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La ministre Barbara Pompili attendue au chevet de Stocamine ce mardi

La ministre de l’Écologie se rend dans le Haut-Rhin ce mardi 5 janvier. La décision du déstockage ou de l’enfouissement définitif des déchets industriels entreposés sous la nappe phréatique semble imminente.

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La ministre Barbara Pompili attendue au chevet de Stocamine ce mardi

Voilà plus de deux mois que Barbara Pompili est en possession d’une énième étude sur le déstockage de Stocamine. Pour rappel, 41 999 tonnes de déchets industriels sont entreposées dans l’ancienne mine de potasse Joseph-Else, à Wittelsheim près de Mulhouse.

Le site est à l’arrêt suite à un incendie en 2002, après seulement trois ans d’exploitation. Sont toujours entreposés : du mercure, de l’arsenic, du chrome, répartis dans 66 256 « colis », c’est-à-dire des barils ou « big bags ». Et les galeries s’effondrent petit à petit.

Les mines sont bien en-deçà de la nappe phréatique, mais pourraient communiquer avec, à long terme. (Schéma Destocamine)

Seules 2 000 tonnes, 95% des déchets mercuriels, ont été prélevées entre 2015 et 2017 à l’initiative de la ministre de l’Écologie de l’époque, Ségolène Royal. En dépit du projet de 27 barrages en béton pour « confiner » les déchets, la nappe phréatique d’Alsace où est puisée l’eau potable pourrait tout de même être polluée. L’eau s’infiltre le long des puits et remontera dans plusieurs centaines d’années selon les expertises officielles.

L’eau s’infiltre et remontera vers la nappe phréatique sous plusieurs centaines d’années. (Schéma extrait de l’étude de 2018 du BRGM)

Six scénarios pour la suite

La nouvelle étude donne six scénarios, d’un déstockage total, à l’exception du bloc 15 incendié (1 629 tonnes), à un rebouchage immédiat de la mine.

C’est la présentation de ces options à la population qui motive la venue de Barbara Pompili en Alsace mardi 5 janvier. Les élus du Haut-Rhin ont déjà échangé avec la ministre en visioconférence début décembre. Y aura-t-il une annonce lors de cette venue ? Pas sûr…

« Rien à négocier »

« Normalement, les décisions sont d’abord annoncées en commission de suivi de site (CSS) et elle n’est pas convoquée », explique Philippe Aullen, qui y représente l’association Collectif citoyen Guebwiller. Cette instance présidée par le préfet du Haut-Rhin ne s’est plus réunie depuis avril 2019, alors que son règlement prévoit deux séances par an.

« On craint que la décision ne soit déjà prise », lâche le responsable associatif, qui découvre les avancées « dans la presse ». Il faut lire entre les lignes, mais la présentation du déplacement ministériel insiste sur ce qui a déjà été déstocké, et non sur ce qu’il reste à faire.

Pour Yann Flory, porte-parole du collectif Destocamine, la séquence rappelle les années où des déchets mercuriels ont été remontés :

« En CSS, un représentant de l’État nous a dit à l’époque qu’on le faisait “pour nous faire plaisir”. On a l’impression que l’on retombe là-dedans. On présente des scénarios, 12% ; 25%, etc. on ne choisira peut-être pas le pire, pour trouver une porte de sortie honorable à tout le monde. La qualité de l’eau ne se négocie pas à coups de pourcentages. Les élus locaux devraient rester intransigeants et laisser la responsabilité à l’État. »

Quant à Josiane Kieffer, membre de la CLCV et représentante des cinq associations de la CSS, elle estime qu’il faut continuer à demander le déstockage total :

« Depuis que les élus s’en sont mêlés, on ne parle plus du bloc 15 incendié. Alors que dans son étude en 2018, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) confirmait que tout pouvait être sorti, ce que disaient déjà les experts suisses que l’on avait mandatés dès 2011 ! Il y a certes plus de risques dans ce bloc, mais on n’explore pas la piste d’un remontage par des robots. Notre difficulté c’est qu’en tant qu’association nous n’avons rien à négocier. »

Les associations locales n’auront pas de moment d’échange direct avec la ministre.

