Le club de football de Chelsea pourrait acheter le Racing Club de Strasbourg, afin de former un groupe de clubs européens. Une évolution pourrait permettre aux clubs de football ayant le même propriétaire de jouer simultanément en Ligue des Champions.
Le média britannique The Guardian a détaillé dans un article publié le 17 mars l’intérêt du Chelsea football club pour racheter le Racing club de Strasbourg (RCSA), actuellement en Ligue 1. Marc Keller, le président du club strasbourgeois, a confirmé au Guardian qu’il était en négociations avec Todd Boehly, le co-propriétaire du club de Chelsea. La discussion concerne l’achat total ou partiel du RCSA.
Ce rachat s’inscrit dans le modèle du « multi-clubs » proposée par le président de l’UEFA (Union of european football associations), Aleksander Ceferin, qui permettrait aux clubs de football ayant le même propriétaire de jouer simultanément dans les mêmes compétitions européennes.
« On a eu cinq ou six propriétaires de clubs qui veulent acheter un autre club. Nous devons nous pencher sur la question pour savoir quoi faire. Soit la règle reste la même, soit nous autorisons ces clubs à jouer dans la même compétition. Je ne suis pas encore certain de la décision à prendre. »
traduction de Rue89 Strasbourg
Le modèle « multi-clubs » intéresse Chelsea
Pour le club de Chelsea, l’objectif est de disposer de bons clubs dans d’autres pays, afin de capitaliser sur des échanges de joueurs, des centres de formation et assurer au club anglais l’accès à l’élite des jeunes footballeurs européens. Selon le Guardian, les clubs de Lyon, Sochaux et Bordeaux ont rejeté les offres de rachat de Chelsea mais à Strasbourg, Marc Keller est plus réceptif car il vise la présidence de la Fédération française de football.
Ces mouvements de structuration européens sont toutefois suspendus à un changement du règlement de l’UEFA, qui interdit l’accès à la compétition européenne aux clubs qui « détiennent ou négocient les titres ou les actions de tout autre club participant ».
Les 600 places d’hébergement d’urgence promises par l’exécutif écologiste en début de mandat ont été créées, mais sans pour autant régler la question du sans-abrisme dans l’agglomération.
Près de 600 places d’hébergement d’urgence ont été créées par la Ville de Strasbourg et l’Eurométropole. Elles s’ajoutent aux 100 places établies en 2018 par la précédente municipalité, selon un point d’étape de l’exécutif écologiste vendredi 17 mars.
Mais les élues ne s’en félicitent guère. Ces places sont déjà toutes occupées car « la situation n’a pas beaucoup évolué depuis 2021, il y a toujours du sans-abrisme, toujours des gens qui appellent en nombre le 115, » reconnaît Floriane Varieras, adjointe en charge de la Ville inclusive.
Un tiers de ces places sont gérées par l’association Accueil sans frontières (ASF 67). Elles ont permis d’héberger par exemple deux familles afghanes (neuf personnes), jusqu’ici mises à l’abri dans un gymnase de la Meinau (ouvert depuis septembre 2022) suite à l’évacuation du camp de la place de l’Étoile en décembre. Selon Floriane Varieras, le gymnase a hébergé jusqu’à 100 personnes. À ce jour, 50 personnes, dont 20 enfants, y vivent encore, sans qu’une solution à court-terme ne soit prévue. « Mais on va prendre tout le monde en charge, » assure Floriane Variéras.
Des places en partie gérées par ASF 67
Questionné sur la localisation des places d’hébergement, le directeur d’ASF 67, Vincent Jullien, explique :
« Sur les 600 places d’hébergement d’urgence dans l’Eurométropole, 191 sont gérées par l’ASF 67. Ces places sont diffuses sur tout le territoire de la métropole mais on ne va pas se mentir, elles sont surtout dans les quartiers où il y a beaucoup de bailleurs sociaux, donc à Hautepierre, Cronenbourg… ».
L’association ASF, présente dans toute la France, est spécialisée dans l’hébergement et le suivi administratif des demandeurs d’asile. Elle propose des places en « co-hébergement » pour les personnes isolées. Quant aux familles, « elles sont toujours hébergées dans un appartement pour elles seules, » précise la responsable du service ville de l’ASF 67, Sarah Reff :
« Une fois prises en charge, les personnes conservent leur place jusqu’à ce qu’elles décident d’en partir, par exemple dans le cas où elles seraient régularisées et prises en charge par un bail direct. »
Les programmes intercalaires se font attendre
Les dispositifs de mise à l’abri existants sont gérés conjointement par la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg. Marie-Dominique Dreyssé, vice-présidente de l’Eurométropole en charge des solidarités, indique que « cela représente 3,6 millions d’euros par an pour les deux collectivités ». Sur les 600 places, 300 ont été financées par l’Eurométropole. « Il faut encore des places et on doit les trouver, ce n’est pas le besoin qui manque, » poursuit-elle.
Concernant les chiffres du sans-abrisme à Strasbourg, Floriane Varieras ne dispose que des relevés du SIAO (le 115) :
« Sur les maraudes de la semaine, le SIAO a compté 200 personnes sans-abri, dont 10 enfants dans l’Eurométropole… C’est sans compter les gens qui dorment dans leurs voitures, dans les squats et tout ceux que l’on ne voit pas… »
Trois sites potentiels de « logement intercalaire » ont été identifiés par la municipalité. Le principe de ce dispositif est d’héberger des personnes sans-abri dans des bâtiments temporairement vides, entre deux projets d’aménagement ou avant une destruction. « Cela représenterait plusieurs centaines de nouvelles places d’ici deux ans et demi au plus tard, » confie Floriane Varieras qui avait déjà évoqué cette piste.
La préfecture du Bas-Rhin, qui doit légalement assurer l’hébergement d’urgence, n’a pas donné suite au recours gracieux qu’elle avait formulé contre cette politique des collectivités selon Floriane Varieras. En revanche, le recours de la Ville de Strasbourg contre l’État, formulé au lendemain de l’évacuation du camp de la place de l’Étoile, est toujours en cours d’instruction.
Un message contre le droit à l’avortement a été tagué devant les locaux du Planning familial de Strasbourg dans la nuit du 21 au 22 mars. C’est la deuxième fois en deux semaines que l’association subit une telle attaque.
Dans la nuit du 21 au 22 mars 2023, un collectif contre le droit à l’avortement a taggué la chaussée devant l’entrée des locaux du Planning familial de Strasbourg. L’association et ses militantes y accompagnent les personnes qui souhaitent avoir recours au droit fondamental de mettre fin à une grossesse.
Après un tag similaire et au même endroit lors de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, c’est le second tag de ce type en deux semaines. La présidente du Planning Familial du Bas-Rhin Alice Ackermann s’inquiète de la multiplication des menaces et autres désinformations contre l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG). Interview.
Rue89 Strasbourg : Comment avez-vous découvert ce nouveau tag ?
Alice Ackermann : On a découvert le tag ce matin en ouvrant nos locaux. C’est le même type de tag qui avait été fait pour la journée du 8 mars. Il est situé devant notre entrée, prend toute la chaussée et il est écrit de manière à ce que les personnes qui sortent du planning le lisent.
