réseaux sociaux. Des interviews de jeunes de 12 à 23 ans, qui prennent le courage de raconter leurs visions du nouvel ordre amoureux au XXIe siècle.

Extrait du documentaire « Préliminaires » de la réalisatrice Julie Talon.

Le journaliste et réalisateur Antoine Vitkine a enquêté sur les coulisses du monde de l’art à travers l’influence d’un célèbre tableau. Le résultat est un long métrage documentaire intitulé : « Salvator Mundi. La stupéfiante affaire du dernier Vinci. » Entre intérêts personnels et géopolitiques, des personnages divers se retrouvent mis en lumière par l’enquêteur : un expert réputé de Vinci, un intermédiaire suisse opportuniste, un président français, un oligarque russe…

Extrait du documentaire « Salvatore Mundi – La stupéfiante affaire du dernier Vinci » du réalisateur Antoine Vitkine.

Enfin, un documentaire historique qui pourrait faire écho à la contestation actuelle de la réforme des retraites. « Les Damnés de la commune » raconte le soulèvement de 1871 à Paris. Le spectateur vit l’insurrection et ces 72 jours, entrés dans l’Histoire, à travers le film. Après avoir passé dix ans à travailler sur les gravures du XIXe siècle pour écrire trois romans graphiques, Raphaël Meyssan a adapté ses ouvrages au cinéma. Pour son premier film, il a obtenu le laurier de l’audiovisuel du meilleur documentaire 2022.

Extrait du long-métrage « Les damnés de la commune » du réalisateur Raphaël Meyssan.
#Vidéo Les Beaux Jours

La CTS étend son réseau en septembre et augmente ses tarifs en juillet

La CTS étend son réseau en septembre et augmente ses tarifs en juillet

La Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) et l’Eurométropole ont présenté jeudi une « Révolution des mobilités ». Des annonces qui s’accompagnent cependant d’une hausse des tarifs des billets individuels et des abonnements au 1er juillet.

Après l’annonce de la hausse des prix et l’extension des zones du stationnement payant, c’est au tour des transports en commun d’évoluer. La Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) a annoncé jeudi au cours d’une conférence de presse l’augmentation de ses tarifs, qu’elle justifie par l’augmentation des prix de l’énergie et le développement du réseau. L’aller simple devrait passer de 1,70€ à 1,90€.

Les tarifs pour les abonnés vont également subir une évolution, que la CTS estime « modérée ». L’abonnement mensuel pour les 4-17 ans (hors métropole), les 18-25 ans et les plus de 65 ans passe de 27,60€ à 28€ par mois. Celui des 26-64 ans passera de 51,80€ à 56€. Alain Jund, vice-président (EE-LV) de l’Eurométropole en charge des mobilités, assure vouloir faire « porter l’effort » sur les voyageurs occasionnels, afin de limiter l’impact de la hausse et d’inciter à l’abonnement.

Emmanuel Auneau, directeur général de la CTS, affirme que l’entreprise prévoit de geler les tarifications solidaires, afin de « maintenir le bouclier social ». Le principe de gratuité est également maintenu pour les abonnés de moins de 18 ans vivant sur le territoire de l’Eurométropole.

Coûts en énergie multipliés par cinq

Ces évolutions se justifient selon la CTS par les hausses « brutales » du coût de l’énergie et l’inflation qui ont pesé sur les dépenses de l’entreprise. En 2019, les coûts d’énergie de la CTS étaient de 4,6 millions d’euros, l’entreprise prévoient qu’ils pourraient atteindre 26,1 M€ en 2023…

Pas de quoi freiner cependant ce que la CTS appelle une « accélération dans la révolution des mobilités ». La compagnie des transports en commun met en œuvre la politique de « décarbonation » de l’Eurométropole et promet que tous ses bus seront à propulsion électrique. La CTS met en avant cinq projets d’amélioration et d’extension du réseau :

    Ouverture de la station Starcoop sur la ligne D (arrêt opérationnel depuis 2013), Mise en service de la ligne 18 du bus autour du Marché Gare, non loin de Ikéa le 3 avril, Lancement en juillet des travaux du tram ouest (voir nos articles) qui devrait être mis en service fin 2025, Deux nouvelles lignes L7 et L8 début septembre pour desservir le Neuhof et la Meinau, Extension de la ligne G, fin novembre, qui s’étendra jusqu’à Vauban Rotterdam depuis la Gare centrale.

