Il aurait voté contre la réforme des retraites mais le gouvernement a décidé de passer en force en ayant recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Raphaël Schellenberger, député Les Républicains du Haut-Rhin, annonce à Rue89 Strasbourg qu’il pourrait voter la motion de censure du groupe Liot « si le gouvernement ne propose pas quelque chose de nature à apaiser les Français ».
Le gouvernement n’était pas assuré d’avoir une majorité à l’Assemblée nationale pour son projet de réforme des retraites. En plus de l . . .
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Les syndicats dénoncent le « passage en force » de la réforme des retraites avec l’emploi de l’article 49-3 de la Constitution et appellent à des mobilisations dans les entreprises, ainsi qu’à des manifestations spontanées vendredi.
« C’est la démarche de trop, lance Nicole Obergfell, représentante du syndicat Unsa 67. C’est tout ce qu’il ne fallait pas faire. La rue est les organisations syndicales doivent être entendues ». Laurent Feisthauer, représentant de la CGT du Bas-Rhin, enchaîne :
« Une démocratie fonctionne avec des contre-pouvoirs, les organisations syndicales, les élus locaux… Mais là, le gouvernement n’écoute personne. Il n’y a pas de discussions, juste un passage en force, et on demande même aux policiers de protéger les parlementaires ? Mais on est où là ? »
Les représentants syndicaux se sont réunis vendredi 17 mars, au lendemain d’une folle journée à l’Assemblée nationale où la Première ministre Élisabeth Borne a fait passer la réforme des retraites, avec l’article 49-3 de la Constitution, évitant ainsi le vote des parlementaires. Une décision qui a poussé des milliers de Français à descendre dans les rues un peu partout en France dans la foulée, notamment à Strasbourg.
Premier rassemblement vendredi à Strasbourg
Les syndicats appellent donc à un rassemblement vendredi 17 mars à 18h, place Kléber. « Nous allons multiplier les coups de force », annonce d’emblée Michel Poulet, secrétaire adjoint de l’union départementale de Force ouvrière.
D’autres manifestations ont été organisées le week-end du 18 mars, un peu partout en Alsace : Saverne, Haguenau, Sélestat.
L’organisation Alternative Étudiante appelle également à des actions diverses, qui seront notamment décidées ce vendredi lors d’une Assemblée générale, sur le campus central.
Appel à la grève et aux blocages
Les organisations syndicales continuent d’appeler les salariés à faire grève, comme l’explique Michel Poulet :
« Nous incitons l’ensemble des salariés à faire des Assemblées générales partout où ils se trouvent pour amplifier le mouvement. On essaie de convaincre les salariés de perdre quelques heures, plutôt que de perdre 2 ans. »
Les cheminots strasbourgeois sont déjà mobilisés depuis le 7 mars, et Laurent Feisthauer de la CGT annonce que « les collègues de l’éducation réfléchissent à des mobilisations et des actions dès la semaine prochaine, avec notamment les premières épreuves du Bac qui vont débuter ». Il prévient d’emblée :
« On a été bien gentils, on ne nous a pas écoutés. Maintenant, on va mettre la pression un maximum et on va monter d’un cran. »
Les syndicats appellent en outre à une neuvième journée nationale de mobilisation jeudi 23 mars. À Strasbourg, le cortège partira à 14h, de l’avenue de la Liberté.
L’annonce de la municipalité concernant l’augmentation des tarifs du stationnement enflamme les groupes d’opposition. De tous les côtés de l’hémicycle, on accuse la majorité écologiste de faire payer les classes populaires.
Deux conférences de presse, quelques annonces impopulaires et voilà l’opposition réarmée. Avec l’augmentation des tarifs de la CTS présentée par l’Eurométropole, l’annonce par la Ville d’une hausse . . .
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L’annonce du recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire passer la réforme des retraites a provoqué un rassemblement spontané d’un millier de personnes place Kléber, suivie d’une manifestation sauvage de plusieurs heures.
Dans le cortège qui a entamé une manifestation sauvage de plusieurs heures, les slogans oscillent entre « Grève générale ! » et « Et nous aussi, on va passer en force ! » Près d’un millier de manifestants se sont d’abord dirigés vers la préfecture du Bas-Rhin avant de prendre la direction du palais universitaire et de rejoindre la place du Corbeau par le quai des bateliers. Peu avant 22h, la police a eu recours au gaz lacrymogène pour disperser la foule, retournée place de la République. Plusieurs manifestants ont alors applaudi ce recours à la force : « Bravo, c’est un 49-3, bravo ! », criait l’un d’eux, quand sa voisine commentait, désabusée : « C’est la politique en 2023… »
Une assemblée générale a été annoncée pour le vendredi 17 mars à 12h au Patio, sur le campus central de l’Université. L’objectif est de décider des suites à donner à la mobilisation contre la réforme des retraites.
Étudiants et personnels de l’université se sont réunis ce jeudi 16 mars sur le campus, quelques dizaines de minutes après l’annonce de l’utilisation de l’article 49.3 par le gouvernement sur la réforme des retraites. Des militants estiment qu’il est temps de durcir la mobilisation.
À l’appel de l’Assemblée générale étudiante, environ 300 personnes se sont réunies devant le Patio à 16h, ce jeudi 16 mars. Une heure plus tôt, Élisabeth Borne annonçait l’utilisation de l’article 49.3 pour contourner le vote des députés et adopter en force le texte sur la réforme des retraites.
« Si on appelle à un rassemblement aussi tôt, c’est parce qu’il faut réagir maintenant de manière forte, il faut répondre au gouvernement immédiatement », explique Quentin, du syndicat Solidaires étudiants. « On veut organiser des actions dès demain. » Quelques mètres derrière lui, juché sur un banc en fer, un participant expose sa vision au mégaphone :
« Il faut qu’on fasse ensemble des blocages économiques, qu’on tape là où ça fait mal, qu’on réinvente une manière de lutter. Et sortir du modèle classique, où les manifestations et les assemblées générales se succèdent sans résultats. »
Durant les prises de paroles, un autre militant plaide devant la foule qu’il faut « s’arracher de l’illusion qu’on peut obtenir quelque chose de notre gouvernement ». S’ensuivent quelques interventions, du même acabit, avant que les participants au rassemblement ne décident de manifester sur le campus.
Réunion de l’intersyndicale dès le 17 mars
Dans le cortège de la manifestation du 15 mars à Strasbourg, des syndicalistes anticipaient déjà que le recours à l’article 49.3 radicaliserait la lutte contre la réforme des retraites, avec des actions plus fortes. Sur le campus, les discours des opposants à la réforme semblent confirmer la tendance. Mobilisée depuis le début du mouvement, Salomé estime qu’il « faudra organiser des actions plus dures » :
« Plus on nous dit « Fermez-la », plus j’ai envie de me faire entendre. Honnêtement, je ne pensais pas que le gouvernement utiliserait le 49.3, même s’il accumule les dénis de démocratie. »
Esther Bauer, co-secrétaire du syndicat Solidaires Alsace, pense aussi que « le 49.3 va durcir le mouvement, y compris du côté des syndicats les plus réformistes ». Elle indique que l’intersyndicale a décidé de se réunir en visio dès la matinée du 17 mars pour organiser la suite du mouvement. Le collectif « On crèvera pas au boulot » appelait dans la foulée à un rassemblement à 18h30 place Kléber, le soir-même.
Des enquêteurs de la police judiciaire de Strasbourg ont manifesté ce jeudi 16 mars devant le tribunal de Strasbourg. Ils protestent contre la réforme de la police nationale qui placera la PJ sous l’autorité du préfet, au risque d’une perte d’indépendance et d’efficacité.
Ils étaient une petite cinquantaine à se retrouver sous le soleil de midi, devant le tribunal judiciaire de Strasbourg. Ce jeudi 16 mars, des enquêteurs de la police judiciaire de toute la France se sont mobilisés, afin de faire entendre leurs inquiétudes au sujet de la réforme de la police nationale, qui entrera en vigueur le 1er juillet 2023.