« Une intimidation de nos militants »
Ils veulent intimider et stigmatiser les femmes qui se renseignent ou souhaitent avorter. C’est aussi une désinformation, puisqu’ils assimilent l’avortement à une violence. C’est enfin un message pour le planning, une intimidation de nos militants. Pour nous, il s’agit d’un délit d’entrave à l’IVG.
Qu’avez-vous ressenti en voyant ce second tag anti-choix en deux semaines ?
On se dit que la lutte pour le droit à l’avortement est loin d’être terminée alors que c’est un droit humain et fondamental, qui ne doit pas être remis en question malgré ces attaques. C’est notre rôle au Planning d’assurer un tel accès sans stigmatisation, violence ou agression. On est toujours dans la même dynamique de défense de ce droit qui n’est jamais acquis.
Cela me met aussi en colère. C’est insupportable que des bénévoles puissent se sentir en insécurité. On refuse que cela puisse arriver, et plus largement que les personnes qu’on accueille puissent avoir peur de venir.
« On n’est pas seules »
En même temps, on a réagi rapidement on s’est toutes appelées pour se soutenir entre militantes du Planning. Depuis notre communiqué, on reçoit énormément de messages de soutien. Malgré les attaques, il y a une majorité de la population qui est là et bien présente pour nous soutenir. Ça fait du bien de sentir qu’on n’est pas seules.
Ces attaques sont-elles régulières ?
On a été attaqué en 2020. Des tags réalisés sur notre plaque d’entrée avaient pour but de couvrir le logo, le nom et les horaires du Planning, en période covid. Et puis là, ça s’accélère ces deux dernières semaines, on en a eu deux d’affilée. Je suis au Planning familial depuis huit ans, et il n’y avait rien eu de tel pendant mes 5 premières années. On voit bien qu’il y a une tension qui monte de l’extrême droite sur la question de l’avortement.
Y a-t-il d’autres obstacles à l’accès à l’IVG aujourd’hui ?
On avait fait une campagne à Strasbourg sur le délit d’entrave à l’IVG par le numérique. Des personnes qu’on reçoit témoignent du fait que lorsqu’elles font des recherches google ou sur les réseaux sociaux, elles tombent souvent sur des contenus sponsorisés par des associations et comptes anti-choix qui profitent d’une zone grise légale qui permet d’utiliser les réseaux pour désinformer. On avait alerté la procureur sur ce qu’on considère comme un délit d’entrave.
Un faux numéro vert
Je suis une ancienne membre du bureau national. À Strasbourg, nous assurons la ligne téléphonique du numéro vert d’information concernant l’avortement. Pendant le covid, nous avons constaté que de nombreuses femmes tombaient sur un faux numéro vert qui les culpabilisait et les désinformait. Nous nous sommes mobilisées auprès de gouvernement pour que ce phénomène cesse. D’une manière générale, nous devons être très attentives à cette problématique du référencement.
Mardi 21 mars, le tribunal correctionnel de Strasbourg a relaxé une militante de l’association de protection animale L214. Elle était poursuivie pour un tag à la craie réalisé devant le supermarché Monoprix de la place Kléber.
Une militante strasbourgeoise de l’association L214 était poursuivie pour « dégradation de l’espace public et du mobilier urbain », pour un tag à la craie réalisé sur la place Kléber en mars 2022. Près d’un an plus tard, mardi 21 mars 2023, le tribunal correctionnel de Strasbourg a relaxé la bénévole la militante de l’association animaliste. C’est la fin d’une procédure judiciaire absurde.
Le juge a considéré que l’infraction n’était pas constituée
Tout a commencé par une distribution de tracts et des inscriptions sur le sol qui dénoncent les conditions d’élevage des poulets du groupe agro-alimentaire LDC, propriétaire de la marque Le Gaulois. L’Eurométropole de Strasbourg (EMS) porte ensuite plainte pour inscription sur la voie publique… avant de se retirer en évoquant une « procédure automatique ». Mais la procureure de la République, Yolande Renzi, avait alors décidé de maintenir les poursuites contre la militante.
L’avocate de la prévenue, Me Hélène Thouy, revient sur les échanges lors du procès :
« Le juge a considéré que l’infraction n’était pas constituée, comme L214 le soutient depuis le début. Ces inscriptions, qui n’ont de toute façon pas été réalisées par la prévenue, n’ont en outre causé aucun préjudice puisque la craie est totalement effaçable et ce, très facilement. »
Des actions de sensibilisation similaires avaient eu lieu dans une trentaine d’endroits sans que les autres bénévoles n’aient été l’objets de poursuites pour leur participation, selon l’association.
L’intersyndicale appelle à une neuvième grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites jeudi 23 mars. À Strasbourg, une manifestation partira de l’avenue de la Liberté à 14 heures.
Malgré l’emploi de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter sans vote parlementaire le texte devant réformer le régime des retraites français par le gouvernement, les syndicats ne désarment pas et continuent de demander le retrait du texte.
Une nouvelle journée de mobilisation, la neuvième, est donc organisée jeudi 23 mars avec comme point d’orgue à Strasbourg une manifestation, dont le départ est prévu à 14h, avenue de la Liberté dans la Neustadt. Laurent Feisthauer, secrétaire général de la CGT du Bas-Rhin, détaille l’intention :
« Le gouvernement est en train de vaciller et nous pouvons l’emporter mais il faut être massivement présent. L’objectif ce n’est plus 30 000 manifestants comme les premiers jours, mais 50 ou 60 000. Il faut monter en puissance. L’utilisation du 49-3 a été un électrochoc, on est sûr que les gens viendront nombreux jeudi. »
La manifestation suivra un itinéraire différent puisqu’elle se terminera sur la place de l’Université, devant le palais universitaire :
Les cheminots, qui seront en grève jeudi, invitent leurs soutiens à les rejoindre pour un « barbecue des grévistes » la veille de la manifestation mercredi 22 mars à 17h sur la place de la Gare à Strasbourg.
Transports perturbés, cantines fermées…
Comme lors des éditions précédentes, des perturbations devraient réduire l’offre disponible des transports en commun. Les trains régionaux pourraient ne pas circuler du tout, tandis que les cadencements des bus et trams de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) devraient se réduire jeudi.
Dans un communiqué publié mardi soir, la CTS s’attend à des tram toutes les 10 à 15 minutes environ sur les lignes A, B, C et D, tandis que la cadence pourra aller jusqu’à 20 minutes sur les lignes E et F. Les cadences sur la ligne de bus G seront de 8 à 10 minutes, et de 10 à 12 minutes sur la ligne H. La ligne de bus L1 circulera toutes les 9 à 15 minutes, la ligne de bus L3 toutes les 10 à 17 minutes et la ligne de bus L6 toutes les 10 à 15 minutes entre Pont Phario et Fort Desaix. La Compagnie des transports strasbourgeois (CTBR) estime que son offre de jeudi s’établira à 60% de celle proposée habituellement.
Les parents d’enfants scolarisés à Strasbourg devront les récupérer à midi car toutes les cantines de la Ville seront fermées. Les accueils périscolaires du matin se maintiendront au cas par cas. Dans le cas où plus d’un quart des enseignants d’une école sont en grève, la Ville met en place un service minimum d’accueil dans une série d’écoles de rattachement.
Le conseil municipal du lundi 20 mars fut éreintant pour l’exécutif écologiste. Le vote du budget ou de la hausse du tarif du stationnement résidentiel ont offert à l’opposition de droite un boulevard pour formuler leurs critiques.