L’extension du tram vers le nord de l’agglomération n’a pas été citée jeudi. Municipalité et métropole prévoient de dévoiler le calendrier de cette extension du réseau vers Schiltigheim mercredi 15 mars.

Extension et restructuration du réseau CTS à l’horizon 2023.

La CTS a annoncé en outre une évolution de l’application mobile au printemps, qui permettra aux usagers de recharger directement leur abonnement mensuel depuis leur téléphone.

Contre la réforme des retraites jeudi 9 mars, des étudiants bloquent Sciences Po Strasbourg

Contre la réforme des retraites jeudi 9 mars, des étudiants bloquent Sciences Po Strasbourg

La mobilisation contre la réforme des retraites continue jeudi 9 mars à Strasbourg, avec le blocage du bâtiment de Sciences Po et du Palais universitaire. Le trafic des trains régionaux est toujours fortement perturbé.

Depuis 6h30, le bâtiment le Cardo est bloqué par une quarantaine d’étudiants de Sciences Po jeudi 9 mars. « On s’est décidés hier à bloquer de façon spontanée en voyant l’ampleur que prenaient toutes les luttes », raconte Eliam, 19 ans.

Eliam était présent dés 6h pour organiser le blocus à Sciences Po. Photo : AA / Rue89 Strasbourg / cc

Selon les militants interrogés sur place, ils se sont donnés rendez-vous dés 6h. Une demi-heure plus tard, les deux entrées du site étaient barricadées.

Les étudiants ont utilisé des poubelles et des barrières pour bloquer l’accès au bâtiment Le Cardo. Photo : AA / Rue89 Strasbourg / cc

D’après Eliam, « la direction est venue discuter positivement » avec les étudiants :

« La seule opposition qu’on a pour l’instant, ce sont des étudiants qui sont contre le mouvement mais je pense qu’ils sont minoritaires. »

Le Palais universitaire bloqué

Une trentaine d’étudiants de l’Université de Strasbourg bloquent quant à eux l’entrée du Palais universitaire. Le bâtiment de la faculté de Philosophie a aussi été brièvement fermé.

Une trentaine d’étudiants de l’Université de Strasbourg ont bloqué le Palais universitaire et le bâtiment de la faculté de Philosophie l’aube. Photo : AA / Rue89 Strasbourg / cc

Jean (prénom modifié) rappelle des blocages de bâtiments sur le campus ont lieu depuis mardi matin :

« On avait aussi organisé une opération “restaurant universitaire gratuit” lundi, donc on en est à quatre jours d’action. On va décider aujourd’hui en assemblée générale de ce qu’on fait demain. Il faut aussi qu’on se repose pour de futures actions la semaine prochaine. »

Jean (prénom modifié) se mobilise intensément depuis trois jours pour lutter contre la réforme des retraites. Photo : AA / Rue89 Strasbourg / cc

La mobilisation des cheminots continue

La mobilisation contre le projet du gouvernement de réforme des retraites continue aussi du côté de la SNCF. Les cheminots de Strasbourg ont voté hier pour la reconduction de leur grève pour ce jeudi 9 mars. « La circulation est très fortement perturbée » selon TER Grand Est. Le trafic TER est donc toujours fortement perturbé. SNCF Voyageurs recommande aux voyageurs qui le peuvent d’annuler ou de reporter leurs déplacements prévus.

La société ferroviaire affirme que la circulation des trains restera fortement perturbée vendredi, samedi et dimanche.

