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En réunion publique, les efforts de la municipalité pour « vendre » son budget aux habitants

La municipalité organise des réunions publiques pour présenter ses choix budgétaires aux habitants. Un exercice de transparence et de communication plutôt bien accueilli au Neudorf.

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En réunion publique, les efforts de la municipalité pour « vendre » son budget aux habitants

Arides, les questions budgétaires ? Dans la salle Marcel Marceau au Neudorf, quarante personnes attendent le début de la réunion publique proposée par la municipalité, ce jeudi 26 janvier. Il est 18h et malgré la garde d’enfants proposée pendant l’événement, les jeunes actifs sont – beaucoup – moins nombreux que les sexagénaires.

Sur scène, personne. Un panneau blanc destiné au rétroprojecteur surplombe les élus assis au même niveau que les Strasbourgeois. Intitulé « Budget local, parlons en ! », ce rendez-vous organisé, à quatre reprises, aux quatre coins de la ville, du 19 janvier au 9 février, s’adresse cette fois-ci aux résidents du Neudorf, de l’Esplanade, de la Krutenau et du Port du Rhin.

Micro à la main, Carole Zielinski ouvre la rencontre en prenant soin de se défaire de sa « casquette d’adjointe à la maire en charge de la participation citoyenne » pour se présenter en simple animatrice. Bref rappel du double objectif de la soirée : expliquer comment fonctionne le budget de la collectivité et détailler les contraintes auxquelles il est soumis pour échanger sur les orientations envisagées. À la présentation succèdera un temps d’échanges dont les règles sont posées d’emblée : si les interventions peuvent être « ouvertes » et « critiques », l’élue insiste sur le fait que les prises de parole doivent être « respectueuses, sereines » et alternées entre les femmes et les hommes.

Une quarantaine de personnes ont fait le déplacement pour la réunion publique sur le budget de la Ville à Neudorf. Photo : AM / Rue89 Strasbourg / cc

Les composantes du budget

Expliquer simplement un sujet technique, c’est l’exercice auquel se prête le premier adjoint, également en charge des Finances, Syamak Agha Babaei. Il se lance dans le détail des dépenses de fonctionnement et d’investissement. Les premières regroupent les salaires des personnels (50%), les charges courantes (30%), les subventions versées aux différentes associations (12%), le paiement des intérêts des emprunts contractés par la Ville (1%) et l’épargne dégagée (7%). L’investissement comprend le financement des équipements, des travaux d’aménagement (80%) et le remboursement des emprunts (14%).

En 2022, le budget primitif de la commune s’élevait à 417,3 millions d’euros, dont 189,8 millions d’euros pour les investissements. Des ordres de grandeur difficiles à saisir. « Si l’on ramène cela au nombre de Strasbourgeois et Strasbourgeoises, la Ville dépense environ 2 000 euros par an et par habitant », poursuit le premier adjoint. Premier poste de dépense pour la collectivité : l’éducation et la petite enfance. Suivent la culture, le sport et la solidarité. Les recettes, elles, proviennent essentiellement de la fiscalité locale et des dotations de l’État.

Des dépenses sociales

Les bases étant posées, Syamak Agha Babaei rappelle que les prix de l’énergie ont triplé en quelques mois, passant de 11 millions d’euros pour la collectivité en 2021 à une projection de 36,2 millions pour 2023. Le plan de sobriété annoncé en septembre a permis de diminuer la consommation d’énergie de près de 15% au dernier trimestre 2022. Mais pour faire face à « l’ère de l’énergie chère qui s’annonce », il faut accélérer le développement de l’énergie solaire et investir dans la rénovation thermique des bâtiments, détaille l’élu :

« Les économies ainsi réalisées ne suffiront sans doute pas à absorber l’envolée des prix de l’énergie si elle se poursuit, mais elles éviteront que la hausse des dépenses ne suive une trajectoire exponentielle. »

Depuis plusieurs mois, l’inflation pèse elle aussi sur le budget de la collectivité. « Nous avons fait le choix de mettre en place un bouclier social, pour protéger le plus possible les habitants », expose le premier adjoint. Avant de citer en exemple l’ouverture de 500 places d’hébergement d’urgence et la création de l’accueil de jour pour les personnes en situation de vulnérabilité, La T’rêve à Koenigshoffen. Il rappelle aussi l’inauguration d’un nouveau centre socio-culturel au Port du Rhin :