Alignés en rang d’oignon face au buffet, les élus hésitent. Que choisir ? Les regards arpentent la table, passent du saumon fumé aux fondants miniatures, s’arrêtent sur les bouteilles de blanc. « C’est rare qu’on serve de l’alcool ici, je me demande s’il n’y a pas eu une erreur dans la commande… » s’interroge à haute voix l’un des traiteurs. Sans convaincre. Après onze heures de conseil municipal, la nuit est déjà bien en place. On savoure sagement le moment de la collation, quelle que soit sa sensibilité politique. Derrière les vitres massives du centre administratif, le bruit des sirènes de police ne percent pas. À quelques rues de là pourtant, dans les artères de la Krutenau, des manifestants très mobilisés contre la réforme des retraites dégustent des rasades de lacrymo. Quelques notes de poivre, pour ravir les papilles.
Mais d’ici, vraiment rien ne perce. Depuis le début de la matinée, les conseillers sont restés cloîtrés dans l’enceinte de la salle des conseils. Ce lundi 20 mars, l’ordre du jour était particulièrement gratiné, avec 69 points retenus. Certains étaient voués à provoquer de grands débats, comme le vote du budget ou les hausses du prix du stationnement.
Reprise des hostilités
Au départ pourtant, tout commence bien. Pendant vingt minutes, les élus donnent l’air de se supporter. Il suffit d’aborder le premier point au programme – l’actualisation du règlement intérieur – pour que l’atmosphère s’envenime. Alain Fontanel (Renaissance) dégaine le premier, en ouvrant le tour de parole. S’il reconnaît la nécessité d’un travail de réécriture, « après des mois de polémiques et d’incidents », il fustige l’instant qui suit la durée indicative des temps de paroles par résolution. Cinq minutes au premier temps d’échange, deux minutes au second. « Limiter un droit à peine créé, c’est une régression démocratique plus qu’une révolution », lance-t-il pour tacler la majorité.
« Vous restez une militante, et votre interprétation du règlement intérieur reste militante. » S’adressant à Jeanne Barseghian, Jean-Philippe Vetter (LR) appuie le propos du chef du groupe « Strasbourg ensemble », reprenant son expression de « péché originel » pour qualifier la réduction du nombre de conseils municipaux par année. Selon eux, cela explique les problèmes récurrents de longueur des séances. Dans les rangs socialistes, on opine du chef. La présidente du groupe, Catherine Trautmann (PS), assure que depuis 2009, il y aurait toujours eu un nombre de conseils variant de neuf à dix par année.
La maire Jeanne Barseghian (EELV) coupe court au débat :
« Le but n’était pas d’avoir moins de conseils pour le principe, mais d’améliorer le fonctionnement de notre collectivité et des services. Et le nombre de conseils reste largement supérieur à celui d’autres grandes villes. »
Voulue pour être consensuelle, cette nouvelle mouture du règlement intérieur ne recueille lors du vote que l’assentiment des communistes et du groupe « Strasbourg écologiste et citoyenne ». « Je suis surprise de vos réactions aujourd’hui, bien différentes de vos propos hors caméra », remarque l’édile avec un sourire contrarié.
S’ensuit un bref psycho-drame, partant d’un tweet accusateur de la communiste Hülliya Turan, posté en plein conseil. En moins de 140 caractères, l’élue accuse Catherine Trautmann d’avoir demandé la création d’un 49-3 dans le règlement intérieur. « Fake news », répond l’intéressée. Cette dernière citait en réalité une ancienne intervention de l’adjoint Marc Hoffsess, qui rigole du fond de son fauteuil. Jurant qu’il s’agit d’une boutade mal comprise, il promet de ne pas réitérer. Avec un sourire qui annonce l’inverse.
« Vous traversez ce mandat comme des ombres »
Après une très brève interruption de séance pour régler l’imbroglio, le conseil suit son fil vers le vote du budget. L’opposition réitère sans surprise ses accusations de mauvaise gestion financière, comme lors du débat d’orientation budgétaire, au dernier conseil. « La dégradation de la situation financière de la Ville a commencé bien avant la crise énergétique. » Reprenant la parole, Alain Fontanel lâche ses coups :
« Pour boucler votre budget, vous prélevez à tout va. Vous alimentez l’inflation, en augmentant les tarifs des terrasses pour les commerçants, les tarifs des transports en commun ou celui du stationnement. »
Toujours dans la même veine, le président du groupe « Un nouveau souffle pour Strasbourg », Jean-Philippe Vetter attaque plus frontalement :
« Je vois à quel point vous êtes devenu expert sur la distribution des richesses. Maintenant ce qu’il manque, c’est la création de richesses. J’ai l’impression que vous traversez ce mandat comme des ombres, où il n’y pas un projet phare, un projet qui fait rayonner la Ville, un projet qui puisse être un marqueur. […] Vous n’allez quand même pas continuer pendant quatre ans pour aboutir à une ville de Strasbourg, où les impôts auront augmenté, sans qu’on ne voit vraiment de différence ? »
Le premier adjoint chargé du budget, Syamak Agha Babaei, réplique en plaidant la différence de visions politiques. Égrenant les exemples d’ouvertures de lieux plus modestes, comme un centre socio-culturel au Port du Rhin ou l’arrivée prochaine d’un supermarché à l’Elsau :
« Tout dépend de la manière dont on regarde les choses. Si pour vous un projet est un bâtiment, quelque chose de grand, quelque chose qui coûterait cher, oui on a des visions différentes. Nous on souhaite laisser des services publics dans tous les quartiers de la Ville. »
Union sacrée contre la hausse de prix du stationnement
Lorsque la question du stationnement arrive, l’assemblée se raidit. Depuis l’annonce par la maire de son intention d’augmenter le prix du stationnement résidentiel, le 8 mars, l’opposition a eu le temps de fourbir ses armes. Bombant le torse, Anne-Pernelle Richardot (PS) entame les hostilités en multipliant les angles d’attaques : la hausse du prix de l’abonnement résidentiel (pouvant monter de 15€ à 30€ ou 40€, selon son revenu fiscal de référence), la fin du stationnement gratuit au Neudorf, ou le manque de parking en silo :
« Votre souci, ce n’est pas de défendre les plus fragiles ou les classes populaires, mais bien de flatter votre électorat urbain, si soucieux de son bien-être individuel. Votre projet reste hors sol, il ne s’appuie sur aucun schéma de circulation. »
Comme les élus des autres groupes d’opposition, la conseillère socialiste raille également l’absence de concertations citoyennes. Citant la réaction dans nos colonnes de l’adjoint référent du quartier, Antoine Dubois, elle ne décolère pas et appelle à la tenue d’une « consultation citoyenne », ayant effet de référendum local. Haussement de sourcils à la tribune de l’exécutif.
Intervenant après elle, le conseiller Joris Castiglione abonde. Bien qu’il fasse partie de la majorité, il annonce le désaccord du groupe communiste qu’il représente :
« Pour qu’une politique de stationnement soit efficace, elle doit requérir l’acceptation du plus grand nombre. Recueillons nous l’adhésion du plus grand nombre avec une augmentation aussi importante des tarifs ? Il s’agit d’une contradiction de la volonté d’assurer un bouclier social et solidaire. »
Logiquement, il conclut en indiquant que son groupe votera contre. Pas de quoi entraver le groupe de Strasbourg écologiste et citoyenne, qui dispose d’une majorité confortable à lui seul. Le co-président du groupe, Benjamin Soulet, réaffirme « la nécessité de sortir du tout voiture, un gouffre financier et écologique ». Avec lui, l’adjoint chargé de la voirie, Pierre Ozenne, cite Roland Ries pour appuyer sa politique : « Il n’y a pas de changement des comportements sans contraintes. » En l’occurrence, orienter les conducteurs vers les parkings en silos au maximum.