Nouvelle rencontre avec les élus

Après une visite de plus de deux heures de la mine, Barbara Pompili doit rencontrer les élus locaux du Haut-Rhin à 18h10. « C’est un dossier que je dois apprendre à mieux connaître », reconnait Frédéric Bierry (LR), le bas-rhinois tout juste élu à la tête de la nouvelle « Collectivité européenne d’Alsace » (CEA). Un premier test pour l’ovni politique né de cette fusion des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, le 1er janvier. Embarrassée, la classe politique alsacienne n’a pas de position unanime sur le sujet.

Présidente du Haut-Rhin de 2017 à 2020 et désormais collègue de Barbara Pompili au gouvernement, Brigitte Klinkert, ministre déléguée à l’Insertion, avait pris des positions fortes sur ce dossier, notamment avec les voisins allemands (voir la motion en encadré). Son implication jusque-là est louée par les associations. Et elle siège toujours au sein de la CEA.

Aux côtés de la Région Grand Est, de la commune de Wittelsheim et d’associations, elle avait attaqué l’arrêté ministériel du 23 mars 2017, qui rendait le stockage illimité et non plus « réversible » (jusqu’en 2027 au maximum) comme promis dans les années 1990. Déboutés en première instance en juin 2019, le Conseil départemental, devenu CEA, et les autres parties prenantes ont fait appel de cette décision. L’instruction se terminera le 25 janvier et l’audience devant la cour d’appel administrative de Nancy ne se tiendra pas avant plusieurs mois. « C’est ubuesque, tout le monde attaque un arrêté, alors qu’une autre décision sera sûrement prise avant l’audience », s’agace Josiane Kieffer, qui a mandaté l’ancienne ministre de l’Écologie Corine Lepage, comme avocate pour la CLCV.

Des citoyens sont venus rappeler leur demande de déstockage des déchets ultimes à Stocamine aux nouveaux élus de la CeA le 2 janvier. (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Une réunion publique le soir, sur Facebook

Seule la conseillère départementale d’opposition dans le Haut-Rhin, Marie-France Vallat (divers gauche, qui a rejoint la majorité à la CEA), salue aussi le volontarisme de Brigitte Klinkert. L’ancienne première adjointe de Wittenheim lui a « transmis des éléments » au regard de la nouvelle étude, qu’elle estime imparfaite, dans l’espoir de peser sur un arbitrage :

« On dit d’un côté qu’il y a des difficultés d’identification des déchets, et de l’autre on donne un détail exhaustif des scénarios de déstockage. Or on sait qu’avec certains big bags d’autres choses ont été ajoutées et tout n’a pas été répertorié ».

Cette chercheuse au CNRS s’interroge aussi sur le risque supposé de travailler dans un espace amianté. « On sait s’en protéger », assure cette spécialiste de la science des matériaux.

À la veille de la venue, Marie-France Vallat, conseillère d’Alsace du canton concerné, ne savait toujours pas si elle pourrait assister à la réunion avec les élus. « La rhétorique actuelle oppose la pollution de surface, qu’il faut de toute façon traiter, à la pollution souterraine de la mine », s’inquiète-t-elle.

Se faisant l’écho de Barbara Pompili, le député bas-rhinois Vincent Thiébaut (LREM) indiquait à Rue89 Strasbourg que l’argent non utilisé dans le déstockage serait réutilisé dans la protection de la nappe. Solution qu’il a à nouveau exposée à des manifestants venus samedi à Colmar, le jour de la mise en place de la CEA.

Dans la soirée du mardi 5 janvier, une réunion publique de 20h à 21h30 est prévue. Crise sanitaire et couvre-feu obligent, elle se déroulera en visioconférence. Seuls les membres des cinq associations et du comité de suivi de site pourront y assister « en présentiel ». Elle ne sera diffusée que sur un seul réseau social, Facebook.


#Nappe phréatique

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