Moins d’un an après un rassemblement en hommage à une division de Waffen SS à Sainte-Croix-aux-Mines, la mouvance néonazie organise cette fois un festival près de Saint-Dié-des-Vosges samedi 25 février. Au programme de cette soirée « Night for the blood » (Nuit pour le sang), quatre groupes de « black metal national-socialiste » : deux groupes français Todesschwadron et LeibStandarte, Eidkameraden de Suisse et le groupe allemand Stahlfront. L’affiche en noir et blanc multiplie les références néonazies : le soleil noir représente la force chez les SS, la Leibstandarte était la première division SS en charge de la protection d’Hitler, la tête de mort était l’icône de la troisième division SS Totenkopf…
La stratégie simple des néonazis
Le lieu précis de ce festival n’est pas indiqué. Tout l’enjeu pour les organisateurs de ces rassemblements néonazis, c’est de maintenir l’adresse de l’événement secrète jusqu’au jour de l’événement. En écrivant à l’adresse mail au bas de l’affiche, on reçoit une réponse automatique avec quelques précisions :
« Le concert se tiendra dans le nord-est de la France, à environ une heure de Strasbourg. L’une des villes les plus proches du site est Saint-Dié-des-Vosges. Cette ville sera à 50 kilomètres maximum du lieu du concert.
L’entrée est à 20 euros par personne. Pour réserver, il suffit de faire un transfert Paypal (paiement à un proche). Dans la description du virement, indiquez votre adresse mail. Une fois le transfert réalisé, vous recevrez les billets de concert par mail. (…)
Des informations plus précises sur le lieu du concert vous parviendront au fur et à mesure par mail pour faciliter votre voyage. »
La stratégie est simple… mais efficace. Les organisateurs demandent à louer un terrain ou une salle sans mentionner l’objet de la réunion. Souvent, ils changent de lieux de rassemblement pour éviter de susciter la méfiance. La méthode avait aussi permis à des néonazis de fêter l’anniversaire de la naissance d’Adolf Hitler dans la salle municipale de Sexey-les-Forges (Meurthe-et-Moselle) en avril 2019. En l’apprenant des gendarmes le lendemain de la fête, le maire de la commune s’était dit « estomaqué ».
« Faire le salut hitlérien, c’est un délit en Allemagne »
Les journalistes Olivier Vogel et Robert Schmidt l’écrivaient dès 2019 : les néonazis d’Allemagne aiment organiser leurs événements en Alsace et en Lorraine. Une stratégie qui leur permet de s’éloigner de la police et de la législation allemande, comme l’explique pour France Bleu Alsace le politologue et membre du réseau contre l’extrémisme de droite en pays de Sarre Uwe Albrecht :
« Il y a en Allemagne des choses qui tombent sous le coup de la loi et pour lesquelles la situation juridique est différente en France. Faire le salut hitlérien, c’est un délit en Allemagne et si ça se passe pendant un concert, il peut-être interrompu. »
Série brune dans le centre de l’Alsace
Dans cette série brune, le centre de l’Alsace semble marqué par un dynamisme particulier. Au-delà du festival à venir à Saint-Dié-des-Vosges et du rassemblement néonazi de Saint-Croix-aux-Mines de mai 2022, une perquisition dans le cadre d’une enquête pour trafic d’armes dans la mouvance néonazie a eu lieu dans la commune de Villé fin mai 2022. Trois ans plus tôt, la mouvance Hammerskin avait organisé un concert à Plaine (Bas-Rhin). Environ 250 skinheads avaient ainsi pu écouter le groupe « Kraft durch Froide », dont les paroles oscillent entre racisme et apologie de certains dirigeants du IIIe Reich…
Selon Donatien Huet, journaliste de Mediapart, « si cette soirée a bien lieu, il s’agirait du premier événement majeur de ce genre en France depuis quelques années. Le dernier “Call of Terror” a eu lieu en février 2019 près de Lyon ; le dernier “Night of Honour” s’est tenu en février 2018 dans le local de Serge Ayoub en Picardie. »
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