Derniers remous
Vers 20 heures, les conseillers arrivent au bout des délibérations et entament l’examen des derniers points. Résolutions, motions, interpellations. Alors qu’une partie des élus se relaient pour aller manger au buffet, le conseil municipal s’approche doucement de sa fin. « Je suis crevé, et ce n’est pas fini », soupire un agent de la mairie. « À l’époque de Ries, c’était rare qu’on finisse aussi tard ».
L’hémicycle s’accorde à l’unisson sur plusieurs textes de motions, en soutien aux personnes LGBTI+ victimes de harcèlement, aux « peuples de Turquie et de Syrie » victimes de l’un des séismes les plus meurtriers du XXIe siècle, ou pour réaffirmer le droit à l’IVG après l’inscription d’un tag anti-avortement découvert devant le Planning familial le 8 mars.
L’harmonie s’estompe lorsque Jean-Philippe Vetter présente sa motion, en soutien aux commerçants victimes de vandalisme. Si elle ne cause pas de remous, c’est un amendement de Pierre Jakubowicz qui relance les hostilités. Ce dernier souhaite rajouter un bout de texte pour que les élus « s’engagent en responsabilité, cohérence et par obligation d’exemplarité, à ne pas participer à des manifestations ou rassemblements illégaux, non déclarés en préfecture. » Bronca dans le reste de l’hémicycle. L’élue socialiste Céline Geissmann persifle un amendement créant « un amalgame fallacieux entre les manifestations non déclarées et les violences aux commerçants ». Sans surprise, il sera largement rejeté, mais aura fait parler. Dehors, la manifestation spontanée contre la réforme des retraites bat encore son plein.
De l’Alsace à l’Antarctique, les PFAS, des composés chimiques fabriqués par les humains ont envahi l’environnement. À Strasbourg, un quatuor de chercheurs est en quête d’un outil micro-biologique pour lutter contre l’accumulation de cette pollution.
Dégrader des molécules indestructibles à court-terme, grâce à un micro-organisme que l’on ne connaît pas encore. C’est la mission que se sont fixés deux chercheurs de l’Université de Strasbourg et du CNRS, Stéphane Vuilleumier, professeur de microbiologie, et Michaël Ryckelynck, professeur de biochimie, avec les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS). Ultra-toxiques, ces molécules sont surnommées les « polluants éternels », en lien avec leur persistance dans l’environnement.
Le professeur en micro-biologie, Stéphane Vuilleumier explique la particularité de la pollution engendrée par les PFAS :
« C’est une pollution diffuse, on la retrouve partout et c’est très difficile de concentrer les molécules de PFAS de manière physique ou chimique. Les micro-organismes peuvent être une solution intéressante car ils sont capables de dégrader des choses très diffuses. »
Tout l’enjeu pour les chercheurs est donc d’identifier le micro-organisme capable de dégrader les milliers de PFAS existants. « Il y a un énorme défi et comme personne n’a vraiment de solution, il faut tester tous azimuts ce qui peut être essayé » explique le professeur Vuilleumier.
Pour les deux chercheurs, l’aventure se concrétise en 2022 lorsqu’ils remportent un appel à projets générique de l’Agence nationale de la recherche (ANR). « Sur l’ensemble des projets soumis, environ 10% obtiennent un financement. Jusqu’ici, il n’y a rien de connu en matière de dégradation micro-biologique des PFAS, » précise Michaël Ryckelynck.
Des doctorants à la manœuvre
Depuis, ils ont été rejoints par deux doctorants, Enrico Bocconetti, 27 ans, arrivé d’Italie en octobre 2022, et Radi Khodr, un étudiant libanais de 23 ans. Respectivement au travail dans les laboratoires de l’Institut de physiologie et de chimie biologique (IPCB) et de l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire (IBMC) de l’Université de Strasbourg, ils mènent les recherches sous la direction des deux professeurs dans le cadre de leurs thèses.
Enrico Bocconetti raconte son attrait pour le projet :
« Ce qui m’intéresse dans la biologie appliquée c’est qu’elle peut aider à résoudre des problèmes environnementaux à partir de ce qui existe déjà dans la nature. Dans ce cas précis, on n’invente rien, on cherche la bactérie existante qui peut nous aider à régler le problème engendré par cette pollution humaine. »
Travailler sur une thématique au cœur de l’actualité fait aussi partie des motivations de Radi Khodr :
« La contamination par les PFAS suscite de plus en plus d’intérêt avec la publication d’enquêtes journalistiques, l’identification de “hot spots” (des zones hautement contaminées, NDLR) et l’évolution des réglementations en Europe. Donc c’est tout l’aspect scientifique et environnemental autour qui m’intéresse. »
Accélérer le temps
À l’échelle du temps de l’évolution, l’introduction par les humains des molécules de PFAS dans l’environnement est très récente. La propagation d’un micro-organisme qui se nourrirait de ces molécules n’a pas le temps d’émerger, que déjà l’accumulation de cette pollution représente un risque pour l’ensemble de la chaîne alimentaire. Tout l’enjeu pour l’équipe strasbourgeoise est donc d’accélérer ce « temps de l’évolution » pour trouver le micro-organisme qui se nourrira des PFAS.
Pour y parvenir, le micro-organisme recherché — probablement une bactérie — doit être capable de rompre les nombreuses liaisons fluor-carbone qui caractérisent chacun des PFAS. Si tel est le cas, un signal fluorescent permettra d’identifier la cellule dans laquelle elle se trouve.
Michaël Ryckelynck explique le principal enjeu :
« Avec les méthodes conventionnelles, on ne peut pas tester une bactérie l’une après l’autre pour savoir si elle contient une enzyme capable de dégrader les PFAS. Il existe des millions de bactéries qui contiennent elles-mêmes des milliers d’enzymes (une molécule accélérant une réaction chimique, NDLR). Ce ne serait pas soutenable, ni d’un point de vue économique — cela coûterait bien trop cher — ni scientifique, car ce serait trop long. Ce que l’on propose, c’est une technologie qui permet d’accélérer les choses en testant des millions de bactéries par heure. »
« La question n’est pas de savoir si on va y arriver, mais combien de temps ça va prendre »
Que ce soit à partir d’un échantillon contaminé prélevé dans l’environnement ou via la manipulation d’une molécule en laboratoire, l’objectif de ces quatre scientifiques est de faire émerger le micro-organisme qui réussira à contrer l’accumulation des PFAS dans l’environnement.
Face à l’incertitude des résultats — inhérente à toute recherche scientifique — Stéphane Vuilleumier se montre lucide :
« Peut-être que ces bactéries sont très rares et que l’on arrivera pas à les détecter en trois ans. Mais la question n’est pas de savoir si on va y arriver, c’est de savoir combien de temps ça va prendre. Tous les éléments sont là pour nous indiquer que ce sera possible. Et on a envie d’accélérer le mouvement. »
Environ 3 000 personnes se sont rassemblées place Kléber dans la soirée du lundi 20 mars. Malgré un important dispositif policier, une manifestation sauvage a provoqué des dégradations. Des opposants à la réforme des retraites ont occupé un bâtiment universitaire, avant d’être évacués sans violence par les forces de l’ordre.