Manifestation féministe du 8 mars : « Il faut continuer à se battre, rien n’est jamais acquis ! »

Manifestation féministe du 8 mars : « Il faut continuer à se battre, rien n’est jamais acquis ! »

À l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, plus de 2 000 manifestantes ont défilé dans les rues de Strasbourg mercredi 8 mars. Dans le cortège, nombre d’entre elles s’alarment des menaces qui pèsent sur les acquis féministes et jugent long le chemin qu’il reste à parcourir avant l’égalité.

« Mon corps, mon choix, et ferme ta gueule ! » « On rasera ni les murs ni nos poils ! » « Nos droits ne devraient pas faire débat ! » Dans la foule qui se massifie place Kléber, en ce début d’après-midi du mercredi 8 mars, nombreuses sont les pancartes à insister sur le droit des femmes à disposer de leurs corps. Pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, plus de 2 000 personnes ont répondu à l’appel à manifester de l’Assemblée féministe de Strasbourg.

Parmi elles, Selin, 34 ans :

« Je suis là parce que j’aimerais, de mon vivant, que l’on atteigne une réelle égalité entre femmes et hommes. Mais aussi parce que je ne suis pas certaine que j’aurais toute ma vie le droit d’accéder à l’IVG. »

Ancienne militante à Nous Toutes 67, cette jeune femme travaillant à la Ville de Strasbourg, redoute un recul des droits des femmes :

« Au niveau local, cette année, il y aussi eu une conférence anti-avortement organisée au Parlement européen et des réunions de l’Alliance Vita contre l’IVG… Et ce qu’il s’est passé devant le planning familial aujourd’hui. C’est inquiétant. »

Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

Ne rien céder aux relents conservateurs

Le matin même, un tag assimilant l’interruption volontaire de grossesse à une violence faite aux femmes a en effet été retrouvé sur la chaussée, devant les locaux de l’antenne strasbourgeoise de l’association. Pour la jeune femme, les acquis féministes restent fragiles. Et la cause peine à mobiliser. « Les violences faites aux femmes indignent moins que les autres sujets, regrette-t-elle en déplorant que « les féminicides appartiennent à la catégorie faits-divers… »

Jeanne Barseghian a participé à la manifestation Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

14h. La foule est redirigée vers la rue des Grandes-Arcades en prévision du départ. Anonyme parmi les manifestantes, au fond de la place, Jeanne Barseghian a fait le déplacement. Réagissant à l’actualité, la maire (EE-LV) de Strasbourg avoue être « très choquée par cette inscription qui assimile l’IVG à une violence » le jour où la Ville a prévu de rendre honneur à Gisèle Halimi, rebaptisant la place du Tribunal :

« On ne doit rien céder aux relents conservateurs qui cherchent à dicter aux femmes ce qu’elles doivent faire de leurs corps. »

14h45, le défilé se met en ordre de marche. À l’avant, un groupe en « mixité choisie », c’est à dire sans hommes « cisgenres » (dont l’identité de genre correspond à celle qui leur a été attribuée à la naissance). Vient ensuite un espace dédié aux familles avec enfants. Puis les cortèges internationalistes, étudiants et syndicaux dans cet ordre. « Gréviste, refuse ce monde sexiste ! » scande la banderole noire en tête de cortège, qui s’élance.

Juliette est revenue du Doubs pour participer Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

« Faire entendre nos voix et faire valoir nos droits »

Étudiante à Strasbourg l’année dernière, Juliette est revenue du Doubs pour participer aux différentes manifestations prévues cette semaine. « Je suis là parce qu’il est important de faire entendre nos voix et de faire valoir nos droits », pose en préambule la jeune femme de 21 ans qui s’alarme de la hausse des violences faites aux minorités de genre, du maintien au gouvernement de ministres accusés de viol, de la difficulté à faire aboutir des plaintes pour viol, avant de citer en exemple une de ses amies dont la procédure n’avance pas depuis trois ans.

