Des marches tranquilles aux manifestations sauvages. Sourds aux avertissements de l’intersyndicale, le gouvernement d’Élisabeth Borne et le président Emmanuel Macron font désormais face à une nouvelle forme de contestation. Rassemblées sur la place Kléber dès 18 heures ce vendredi 17 mars, plus de 1 500 personnes ont à nouveau manifesté dans le centre de Strasbourg.
Peu avant 19h, le cortège s’élance, guidé par des fumigènes, empruntant un itinéraire non-déclaré auprès de la Préfecture. Place de la République, les manifestants crient leur colère devant la façade de cette institution exécutrice de la force d’État.
À 10h30 le matin même, Josiane Chevalier, comme tous les préfets de France, a dû écouter en visioconférence son supérieur, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Une réunion « urgente » consacrée à la « situation sociale » qui fait suite à l’annonce du recours au 49-3 pour faire passer la réforme des retraites.
« Vous tomberez, voleurs »
Depuis la manifestation de la veille et le rassemblement dès 16 heures sur le campus de l’université, le slogan principal est une réponse au gouvernement, et son recours au 49-3 que les opposants dénoncent comme un déni de démocratie : « Nous, aussi, on va passer en force ! »
19 heures. C’est le début d’une longue marche déterminée dans les rues de Strasbourg. Avenue des Vosges d’abord, puis jusqu’à la place de Haguenau. Poubelles brûlées, barrières au milieu de la route, vitrines de banques brisées ou taguées : « Vous tomberez, voleurs », au-dessus d’un distributeur de la banque populaire… Les militants rejoignent la place de la Gare et essuient un premier jet de gaz lacrymogène. Au centre-ville, les Galeries Lafayette en prennent aussi pour leur grade, comme l’entrée du MacDo Rivétoile : « M le maudit », en lettres rouges.
Vêtu de noir, un homme s’écrie : « Ça fait du bien, on n’en pouvait plus de marcher tranquillement alors que le gouvernement s’en fout. » Après 20h, un millier de personnes défilent encore, souvent soutenues par les applaudissements des passants. Elles ont décidé, ce soir, de mettre fin aux « manifestations tranquilles et encadrées par les syndicats ». Il suffisait d’échanger avec quelques manifestants du mardi 7 mars ou du mercredi 15. Rares étaient celles et ceux qui se faisaient une illusion sur l’issue de ces cortèges, souvent jugés « trop gentils ». Lors de la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, les responsables syndicaux se disaient prêts à radicaliser le mouvement.
« C’est le résultat du mépris de Macron. »
Pendant près de quatre heures, les manifestants réveillent les rues de Strasbourg, jusqu’à l’avenue du Rhin, où les automobilistes klaxonnent sans discontinuer. Dans le cortège, une participante explique : « Je n’ai presque jamais manifesté avant ce mouvement. On n’est pas écouté alors qu’on est des millions. Je suis désolé mais il faut passer par la violence. C’est le résultat du mépris de Macron. »
Le cortège rétrécit peu à peu après 21h. À la Krutenau, ils ne sont plus que quelques centaines et laissent barrières, poubelles, et de nombreux feux de déchets derrières eux, au milieu des rues, en entonnant « La retraite c’est maintenant, la saint Patrick c’est tous les ans ». La manifestation sauvage prend fin peu avant 22 heures non sans recours aux gaz lacrymogène place des Orphelins et rue des Orfèvres.
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