« Et nous, aussi, on va passer en force ! » Place Kléber, lundi 20 mars. La foule réagit à l’annonce du résultat de la motion de censure du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT). D’abord le silence de la déception. Mais très vite, le slogan principal des dernières manifestations reprend, pour répondre à ce « passage en force » du gouvernement. Le recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour adopter la réforme des retraites ne passe pas. Environ 3 000 personnes sont venues l’exprimer une nouvelle fois ce soir.
Dans le cortège qui s’élance vers la rue des grandes Arcades, une étudiante exprime sa colère :
« Notre génération n’a pas d’avenir. C’est ce qu’on n’arrête pas de nous dire. Déjà ça, ça me donne la rage. Et pour la réforme des retraites, je pense à mon père qui a 54 ans. Il est ouvrier, il trime et se casse le corps. S’il doit continuer pendant 10 ans, c’est juste dégueulasse. On a été pacifiste au début. Macron s’en foutait complètement. Le 49-3, c’est ça qui est radical. Donc nous aussi on devient radicaux. »
Un bâtiment universitaire bloqué
Prise de court par la manifestation sauvage du vendredi 17 mars, avec son lot de tags, de poubelles brûlées et ses vitrines brisées, la préfecture a cette fois déployé un dispositif policier plus important.
Les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises. Ils ont d’abord coupé le cortège en deux quai des bateliers, et tenté de disperser la foule avec de nombreuses grenades lacrymogènes. Mais les opposants, déterminés, ont continué à protester plusieurs heures dans les rues de Strasbourg, malgré de nombreuses utilisations de gaz lacrymogène.
Selon la journaliste indépendante Camille Balzinger, un manifestant a été pris de convulsions après l’utilisation de gaz lacrymogène dans l’étroite rue des dentelles bloquée par la police.
Devantures de banques taguées, vitres d’arrêts de tram et de panneaux publicitaires brisées, poubelles incendiées. Les dégradations de la troisième manifestation sauvage depuis l’annonce du recours au 49-3 sont moins importantes que celles du vendredi 17 mars, pendant laquelle les forces de l’ordre étaient moins nombreuses. Le cortège s’est dispersé aux alentours de 21h30, après une charge de la police près de la place du Corbeau.
Profitant de la manifestation en cours, des étudiants mobilisés contre la réforme des retraites ont occupé le bâtiment universitaire Escarpe sur le campus central de l’Université.
Interviewés de l’extérieur, ils affirmaient être une centaine après avoir voté en assemblée générale « pour l’occupation permanente et illimitée d’un bâtiment, jour et nuit, en autogestion, pour organiser des projections, des débats, et surtout avoir un lieu pour organiser la mobilisation ».
Évacuation par la police
Vers 23h, la police a évacué le site. L’union départementale CGT du Bas-Rhin a envoyé dans la foulée un communiqué dénonçant « l’inadmissible répression policière dont ont été victimes les manifestant.e.s ». Le syndicat exige « des explications de l’université et de son Président, sur le recours à la répression policière dans l’enceinte de l’université ». Selon l’une des étudiantes mobilisées dans le bâtiment Escarpe, les forces de l’ordre ont laissé les occupants sortir : « Il n’y a pas eu de gaz lacrymo, ni de charge ni de nasse. »
Selon la préfecture du Bas-Rhin, six personnes ont été interpellées dans la soirée du lundi 20 mars. Sur Twitter, la préfète Josiane Chevalier a condamné « avec la plus grande fermeté les nombreuses dégradations commises à Strasbourg et nombreux jets de projectiles dont ont été victimes les policiers ».
Plusieurs organisations de jeunesse strasbourgeoises, le collectif On crèvera pas au boulot et l’intersyndicale mais sans la CFDT, appellent à un rassemblement contre la réforme des retraites lundi 20 mars à 18h30 place Kléber après le vote par l’Assemblée nationale de deux motions de censure.
La lutte contre la réforme des retraites donne un nouveau rendez-vous à Strasbourg, lundi 20 mars à 18h30. L’intersyndicale bas-rhinoise (CGT, FO, FSU, AES, Solidaires, Unsa, FAFPT, CFTC mais sans la CFDT cette fois), appelle à manifester place Kléber « contre le coup de force permanent, après le recours au 49-3 et pour exiger le retrait immédiat de la réforme des retraites ».
Les organisations de jeunesse (Jeunes écologistes d’Alsace, Jeunes insoumis.es de Strasbourg, Jeunes communistes du Bas-Rhin, Alternative étudiante de Strasbourg et La voix lycéenne 67) appellent aussi à « intensifier la mobilisation » en participant à cette manifestation. Le collectif « On crèvera pas au boulot », qui a mené deux blocages contre la réforme des retraites et appelé à manifester dès l’annonce du recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, a aussi relayé cet appel à manifester.
Selon la CGT, « l’intersyndicale interprofessionnelle réunie dès l’annonce du 49-3 appelle à construire dès aujourd’hui des rassemblements, manifestations, actions avec la population en proximité de leurs lieux de vie. » Cet appel vise également à préparer la nouvelle « journée interprofessionnelle unitaire de grève et de manifestations du jeudi 23 mars ».
Des débats longs et houleux s’annoncent pour le conseil municipal du lundi 20 mars. Parmi les points sensibles, le vote du budget, la hausse du stationnement et la mise à jour du règlement intérieur vont alimenter les critiques de l’opposition.
Vote du budget oblige, le conseil municipal de mars débutera lundi 20 mars dè 9h30. Avec 69 délibérations à l’ordre du jour, il devrait se poursuivre jusque tard dans la soirée. Dans le lot, plusieurs sujets risquent de mener à des débats animés, comme la hausse de l’abonnement en stationnement résidentiel, déjà vivement critiquée par l’opposition. Premier point à l’ordre du jour, la présentation d’une nouvelle mouture du règlement intérieur aura pour but de clore l’épisode de tensions du dernier conseil, alors que la présentation d’une délibération cadre sur le financement des cultes pourraient relancer à l’inverse une polémique lancinante.
Le budget soumis au vote
Avant la conclusion chaotique du dernier conseil, les élus avaient pu mener à terme le débat d’orientation du budget, légalement obligatoire avant son vote. Rejetant les procès en laxisme financier, le premier adjoint, Syamak Agha Babaei, avait affirmé que la Ville entendait poursuivre les investissements qu’elle juge nécessaires à la transition écologique. Et ce, en dépit d’un contexte économique difficile, en raison notamment d’une inflation galopante et d’une explosion des coûts de l’énergie.
En amont du vote, la municipalité avait présenté ses comptes : en 2022, la Ville s’est endettée de 32,24 millions d’euros supplémentaires, pour un montant total des emprunts estimé à 273 millions d’euros au 1er janvier 2022. Le budget primitif en 2022 était de 554,3 millions d’euros.
Alors qu’Alain Fontanel (Renaissance) estimait que la commune ne « devait son salut budgétaire qu’à l’État », les communistes devraient dénoncer à l’inverse son avarice, dont ils estiment que le financement (47,9 millions d’euros de dotation, auquel s’ajoute 7,2 millions d’euros de compensation pour allègements fiscaux) reste trop pingre, face à la crise énergétique.