« C’est la version la plus catastrophique du projet qui a été retenue »
À Strasbourg, c’est leur troisième rassemblement depuis le mois d’octobre 2022. « Mais aujourd’hui, ce sera sans doute le dernier », soupire Michel Thomas, Major de police de 56 ans. « Je suis entré à la PJ de Paris en 1990 et à celle de Strasbourg en 96. La PJ, c’était pour faire de belles enquêtes, arrêter des voyous. Aujourd’hui cette réforme nous supprime en tant que tels. » L’enquêteur est ému. Lorsqu’il lit au micro le discours du rassemblement, sous la bannière de l’Association nationale de police judiciaire (ANPJ), sa voix tremble un peu. Et ses collègues le soutiennent, comme ils peuvent.
Officiellement, cette réforme vise à rationaliser les services de police. Jusqu’ici, les différentes unités de la PJ étaient découpées en grandes zones géographiques. À partir du 1er juillet donc, les services de renseignement, de la sécurité publique, de la police aux frontières (PAF) et de la police judiciaire seront sous l’autorité d’un seul et unique directeur départemental de la police nationale (DDPN), qui sera lui-même dépendant du préfet.
L’idée du gouvernement est également d’aider les services d’investigation de sécurité publique à résoudre des milliers d’affaires en cours, en se positionnant en renfort. « Mais c’est un leurre de croire que nos 3 500 hommes et femmes vont tout solutionner », glisse une investigatrice de la PJ.
À l’inverse, les investigateurs de la PJ craignent une perte d’efficacité et une diminution des moyens pour mener à bien leurs enquêtes, qui nécessitent du temps et un savoir-faire particulier :
« C’est selon nous la version la plus catastrophique du projet qui a été retenue par le ministre. C’est tout le maillage territorial de la DCPJ qui disparaît, enterrant du même coup ses capacités reconnues de mobilisation et de réactivité ».
Extrait du discours de Michel Thomas, investigateur à la PJ de Strasbourg depuis 1996.
Certains citent une importante affaire résolue fin février, à Besançon, menant à 25 interpellations dans le cadre de règlements de compte. « Environ 200 personnels, de Dijon, Reims, Strasbourg, Nancy entre autres, ont été mobilisés par la directrice zonale de la PJ Est. Avec la réforme, il faudra que chaque DDPN accepte d’organiser cela », explique notamment une investigatrice. « Maintenant, ce sera trop compliqué, il y aura trop de strates », lâche une policière, amère.
Crainte de l’ingérence politique avec ce nouveau maillage
Les fonctionnaires interrogés ont la même inquiétude : « On ne pourra plus faire notre métier », glisse Boris (prénom modifié), à la PJ de Strasbourg depuis une quinzaine d’années.
« Moi je considère que la PJ à un rôle démocratique. On s’occupe des affaires visant des élus, de grands chefs d’entreprise, des médias… On dépend de la justice, on agit sur commission rogatoire. Si demain on nous place sous la coupe des préfets, on craint des ingérences politiques. On va nous dire de bosser sur telle affaire, mais pas sur telle autre ! C’est une menace pour notre indépendance. »
Une réforme également dénoncée par les magistrats
Quelques magistrats sont également venus au rassemblement, pour marquer leur soutien à la mobilisation contre la réforme. Sébastien Pompey est substitut du procureur de la république de Strasbourg et représentant de l’Union syndicale des magistrats (USM) :
« Nous travaillons au quotidien avec la PJ, sur des enquêtes sensibles pour lesquelles il faut un savoir-faire, une expérience, des moyens. Cette réforme va fondre les effectifs de la PJ avec ceux de la sûreté départementale, et je crains que l’on privilégie le traitement de masse des infractions les plus visibles, à celui de la grande criminalité ou des enquêtes au long cours qui nécessitent du temps, des écoutes etc. »
Une réunion publique a eu lieu au centre socio-culturel de l’Elsau, ce mercredi 15 mars, pour faire le point sur la rénovation du quartier. Les habitants sont venus en nombre à la rencontre des élus et des représentants des bailleurs sociaux.
Huit ans après la fermeture du Leclerc de l’Elsau, la réunion publique apporte de bonnes nouvelles aux habitants du quartier. Selon Benjamin Soulet, adjoint en charge de la politique de la Ville, un supermarché Casino devrait ouvrir début 2024 dans les locaux du promoteur Marignan en cours de construction. Les Elsauviens y trouveront également une boulangerie de la franchise Banette, « avec un salon de thé ». Quant à la maison de santé urbaine, elle devrait accueillir cinq médecins généralistes, un cabinet infirmier, deux orthophonistes, deux sages-femmes, des secrétaires et un poste de coordination.
La réunion se voulait être un « point d’étape » sur l’avancée des rénovations du quartier selon Hülliya Turan, élue référente du quartier de l’Elsau à la Ville de Strasbourg. Lancés par l’exécutif municipal dès son élection en 2020, les travaux de rénovation ont été dessinés avec l’Eurométropole de Strasbourg, l’Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU) et les bailleurs sociaux. D’après le programme énoncé hier soir, les différents chantiers devraient se poursuivre jusqu’en 2031.
Durant plus de deux heures et demie de présentation, huit responsables du projet faisaient face au public. Parmi eux, Nathalie Jampoc-Bertrand, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg en charge du renouvellement urbain et Myriam Leheillex, sous-préfète en charge de la politique de la ville.
L’aboutissement prochaindes premiers chantiers
En guise d’introduction, Benjamin Soulet reconnaît l’ostracisation du secteur — non sans provoquer quelques rires grinçants au sein de l’assemblée.
« Il y a 6 000 habitants dans le quartier de l’Elsau. Ça n’existe pas un village de 6 000 habitants sans commerce. Alors maintenant on rectifie le tir. Nous avons déjà rénové le centre socio-culturel en mars 2022 et ouvert un espace France-Services dans la mairie de quartier, en novembre dernier. »
Cet espace devrait permettre d’accéder à des services élémentaires de l’État, comme l’accès à Pôle emploi ou à la Caisse d’allocations familiales (CAF).
D’autres points ont également été clarifiés : une salle de boxe devrait ouvrir rue Watteau en avril prochain et les travaux de végétalisation à l’école Léonard de Vinci seront réalisés cet été dans la cour. Enfin, le plan de circulation autour d’une nouvelle école, qui sera située rue Martin Schongauer, semble également avoir été acté. Une partie de la rue Schongauer sera ainsi piétonisée entre les rues Grünewald et Michel-Ange afin de sécuriser les abords de l’établissement.
Pour les acteurs associatifs, une occasion d’interpeller les élus locaux
Pendant les temps d’échange, les habitants n’ont pas manqué d’interpeller élus et bailleurs sociaux. Jamal Rouchdi, fondateur de l’association strasbourgeoise de défense des locataires, ALIS, a pris la parole. Tout en reconnaissant la pertinence des projets de rénovation, il interpelle l’élue référente de l’Elsau :
« J’ai grandi dans ce quartier et mes parents y habitent depuis 35 ans. Il y a de graves problèmes d’insalubrité, des invasions de rats, des problèmes d’humidité dans les logements sociaux. Il y a aussi les toxicomanes qui squattent nos caves et nos entrées. Tout cela, on n’en a pas parlé. Quelles solutions allez-vous mettre en place, tout de suite ? »
S’ensuit une salve d’applaudissements appuyés. La fin de soirée est également marquée par l’intervention d’une habitante de la rue Martin Schongauer, qui raconte avoir été victime de deux agressions en 2021 et 2022, et affirme vivre depuis dans une grande solitude face au sentiment de peur qu’elle affronte au quotidien.
Bonne volonté affichée
En réponse aux critiques sur les problèmes d’insalubrité, Benjamin Soulet réaffirme l’ambition de la Ville de « développer les conteneurs de déchets enterrés en 2023, d’améliorer le rythme de collecte et d’installer des affichettes pour inciter tous les habitants à mettre leurs poubelles dans les bacs. »
Semblant à l’aise face aux interpellations, Hülliya Turan a aussi défendu l’action de la municipalité qu’elle représente :
« Même si nous savons que dix ans c’est long, pour les habitants de l’Elsau, du point de vue (du temps) politique notre action reste rapide : notre mandat a commencé en 2020 et on va se retrouver en 2024 avec de nouveaux bâtiments déjà construits ».
