Mediapart expose lundi 14 avril que des ONG ont démarré une procédure juridique contre l’État auprès des tribunaux administratifs de Paris et de Montreuil. Médecins du Monde et la Fédération Addiction craignent que les deux seules Haltes soins addictions (HSA) de France, situées à Paris et Strasbourg, ferment fin 2025. Ces dispositifs permettent à des personnes concernées par des addictions de consommer des drogues dans de bonnes conditions d’hygiène et d’y trouver un accompagnement.
Pour que ces expérimentations se poursuivent, elles doivent être renouvelées par l’État après le 31 décembre, mais le gouvernement n’a toujours pas donné sa position alors que les pistes de mesures d’économies se multiplient dans le débat public.
Les HSA constituent souvent un point d’entrée vers un parcours de soin pour des personnes en grande précarité selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). D’après une étude de l’Inserm de 2021, les HSA auront permis à près de 6 000 usagers accueillis d’éviter 71% des passages aux urgences et 69% des surdoses mortelles. Elles ont évité 43 décès ces dix dernières années.
La Cour des comptes et le Défenseur des droits ont aussi attesté de leur efficacité sanitaire et sécuritaire, les consommations de drogues se faisant au sein de ces structures plutôt que dans la rue. Mais tous ces éléments n’avaient pas empêchés le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau de déclarer en novembre 2024 que « les salles de shoot créent plus de problèmes qu’elles n’en règlent ».
Le ministère attend une autre étude
Ces propos font d’autant plus craindre aux acteurs de terrain que le gouvernement choisisse de ne pas poursuivre le financement des HSA. Le Code de santé publique exige pourtant de l’État de prévenir les dommages sanitaires causés par la consommation de stupéfiants. C’est à ce titre que les ONG engagent une démarche en justice, dénonçant une « carence fautive », comme le ministère de la Santé n’a pas répondu aux demandes de Médecins du Monde de pérenniser les HSA.
Avec l’association de lutte contre le sida Aides, Médecins du Monde et la Fédération Addiction attaquent également les autorités publiques pour excès de pouvoir suite à un avis défavorable émis par l’État à propos de l’ouverture d’une HSA à Marseille.
La Halte soins addictions de Strasbourg, gérée par l’association Ithaque, est soutenue par la Ville de Strasbourg depuis son ouverture en 2016. Elle accueille même 20 places d’hébergement depuis 2021, les personnes logées étant souvent sans-abri, ce qui donne l’occasion de réaliser un accompagnement approfondi.
Interrogé par Mediapart, le ministère de la Santé affirme attendre « la remise d’une évaluation scientifique indépendante portant sur les dispositifs HSA qui complétera les conclusions du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). [Après cela], un nouveau rapport sera remis au Parlement en juin [2025]. Il permettra de définir les prochaines étapes de cette expérimentation, sur la base de données scientifiques probantes ».
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