« Dépoussiérage » du règlement intérieur
D’entrée, la question du règlement intérieur se posera aux conseillers municipaux. Deux mois plus tôt, lors de la dernière session publique, tous les élus d’opposition avaient quitté l’hémicycle avec fracas. L’objet de leur indignation : le refus de soumettre au vote une résolution de Pierre Jakubowicz (Horizons, groupe Strasbourg ensemble).
Après l’incident, la maire Jeanne Barseghian avait annoncé qu’un travail de fond se ferait pour « dépoussiérer » le règlement intérieur. Une série de réunion s’était tenue de manière hebdomadaire, entre tous les groupes du conseil municipal.
Désormais, l’objet des résolutions devra être plus précis, lié à des propositions concrètes et se limiteront au nombre de conseils municipaux dans l’année. Pour 2023, il y en aura sept par groupe, qui pourront être utilisées au rythme que ces derniers auront choisi. Enfin, les interpellations deviennent des « questions orales », et devront être plus concises.
Réprobation sur le stationnement et le financement des cultes
L’annonce par Jeanne Barseghian, mercredi 8 mars, d’une hausse des tarifs de l’abonnement du stationnement résidentiel fera très probablement l’objet de commentaires acerbes. Sa mise au vote devrait révéler que de tous les bords de l’hémicycle – des Républicains aux communistes – on désapprouve la délibération. L’ancienne adjointe en charge de la voirie, Anne-Pernelle Richardot (Parti socialiste), sera en pointe dans la critique de la mairie, dont elle blâme également l’extension du périmètre du stationnement payant au Neudorf.
Le vote d’une nouvelle délibération cadre sur le financement des cultes, après l’échec cinglant de sa précédente version, pourrait également permettre à l’opposition de relancer quelques piques à l’adresse de la maire. De même, la délibération 34 portant sur la création de « l’Observatoire de la participation citoyenne » pourrait déclencher un débat orageux sur le bilan de la municipalité en terme de démocratie participative.
Après un signalement au procureur de la République pour mise en danger de la vie des ouvriers de l’incinérateur en 2014, l’inspection du travail a fait preuve d’une passivité aussi soudaine que suspecte face aux dérives du groupe Séché, gestionnaire de l’incinérateur de Strasbourg, alors que les problèmes perdurent.
À Strasbourg, l’entreprise Séché Environnement incinère nos déchets depuis une délégation de service public (DSP) en 2010. Depuis cette date, l’inspection du travail a patiemment documenté les . . .
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L’Eurométropole de Strasbourg (EMS) a porté plainte contre une militante de l’association de défense animale L214 pour inscription sur la voie publique, avant de se retirer. Le parquet a tout de même décidé de poursuivre. Le procès aura lieu le 21 mars prochain au tribunal correctionnel de Strasbourg.
Les faits remontent à près d’un an. Le 19 mars 2022, des bénévoles de l’association animaliste L214 mènent une action de sensibilisation devant le Monoprix de la place Kléber à Strasbourg. Distribution de tracts, inscriptions de tags à la craie sur le sol : le but de cette action est de dénoncer les conditions d’élevage des poulets commercialisés par le groupe LDC, sous sa marque Le Gaulois. Lorsque la police arrive sur les lieux, le collectif indique que les tags éphémères seront nettoyés à l’issue de l’action.
Une plainte de l’EMS, déposée puis retirée avec des excuses
Pourtant, le 11 avril 2022, une bénévole apprend avec surprise que l’Eurométropole a porté plainte à son encontre pour « dégradation de l’espace public ou de mobilier urbain ». Brigitte Gothière est co-fondatrice de l’association. Elle raconte sa surprise au moment où elle apprend le dépôt de plainte : « On a d’abord cru à une blague, on s’est ensuite tourné vers la mairie. Eux-mêmes semblaient ne pas comprendre ce qu’il s’était passé. »
Le 26 mai, au lendemain de son audition libre au commissariat, l’accusée apprend sa convocation à comparaître devant le tribunal correctionnel de Strasbourg.
Finalement, deux mois plus tard, le 13 juin 2022, l’association découvre que l’EMS retire sa plainte. L’Eurométropole prend même le soin d’envoyer une lettre à la prévenue le 21 novembre, pour « s’excuser de la gêne occasionnée par cette démarche ayant mis en cause de manière disproportionnée une association œuvrant pour la cause animale » et fait part d’une procédure « instruite de manière automatique », et « à la demande de la police nationale ».
Dans cette lettre, l’EMS reconnaît également la non-dégradation de la voie publique, les tags à la craie étant « aisément lavables ».
Le parquet décide tout de même de poursuivre
Mais l’association reste sur ses gardes, car la procureure de la République de Strasbourg semble décidée, malgré le retrait de la plainte de l’EMS, à poursuivre l’enquête et à maintenir l’audience.
« Nous n’avons pas été informés d’un quelconque classement de la plainte. Cela veut donc dire que le parquet maintient les poursuites », explique Brigitte Gothière. L214 dénonce l’acharnement du parquet, alors que les faits commis n’ont entraîné « strictement aucun dommage à la collectivité publique ».
Pour Brigitte Gothière, il y a obstination de la part du procureur :
« On avait prévu tout le matériel nécessaire pour effacer les tags, qui partent naturellement avec la pluie de toute façon. Surtout dans le cadre d’une manifestation prévue, c’est aberrant. »
La co-fondatrice de l’association est dans l’incompréhension face au comportement du procureur : « Beaucoup d’autres affaires plus graves sont classées sans suite, comme dans l’affaire de l’abattoir de Limoge en 2016, où nous avions diffusé des images sur les conditions d’abattage des animaux (abattage de vaches gestantes et de fœtus de veaux prêts à naître, NDLR). »
Dans le cadre de cette affaire de tags à la craie, Brigitte Gothière se dit dans l’attente de l’audience, prévue le 21 mars prochain, afin de comprendre les raisons de poursuivre du parquet.
« C’est une atteinte claire à la liberté d’expression »
Maître Hélène Thouy, avocate de la prévenue (qui n’a pas voulu répondre à nos questions), revient sur l’affaire :
« Les poursuites engagées contre la militante portent une atteinte grave et totalement disproportionnée aux libertés d’expression, de réunion et de manifestation. »
Autre incompréhension du dossier, la militante poursuivie n’est pas celle qui a réalisé le tag à la craie. Le doute plane sur ce que le procureur requiert donc à son encontre, explique l’avocate.
Suite aux trente actions menées par l’association partout en France ce 19 mars 2022, l’Eurométropole de Strasbourg a été la seule collectivité à poursuivre pénalement des bénévoles.
À l’occasion de la 8e édition des Rencontres de l’Illustration (16 mars au 2 avril), intitulée cette année « Femmes, identités, visibilités », trois illustratrices strasbourgeoises reviennent sur leur parcours, leur arrivée dans le monde du travail et les inégalités de genre qui persistent dans le milieu de l’art.
Une féminisation du métier, qui reste extrêmement précaire
L’étude que Laure Bettinger présente a été réalisée sur la base d’un questionnaire rempli par 1 500 personnes, soit « la base de données la plus importante jamais recueillies sur les auteurs de BD francophones. » Et même si elle date de 2016, elle reste une référence dans le milieu. Laure Bettinger souligne également que 27 % des répondants étaient des femmes, un chiffre en augmentation par rapport aux années précédentes, ce qui montrerait donc une féminisation du métier.