« J’ai toujours peur de sortir dans la rue le soir à Strasbourg », détaille t-elle. Avant d’expliquer « les mecs de 50 ans qui te demandent s’ils peuvent te raccompagner à 23h. Ou ceux qui t’abordent pour te demander tes prix. » Dernier exemple en date place de la Cathédrale, un soir, il y a un an.

15h. La tête du cortège arrive quai des Bateliers. Rue des Grandes-Arcades, Stéphanie défile avec le sourire. Cette ancienne bibliothécaire n’en est pas à son premier 8-Mars en manifestation. Pour elle, il y a toujours eu, et il y a toujours matière, à se battre pour les droits des femmes. « Le peu qu’on a acquis, on a le sentiment qu’il faut lutter pour le conserver », regrette t-elle. L’égalité salariale ? Encore à conquérir. « Et avec la réforme des retraites qui s’annonce, on voit que les femmes sont encore la dernière roue du carrosse. Qu’elles vont être encore plus précaires. »

Stéphanie désespère de voir enfin l’égalité réelle entre hommes et femmes, au moins quant aux salaires Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

La sexagénaire marche moins pour elle que pour ses trois filles. Et croit en la relève féministe :

« Il y a quinze ans, on défilait avec des copines à Marseille et on se disait ”mince, y a que des vieilles, des anciennes du planning”. Aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes et c’est une bonne chose. »

Les sorcières sont dans la rue

À 43 ans, Jeanne est elle aussi une habituée des manifestations féministes. « Je les fais toutes depuis que je suis lycéenne », détaille cette enseignante en classe spécialisée UP2A. Pour elle, la lutte n’a pas réussi à venir à bout de toutes les oppositions, bien au contraire :

« L’ouverture de la parole sur les questions féministes rencontre des oppositions. En réaction à ça, on a vu une montée en puissance des “incels” et autres groupes antiféministes. Particulièrement sur les réseaux sociaux. »

Déguisée en Rosie, une icône reprise par le mouvement féministe, Jeanne est une habituée des manifs. Photo : Carol Burel / Rue89 Strasbourg / cc

Dans son quotidien, elle observe :

« Dans mon entourage ou avec des amis, de la part d’hommes que je considère comme des alliés, il y a toujours parfois de petites réflexions sur le fait qu’être un homme suffit pour avoir tort face aux féministes. Que ces dernières détestent tous les hommes et veulent prendre le pouvoir… »

Mère de deux adolescentes, Jeanne regarde elle aussi du côté de l’avenir :

« J’ai peut-être un biais, mais j’ai confiance dans la jeune génération. Elle est beaucoup plus ouverte sur la question des inégalités de genre. »

15h30. Le cortège défile quai des Pêcheurs. Dans le cortège étudiant, quelques pancartes appellent à brûler le patriarcat. « Les sorcières sont dans la rue », « À bas le patriarcapitalisme », peut-on lire ici et là. Et puis un slogan qui poursuit la lutte. « Nous sommes fortes, nous sommes fières, et féministes, et radicales. Et en colère. »

Réforme des retraites : manifestations à Sélestat, Saverne, Haguenau et Strasbourg samedi 11 mars

Réforme des retraites : manifestations à Sélestat, Saverne, Haguenau et Strasbourg samedi 11 mars

À l’appel de l’intersyndicale, quatre manifestations contre le projet de réforme des retraites du gouvernement auront lieu samedi 11 mars dans le Bas-Rhin.

L’intersyndicale formée contre la réforme des retraites appelle à une journée de mobilisation samedi 11 mars afin de prolonger la contestation. Par un communiqué du mercredi 8 mars, les syndicats unis contre le projet du gouvernement mené par Élisabeth Borne estiment cette septième manifestation nécessaire face à l’absence de réponse de l’exécutif :

« Le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive. En responsabilité, l’intersyndicale adressera un courrier lui demandant à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme. »

Manifestation du jeudi 19 janvier 2023 contre la réforme des retraites. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

À Strasbourg, départ à 10h30 place de la Gare

À Strasbourg, la manifestation organisée par l’intersyndicale partira de la place de la Gare centrale à 10h30. Le tracé déclaré auprès de la préfecture du Bas-Rhin est le suivant :

