On avait laissé Atef Aouadhi en 2022 célébrer les dix ans d’October Tone, l’association d’entraide de musiciens et de musiciennes qu’il a cofondée. Le revoilà trois ans plus tard avec une campagne de financement participatif, un « krautfunding » comme il appelle ça.
Car après dix ans de débrouillardise, Atef Aouadhi en a un peu marre de galérer pour financer une tournée, un concert ou même un déplacement. L’association accompagne désormais une dizaine de groupes, principalement strasbourgeois et branchés rock ou electro, et qui se sont souvent placés au top de la musique indépendante française comme Hermetic Delight, BBCC, Tioklu…

« Nos groupes ont tous progressé et c’est super mais leurs besoins d’accompagnement aussi », pointe Atef Aouadhi, musicien lui-même et DJ sous le blaze de Rachid Bowie :
« En 2024, on a finalement réussi à embaucher un chargé d’administration et de production, Mike Junker, après des années passées à se reposer sur des bonnes volontés de part et d’autres. Nous en sommes très contents et on voudrait sauvegarder cet unique emploi de l’association, afin de ne pas perdre une nouvelle fois tout ce qu’il a appris, tous les contacts noués avec les tourneurs ou les salles, en une année, et progresser. »
Sauf que les finances de l’association sont à sec. « On n’a pas les capacités financières pour tenir le temps que nos productions deviennent rentables », détaille Atef Aouadhi, qui se mue peu à peu en chef d’entreprise :
« Nos rentrées proviennent des ventes de disques, de la billetterie des concerts ou directement des salles, des rentrées du bar quand il y en a un, il y a un peu de droits d’auteurs aussi. On a quelques subventions, mais c’est très fluctuant. Ainsi on avait demandé une aide à la structuration au Centre national de musique et nous n’avons pas été retenus. »
Ces recettes permettent de payer des cachets aux artistes, qui bénéficient tous du statut d’intermittent du spectacle. « Le drame, c’est que tout est bloqué à cause de ce manque de trésorerie, alors qu’on grossit », souffle Atef Aouadhi :
« En 2023, une partie importante des dépenses a été liée à trois productions majeures, Michael (BBCC), The Electric Soup (Tioklu), Hypermondes (Amor Blitz), dont l’exploitation se poursuit sur 2024 et à un double départ interne, dont l’un imprévu, ce qui a freiné l’activité. En 2024, nous sommes de retour à l’équilibre, notamment grâce à une meilleure gestion des paiements clients permise par l’embauche de Mike. »
Atef Aouadhi voudrait également pouvoir organiser un festival chaque année, les October Tone Parties se déroulant en octobre les années paires, il prévoit d’installer le Tainted Love Festival les années impaires.
L’idée d’un financement participatif s’est donc imposée. « Nous avons mis quatre paliers, précise Atef Aouadhi. Nous pourrons garder l’emploi de Mike à partir du second palier de 10 000€. » Parmi les contreparties, des disques évidemment mais aussi des « pochettes surprises collector », avec des invitations aux prochains concerts et des produits exclusifs comme des t-shirts. Toutes les contributions sont éligibles à une déduction fiscale de 66%.
« Si nous franchissons ce cap, on va avoir des gens chargés de programmer les groupes, de distribuer nos produits, d’organiser des spectacles », assure Atef Aouadhi. « C’est un peu ça passe ou ça casse, mais si ça passe, on n’aura plus d’excuse pour ne pas réussir ! »
Chargement des commentaires…