Autrice de l’essai La Terreur féministe, qui revient sur la question de la violence et de la radicalité féministe, Irene – prononcer Iréné – sera l’invitée de l’Action antifasciste Strasbourg au Molodoï. La conférence, initialement prévue lundi 20 mars, est reportée.
« Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours », assure la journaliste, écrivaine et militante Benoite Groult. Ces mots font aujourd’hui figure de totem pour nombre de féministes et gravent dans les esprits l’idée d’une lutte profondément pacifiste. Dans La Terreur féministe, petit éloge du féministe extrémiste, l’autrice Irene interroge ce présupposé :
« Le féminisme n’a-t-il vraiment jamais tué personne ? […] faut-il brandir cette non-violence supposée comme une valeur suprême ? Devons nous perdre du temps à montrer patte blanche et tenter de convaincre le monde de notre gentillesse et de notre inoffensivité ? »
Désireuses « d’organiser un événement dans le cadre du 8 mars », les membres de l’Action antifasciste Strasbourg (Afa) ont choisi de l’inviter pour une rencontre-discussion au sujet de son essai au Molodoï. La date initiale du lundi 20 mars ayant été annulée, cet article sera actualisé dès que le nouveau rendez-vous sera fixé.
Dans La Terreur féministe, l’anarcho-féministe sort de l’oubli des femmes « ayant pris les mesures les plus radicales pour survivre au système patriarcal ». Elle y convoque notamment l’histoire de sa grand-mère, victime de violences conjugales, mais aussi celle d’Ana Orantes, sexagénaire espagnole brûlée vive par son ex-mari après avoir osé témoigner des violences qu’il lui avait fait subir, de Maria Del Carmen Garcia, ayant immolé par le feu le violeur de sa fille ou de Noura Hussein, jeune soudanaise ayant poignardé l’homme auquel elle avait été mariée de force et qui l’avait violée. Des « faits-divers » ayant marqué l’actualité des pays où ils se sont produits, et l’opinion. Entraînant, parfois, des changements de législation.
« Nous nous posons régulièrement la question de notre rapport à la violence »
Au fil des pages, Irene interroge la violence comme outil de lutte politique. Et conclut à la nécessité de l’intégrer à la palette des moyens d’actions militants. « À travers son travail, ses livres – l’autrice a également écrit Hilaria, sur l’histoire de son aïeule basque espagnole et socialiste, NDLR – elle traite de thèmes qui nous parlent énormément en tant qu’organisation antifasciste », expose Louise, membre du collectif antifasciste :
« L’Afa est une organisation mixte au sein de laquelle il y a des femmes, et nous nous posons régulièrement la question de notre rapport à la violence. »
« Dans les représentations que l’on en a aujourd’hui, la violence, c’est mal. Mais c’est aussi viril, cela touche à la masculinité, poursuit Louise. Il y a cette idée que c’est un truc avec lequel les mecs sont à l’aise, contrairement aux femmes. Alors que pas du tout. Plein de femmes s’en sont saisie dans l’Histoire et s’en saisissent encore aujourd’hui. Ce n’est pas juste une thématique de mecs. »
Au travers des échanges, la rencontre vise aussi à interroger l’utilisation de la violence dans un cadre militant. « L’idée, ce n’est pas de prôner son usage à tout prix. Mais de pouvoir ouvrir la parole autour de cette question. De comprendre pourquoi certains et certaines y ont recours. On le voit lorsqu’il y a une manifestation, un blocage, des dégradations. Les gens ont du mal à se questionner sur pourquoi des personnes vont utiliser ce moyen d’action là et pas un autre. C’est intéressant que l’on puisse en discuter collectivement. »
Au premier semestre 2024, le stationnement en voirie dans le quartier du Neudorf deviendra payant. Un changement d’importance pour ce quartier résidentiel où garer sa voiture était, jusque-là, difficile, mais gratuit. Contraints de prendre un abonnement ou de trouver un garage, les habitants restent dubitatifs sur l’impact de cette mesure qui les touchera directement au porte-monnaie.
Mardi matin, au cœur du Neudorf. Sous une pluie fine, la foule se presse pour le marché. À l’abri de la grande halle, les badauds défilent devant les étals de produits frais. Parmi eux, Fabian Jund. L’intérimaire de 24 ans connaît bien les problèmes de stationnement du quartier :
« J’habitais rue du Ballon, le stationnement était clairement compliqué. Aujourd’hui, je suis rue Sainte-Cécile. Il y a toujours de la place même si avec des voitures des deux côtés, c’est parfois difficile de circuler. »
Il se dit peu surpris par la décision de la municipalité de rendre payant le stationnement dans l’ensemble du quartier à partir de 2024 – « ça devait arriver » – mais ne sait pas encore comment il va faire. Le jeune homme convient que l’objectif affiché de la mesure, réduire le stationnement sauvage dans le quartier et diminuer le nombre de voitures en ville, sont de bonnes idées. Il en regrette pourtant la forme : « Il faudrait construire un parking pour les résidents ou mettre un abonnement qui ne coûte pas un bras. » Si la Ville planche sur l’installation de parkings en silos dans le quartier, aucune date de mise en service n’est pour le moment annoncée.
« Si ça peut désengorger les trottoirs, c’est bien »
Un sac de livres sous le bras, Sylvia Kuhry attache son vélo aux arceaux sur le côté du marché couvert. À l’instar de Fabian, elle a besoin d’une voiture pour aller travailler en dehors de Strasbourg. « Sinon, il y a le vélo et le tram pour se déplacer en ville. » Pour la mère de 35 ans, il est parfois difficile de circuler dans le quartier :
« Les trottoirs ne sont pas très larges et quand il y a des voitures partout, on doit descendre dans la rue avec la poussette. »
Elle espère que le stationnement payant permettra aux habitants de trouver plus facilement des places pour se garer et circuler sur les trottoirs, sans gêne.
Le coût de l’abonnement ?
« Quand on a un garage, on relativise. Mais si on avait une deuxième voiture, on prendrait l’abonnement résident. C’est un coût raisonnable. »
De 15 à 40 euros mensuels en fonction des revenus, une dépense à mettre en regard avec le coût d’un garage. 10 000€ à l’achat pour celui de Sylvia.
Aux alentours de la place du Marché, dans les rues résidentielles, on mesure l’importance de la question du stationnement dans le quartier du Neudorf. Des voitures stationnent des deux côtés des rues, certaines sur les passages piétons. Pas une place à l’horizon qui ne soit instantanément prise par un automobiliste en quête d’un parking. Lydie remonte la rue du Maennelstein, deux sacs de courses sur le côté. Les voitures garées sur le trottoir laissent à peine la place de passer à la médecin généraliste de 29 ans. « Ça va, je suis mobile. Je pense que pour les personnes âgées, c’est plus difficile. » Elle n’est pas contre la mise en place du stationnement payant : « C’est dommage pour les habitants, mais si ça peut désengorger les trottoirs, c’est bien. »
« Tout augmente et on va en plus payer le stationnement »
À l’autre bout du Neudorf, rue de Stosswihr, Claudine discute sur le pas de la porte d’une voisine. En arrêt pour maladie professionnelle, l’ancienne aide cuisinière attend la retraite. « Le stationnement dans le quartier, c’est une horreur. Il y a de plus en plus de voitures, mais pas assez de places. » Autour, des voitures sont garées à touche-touche dans la petite rue. « Trouver une place le soir, c’est difficile, mais je m’arrange avec mon voisin pour stationner devant notre portail », ajoute-t-elle en désignant sa petite Ford bleue. Claudine a appris la mesure de la municipalité au journal télévisé, une « nouveauté » loin de la réjouir :
« On a la taxe d’habitation, le foncier, les charges qui augmentent… On paie déjà assez. »
Une pétition contre le stationnement payant a été initiée et a recueilli 200 signatures le 16 mars au matin.