À Saverne, départ à 10 heures au champ de la Foire

Trois autres manifestations sont prévues dans le Bas-Rhin :

    À Saverne, départ à 10h du Champ de la Foire À Sélestat, départ à 14h de la place Vanolles À Haguenau, départ à 14h de la place de la Gare

Secrétaire de l’union locale CGT de Saverne, Élisabeth Mathis a distribué des tracts jeudi 9 mars sur le marché de Saverne. Elle souligne l’importance de manifestations en dehors de la capitale alsacienne :

« Les manifestations le samedi permettent à de nouvelles personnes de manifester, celles qui ne peuvent pas se permettre de perdre une journée de salaire en semaine. L’intérêt de la mobilisation du 11 mars, c’est d’avoir les gens de l’Alsace du Nord. Nous allons participer à celle de Strasbourg à chaque fois mais là, on veut aussi ancrer la mobilisation localement, en particulier dans un territoire avec des usines et des conditions de travail parfois difficiles. Quand on tract, beaucoup de personnes disent que cela va leur permettre de venir pour la première fois. »

Après 28 jours de grève, l’activité reprend à l’usine Heineken

Après 28 jours de grève, l’activité reprend à l’usine Heineken

Après des mois de grève perlée depuis l’annonce de la fermeture définitive, les salariés de l’usine Heineken de Schiltigheim ont repris le travail lundi 6 mars. Les syndicats continuent les négociations pour améliorer les conditions de travail jusqu’à la fermeture.

Depuis le 2 janvier, une petite dizaine de salariés de l’usine Heineken de Schiltigheim en charge de la filtration et du brassage avaient réussi à bloquer l’ensemble du site industriel dans le but d’empêcher sa fermeture. Annoncée par le groupe en novembre 2022 qui ne souhaite garder que deux sites en France (Mons-en-Baroeul et Marseille), la cession était motivée par des contraintes liées à « l’enclavement » de l’usine, située en plein centre-ville de Schiltigheim.

« Nous avons perdu la guerre, mais nous avons gagné une bataille », affirme Vania Brouillard, délégué syndical Force ouvrière. Car si l’usine fermera bien ses portes, les négociations ont débouché sur un accord de principe quant aux compensations financières pour les salariés licenciés. Les employés acceptant de rester sur le site jusqu’à sa fermeture recevront une indemnisation plus importante. 

La production a repris lundi à l’usine Heineken de Schiltigheim Photo : JFG / Rue89 Strasbourg / cc

Des négociations sont encore en cours sur les conditions de travail des salariés jusqu’à cette date. « On a des gens qui ne vont pas bien », évoque le délégué syndical à propos des employés dont le moral est miné par un futur incertain. Il évoque le cas d’employés qui se sont vus refuser des crédits immobilier après l’annonce de la fermeture. 

Baisse de la production accordée

« L’entreprise doit être consciente qu’il y a des actions à mener pour améliorer ces conditions d’existence et l’ambiance de travail. » Vania Brouillard évoque notamment une adaptation de l’effectif et une réduction globale de la production. Les syndicats ont déjà obtenu une baisse de la production de 1,5 million d’hectolitres à 1,2 million d’hectolitres par an, à effectif identique selon BFM Alsace.

Vendredi 10 mars, une nouvelle réunion de négociations devrait avoir lieu. Les salariés attendent les résultats d’un rapport d’experts mandatés par les syndicats pour évaluer les conditions de travail. 

Les grévistes, qui avaient lancé une cagnotte suite à leur mobilisation intitulée « Les brasseurs du cœur » projettent de verser l’intégrité de cette somme à un organisme caritatif à la fin des négociations autour de ce plan social, selon Vania Brouillard.

Le Neudorf et d’autres quartiers ajoutés à la zone payante du stationnement en voirie

Le Neudorf et d’autres quartiers ajoutés à la zone payante du stationnement en voirie

La municipalité écologiste ajoute le Neudorf et d’autres quartiers centraux de Strasbourg à la zone payante du stationnement en voirie. En outre, certaines zones deviennent plus chères afin de privilégier le parking en ouvrage des véhicules.

