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À la mission locale, l’insertion dans l’emploi… par le Jazz

La mission locale pour l’emploi de Strasbourg permet à dix jeunes sortis du système scolaire de travailler six mois pour le festival « Au grès du Jazz » à La Petite-Pierre. Le 10 août au soir, ils organiseront un spectacle son et lumière retraçant l’histoire de la musique noire, après le concert du pianiste Abdullah Ibrahim. Le but du projet est de permettre aux participants de retrouver une place sur le marché du travail.

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À la mission locale, l’insertion dans l’emploi… par le Jazz

À deux pas de la gare de Strasbourg, dix jeunes s’affairent de bonne heure dans les locaux de la Mission locale pour l’emploi. Engagés en contrat de service civique pour six mois par le parc national des Vosges du nord, le groupe doit monter un spectacle son et lumière pour la seizième édition du festival Au grès du Jazz de La Petite-Pierre. L’objectif à long terme : leur permettre de se réinsérer dans le monde du travail, en se formant auprès des bénévoles. Le 10 août, ils présenteront gratuitement leur création aux spectateurs du festival, après concert du jazzman Abdullah Ibrahim.

Des profils très différents

La mission locale se targue d’avoir reçu tous les candidats pour un entretien (même ceux qui avaient donné leur dossier en retard !). Dans le groupe, les itinéraires sont tous différents. Certains sont en sortie d’étude et en recherche d’emploi, d’autres enchaînent les jobs alimentaires. Ce qui rassemble les membres du groupe, c’est une passion commune pour la musique.

Tous les jeunes du groupe ne baignent pas dans le jazz. Benjamin Gress par exemple, préfère le rap, qu’il pratique depuis plusieurs années. Aux côtés de son collègue Anthony Fructuoso, il gère la communication du groupe :

« Avant d’arriver ici, j’ai fait un Bac pro commerce, et je voulais continuer dans une école de communication, mais je n’ai pas été admis. Là, je gère les réseaux sociaux du groupe et parfois ceux du festival. Je travaille sur une vidéo de présentation du spectacle, qu’on va dévoiler quelques jours avant l’événement. »

Boris Mamoyan est aussi musicien. Au sein du groupe, le jeune homme originaire d’Arménie s’occupe de la régie son. Son CAP commerce en poche, il s’installe à Illkirch et souhaite faire un apprentissage. Sans papiers en règle, il enchaîne les refus. Coup du destin : Boris apprend sa régularisation et l’existence du projet le même jour :

« J’ai postulé parce que j’aimais bien la musique. Cela me passionne, je joue du piano et un peu de guitare. D’ici la fin du projet, mon rêve serait d’intégrer une école de musique pour continuer à travailler là-dedans! »

« Créer une solidarité autour du projet »

Avant le début de la mission, les membres de « Swing Cap’s » ne s’étaient jamais rencontrés. Il fallait donc créer un esprit de groupe. Les bénévoles ont voulu ancrer les jeunes dans une culture commune, celle du jazz. Valentine Wurtz, coordinatrice du festival Au Grès du Jazz, explique comment le collectif s’est soudé autour d’un style musical :

« D’abord, on leur a expliqué ce qu’était le jazz, en tentant de leur faire découvrir sa richesse, pour que chacun puisse prendre ce qu’il veut. On leur a tout de même demandé d’écouter des classiques comme Kind of blue de Miles Davis. »

Au sein de l’équipe, chacun dispose d’un rôle défini, en fonction des passions et des compétences de chacun. Les dix jeunes sont presque tous néophytes dans tous les domaines du spectacle. Mais ils réussissent à travailler efficacement grâce à leur bonne organisation, comme l’explique Lucas :

« On a divisé le groupe en deux. Le pôle artistique rassemble les scénographes ou ingénieurs du son par exemple. Le pôle technique est chargé de nous remettre les pieds sur terre ! Quand on propose une idée, ils vont voir si c’est réalisable, si ça rentre dans notre budget… »

Les jeunes ont été reçus à la mairie de La Petite-Pierre le 19 Juin (Photo Romain Wintz / Au grès du Jazz)

Trois scènes pour raconter l’histoire du jazz

Le festival laisse les jeunes travailler en autonomie sur tous les aspects du spectacle, de la conception à la technique en passant par la communication. Ils sont accompagnés par des salariés de la mission locale ainsi que par des professionnels du monde du spectacle qui les aiguillent sur les questions techniques. Lucas Seigot, directeur artistique du projet, raconte la construction du fil conducteur de la performance :

« Pour monter le spectacle, on a tous réfléchi ensemble. On est vite tombé d’accord sur l’idée de mouvement, parce que cela fait partie de l’identité du jazz. On a voulu rendre compte de sa diversité, à notre humble niveau. Dans les faits, le spectacle va ressembler à une mise en scène de l’histoire du jazz. »

Le groupe a effectué des repérages sur le site du festival (Photo Romain Wintz / Au grès du Jazz)

Puis les grandes lignes du projet ont été tracées. Le groupe prévoit trois scènes disposées en triangle. Chacune d’entre elles fait référence à une période emblématique de l’histoire du jazz. La première scène présentera les racines de la musique noire, autour du blues, dans une ambiance proche de celle des champs de cotons. La deuxième veut montrer la transition du jazz des plantations vers les bas-fonds des villes américaine. Enfin, la dernière scène a pour ambition de rendre compte des évolutions contemporaines du style, entre le rock et la musique expérimentale. Les musiciens se produiront pendant près de 30 minutes.

Renouveler l’initiative

Le spectacle n’a pas encore eu lieu mais le festival pense renouveler l’expérience, comme l’explique Valentine Wurtz :

« Pour nous, c’est un moyen d’évoluer. Plutôt que de devenir une grosse machine et recevoir toujours plus de spectateurs, on veut travailler sur notre empreinte sur le territoire ! »

Au terme de six mois de mission, les jeunes du groupe ne seront pas embauchés par le festival, faut de moyens financiers. Mais les contrat courent jusqu’à la fin du mois d’octobre, bien après le festival. Une fois le spectacle joué, la mission locale a prévu de les accompagner dans leur recherche d’emploi.


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