Tous les chiffres de l’étude reflètent par ailleurs la précarité du métier pour l’ensemble de ses acteurs. On apprend ainsi qu’en 2014, 32% des auteurs de BD et 50% des autrices vivaient sous le seuil de pauvreté, alors fixé à 12 024€ de revenus annuels.
Les Rencontres de l’Illustration de cette année, portées par Central Vapeur, ont pour thème « Femmes, identités, visibilités » et se déroulent du 16 mars au 2 avril. Elles sont justement l’occasion de revenir sur la place des femmes dans le monde de l’illustration et plus largement dans l’art. Trois autrices strasbourgeoises reviennent ici sur leur expérience du métier.
Hélène Bléhaut : « Les gens ont parfois encore du mal à reconnaître que l’illustration est un vrai métier »
Illustratrice et autrice, Hélène Bléhaut, 32 ans, a été formée entre l’École Estienne à Paris, la HAW d’Hambourg et la Haute École des Arts du Rhin (HEAR) à Strasbourg, en didactique visuelle (ou pédagogie par l’image). Diplômée en 2014, elle a ensuite été monitrice à l’atelier photo de la HEAR pendant un an, ce qui lui a permis de continuer à bénéficier des ateliers de l’école. Elle y développe alors une idée de reportage transmédia autour de musiciens haïtiens, réalisé avec le soutien de bourses qui lui permettent de rentrer dans ses frais, mais pas d’être rémunérée en tant que tel. Elle travaille surtout à partir de témoignages, se considérant comme une autrice-illustratrice du réel.
« J’ai réalisé beaucoup de choses bénévolement, notamment pour me faire connaître et multiplier les réalisations que je pouvais présenter en exemple. Rapidement, j’ai cumulé les jobs alimentaires, en parallèle des commandes que j’arrivais à décrocher – très souvent au culot. Mais les boulots alimentaires ont fini par me prendre trop d’énergie et empiéter sur ma capacité à créer. Aujourd’hui, je suis illustratrice à temps plein. Mes revenus proviennent de mon travail et des différentes aides auxquelles j’ai droit, comme la prime d’activité et les APL. »
Actuellement, Hélène Bléhaut vit majoritairement de commandes qu’on lui passe, tout en travaillant sur des projets personnels qui ne lui rapportent peu ou pas d’argent. Les bonnes années, elle gagne environ 15 000 € brut, mais cela peut vite chuter. Le Covid a mis un réel coup d’arrêt à ses rentrées d’argent, notamment en 2020 où elle n’a touché qu’un peu plus de 4 000 €.
Un phénomène de « boys club »
Face aux chiffres avancés par l’enquête États généraux de la BD, la jeune femme n’apparait pas si étonnée :
« Je pense que, comme dans la majorité des emplois aujourd’hui, les femmes ne sont pas aussi bien entraînées que les hommes à défendre leur salaire. Elles osent moins négocier, poser leurs limites… Puis il y a aussi clairement un phénomène de « boys club », d’entre-soi masculin. En 2016, sur trente noms en lice, aucune femme n’a été nommée au Grand Prix d’Angoulême. Un collectif s’était alors monté à l’époque, et – heureusement – le système de sélection a changé après ça. »
Hélène Bléhaut.
Qu’elles gagnent ou non, la présence des femmes en tant que nommées dans les différents prix peut leur donner une visibilité non-négligeable. Les illustratrices semblent donc doublement pénalisées. D’abord parce qu’elles ont moins de visibilité et ont donc moins de travail, ensuite car ce travail est souvent moins bien rémunéré que chez les hommes.
« Dans ces conditions, le soutien entre pairs est primordial », insiste Hélène Bléhaut, en évoquant ses échanges avec les artistes qui partagent son atelier du Bastion 14 (un dispositif tremplin mis en place par la Ville pour les artistes émergent·es, qui leur permet d’occuper un atelier pour une somme modique), et les membres de Central Vapeur. Échanges sur les bonnes pratiques, sur les manières de négocier, de tenir son prix si on l’estime juste, de démarcher… Selon la jeune femme, le monde de l’illustration souffre d’un manque de reconnaissance en général :
« Même si les gens ne le disent pas ouvertement, j’ai parfois l’impression qu’ils ont encore du mal à reconnaître que l’illustration un vrai métier. Cela se ressent quand ils nous demandent des illustrations pour un prix dérisoire, ou quand ils trouvent normal qu’on travaille bénévolement. »
Pour aider les jeunes diplômés sur cet aspect, Central vapeur a sorti un « Guide de la négo pour les pros », que l’on peut acheter sur sa boutique en ligne.
Anna Griot : « Si j’arrive à vivre correctement aujourd’hui, c’est en mixant trois professions : l’illustration jeunesse, le tatouage et la médiation culturelle »
« Le métier d’illustrateur, c’est beaucoup de liberté, mais aussi beaucoup de précarité. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’agrandir ma palette de profession, mais en faisant toujours quelque chose en lien avec le dessin et ce que j’aime. » C’est ainsi que se présente Anna Griot, 28 ans, illustratrice jeunesse. Née à Paris, elle est venue à Strasbourg pour ses études. Diplômée d’un master depuis 2018, elle vit depuis entre les deux villes.
Dès sa licence, elle a commencé à démarcher des éditeurs : « J’avais envie de voir ce que donnait mon travail en le confrontant aux yeux des professionnels. » Pour ce faire, elle réalise un portfolio avec une vingtaine de dessins, repère les noms d’éditeurs jeunesse en librairie, puis leur envoie son travail.
C’est l’un des principaux conseils qu’elle souhaite partager :
« Les deux premiers livres que j’ai illustrés sont sortis pendant que j’étais encore à l’école, en avril 2018. Il ne faut pas hésiter à se lancer assez tôt, car l’engrenage prend du temps à se mettre en route. Quand tu arrives sur le marché du travail, il n’y a pas grand monde qui vient te chercher. Il m’a fallu deux ans et demi pour réellement commencer, mais comme j’étais encore en étude, ça allait… J’ai aussi accepté beaucoup de tâches bénévoles pour me faire connaître. »
« Ça a été très dur pour les premières, mais elles ont pavé la voie pour ma génération »
À sa sortie d’école, elle décide de trouver un emploi à mi-temps et continue à démarcher des maisons d’édition. « J’ai grandi avec un père qui travaillait en indépendant et cumulait trois métiers différents. Cela ne me faisait pas peur outre mesure, car je savais qu’on pouvait s’en sortir comme ça », résume-t-elle. Aujourd’hui, elle s’est aussi formée au tatouage, dont elle tire environ 40 % de ses revenus. Le reste provient de son travail d’illustratrice et des ateliers qu’elle réalise en tant que telle. Si elle ne souhaite pas communiquer de chiffre précis, elle estime qu’elle « s’en sort bien », et considère que son niveau de vie correspond à celui de la moyenne des Français.
