L’échange public le plus violent entre Jean-Philippe Vetter (LR) et Alain Fontanel (LREM) a lieu le 16 décembre 2019. Ce soir-là en fin de conseil municipal, l’opposant Vetter demande un point sur les mesures de sécurité au Marché de Noël. Il regrette que le maire Roland Ries (ex-PS) lui réponde et non le premier adjoint Alain Fontanel, qui pilote l’opération. Après une grosse demi-heure de débats, Alain Fontanel revient dans l’hémicycle. Un échange entre les deux hommes précède sa réponse :
« – Je sens que dès que je ne suis pas là, je lui manque énormément et je sens qu’il a besoin de moi. Jean-Philippe libère toi, grandis, et sois majeur tout seul, tu n’as pas besoin de moi ! Il n’y a pas de problème.
– Merci Alain, je vois bien cette arrogance qui te caractérise si bien. »
16 décembre 2019, conseil municipal
Les programmes ne sont pas encore connus, Jean-Philippe veut alors camper la figure du candidat « fils de boulanger » qui ne « vit pas de ses mandats » (il est assistant parlementaire). Fort d’un bon sens du contact, son positionnement est celui d’un homme plus proche des classes moyennes et populaires face à Alain Fontanel, énarque comme Emmanuel Macron.
Interrogé sur cette remarque vieille de six mois, Alain Fontanel a répondu lors de la conférence de presse du 3 juin :
« Ce jour là, il m’a dit “tu exagères“. Je suis allé le voir et je lui ai dit “tu as raison, c’est une phrase que je n’aurais pas dû dire, ce n’est pas digne du débat public et respectueux d’un autre élu”. J’ai regretté auprès de lui ces propos et je regrette aujourd’hui. […] Le débat public amène parfois à des confrontations inutiles et une certaine agressivité au détriment des idées, au détriment des valeurs.«
« Deux socialistes » candidats
Deux mois plus tard, samedi 15 février, Roland Ries affiche enfin son soutien à son ancien premier adjoint. Jean-Philippe Vetter commente alors auprès des DNA :
« Encarté au PS depuis 1986, Alain Fontanel a opportunément quitté son écurie historique pour rejoindre LaREM en 2017. Personne n’est dupe. Avec Catherine Trautmann, deux socialistes seront donc candidats à l’élection municipale strasbourgeoise… »
La bataille des arbres
Une semaine plus tard, Jean-Philippe Vetter présente son programme complet devant l’école Neufeld à Neudorf. Il résume :
« Ce sont des mesures simples, elles n’ont pas été imaginées derrière un bureau où l’on établit des propositions technocratiques. Il n’y a pas de projet fumeux comme un bouclier vert ou un Plan Canopée. »
21 février, présentation du programme
Le plan Canopée figure parmi les premières propositions dévoilées par Alain Fontanel mi-janvier. Cette première communication programmatique est centrée uniquement sur la question écologique. Ce premier bouquet de mesures est appelé « Bouclier vert ». Le Plan Canopée consiste à obtenir 30% de la surface au sol ombragée par les feuilles des arbres, contre un peu plus de 20% environ aujourd’hui.
Ce matin là, le colistier de Jean-Philippe Vetter, Pascal Mangin, conseiller régional et président de la commission Culture pour le Grand Est, tacle au passage « l’occasion manquée de la Coop », pour disposer d’une salle moderne pour les musiques actuelles à Strasbourg. Un projet piloté par… Alain Fontanel, en charge notamment de la Culture.
Quelques heures plus tard, Alain Fontanel annonce au biocluster des Haras :
« Nous proposons une plantation par naissance chaque année, soit 4 000 par an, un objectif tout à fait raisonnable. »
21 février, présentation du programme d’Alain Fontanel
Sous entendu, un objectif bien plus raisonnable que ce qu’a promis Jean-Philippe Vetter, 500 000 arbres soit « un par habitant de la métropole » qui imposerait 136 plantations par jour, dimanches et jours fériés compris, pendant 10 ans. Le rythme voté début 2020 dans le plan Climat est de 1 000 par an à Strasbourg.
Les 500 000 arbres ont été chiffrés à 25 millions d’euros par l’Institut Montaigne. Après plusieurs moqueries, le programme officiel du candidat de droite est un peu amendé. Il est question « d’arbres et arbustes ».