Claudine habite rue de Stosswihr où il est particulièrement difficile de se garer. Photo : AL / Rue89 Strasbourg / cc
Devant le Auchan du Neudorf, rue d’Orbey, Mélina Gambs découvre la nouvelle en allant faire une course. Employée dans un restaurant de Reichstett, elle a besoin de sa voiture pour aller travailler. « En transports en commun, c’est au moins une heure et quand je termine le soir, il n’y a plus rien. » La jeune femme de 25 ans reconnait faire partie de ceux qui se garent parfois sur les trottoirs. « Le soir, c’est assez difficile, je tourne beaucoup pour trouver une place. » Le stationnement payant n’enchante pas la salariée. « Tout augmente et on va en plus payer pour se garer », avant de reprendre, résignée, « je n’ai pas le choix de me garer ailleurs, je vais payer. »
Mélina Gambs, 25 ans, employée dans un restaurant de Reichstett. Photo : AL / Rue89 Strasbourg / cc
« Je voulais revenir vivre à Neudorf, maintenant, j’hésite »
Place Henri-Will, c’est l’heure de la sortie d’école. Autour de l’aire de jeux, une ribambelle d’enfants courrent dans tous les sens sous le regard des mamans, des grands-mères et de quelques papas. Natacha est auto-entrepreneuse, elle exerce dans le domaine de la petite-enfance. Elle ne vit plus dans le quartier depuis un an et demi, mais continue d’amener sa fille à l’école Sainte-Anne à deux pas. « Je voulais revenir vivre à Neudorf, maintenant, j’hésite, » explique la jeune femme qui ne peut pas se passer de véhicule pour son activité professionnelle :
« Si un abonnement, c’est jusqu’à 40€ par mois, c’est beaucoup. Je n’ai pas de gros revenus avec mon entreprise et j’ai des clientes dans toute la ville. La voiture, c’est pratique pour transporter mon matériel. »
Natacha, 33 ans, auto-entrepreneuse dans le domaine du périnatal. Photo : AL / Rue89 Strasbourg / cc
« Quand on appelle la police, ils ne se déplacent pas ! »
La nuit tombe sur la route du Polygone. Les voitures se font plus nombreuses dans la rue et la lumière des phares se reflète dans la vitre du bar Cave d’Espagne. À l’intérieur, les discussions vont bon train autour d’un demi. Ici, le passage au stationnement payant du quartier ne compte pas beaucoup de soutiens. Danny Kuntz, 71 ans, commente la décision de la Ville de Strasbourg :
« Je ne pense pas que ça va régler les problèmes de stationnement. C’est du pipeau ! C’est pour ramener des sous dans les caisses de la municipalité. »
Le retraité possède deux garages près de chez lui, mais se sert de sa voiture pour se déplacer dans le quartier. « Quand j’ai des courses, ce n’est pas évident de faire le trajet à pied », expose t-il.
Danny Kuntz, 71 ans, retraité. Photo : AL / Rue89 Strasbourg / cc
Daniel Schaefer s’installe à une table avec Danny et quelques amis. Cadre bancaire, il a 51 ans et pas de garage. « Il existe des lois pour lutter contre les voitures ventouses et le stationnement gênant. Aujourd’hui, personne ne les fait respecter. » Un client du bar intervient : « Quand on appelle la police, ils ne se déplacent pas ! » Et Daniel de reprendre : « Les gens qui se garent dans le quartier sont des riverains, les pousser à prendre un abonnement ne libérera pas de place. Je ne vois pas en quoi ça va régler le problème, faisons déjà appliquer la loi. » Autour, les convives opinent du chef. Dehors, il fait nuit noire, la circulation route du polygone se fait moins dense. Dans les rues adjacentes, quelques automobilistes tournent toujours en quête d’une place.
Daniel Schaefer, 51 ans, cadre dans une banque. Photo : AL / Rue89 Strasbourg / cc
Dans la manifestation strasbourgeoise du 15 mars, plusieurs responsables syndicaux adoptent un ton plus menaçant à l’approche d’un potentiel vote de la réforme des retraites.
« Ce gouvernement fait comme s’il ne se passait rien dans la rue », constate, pleine de colère, Esther Bauer, cosecrétaire du syndicat Solidaires Alsace. Dans le cortège du mercredi 15 mars, le sentiment, généralisé, s’accentue : huit journées de mobilisation, des grèves reconduites depuis le 7 mars et une immense majorité de Français opposés au départ à la retraite à 64 ans… Et malgré cette colère populaire, une réforme qui suit son cours au parlement.
Le Sénat et ses membres aux retraites confortables ont voté pour. Place à la commission mixte paritaire, à huis clos, pour concilier le Palais bourbon et le Palais du Luxembourg. Il ne manque plus qu’une menace de recours à l’article 49-3 pour convaincre les manifestants strasbourgeois : avec la Macronie au pouvoir, la démocratie est dans la rue.
« On peut monter d’un cran »
Dans ce contexte de surdité du gouvernement, deux manifestantes forment une brigade spéciale de nettoyage des oreilles, celles du Président de la République. La manifestation est aussi un lieu de fête et de caricature. Mais les responsables syndicaux n’ont pas le cœur à rire. Délégué syndical Force Ouvrière pour Électricité de Strasbourg, Jonathan Reinhardt rappelle l’attitude mesurée de l’intersyndicale jusqu’à maintenant :
« Pour l’instant, on contient la colère. Mais on peut monter d’un cran avec des actions radicales comme des coupures d’électricité de notre côté. C’est loin d’être perdu, moi je suis optimiste sinon je ne serais pas là. »
Un nouveau duo a fait son apparition dans la manifestation strasbourgeoise contre la réforme des retraites. La brigade spéciale de nettoyage des oreilles. Photo : Rue89 Strasbourg / CG / cc
Renforcé par la détermination et le nombre de personnes mobilisées – « du jamais vu » – le conducteur de trains et secrétaire régional du syndicat Sud Rail Alexandre Welsch ne croit plus dans les grandes manifestations :
« La seule chose qui fera plier le gouvernement, et les gens le comprennent de plus en plus, ce sont les blocages, comme ceux des éboueurs à Paris, des routiers ce matin à Strasbourg ou des étudiants à la fac. Aujourd’hui on voit que de plus en plus de secteurs entrent dans la lutte et font des actions : le soutien populaire est énorme, des membres du gouvernement sont très fébriles pour défendre la réforme. Ils vacillent on va continuer pour les faire chuter. »
Alexandre Welsch, secrétaire régional Sud Rail à la SNCF. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
« Même si le texte est adopté, la mobilisation doit continuer »
Nacer, conducteur de bus à la CTS et délégué syndical Sud Solidaire, estime que la mobilisation va se radicaliser si le gouvernement reste sourd aux revendications des syndicats :
« Cela s’ajouterait aux conditions de travail difficiles de nombreuses personnes. Je le vois chez les collègues, il n’en peuvent plus des cycles infernaux, des journées avec une amplitude de 12h. Ça va péter. Il va y avoir des grands mouvements de colère. »
« Même si la réforme est votée, cela ne changera pas le fond du texte, les gens voudront simplement le retrait du vote », abonde Yannick Lefebure. Pour le secrétaire général adjoint de l’union départemental de Force Ouvrière, « si le gouvernement sort le 49.3, le pays va s’embraser, les salariés ne le supporteraient pas ».
Au cours d’une conférence de presse commune, la présidente de l’Eurométropole et les maires de Strasbourg et de Schiltigheim ont détaillé les aménagements qui accompagneront l’extension du tram vers le nord de l’agglomération. Tout en maintenant le flou sur le calendrier.
Adossée aux murs pâlots du Palais des fêtes, une petite cohorte d’agents techniques attend patiemment le début de la conférence. Au centre de la salle, la présidente de l’Eurométropole Pia Imbs (sans étiquette) prend le micro, suivie des maires de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EE-LV), de Schiltigheim Danielle Dambach (EE-LV) et du vice-président chargé des mobilités, Alain Jund (EE-LV). Passant d’une « slide » à l’autre, les élus égrènent les annonces concernant le futur tram reliant Strasbourg à Schiltigheim, et les aménagements urbains qui seront réalisés dans son sillage.