« C’est un nouveau chapitre dans la réforme du stationnement à Strasbourg ». Mercredi dans la rue de Châtenois au Neudorf, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, accompagnée de Pierre Ozenne, adjoint en charge des espaces publics et d’Antoine Dubois, élu référent du quartier Neudorf, annoncent une série de changements autour du stationnement automobile. L’objectif à long terme est toujours le même : inciter les gens à se passer d’une voiture individuelle. Ces modifications seront proposées au conseil municipal du lundi 20 mars.

Le nouveau plan de stationnement prévu à partir du 3 avril 2023 (document mairie).
Le stationnement dans le quartier du Neudorf sera payant à partir du premier semestre 2024.

« Dans la rue de Châtenois, un jour où il n’y a pas école, c’est impossible de circuler sur les trottoirs avec une poussette à cause du stationnement sauvage, » s’indigne Jeanne Barseghian. Un préambule à l’annonce du passage au stationnement automobile payant dans les quartiers de Neudorf, quartier des Quinze et du début de la Robertsau, ainsi qu’une partie de l’îlot Sainte-Hélène à partir du premier semestre 2024.

Jusqu’à présent, le stationnement sur la voirie dans ces quartiers était gratuit. L’un des objectifs affiché de la municipalité est d’encourager le stationnement des visiteurs dans les parkings relais, aux limites de la ville.

Augmentation des tarifs de stationnement dans les zones payantes

À partir du 3 avril 2023, le tarif du stationnement sur la voirie en zone rouge devrait augmenter : de 2,10€ à 3,50€ pour la première heure — 8€ pour deux heures. Actuellement appliquée à l’hypercentre, la zone rouge, où le stationnement est limité à deux heures, va s’étendre aux quartiers de la Gare, des Halles, de la Neustadt et de la Krutenau. L’adoption de ces nouveaux tarifs rend le stationnement dans les parkings en ouvrage plus avantageux.

Les 4 500 places du Neudorf vont devenir payante dès avril. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

De même, les tarifs et l’étendue de la zone orange augmentent. Une heure de stationnement passe de 1,70€ à 2,50€. Les deux heures coûteront 3,50€. Dans cette zone, la durée maximale de stationnement est de quatre heures. Quant à la zone verte — stationnement limité à cinq heures — le tarif d’une heure passe de 0,50€ à 1€.

Une tarification progressive sur les abonnements voirie

Une autre mesure concerne l’abonnement résident, pour les stationnements en voirie. Une tarification progressive sera instaurée à partir du 1er octobre 2023 : de 15 euros par mois pour l’ensemble des usagers, l’abonnement mensuel passera à 30 euros par mois pour les foyers dont les revenus fiscaux de référence sont compris entre 14 089 euros et 22 983 euros, et à 40 euros par mois pour les revenus supérieurs.

Concernant l’abonnement dans un parking en ouvrage, un forfait mensuel à 90 euros par mois sera proposé aux Strasbourgeois pour une place dans un parking en ouvrage dans la zone du domicile et à 60 euros si cette place se trouve en dehors. « L’idée est de privilégier ceux qui font le plus d’efforts, » précise la maire. Actuellement, le prix d’un abonnement de parking en ouvrage se situe entre 100 et 120 euros. Dans les deux cas, ces nouveaux abonnements s’accompagneront de la possibilité de se garer sur la voirie proche de son domicile, une heure par jour sans surcoût.

Dernière nouveauté : une « zone violette à forte rotation » pourrait s’ajouter aux zones rouges, oranges et vertes existantes. Cette nouvelle catégorie de stationnement ne comportera pas d’abonnés résidents afin de laisser ces places, gratuites et de courte durée, aux autres usagers. Une consultation publique au sujet de cette nouvelle zone devrait avoir lieu avant l’été 2023.