« Nous en sommes aux finitions », s’est réjoui jeudi lors d’un point d’étape Nicolas Michelin, l’architecte en charge de la rénovation de la Bibliothèque nationale universitaire (BNU), place de la République à Strasbourg. Poser le parquet, donner les dernières touches de peinture, apporter les meubles, la fin du chantier approche. Courant avril, le personnel et les collections pourront réinvestir les lieux pour une réouverture au public prévue à l’automne 2014. Le projet architectural « BNU Nouvelle » est le résultat d’un long processus de réflexion, amorcée à la fin des années 90, puis d’un concours dont l’équipe de l’ANMA, l’agence de Nicolas Michelin, est sortie lauréate en juin 2006.
Pour remporter ce concours, Nicolas Michelin, concepteur du projet, raconte qu’il a d’abord cherché à « s’imprégner de l’histoire du site » mais a aussi longuement écouté les usagers (l’équipe de la BNU) pour se familiariser avec ce lieu emblématique du quartier de la Neustadt de la cité alsacienne. Il explique comment s’est déroulé la conception de ses plans:
« Je fonctionne beaucoup à l’intuition. Mais l’idée de révéler la coupole, qui date de l’époque allemande, m’est tout de suite venue. Les restructurations des années 50 avaient totalement occulté la force du plan central d’origine. La forme, en cône, va agir comme un réflecteur de lumière pour la renvoyer à tous les étages. Je souhaitais aussi créer quelque chose de contemporain, tout en rappelant les années passées et la beauté du bâtiment, à l’intérieur. »
L’escalier central, la grande fierté
Dans le hall, un escalier mènera visiteurs et lecteur au premier niveau. A cet étage, cafétéria, salle d’actualité avec journaux et périodiques, une salle d’exposition et un auditorium, ouvert au public. Au niveau supérieur, l’escalier central, en forme de spirale d’une douzaine de mètres, sera accessible avec la carte d’abonnement et desservira les quatre étages où se trouvent les salles de lecture.
De la luminosité, il ne devrait plus en manquer dans ce bâtiment autrefois bien sombre, avec un éclairage au pied des câbles qui traversent l’escalier central jusqu’au dôme et la lumière naturelle, jaillissant tout droit du ciel. « Quand on sera au pied de l’escalier, on pourra voir jusqu’au sommet du bâtiment » précise Nicolas Michelin. Pour l’heure, les planchers des derniers étages n’ont pas encore été retirés mais ce sera la prochaine étape, d’ici le mois de mars.
« De l’ordinaire extraordinaire »
Un style contemporain mais pas ostentatoire, telle était aussi l’ambition de l’architecte, qui apprécie la subtilité sémantique entre « l’extraordinaire et l’ordinaire extra ». Il précise l’idée dans sa démarche de création:
« La façade reste la même, à l’extérieur, celle qu’ont toujours connue les Strasbourgeois. Mais en entrant, il y aura cet étonnement, ce petit bouleversement face à cet escalier en spiral, qui s’amincit au fur et à mesure qu’il monte et qui aura quelque chose d’un ordinaire qui devient « extra », qui sort du commun. En somme, créer un ordinaire extraordinaire. »
Une métamorphose radicale mais sans fioritures, pour préserver l’âme de la bibliothèque, « un monument poétique ». Les travaux ont débuté en janvier 2011 et avaient pris du retard, la BNU devrait donc être fin prête à la rentrée 2014. Et dans l’équipe de Nicolas Michelin, on avoue être « contents que cela se termine ». Après huit années de labeur, cela se tient. Mais pour les Strasbourgeois, il faudra encore un peu de patience pour voir le résultat, sept à huit mois, tout au plus.
En attendant, il est toujours possible d’emprunter des livres ou documents à la BNU, via leur site web. Selon leur provenance, ceux-ci sont acheminés vers l’un des deux lieux d’accueil, rue du Maréchal-Joffre ou rue Fischart, où il est possible de venir les retirer.
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Sur Rue89 Strasbourg : La rénovation de la BNU plus longue que prévu
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