Un calendrier de travaux encore flou
Concernant le calendrier, le vice-président de l’EMS Alain Jund assure que « l’objectif sera de déposer un dossier d’enquête publique d’ici la fin 2023. » Restant évasif sur les dates, il annonce que les travaux « pourraient commencer » d’ici la fin 2024, et que la nouvelle ligne de tram pourrait être livrée pour « l’horizon 2027 ».
Le coût de cette nouvelle ligne de tram s’élèvera à 140 millions d’euros et le tracé, qui restera inchangé, liera le quartier des Écrivains de Schiltigheim à la place de Haguenau, avant de s’étendre à Strasbourg jusqu’au secteur République, en passant par l’avenue des Vosges. Solennelle, Danielle Dambach savoure le moment :
« Pour moi, c’est un grand moment d’émotion… J’allais dire d’Histoire. Ça fait trois ans que nous avons été élus sur ce projet de transformation. Depuis une quinzaine d’années que je milite, on nous a toujours répété qu’on ne pourrait rien faire pour amener le tram à Schiltigheim, que la dépendance à la voiture était une fatalité. On prouve le contraire. »
La carte du tracé du tram Nord. En direction de Strasbourg, il partira vers la gare ou vers la place de la République. (Photo fournie par l’EMS)Photo : Eurométropole de Strasbourg
« Reconquérir la promenade »
Dans le sillage de la future ligne de tram, d’autres chantiers vont fleurir dans les espaces attenants. La gare routière et une partie du secteur des Halles connaîtront une transformation, prévue pour être achevée au cours de l’année 2025. De même pour la route de Bischwiller, dont la première portion partant du cimetière Sainte-Hélène jusqu’à la rue Saint-Charles deviendra piétonne. Là aussi, les travaux devraient prendre fin début 2025.
La place de Haguenau, décrite par Jeanne Barseghian comme un espace « pas très agréable, ni très accessible », devrait connaître le verdissement le plus visible. Le site deviendra un parc de 16 hectares, plus ouvert à la circulation des cyclistes et aux promeneurs, au détriment des voitures.
La place de Haguenau en 2027 ? (visuel Alfred Peter)Photo : Modélisation / Alfred Peter
Même logique pour l’avenue des Vosges, qui sera entièrement réaménagée pour réduire drastiquement la circulation des voitures. Les visuels fournis par la municipalité promettent de larges terrasses estivales, installées sur des trottoirs élargis, un tram en circulation et des voies cyclables sécurisées. Partie à la « reconquête de la promenade », la maire de Strasbourg défend vivement le projet :
« L’avenue des Vosges n’est pas forcément un endroit où il fait bon se promener, alors que le patrimoine est incroyable. En végétalisant les trottoirs, nous permettrons de mieux profiter de ce quartier historique, classé, et de mieux valoriser les commerces qui s’y trouvent. »
Jeanne Barseghian promet également un réaménagement de la place des fêtes, située au centre de l’avenue des Vosges. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc
Débats houleux en perspective
Les promesses de l’édile resteront difficiles à entendre pour l’opposition strasbourgeoise, qui a fait de l’avenue des Vosges une ZAD de droite. « Quoi qu’il arrive, la droite nous traitera toujours d’anti-bagnolards », glisse Alain Jund, qui s’attend à des accrochages sur le sujet avec l’opposition, lors des prochains conseils métropolitains et municipaux.
Concernant le tram Nord, le maire de Bischheim, Jean-Louis Hoerlé (LR), continue d’être hostile au tracé retenu, qu’il juge notamment trop étroit. Sur certains tronçons, la route du Général-de-Gaulle contraint le tram à circuler dans les deux sens sur une voie unique, reconnaît Danielle Dambach.
Mais la municipalité devra aussi convaincre les habitants de la Neustadt, pas forcément enclins à perdre des places de parking ni des surfaces de bitume. Une réunion publique est prévue mercredi 29 mars pour présenter aux riverains les conséquences de ces piétonisations sur la circulation automobile.
Pour la 8e journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites, la rédaction de Rue89 Strasbourg rend compte en direct des actions, défilés et blocages organisés.
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15 mars 2023, 17h23
C’est la fin de ce direct sur la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites à Strasbourg. Merci à vous de l’avoir suivi. Voici les informations essentielles pour ce mercredi 15 mars :
Selon nos estimations, plus de 6 000 personnes ont manifesté à Strasbourg. Une mobilisation moindre en comparaison avec la manifestation du 7 mars, qui avait rassemblé plusde 15 000 personnes.
Aucun TER n’a circulé en Alsace ce jour. L’assemblée générale des cheminots a voté une reconduction de la grève jusqu’au jeudi 16 mars.
A l’heure d’écrire ces lignes, une assemblée générale étudiante était en cours pour décider des suites à donner au mouvement
Entre 4h et 5h30, le collectif « On crèvera pas au boulot » a bloqué l’accès au port aux pétroles. Une cinquantaine de camions n’ont pu circuler jusqu’à l’intervention de la police.
Pour cette huitième journée de contestation de la réforme des retraites, toute l’équipe de Rue89 Strasbourg était mobilisée. Notre engagement nous pousse à produire des articles en libre accès pour donner la voix aux mobilisations sociales. Tous ces reportages, analyses et autres interviews ont pourtant un coût. Pour soutenir une rédaction indépendante, n’hésitez pas à nous soutenir en vous abonnant.
Selon nos estimations, à peine plus de 6 000 personnes ont manifesté contre la réforme des retraites ce mercredi 15 mars.
Les signaux d’une manifestation de moindre ampleur en comparaison avec la sixième journée de mobilisation, le mardi 7 mars, sont multiples. La taille du cortège est tout d’abord inférieure. Nos journalistes sur place ont évalué la longueur de la manifestation à 900 mètres. C’est deux fois moins que lors de la mobilisation du 7 mars, qui avait rassemblé 15 000 personnes selon nos estimations.
Taille du cortège du mercredi 15 mars.
En utilisant le logiciel en ligne Mapchecking, il est possible d’évaluer un nombre de personnes en dessinant la surface qu’ils recouvrent et en estimant la densité de population de la manifestation. Avec un cortège bien plus court que lors des manifestations de janvier, on obtient une estimation de près de 6 000 personnes. Une évaluation proche du décompte réalisé sur place par notre journaliste Thibault Vetter.
Estimation du nombre de manifestants par le logiciel Mapchecking.
Selon les Dernières Nouvelles d’Alsace, la police évalue la participation à 4 100 manifestants. L’intersyndicale estime que 10 000 personnes ont manifesté ce mercredi 15 mars.
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15 mars 2023, 15h05
Christelle, professeure des écoles à Schiltigheim, adhérente au syndicat FSU :
« J’espère vraiment que le gouvernement reculera, mais je ne pense pas qu’il le fera à ce stade… Ca pue le 49-3. On verra… Mais si cette réforme passe, le seul moyen de contester sera la rue : des manifestations plus radicales et des grèves reconductibles dans des secteurs stratégiques, qui vont casser les pieds. J’ai fait toutes les journées de grève. Financièrement, ça serait compliqué mais pour l’avenir des jeunes, je ferai une grève reconductible. »
Christelle, professeure des écoles à Schiltigheim, adhérente FSU. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
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15 mars 2023, 14h52
Un nouveau duo a fait son apparition dans la manifestation strasbourgeoise contre la réforme des retraites : la brigade spéciale de nettoyage des oreilles. Elle répond à un besoin présidentiel, selon les brigadières, qui ont des cotons-tiges contenus dans des lettres scellées adressées à Emmanuel Macron.
