Créée en 2006, l’association Sacso avait pour vocation la promotion de la santé auprès de populations défavorisés. Il s’agissait de « santé communautaire« , c’est à dire l’impliquer les habitants de quatre cités du Neuhof à Strasbourg (Gribauval, Lyautey, Solignac et Macon) dans l’amélioration de leur santé au quotidien. Du Sida à l’obésité en passant par la qualité du sommeil ou encore la relation parents enfants, l’équipe de Sacso est parvenue à établir un lien de confiance avec les habitants, à force d’actions dans les écoles (collège Solignac ou à l’école maternelle Ziegelwasser) ou en camping-car, la fameuse « Sacso Mobile ».
Mais en 2013, patatras. L’Agence régionale de santé (ARS) retoque trois demandes de financement pour ces actions de proximité. Résultat, l’association dont les finances étaient en déclin depuis 2010 termine l’année 2013 avec un trou de 8 000€. Et cette année, plus aucune subvention de l’État ne lui a été accordée. Son directeur Thomas Braun n’a pas le choix, il doit mettre fin aux activités de Sacso et licencier les trois salariés :
« On nous a refusé des subventions sur des prétextes fallacieux. Une fois la méthodologie n’allait pas, une autre fois on nous a reproché de ne pas avoir d’habitants parmi nos membres, une autre fois, c’était le fait que le directeur, moi, soit salarié… En fait, c’est une mise à mort de notre association. Ceux qui instruisent les dossiers de subventions ne viennent pas voir nos actions, ils ne voient pas nos ateliers qui fonctionnent ni nos réunions qui font salle comble… Ils sont incapables d’apprécier la valeur du lien social qu’on a réussi à établir dans ce quartier. Et ça, c’est parce qu’on a six années de construction de confiance derrière, c’est un résultat très très difficile à obtenir. »
Des actions de quartier délicates à installer
Parmi les actions mises en place pour les jeunes, des cessions sportives pendant les vacances scolaires pour lutter contre l’obésité, la mise à disposition d’un animateur sportif pour aider les professeurs des écoles ou encore un atelier cuisine mensuel réservé aux parents et à leurs enfants. Ce dernier, connaissait, depuis plusieurs mois, un succès grandissant. Et pour cause, s’il aide à prendre conscience de l’importance de la nutrition, il permet surtout aux parents et à leurs enfants de se retrouver et de vivre un moment privilégié. La cuisine n’est plus une contrainte à expédier mais un plaisir à partager.
Autre rendez-vous a succès le café rencontre : pas d’enfants, pas de maris, ni d’autres hommes d’ailleurs, un jeudi par mois au local de l’association c’est « femmes uniquement ». Aouatef salariée de l’association qui animait cette rencontre détaille :
« Là, pas question de diététique c’est petits gâteaux et pâtisserie, convivialité et bonne humeur. Ce moment de détente, est l’occasion pour chaque participante de s’exprimer et d’aborder les thématiques qui lui tiennent à coeur. Elles peuvent parler librement sans crainte d’être jugée et nous tachons de traiter toutes les sujets évoquées ».
« On marche à l’envers »
Thomas Braun reprend :
« Tout le drame de notre histoire, c’est qu’on doit convaincre des gens alors que c’est nous qui savons ce qu’il faut faire ! On marche à l’envers. On doit prouver que nos actions entrent dans des cases et recevoir un financement à la fin, ou non, alors que c’est un travail sur plusieurs années… Quand on sera partis, qui nous remplacera ? »
Thomas Braun est pessimiste. Depuis qu’il a annoncé la fin de Sacso, aucun des cofinanceurs (conseil général, CUS…) ne s’est manifesté pour essayer de voir avec lui s’il y avait une solution à la fin des crédits d’État. En 2009, Sacso disposait d’un budget de 130 000€ et des services de 8 salariés. Une pétition a été publiée sur Internet.
Clément Carrière
Pierre France
Y aller
Marche contre la fin de Sacso, départ au local 55, av du Neuhof à Strasbourg mercredi 7 mai à 13h. Arrivée devant la préfecture du Bas-Rhin, place de la République à Strasbourg vers 16h.
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