Si les restaurants sont fermés depuis l’arrêté du 14 mars, ils sont toujours « autorisés à maintenir une activité de vente à emporter et de livraison. » Les plateformes de livraison de repas à domicile assurent une livraison « sans contact » comme exigée par les mesures sanitaires.
Une heure et demie d’attente pour la première commande
À Mulhouse, une vingtaine de restaurants continuent de proposer des plats à emporter, contre 40 à 50 en temps normal. Les commandes des clients se concentrent sur les « sept-huit restaurants qui tournent bien », détaille Sullyvan Bader, livreur mulhousien de 24 ans.
« Lundi, j’ai commencé mon service à 11h30 comme d’habitude. La première commande je l’ai eue à 13h03. J’en ai fait seulement 5 entre 11h30 et 16h. Normalement, c’est environ 3 ou 4 par heure. Ça me gave, je fais des tours en vélo dans la ville, je suis sur mon téléphone, l’attente est longue… »
Le couvre-feu de 21h à 6h, instauré à Mulhouse depuis dimanche 22 mars par le préfet du Haut-Rhin, diminue encore plus l’activité des livreurs de la ville. « En temps normal, je pouvais me faire jusqu’à 200€ bruts par jour. Lundi, j’ai gagné à peine 60€ bruts », déclare Sullyvan.
De son côté, la plateforme Deliveroo assure « prendre la sécurité de ses livreurs très au sérieux ». Mais elle a omis de relayer à ses livreurs la mise en place du couvre-feu dimanche. Julien (le prénom a été modifié), livreur de 27 ans, a été verbalisé peu après 21h et doit payer une amende de 135€ pour non respect du couvre-feu. Il effectuait une commande que Deliveroo lui avait avait envoyé à 20h56 pour une arrivée prévue à 21h22.
Sourde à ses demandes d’explications, la plateforme a envoyé le lendemain un mail aux livreurs mulhousiens dans lequel elle décale l’entrée en vigueur du décret « à partir du 23 mars ».
De son côté, Deliveroo indique qu’elle n’a été prévenue qu’après la mise en place du couvre-feu et qu’elle n’a pas été en mesure d’informer ses livreurs à temps.
Une compensation financière sous conditions pour les malades
Le ministère de l’Economie a annoncé une série de mesures sur son site concernant les travailleurs indépendants. Leurs cotisations sociales du mois de mars ne seront pas prélevées et lissées « sur les échéances ultérieures (avril à décembre). » Une aide forfaitaire de 1 500€ est également prévue pour les indépendants « qui auront connu une perte de chiffre d’affaires de plus de 70 % au mois de mars 2020 par rapport au mois de mars 2019. » En période de déménagement lors du mois de mars 2019, Sullyvan Bader ne pourra pas bénéficier de cette aide. « Peut-être pour le mois d’avril, mais le confinement ayant commencé à la mi-mars, c’est de toute façon impossible de compenser une telle perte », commente l’autoentrepreneur.
Marine Stieber est représentante des livreurs Deliveroo pour le secteur nord. Cette livreuse strasbourgeoise de 30 ans avait arrêté son activité pour « protéger les autres et [se] protéger [elle]-même ». « Livrer des burgers, des sushis, des pizzas, ce n’est pas essentiel en ce moment », poursuit-elle.
Récemment son médécin généraliste l’a diagnostiquée « présumée atteinte » du coronavirus. Elle est actuellement en quarantaine jusqu’au 3 avril. Sur son site, Deliveroo assure la mise en place d’une compensation financière pour les malades.
« Tous les livreurs partenaires effectuant des prestations de service pour Deliveroo et ayant contracté COVID-19 ou ayant été placés en quarantaine par une autorité médicale sont éligibles à un soutien financier pour une période pouvant s’étendre jusqu’à 14 jours. »
Site web de Deliveroo
Mais Marine Stieber, livreuse depuis l’automne 2018 pour la plateforme, ne remplit pas les conditions d’attribution de cette compensation. Deliveroo lui a précisé qu’en plus d’un certificat médical, il faut « avoir réalisé 135€ de chiffre d’affaires en moyenne par semaine sur les 4 dernières semaines d’activité » et « avoir livré au moins une commande lors des 14 derniers jours. »
Les avis sont « partagés » sur les groupes de discussion de représentants de livreurs quant à la poursuite de l’activité, selon Marine Stieber. Julien et Sullyvan Bader continueront eux « d’accepter toutes les commandes », simplement parce que la chute de la demande « ne permet plus de les refuser. »
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