Interrogée sur sa place dans le milieu de l’illustration en tant que femme, Anna Griot pense qu’il y a du mieux ces derniers temps :
« Je connais des illustratrices pour qui cela a été un frein, mais je n’ai personnellement pas vraiment senti de discrimination. Mon cas est cependant particulier, parce que l’illustration jeunesse est un milieu très féminin. J’ai l’impression que c’est un peu comme dans le milieu du tatouage qui était également très masculin, mais qui se féminise beaucoup. Ça a été très dur pour les premières, mais elles ont pavé la voie pour ma génération. »
Elle insiste tout de même sur la précarité persistante du métier : « Il suffit d’une crise, comme celle du Covid, du papier ou de l’énergie, pour que notre équilibre soit remis en question. » Une instabilité qui se ressent tant économiquement que psychologiquement. Pour pallier en partie le problème, elle a mis en place un système de trésorerie où elle met de côté de l’argent tous les mois. Aujourd’hui illustratrice d’une vingtaine d’albums et de roman jeunesse, elle travaille sur un gros projet dont la sortie est prévue pour Noël 2023, tout en développement son activité de tatoueuse.
Garance Coquart-Pocztar, « Je me rends bien compte qu’on propose plus de projets à mes collègues hommes que femmes »
Garance Coquart-Pocztar est illustratrice, autrice de bandes dessinées et photographe. Elle participe cette année aux Rencontres de l’illustration avec l’exposition Des cartes, des femmes, qui propose de cartographier la place des femmes dans la ville. Ses œuvres seront exposées avec celles de Nadia Diz Grana, du 17 mars au 28 mai au 5e Lieu.
Sur son site, elle présente son travail comme traitant « principalement des discriminations, de la norme et des imaginaires que peuvent véhiculer les figures populaires ». La réalisation qui l’a fait connaitre est sa bande dessinée La pluie et la lumière forment l’arc-en-ciel, dans laquelle elle raconte son quotidien de jeune intervenante sillonnant l’Alsace pour lutter contre les discriminations des LGBT+ en milieu scolaire. Se revendiquant féministe, elle travaille souvent pour des associations LGBT+, ce qui la « préserve majoritairement du sexisme qui peut exister dans le métier », raconte-t-elle.
Pourtant, elle y a quand même déjà été confrontée, et ce dès sa sortie de la HEAR dont elle a été diplômée en 2018. Elle revient sur un épisode qui l’a marquée à l’époque :
« Lors de ma sortie d’études, j’ai réalisé une exposition avec deux autres artistes. Nous étions deux femmes, mais on a très clairement senti que l’interlocuteur privilégié était l’homme. Aujourd’hui encore, je dois parfois faire face au sexisme de certains commanditaires. »
Strasbourg, « une ville accueillante pour les jeunes illustrateurices »
Pour faire face aux difficultés du métier, il est important pour Garance Coquart-Pocztar, mais également pour Anna Griot et Hélène Bléhaut d’être dans un environnement accueillant qui leur permet de s’épanouir. Pour elles, c’est le cas à Strasbourg. « C’est une ville à taille humaine, où il y a à la fois de la place pour se lancer, une communauté forte et des acteurs entreprenants », décrypte Garance Coquart-Pocztar en citant une nouvelle fois Central Vapeur, les festivals, mais aussi des librairies comme celle de la Place Kléber.
On pourrait également ajouter la présence d’éditeurs, comme les Éditions 2024 qui travaillent régulièrement avec d’anciens élèves de la HEAR. Une maison d’édition qui a beaucoup fait parler d’elle l’année dernière pour avoir publié Le Grand vide, de Léa Murawiec, qui a reçu le Prix du Public au festival d’Angoulême 2022.
Actuellement, Garance Coquart-Pocztar a réussi à trouver un certain équilibre économique, notamment grâce à des résidences rémunérées, pendant lesquelles elle crée et réalise parfois des ateliers en milieu scolaire. En fonction de leurs durées et des engagements, elle y touche entre 500€ et 11 000€. « Cela me convient aujourd’hui, car je n’ai pas de famille à charge ni de trop gros frais, mais sur le long terme, c’est difficilement tenable. Ce métier mérite d’être davantage valorisé et protégé, que ce soit pour les femmes ou les hommes », conclue-t-elle.
Pour cette seconde nuit après le recours au 49-3, plus de 1 500 personnes ont manifesté dans les rues de Strasbourg contre le passage en force du gouvernement sur la réforme des retraites. Le rassemblement tranquille de l’intersyndicale s’est transformé en manif sauvage, avec blocages, feux de poubelle, vitrines brisées et taguées.
Des marches tranquilles aux manifestations sauvages. Sourds aux avertissements de l’intersyndicale, le gouvernement d’Élisabeth Borne et le président Emmanuel Macron font désormais face à une nouvelle forme de contestation. Rassemblées sur la place Kléber dès 18 heures ce vendredi 17 mars, plus de 1 500 personnes ont à nouveau manifesté dans le centre de Strasbourg.
Peu avant 19h, le cortège s’élance, guidé par des fumigènes, empruntant un itinéraire non-déclaré auprès de la Préfecture. Place de la République, les manifestants crient leur colère devant la façade de cette institution exécutrice de la force d’État.
À 10h30 le matin même, Josiane Chevalier, comme tous les préfets de France, a dû écouter en visioconférence son supérieur, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Une réunion « urgente » consacrée à la « situation sociale » qui fait suite à l’annonce du recours au 49-3 pour faire passer la réforme des retraites.
19 heures. C’est le début d’une longue marche déterminée dans les rues de Strasbourg. Avenue des Vosges d’abord, puis jusqu’à la place de Haguenau. Poubelles brûlées, barrières au milieu de la route, vitrines de banques brisées ou taguées : « Vous tomberez, voleurs », au-dessus d’un distributeur de la banque populaire… Les militants rejoignent la place de la Gare et essuient un premier jet de gaz lacrymogène. Au centre-ville, les Galeries Lafayette en prennent aussi pour leur grade, comme l’entrée du MacDo Rivétoile : « M le maudit », en lettres rouges.
Vêtu de noir, un homme s’écrie : « Ça fait du bien, on n’en pouvait plus de marcher tranquillement alors que le gouvernement s’en fout. » Après 20h, un millier de personnes défilent encore, souvent soutenues par les applaudissements des passants. Elles ont décidé, ce soir, de mettre fin aux « manifestations tranquilles et encadrées par les syndicats ». Il suffisait d’échanger avec quelques manifestants du mardi 7 mars ou du mercredi 15. Rares étaient celles et ceux qui se faisaient une illusion sur l’issue de ces cortèges, souvent jugés « trop gentils ». Lors de la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, les responsables syndicaux se disaient prêts à radicaliser le mouvement.
« C’est le résultat du mépris de Macron. »
Pendant près de quatre heures, les manifestants réveillent les rues de Strasbourg, jusqu’à l’avenue du Rhin, où les automobilistes klaxonnent sans discontinuer. Dans le cortège, une participante explique : « Je n’ai presque jamais manifesté avant ce mouvement. On n’est pas écouté alors qu’on est des millions. Je suis désolé mais il faut passer par la violence. C’est le résultat du mépris de Macron. »
Le cortège rétrécit peu à peu après 21h. À la Krutenau, ils ne sont plus que quelques centaines et laissent barrières, poubelles, et de nombreux feux de déchets derrières eux, au milieu des rues, en entonnant « La retraite c’est maintenant, la saint Patrick c’est tous les ans ». La manifestation sauvage prend fin peu avant 22 heures non sans recours aux gaz lacrymogène place des Orphelins et rue des Orfèvres.