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Dans le secteur Neudorf-Musau, la Ville veut faciliter l’accès aux droits sociaux

Au centre socio-culturel de la Musau, la maire Jeanne Barseghian a annoncé le lancement d’une expérimentation dans le secteur Neudorf-Musau visant à faciliter l’accès aux droits, ce mercredi 17 octobre.

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Dans le secteur Neudorf-Musau, la Ville veut faciliter l’accès aux droits sociaux
L’après-midi de lancement de l’expérimentation pour l’accès aux droits fini en fête de quartier.

Dans la grande salle du centre socio-culturel de la Musau, les chaises ne suffisent plus pour accueillir tout le monde. Ce mercredi 17 octobre, le petit bâtiment au centre du quartier prend des airs de colloque sur l’accompagnement social. Sur les badges, l’on retrouve une nuée de logos : France Travail, Caf, France Services ou Assurance maladie. « Faire ce lancement ici, c’est un symbole particulièrement fort, dans un lieu marqué par les émeutes de juin 2023 ». Dans le public mêlant plusieurs professionnels du social et habitants du quartier, on applaudit chaudement la maire, Jeanne Barseghian (Les Écologistes).

Accompagnée de la préfète déléguée pour l’égalité des chances, Marilyne Poulain, et d’une représentante de la Caisse d’allocations familiales, la maire annonce le lancement d’une expérimentation de trois ans sur le quartier Neudorf-Musau. Le dispositif vise à réduire le non-recours aux droits sociaux. À la tribune, les intervenantes rappellent quelques chiffres nationaux : le taux de non-recours au RSA s’élève à 34%, 50% pour le minimum vieillesse ou encore 30% pour l’assurance chômage.

Quatre « moments-clefs »

Dans la pratique, le dispositif mettra en place un baromètre du non-recours aux droits, mais aussi des actions de « détection » ou des « rendez-vous d’analyse des droits ». Pour améliorer la coordination entre les différents organismes, des événements réunissant régulièrement les organismes chargés des prestations sociales seront organisés. Aussi, pour encadrer ce travail collectif, trois groupes sont créés : un comité local de suivi, réunissant partenaires associatifs ou institutionnels avec un représentant des habitants, une « équipe projet » dédié au suivi opérationnel de l’expérimentation, et un groupe d’habitants.

Les partenaires associatifs et institutionnels viennent poser symboliquement une pièce de puzzle « Neudorf-Musau ».

Dans le projet, quatre « moments clefs » d’une vie concentreront l’attention des différents partenaires : le passage à l’âge adulte, l’arrivée d’un enfant, la séparation (notamment pour ceux ayant des enfants) et le moment où l’on rentre dans la catégorie « sénior ». « Les études montrent que c’est dans ces moments de transition qu’il y a le plus de risque de perdre le bénéficiaire », explique l’adjointe en charge des solidarités, Floriane Varieras. En s’appuyant sur les retours des trois groupes mobilisés, de nouveaux dispositifs pourraient être mis en place, précise l’élue, avec un budget prévisionnel de 771 800 euros co-financé par l’État, la Ville et la Caf.

Surmonter la « honte »

Lorsque le discours de Marilyne Poulain s’achève, une dernière salve d’applaudissement clos les prises de paroles. Assise dans l’une des rangées du milieu, Florentine D’Almeida semble satisfaite. Agente d’accueil depuis plus de 15 ans à la Caf, elle a souvent pu être témoin des difficultés rencontrées par les bénéficiaires :

« Ce qui entraîne le plus d’abandon dans les démarches, c’est lorsqu’on leur demande des pièces justificatives qu’ils n’ont pas sous la main. Ça les épuise. Parfois, ils ne tentent pas non plus à cause d’une mauvaise expérience avec les services, par exemple lorsqu’ils ont ont mal déclaré quelque chose et qu’ils se retrouvent à rembourser une somme importante. »

À sa gauche, son collègue Sofiane Akroh, chargée de mission « accès aux droits » acquiesce et renchérit : « On envoie des mails, des SMS, on appelle… Mais il y a un public invisible qu’on arrive pas à atteindre. J’espère qu’avec cette action on arrivera mieux à les repérer. »

Françoise Benoît est une figure bénévole historique dans le quartier.

Habitant le quartier depuis 47 ans, Françoise Benoît voit quotidiennement ce « public invisible », et comprend ses appréhensions :

« Il y a plein de circonstances qui font que les gens préfèrent se laisser parfois dépérir que de demander de l’aide, par peur d’être jugé. Ils appréhendent d’être vus s’ils se rendent dans un lieu public pour demander quelque chose. Mais ils ont aussi peur d’être jugé chez eux, si une assistante sociale se déplace. Il faudrait presque que tout se passe dans un tunnel sous-terrain, pour ne pas être vu. »

Après 16h, la maire, la préfète déléguée et une grande partie du public se rejoignent sur la place de Wattwiller, à quelques mètres du centre. Là bas, plusieurs structures ont installés des tables et ramené leurs ordinateurs pour proposer leur aides aux habitants de passage, alors que des animations enchantent les enfants du quartier.


#CAF

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