Les responsabilités passées d’Alain Fontanel
Le mercredi 4 mars, lors d’un débat avec 7 têtes de listes à la Librairie Kléber, il est question des transports publics. Alain Fontanel détaille un plan ambitieux, ce qui fait bien rire Jean-Philippe Vetter qui lui répond :
« Cher Alain, si seulement tu avais été président de la CTS, on aurait eu des transports merveilleux ! »
Débat à la librairie Kléber, mercredi 4 mars
Jean-Philippe Vetter a défendu une gratuité des transports le dimanche, couplée à celle des musées, afin d’avoir « un réflexe dimanche en famille ». Opposé à la gratuité, sauf en cas de pic de pollution, Alain Fontanel vante plutôt un service « universel » des transports 24h sur 24 et 7 j/7. Les deux candidats réunis sont restés muets sur cette question.
Sur l’avenue des Vosges, l’opposant face au « trio punitif »
Lundi 2 mars, Jean-Philippe Vetter fait le buzz. Sur l’avenue des Vosges, il donne rendez-vous à 8h, heure où l’artère est supposée être bouchonnée. Avec des colistiers, il dévoile un panneau promettant un retour à 2×2 voies avec un retrait des bandes cyclables. Derrière lui, les voitures avancent relativement paisiblement notamment sur sa droite (2 voies, contre une dans l’autre sens).
Partagée sur Twitter, la vidéo fait le tour de la France. Elle est vue environ 35 000 fois. Ressuscitée par plusieurs défenseurs du vélo en ville depuis mardi soir, elle a refait plus de 10 000 vues supplémentaires.
Quelques jours plus tard, son colistier Éric Sénet partage un détournement de la photo de famille.
Sur le trottoir de l’avenue au cœur de la Neustadt, devant les journalistes, Jean-Philippe Vetter hausse le ton face à ses concurrents. Il s’en prend au « trio » (oubliant au passage l’adjointe Chantal Cutajar) :
« Cette réalisation symbolise parfaitement l’écologie punitive mise en œuvre par la majorité sortante du trio Fontanel-Trautmann-Barseghian. Tous trois ont voté en faveur de cette logique. Moi pas. »
Lundi 2 mars, sur l’Avenue des Vosges
Quelques semaine plus tôt, Alain Fontanel avait promis, après Jean-Philippe Vetter, le retour à 2×2 voies. « Le 9 janvier 2020, dans le cadre de la campagne municipale devant le CRIF, ce même candidat réitérait son soutien à l’arrivée du tram avenue des Vosges. […] Qui croire ? », s’interrogeait déjà Jean-Philippe Vetter dans un communiqué du 14 février
Les commerçants et la zone commerciale
Au soir du 1er tour, Jean-Philippe Vetter garde ses distances avec Alain Fontanel. « Pour s’allier il ne faut pas être deux, il faut être 65. Il faut même être 130 », déclare-t-il sur le plateau de France 3 Alsace. À quelques jours du dépôt des listes de second tour encore, Jean-Philippe Vetter campe la figure du seul représentant de l’opposition à la majorité sortante. À Rue89 Strasbourg, il déclare :
« Entre Streeteo, la disparition de places de stationnement et la zone de commerciale de Vendenheim, les commerçants et artisans ont été étranglés ces douze dernières années. »
Jean-Philippe Vetter, 26 mai 2020
Ce n’est pas la première fois que Jean-Philippe Vetter critique la zone commerciale du nord, ses parkings gratuits, et la concurrence faite aux commerces du centre-ville. Dans les DNA du 11 février, le candidat conservateur défend son projet de parking souterrain rue du Vieux-Marché-aux-Poissons, que ne souhaite pas Alain Fontanel.
Il tacle son concurrent au passage :
« Il est ainsi surprenant de voir Alain Fontanel, premier adjoint au maire et vice-président d’une Eurométropole qui a voté une subvention de 9,8 millions d’euros en soutien au développement de la zone commerciale Nord à Vendenheim, proposer aujourd’hui un moratoire sur l’extension des zones périphériques. »
DNA du 11 févrer
La zone commerciale a été souhaitée par les maires du nord de l’Eurométropole. Or désormais, Jean-Philipe Vetter est le candidat à sa présidence, dans une gouvernance qu’il faudra ouvrir au moins à quelques maires des 32 autres communes. S’il est élu, se rendra-t-il à l’inauguration ?
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