Un nouveau duo a fait son apparition dans la manifestation strasbourgeoise contre la réforme des retraites. La brigade spéciale de nettoyage des oreilles. Photo : Camille Gantzer
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15 mars 2023, 14h42
La cortège s’élance vers la place Broglie :
Début de la manifestation du mercredi 15 mars. (Vidéo Camille Gantzer)
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15 mars 2023, 14h33
Jonathan Welschinger, cosecrétaire départemental du syndicat des instituteurs et professeurs des écoles FSU-SNUPP 67 :
« On va rester le plus unis possible. On se calera sur les décisions nationales de l’interprofessionnelle. Je pense qu’il va falloir poursuivre le mouvement. On réfléchit à la manière de le faire, aujourd’hui rien n’est encore décidé. Quoi qu’il arrive, on continuera à rendre visible le fait qu’on ne veuille pas de cette réforme. »
Jonathan Welschinger, cosecrétaire départemental du syndicat des instituteurs et professeurs des écoles FSU-SNUPP 67/ Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc
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15 mars 2023, 14h29
Clotilde, 42 ans, professeure à la Haute École des Arts du Rhin (HEAR) :
« Je me mobilise contre la réforme des retraites et le sous-financement des écoles d’art, qui sont en train de se mobiliser à l’échelle nationale. Dans l’école il y a des professeurs qui se mobilisent avec les étudiants. Les gens en ont vraiment ras-le-bol. Je ne pense pas que la mobilisation s’arrêtera après le vote. J’ai l’impression que les gens veulent profiter de l’élan du mouvement national pour mettre en avant les combats qui habitent leurs professions. La culture est sous-représentée à l’ère Macron. »
Clotilde, 42 ans, professeure à la Haute École des Arts du Rhin (HEAR). Photo : Axelle Auvray / Rue89 Strasbourg / cc
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15 mars 2023, 14h22
Jonathan Reinhardt, délégué syndical Force Ouvrière et salarié de l’entreprise Électricité de Strasbourg :
« On a l’espoir parce que l’opinion publique est avec nous. Nous avons encore beaucoup de moyens de pression : nous avons interpellé tous les députés locaux pour leur demander de ne pas voter la réforme. Si elle passe, il y a la possibilité d’un référendum d’initiative partagée. Au niveau national, il y a des discussions à ce sujet. Enfin, pour l’instant, on contient la colère, mais il ne faut pas croire. On peut monter d’un cran avec des actions radicales comme des coupures d’électricité de notre côté. C’est loin d’être perdu, moi je suis optimiste sinon je ne serais pas là. »
Jonathan Reinhardt, membre du syndicat Force Ouvrière et salarié de l’entreprise Électricité de Strasbourg. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
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15 mars 2023, 14h08
Les manifestants se rassemblent devant la place de la République, avenue de la liberté. Pour rappel, le trajet de la manifestation est le suivant :
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15 mars 2023, 13h59
Les cheminots réunis en assemblée générale ont décidé de reconduire la grève contre la réforme des retraites jusqu’au jeudi 16 mars.
Assemblée générale des cheminots en lutte contre la réforme des retraites. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
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15 mars 2023, 11h23
Depuis 9 heures ce matin, une cinquantaine de salariés de Schaeffler à Haguenau sont rassemblés devant leur usine à l’appel de la CGT Métallurgie du Bas-Rhin. Un tract du syndicat dénonce la « détérioration du climat social dans l’entreprise » et « la situation de l’emploi et les conditions de départ des séniors de l’entreprise « . Les ouvriers de Haguenau rejoindront ensuite la manifestation strasbourgeoise, qui partira de l’avenue de la liberté à 14 heures.
L’assemblée générale des cheminots de Strasbourg a débuté. Près de 45 personnes y participent. Aiguilleur et membre de la CGT, Clément Soubize estime qu’il faudra se mobiliser même si la réforme est votée par le Parlement :
« Il faudra continuer à faire pression. Le CPE avait été voté puis retiré suite à la mobilisation. Parmi les députés et les sénateurs, combien sont ouvriers ? C’est quoi leur légitimité pour décider de cet réforme des retraites ? 93% des actifs sont contre la réforme. Nous sommes légitimes. Un maximum de secteurs doivent se mettre en grève et c’est cela qui peut faire plier le gouvernement. »
Aiguilleur et membre de la CGT Clément Soubize estime qu’il faudra se mobiliser même si la réforme est votée par le Parlement. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
Dans l’assemblée, un gréviste exprime sa lassitude vis-à-vis du mouvement social en cours : « Moi j’en ai marre des gens qui disent « on compte sur vous ». Quand je discute à la boulangerie, les gens disent « il faut que ça bouge ». Tout le monde est d’accord pour ça. Mais pour eux, il faut toujours que ça vienne d’autre part. Et ça je n’en peux plus. Les gens doivent comprendre que ça doit venir d’eux. »
Dans un entretien Rue89 Strasbourg publié samedi 11 mars, plusieurs membres de la CGT Cheminots de Strasbourg appelaient à la mobilisation générale.
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15 mars 2023, 10h27
La gare de Strasbourg est presque vide. Aucun TER ne circule. Une dizaine de TGV restent programmés selon le tableau d’affichage des départs.
La gare de Strasbourg est presque vide ce mercredi 15 mars. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
A 10h30, l’assemblée générale des cheminots décidera de la reconduction du mouvement de grève initié depuis le mardi 7 mars.
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15 mars 2023, 10h15
Vers 9h30, le ralentissement sur l’autoroute A35 au niveau du pont de la rue d’Illkirch, en direction de Strasbourg, prenait fin.
(Vidéo Thibault Vetter)
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15 mars 2023, 9h33
L’intersyndicale éducation du Bas-Rhin appelle à se rassembler devant la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) du Bas-Rhin, avenue de la forêt noire, ce mercredi 15 mars à 12 heures. Dans un tract commun aux syndicats CFDT, CGT, FO, FSU, Sud, Solidaires et Unsa, les organisations syndicales estiment qu’en plus de la réforme des retraites, « le gouvernement multiplie les provocations à l’égard des personnels de l’éducation : revalorisations insuffisantes dans le cadre du « socle », missions supplémentaires inacceptables dans le cadre du « pacte », suppression de postes qui auront dès la rentrée 2023 des conséquences scandaleuses.
Le cortège quittera ensuite l’avenue de la forêt noire pour rejoindre la manifestation contre la réforme des retraites qui partira de l’avenue de la liberté à 14 heures.
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15 mars 2023, 9h03
Nouveau blocage sur le campus central de l’université de Strasbourg. L’action est plus étendue que lors des précédentes journées de mobilisation. Selon le syndicat Alternative Etudiante Strasbourg, tous les bâtiments du campus Esplanade (Patio, Atrium, Portique, institut Lebel, faculté de droit, maths-info et chimie), le Palais universitaire et Sciences Po Strasbourg sont bloqués. Selon notre journaliste sur place, les militants contre la réforme des retraites empêchent l’accès à 12 bâtiments universitaires.
Au palais universitaire, peu avant 8h30, des étudiants ont tenté de forcer le blocus. L’un des militants explique l’action en cours :
« On est dans une situation qui est compliquée. On n’a pas envie de bloquer mais on n’a pas le choix. Je suis plutôt pessimiste pour la réforme des retraites, mais on doit se mobiliser. Ce n’est pas démocratique si le vote passe. C’est important de bloquer parce que ça nous permet de bloquer les cours et les examens et de rejoindre les manifestations. »
La faculté de sciences sociales organise une assemblée générale contre la réforme des retraites ce matin à 10 heures à la MISHA, en salle de conférence.
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15 mars 2023, 8h40
Opération escargot en cours sur l’autoroute A35 en direction de Strasbourg. Aux alentours de 8h20, le convoi ralentissant la circulation à 15 km/h se situait au niveau de la Vigie. L’opération est encadrée par la police. « Tout se passe bien », selon Pascal Vaudin, secrétaire départemental du Bas-Rhin de la CFDT Transports.
A 8h24, l’autoroute A35 en direction de Strasbourg s’est subitement vidée. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
A 8h32, le convoi d’une trentaine de voitures siglées CFDT passait sous le pont de la rue d’Illkirch. Derrière elles, un long embouteillage.
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15 mars 2023, 7h57
Nouvelle action du collectif « On crèvera pas au boulot ». Après avoir bloqué l’entrepôt strasbourgeois d’Amazon le mardi 8 mars, plusieurs dizaines de militants contre la réforme des retraites ont empêché l’accès au Port aux pétroles à partir de 4 heures du matin avant d’être délogé par la police vers 5h30. « Une voiture de police était déjà présente quand on est arrivée pour le début du blocage… », souffle Camille (le prénom a été modifié), contacté vers 7h30. Le militant évoque une quarantaine de personnes mobilisées pour une cinquantaine de camions bloqués au moment de la fin de l’action.