« Nous avons décidé de bloquer le prix des cantines. Mais celui des matières premières, lui, augmente. Ce choix représente un coût supplémentaire de 500 000 euros pour la collectivité. »

Si le tarif le plus important s’élève à 6,80 euros pour un repas scolaire, son coût réel se situe à plus 12 euros pour la Ville. Pour autant, l’élu défend ce type de mesure et les dépenses dans le domaine des solidarités, en rappelant que Strasbourg se classe comme la troisième grande ville la plus pauvre de France : un quart de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

La Maison urbaine de santé à venir au Port du Rhin fait partie des investissements de la ville.
Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Pas d’objections de l’assistance sur les choix budgétaires de la Ville

Dense, l’exposé a duré moins de 30 minutes. C’est désormais au tour des habitants de s’emparer du micro. Première question sur la taxe foncière : au regard de la situation, sera t-elle plus élevée cette année ? Nouvel exercice de pédagogie pour l’élu qui doit expliquer que l’augmentation de cet impôt local ne dépend pas que de la municipalité. Il rappelle que la taxe foncière se divise en plusieurs parts – dont une pour la Ville, une pour l’Eurométropole et une pour le Département :

« Son montant est le produit d’une multiplication d’une base par un taux. Cette base est fixée par la loi de Finances (à l’échelle nationale donc, NDLR) et indexée sur l’inflation. Elle va augmenter de 7,1% cette année. La Ville a fait le choix de ne pas augmenter son taux multiplicateur. »

Suivent des interpellations sur les projets élaborés dans les ateliers de quartier – pourront-ils voir le jour malgré la conjoncture ? La Ville peut-elle investir ? Réponse en demi-teinte : oui, mais elle est contrainte de supporter le coût des emprunts réalisés lors du mandat précédent. Ce qui charge aussi cette partie du budget, l’emprunt des collectivités locales étant particulièrement encadré. Les questions se font techniques. Elles portent sur les aides fiscales à la rénovation thermique, ou les capacités d’autofinancement de la Ville – la différence entre les recettes et les dépenses de fonctionnement, mise de départ pour tout investissement.

Et finalement arrive une question sur le budget participatif : sera t-il reconduit ? Carole Zielinski remet temporairement sa casquette d’adjointe à la démocratie locale pour expliquer que le dispositif est actuellement en cours d’évaluation :

« Il y a des projets des premières éditions qui n’ont toujours pas vu le jour. Nous réfléchissons à la suite mais nous avons envie d’aboutir à une troisième saison sur ce projet. »

Les interventions se terminent sans récrimination, ni objection quant aux choix opérés.

« Faire du budget une matière politique »

À la sortie de la salle, les avis sont plutôt positifs quant à l’initiative. « Je m’intéresse pas mal à la politique mais j’ai appris beaucoup de choses », juge Arthur, 28 ans, arrivé au Neudorf en 2022 : « C’est le genre de réunion qui permet de voir la politique en action. »

« C’est aussi intéressant de pouvoir mettre des visages, de l’humain, sur les listes pour lesquelles on vote », rebondit Guillaume, Neudorfois de 37 ans, venu pour la première fois à une réunion publique « par curiosité ». Verdict : « C’est assez didactique. Et ça peut me pousser à me poser plus de questions sur ces sujets. » « Sans langue de bois », la rencontre aurait cependant pu être « un peu plus locale », centrée sur les quartiers ciblés, nuance Michel, retraité du Neudorf.

Une possibilité que n’élude pas Syamak Agha Babaei pour l’avenir. « La question financière n’est pas un sujet très facile à partager, à « vendre », estime t-il, considérant que le budget est un outil à comprendre tant il est nécessaire pour saisir les enjeux des politiques publiques. Reste à trouver le moyen de « susciter de l’intérêt » autour de cela : « Ce soir, il y avait une quarantaine de personnes. Ce n’est pas mal. Mais comment faire pour aller à la rencontre de celles et ceux qui ne viennent pas ? »

La municipalité doit voter le budget de la Ville de Strasbourg avant le 15 avril.


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