Une rapide recherche sur internet fait apparaître OZMA et ses nombreux homonymes. Parmi eux, un groupe californien de Pasadena mené, entre autres, par deux guitar-heroes, Ryen Slegr et Jose Galvez, versés dans un subtil mélange de power-pop, de rock et de new-wave en pente descendante. Et pour qui apprécia un jour Weezer et reste fan des années 80 version Retour vers le Futur et jeux vidéo de la première console Nintendo, les Américains d’Ozma sont quasiment des maîtres à penser tant cette époque les influença. Mais OZMA, tendance jazz rock aux pulsions énergiques et énergisantes, c’est tout autre chose.
Un quartette – Adrien Dennefeld, David Florsch, Stéphane Scharlé et Edouard Séro-Guillaume – qui fut initialement quintette (avec Guillaume Nuss puis Matthias Mahler), le premier prix du tremplin Jazz à La Défense en 2006 et quatre albums au compteur depuis 2005 (dont une première production éponyme). Le dernier disque en date, Peacemaker (sorti début 2012 sur le label Juste une Trace), a reçu les éloges du public et de la critique en étant, notamment, sacré Révélation Jazz de l’année par le magazine de référence Jazzman. Onze titres au total pour redéfinir les contours d’un univers sonore onirique qui ne manque pas de dynamisme et assume bien clairement ses influences très variées empreintes de jazz moderne, de pop, de grunge et de rock, quelquefois garage. Avez OZMA, le jazz semble s’ouvrir plus largement afin de livrer une image plus abordable d’un genre très (trop) souvent vu comme élitiste et inaccessible. Voici le dernier clip d’OZMA, Rain Cadenza :
Le jazz d’OZMA rime avec énergie et ouverture, héritées de la liberté du swing et de l’efficacité du rock, sans omettre cette bonne dose de groove et ce redoutable esprit collectif qui cimentent un groupe. Coloré, explosif, excitant et généreux, OZMA se situe à mi-chemin entre une fanfare mutante et une jungle sonore où l’éclectisme se marie à la créativité. Le quartette refuse la musique convenue et aime se mettre en danger, perpétuellement.
Voilà ce qui fait l’originalité de sa musique, à force de riffs ravageurs, de contre-pieds et contrepoints divers, d’explosions sonores. Tous les disques du groupe en sont de parfaites illustrations : OZMA (2005), véritable road-movie de grooves, soufflants, percutants et ondulants ; Electric Taxi Land (2007), qui mélange avec brio et raffinement la force du rock, les rythmes chaloupés du jazz, les syncopes du hip hop ; Strange Trafic (2009), tout en explosivité sonique et en dynamisme rythmique ; et donc Peacemaker (2012) qui déroule une bande originale cinématographique tout en ambiances réveillant l’inconscient collectif.
Un penchant pour les musiques indiennes
OZMA, c’est aussi le grand ensemble OZMA Orkestrâ, à la manière d’une amplification de la famille originelle avec une dizaine de musiciens poly-instrumentistes capables d’emmener l’auditeur bien loin de son siège ou de ses enceintes, dans une équipée sauvage, figurative et improvisée. OZMA Orkestrâ s’était d’ailleurs concrétisé lors de l’édition 2010 du festival Jazzdor.
Autre corde à l’arc efficace du groupe, son penchant pour les musiques indiennes. Le quartette s’associe à des musiciens et des danseurs indiens (musique carnatique et danse kathak et bharata natyam) pour présenter un spectacle inédit, à l’issue d’une résidence de dix jours à l’Académie Darpana d’Ahmedabad (dans le Gujarat au nord-ouest de l’Inde). Ce spectacle est un voyage à travers une série de tableaux musicaux et chorégraphiques, il sera présenté en France et sur d’autres scènes européennes en juin et juillet prochains après une résidence de quelques jours à Wissembourg. Présentation du projet et de la rencontre avec OZMA :
Et pour profiter d’un extrait live plus long, c’est ici.
OZMA a également expérimenté le photo-concert sur douze séries de photos en partenariat avec la galerie La Chambre à Strasbourg et s’est aussi attelé à trois ciné-concerts en développant en live un univers « cozmique » sur trois chefs d’œuvre du 7è art : Vampyr (1932) de Carl Theodor Dreyer, Le Cuirassé Potemkine (1925) de Sergueï Eisenstein et Les Trois Âges (1923) de Buster Keaton.
C’est donc fort logiquement qu’OZMA s’est lancé dans New Tales, dernier projet en date qui sera dévoilé ce vendredi au Hall des Chars. Ce concert visuel consiste en une performance pluridisciplinaire mariant des compositions originales d’OZMA, des vidéos projetées en live par la vidéaste Ramona Poenaru et une création graphique de paysages imaginaires en 3D signés du designer Sébastien Regall.
Pour cet ensemble d’artistes, ce projet marque une étape supplémentaire dans l’exploration du rapport entre musique improvisée, image et modelage de l’espace. OZMA ne s’arrêtera pas en si bon chemin puisque le quartette alsacien retournera en studio en mai 2013 et, après sa tournée avec les Indiens de Darpana, créera un nouveau ciné-concert, axé, cette fois-ci, sur des films d’animation.
Y aller
Présentation du spectacle New Tales par OZMA (avec la vidéaste Ramona Poenaru et le designer 3D Sébastien Regall) vendredi 14 décembre à 20h30 au Hall des Chars, 10 rue du Hohwald. Tarif plein : 10 euros, réduit à 7 euros.
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