L’accès au Port aux pétroles barré cette nuit par des militants du collectif « On crèvera pas au boulot ». (Document remis)
Dans un communiqué, le collectif « On crèvera pas au boulot » explique la démarche :
« Cette action a pour objectif de montrer notre solidarité avec la grève des raffineurs qui nous montrent la voie et de contribuer, à notre niveau, à la mise à l’arrêt de l’économie, seul moyen de se faire entendre du gouvernement et des grands patrons. Chaque semi-remorque à l’arrêt représente 36 000 litres de carburant qui ne seront pas livrés en ce jour de mobilisation du pays tout entier, et cela sans porter préjudice aux travailleurs routiers.
Nous irons jusqu’au bout, jusqu’au retrait de cette contre-réforme, mais pas seulement ! Nous voulons vivre dignement dès aujourd’hui, et non survivre dans une société où tout augmente sauf les salaires : les prix, la pauvreté, la réduction des moyens dans les services publics…. Nous voulons une société où l’on produise en fonction des besoins de la population et non des profits, une société qui respecte l’humain et la planète ! Nous sommes l’avenir, à bas les exploiteurs pollueurs et les politiciens qui les laissent détruire nos vies en toute impunité ! »
Les militants ont dû mettre fin à l’action dès 5h30.
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15 mars 2023, 6h00
Bienvenue sur ce compte-rendu en direct de la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites menée par le gouvernement. Le Parlement examinera ce texte le jour même au sein d’une commission mixte paritaire (CMP) composée de sept sénateurs et de sept députés, afin d’aboutir à un texte commun qui pourrait être voté par les deux assemblées. Cette CMP doit se dérouler à huis-clos, la retransmission vidéo ayant été refusée par Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale.
Cette réforme prévoit notamment d’allonger graduellement la durée de cotisation nécessaire pour se retirer à taux plein, et le recul de l’âge minimum. Les syndicats ont appelé à une nouvelle journée de « grève générale » ce mercredi, bien que le premier appel mardi 7 mars n’ait pas réussi à « bloquer le pays » comme ils l’espéraient afin de faire reculer le gouvernement.
Rue89 Strasbourg est mobilisé pour rendre compte ici même des mouvements sociaux dans les entreprises et les services publics, des blocages et des cortèges. Si vous êtes organisatrice ou organisateur d’une action, membre d’un collectif ou simplement témoin d’un événement en lien avec cette journée de mobilisation, merci de nous envoyer vos éléments à redaction@rue89strasbourg.com (en incluant un numéro de téléphone) ou via le formulaire de contact afin qu’ils puissent être relayés sur ce compte-rendu.
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵
La qualité de l’air a baissé dans quatre communes du Kochersberg depuis qu’elles sont traversées par le Grand contournement ouest (GCO). Les maires de ces communes demandent que soient mises en place des mesures de santé publique.
En 2021, les communes de Duppigheim, Duttlenheim, Kolbsheim et Ernolsheim-sur-Bruche, toutes situées dans le Kochersberg à l’ouest de Strasbourg, ont confié à BioMonitor l’analyse de leur air ambiant. L’objectif était de documenter leur situation atmosphérique avant la mise en service du Grand contournement ouest (GCO), une autoroute de 24 km qui traverse le Kochersberg (voir tous nos articles).
Selon cette étude, dont les résultats ont été présentés vendredi 10 mars à Ernolsheim-sur-Bruche, les quatre communes ont observé une nette augmentation des taux de dioxyde d’azote (NO2) dans l’air dix mois après l’inauguration du GCO. Le dioxyde d’azote est un gaz principalement émis par le trafic routier et impacte les fonctions respiratoires. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe ce gaz parmi les polluants atmosphériques – deuxième facteur de risque de maladies non transmissibles.
Une vue du GCO, l’autoroute A355 en service le 8 juillet 2022 Photo : JFG / Rue89 Strasbourg / cc
Les huit capteurs répartis près de l’axe autoroutier sur les quatre bans communaux ont mesuré une hausse de la concentration de NO2 de 13h à 20h avec un pic autour de 16h et 17h, ce qui correspond aux variations du trafic sur l’autoroute A355. Cette hausse est comparable aux taux observés en zone urbaine de Strasbourg, mesurés par les trois capteurs d’Atmo Grand Est. Ces données publiques ont été intégrées à l’étude des quatre communes, à des fins de comparaison.
Les premières mesures ont été prises du 20 octobre au 4 novembre 2021, avant la mise en service du GCO, tandis que les mesures comparatives ont été effectuées un an plus tard. Les deux campagnes de mesures ont duré deux semaines chacune.
Les valeurs enregistrées dans les villages rejoignent celles enregistrées à Strasbourg (doc BioMonitor)
Les maires demandent de nouvelles études
Vendredi soir, les maires de Duppigheim, Duttlenheim, Kolbsheim et d’Ernolsheim-sur-Bruche ont réclamé l’installation d’une station permanente de mesure de la qualité de l’air aux abords de Duttlenheim et Duppigheim, les deux villages les plus touchés par cette pollution de l’air, et la limitation de la vitesse sur le GCO en cas de pic de pollution.
Les maires ont également demandé qu’une étude médicale indépendante soit menée sur un échantillon représentatif de la population locale, afin de diagnostiquer les effets du GCO à long terme sur la santé des riverains.
La réalisation d’une étude sur la pollution sonore qu’entraîne la circulation sur l’axe autoroutier serait également envisagée par les communes. Le maire de Duppigheim, Julien Haegy, avait déjà précisé en juillet 2022 que « des administrés disent que désormais, ils ont du bruit tout le temps, en fonction du sens du vent. Ils entendent soit l’A35 au sud, soit ils entendent le GCO à l’ouest. »
Salarié au Castorama de Lampertheim et délégué syndical CGT, Xavier Gaspard a entamé ce lundi 13 mars à 13 heures une grève de la faim. Il exige une augmentation salariale pour contrer la précarité croissante de ses collègues.
Employé du magasin Castorama de Lampertheim et délégué syndical CGT, Xavier Gaspard a entamé une grève de la faim ce lundi 13 mars sur le parking de l’établissement où il passera ses prochaines nuits dans son véhicule. « Par mon action, je veux rendre visible l’invisible », clame le vendeur du rayon peinture de 34 ans. L’objectif du syndicaliste : pousser la direction à prendre conscience de la précarité des employés de l’enseigne de bricolage pour négocier une augmentation salariale.
Xavier Gaspard, salarié du Castorama de Strasbourg, a décidé de faire un grève de la faim Photo : Document remis / Rue89 Strasbourg / cc
Une précarité grandissante
Xavier Gaspard déplore la dégradation des conditions de vie de ses collègues employés : « L’inflation est bien plus grande que l’augmentation de nos salaires, donc notre niveau de vie baisse », affirme le salarié rémunéré « 1 400 euros par mois avec 13 ans d’ancienneté ». Il dit s’être lancé dans cette grève de la faim pour ses collègues qui « en viennent à prendre des crédits à la consommation pour se nourrir et se loger. « Certains en viennent à dormir dans leur voiture », soutient le délégué syndical, sans avancer de chiffres sur le nombre de salariés concernés : « Les gens ont honte de leur situation et n’en parlent pas », explique-t-il.
Xavier Gaspard accuse le groupe britannique Kingfisher, actionnaire majoritaire de Castorama, de verser plusieurs millions d’euros de dividendes à ses actionnaires, sans assurer les besoins essentiels des salariés.
« Je ne mettrai pas ma vie en danger »
Manger légèrement avant le jour J, boire 3 litres d’eau par jour et prendre des vitamines… Le syndicaliste se dit « bien préparé et conscient des risques » de son action. Il affirme avoir un suivi médical et évoque des camarades de la CGT Santé qui vont régulièrement prendre de ses nouvelles. « Si ça ne va plus, je le dirai, affirme Xavier Gaspard, j’arrêterai et je publierai un communiqué pour expliquer la situation.«
Un dialogue en prévision
Dans un communiqué adressé à France 3 Alsace, Castorama affirme qu’une réunion aura lieu le vendredi 17 mars avec l’ensemble des délégués syndicaux centraux. La direction indique également qu’une revalorisation de la grille salariale a été accordéeet« permettra une évolution de salaire de 7,3% entre mars 2022 et mars 2023 », à quoi s’ajoute une « augmentation générale minimum de 70€ appliquée en août 2022 et mars 2023 », ainsi que des « augmentations individuelles applicables en mai 2023 ».
Mercredi 22 février, des salariés du Castorama de Lampertheim avaient occupé le magasin pour obtenir une hausse de leurs salaires. Ils estimaient alors que l’augmentation accordée en 2022, limitée à 50 euros bruts par mois, n’avaient été qu’un « rattrapage de l’inflation ».
L’intersyndicale contre la réforme des retraites a appelé à une nouvelle journée de grève pour le mercredi 15 mars. Le point sur cette huitième journée de mobilisation à Strasbourg.
La huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites aura lieu mercredi 15 mars. Après le vote du Sénat en faveur de la réforme, l’intersyndicale réclame une consultation citoyenne à ce sujet « dans les plus brefs délais ». La semaine du 13 mars pourrait être décisive avec l’arrivée du texte de loi en commission mixte-paritaire (CMP) à partir du mercredi 15 mars. Cette commission est réunie lorsque l’Assemblée nationale et le Sénat n’ont pas voté les mêmes mesures. Elle a pour objectif de parvenir à un texte commun entre les deux chambres du Parlement. Dans le meilleur scénario pour le gouvernement, cette procédure peut se terminer jeudi 16 mars. Il est néanmoins plus probable que le processus dure plus longtemps.
Manifestation du jeudi 19 janvier 2023 Photo : Pascal Bastien
Huitième manifestation contre la réforme
À Strasbourg, la manifestation partira à 14h de l’avenue de la Liberté. Le cortège passera par la place République, pour rejoindre la place Broglie, puis la place Homme de Fer. Il se dirigera ensuite vers le quartier de la Krutenau par la rue de la Division Leclerc, la rue de la Première-Armée, la rue des Orphelins et tournera ensuite vers la place de Zurich pour rejoindre les quais. Le cortège se finira à son point de départ : l’avenue de la Liberté.
La manifestation du mardi 7 mars avait réuni dans la capitale alsacienne plus de 15 000 personnes selon nos estimations. Pour la septième mobilisation appelée par l’intersyndicale, le samedi 11 mars, les syndicats estiment la participation à 5000 personnes contre 1 500 personnes selon la préfecture du Bas-Rhin.
Opération escargot sur les autoroutes A35, A4 et M35
La section transport et bois de la CFDT appelle à une opération escargot sur les autoroutes A35, A4 et M35 pendant toute la matinée. La circulation sera très perturbée sur cet axe. Le départ est prévu au magasin Cora de Dorlisheim à 7h30. Le cortège de voiture prendra la direction de Brumath en bloquant toutes les voies de circulation. Arrivés à Brumath, les manifestants repartiront de la même façon, dans l’autre sens, en direction du parking du magasin Auchan d’Illkirch-Graffenstaden.
Perturbations sur le réseau CTS
Après avoir recensé le personnel en grève le mercredi 15 mars, la CTS annonce les cadences suivantes pour les trams :
Les lignes de tram A, B, C et D circuleront toutes les 7 à 8 minutes environ.
La ligne de tram E circulera toutes les 9 minutes environ.
La ligne de tram F circulera toutes les 10 minutes environ.
Concernant les bus, la CTS avance une circulation normale pour les lignes de bus 12, 22, 27, 31, 41, 42, 43, 44, 45, 60, 62, 63, 64, 71, 72, 73, 74, 75 et 76. Les services Flex’hop, les services Taxibus ainsi que les circuits scolaires seront assurés normalement.
À Strasbourg, la grève des cheminots est reconduite jusqu’au mercredi 15 mars, comme l’indique le secrétaire régional du syndicat Sud Rail Alsace Alexandre Welsch. À Mulhouse, la grève des cheminots a été validée en assemblée générale jusqu’au mardi 14 mars. Le responsable syndical affirme que « le trafic TER sera très fortement perturbé ce mercredi 15 mars avec quasiment aucun TER en circulation en Alsace. »
Le groupe La Poste a installé des ateliers de reconditionnement des vélos électriques de ses facteurs. Des modèles solides et fabriqués en France mais que les particuliers ne peuvent acheter qu’en acceptant de se passer des subventions publiques.
La presse locale a salué l’installation en avril 2021 à Saint-Dié-des-Vosges d’une chaîne de reconditionnement des vélos électriques de La Poste. Recy’Clo, c’est son nom, fait appel à l’établissement et service d’aide par le travail (Esat) « Les Alisiers » pour produire ces vélos. Le service est donc écologique, local mais aussi social puisqu’il permet à des personnes handicapées de travailler.
C’est formidable mais voilà : les acheteurs de ces vélos ne peuvent pas bénéficier des aides à l’acquisition prévues par l’État (de 150 à 2 000€ selon les cas), la Région Grand Est (closes depuis 2023) ou l’Eurométropole de Strasbourg (de 300 à 500€)… Tous ces dispositifs ne fonctionnent que pour des achats de vélos neufs.
Cette situation a ulcéré Raphaël, cycliste de Cronenbourg :
« Quand j’ai regardé pour un modèle électrique en magasin, les prix des vélos-cargos démarraient à 2 500€… Et puis je suis tombé sur Recy’Clo qui me proposait un vélo solide me correspondant parfaitement pour 1 300€. Je l’ai acheté puis j’ai demandé les aides. Quelle ne fut pas ma surprise en constatant que l’État prenait à sa charge jusqu’à 40% du prix d’un vélo importé de Chine mais refusait de m’aider pour un vélo fabriqué et reconditionné en France ! »
Le ministère de la Transition écologique confirme l’exclusion des vélos reconditionnés des aides à l’achat et à la conversion mais assure que leur prise en compte est « à l’étude ». De son côté, la Région Grand Est justifie cette exclusion par « une offre encore très réduite », par des prix moindres mais surtout par des craintes de fraudes.
Suite à ces refus, Raphaël, qui travaille dans le secteur des déchets et du recyclage, essaie d’alerter les administrations afin d’inclure les vélos reconditionnés dans le dispositif :
« Ce sont des vélos garantis et remis à neuf selon une norme Afnor, c’est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Je vais contester le refus de l’État, ça me prendra du temps mais ça me semble important. J’ai essayé de contacter l’élu de la Région Grand Est en charge de ce dossier, sans succès pour l’instant… Je vais écrire au député de ma circonscription… »
Un vélo de facteur reconditionné dans l’atelier de Saint-Dié-des-Vosges Photo : doc remis
Directeur du développement de Recy’Clo, Serge Da Silva essaie aussi d’obtenir un changement de doctrine de l’État :
« On a alerté tous les échelons de l’administration sur ce problème mais nous n’avons eu aucun retour. Quelques métropoles incluent déjà les vélos reconditionnés dans le périmètre de leurs aides, à condition par exemple que l’atelier de reconditionnement soit dans la région, mais l’aide de l’État est de loin la plus importante. Son absence freine le développement de notre filière. »
La filiale du groupe La Poste a ouvert en juin 2022 un atelier de reconditionnement auprès de « Savoir et compétences » à Illkirch-Graffenstaden et prévoit de recycler 2 000 vélos par an dans une dizaine de sites à terme, quitte à prendre en charge d’autres flottes de vélos électriques que celle de La Poste. Dans ces ateliers, chaque vélo est entièrement démonté et remonté avec des pièces en bon état ou neuves (30% des cas). Les batteries sont systématiquement changées mais elles viennent d’Asie, du moins « jusqu’à ce qu’une solution française soit trouvée » précise Serge Da Silva.